Episode 2 : Du Mauve et du Noir

[Sibelle]

Thensoor répondit à la suggestion de Xël quant au transfert de gouvernance sous l’oreille attentive de Sibelle. En fait, un trône était relié à l’esprit de tous les habitants de la cité, et pouvait connaitre la décision de ceux-ci. Si le nouveau prétendant archi-sorcier possédait la faveur de la majorité de ses concitoyens, il pouvait s’asseoir sans danger sur le trône. Par contre, s’il n’avait pas cette majorité, il ne pouvait s’y asseoir au risque de mourir instantanément. Thensoor précisa alors que cette place n’était plus la sienne, son influence n’était plus ce qu’elle était jadis. Il confirma la crainte de Xël, si Vallel réussissait à s’emparer du corps d’Elurien, la ville passerait sous les ordres de Vallel.

Après s’être tut quelques secondes, il apporta un élément nouveau. Une information qu’il venait de glaner dans l’esprit de Gregan. Ce dernier savait lier les âmes et les corps, mais n’était capable de les dissocier qu’à l’aide d’une machine. L’ayant vu dans les souvenirs de Gregan, il savait exactement où elle se trouvait : A la tour d’Orsan. Il suggéra donc de s’y rendre, croyant que c’était le seul moyen de sauver Elurien. Mais puisqu'ils ne pouvaient partir sans Simaya, il proposa de l’emmener malgré les risques que cela comportait.

Ce fut Xël qui répondit le premier, non sans avoir poussé un long soupir, sans lâcher la main de la magicienne, il prit la décision de s’y rendre afin de l’éloigner de la cité.

La guerrière ne fut pas si rapide à répondre. Elle se devait de réfléchir. Xël avait utilisé son pouvoir de fabriquer des portails et avait semblé plutôt épuisé. Elle se demandait si il pourrait les emmener à cet endroit. Pour ce qui est de voyager à vol d’oiseau, elle se doutait bien que le voyage serait beaucoup plus long, et puis elle ne serait pas capable de faire ce trajet avec plus de deux personnes sur son dos. Elle questionna donc Thensoor :

« Vous est-il possible de tous nous emporter avec vous à Orsan ou bien il faudrait songer à une autre alternative pour ceux restants ? »

La réponse du sorcier fut positive, précisant qu’il serait par contre très affaibli. Sibelle ne savait pas vraiment ce qui les attendait à la tour d’Orsan, mais elle savait bien que Thensoor leur serait très utile, alors il serait préférable qu’il ne soit pas trop affaibli. Suivant cette pensée, elle fit donc une proposition :

« Vous préférez que j'apporte Simaya et Xel... même si j'arrive plus tard que vous ?

Cette fois, Thensoor répondit négativement, il préférait que Simaya soit entouré de toutes les forces présentes afin d’être mieux protégé.
« Soit alors, je suis d’accord pour que nous partions tous avec vous. A moins que Xël se sente assez en forme pour faire un autre voyage… Je m’engage donc à vous protéger et à vous soutenir, si vous êtes trop affaibli. »

La guerrière consciente du lien qui unissait Xël et Simaya lui proposa :

« Je vous laisse apporter Simaya, je me charge d’Elurian »

Sans perdre un moment,Sibelle s’approcha d’Elurien, tout en lui disant tout simplement.
« Je vais vous porter dans mes bras, n’ayez crainte, je possède la force nécessaire. »

Doucement, elle se pencha vers l’archi-sorcier et le prit dans ses bras, puis se plaça tout près de Thensoor. Elle attendit que Xël fasse de même avec Simaya, puis dit tout simplement :

« Nous sommes prêts. »

Sibelle n’aimait pas la magie. Ces voyages magiques l’avaient toujours effrayée et c’était toujours le cas. Mais puisqu’aucun autre choix n’était possible, elle s’y résigna sans montrer un seul instant la peur qui l’envahissait.

Thensoor s’exécuta et le voyage fut plus rapide et aucunement traumatisant pour Sibelle.

(((Sibelle fait le même choix que ses compagnons. Elle transporte Elurian dans ses bras et se fait transporter par Thensoor )))

[Endar]

Le shaakt entendait son sang goutter avec une régularité d'un métronome contre la pierre froide, il voyait cette fleur rougeâtre s'étendre en une mare près de sa tête et près des pieds de son nouveau corps. Rien ne se passa pour autant, il restait définitivement bloqué dans son ancien corps brisé et faible. Il lui fallait ce nouveau corps, il s'agissait d'une nouvelle enveloppe charnelle lui permettant de mieux survivre à Aliaénon. Au doute succéda la panique lorsqu'il se rendit compte que son âme était comme aspirée par les landes Thanathéennes et son corps se crispa tout naturellement. Non, il refusait de mourir en vain, il était un sauveur d'Aliaénon après tout et il ne laisserait ni le Sans Visage ni Zewen diriger son propre destin. Si tout était écrit, il écrirait une nouvelle page de son histoire et reviendrait plus fort, plus puissant. C'est alors qu'il entendit les grognements d'une créature sans qu'il ne puisse la voir au premier abord. Il sentit que la créature le soulevait comme s'il était un fétu de paille, ce qui n'était pas faux au vu de son état de santé actuel. La créature, difforme au passage, qu'il avait déjà entraperçu dans l'une des cellules souleva le second corps que le shaakt convoitait tant. Était-elle à ce point douée d'intelligence, au surplus de sa force ?

Sa vision vacillait à mesure que la créature les trimballait vulgairement jusqu'à l'étage principal où les attendait toute une foule de personnes. Il y avait bien Ariane et sa maudite créature, Yurlungur et sa manie de poignarder les gens dans le dos sans crier garde, Jorus et Kivan, mais également le shaakt était en présence d'un bien étangre personnel portant sur lui un tablier ensanglanté et d'étranges instruments de torture selon un point de vue shaakt. Le sauveur d'Aliaénon avait déjà vu et participé à bien des interrogatoires d'espions hinïons et humains ainsi qu'aux tortures qui allaient de paires, de ce fait il reconnut certains des instruments. L'être, bien qu'humain, n'était définitivement pas de Yuimen et était malingre.

Ramenant l'une de ses mains vers sa gorge pour tenter de retarder l'inévitable, il entendit toutes ces personnes parler entre elles, mais le son était comme déformé, lointain tel un écho, si bien qu'il n'en comprit que des brides. L'être malingre semblait décidé à le sauver, pour une obscure raison d'ailleurs s'il était celui qui dirigeait la Tour d'Orsan. Il en savait plus sur la mort sur Aliaénon que le shaakt, il pouvait s'avérer un allié précieux s'il parvenait à survivre. Tous intégrèrent la nacelle qui les mena aux étages supérieures de la Tour et leur chemin bifurqua rapidement, le groupe ne se préoccupa guère de son état de santé dès lors qu'ils entendirent que Naral était là.

L'étrange individu l'amena dans une salle où tout un matériel de torture ou de chirurgie selon le point de vue l'attendait. Ainsi, il allait être une expérience parmi tant d'autres. Après tout, il gagnait au change s'il arrivait à insérer son âme dans l'autre corps. L'homme l'installa dans une machine à côté de son prochain corps et des bulles de verre se refermèrent autour d'eux alors que l'être attendait son assentiment, la main près d'un levier, prêt à l'actionner. Son commentaire n'était pas nécessaire mais il s'exécuta, hochant faiblement la tête pour donner son accord alors que la vie s'écoulait entre ses doigts. Ses lèvres bougèrent mais aucun son ne sortait, il faisait en silence sa prière au dieu sombre, à son maître Thimoros. Il lui prometait la guerre sur tout Yuimen.

[Yurlungur]

...

Dans la salle d'entrée, l'élocution du maître de la Tour continuait à taper sur les nerfs de l'assassine, qui n'en montrait rien. Et finalement, après les avoir rassurés quant à leur avenir dans cette Tour, ce fut une créature hideuse qui amena une paire de corps des sous-sols, les traînant. L'un d'entre eux était parfaitement reconnaissable : c'était Endar, la gorge tranchée ; l'autre, Yurlungur ignorait de qui il s'agissait et il avait l'air inerte. Elle fut à peine émue par le sort du Shaakt. Ce dernier avait toujours été trop audacieux : bien qu'il les ait sauvés de la créature de lave sur la Lande noire, il avait alors déjà péché par orgueil, et il avait récidivé en s'aventurant seul dans ces sous-sols. Dans le fond, c'était tout ce qu'il méritait. Mais Trifalgin sembla indiquer qu'il pouvait encore le sauver, tout en les amenant au but de leur quête.

Ils montèrent donc à sa suite. Yurlungur s'arrêta lorsqu'il indiqua qu'ils pourraient trouver “celui qu'ils cherchaient”. Ça ne pouvait pas être plus explicite. S'aventurant dans ce qui ressemblait à des geôles, elle avança jusqu'à en trouver une ouverte, au centre de laquelle se trouvait le corps d'un elfe agenouillé, le regard vif et les cheveux mauves. Naral. Elle s'approcha de lui sans déclencher aucune réaction. À genoux tel qu'il se trouvait, ils pouvaient se parler face à face, aussi tenta-t-elle de lui adresser la parole :

« Naral, vous m'entendez ? Nous allons vous sortir de là. »

Aucune réaction à nouveau. Mais que se passait-il ici ? Non, Naral était simplement devenu un corps qui, s'il n'était pas sans vie, était simplement dans le même état d'abandon complet que celui de Gregan, plus bas. Quoique Gregan pouvait encore balayer... Elle agita sa main devant ses yeux sans que ceux-ci ne bougent davantage, puis, perdant patience, l'empoigna par le col pour lui fiche une grande baffe, l'air passablement préoccupée. Tout ça ne sentait pas bon.

...

[Gamemaster9]

Lande Noire – Elscar’Olth

La décision fut vite prise : le risque en vaut la chandelle, et l’inaction ne semble pas une option : Xël, Sibelle, Simaya et Elurien se rendraient à la Tour d’Orsan, ensemble, pour clôturer cette histoire dont ils avaient de nombreuses clés, contrairement à leurs alliés déjà présents sur place. Une décision sage, mais risquée, dont ils devraient assumer les conséquences possibles.

Thensoor, à la demande de Sibelle, s’approcha de l’elfe et de l’humain une fois qu’ils auraient chacun soutenu les alités de l’infirmerie, l’archisorcier Elurien d’Assamoth, habité par l’esprit revanchard de Vallel, et la Conseillère de la Tour d’Or représentant Esseroth, Simaya Sombreroc, elle aussi habitée récemment par de sombres esprits. Le mort-vivant posa ses mains squelettiques sur les épaules des deux aventuriers, et tout ne devint qu’ombres…

Juste avant de disparaître, la pierre de Sibelle cracha quelques propos de la voix de Jorus :

« Naral… Orsan… Naral trouvé… Orsan… »

Une confirmation de la bonne destination de leur décision ?

[Suite à la Tour d’Orsan]

Lande Noire – Tour d’Orsan

L’extérieur de la Tour d’Orsan était toujours aussi putride qu’il l’avait été depuis sa première découverte par un Yuimenien, Ezak d’Arkasse. Des montagnes de charognes formaient le seul paysage de cette lande pourrie et de mort. Au milieu de cette région horrifique, une tour unique, biscornue, dominait les alentours, seul bâtiment visible de l’endroit. Ce fut à son pied que Sibelle, Xël, Simaya, Elurien et Thensoor arrivèrent. Simaya et Elurien étaient au bord de l’inconscience, tout deux. À peine capables de parler. Sans doute n’étaient-ils pas pleinement conscients de leur position, du risque que Xël et Sibelle avaient pris. Thensoor, lui, se tenait désormais courbé, comme jamais aucun n’avait vu sa silhouette. Mais c’était le seul indice sur sa faiblesse qu’il laissait transparaître. En plus de la fatigue due à sa magie, il semblait abattu par l’endroit… Comme consterné, écœuré de ce qui se trouvait aux alentours, lui qui ne devait pourtant posséder d’odorat, ni avoir de dégoût particulier pour la mort. À peine furent-ils arrivés au pied d’Orsan qu’ils furent accueillis… Et si les informations qu’ils avaient recueillies étaient encore fraîches et présentes dans leur esprit, pas par la meilleure personne qui soit pour la sauvegarde de Simaya, en tout cas selon ses propres dires. Car le Sans-Visage se tenait là, sous sa forme de Marcheur de Mort. Une forme sordide, tout droit sortie d’un cauchemar.

