Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Vous allez en perdre la face !
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Yurlungur
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Yurlungur » mer. 31 juil. 2019 15:33

...

Alors qu'elle était à moitié cachée par les décombres de la Tour, Yurlungur vit, un peu stupéfaite, Naral achever le saurien noir. Le grand maître de ces landes n'était plus, le dragon formidable qui se les était arrogées sans le moindre état d'âme... Puis le Sans-Visage réapparut. Elle fila trouver refuge derrière divers débris, se cachant aux yeux des autres aventuriers et de la divinité. Si certains lui étaient plutôt sympathiques, elle avait bien compris que nombre d'entre eux souhaitaient sa mort... Et c'était parfois réciproque. Dans les bras du Sans-Visage se trouvait un corps, que Simaya identifia aussitôt : Thensoor. La divinité, sans surprise, avait vaincu...

...
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Endar
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Endar » jeu. 1 août 2019 14:40

Alors que le combat faisait rage derrière son dos, les deux dragons s'affrontant dans une ultime lutte, chacun cherchant à dominer l'autre, Endar était, lui, occupé à fuir la zone dudit conflit et cherchait à se réfugier près des ruines de ce qui fut autrefois la magnifique Tour d'Orsan, symbole d'expérimentations aussi atroces qu'incroyables. Surtout, le shaakt au nouveau corps désormais, cherchait un moyen sûr d'accéder aux souterrains qu'il espérait encore intactes pour récupérer son équipement laissé ci-bas. Du combat, il n'entendit soudainement qu'un long râle d'agonie et n'eut pas besoin de se retourner pour savoir ce que cela signifiait: l'un des deux dragons était mort. La question restait entière: quelle mort est préférable, celle de Naral Shaam ou du Dragon Noir ? Les questions n'arrêtaient pas de fuser dans sa tête et au fur et à mesure que le shaakt sentit qu'il n'avait aucune réponse à apporter à ses interrogations, son battant battit encore plus furieusement au creux de sa poitrine. Perdu dans les ombres et le chaos, il était. Servir Thimoros, il devait. Ceux-ci constituaient des certitudes, toutefois il planait une incertitude quant au sort des sorciers d'Elscar'Olth et l'avenir d'Aliaénon et cela le terrifiait pour la première fois de sa nouvelle vie. Ajouté à ce stress intense que son corps ressentait présentement, il y avait aussi ses blessures lâchement infligées par une furie capricieuse qui ne digérait pas le fait d'avoir échappé de peu à la mort. Lui-même n'avait échappé de peu à la Mort que grâce à l'aide précieuse et inestimable de Trifalgin, le chirurgien et taulier de ce lieu maudit. Ce dernier était à présent mort, tous ceux à qui il tenait, mouraient et lui restait en vie grâce à une chance incroyable ou une malchance bienvenue. N'était-ce pas pour cela qu'il avait quitté les montagnes de Sansarth ? Pour éviter que Mielon ne périsse sous ses yeux, que sa présence n'attire le mauvais œil sur sa discrète mais puissante personne ? Il avait quitté le combat depuis plusieurs mois, mois passés auprès des géants de Colomir'Thù. Il avait même abandonné son armure et ses armes au profit d'une vie simple de chasseur et de buveur invétéré. Cette vie était si agréable par sa simplicité mais son esprit en redemandait encore et à présent il était dans les ténèbres, entouré de potentiels ennemis, son sang avait giclé de nouveau et la mort le suivait à la trace.

Sur ces pensées, il vit plus qu'il ne le sentit lorsque ses mains touchèrent la base de ce qui restait de la Tour d'Orsan, les débris rocheux flotter au-dessus des ruines comme s'ils ne pesaient rien et une terrifiante apparition se dévoila. Elle tenait entre ses mains ténébreuses un corps sans vie, mais il ne put l'identifier alors que l'entité lui tournait le dos. Cette apparition lui donna la chair de poule. La Mort elle-même comme il s'aimait s'appeler était de retour et elle venait pour eux, il en était sûr. Endar chût au sol lourdement, surpris et terrifié par la présence du Sans Visage. Toutefois lorsqu'il se releva, son bras heurta malencontreusement un objet aussi rond que la lune. Il baissa ses yeux ambrés sur l'objet de ses convoitises et remarqua qu'il possédait sa gourde magique depuis le début du combat. Dans l'affolement et la succession d'événements depuis sa mort et sa renaissance en un nouvel être, il avait été persuadé qu'elle reposait dans les souterrains avec la lame de Garzol. Cette dernière se trouvait toujours dans les catacombes, cependant elle avait plus une valeur symbolique à ses yeux qu'une quelconque utilité.

Lorsque le shaakt cornu se retourna pour faire face au Sans Visage qui reposa le corps sans vie de Thensoor vers qui Simaya courut déjà, il remarqua deux choses fondamentales. D'une part, le dragon noir était mort, tué de la même manière que les Ouessiens à Nagorin, il y a de cela cinq ans. Cette perte le privait d'un allié qu'il aurait pu utiliser contre le Sans Visage et d'autre part, l'entité avait semble-t-il perdu sa fameuse épée. Endar avait thésaurisé sur cette épée qui semblait faire saigner l'entité. Au départ, il avait cru que l'entité avait choisi cette apparence et que ce sang ne faisait parti que d'une forme de déguisement qu'il se plaisait à enfiler. A présent, il se demandait si ce dieu autoproclamé pouvait véritablement saigner et si cette lame n'était pas faîte en argent noir d'où le tribut carmin qu'il devait payer. Si elle était ainsi fabriquée, peut-être qu'en la retrouvant et en l'utilisant contre l'Unique, il pourrait peut-être le tuer. Aussitôt, alors qu'il buvait le contenu de sa gourde, il cherchait des yeux un passage vers les tréfonds de la Tour mais dut bien vite se rendre compte de l'évidence: il était impossible d'y accéder sans déblayer le passage avec sa magie et il n'avait pas le temps pour ça en ce moment.

Alors que Simaya pleurait la mort de son mentor, que le Sans Visage se lançait dans ses habituels monologues dont lui seul avait le secret, Endar contourna les débris de la Tour pour se retrouver suffisamment loin de la petite troupe d'aventuriers et surtout sur un endroit désertique où nul débris nul pic rocheux n'allait obstruer sa vision. Si des ennemis l'attaquaient, il les verrait ainsi venir. De ce discours, il retint surtout la mort des deux archi-sorciers et le chaos que l'entité engendrait à présent. Il y avait toutefois une solution pour éviter que le chaos ne détruise les sorciers d'Elscar'Olth, mais il la gardait pour l'instant dans un coin de son esprit.

Alors qu'il allait se lancer dans un long discours comme à son habitude, Xël le prit de court et tenta de les convaincre en se plaçant à côté de l'entité. Cette simple proximité physique entre les deux êtres provoqua chez Endar un rictus de mépris et un regard haineux envers le magicien. Ses propos éveillèrent la sourde colère qui émanait de son âme et résonnait dans son corps. Le laissant terminer, sa voix trancha dans le silence temporaire :

- De vains discours héroïques et emplis d'une bonne volonté mais en parfaite contradiction avec les actions que vous avez tous menés jusque là. Regardez donc le chaos que vous avez causé, vous et non moi ! Ces ruines sont de votre fait, la mort du dragon noir et de Trifalgin le sont tout autant !

Il se tourna vers Sibelle qui se tenait non loin de Naral sur le dos de la défunte bête et il laissa sa voix grave et colérique percer à nouveau le silence:

- Est-ce là la noblesse que tu me vantais lors de notre trajet entre Nagorin et Ouessort, Sibelle ? Tu n'as sauvé personne ici l'hinïonne, tout ce que tu as fait c'est de participer à des meurtres que j'ai essayés d'empêcher. Trifalgin est mort tout comme le dragon noir, par ta faute, par votre faute ! Quel était le crime qu'avait commis Trifalgin ? De m'avoir sauvé des griffes de la Mort ? D'avoir continué les expérimentations de Vallel pour satisfaire un savoir que tous les sorciers d'Elscar'Olh auraient pu acquérir ?

- Tu as participé au meurtre du Dragon Noir, une créature majestueuse qui défendait tout simplement son territoire et qui nous aurait permis de nous débarasser de Naral une bonne fois pour toute. A-t-il essayé de vous tuer une seule fois depuis le début de votre venue dans les Landes Noires sans que vous ne l'ayez provoqué en premier lieu ? Cela ne vous a pas empêché de laisser Naral le tuer et ne dîtes pas que ce n'est pas de votre faute, vous saviez très bien ce qui allait se passer en aidant Naral en attaquant le Dragon Noir ! Tuer et détruire c'est dans sa nature !