Même sans yeux, tous purent voir son attention soutenue sur le corps à moitié inerte de Simaya Sombreroc, exposée librement à sa vue. Mais il ne se jeta pas dessus comme elle semblait le craindre. En lieu et place, ce fut sa voix qui résonna dans la Lande.

« Ainsi donc vous jouez le jeu du Conseil d’Or, projetant de libérer Naral Shaam de sa prison psychique pour qu’il puisse à nouveau faire déferler sa haine sur Aliaénon ? Xël, vous savez qui je suis. Vous savez mes valeurs et mes pouvoirs. Entendez mon avertissement, comprenez que cette décision causerait de nombreuses victimes sur Aliaénon. Les prémices d’une nouvelle guerre… Vous savez à quel point je souhaite m’opposer à cela… »



Plus haut, dans la tour, Yurlungur, Kivan et Jorus avaient décidé de laisser Endar à son propre sort, entre les mains de Joon Trifalgin, pour aller rejoindre comme ce dernier l’avait précisé, celui qu’ils recherchaient : Naral Shaam. Kivan nota l’absence totale de prisonniers dans les autres cellules de l’étage, toute vide à l’exception de celle de Naral, l’elfe violet agenouillé au sol, regard dans le vide. Prenant le pouls de l’être, il put remarquer que celui-ci était présent. Faible, très faible, comme un être au repos total, mais présent. Naral était en vie. Théoriquement, du moins.

Jorus, de son côté, ne trouva aucune trace de la pierre de vision, ni entière ni brisée, que ce soit sur le sol de la cellule ou dans les habits dépenaillés de l’elfe, d’une qualité initiale correcte, dans les teintes mauves, mais semblant usés et abîmés jusqu’à la trame, comme s’il était passé sous un troupeau de Brok’nud. L’information du bris de sa pierre de vision n’en est pas moins à écarter : ça a très bien pu se passer dans une autre salle. Ou les bris ont très bien pu être ramassés. Il n’avait plus qu’à prier pour que son message soit bien passé à la principale intéressée…

Yurlungur, elle, n’obtint aucune réponse ni aucune réaction de l’elfe dont elle avait fait la cible, se ravisant subitement sur ses intentions initiales. Son regard était fixe, sans vie. Son visage impénétrable, sa stature à genoux fixe, mais atonique. La claque qu’elle fit retentir sur son visage d’albâtre n’eut aucune réaction, sinon celle de lui faire tourner la tête, qui resta dans la position ainsi détournée de sa stature. Naral semblait pleinement inconscient, même avec les yeux ouverts. Comme mort, si Kivan n’avait pas déjà exclus cette hypothèse…


Au dernier étage de la tour, l’ambiance était toute autre. Le chirurgien activa le levier, alors que la créature difforme à côté de lui semblait paniquée, tournant sur elle-même avec frénésie, levant les bras au ciel avec une expression apeurée sur son visage atroce. Des étincelles pétillèrent dans la salle, de la fumée, des bruits inquiétants, mécaniques et magiques, grincements et scintillements surprenants. Endar sentit… Son âme le quitter. Aspirée irrémédiablement, sans qu’il puisse émettre la moindre résistance, par la machine démoniaque. Il n’eut aucune idée de ce qui se passa ensuite, mais lorsqu’il revint à lui, tout dans la pièce semblait s’être calmé : la machine ne tressautait plus, les cloches de verre étaient levées, et la créature difforme était calme, le regard fixé sur lui. À son côté, le chirurgien étrange se tenait, avec une assurance certaine, et un sourire bien présent, quoiqu’un peu malsain. L’homme de science, directeur de l’endroit, pointa du doigt une masse inerte de l’autre côté de la machine : le corps d’Endar, sans vie, gisait là. Et là, l’elfe noir pu prendre conscience de son nouveau corps : celui qu’il avait choisi, à l’apparence si spécifique, aux muscles saillants, aux cornes vaillantes. La voix de Trifagin retentit, sifflante.

« Vvvvvous avez de la ccchhhhhannnnnnce. Tout ssssssss’est passssssé comme prrrrévu. Ssssssans doute voudrez-vous récupérrrrrrrrrer vos posssssssesssssssions, sssssur votre anccccccien corps… »

Une lueur de génie maléfique brillait dans son regard. Curieusement, en vérité, puisqu’il venait tout juste de lui sauver la vie…

[Sibelle]

Thensoor avait posé ses mains squelettiques sur les deux aventuriers et l’ombre les envahit aussitôt. Cependant, tout juste avant de quitter l’infirmerie, Sibelle entendit la voix de Jorus par l’intermédiaire de la pierre de vision. En quelques mots, celui-ci leur annonça qu’ils avaient trouvé Naral à Orsan. La guerrière eut à peine le temps de penser que c’était une bonne chose d’avoir apporté Simaya qu’ils se trouvaient déjà au pied de la Tour d’Orsan.

Sibelle ne s’était pas questionnée sur l’apparence de cette tour et ses alentours. Elle fut d’autant plus surprise par ce qui l’attendait et par les odeurs putrides qui envahissaient son fin nez d’elfes. Cette terre n’était que désolation, les cadavres qui jonchaient les lieux constituaient le seul paysage. Et en plein centre de ces détritus pourrissants était érigée une tour difforme et biscornue.

Délaissant du regard cet environnement pestilentiel, Sibelle porta d’abord son attention sur Elurian, puis Simaya et enfin Thensoor. Le dos plutôt courbé de ce dernier laissait deviner que ce voyage l’avait beaucoup affaibli, tout comme il l’avait prédit, mais Sibelle resterait à proximité pour lui venir en aide si besoin. Pour ce qui était de l’homme qu’elle tenait dans ses bras, ainsi que de Simaya, ils étaient tous les deux à deux pas de l’inconscience.

La guerrière porta enfin son regard sur l’être qui était là à peine à trois mètres d’eux, ou plutôt sur la lame ensanglantée qu’il tenait à deux mains, puis ces trainées de sang sous ses pas. Sibelle se rappelait que le dragon noir, et peut-être même Thensoor, lui avait parlé de l’autre surnom qu’il portait : Marcheur de mort et elle trouvait qu’il lui seyait bien. Son regard s’éleva peu à peu et elle examina sa svelte silhouette, son armure noire, et ses ailes noires de corbeaux. Ce ne fut que lorsqu’il prit la parole que Sibelle s’attarda à son visage… vide, néant, ne pouvant ainsi trahir toute émotion ou expression, ce qui fit tressaillir Sibelle, qui remarqua qu’il avait porté son attention sur Simaya, sans pour autant s’en approcher.

De sa voix résonnant dans toute la lande, il leur fit part de son désaccord de libérer Naral Shaam prétextant que ce dernier ferait déferler sa haine sur Aliaénon.

(Ils se détestent l’un et l’autre… reste à savoir qui est le moins dangereux des deux.)

Il s’adressa ensuite tout particulièrement à Xël, lui rappelant que lui le connaissait, ainsi que ses pouvoirs et ses valeurs. Et il les prévint que sauver Naral pourrait être à l’origine d’une nouvelle guerre et de causer de nombreuses victimes sur Aliaénon.

Sibelle fit deux pas en avant, afin d’attirer l’attention sur elle plutôt que sur Simaya, puis d’une voix fière, mais posée, elle dévoila la raison de leur présence sur Orsan.

« Je suis Sibelle, originaire de Yuimen. Si notre mission initiale était de retrouver Naral et de le ramener au conseil d’or, nous avons désormais d’autres priorités. Tout d’abord, l’archi-sorcier d’Escar’Oth. »
Dit-elle en pointant du menton Elurian qu’elle tenait dans ses bras.

« Il nous faut le sauver et du coup le peuple d’Escar’Oth. Dans son corps habitent deux âmes, celui de Vallel et d’Elurian. Nous sommes venus ici, car nous pensions vous rencontrer à la demande d’Elurian. Il est à présent trop faible, mais il espérait que vous pouviez le sauver en absorbant l’âme de Vallel. »

La deuxième priorité était de sauver Simaya, mais elle se garda bien de lui en parler.

[Xël]

La décision est prise, nous partons pour la Tour d’Orsan sans plus nous attarder. Nous apparaissons au pied d’une tour encerclée par des tas de cadavres. Je me couvre le nez pour atténuer les odeurs de charognes. Mais la puanteur est vite éclipsée par ce que je vois juste en face de moi. Une forme humanoïde muni d’ailes noire et au visage marqué d’un trou. Le Sans Visage est encore ici, face à nous. Instinctivement, je cherche à faire barrière avec mon corps entre lui et Sim’ même si j’ai conscience qu’en cas d’attaque je ne pourrais rien faire. Mes sourcils se froncent, mon cœur s’accélère. Mais le Sans Visage ne s’est jamais montré violent. Il prend la parole de sa voix résonnante. Nous accusant de vouloir libérer Naral pour le laisser déferler sa haine sur ce monde. Il m’interpelle directement. Il prétend que je sais qui il est, que je connais ses valeurs et ses pouvoirs. Il m’avertit que cette décision provoquerait une nouvelle guerre et qu’il est opposé à cela. Sans me défaire, je réponds avant que Sibelle ne s’en prenne à lui, connaissant le tempérament de la guerrière, elle en serait bien capable. J’agis trop tard, heureusement elle ne se sert pas de ses lames et se contente de se présenter avant d’expliquer notre situation. Sans quitter ma position de bouclier je poursuis à l’attention du marcheur de mort.

" Je le sais. Et vous savez aussi à quel point je tiens à éviter qu’un nouveau conflit éclate. Mais je tiens aussi à cette femme et je refuse de rester inactif alors qu’elle est mourante. Si vous connaissez son plan alors expliquez le nous car nous n’avons pas encore compris où elle veut en venir. Nous savons simplement qu’Elurien lutte contre Vallel, celui qui a emmené la guerre ici. Si vous êtes tellement opposé à la guerre alors expliquez-nous, aidez-nous. Prouvez-moi que j’ai raison de vous faire confiance. Ensuite libérons Naral, faites un geste pour le conseil, prouvant votre bonne foi et permettant à chacun de s’installer à une table pour négocier une paix durable, quitte à chasser ce dragon rose de ce monde si c’est nécessaire. Personne ne l’aime de toute façon, c’est un trou du cul. Vous aussi vous me connaissez et vous savez à quel point je tiens à ce monde et que mes sentiments sont des plus sincères. "

J’espère réussir à le convaincre, il doit entendre raison. Un premier pas doit absolument être fait de la part du conseil ou du Sans Visage. Dans tous les cas, je refuse de le laisser s'approcher de Simaya tant que je ne connaîtrais pas ses motivations.

[Jorus Kayne]

Je ne suis pas seul à m’inquiéter pour celui que nous sommes venus chercher. Avec moi Yurlungur et Kivan sont là. Ce dernier s’effectue à déterminer dans quel état physique se trouve Naral tandis que la jeune fille tente une méthode plus…direct pour le faire réagir à coup de baffe. Cependant dans l’éventualité où celui-ci soit apte à voyager, je crains pour son état mental. Le Sans-Visage nous a prévenu, la Tour d’Orsan est capable de briser tous les esprits. Il nous a également averti qu’il y aurait des répercutions si nous devions le ramener.

Mes recherches de la pierre de vision du dragon mauve se soldent par un échec. Pas de trace de la pierre même en d’infimes morceaux. Dans ce cas, Naral se trouvait donc ailleurs. Pour le moment l’elfe est entre de bonnes mains…enfin à voir Yurlungur le frapper de la sorte, je me dis que ça peut être pire.

"Sibelle m’a contacté, je pense que vous avez tous les deux entendu comme moi qu’il y a urgence. Nous devrions penser à repartir à faire le plein de provision et à partir rapidement. Je vais voir ce qu’il en est d’Endar."

Sur ce, je quitte la cellule et reprends mon ascension des escaliers quatre à quatre. Jusqu’au sommet de la tour. J’arrive dans une immense salle dans un style de décoration en métal intégral. Le matériel présent et la propreté ne laisse pas le doute quant à la fonction de cet étage, c’est bel et bien le lieu de travail de Trifalgin. Les nombreuses tables de travail me glacent le sang à l’idée du nombre d’individus qui y sont passés au fil du temps. Tout ici semble fait pour opérer les corps meurtries, ou mort tout court, et au souvenir qu’un lieutenant d’Oaxaca a plus que séjourné ici je doute que ce qui est arrivé ici a été fait avec de nobles idéaux. Il ne me faut que quelques pas pour finalement tomber sur ceux que je cherchais. Trifalgin devant une curieuse machine avec deux compartiments dont l’un détient le corps sans vie d’Endar tandis que l’étrange corps inanimé que j’ai vu précédemment se voit jouir d’une soudaine vitalité.

Je ne comprends pas bien ce qu’il se passe ici, mais ce qui semble sûr c’est que le corps d’Endar n’est plus désormais qu’un tas de chair inerte et que le maître des lieux s’est servi de lui pour une de ses nouvelles expériences. La colère monte en moi. Je n’aimais guère le Shaakt, mais il faisait partie des nôtres et Trifalgin l’a laissé à la mort alors qu’il aurait pu tenter de le sauver. Je dégaine ma dague de glace de la main droite et mon boomerang de l’autre.

"Trifalgin…qu’avez-vous fait ? Vous deviez le sauver et maintenant son corps gît inerte après ce qui semble être une de vos expériences. La vie ne compte-t-elle pas à vos yeux pour jouer de la sorte avec ?"

Je m’avance vers lui, menaçant. Je garde tout de même un œil sur la nouvelle créature. Si elle est aussi dangereuse qu’elle en a l’air, je vais regretter les sales cabots.

Je monte à l'étage du laboratoire et dégaine mes armes face à Trifalgin et sa nouvelle créature.

[Kívan]

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Mon examen sommaire du corps de Naral ne révèle pas grand-chose de très encourageant. Si je peux sentir un très faible pouls en auscultant le corps, indiquant que l’elfe à la couleur de cheveux insolite est encore vivant, la tentative de capter la moindre réaction en claquant des doigts se solde par un cuisant échec. Le regard du prisonnier reste vide, comme si son esprit avait quitté son corps n’en laissant qu’une coquille… Ces théories de corps et d’esprits qui permutent me reviennent à la tête, mais je les chasse rapidement, considérant que d’autres histoires, hautement plus importantes, doivent être réglées en priorité.

Yurlungur passe alors à côté de moi et, avant que j’ai pu émettre la moindre protestation, gifle violemment l’elfe à semi-conscient d’un brutal mouvement de main. Comme j’aurais pu m’y attendre désormais, le geste est complètement inutile et ne sert qu’à tourner la tête de Naral qui reste alors en place dans cette position peu naturelle. Même les fouilles de Jorus de la salle des guenilles de l’elfe sont infructueuses. Le jeune homme nous déclare alors nous déclare alors qu’il souhaite partir après avoir le plein de provisions, tandis qu’il s’éloigne vers l’escalier prétextant vouloir prendre des nouvelles d’Endar. La décision de l’humain me rend perplexe. Partir pour aller où ? Au vu de notre efficacité avec Ariane lorsqu’il fallut retourner à Elscar’Olth avec le cadavre d’Endar à porter, nous n’irons pas bien loin avec cet être que tout le monde semble chercher. Certes il sera plus léger et potentiellement moins antipathique que le shaakt, mais cela changera peu de choses. D’autant plus que je ne sais même pas où nous devons nous diriger. Et que si, par le plus grand des hasards, nous croisons à nouveau la route du Sans-Visage, celui-ci risque d’être moins clément avec nous s’il découvre que nous transportons Naral… Nous avons trouvé ce dernier, mais nous ne sommes pas plus avancés concernant ce que nous devons en faire…

Mon objectif premier est pour le moment de tenter de reconnecter Naral avec son esprit. Peut-être pourrait-il nous apprendre plus sur les raisons de sa venue en cet endroit sordides et sur les différents dangers qui l’abritent. En réfléchissant quelques secondes je ne vois pas d’autres possibilités que la magie pour expliquer l’état dans lequel se trouve l’elfe actuellement, notamment du fait que celle de ce monde semble être bien différente de celle de Yuimen. Si je sais et ai déjà plusieurs fois expérimenté le fait que les fluides de lumières permettent de guérir des blessures physiques, je n’ai aucune idée de l’effet de cette magie sur les blessures spirituelles et mentales. Cela vaut le coup d’être essayé. Je replace la tête de Naral dans une position plus naturelle et place mes deux mains de part et d’autre, au niveau des tempes. Me souvenant de l’aversion de Yurlungur pour la magie, je tourne la tête dans sa direction pour la prévenir de mon intention :

« Je compte tenter quelque chose, je ne vois pas trop d’alternative dans la situation actuelle. Si l’idée vous déplait tant que ça, je vous conseille de ne pas trainer ici… »

Je n’attends pas sa réponse et me concentre à nouveau sur Naral et ferme les yeux pour visualiser au mieux mes actions. Je concentre alors mes fluides lumineux au niveau de mes paumes et laissent petit à petit infuser ma magie dans le corps de Naral. Sauf que cette fois, au lieu de chercher à l’aide de mes fluides une éventuelle blessure au niveau du corps, je décide de concentrer volontairement ceux-ci au niveau du crâne de l’elfe, siège potentiel du mal qui le ronge. Lorsque je considère avoir rassemblé suffisamment ma magie dans la coquille vide qui me fait face, je fais doucement diffuser les volutes lumineuses à la recherche d’un quelconque indice ou d’une quelconque trace qui pourrait expliquer l’état de Naral tout en tentant de garder au mieux le contrôle sur celle-ci malgré le chaos magique qui sévit sur ce monde…

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[HRP : première phase d’apprentissage de Délivrance : Le sort de lumière lancé par l'utilisateur libère les cibles (objets, alliés, ou ennemi) de tous les sorts qui agissaient sur eux. Condition : Pour que la libération s'opère, le sort de délivrance doit être de rang égal ou supérieur au sort éradiqué. Lancé au Rang 2.]

[Endar]

Son âme était comme aspirée par l'étrange machine, il n'était plus qu'un corps flottant dans l'immensité du vide. Ni lumière ni obscurité pour l'accueillir jusqu'à ce que son âme regagna finalement une enveloppe charnelle. Il battit des cils prenant au fur et à mesure conscience avant que ses yeux mordorés ne redécouvrent Aliaénon. Les picotements aux extrémités de ses membres l'informèrent qu'il était bel et bien vivant, la machine avait ainsi rempli son rôle tout comme le gardien de ces lieux malfaisants. Le shaakt avait à nouveau affronté la mort et avait réussi à la duper une nouvelle fois, mais il sentait au fond de lui qu'il ne pourrait à chaque fois se sauver in extremis de chaque obstacle rencontré sur sa route. En cet instant alors que ses poumons fonctionnaient à plein régime, aspirant et expulsant l'air vicié de la salle des expériences ou des tortures selon les points de vue, il ressentit une étrange quiétude s'emparer de son âme. Il lui avait fallu mourir pour apprécier la vie, c'était un étrange sentiment que de se rappeler que vivre était tout ce qui importait au final.

Ce silence paisible ne tarda pas à être troublé par une voix nasillarde lui annonçant qu'il avait eu beaucoup de chances et qu'il devait bien avoir envie de récupérer ses effets sur son ancien corps. Au son de sa voix, Endar se releva tant bien que mal, les muscles endoloris après avoir été inutilisés depuis si longtemps. Il observa un instant l'étrange homme, sans se soucier un seul moment de sa propre nudité, et remarqua le sourire pervers qui étirait ses lippes. Cela n'avait rien à voir avec sa nudité, mais tout d'une folle envie de jouer au savant fou, sentiment propre sans doute aux occupants de la Tour d'Orsan.

Ses yeux balayèrent la pièce jusqu'à retrouver son ancien corps sans vie reposant froidement là où la créature hideuse l'avait déposé. En parlant de celle-ci, elle semblait de nouveau calme et dardait sur lui un étrange regard. Avait-elle une quelconque conscience, une véritable intelligence derrière cet aspect écoeurant ou n'était-elle qu'une expérience ratée ? Dans tous les cas, Endar pouvait remercier la bestiole de l'avoir emmené vers quelqu'un de compétent.

Le disciple de Thimoros chercha à se mettre debout, mais il dut se rattraper aux rebords de la table d'opération pour ne pas choir. Avant qu'il ne puisse s'exprimer, une tornade du nom de Jorus déboula dans la pièce et menaça rapidement le dénommé Trifalgin en pensant qu'Endar était mort pour ne faire place qu'à une autre expérience. Sentant que la situation pouvait rapidement tourner au désastre et ne souhaitant pas insulter plus longtemps leur hôte, il interrompit rapidement le discours plein de rage de l'humain.

- Il suffit Jorus ! Trifalgin a fait ce qui devait être fait, soit introduire mon âme dans ce nouveau corps. Ce ne sont que des enveloppes charnelles et c'est un faible prix à payer pour obtenir un corps plus puissant que celui d'origine. Pour sauver Aliaénon de la folie de Naral et du Sans Visage, je serais prêt à sacrifier bien plus que cela.

Son regard se détourna de l'humain pour se tourner en direction de l'être malingre.

- Trifalgin, c'est bien cela ? Des remerciements sont de mise après ce magnifique travail et de nous avoir hébergé dans la Tour d'Orsan lorsque rien ne vous y obligeait. Je serais ravi de financer vos recherches en guise de dédommagement, toutefois j'ai ouï dire que Naral était ici et c'est après tout pour cela que nous sommes là.

[Gamemaster9]

Lande Noire - Tour d’Orsan

Aux pieds de la Tour, Sibelle, Xël, Thensoor, Simaya et Elurien faisaient face au Sans-Visage. Au Marcheur de Mort, comme on l’appelait ici. Seuls les deux plus en forme des visiteurs, Xël et Sibelle, parvinrent à poser des questions, à prendre la parole. SImaya, bien que consciente, était encore bien trop faible. Elurien, lui, n’était même presque plus conscient. Quant à Thensoor, il se remettait de son effort pour transporter dans les ombres tout ce beau monde sur une telle distance. La divinité attendit les paroles des deux Yuimeniens pour apporter sa réponse.

« Je ne connais pas les pensées de votre protégée. Mais si comme vous le suggérez, elfe, j’avais la capacité de boire les âmes aussi facilement, elle qui porte en son sein celle de mon ennemi et s’apprête à lui rendre en serait débarrassée. Je n’ai aucune solution autre que détruire leurs corps respectifs, à Simaya Sombreroc et Elurien d’Assamoth, pour récupérer les âmes qu’ils contiennent avant qu’elles se fassent absorber par la Lande Tanathéenne. Je doute que ce soit votre volonté, et c’est l’unique raison pour laquelle ils sont encore en vie. »

Il pointa de son épée la tour.