Reprenant son souffle, il posa à présent ses yeux emplis d'une rage intense en direction du magicien:

- Xissirant avait dit que tu étais le Noble Coeur, mais à présent je comprends sa signification. Ta naïveté et ta façon de penser que tout est de notre faute et qu'il faut ainsi partir correspondent bien à ce titre. Connais-tu seulement les peuples d'Aliaénon, autre que les Ynoriens de Fan Ming et ceux d'Esseroth ? J'en doute fort ! Nous ne sommes pas responsables de tout cela, tu l'es Xël ! Cesse donc de te cacher derrière le Sans Visage et regarde autour de toi ! Je t'ai arrêté à Ouessort pour éviter que la cité soit détruite sous les eaux et à présent elle rayonne, si bien que je me dis que ce jour là sur la plus haute tour, mon action était justifiée.

- Le chaos ne se trouve pas sous tes pieds, Xël, mais à côté de toi ! Tu as raison sur une chose, vous avez été des pions dans les Landes. La présence de cette maudite entité a provoqué tout ce chaos et c'est bien la haine, mais la sienne qui est l'instigatrice de tout ce désordre. Vous avez été ses pions en laissant la Tour d'Orsan s'effondrer, le seul endroit où il avait peur de pénétrer par crainte de subir le sort de l'Unique. Le Dragon Noir, seule créature qui aurait peut-être pu nous aider contre le Sans Visage est à présent mort. Vous l'avez tué comme il le désirait.

Il serra et desserra son poing, les plaques protégéant sa main et son avant-bras émettant un léger crissement.

- Tu penses que Xissirant ou Triman qui mènent une guerre contre l'Unique vont gentiment écouter les reines d'Arothiir, cité apparemment sous l'emprise du Sans Visage ? Les peuples n'ont aucun intérêt au retour à l'ancien temps qu'il propose. Quant au peuple habitant à Sansarth, je les ai aidé lors de la Grande Guerre, je leur ai promis la paix, je leur ai promis la liberté et j'ai tenu mes promesses. Ils sont libres, ils n'ont plus à craindre l'éveil du Titan de la montagne et leur territoire s'est largement agrandi. Penses-tu que le retour du Sans Visage leur serait bénéfique ?

Il quitta des yeux un instant le magicien pour s'adresser à toute l'assemblée :

- Il est grand temps d'ouvrir grand les yeux et de vous demander ce qui est mieux pour Aliaénon. Ne comptez pas sur moi pour ployer le genou devant cette entité dans tous les cas ni pour servir les plans de Naral. Endar le sauveur d'Aliaénon est mort et un nouvel Endar a pris sa place, un qui abandonné sa servitude envers les matriarches shaakts, un qui a brisé ses liens avec le Conseil d'Or qui hésite à faire appel à nous au détriment des peuples d'Aliaénon. Les chevaliers d'Or ont raison, les Sauveurs d'Aliaénon sont du passé, ils n'existent plus et il est tant pour moi d'en apprendre plus sur les autres peuples d'Aliaénon, de découvrir les secrets et les artéfacts anciens de ce monde pour offrir aux peuples un cadeau inestimable: le droit de forger leur propre destin.

Il affronta avec un peu plus de mal le regard impérieux de l'entité avant que ses yeux ne trouvent une Simaya au chevet de son défunt mentor. Sa voix s'adoucit, devenant presque mielleuse alors qu'il s'adresse à elle.

- Sans archi-sorcier, les sorciers d'Elscar'Olth risquent de s'entre-déchirer et leur peuple tombé dans l'oubli. Il est temps que tu occupes la place que tu mérites Simaya. Je ne te demande pas de le faire pour moi, nos relations sont bien difficiles depuis notre passage dans la forêt de Jollarsyth, je te le demande pour les sorciers. Deviens leur archi-sorcière, dirige les, protège les contre l'influence des yuméniens, tant des Ynoriens que des forces d'Oaxaca, ces premiers n'ayant rien à envier à ces derniers de ce que j'ai pu voir. Ta magie est puissante, tu sais diriger depuis ton passage au Conseil d'Or, mais pourtant tu es ici parce qu'au fond de toi tu sais que c'est ta place depuis le début. Pourquoi penses-tu que Thensoor se soit sacrifié pour toi ? Pourquoi penses-tu qu'il ait fait de toi sa disciple alors qu'il aurait pu garder Vallel ? Tu mérites cette place et tu pourrais y apporter la connaissance et l'ordre. Le chaos engendré par le Sans Visage ne sera ainsi que temporaire.

Faisant face à tous, il termina son discours:

- Je ne partirais pas d'Aliaénon et d'ailleurs je ne l'ai pas fait lorsque vous êtes tous rentrés sur Yuimen. Sur Yuimen, mon destin a été écrit et planifié dans ses moindres détails dans le Grand Livre de Zewen, ma vie ne m'appartient pas là-bas et la mort ou des siècles de servitude seront mes seules récompenses. Aliaénon est mon foyer, mes actions sont reconnues, j'ai forgé mon destin et je veux offrir aux peuples d'Aliaénon ce qu'ils m'ont donné.

Enfin, Endar se tut, laissant planer le silence pesant des Landes Noires.

(Boit 1 ou 2 énormes potions de soins pour soigner l'intégralité de ses blessures, s'écarte des ruines et trouve un endroit où rien n'obstrue sa vue)
Modifié en dernier par Endar le dim. 4 août 2019 17:09, modifié 1 fois.

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Sibelle
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Sibelle » jeu. 1 août 2019 17:30

Les menaces de Sibelle ne donnèrent pas plus de résultats que les questions de Xël. Aucun des deux dragons ne voulait, et avec raison, perdre leur concentration au combat pour répondre à des questions, que le dragon noir, prétentieux, aurait qualifiées de futiles. Naral, profita de son avantage, obtenu par l’action combinée de tous les compagnons, pour mordre violemment dans la gorge orangée du noir, tout en y déversant son souffle violet. Le même souffle qui avait dévasté la créature de Trifalgin. Le noir réagit un moment, mais trop peu trop tard, le flux violet s’insinuant et le grugeant de l’intérieur. Quelques secondes plus tard, il rendit son dernier souffle.

Sibelle vit une lumière quitter les bras tendus de Kivan pour atteindre Naral de plein fouet. Presqu’aussitôt le dragon mauve reprit sa forme elfique. Même à quatre pattes sur son adversaire noir décédé, Naral s’acharnait à lui déverser son flux violet.
Puis, il s’arrêta, plus pâle que jamais, la tête baissée, les cheveux pendants lui cachant une partie de son visage. Ce ne fut que d’une voix faible, il répondit enfin, bien que brièvement à Xël et Sibelle qu’ils ne pouvaient comprendre.

L’hinionne jetait un regard aux ruines de la tour qui l’entourait lorsqu’elle vit une imposante roche se soulever de terre et flotter comme si elle n’était plus affectée par la gravité. Puis, le Sans-Visage, sans armes cette fois, refit surface portant dans ses bras un être inanimé. Simaya fut la première à reconnaitre ce corps sans vie et courut jusqu’à lui tout en criant son nom : Thensoor.
Les mains plus blanches encore de Sibelle se refermèrent sur son arme. Sa colère grandissait. Ce sorcier avait été le pilier, celui qui les avait le plus aidés et conseillés. Sibelle lui avait promis de le soutenir lorsqu’il serait affaibli après le voyage dans les ombres qui leur avait permis de se rendre rapidement ici. Et elle avait échoué. Elle sentait sa colère monter en elle, une colère envers elle-même, mais aussi envers le Sans-Visage et envers Naral.

La voix puissante du Marcheur de Mort la sortit de sa réflexion. Il annonça la mort des deux derniers Archi-sorcier, ainsi que le chaos éminent qui règnerait suite à l’absence de personne pour gouverner ces terres. La tête redressée, regardant la lande, il poursuivit son discours expliquant que ces deux êtres puissants et sages venaient d’être sacrifiés au nom de la haine, et qu’il était temps que cela cesse définitivement.

Sibelle porta alors son regard sur Naral qui n’avait pas bougé. Sibelle ne perçut que de faibles tremblements ne pouvant en deviner la cause.

Ce fut Xël le premier qui brisa le silence. Il reprenait la faute sur ses épaules, argumentant que c’était les aventuriers venus de Yuimen qui avaient causé tous ces dégâts sur ce monde. Il nous proposa de quitter Aliaénon et de ne plus se mêler des affaires de ses habitants. Il suggérait qu’une trêve devait avoir lieu entre le Sans-Visage et le conseil d’Or.

Xël venait à peine de se taire que Endar prit la parole. En fait, cet être cornu et ailé s’identifia comme tel annonçant sa résurrection dans un autre corps à l’aide de Trifalgin. L’hinionne nota toujours ce même fiel dans la voix d’Endar. Peu importe le corps qui l’englobait, son âme demeurait la même, noire, tordue, malsaine. Tel un serpent, il rampait sur la vérité, la contournant et en déformant son sens. Et comme toujours, lui seul avait raison, lui seul avait bien agi, les autres n’avaient été que des pantins malfaisants. Il s’attaqua aussi directement à Sibelle arguant qu’elle n’avait sauvé personne qu’elle n’avait que participer à des meurtres. Les seules paroles censées prononcées par ce shaakt prétentieux furent lorsqu’il parla à Simaya. D’une voix douce, il lui fit comprendre que c’était à elle que revenait la gouvernance des landes noires. Elle était la seule à pouvoir éviter le chaos. Il termina enfin son long discours en affirmant ne pas quitter Aliaénon.

Contrairement à Xël et Endar, Sibelle n’avait pas connu l’Aliéanon d’avant et elle n’était pas apte d’y faire référence comme ils se targuaient de si bien le faire. Par contre, elle était ici depuis quelque temps déjà et avait observé les comportements de chacun et cela s’avérait plus révélateur que bien des discours. Elle se souvint que lors de leur première mission, Naral leur avait donné la mission de trouver le Sans-Visage et que lui-même le détruirait. Il avait alors été décrit comme un être abject. Pourtant, depuis que Sibelle l’avait aperçu ce n’était pas l’image qu’il lui avait inspirée. Par contre, il se pouvait bien qu’il joue aussi un jeu, elle avait bien remarqué la violence dans son regard lorsqu’il avait tenté de vaincre Simaya.

Avant de parler à haute voix à toute l’assemblée, elle parla à voix basse à Naral.

« On ne peut comprendre en effet, puisque vous refusez de nous expliquer quoi que ce soit. »


Elle se rapprocha encore une fois de Naral avant de poursuivre toujours à voix basse.

« Je vous ai sauvé la vie à deux reprises et je vous ai aidé à combattre le dragon noir. Mais je ne pourrai vous sauver une autre fois si vous tentez une attaque sur quiconque y compris le Sans-Visage, à peu près tout le monde ici souhaite votre mort. Je vais tenter de les convaincre de vous ramener à la tour d’Or où le conseil décidera de votre destin, … ce qui était ma mission. »

Une fois cela dit, elle attendit une réponse de la part de l’elfe affaiblie. Puis, elle parla assez fort pour être entendue de tous, mais s’adressa d’abord au Sans-Visage.

« Vous avez raison, cessons le massacre. Laissez-nous ramener Naral à la tour d’Or, comme le conseil nous l’avait demandé. Ce après quoi, je partirai, ma mission étant accomplie. »

La guerrière parlait d’une voix ferme, contenant avec peine la colère qu’elle nourrissait contre Endar qu’elle préférait ignorer.

Elle se tourna ensuite vers Xël.

« Oui, nous devons partir, et oui, nous devons laisser Naral, le conseil d’Or et le Sans-Visage régler leurs différends. Mais ce sont eux qui décideront s’il doit y avoir un autre conseil, pas nous. »

Puis enfin, Sibelle s’adressa à Simaya :

« Nous avons divergé de nos plans pour vous écouter et suivre vos directives, ou du moins nous avons fait tout notre mieux pour y arriver. Je pense que vous nous devez à présent des explications… Pourquoi fallait-il empêcher le Sans-Visage de vous approcher ? Pourquoi il ne pouvait pénétrer la tour d’Or ? Pourquoi Naral y était-il enfermé ? Que s’est-il passé dans sa grotte lorsque nous vous avons trouvé ?.... Et puis, réfléchissez à la possibilité de prendre le relai comme dirigeante de ces landes. »

(((Sibelle parle à voix basse à Naral au début, et ensuite elle parle suffisamment fort pour que tous l'entende, même si elle s'adresse à certains en particulier)))

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Jorus Kayne
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Jorus Kayne » ven. 2 août 2019 16:36

Simaya me regarde désormais avec un sourire que je ne lui pensais pas capable. C’est qu’elle en serait presque adorable si je n’avais pas ce souvenir rémanent de son chien composé de chairs mortes. Reste à savoir si joli visage tire sa source de notre action conjointe contre le dragon noir, que je la mette à l’abri du combat qui n’est désormais plus le sien au vu de sa condition humaine, à moins que ce ne soit les provisions qu’elle regarde avec avidité. Elle prend cependant le temps de me répondre que c’est Thensoor qui les a fait voyager jusqu’ici.

(Ben voyons ! Le seul capable de nous ramener d’un claquement de doigt à la Tour d’Or a disparu dans une volute noire avec un dieu. Je n’aime pas l’idée de monter sur le dos de Naral, comme la possibilité de revenir à notre point de départ à pied. Et puis, il y a toujours ce problème de dragon noir à résoudre. Il est une menace, mais si Naral est aussi fou qu’on le dit, le maître de la Lande Noire pourrait être un allié précieux le jour où celui-ci deviendra à nouveau hors de contrôle.)

Puis je prends le temps d’observer la scène majeure qui se déroule non loin et me fige alors que l’affrontement à atteint son dénouement. J’y vois ce que je craignais, à savoir la mort du dragon noir. Aussi puissant puisse-t-il être, il a fini par ployer sous nos coups respectifs, mais c’est bien Naral qui l’a achevé en usant de sa magie. Une magie similaire à celle utilisée pour frapper la créature de Trifalgin. Elle se déverse à l’intérieur du dragon en volute rose presque magnifique si ce n’était une magie capable de vous tuer de l’intérieur. Je n’ose pas imaginer la souffrance qu’il doit ressentir. Etre rongé de l’intérieur tout en étant incapable de lutter pour survivre. Sentir sa fin arriver alors qu’on le refuse de tout son être. Naral reprend finalement sa forme humaine et semble répondre dans un murmure inaudible pour moi à Xël et Sibelle qui le connaissent.

Alors que je déplore intérieurement la mort du dragon noir, quelque chose attire mon attention non loin des ruines de la tour et d’Endar. Quelque chose attire notre attention à tous. Le Sans-visage apparaît de nouveau avec un corps dans des bras. Ce n’est que lorsqu’il le dépose au sol que nous comprenons la gravité de la chose. Simaya est la première à sortir de l’état pétrifié où nous nous sommes reclus et crie le nom de son mentor, gisant désormais dans un état plus en harmonie avec son apparence squelettique aux pieds de la divinité : Thensoor.

La femme accourt auprès du corps de son mentor, mais désormais mort, seules les larmes sont d’usages dans ce genre de circonstances. Le Sans-Visage décrit la mort des deux derniers Archi-sorciers de la Lande. L’un étant emporté par un esprit nourrit par la haine et la vengeance et l’autre héroïquement pleinement conscient des dangers de ce lieu sombre. Avec eux, des secrets aussi forts que la mort disparaissent. Il reprend après avoir jeté un regard vague vers Endar.

« Deux êtres puissants et sages, sacrifiés par la haine. Pour la haine. Il est temps que tout cela cesse. Définitivement. »

(Ainsi donc Thensoor est mort, mais aussi Elurien ? Que lui est-il arrivé et pourquoi était-il inconscient tout à l’heure ?)

Je me rapproche de Simaya assez près. Revenu avec un corps inerte dans les mains, je crains de ce que le dieu peut faire à la sorcière. Même si l’espace d’un moment nous avons été ennemis, nous avons œuvré ensemble dans un même combat et il est clair qu’elle n’est plus la même qu’à notre première rencontre. Ce dernier a été d’une grande aide pour m’informer des principaux évènements de ce monde à mon arrivée. Malgré son apparence particulière, c’est un être qui met son interlocuteur rapidement à l’aise. Elurien est aussi une grande perte. Bien qu’il nous ait enchaîné, il a su se montrer bienveillant envers nous par la suite et une telle générosité semble être rare en ce monde. Un bref regard au dragon mort me montre sur son dos un Naral Shaam qui ne bouge pas d’un pet. Prostré, tête baissée et tremblant, reste à connaître la cause de cet état. Accuse-t-il le coup concernant la mort de Thensoor ?

Des aventuriers c’est Xël qui prend le premier la parole. Plus proche selon moi de la divinité que de n’importe qui d’autre, il donne raison au dieu concernant la trêve. Trop de vies ont été sacrifiées et ceux venant de Yuimen ont engendré trop de troubles en ce monde avec la guerre, la magie réveillant les Titans, mais aussi l’aide que nous cherchons à leur apporter. Selon lui, il nous est difficile d’aider une terre et des peuples sans les connaître un minimum. Il se plante devant le Sans-Visage et le fixe dans l’espace précisément sans le visage. D’après lui nous devons retrouver notre monde et laisser le Conseil d’Or et le dieu organiser un conseil exceptionnel ainsi qu’une trêve entre les deux parties. Pourtant il continue en expliquant que le conseil ne doit pas en lui-même représenter les peuples d’Aliaénon, ainsi que le Sans-Visage ou les Titans et les aventuriers comme Naral n’auraient pas leurs mots à dire. Une cité neutre doit être choisie avec les représentant officiels des diverses cités. Alors que je m’attends à ce qu’il finisse avec ceci, il pose une dernière question au dieu concernant le chaos qui allait bientôt régner sur ces terres mortes et si quelque chose vivant résidait encore sous les ruines de la Tour d’Orsan.