« Ici, ils ont les outils pour faire quitter une âme d’un corps, la préserver, la transférer dans un autre corps… Et c’est pour ça que vous êtes ici, non pour me demander ce service à moi. J’accepte de vous soutenir dans votre entreprise, si vous prenez vous-mêmes le contrôle de la machine démoniaque qui siège au sommet d’Orsan : Y pénétrer me rendrait vulnérable, cela ne pourra se faire que si j’ai confiance en ceux qui la manient. Alors, je libérerai Simaya Sombreroc et Elurien d’Assamoth de leurs âmes parasites. Qu’en dites-vous ? »

Il fit une courte pause avant de poursuivre.

« Xël, nous nous connaissons. Naral est l’épine dans le pied de ce monde. À ce titre, je ne peux l’aider et ne l’aiderai pas. Une fois qu’il aura disparu définitivement, le Conseil d’Or saura m’écouter, mais tant qu’il persiste, fut-ce dans l’esprit d’une Conseillère, cela est impossible. »

Thensoor, d’une voix soufflante, faible, s’adressa aux deux aventuriers.

« Elurien d’Assamoth ne doit pas périr… La Lande Noire serait aussitôt contrôlée par votre sombre déesse, Oaxaca. Quant à Simaya… »

Il tourna ses orbites vides vers Xël. Ça semblait évident qu’elle ne pouvait périr non plus. Ce fut à cet instant précis que le corps de Simaya fut pris d’un spasme surnaturel, comme si elle s’animait sans le vouloir, la poitrine attirée vers le haut alors que tout le reste semblait perdre conscience, sa tête retombant en arrière, dévoilant sa gorge, les bras ballants. Il se passait quelque chose dans la tour, sans aucun doute, et ça l’affectait, elle.



Seuls restaient dans la cellule de Naral Yurlungur et Kivan, en sus du corps inanimé de l’elfe-saurien. Contre toute attente, et toute prudence, le semi-elfe tenta de lancer un sort inconnu, malgré tous les dangers que cela comportait. Il avait pu en être témoin avec Endar, dans la Lande de feu. Au moment où il libéra sa magie, il la sentit, puissante, presque incontrôlable, pulser hors de son corps et ouvrir son esprit à une toute nouvelle conscience. Un peu comme s’il venait de projeter son esprit, son âme, partiellement hors de son corps, et que le monde éthérique s’offrait à ses yeux spirituels. Yurlungur ne put voir que son compagnon ET Naral Shaam avoir un spasme commun, qui attira leur poitrail vers le haut, le reste de leurs membres pendant mollement, comme si Naral était de nouveau animé – partiellement – et comme si Kivan venait, lui, de perdre connaissance pour se faire contrôler par une force toute autre.

Ce n’était pas le cas, cependant : Kivan en avait conscience. Il put voir, de ses yeux éthérés, un lien se former entre le corps de Naral Shaam et une silhouette située bien plus bas, au pied de la Tour, qu’il ne reconnut pas de si loin. Elle était comme une lumière blanche et violette entremêlée, qui pulsait son énergie vers le corps de Naral. Une énergie de couleur mauve… était-il possible qu’il percevait leurs âmes ? Il lui sembla même être à l’origine de tout ça, même si ça échappait désormais à son contrôle. Il eut la certitude qu’il pouvait s’adresser aux deux esprits. Celui de Naral et celui de l’inconnue. Nul autre ne les entendrait.


Au sommet de la tour, Endar sous son nouveau visage s’échinait à éviter le qui-proco dont Jorus avait été victime en découvrant son ancien corps inerte. Si Trifalgin avait gardé son calme face à l’agression, la créature difforme qui avait ramené les deux corps des caves de la Tour semblait plus nerveuse, remuant sur elle-même, hésitant peut-être à intervenir, et ce malgré l’intervention d’Endar. Elle défendrait le maître des lieux, à n’en pas douter, à la moindre action tentée contre lui. Le Chirurgien, sans se départir de son calme, se tourna vers la nouvelle masse violette d’Endar.

« Tout le plaisssssssssiiiiiir est pourrrrrr moi. Je n’ai ffffffffffait que sssssssssssuivre les enssssseignements de mon prédécccccessssssseur. Nul besssssoin d’or, iccccccci. Jussssste de chhhhhhhhhhhair sssssssssssssur laquelle trrrrrravailler. »

Il ricana un peu, froidement, avant de poursuivre.

« Ouiiiiii, Ssssssssshaam est icccccci. Vos comparssssssses sssssssont en sssssssa présssssssssssence, quelques étages en desssssssssssous. »

[HJ : Kivan, un aparté est possible avec les âmes, si tu le souhaites. Apprentissage non validé pour l’instant, en cours d’apprentissage.]

[Kívan]

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Au moment où mes fluides commencent à infuser dans le corps de Naral, je sens ces derniers se libérer de mon contrôler et pulser en vagues lumineuses autour de mon corps et de celui de l’elfe comateux. Puis plus rien, comme si mes yeux s’étaient définitivement fermés sur le monde extérieur. Lorsque je peux à nouveau les rouvrir je constate la désagréable impression que je ne suis plus dans mon corps. Plus physiquement pour être exact. La salle qui m’entoure est désormais floue et vaporeuse, les contours des murs dansant au rythme d’une brise invisible. Je me trouve par la même occasion dans une légère pénombre, la seule source de lumière semblant émaner de mon corps que je ne peux percevoir distinctement. Malgré la situation, je ne me sens pas menacé le moins du monde et une certaine quiétude me gagne même légèrement. Mes yeux s’étant habitué à la situation je peux distinguer avec plus de facilité le corps de Naral qui me fait face, et notamment un rayon violacé dont la source semble être bien plus bas au-dessous de moi. Me tournant alors vers celle-ci je distingue une silhouette aux contours abstraits irradier d’une lumière blanche entremêlée de mauve, dont les rais parmes s’échappent en direction du corps de Naral. Pourrait-il s’agir du réceptacle actuel de l’esprit de Naral ? Tout en ayant cette étrange certitude de pouvoir parler avec ces formes diaphanes malgré la distance et ce sans que le monde physique puisse avoir les détails de notre conversation, je tente alors :

« Naral ? »

Deux voix répondent à mon appel. La première, une voix d’homme plus que très visiblement agacée part la situation est très rapidement suivie par une voix de femme aux accent plus paniqués.

« Qui êtes vous ? Que se passe-t-il ? Nous sommes à Orsan et nous avons trouvé votre corps sans vie... »

La voix masculine me confirme être celle de Naral et identifie par la même occasion l’autre voix comme celle de Simaya Sombreroc, que je réassocie sans trop de difficulté à l’attaque ayant eu lieu dans la grotte à mon arrivée sur ce monde... Cependant, un autre détail de la conversation attire d’autant plus mon attention que cette agression passée : Naral fait mention des sbires de Vallel et de la Tour d’Orsan, comme s’il était pleinement conscient de ce qu’il s’y passait et qu’il semblait se réjouir de cette situation.

« Les sbires de Vallel ? Retenir le Sans-Visage ? Qu'entendez vous par là ? Et comment pourrais-je vous sortir de là, sachant que je sais à peine comment j’ai provoqué ce qui nous arrive… »

J’essaie de concentrer mon esprit vers celui de Simaya pour tenter de lui adresser spécifiquement la parole tout en sachant qu’au vu de la situation, il m’allait être difficile d’ignorer totalement Naral.

« Qui est présent ? Gregan ? »

Naral agacé répond à la place de mon interlocutrice, l’identifiant comme celle lui ayant tendu un piège, le retenant ici par la même occasion. Cette dernière tente alors de se défendre, m’expliquant la raison de ses actions et ses craintes concernant la présente situation. Je tente de démêler le vrai du faux dans l’avalanche des informations qui me sont fournies en si peu de temps, mais trop de zones d’ombre sont encore présentes et j’ai du mal à comprendre ce qu’ils attendent réellement de moi ici.

« Je ne viens pas de ce monde, si telle est votre question. Quant à mon identité, vous venez de le dire, l’heure n’est pas aux longues explications, surtout venant de ma part… »

Je m’adresse à nouveau à Naral, essayant d’identifier avec plus de précisions les raisons de sa disparition dans les Landes Noires :

« Faisons l’hypothèse que je souhaite vous aider. Pour cela il me faudrait d’abord savoir comment vous vous êtes retrouvé dans cet état, enfermé dans une cellule de la Tour d’Orsan appartenant à des sbires d’Oaxaca… »

Je marque une pause. N’arrivant pas à clairement formuler mes pensées pour savoir en qui avoir confiance, je tente maladroitement de gagner du temps, qui m’est sûrement malheureusement précieux en cet endroit :

« Dans tous les cas, en qui dois-je avoir confiance ? Qui me dit que vous n’essayez de me manipuler à votre tour, quel que soit votre but… »

Les deux esprits continuent de converser entre eux tentant de justifier leurs actes sans pour autant m’assurer qui croire de mon côté. Je commence cependant à percevoir ce que je redoutais un peu plus tôt. Les paroles sont de plus en plus hachées et je sens que les manifestations lumineuses commencent à décroître, les contours de la salle redeviennent plus précis, indiquant par la même occasion que le lien magique qui nous relie tous en ce lieu coupé du monde physique commence à faiblir. Il me faut donc prendre une décision et agir vite.

Mes choix sont relativement maigres en cet instant. Si notre but premier était de retrouver Naral Shaam dans les Landes Noires, l’attitude relativement détestable de l’elfe aux cheveux violets me fait penser qu’il me cache très sûrement quelque chose concernant les véritables raisons de sa présence ici. D’autant plus que notre discussion avec le Sans-Visage me fait douter des véritables intentions de Naral Shaam, sans pour autant me faire adhérer aux projets de l’entité. Simaya en revanche semble particulièrement affectée par la situation qui se déroule actuellement au pied de la Tour et m’a fortement mis en garde contre les deux êtres qui s’affrontent pour le contrôle de ce monde. Je pense que mon choix est désormais fait, motivé par le fait qu’une situation telle que celle-ci ne se présentera pas deux fois.

« Je pense qu'une discussion s'impose et comme tous les protagonistes semblent être au même endroit, autant le faire entre gens civilisés. »

Je concentre mon esprit sur la magie faiblissante qui maintient notre lien spirituel en place et tente de faire basculer les manifestations lumineuses qui me font face dans le corps de Naral situé dans la Tour, puisant dans mes ressources magiques pour attirer à moi les deux esprits entremêlés. Si la sorcière blonde redoutait la présence du Sans-Visage à ses côtés, ce geste aura peut-être pour effet d’éloigner la menace pendant quelques temps encore. Et de donner l’impression à Naral qu’il a rejoint son corps par la même occasion, tout en pouvant le surveiller de près. Je compte aussi sur le fait que la présence de deux esprits dans un même corps l’affaiblisse et que, si nécessaire, Naral puisse être maîtrisé au cas où les choses dégénèrent… Ou que Simaya puisse prendre le contrôle dessus… En espérant que mon intuition soit la bonne…

La communication spirituelle est désormais coupée et je me retrouve dans le noir le plus total, sans avoir la certitude que mon action se soit efficacement déroulée...

>>>

[Yurlungur]

...

Naral inconscient, c'était une mission à demi-réussie. Certes, ils l'avaient trouvé, mais... ce n'était plus réellement lui. Ramener cette coquille vide au conseil, c'était un peu décevant. Elle relâcha le col de l'elfe et recula d'un pas, essayant de trouver une issue à cette situation problématique. À vrai dire, elle ne voyait pas. Tout cela la dépassait : il y avait sans doute une forme de magie noire à l'œuvre derrière l'état de Naral, une manipulation de sa psyché liée de près aux expérimentations qu'avait autrefois effectuées Vallel dans cette tour et que continuaient son serviteur, Trifalgin.