Avant que l’entité divine ne lui réponde, d’autres sont là et font preuve de leur présence, à l’image d’Endar et de ses diatribes habituelles. Il accuse les aventuriers d’être un fléau pour ce monde et de ne semer que le chaos derrière eux, tout comme le fait Naral. Le dragon noir ainsi que la Tour d’Orsan et son dernier locataire sont les exemples qu’il cite pour appuyer ses dires. Le Shaakt sait se mettre des êtres à dos, mortels comme dieux. Etrangement il fait une proposition qui semble être amicale à Simaya, celle de reprendre le siège de son mentor à Elscar’Olth. Il finit en clamant du haut de son statut de sauveur qu’il restera sur ces terres pour protéger son nouveau foyer, loin des accusations contre les aventuriers qu’il est lui-même.

De son côté Sibelle est plus expéditive. Si elle porte également la proposition d’une réunion entre le Sans-Visage et le Conseil d’Or pour régler les divergences, elle tourne ensuite son attention vers la sorcière. Pourquoi celle-ci devait être loin du Sans-Visage ? Quelles étaient les raisons qui empêchaient la divinité de pénétrer à l’intérieur de la tour ? Pourquoi Naral y était enfermé et que s’est-il passé à notre rencontre avec Simaya dans la grotte ? A ces dernières paroles je revois la discussion que nous avons eue avec le dieu avant de pénétrer dans la tour et mes mots sortent plus vite que ma pensée, ne prenant pas le temps de formuler les choses correctement lorsque je trouve l’attention de l’être divin.

"Je rajouterai même : qui a été capable d'enfermer Naral Shaam dans cette tour et à défaut de savoir quelle instance supérieure celui-ci obéis, sur quoi vous basez-vous pour le suspecter ? C'est ce dont vous nous avez parlé avant que l'on entre dans la tour à sa recherche."

Je marque une pause avant de reprendre, les yeux fixant l'unique trou.

"Toutefois j'ai une remarque à faire, plus personnelle. Vous qui êtes une entité divine si puissante, pourquoi avoir tué Thensoor ? Vous auriez pu le maîtriser avec tous vos pouvoirs non ?"
Modifié en dernier par Jorus Kayne le mar. 6 août 2019 16:04, modifié 1 fois.

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Kívan
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Kívan » ven. 2 août 2019 22:12

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Cette fois-ci, mon sort fait mouche et, tandis que le dragon mauve infuse une magie malsaine dans le corps du dragon d’ébène, le premier reptile reprend peu à peu forme sa forme d’elfe, ses mains continuant de déverser sa cruelle magie. La lueur mauvaise s’arrête enfin et il n’y a désormais plus aucun doute possible : le dragon noir est mort. Naral, la tête à moitié masquée par ses longs cheveux reste dans cette position, à genoux, les bras ballants. Non loin de là, git la base de l’ancienne Tour d’Orsan, désormais plus que ruines. C’est à cet instant présent que les rochers qui masquent l’entrée aux sous-sols du bâtiment se mettent à flotter, empreints d’une magie inconnue. Une silhouette sombre s’en dégage et il me faut quelques secondes avant de reconnaître le Sans-Visage. Ce dernier dépose au sol un corps que Simaya semble instantanément reconnaître. La sorcière se précipite alors aux pieds du Sans-Visage, s’effondrant aux côtés du mort. Le Sans-Visage nous précise ensuite que les deux derniers archi-sorciers de la Lande sont désormais morts. Je me rapproche petit à petit de l’entité et de Simaya pendant que différents Yuiméniens prennent tout à tour la parole.

Xël nous rejoins et propose qu’il est désormais temps pour les Yuiméniens de quitter Aliaénon, Naral inclus, tandis qu’une trêve sera instaurée entre le Conseil d’Or et le Sans-Visage. L’être cornu et inconnu poursuit et si j’avais encore des doutes par le passé, ils se sont désormais dissipés. A la longueur du discours, il s’agit en effet d’Endar, notre ancien « compagnon » d’infortune. Je ne sais pas comment celui-ci s’y est pris pour changer de corps, mais cette transformation n’aura en tout cas eu aucun impact sur son esprit. L’ancien shaakt se lance alors dans un de ses longs et habituels monologue dont lui seul a le secret. Je ne peux alors m’empêcher de n’écouter ce dernier d’une oreille distraite, ne comprenant de toute façon pas la moitié de ce qu’il raconte et je ne cache même plus mon ennui pour cet individu qui passe son temps à s’écouter en lâchant un bâillement sonore et très peu discret. Pendant que le cornu continue son soliloque, je me prends à regretter de ne connaître aucun sortilège de mutisme. Cela aurait pu nous sauver dans bien des situations avec cet individu. Faisant danser mes fluides le long de mes doigts, je commence même à me demander si un trait de lumière en pleine gueule serait suffisant pour faire taire ce fidèle de Thimoros… Mais je m’abstiens finalement, la situation actuelle étant déjà suffisamment tendue. Sibelle, restée près de Naral, continue, appuyant les paroles de Xël avant de poser une série de questions à Simaya. Enfin, Jorus qui est de notre côté de la scène, en rajoute quelques unes, plutôt destinées cette fois au Sans-Visage.

Tout le monde semble avoir fini de parler et la scène semble avoir durer des heures à mes yeux, ou plutôt à mes oreilles. Je place mes deux mains derrière la tête avant de répondre rapidement aux différentes propositions.

« Quitter Aliaénon ne me semble pas une mauvaise idée, mais j’ai tout de même un doute concernant le fait que Naral nous suive aussi facilement que ce que tout le monde semble espérer… »

De même, l’ensemble des Yuiméniens ici présents semble obnubilé par le conflit opposant Naral et le Sans-Visage, alors qu’un problème sous-jacent mais tout autant, voire nettement plus important, est pour le moment ignoré. Je croise alors les bras et me tourne face au Sans-Visage, essayant de soutenir tant bien que mal ce trou béant qui reste toujours aussi difficile à déchiffrer.

« Vous dites qu’Elurien est donc mort là-dessous, mais qu’en est-il des esprits que son corps abritaient ? Je doute notamment que l’un des deux, que je suspecte puissant, se soit aussi facilement perdu dans la nature… Et en ce qui me concerne, je préfèrerais avoir un peu plus de certitudes concernant son état actuel… Car sans véritable preuve de votre part, vous pourriez tout aussi bien jouer son jeu, notamment lorsque vous parlez du chaos qui sévira bientôt cette Lande… »

Modifié en dernier par Kívan le jeu. 8 août 2019 23:16, modifié 1 fois.

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Gamemaster9
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Gamemaster9 » sam. 3 août 2019 13:55

Lande Noire – Ruines du Comté d’Orsan

Pendant les discours longuet des aventuriers en présence, Simaya est prostrée sur le corps de Thensoor Val’Crooh. Elle ne relève la tête, visage fermé, que lorsqu’on s’adresse à elle et à ses devoirs… Le Marcheur de Mort, lui, reste immobile, droit comme un I. Naral, toujours agenouillé, tête basse, ne réagit qu’à peine lorsque Sibelle s’adresse à lui, secouant la tête de gauche à droite avec lenteur.

C’est néanmoins le Sans-Visage qui réagit en premier à ce flot de paroles, d’un ton paisible mais ferme.

« Il y a méprise sur une chose : Je n’ai pas tué Thensoor Val’Crooh. L’archisorcier, maître des ombres, est mort à mon côté alors que nous combattions la horde des créatures de Vallel s’étant éveillées dans les sous-sols de la Tour. Un débordement de celles-ci sur le monde aurait été destructeur à bien des niveaux, et pas que sur la Lande Noire. C’est à ce titre qu’il a été plus clairvoyant que moi, et qu’il est mort en héros, véritable défenseur de ce monde jusqu’à son dernier souffle, là où j’admets humblement m’être laissé emporter par des affects personnels, manquant d’une lucidité dont je me plais un peu trop souvent à me vanter. »

Il tourna la tête, creux sans visage, vers la position de Naral, puis la baissa sur Simaya non loin de lui. Il poursuivit.

« La même leçon d’humilité que j’ai tirée suite à l’éveil des Titans, mes frères. Je pensais préserver ce monde, ses peuples de leur présence destructrice, m’opposant avec force contre leur retour… Mais c’était sans compter la force et l’esprit de certains encore présents ici ce jour, qui ont su contrôler le chaos en leur cœur pour traiter avec eux avec diplomatie. Une humilité dont tous devraient faire preuve, en particulier ceux qui, n’ayant passé qu’un fragment insignifiant de leur vie sur ce monde, pensent le connaître et savoir mieux que ses habitants de toujours ce qui est bon pour eux. »

Il se tourna clairement vers Endar, poursuivant à son attention sans se le cacher.

« Les Géants de Sansarth avaient plus à perdre qu’à gagner de l’éveil des Titans. Et ils n’ont jamais été territoriaux, ou dans une volonté d’expansion. Et c’est là le peuple dont vous vous dites le plus proche, sans même voir à quel point vous vous trompez sur eux. Alors que dire de vos hypothèses sur la volonté de Clirley Xissiranth et des Illuminés de Nagorin, dont vous ne savez rien. Mais j’ai presque envie de vous être reconnaissant de tant aimer ce monde que j’ai aidé à bâtir, pendant de si nombreux siècles. Car tout comme vous, mon but est et a toujours été que ces peuples, mes protégés, qu’ils m’aiment ou non, forgent leur propre destin. Je reconnais avoir été trop protecteur, parfois… Mais jamais je n’ai souhaité que quiconque ploie le genou devant moi. Ni vous ni eux. Quoique vous puissiez en penser. Tout juste ai-je espéré que ceux qui croyaient en moi puissent le faire sans crainte de persécution. »

Il se désintéressa du cornu et rempila vers le reste des aventuriers présents.

« S’il y a encore de la vie là-dessous, elle est désormais ensevelie sous des tonnes de roches. Peut-être les expériences passées de Vallel sont aptes à y survivre, pour certaines, mais je doute qu’elles paraissent de sitôt à la surface. Quant à Vallel, qui habitait le corps d’Elurien d’Assamoth, son esprit va être charrié jusqu’à la Lande Tanathéenne où il vivra, comme tout mort de ce monde, une éternité sans pouvoir plus agir autre part. Et ça car la Tour d’Orsan a été détruite et que Thensoor Val’Crooh et Joon Trifalgin, les seuls qui auraient pu rattacher en ce monde une âme à son corps, sont morts eux aussi. »

Il avança vers le groupe, à pas lents.

« Je partage votre avis : la présence d’êtres de Yuimen a causé beaucoup de troubles en ce monde, et il me tarde que tout rentre dans l’ordre et qu’Aliaénon puisse perdurer sans eux. Je compte tenir ma promesse, et désormais raccompagner vers leur monde ceux qui le souhaiteraient, directement ou plus tard, pour ceux qui voudraient connaître le fin mot de tout ceci. Et j’ajoute à cette promesse une proposition, qui pourra être mutuellement bénéfique : j’ai le pouvoir de fermer définitivement les deux fluides ralliant Aliaénon à des mondes extérieurs, à Fan-Ming et à Elscar’Olth. Et je me propose de le faire. Les yuimeniens ne sauraient ainsi plus intervenir ici, et vous n’auriez de votre côté plus à craindre un retour de Vallel : il serait prisonnier de son monde d’origine jusqu’à la nuit des temps. Mais c’est une décision que je ne peux prendre seul, car je me suis toujours refusé de décider pour d’autres ce qui est le mieux pour eux. »

Un rire sardonique monta de la position de Naral Shaam, qui releva lentement la tête, révélant un visage affligé au rire jaune. Il prit à son tour la parole, aigre, se relevant lentement.

« Ah, que voilà de belles paroles, de belles promesses, de beaux mots. Je serais moi-même presque amené à les croire, si je ne connaissais pas mieux l’être qui vous dupe en vous masquant d’évidentes vérités. J’ai échoué dans ma tâche, soit. J’en suis amer, mais qu’on veuille désormais me tuer ou me juger, l’on ne le fera pas sans que je dise la vérité : car j’ai percé le secret du Sans-Visage, et mon but n’a été autre que de lui faire payer ses crimes passés. Car voyez-vous, ce qu’il ne vous dit pas, depuis tout ce temps, c’est qu’il est personnellement responsable de l’endormissement de ses frères. Un à un, il est allé réduire à néant leur âme pour les plonger dans un sommeil profond. Voilà pourquoi il redoutait tant leur éveil. Mais moi, mandaté par une puissance d’équité, j’ai trouvé ses travers et trouvé le moyen de ramener l’équilibre : éveiller ses frères et, ensuite, le punir de sa faute en lui faisant vivre ce qu’il leur avait fait subir en pensant savoir mieux que quiconque l’intérêt des peuples de ce monde. J’ai trouvé le réceptacle de son âme, dans les sous-sols de la Lande Noire, cause de la puissance magique de la région. Vous vous en êtes même approchés, fort près pour certains, au sein de la Grotte de Sombreroc, où il tenait SImaya sous son contrôle pour protéger son être immatériel. C’est elle-même, la sorcière de la Lande, qui m’a dépossédé de tout pouvoir, sous l’influence du Sans-Visage, et qui m’a livré au Dragon Noir, cette carcasse immonde, qui a décidé de trahir à son tour le Sans-Visage en m’enfermant ici, pensant y gagner plus d’intérêt pour lui seul, fier être qu’il fut. Ce qu’ils me réservaient, tous, ensuite… ça je l’ignore. Mais maintenant, vous savez comme moi la faiblesse du Sans-Visage, cet orbe au plus profond de la Grotte de Sombreroc, capable de contrôler les esprits et de défaire la chair pour s’auto-protéger. Le détruire anéantirait l’Unique tel qu’on le connaît, et le plongerait dans un sommeil qui laisserait libre les peuples de ce monde pour évoluer sans sa néfaste influence. Oui, j’ai échoué dans cette tâche. Que l’on me taxe de traître, de meurtrier, il m’importe peu. J’ai échoué et je le reconnais, mais maintenant tous vous savez ce que vous avez empêché. Maintenant, si, je me livre à vous. Je me détache de cette mission qui n’aurait dû être mienne, de cette mandataire que je n’aurais dû rejoindre. Faites ce que vous voulez de moi, mais sachez que si vous me détruisez, vous prenez le risque que le pouvoir du Dragon Mauve, irrémédiablement lié à Yuimen, ne vienne entre de mauvaises mains. Ce pouvoir corrupteur que j’ai accepté pour protéger les miens. Pour protéger ma sœur. »

Il serre les mâchoires, entrant subitement, après une bavarde diatribe, dans un mutisme complet. Le Sans-Visage aussi semble mouché, taiseux également, sans savoir que répondre apparemment. Simaya, à son tour, prend la parole, comme détachée de tout ce qui vient d’être révélé. Un peu perdue, et affligée par les récents événements.

« Je… Je ne peux choisir de devenir la dirigeante de cette Lande. Je l’ai abandonnée pour ma cité, Esseroth, après avoir été formée par Thensoor Val’Crooh. Je ne suis pas légitime pour y siéger, je… Le trône noir ne me reconnaîtra pas. »

Loin d’être aussi simple, apparemment. Et le silence se fit, tous attendant une décision des aventuriers présents.
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Xël
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Xël » lun. 5 août 2019 18:18

Quand je termine mon allocution quelqu’un ne perd pas de temps pour lui en faire perdre son crédit. Tranchant le maigre silence qui s’était installé, une étrange créature à cornes et aux ailes chétives s’exclame que mon discours est en parfaite contradiction avec ce que nous avons fait ici. Il désigne les ruines de la tour, le cadavre du dragon et fait référence à une autre victime qu’il nous accuse d’avoir fait disparaître. Il s’adresse ensuite à Sibelle pour lui demander si c’était ça la noblesse pour elle, il rejette sur nous la faute de tout ce qui se passe ici, se prétendant innocent de ce qui s’est passé. Il m’invective ensuite directement en me fixant avec rage. Il cite Xissirant, le sage du temple de Nagorin, en me nommant Noble-Cœur et qu’il comprend désormais sa signification, que ma naïveté et ma façon de penser que nous sommes responsables et qu’il faut partir correspondent bien à ce titre. J’hausse les sourcils, qui était ce... ce truc ? Comment pouvait-il savoir pour le temple de Nagorin ? Il poursuit, me demande si je connais vraiment les peuples d’Aliaénon autre que ceux de Fan-Ming et ceux d’Esseroth. Je réagis enfin en serrant le poing quand il se permet d’en douter. Il m’accuse à nouveau d’être responsable et de ne pas vouloir l’admettre, alors même que je venais de le faire. Qui est cette imbécile ? Plus il parle plus mon esprit commence à créer un lien avec une connaissance qui était en effet présente à Nagorin et le reste de son monologue me pousse mot après mot à deviner de qui il s’agit. Il m’ordonne d’arrêter de me cacher derrière le Sans-Visage, se vante de m’avoir arrêté à Ouesseort et qu’à présent la cité rayonne. Il connait mon nom, sait ce qu’il s’est passé à Nagorin, fait de long monologue, n’hésite pas à se vanter, rallonge des discours sans aucun sens, évidemment qu’il s’agit d’Endar. Je n’écoute que d’une oreille le reste de son discours dans le quelle il admet qu’il s’agit bien de lui. Le souvenir de son corps en lambeau dans la machine refait surface et je comprends alors pourquoi il tenait tant à cette bâtisse. Elle lui promettait une vie éternelle, un millier de corps pour lui. Je l’écoute à nouveau attentivement lorsqu’il s’adresse à Simaya pour lui demander de devenir la dirigeante des Landes. Evidemment, il ne sait pas que c’est un trône qui choisit le dirigeant et qu’un refus de sa part se conclue par une mort. Encore une fois il parle sans savoir et cette fois, j’allais lui cracher au visage à quelle point il était dans le faux.