Lorsque Kìvan la prévint qu'il s'apprêtait à lancer un sortilège, elle ouvrit la bouche, comme pour rétorquer d'une pique acerbe qu'il allait provoquer un cataclysme, foirer son sort ou les tuer tous les deux sans réussir rien, puis la referma sans rien dire, haussa des épaules et recula encore de quelques pas, croisant les bras d'un air anxieux. Elle n'avait quoiqu'il en soit aucune meilleure option à l'heure actuelle que de laisser le Semi-Elfe tenter tout ce qu'il voulait. De ce qu'elle savait de lui, il était un mage médiocre, mais Aliaénon était gorgée d'une magie suffisamment palpitante pour donner au plus ridicule des arcanistes yuiméniens un potentiel époustouflant. À ses risques et périls, bien sûr : mais si Kìvan se blessait à cette aventure, dans le fond, ce serait tant pis pour lui.

Elle observa le spasme commun qu'ils eurent tous les deux, et les deux semblèrent alors aussitôt inanimés l'un que l'autre. Elle attendit quelques instants, dubitative, puis demanda :

« Kìvan ? Ça a marché ? »

Aucune voix n'émergea de la carcasse du Semi-Elfe. Elle grommela deux-trois jurons à l'attention des lanceurs de sorts et autres clowns inconscients, puis s'approcha de Naral pour prendre un bras par-dessus ses épaules et, essayant de le soutenir comme elle pouvait, elle commença à le traîner vers les escaliers. Avec un peu de chance, elle pourrait le faire descendre sans trop de casse... Et Kìvan pouvait bien se débrouiller pour sortir d'ici et retrouver toute sa conscience.

...

[Jorus Kayne]

Mon intervention provoque des réactions diverses. Trifalgin le principal intéressé semble demeurer de marbre face à mes menaces, ou du moins, il reste calme contrairement à la créature difforme qui l’a accompagnée jusqu’en haut. Nerveuse, elle semble attendre une application concrète de mes menaces proférées à l’encontre de son maître. L’être ailé désormais vivant est celui qui m’intrigue le plus. Désormais debout malgré une apparente difficulté, il m’explique que Trifalgin a fait son devoir en introduisant son âme dans ce corps. Une enveloppe charnelle plus puissante que l’ancienne. Pour défendre Aliaénon de Naral et du Sans-Visage il est prêt à bien plus.

Alors que je médite sur les propos que l’être nu tenu, il s’adresse ensuite au maître des lieux. Non seulement il le remercie pour ce qu’il a entreprit, mais il lui propose en plus de financer ses recherches pour ses services. Enfin il l’interroge sur l’emplacement de Naral dans la tour.

(Ces propos…on dirait ceux d’Endar, mais c’est impossible non ? Je veux dire, la magie est capable d’une telle chose lorsqu’elle n’est pas soumis aux instabilités Sylve ?)

(De toutes les vies avec les mortels que j’ai connues, je n’ai aucune connaissance d’un sortilège de la sorte, pas même de magie noire.)

(Qu’est-ce qui t’arrives ? Je te sens inquiète !)

(Ce qui s’est passé…je n’ai pas le sentiment que ce soit l’œuvre de la magie. Trifalgin utilise un procédé totalement différent. Je ne le croyais pas au début, mais il est véritablement capable de jouer avec les âmes et ça, c’est effrayant. Du moins si c’est bien Endar qui est en face.)

(Je vais m’en assurer.)

Bien que je baisse légèrement les bras face à une situation qui ne requiert pas d’agression, je garde mes armes en mains et m’adresse à l’être tout nu.

"J’ignore qui tu es, ni comment tu sais que nous sommes à la recherche de Naral, mais cela ne concerne que nous. Pour ce qui est d’Endar je ne tenais pas spécialement à lui, cependant je lui ai sauvé la vie et il m’était redevable. Enfin jusqu’à ce qu’il meurt."

[Sibelle]

Il arrive des situations où notre esprit s’embrouille et que l’on ne sait plus quoi penser. Sibelle vivait ce moment et elle aurait donné une bonne partie de ses yus, pour quitter les environs de cette tour et se retrouver en plein champ de batailles, là où elle savait se rendre utile. Ici, elle devait se creuser la cervelle afin de prendre la bonne décision, celle qui préserverait les habitants d’Escar’Oth et aussi tous ceux d’Aliaénon.

Bien qu’elle se soit présenté en bonne éduforme, le marcheur de mort l’appela l’elfe ayant choisi délibérément d’ignorer son nom. Sibelle n’en prit aucunement ombrage, et écouta attentivement ses paroles. Contrairement à ce qu’Elurian avait prétendu dans ses appartements, le sans visage était incapable de boire les âmes sans en briser les corps. Et il avoua sans détour que s’il avait possédé cette capacité, il aurait déjà absorbé celle de Naral. Mais dans le souci de préserver les corps de Simaya et Elurian, il s’était retenu.

L’impossibilité de lire l’expression du visage du marcheur de mort troublait Sibelle, il lui semblait qu’elle perdait ainsi d’inestimables informations quant à l’honnêteté de son interlocuteur.

Tout en pointant la tour de son épée, il expliqua, tout comme l’avait fait Thensoor avant leur départ de l’infirmerie, que la haut se trouvait les outils nécessaires pour sortir une âme dans un corps, la préserver ou bien la transférer dans un autre. Il était prêt à entrer dans la tour, même s’il y était plus vulnérable, mais pour cela il faudrait que ce soit eux qui prennent le contrôle de la machine démoniaque. Sans aucune supercherie, il répéta à Xël qu’il n’aiderait en aucune façon Naral.

Sibelle réfléchissait à l’offre lorsque Thensoor d’une voix encore faible leur rappela que si Elurian mourait, la lande noire serait sous la gouvernance d’Oaxaca.

Sibelle prit alors sa décision, et tout en s’orientant vers la tour elle leur en fit part.

« C’est d’accord pour moi. Nul autre que l’un de nous ne manipulera cette infernale machine. » Puis se tournant vers Thensoor, elle rajouta :
« Vous connaissez désormais son fonctionnement n’est-ce pas ? »

Sa décision était prise, ils devaient prendre les moyens pour sauver Elurian et Simaya. Elle attendit donc la réponse de Xêl et de Thensoor prête à pénétrer dans la tour dès qu’ils auraient annoncé leur accord.

(((Sibelle va entrer dans la tour afin de tenter de libérer Elurian )))

[Xël]

J'écoute le Sans visage, l'observe, comme si je pouvais déceler la moindre trace de malhonnêteté sur son visage inexistant. Mais evidemment je ne le peux et de toute manière il ne me reste que deux choix possible. Aider le Sans Visage pour sauver Simaya et Elurien en sacrifiant Naral ou ne rien faire. Sibelle prend sa décision et elle a dû suivre le même raisonnement que moi. Elle décide d'entrer dans la tour, promettant au Sans Visage une machine dont nous ne connaissons pas réellement les pouvoirs.
J'incline la tête dans sa direction avant de m'adresser au Marcheur de mort:

"C'est d'accord. Nous nous occupons de ça."

Je rejoins Sibelle devant la tour, prêt à en découdre avec ceux qui m'empêcheraient de sauver Simaya.

[Endar]

Son intervention ne parvint pas à apaiser totalement la situation, l'étrange créature biscornue semblant hésiter sur la marche à suivre. Fallait-il rester calme ou attaquer l'individu qui tenait la dague ? L'abomination avait un semblant d'intelligence ou un bon instinct. La tension était palpable sauf du côté de Trifalgin qui était étrangement calme et eut même un rire glacial lorsqu'il mentionna qu'il n'y avait pas besoin d'or à Orsan mais de corps sur lesquels travailler. Endar l'avait parfaitement compris et au moins savait-il comment s'en faire un allié potentiellement plus fiable que les autres membres du groupe. Il s'approcha lentement du chirurgien, son corps reprenant petit à petit tout le tonus d'autrefois et chuchota à Trifalgin :

- Je suis certain que quelques esclaves feront l'affaire. Il se pourrait que dans un futur plus ou moins proche j'ai besoin de vos "créations" à la mine d'Arthim'Olth pour la défendre contre certains opportuns et en échange vous aurez un être plus robuste que ce que vous avez actuellement à Orsan sur lequel expérimenter.


S'écartant légèrement du chirurgien et tapotant gentiment la tête du bossu qui devait bien se douter qu'Endar n'était pas une menace envers son maître, il se tourna dans la direction de Jorus qui n'avait rien compris de ce qu'il avait essayé de lui faire comprendre et prenait un malin plaisir à évoquer une dette qu'il aurait eu à son encontre. Ses yeux se fermèrent un instant, se concentrant sur ses prochaines paroles. La concentration c'était bien une chose qui lui manquait, surtout lorsque son propre corps mort était allongé sur une table à quelques mètres de son nouveau corps. Endar finit par reprendre contenance et s'adressa à Jorus d'une voix paisible.

- Naral et le Sans Visage nous concernent tous sur Aliaénon, leurs querelles font souffrir suffisamment les peuples qui habitent ces contrées. Mis hors combat,, les deux belligérants éviteraient ainsi d'agglomérer leurs fidèles pour mener leur propre combat fanatique. Si l'un des deux l'emporte alors l'Aliaénon sera sous le contrôle du vainqueur et ceci, je ne peux le tolérer. Le Sans Visage et ses fidèles s'en prendront à ceux ne partageant pas leur croyance et Naral, les dragons et les chevaliers d'Or imposeront une véritable dictature sur toute la surface de ce monde.

Il poursuivit à grand renfort de gestes de la main dont il admirait, il devait l'avouer, la couleur foncée de son épiderme et les étranges excroissances osseuses qui en sortaient.

- J'aimerai bien savoir de quelle dette tu espères obtenir le remboursement de la part d'un corps sans vie et je doute qu'Endar conçoive le fait d'avoir une dette envers toi, Jorus. Tu prétends l'avoir sauvé, et pourtant ta potion n'a eu sur lui qu'un maigre effet. Il s'est sauvé lui-même en devant faire le sacrifice nécessaire. Il s'agissait d'une volonté datant de la Grande Guerre et elle a été aujourd'hui pleinement réalisée. Qu'importe la dette que tu invoques, tu oublies un peu vite qu'il t'a sauvé également grâce à sa potion. Ton bras était dans un sale état avant de boire à ma gourde. Quant à mon identité, je suis Endar et ne le suis pas à la fois. Les noms n'ont que peu d'importance, seul le pouvoir compte.

Il s'approcha de son ancien corps et ferma délicatement ses yeux avant de susurrer quelques paroles au mort:

- Nous avons réussi à achever la première étape de notre voyage. Repose en paix à présent. Il me tarde de continuer ce voyage.

Délicatement, ses mains puissantes défirent les liens de son armure et il le déshabilla sans gêne pour pouvoir s'habiller à son tour. Les vêtements et l'armure 'n'étaient pas totalement faits pour son nouveau corps, mais cela allait devoir suffir pour l'instant. Le contact de son arc dans son dos et de son carquois contre sa hanche le réconforta grandement après cette épreuve plutôt traumatisante.

- Nous devrions rendre visite à Naral et vous devriez nous accompagner Trifalgin, ainsi vous aurez tout le loisir de nous expliquer pourquoi un membre de la Tour d'Or se retrouve ici à la Tour d'Orsan et n'a pas répondu aux appels des conseillers.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan

Pied de la tour :

Alors que Xël et Sibelle s’approchaient de la tour, avec le Sans-Visage, Thensoor, resté près des corps non-aptes à marcher de Simaya et Elurien, répondit à Sibelle.

« J’en connais le fonctionnement, oui. Et je sais combien de milliers de meurtres sa confection a nécessité. »

En plus de la fatigue due à l’utilisation de sa magie d’ombre, il semblait mis à mal par le poids des souvenirs de Gregan, marionnette de Vallel. Ces morts couvrant la Lande, tout autour, ils venaient bien de quelque part. Ils avaient bien été tués par quelqu’un. Désormais, Thensoor devrait aussi porter ce fardeau. Simaya, à l’instant où les deux yuimeniens allaient rentrer dans la tour que Simaya poussa un hurlement.

« Noooooon ! »

Elle était de nouveau consciente, effondrée au sol, haletante. Elle leva la tête vers le trio approchant la tour et poursuivit :

« Naral ! Ils m’ont repris Naral Shaam ! Il… il va s’éveiller ! »

Le Sans-Visage, s’il en avait eu un, aurait sans doute eu une expression stupéfaite, car tout dans son attitude traduisit la surprise. Il se tourna vers la blonde esserothéenne et ses doigts se crispèrent sur son arme, faisant couler un peu plus de son sang sur la lande. Il grogna, sa voix résonnant partout autour :

« Alors je ne peux entrer. Et si je ne peux entrer, cette tour tombera ! »

Il écarta les bras vers les cieux et commença à s’élever de terre, alors qu’un sombre tremblement montait des tréfonds de la terre, pas encore perceptible par la proprioception, mais déjà audible. Un séisme se préparait, qui allait détruire tout ce qui existait aux alentours, la tour la première, ainsi que tous ses occupants… Mais celui-ci s’arrêta aussi vite qu’il avait commencé. Simaya s’était redressée, ses yeux prenant une teinte intégralement noire. Elle aussi avait les mains levées, et autour d’elle grandit une aura aux bords translucides mais perceptibles, comme si un bouclier magique géant venait l’envelopper, et grandissant encore et encore, enveloppa bientôt la zone entière autour de la tour, englobant le Sans-Visage et tous les êtres vivants connus des yuimeniens. Un bouclier que Xël repéra tout de suite comme une zone d’anti-magie, empêchant tout sortilège d’y être lancé. Une capacité qu’il lui connaissait, mais qu’il put surtout ressentir, sa magie ne répondant plus du tout à l’intérieur de son corps.

Le Sans-Visage retomba au sol lentement, se tourna sans un mot vers Simaya et commença à avancer vers elle, l’épée à la main. Il l’avait épargnée jusqu’ici, mais ne semblait plus, après les récents événements, motivé pour le faire. Thensoor s’interposa sur sa route, prenant apparemment le parti de se dresser contre l’Unique pour protéger sa pupille. Mais sans magie, y parviendrait-il ? Elurien était toujours à côté de lui, dans les vapes, il n’aurait aucun secours de ce côté…

Laboratoire au sommet de la tour :

Jorus semblait incertain sur la personnalité de l’être à la peau mauve face à lui, et Endar maintenait le quiproquo en partie par son intervention, avant de se rééquiper de ses propres effets. Trifalgin tenta à son tour d’y mettre fin en s’adressant à l’humain.

« J’ignorrrrrrrre qui est cccccce ‘Endar’, mais le corps en vvvvvvvvvvvvie que vvvvvvvvvvvous avez devant vvvvvvvvvvvvous contient l’âme de cccccccelui qui m’a été ramené mmmmmmmmmourant. Je l’ai sssssssssauvé en lui donnant cccccccccce corps qu’il convoitait. »

Puis, se tournant vers Endar :

« Je ne puis guère exsssssssssspliquer sa présencccccccccce. Il sssssssss’agit d’un corps qui m’a été ammmmmmené par un donateur qui ssssssssssssouhaiterait garder l’anonymmmmmmmmat. Vvvvvvous comprennnnnnez, j’esssssspère, mon devvvvvvvvvoir de rrrrrrréserve… Je l’avvvvvais mis de côté en attendant de pouvvvvvvvvvvvvoir l’opérrrrrrrrrrrer. Sssssss’il n’a pu rrrrrrrrépondre, cccccc’est parcccce qu’il était inconssssssssscient en arrrrrrrivant.»

Et enfin, s’avançant en compagnie de la créature difforme vers la porte du laboratoire et les escaliers, conclut :

« Mais vvvvvvvvvvous avvvvvvvvvez raissssssson, allons le vvvvvvvvvoir. Je ne résissssssssssssssterai pas si vvvvvvvvvous voulez le reprrrrrendre. »

Il avait dit tout ça sans se départie de son sourire malsain, et entreprit de descendre les escaliers pour rejoindre l’étage où Naral se trouvait, en compagnie de Yurlungur et Kivan.

Cellule de Naral Shaam :

À l’instant même où Yurlungur traînait le corps de Naral Shaam aux limites de sa cellule, KIvan revint brutalement à la conscience, après une tentative plus qu’osée et particulièrement risquée. Et il ne fut pas le seul. Le corps entre les mains de la jeune humaine s’anima, les yeux dorés clignèrent un instant et reprirent vie. Naral se défit de la poigne de la petite pour se relever et tourner les yeux vers le guérisseur agenouillé dans sa cellule, avant de prendre la parole d’un air narquois.

« Ainsi c’est vous qui m’avez ramené. Un parfait inconnu. Hihihi. »

Puis, englobant Yurlungur après lui avoir jeté un coup d’œil, questionna d’un ton où le sarcasme perçait :

« Que me vaut l’honneur d’une telle équipée salvatrice ? Qui vous envoie ? »

Il semblait curieusement moins énervé que lors de son entretien avec Kivan. Plus sûr de lui. Plus patient, aussi. Il regarda tout autour de lui, arborant un sourire sardonique et hautain. Il était de retour…

Tout le monde :

Tous les personnages dotés de magie sentent celle-ci mystérieusement s’évanouir en eux, comme si leurs fluides s’endormaient. Tous ceux possédant un pouvoir surnaturel, quel qu’il soit, comprennent également n’y avoir plus accès, sans trop en comprendre la raison.

[Sibelle]

L’ex-archi sorcier appesanti sous les sombres souvenirs de Gregan répondit qu’il connaissait effectivement le fonctionnement de cette machine infernale ainsi que tous les meurtres commis dans le but de son fonctionnement, de son perfectionnement et de ses ajustements.

Les yuimeniens avaient proposé, mais c’étaient les dieux qui avaient disposé, ou bien le destin pour les non-croyants ou encore tout simplement le hasard des circonstances. Toujours est-il que Sibelle et Xël étaient sur le point d’entrer dans la tour, lorsque Simaya poussa un déchirant hurlement. Elle avait repris conscience et par le cri qu’elle avait poussé, il était évident que les choses ne se passaient pas comme elle l’avait prévu. Elle ne possédait plus l’esprit de Naral, il avait réintégré son corps et il allait se réveiller.

La guerrière cessa donc toute avancée et se tourna en direction du Sans-Visage. Celui-ci semblait aussi surpris que les autres. Les doigts crispés à tel point sur la lame qu’il fit couler son propre sang. Il émit un grognement qui résonna dans les alentours et affirma que s’il ne pouvait entrer alors la tour tomberait.

Sibelle regardait cette scène, interdite. Elle ne comprenait pas pourquoi Simaya semblait désemparé que Naral ait récupéré son corps. Sibelle avait cru que c’était le but de Simaya. Et puis elle s’interrogeait sur la raison qui empêchait à présent le Sans-Visage de pénétrer dans la tour.
Décidé à passer aux actes, le marcheur de mort leva les bras au ciel et s’éleva, enclenchant de profonds tremblements du sol. Il était décidé à tout détruire.

(Celui qui se disait le protecteur du peuple d’Aliaénon semble prêt à sacrifier beaucoup pour arriver à ses fins.)

Sibelle déposa doucement Elurian sur le sol à quelques pas de la tour, consciente qu’elle aurait peut-être à se battre.

Mais le tremblement cessa au même moment où Simaya s’était redressée. Contrôlant parfaitement sa magie, le noir de ses yeux ne se limitant pas à la pupille ou l’iris, mais englobant aussi ce qui était ordinairement le blanc de l’œil, elle avait aussi levé ses mains au ciel. Tout autour d’elle apparut alors une aura translucide à la façon d’un bouclier qui était en train de prendre peu à peu de l’envergure. Bientôt, toute la zone de la tour se retrouva sous ce dôme, incluant les yuimenniens, et les aliaénoniens. Le Sans-Visage retomba alors doucement au sol et ce fut à ce moment que Sibelle en déduisit qu’il était impossible de pratiquer la magie à l’intérieur de ce dôme de protection. Elle ressentait à l’intérieur d’elle-même qu’elle serait incapable de prendre la forme de l’hippogriffe ou d’utiliser la pierre de vision.

Ne cédant si facilement la victoire à la blonde, toujours armé de son épée sanglante, le Sans-Visage se dirigeait à grands pas vers l’Esserothienne. Thensoor devina aussi les intentions du marcheur de mort et s’interposa. Sibelle coupa à son tour le chemin au Sans-Visage en s’interposant à son tour, rajoutant un obstacle supplémentaire en se plaçant devant Thensoor. Faisant face au Sans-Visage, ses armes dégainées, son sabre de l’esprit de la main gauche et son épée courte de la droite, elle ne fit aucun geste offensif, elle ne faisait qu’attendre, bien décidée à ne pas le laisser passer. Sans quitter le sans-visage des yeux, elle prit la parole, parlant suffisamment fort pour être entendue de tous.

« Arrêtez-vous Marcheur de Mort ! Et vous Simaya, expliquez-nous pourquoi vous déteniez l’esprit de Naral et ce que vous comptiez en faire ? »

[Xël]

Cet endroit est chargé d'une histoire lourde que Thensoor semble avoir du mal à supporter. Ses souvenirs où ceux de celui qui partage son corps ?

Je jette un dernier regard vers les charniers aux alentours avant de me diriger avec Sibelle vers la porte mais soudain Simaya se met à hurler avant de retomber au sol. Ma mâchoire se crispe et mon poing se serre alors qu'elle annonce que Naral va se réveiller.

La réaction du Sans Visage ne se fait pas attendre. Si il ne peut pas entrer dans la tour alors il va la détruire. Il s'élève dans les airs en levant les bras. Un grondement sourd se fait entendre sous mes pieds, provenant des profondeurs du monde. La tour ne tiendrait pas longtemps, tous ses occupants seront ensevelis et parmi eux beaucoup ne le méritent pas. Mais le séisme ne vient pas car Simaya intervient en créant un dôme annulant toute magie, la mienne y compris. Contrairement à la caverne de l'autel où mes fluides bouillonnaient, ils sont maintenant figés, incapables d'agir.

Le raclement de l'acier sur la cendre attire mon attention. La divinité d'Aliaénon s'avance vers l'Esserothéenne, décidé cette fois à la faire disparaitre. Thensoor s'interpose, ainsi que Sibelle qui tente encore vainement d'obtenir des informations. Je reste figé devant la porte de la tour. Incapable d'user de ma magie. Je refuse de perdre Simaya, le souvenir de la mort de Fin' refait surface, la masse qui écrase sa poitrine alors que ma magie ne répond pas. Mon esprit imagine le pire, la vision de la lame du Sans Visage tranchant ou transperçant les corps de Sibelle, Thensoor et Simaya.

"Attendez !" Criais-je à l'attention du Marcheur de Mort.

"Moi je peux encore entrer dans la tour ! Laissez-moi neutraliser la machine ! Laissez-moi neutraliser Naral. Je vous l'apporterais si vous laissez mes compagnons en vie !"

Je ne perdrais pas Sim’ en restant inactif et je ne vois aucune raison d’épargner Naral.

[Yurlungur]

...