Avant que je n’aie le temps de le faire c’est Sibelle qui préfère ignorer le discours d’Endar pour s’adresser à moi en déclarant qu’en effet il faut partir mais que ce n’est pas à nous mais au Conseil d’Or, Naral et au Sans-Visage de décider s'il doit y avoir un autre conseil. Cette remarque fait encore monter mon exaspération et mon énervement. Les autres aventuriers présents demandent ensuite des explications que je suis curieux d’entendre moi aussi. C’est le Sans-Visage qui prend ensuite la parole. Il explique à Jorus, qui pensait que Thensoor était mort de sa main, que c’est une méprise de sa part. Il a combattu à ses côtés les créatures sous le contrôle de Vallel et qu’il est mort au combat. Un poids de culpabilité se dépose sur mes épaules. Ils étaient donc là-dessous, si seulement j’avais su... Il encourage ensuite certains ici à faire preuve d’humilité alors qu’ils n’ont passé qu’un court moment sur ce monde et pense tout savoir de celui-ci. Il se tourne vers Endar que chacun ici peut le deviner visé par cette remarque. Sauf peut-être lui-même. Il démontre à l’ancien Shaakt qu’il ne connait rien des géants dont il pensait tout savoir, ni même des Illuminés de Nagorin avant de dire ce qu’il m’avait déjà avoué. Qu’il ne fait preuve, en aucune façon, de force pour insuffler la foi en ceux qui croient en lui.



Il répond ensuite à ma question en s’adressant à tous ceux présent, qu’il n’y a plus de vie là-dessous, ou qu’elle est ensevelie sous les ruines pour un très, très long moment. Il doute même que cela puisse arriver. Cette annonce m’allège à peine le cœur mais elle m’apaise suffisamment pour que je ne réponde pas avec virulence au cornu. Il déclare que l’esprit de Vallel sera éternellement prisonnier des Landes Thanathéenne. J’ai pris la vie d’Elurien et je ne l’oublierais pas mais de savoir Vallel hors d’état de nuire me procure un soulagement qui me permet de supporter ce souvenir.



Il déclare enfin que si nous le souhaitons, il peut fermer l’accès à ce monde, couper les portails après nous avoir ramener chez nous. Je pensais être apaisé mais c’était sans compter l’intervention de ce trou du cul de dragon rose qui parvient à me rendre terriblement enragé. Il se moque du Sans-Visage en prétextant que celui-ci nous dupe alors que ce lézard n’a fait que ça depuis le début ! Mes poings se serrent, mes sourcils se froncent, je sens ma magie réagir tant l’envie de le faire valser dans un ouragan est forte. Il raconte que l’Unique est responsable de l’endormissement des Titans et que lui était mandaté pour rétablir un équilibre et lui faire payer ce qu’il avait fait. Il admet avoir trouvé la façon de détruire le Sans-Visage. L’orbe, l’orbe que moi et Sibelle avons approché. Je comprends alors ce qu’il cherche à faire. J’observe Sibelle que je sais fidèle à Naral simplement parce que le Conseil d’Or le lui a demandé. J’ignore comment il sait que nous nous en sommes approchés mais sa tentative de manipulation me met hors de moi et j’avance de quelque pas, cessant de me cacher derrière le Sans-Visage comme le sous-entendait ce crétin d’Endar. Il admet son échec face à Simaya dans la grotte et que c’est elle qui l’a livré au dragon noir qui l’a ensuite enfermé ici. J’avance encore d’un pas en direction du dragon rose, les mâchoires et les poings serrés.

J’entends Simaya à travers le bourdonnement dans mes oreilles, avouer ce que je savais déjà, que le Trône d’Elscar’Olth ne lui donnerait pas le pouvoir.

Je prends une longue inspiration, prêt à déverser ma bile sur tous ceux qui m’ont contrarié en prononçant tant de mots. Je me tourne d’abord vers Endar, la même lueur de rage qu’il m’avait adressée avant dans le regard, celui que je pensais ignorer mais qui maintenant va prendre de plein fouet ce que j’ai retenu de lui lancer quand il m’a adressé la parole.

“Bonimenteur.” crachais-je avec mépris.

“C’est le titre que t'a donné Xissirant, Sirat étant sans doute le Servent du Temps. Mais à qui cherche tu à dire encore des mensonges si ce n’est à toi-même ? Tu te vantes de m’avoir arrêté à Ouesseort. Tu penses que c’est grâce à toi qu’elle est devenue une grande cité ? Tout ce que tu as réussi à faire ce jour-là c’est m’empêcher d’engloutir l’armée de Vallel et de ce fait tu lui a permis de mener ses troupes à Fan-Ming où s’est livré une bataille meurtrière où toute la magie déversée a réveillé les Titans. Tu es responsable autant que nous si ce n’est plus. Comme si les Ouessiens n’auraient pas pu bâtir une cité sans l’aide des Titans, qu’ont-ils fait pour eux d’ailleurs ? Tu oses prétendre que je ne connais rien des autres peuples si ce n’est les Esserothéens et les Ynoriens de Fan-Ming mais tu penses savoir quelque chose concernant le trio d’Arothiir. Aucune cité n’est sous l’emprise du Sans-Visage. Aucune ! Il ne demande ni offrande, ni sacrifice. N’interdit pas d’accès des régions entière sous peine de mort. J’ai mis le pied à Arothiir, rencontré ses dirigeantes, moi, je peux te l'affirmer. Veux-tu une liste de tous mes hauts-faits et tous les endroits et peuples que j’ai rencontrés Endar ? Est-ce que j’ai besoin de te le rappeler pour que tu descendes du pied d’estale sur le quelle tu penses pouvoir nous prendre de haut ? Tu ne sais rien de ce monde, encore moins que moi.”

Je pointe un index vers ma tempe, le ton rageur.

“J’ai dans le crâne les souvenirs d’Esseroth avant que Vallel ne la mette à feu et à sang. Les seuls souvenir de ce monde qui ne sont pas liés à des massacres et de la destruction.”

Je pointe ensuite d’un mouvement brusque les ruines de la tour.

“Vallel possédait le corps d’Elurien, même toi tu dois savoir ce qu’il se serait passé s'il était retourné à Elscar’Olth avec ce corps et les milliers de créatures qui étaient enfermés dans les tréfonds de ce laboratoire immonde ! Tu penses que je pouvais permettre que ces créatures sortent d’ici ? Qu’il permette à nouveau aux armées d’Oaxaca d’envahir ce monde, de réduire à nouveau Esseroth en cendres ?! De massacrer ses habitants ?! Non ! Jamais ! Jamais de la vie !”

M’emportais-je.

“J’aurais agi différemment si j’avais su que Thensoor était en bas. Je regrette qu’il soit mort, tout comme je regrette qu’Elurien soit mort... Mais nous cherchions sans doute tous à éviter que ce scénario se produise.”

Dis-je avec un regard triste dirigé vers le cadavre cadavérique de l’ancien Archi-sorcier avant de remonter mon regard vers Simaya puis le Sans-Visage.

“Cette tour infernale est détruite, la machine permettant ses abominations l’est aussi. Maintenant cesse de te croire supérieur à nous. Malgré tout ce que tu peux croire, nous ne sommes pas de ce monde et il est temps pour nous de le quitter, ce n’est pas à nous de forger leur destin. C’est à eux même de le faire.”



Je me tourne ensuite vers Sibelle et lui répond avec tristesse.

“Que reste-il du Conseil d’Or Sibelle ? Simaya en est absente depuis des mois, Triman à abandonner son poste, Shaeela représente un royaume qu’elle ne possède plus et Thensoor est mort. Aucun peuple ne reconnait sa légitimité et ils n’ont pas à le faire. Les peuples de ce monde sont libres. Libre de choisir un représentant, de croire au Dieu qu’ils souhaitent, de mettre le pied où ils le veulent. C’est ce qu’offrait le Sans-Visage, c’est ce qu’a pris Naral.”