Quelques pas plus tard à peine, alors qu'elle s'approchait de l'entrée de la cellule, le corps que Yurlungur portait frémit enfin. Elle haussa un sourcil et s'arrêta net, tandis que Naral Shaam rouvrait les yeux et se relevait, déchargeant les épaules de la petite de son poids. Elle lança un regard étonné à Kívan, qui reprenait également connaissance, consciente qu'il y avait sans doute un lien - et contente de voir que l'Elfe était capable de se mouvoir par lui-même. Certes, elle aurait pu le traîner jusqu'en bas de la Tour, mais ç'aurait tout de même été difficile d'aller beaucoup plus loin dans ces conditions. Elle avait pensé user alors de son appeau à dragons si jamais aucune autre solution n'était envisageable, mais la chose était risquée.

Naral remercia alors Kívan, expliquant que c'était lui qui l'avait libéré, ce à quoi la jeune fille répondit par un écarquillement d'yeux. Puis, reprenant une expression plus contrôlée, elle sourit néanmoins au Semi-Elfe et hocha de la tête.

« Vous n'êtes pas si inutile que vous vouliez le faire croire, finalement. »

Si ces paroles portaient nettement une touche de provocation, le sourire en coin qu'elle arborait, et le regard nouveau qu'elle adressait désormais au Semi-Elfe marquaient visiblement un revirement dans l'idée qu'elle s'était faite de lui. Naral demanda alors ce qui lui valait une telle compagnie et Yurlungur, devenant soudainement plus sérieuse, entreprit les explications d'un ton assuré et presque militaire.

« Le Conseil d'Or. Vous êtes porté disparu depuis plusieurs mois, et les dragons comme les Chevaliers sans bannière ont commencé à s'affranchir du Conseil. Vous retrouver était visiblement urgent... Et le dragon noir qui rôde dans ces Landes est un bon exemple de cet urgence. »

Elle désigna du menton Kívan.

« Lorsque leur groupe est arrivé de la Tour d'Or, le dragon d'Or s'est fait attaquer par celui d'ici. J'espère que vous serez capable de rétablir l'ordre à ce propos, car le Conseil semble compter sur vous. »

Elle semblait visiblement avoir oublié que Kívan n'était apparu que plus tard, lors de l'affrontement avec Simaya dans la grotte.

Et tout d'un coup, il y eut comme un bouleversement. Ce n'était pas très sensible, surtout pour elle, mais il lui semblait que ses pouvoirs d'Ombre avaient subitement disparu. La connexion avec ceux-ci s'était pourtant raffermie avec le temps, depuis la première utilisation qu'elle en avait faits : pour autant, elle était incapable de savoir si ce blocage soudain était dû à une influence extérieure ou qu'il reviendrait avec plus d'entraînement. Elle lança quelques regards aux deux hommes, dans lesquels elle tentait de masquer un affolement naissant par ses sourcils froncés, et ordonna :

« Descendons. »

Puis de nouveau à Naral :

« Vous savez sans doute que nous sommes à la Tour d'Orsan. Mais vous êtes un dragon, à moitié... et je ne compte pas faire le trajet de retour à la Tour d'Or à pied. »

Et sans attendre de confirmation de leur part, elle se retourna et s'engagea dans le couloir, prête à descendre les escaliers et à mener la marche jusqu'à la sortie.

...

[Kívan]

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Le noir total. Puis, à nouveau la lumière. Brusquement, je regagne mon corps et reprends ma respiration, inspirant une grande quantité d’air, comme si je venais de retenir mon souffle pendant plusieurs dizaines de minutes. Le temps que je recouvre pleinement mes esprits, je prends petit à petit conscience de ce que je viens de réaliser, n’ayant pas eu le temps de le faire auparavant, grisé par la déferlante de magie et pressé par l’urgence de la situation. J’ai encore du mal à croire que j’ai pu converser pendant de précieuses minutes avec les esprits de Naral et de Simaya, m’ayant permis par la même occasion d’en apprendre un peu plus sur la situation actuelle. Je me pince la jambe pour m’assurer mon retour dans le monde physique et, après confirmation par la légère douleur ressentie, je juge que je peux me considérer comme un être extrêmement chanceux d’avoir regagné mon propre corps et de ne pas être condamné à errer dans ces limbes éthérés pour le restant de mes jours. Je secoue légèrement la tête pour me débarrasser des derniers vertiges et lève cette dernière pour regarder dans la direction où se trouvait le corps de Naral pour voir si mes actions ont eu une quelconque conséquence sur l’état de l’elfe aux cheveux violets. Sauf que le corps de ce dernier a disparu…

Je tourne rapidement la tête, paniqué par cette découverte. Il me semblait pourtant que Yurlungur était avec moi dans la pièce et qu’elle aurait pu empêcher l’enlèvement de Naral… Ou alors, mon expérience spirituelle a duré plus de temps que ce que je n’ai estimé… Cependant une voix qui m’est au départ inconnue surgit dans mon dos. A sa façon de s’exprimer je pense reconnaitre la voix de l’esprit mauve et me retournant rapidement, je confirme mes soupçons : Naral se trouve derrière moi aux côtés de Yurlungur, un sourire narquois parfaitement affiché sur son visage. Cependant, contrairement à notre entrevue précédente, son ton est nettement plus calme, bien que son air volontairement dédaigneux me confirme qu’il s’agit bien du même personnage relativement détestable. Et cet air pleinement satisfait semble indiquer que l’esprit de Naral est le seul à avoir réintégré ce corps, signifiant que Simaya doit désormais se retrouver seule face au Sans-Visage au pied de la Tour… Ma magie aura donc eu des limites et mon plan n’a donc fonctionné qu’à moitié… Quoiqu’il en soit, nous avons récupéré Naral en pleine possession de ses capacités ce qui est déjà un bon départ pour notre mission initiale.

Je me relève et ignore sa première remarque tandis que je me dirige vers lui et Yurlungur. Celle-ci me lance alors une pique, un sourire en coin, à laquelle je décide répondre sur le même ton, en lui faisant un clin d’œil malgré mon visage fermé et mes bras croisés en signe de défense du fait du nouvel interlocuteur :

« Il ne faut jamais abattre toutes ses cartes dès le début… »

Je bluffe un peu cependant, encore assez peu convaincu de comment j’ai réussi à me débrouiller pour libérer l’esprit de Naral. La jeune fille adopte alors un ton plus sérieux et répond aux interrogations de l’elfe, déclarant la mission mandatée par le Conseil d’Or du fait de son absence durant plusieurs mois. Je considère qu’il n’est pas nécessaire de rajouter le moindre détail, même si la jeune fille pense que je suis arrivé par la fameuse Tour d’Or alors que ça n’en est pas le cas. Elle termine tout juste ses paroles lorsqu’une drôle de sensation me saisit. J’al la désagréable impression que mes fluides ont quitté mon corps, ou plutôt que ceux-ci sont muselés par une force inconnue. J’ai compris qu’ici la magie était capricieuse, mais ceci ne semble pas naturel et je commence alors à m’inquièter, tout en essayant de ne pas le montrer aux deux autres, gardant les bras croisés, et préférant ainsi éviter de signaler cet état de faiblesse au cas où les choses tourneraient mal.

Yurlungur nous suggère alors fortement de descendre au pied de la Tour et, sans attendre la moindre réaction de notre part, prend la direction de la sortie. Je me tourne alors vers Naral et feins une rapide révérence indiquant la direction des escaliers, un sourire forcé affiché sur les lèvres, rentrant dans le jeu du mépris de celui que nous devions retrouver :

« Si vous voulez bien vous donner la peine… »

Et sans plus attendre de réaction de sa part, j’emboite le pas à la jeune humaine et quitte aussi la pièce, me dirigeant vers les escaliers menant au rez-de-chaussée du bâtiment, tout en surveillant du coin de l’œil les réactions de l’elfe, à la fois pressé de quitter cet endroit maudit et quelque peu inquiet de savoir ce qu’il se passe au pied de la Tour…

>>>

[Jorus Kayne]

L’être noir qui me fait face tout comme Trigalfin ne semblent pas le moins du monde touchés par mes paroles. Bien au contraire, il fait fi de mon sauvetage et évoque ma tentative de le soigner avec ma potion de piètre qualité. Non seulement Endar se serait sauvé lui-même face à la créature de lave, mais en plus je lui serais redevable pour la potion qui m’a soigné précédemment aux pieds de la tour. En tout cas, j’ai de moins en moins de doutes quant à qui il est. J’ignore le message qu’il veut me faire passer avec son histoire de grande guerre, mais il finit par décliner enfin son identité, confirmant mes soupçons. Finalement il fait ses adieux à son corps avant d’inviter Trifalgin à nous accompagner voir Naral. Il aura ainsi l’occasion de nous expliquer pourquoi un membre du Conseil d’Or était présent.

Le maître des lieux confirme les propos du nouvel Endar par l’opération de transfert d’âme qu’il a réalisé. Quant à expliquer la présence de Naral c’est autre chose. Un donateur souhaitant rester anonyme a livré le corps de Naral. N’étant pas en état de répondre, ce dernier n’a pas été capable de donner plus de détails et Trifalgin attendait le moment pour s’occuper de ce dernier pour ses expériences. Il concède l’invitation d’Endar et nous confie qu’il nous le laisse de plein gré si nous le voulons.

Je regarde les deux hommes et la créature difforme avec un visage exaspéré. Endar est fidèle à lui-même et Trifalgin ne sera pas capable de nous expliquer qui a capturé Naral et pourquoi l’a-t-il emmené ici ?

(Si nous n’étions pas venu, sont destin serait scellé, mais celui qui l’a emmené ici est capable de neutraliser le dragon mauve alors pourquoi cela ? Peut-importe, nous avons Naral et Endar est désormais capable de se mouvoir correctement. Allons voir l’elfe, mais avant je dois remettre le Shaakt, s’il en est encore un, à sa place.)

Je range mes armes et ne me laisse pas intimider par le Shaakt.

"Il n’est nul besoin de te présenter…Endar. Ton arrogance, ton mépris, ton manque de reconnaissance et bien entendu ta facilité d’oublier que je t’ai bel et bien sauvé la vie ont répondu à ma question sur ton identité. S’il t’es possible de changer de corps grâce à Trifalgin, que je me dois de présenter des excuses. En revanche ton attitude elle ne changera jamais. A toi aussi visiblement je dois m’excuser. J’ai fait tout ce qui était en mon possible pour te sauver, mais apparemment les maigres moyens dont dispose un enfant issu de la rue ne semble pas au goût de sa seigneurie. Pour ta gouverne, je n’étais pas non plus dans un état similaire au tien. J’ai été capable de me rendre à Orsan avec les blessures que tu as vues, alors dire que tu m’as sauvé la vie est un peu exagéré non ?"

Je regarde Trifalgin un instant et revient à Endar.

"Peu importe. Nous sommes là dans notre état actuel et nous avons retrouvé Naral. Sibelle m’a contacté et il semble y avoir une urgence à retrouver Naral ou plutôt à le ramener, cependant les communications avec les pierres sont…incertaines. Allons retrouver Naral, avant que je n’entende à nouveau tes jérémiades me faisant ainsi regretter de ne pas t’avoir laissé face au chien de Simaya. Les autres sont auprès de…"

Quelque chose m’arrête. Un fort sentiment d’inquiétude m’envahit et je comprends rapidement qu’il vient de ma faéra.

(Jorus il se passe quelque chose ! La magie…Je sens que mes pouvoirs disparaissent !)

L’effroi s’empare de moi. Ysolde est un être de pure magie. Si la magie est perturbée alors il est possible qu’il y arrive quelque chose à Ysolde. Son existence est peut-être même menacée !

(Comment tu te sens ? Je veux dire en tant qu’être de magie tu es en danger ?)

(Non non rassure-toi je me sens bien. C’est juste que…mes aptitudes magiques disparaissent rapidement. Surtout ne perds pas le médaillon. J’ignore si je serais capable d’en sortir dans l’état actuel des choses.)

(Entendu, je vais te garder près de moi et trouver d’où vient ce phénomène.)