Mes yeux se dardent alors vers lui, les sourcils plus froncés que jamais.

“Et toi trou du cul de dragon rose, tu dis avoir été mandaté pour ramener l’équilibre. Mon cul ! Tu as brisé l’équilibre ! Menti et triché pour que les titans soient réveillés alors que le Sans-Visage vient lui-même d’admettre qu’il souhaitait préserver ce monde de leurs présences destructrices. Tu veux le traiter de menteur mais regarde ! Les régions sont hostiles, les habitants de la forêt de Treoof sont maudits, les secrets de Messaliah inaccessibles, des régions entières sont inexploitables. La magie est incontrôlable. Arothiir fait face à un mal étrange dans ses mines. Des conflits éclatent entre les royaumes parce que l’équilibre... Tu l’as brisé ! Tu as mené des armées ! Tu as massacré des innocents ! Je n’ai pas oublié ton souffle qui a fait fondre les combattants sur les portes de Fan-Ming. Jamais je ne te pardonnerais ! Tu es un idiot de croire que tu peux détruire l’orbe de cette grotte et encore plus de croire que l’un de nous peut le faire ! J’ai approché cette orbe et la seule chose que l’on ressent à sa proximité et l’envie de le protéger. Voilà pourquoi Simaya nous a attaqué dans cette grotte. Tu es responsable de tout ce chaos mais pour autant ce n’est pas à nous de te juger ni même au Sans-Visage. C’est à Aliaénon de le faire. Tout comme ce monde doit décider si les portails doivent être scellés.”

Dis-je en regardant le Sans-Visage par-dessus mon épaule.

“Les représentants des cités doivent être réunis et prendre les décisions concernant la présence des Titans, du Sans-Visage, de Naral, de la nôtre, sur la légitimité du Conseil d’Or, sur les accès aux différents mondes. Tout ce que nous avons à faire désormais c’est de rejoindre la Tour d’Or en personnes libres et d’attendre notre jugement.”



Après une autre inspiration, je regarde à nouveau le dragon rose.

“Et crois moi Naral, quoi qu’il t’arrive à toi ou à ton pouvoir je serais prêt à sacrifier ma vie pour protéger Yuimen autant que toi tu es prêt à sacrifier celle des autres.”


Sur ces derniers mots, sonnant comme un défi à quiconque oserait s’en prendre à mon monde je me tais et attends que les autres s’expriment à leur tour.

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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Endar » mer. 7 août 2019 22:50

Endar était en pleine écoute pour connaître ce qui adviendrait de ce monde. Comme escompté plusieurs questions dont certaines très pertinentes fusaient de part et autre de leur groupe hétéroclite d'aventuriers. Le shaakt était sur ses gardes, il savait d'expérience que ce calme plat cesserait un moment et que la guerre reprendrait de plus belle. Il sentait son odeur planer sur les Landes Noires et se propager au-delà des frontières. Quoiqu'il était décidé ici, cela ne réglerait nullement la question du conflit entre les partisans du Sans Visage et ses ennemis. Ce monde était à nouveau tiraillé entre deux camps que tout s'oppose et il devait l'avouer, le conflit l'enjaillait et le divertissait suffisamment en ce moment. Son offrande envers son Dieu tutélaire avait été faite dans ce qui était à présent les ruines de la Tour d'Orsan. Son ancien corps était, il l'espérait, un sacrifice suffisamment ostentatoire pour s'attirer les bonnes grâces du dieu de la guerre et de la souffrance. Sa foi en Thimoros s'était accrue depuis quelques temps déjà et les visions qu'il percevait s'avéraient de plus en plus précis à mesure qu'ils s'approchaient du dénouement.

Ses sens étaient aiguisés, excités en permanence pour ne rien rater de ce moment. Le shaakt avait ainsi remarqué l'absence notoire de la fillette nommé Yurlungur, celle-ci manquait leur petite réunion, mais il était certain qu'elle se cachait quelque part attendons son heure pour frapper sournoisement. Il avait aussi remarqué que tous les aventuriers n'étaient pas forcément enclins à croire n'importe quelle parole du Sans Visage qui prétendait pouvoir régler la situation en un claquement de doigts. Endar ne manqua pas d'afficher un air étonné, suivi rapidement d'un sourire mauvais, lorsque celui-ci leur proposa un marché. Triman l'avait prévenu au sujet de l'Unique. Il n'attaquait jamais les personnes sauf s'il était obligé, toutefois il marchandait souvent pour s'attirer les faveurs d'aventuriers un peu trop naïfs. Si Endar reconnut la sagesse de ses propos, ce qu'il n'avait jamais mis en cause depuis lors, il perçut vite la simplicité de ce que l'entité suggérait. Leur départ semblait acter, ce qui le fit grincer des dents. Le shaakt refusait de s'en aller alors que les Ouessiens pouvaient avoir besoin de lui pour contrer celui qui se prétendait le seul dieu d'Aliaénon. Sa proposition qui devait bénéficier aux deux parties ne satisfait que sa propre personne. Seul le Sans Visage était gagnant de supprimer les deux portes spatiales et d'ainsi à jamais couper Aliaénon de Yuimen. L'idée selon laquelle en s'exécutant ainsi, cela les sauverait de la haine de Vallel était une vaste tromperie. Il y avait douze autres lieutenants et Oaxaca qui troublaient la tranquillité de Yuimen, alors il ne voyait pas en quoi en avoir un de moins changeait leur situation. Endar ne fit aucun commentaire pour l'instant sur l'insulte du Sans Visage faite à son endroit lorsque celui-ci lui rétorqua qu'il ne connaissait pas vraiment les peuples d'Aliaénon.

Alors qu'Endar songea que son discours ne le satisfait nullement, ne répondait nullement à ses craintes, il entendit soudainement la voix nasillarde du Dragon Mauve retentir dans les Landes. Elle était faible mais remplie de fiel et d'une volonté de se battre jusqu'au bout. Les paroles prononcées par l'elfe aux cheveux pourpres attisèrent son intérêt lorsqu'il leur raconta comment le Sans Visage avait fait pour "endormir" les Titans et que l'autel dont émanait cette puissante magie dans la grotte était l'âme en quelque sorte de l'entité. De surcroît apprendre de sa bouche que l'entité avait possédé Simaya pour les attaquer replaçait le Sans Visage dans une position bien moins flatteuse.

Lorsqu'il arrêta de parler, c'est Xël qui, avec un ton courroucé, répondit à ses attaques point par point. Son sourire s'élargissait alors qu'il évoquait certains points qui seraient vite attaqués par le fidèle de Thimoros. D'autres points le navraient comme par exemple son amitié avec le trio qui semblait transparaître dans son monologue ou sa naïveté à propos de l'entité. D'autres points étaient totalement erronés. Attendant qu'il termine, il patienta mais s'approcha lentement devant Naral avant de lui passer aussi discrètement que possible sa gourde magique et il se retourna au moment où il allait la boire, le cachant de tous sauf de Sibelle qui se tenait près de lui.

- Je ne prétends pas connaître les désirs des peuples d'Aliaénon, je les écoute juste tout simplement. Je sais que les géants ne sont pas territoriaux, toutefois la situation actuelle leur convient, j'en ai suffisamment parlé avec eux lors de mon séjour prolongé dans les montagnes de Sansarth. Je connaissais les risques de l'éveil des Titans pour eux, mais je connaissais aussi la menace que pesait sur eux les forces d'Oaxaca. J'ai agi dans leur intérêt et je ne regrette rien.

- Concernant les Ouessiens, le conseiller Triman n'a pas abandonné le Conseil, il est sur une mission d'une importance capitale dont je ne peux révéler les détails plus en amont comme je lui ai promis et comme Sirat et Sibelle l'ont juré. Je ne prétends pas connaître les intentions d'un être plus vieux que le plus vieil elfe, cependant de par mes conversations avec eux, je doute fort qu'ils nous ont aidé pour gentiment après laisser Aliaénon devenir comme avant. Je ne pense pas que ton échec, cher Sans Visage, dans la protection de leurs deux cités les aident à te voir comme une entité bienveillante, mais je peux me tromper.


Gagnant du temps en s'adressant à eux et en sentant sa potion guérir ses blessures et refermer ses plaies, il s'adressa pour finir à Xël.


- Ta haine envers Vallel et Oaxaca sont ta plus grande faiblesse. Tu ne connais rien du Sans Visage, pas plus que n'importe lequel d'entre nous. Les Titans dépeins comme des monstres par le Sans Visage n'ont tué personne en cinq ans. Aucun accident n'est à déplorer. Pour avoir franchi leur territoire avec l'aide du dragon, ni Sirat ni Sibelle ni moi n'en sommes morts. Quant à ta prétendue connaissance du trio d'Arothiir, as-tu demandé à leur peuple ce qu'il pensait d'elles ?