Je regarde Trifalgin puis Endar les yeux affolés. De la sueur me coule sur le visage et un long, très long frisson glacé m’agresse le dos à l’idée de perdre une partie de moi.

"Il se passe quelque chose de pas naturel !" Tandis que je réfléchis, mes yeux courent de droite à gauche en quête d’une réponse. Un seul élément me vient en tête expliquant ce brusque changement. "Naral Shaam !"

Je quitte aux pas de courses l’étage du laboratoire pour descendre aussi vite que possible jusqu’aux cellules où se trouve Naral.

[Endar]

Endar avait un certain talent pour semer le doute dans les esprits et cela serait mentir s'il n'avouait pas y prendre un intense plaisir. En revanche, leur hôte, celui qui l'a sauvé des griffes de la mort une nouvelle fois, ne semblait goûter aux mêmes plaisirs et dévoila rapidement le pot aux roses.

- Trifalgin, vous mettez en pièce mon jeu, ce n'est pas très sympathique de votre part.

Sa voix était plus douce et mielleuse qu'elle ne l'était autrefois et c'était juste à cet instant qu'il en prenait véritablement conscience, trop accaparé par les changements induits par ce nouveau corps. Son armure épousait son corps, mais elle ne pesait plus une tonne sur lui. Son corps semblait plus fort, plus résistant que l'ancien et il mit un court laps de temps à tester la motricité de sa nouvelle enveloppe charnelle pour vérifier que tout était conforme à ses attentes. L'air dans ses poumons ne le brûlait plus comme lorsqu'il était proche de la fin. Le chevalier ressentait une étrange quiétude comme si son esprit avait finalement trouvé sa place. Son esprit restait le même, celui d'un être revanchard, pétri de regrets et d'une haine féroce contre tout ce qui vivait ou presque, mais c'est comme s'il sentait qu'il maîtrisait cette colère.

Finissant de s'admirer, il se tourna vers l'hôte, la créature difforme et Jorus. Tout le monde semblait convenir qu'il fallait y aller à présent. Retrouver Naral était leur priorité, toutefois Endar n'était pas certain de ce qu'il ferait lorsqu'il aurait le dragon mauve en face de lui. Equilibriste, sa vie se résumait à éviter d'être écrasé par le marteau du forgeron s'abattant contre l'enclume. En l'espèce, le Sans Visage était ce maillet divin qui risquait de tout anéantir sur son passage pour que tout Aliaénon lui voue à nouveau un culte et pour que ses frères Titans disparaissent à nouveau dans l'oubli, leur présence n'étant relatée que dans des mythes. Naral Shaam était l'enclume, cet objet froid et inflexible qui s'opposait au Sans Visage toujours et encore jusqu'à ce que l'Aliaénon soit selon ses désirs. La question restait entière: qu'est-ce que ces deux êtres désiraient réellement ?

Avec Naral, cela était fort simple. Imbu de sa personne, traître et lâche, il n'en restait pas moins dévoué à sa déesse Brytha. Il ne connaissait que peu de choses sur cette étrange déesse, mis à part le fait qu'elle cherchait l'équilibre. L'équilibre de quoi et l'équilibre pour qui, cela lui restait à découvrir. Il se jura qu'une fois de retour sur Yuimen, il ferait sa petite enquête sur cette prétendue divinité. S'il désirait vraiment faire disparaître le Sans Visage pour le remplacer par sa déesse, Endar allait devoir agir prestemment et sournoisement pour éviter qu'une telle chose ne se produise.

L'esprit du Sans Visage restait, quant à lui, un véritable puzzle qu'il restait à résoudre. Endar avait réussi à trouver son point faible : son envie d'être admiré par les habitants d'Aliaénon, de redevenir la divinité qu'il était, mais il ignorait ce que cette entité avait en tête ou quels étaient ses plans précisément. Son amitié avec les Ouessiens et en particulier avec les fanatiques de Nagorin le conduirait à en apprendre plus sur l'origine et la volonté du Sans Visage. Les Illuminés avaient sans doute un plan et il souhaitait en être, ce qui exigeait de négocier une alliance avec eux. Endar cherchait désespéremment à former des alliances, mais les candidats étaient peu nombreux et Trifalgin ne semblait pas aller dans son sens, sa proposition n'ayant nullement l'effet escompté. Il n'avait pas d'alliés dans les Landes, mais peut-être que les shaakts d'Artim'Olth pourraient en devenir s'il jouait correctement toutes ses cartes.

Son regard ambré perdu dans le lointain, fixant un coin de cette salle de torture dont la pierre noircie avait dû aspirer le sang des expériences de la Tour d'Orsan, remarqua qu'il n'était toujours pas seul. Il se décida de suivre l'équipée pour retrouver enfin cet être maudit.

- Mon nom est Endar Aphyon à présent et vous venez de sauver un Sauveur d'Aliaénon, Trifalgin.

Il s'était choisi un nom de famille, un blasphème pour un shaakt qui n'est pas d'ascendance noble ou n'a pas été annobli, toutefois les règles de Khonfas ne s'appliquaient pas sur Aliaénon, et de sucroît, il n'était plus le fils d'un marchand de Khonfas désormais. A son retour, il prendrait ce qu'il convoitait depuis toutes ces décennies : une place dans la noblesse shaakt. Pour l'heure, d'autres combats l'attendaient et l'étrange sensation de sa magie s'évanouissant lui rappelait le bouclier anti-magie de Fan-Ming. Coup du sort ou véritable aubaine ? Il allait découvrir cela rapidement.

Il n'était pas totalement le seul à ne plus ressentir la magie. Jorus en était donc ainsi pourvu ? Etrange. Il ne rétorqua pas aux critiques de l'humain, cela ne l'importunait pas ou plutôt cela ne le dérangeait plus outre mesure. Devant l'empressement de l'humain, il ajouta à la hâte en sifflant presque, agaçé par le risque qu'il leur faisait prendre en se précipitant :

- Ne fais pas confiance à Naral !

[Gamemaster9]

Lande Noire - Tour d’Orsan

Naral Shaam resta circonspect face aux informations de Yurlungur. Comme pour lui-même, il répéta en un murmure : « plusieurs mois… ». Puis, quand Kivan partit à son tour, après lui avoir suggéré de les suivre, il resta encore interdit plusieurs secondes avant de crier, plus fort, de manière audible tant par Yurlungur et Kivan qui se précipitaient dans les escaliers que par Endar et Jorus qui en descendaient vers le semi-dragon, suivis de près par Trifalgin et sa créature. Ces derniers purent voir, arrivant à l’étage où Naral était prisonnier, ledit Naral se précipiter à son tour vers les escaliers. Il tourna un instant le regard vers les personnes qui descendaient pour le voir, et pesta :

« Mais combien de parfaits inconnus ont-ils envoyé ?! »

Il secoua la tête, puis commença à descendre les escaliers, soufflant à ceux qui le suivaient :

« Apparemment, c’est en bas que tout se passe. Hihihi »

Tout ce beau monde finit par se retrouver aux pieds de la tour, Yurlungur et Kivan en tête, alors que Xël venait de faire sa proposition au Sans-Visage et que Sibelle et Thensoor s’étaient précipités entre le Sans-Visage et Simaya, qui semblait en transe, yeux entièrement noirs et bras levés. C’était elle qui plongeait toute la zone dans un dôme d’anti-magie. Et ça avait l’air de ne pas plaire au Marcheur de Mort, qui semblait vouloir lui faire arrêter ce sort par la force…

Elurien d’Assamoth, dirigeant d’Elscar’Olth, était posé non loin des nouveaux arrivants, près de la porte. Il semblait inconscient. Il s’en était passé des choses en leur absence, visiblement. En voyant le Sans-Visage sur le parvis de la tour, Naral Shaam resta stupéfait.

« Lui ?! »

Un sourire confiant brillait sur ses lèvres, et dans ses yeux la haine qu’il semblait ressentir envers cet avatar de l’ancien Aliaénon. L’Aliaénon qu’il avait détruit en réalisant son plan, tuant Vallel et éveillant les Titans. Le Sans-visage, l’arme toujours à la main, s’était immobilisé devant les volontés de défense de Thensoor et Sibelle. Il n’eut guère besoin de se retourner pour savoir que l’elfe aux cheveux violets était présent. Sa voix de stentor résonna partout autour lorsqu’il parla :

« Je vais m’occuper de ton cas, serpent. Mais avant, je vais permettre à cette Lande de faire ce qu’elle fait de mieux : créer le chaos… »

Et sans plus attendre, armé de sa longue épée sanguinolente, il chargea vers Simaya, conscient que la liche du Conseil d’Or et l’elfe venue de Yuimen se trouvaient sur son chemin. Comptait-il les faucher au passage ? Une chose était certaine : il fallait agir vite, prendre des décisions. Trop de personnages importants se retrouvaient à cet endroit précis en même temps : le chaos n’attendrait sans doute pas que le Sans-Visage en ait fini avec Simaya. Combien de « camps » y avait-il au juste, sur ce parvis sordide de cette tour de mort ?

[HJ : ne craignez pas pour vos XP des màj passées et à venir, vous les aurez tous en même temps en temps et en heure.]

[Sibelle]

La question de Sibelle demeura sans réponse, la blonde déployant sans doute toute son énergie pour maintenir le dôme transparent en place et ainsi protéger tous ces occupants ne pouvait satisfaire la curiosité de la guerrière. Pour ce qui était du Sans-Visage, probablement qu’il jugeait la guerrière trop insignifiante à présent pour daigner l’écouter.

Mais l’attention de la guerrière fut portée à la tour d’où des gens en sortaient. Elle reconnut d’abord Kivan, celui-là même qui l’avait guérie dans la grotte et Yurlungur, celle-là même qui avait attaqué Simaya traitreusement par-derrière dans la grotte également. Puis suivaient deux inconnus, le premier, un elfe aux cheveux violet, en haillons de prisonniers, affichait un sourire méprisant sur ses lèvres et il fut facile de lire la haine dans son regard lorsqu’il constata avec surprise la présence du Sans-Visage. Sibelle en déduisit qu’il s’agissait de celui qu’ils étaient mandatés de trouver : Naral. Tout juste derrière se tenait un homme chauve, portant un tablier d’ouvrier comportant de nombreux ustensiles ayant l’apparence d’instruments de torture. Elle vit ensuite Jorus et un elfe noir .

Le Sans-Visage, qui s’était immobilisé lorsque Sibelle et Thensoor lui avaient coupé le chemin, s’adressa à Naral, sans même prendre la peine de se retourner. Il lui rappela son état sournois de reptile et lui annonça qu’il allait s’occuper de lui après avoir rétabli le chaos dans la lande. Cela dit, le Marcheur de mort se mit à courir en direction de Simaya chargeant Sibelle et Thensoor de son épée ensanglantée. La guerrière était consciente de la puissance de celui qui chargeait sur eux. Par contre, elle savait aussi que c'était là, leur unique chance de le combattre, puisqu'il était privé, pour le moment, de sa puissance magique.

Sibelle, qui s’était préparée à cette attaque, se positionna donc rapidement de côté, diminuant ainsi sa surface exposée. Son sabre de l’esprit dans sa main gauche en position d’attaque, sans quitter son adversaire des yeux, elle attendit qu’il soit à sa portée avant d’attaquer.

Lorsqu’elle jugea le moment opportun, elle fit un pas en avant et par une rotation rapide et répétée de son arme autour de celle de son adversaire, elle tenta de le désarmer. Cette technique, si bien réussie, devait tordre le poignet de son adversaire le forçant à lâcher son armée. Ne voulant à aucun prix sous-estimer son adversaire, elle y mit toute sa force, risquant sans remord de blesser le bras du Marcheur de Mort.

((( Sibelle attaque le Sans-Visage, utilisant la CC botte désarmante au rang 5. )))