- Je n'évoquerai même pas plus en avant le sujet des divinités. Tu prétends que cette entité qui se veut dieu ne demande rien ? Tous les Dieux demandent des sacrifices, que ce soit celui que je sers ou d'autres divinités. Notre foi les rend plus fort, alors ne nous étonnons pas qu'ils agissent dans ce but de manière détournée ou non. En parlant de sacrifice, j'ai sacrifié mon corps, j'ai sacrificié la paix que j'avais depuis plusieurs mois auprès des géants et j'ai sacrifié lors de la Grande Guerre mon alliance avec les forces d'Oaxaca. Je suis un traître pour tout le monde, Xël et j'ai trahi pour aider ce monde. Qu'as-tu sacrifié, toi ?


(Se met devant Naral et lui donne le plus discrètement possible, à l'abri des regards du groupe, sa gourde magique)

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Yurlungur
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Yurlungur » jeu. 8 août 2019 17:28

...

Yurlungur écoutait les explications qui fusaient de toutes parts. Elle en comprenait certaines, se trouvait perdue pour d'autres, apprenait beaucoup. Elle apprenait surtout quelle était l'identité de son agresseur de tout à l'heure, le monstre cornu à l'arc... Et la rage ne faisait que monter dans son cœur. Elle sortit finalement de sa cachette et, sans prêter réellement attention au reste du groupe, s'avança vers Endar, visiblement en furie.

« Endar de Yuimen, traître à tes compagnons et langue de fiel et de mensonges, je te défie en combat singulier ! »

L'ancien Shaakt s'était naturellement trouvé une position de laquelle il pouvait la voir arriver - et il avait raison, autrement elle l'aurait lâchement attaqué par derrière. Mais il ne l'aurait pas si facilement : s'il pouvait visiblement toujours tirer, elle continuait d'avancer vers lui, la lame dégainée, en marchant : son pouvoir d'Ombre lui servirait à esquiver la première attaque, puis elle arriverait au corps-à-corps... et elle laisserait sa fureur s'exprimer.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le mar. 3 sept. 2019 09:25, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Jorus Kayne » jeu. 8 août 2019 18:11

De son côté Kivan ne semble pas contre la proposition de quitter ce monde et laisser les peuples d’Aliaénon choisir leur destin sans l’influence tant positive que néfaste des aventuriers de Yuimen. Cependant il évoque la mort d’Elurien, mais aussi des esprits abritant son corps. L’un d’eux semble particulièrement puissant, trop pour que selon lui, il se soit simplement perdu dans la nature. De plus, il affiche une nette incertitude sur les affirmations du Sans-Visage concernant l’état d’Elurien.

Enfin la déité a suffisamment de temps pour nous répondre. Il commence pour nous expliquer qu’il n’est pas le responsable de la mort du conseiller Thensoor, mais Vallel et sa horde sous la tour. Sans la vaillance de l’Archi-Sorcier, ces créatures auraient déversé un nouvel âge sombre de chaos et ce bien au-delà de la Lande Noire. Il fait mention de l’humilité face à l’acte de Thensoor, la même qu’il a ressentit lors de l’éveil des Titans qu’il voulait préserver de ce monde. Humilité qu’il souhaite voir au travers des aventuriers qui pensent connaître les peuples d’Aliaénon et savoir ce dont ils ont besoin. Il s’attaque ensuite à la relation d’Endar sur les peuples dont il dit être proche. Que ces derniers n’ont jamais été territoriaux ou dans une volonté d’expansion et qu’ils ont plus perdu avec l’éveil des Titans. Il met en doute ses connaissances sur les peuples que le Shaakt prétend avoir, mais le remercie d’aimer une terre qu’il a mis des siècles à bâtir. Son but a toujours été de protéger les peuples qui habitent en ce monde et il admet avoir été trop protecteur par moments. J’ignore ce que cela signifie, mais je n’aime guère les propos. Il enchaîne ensuite avec les créatures sous terre. Si les expériences de Vallel sont capables de survivre sous des tonnes de roches, elles ne risqueront pas de surgir de si tôt. Vallel qui habitait le corps d’Elurien va rejoindre la Lande Tanathéenne et vu comment c’est décrit, je ne m’y risquerais pas à un séjour, même bref. Il ne sera plus capable de revenir en ce monde sans l’aide de Thensoor et de Trifalgin et de la Tour d’Orsan.

Il termine enfin sur la remarque concernant notre éventuel départ d’Aliaénon. Il est d’accord sur le principe que ceux venant de Yuimen ont causé beaucoup de trouble sur ce monde et il a hâte de le voir continuer sans l’influence de ces derniers. Il nous propose d’ailleurs deux choses. La première est qu’il peut nous raccompagner vers notre monde d’origine dès maintenant, ou lorsque toute cette histoire sera résolue. La seconde est qu’il lui est possible de refermer les fluides menant d’Aliaénon aux autres mondes, coupant par la même les chances de voir Vallel fondre sur Yuimen, qui est la principale crainte d’Oranan. Cependant il attend la décision, notre décision, de refermer ou non à tout jamais cet accès.

(Ils n’ont pas tort, qu’avons-nous réellement accomplie en venant ici ? Certes nous avons retrouvé Naral, mais Elurien est mort nous sommes responsables de la mort du dragon noir. Tout ça pour cet elfe qui a causé la mort d’innombrables êtres. Et puis avec le temps que j’ai passé ici, la seule personne qui pouvait m’attendre est partie depuis longtemps.)

Je suis sortie de force de mes pensées avec l’intervention de Naral. Si celui-ci déplore l’échec de sa mission, il affirme n’avoir rien tenté d’autre que de faire payer les crimes commis par le Sans-Visage. C’est lui le responsable de l’endormissement des Titans. L’elfe rose affirme avoir été mandaté par une puissante d’équité et a trouvé le moyen de réveiller les frères de la divinité. Il aurait trouvé le réceptacle de son âme dans les tréfonds de la Lande, là où il tenait Simaya sous son contrôle pour protéger cette partie de lui-même. C’est la sorcière qui est parvenue à l’arrêter en le dépossédant de son pouvoir. Elle l’a livré ensuite au dragon noir qui a décidé de trahir le Sans-Visage en l’enfermant dans la Tour d’Orsan. Il termine en expliquant que si nous décidons de le tuer, nous risquerons ainsi de voir son précieux pouvoir lié à Yuimen partir en de mauvaises mains. Bien qu’il s’agisse d’un pouvoir corrupteur, il l’a accepté et le protège uniquement pour protéger les siens et sa propre sœur.

Loin des révélations qui viennent d’être faites, Simaya prend quelques secondes pour nous expliquer qu’elle ne peut devenir la dirigeante de la Lande Noire. Elle ne peut prétendre au trône qu’elle a abandonné après avoir été formé par Thensoor. Elle n’y est pas légitime et sa position sur le trône ne sera pas reconnue.

C’est au tour de Xël de prendre la parole et surtout de répliquer aux attaques d’Endar. L’un comme l’autre affirment en savoir plus que son interlocuteur sur les peuples de ce monde et sur ce qu’ils désirent. Il confirme que Vallel possédait bel et bien le corps d’Elurien et qu’il ne pouvait permettre à Vallel et ses créatures de prendre possession d’Escar’Olth. Cela aurait permis à Oaxaca d’envahir ce monde et de réduire la cité d’Esseroth en cendres à nouveau. Bien que la colère l’emporte, il reste cependant triste de la mort de Thensoor. Il serait venu à son secours s’il avait connaissance de ce qui se tramait sous nos pieds. Il reprend son idée que les aventuriers de Yuimen doivent quitter cette terre et que nous ne sommes pas aptes à forger le destin des peuples y résidants. Il déverse sa colère sur Naral au rythme des accusations contre le dragon rose qu’il énumère. Le point notable de tout ce flot est qu’il a lui aussi découvert l’orbe et qu’à son approche, on ne ressent que le besoin de la protéger. Voilà pourquoi Simaya était présente et nous a attaqués. Selon lui, Naral comme le Sans-Visage ne sont pas en mesure de juger les actes abominables qui ont été causés, C’est à Aliaénon de la faire, tout comme la décision de fermer ou non les portails. Il termine sur son idée de réunir les représentants des cités pour décider de la présence des principaux perturbateurs de ce monde, qu’il s’agisse des Titans, du Sans-Visage, de Naral ou même de la nôtre. Finalement, après une longue inspiration, c’est une menace qui clôt sa prise de parole.

“Et crois moi Naral, quoi qu’il t’arrive à toi ou à ton pouvoir je serais prêt à sacrifier ma vie pour protéger Yuimen autant que toi tu es prêt à sacrifier celle des autres.”

Peut-être piqué au vif, Endar réplique à son tour. De nouveau nous avons droit à qui connait le mieux tel ou tel peuple et qui sait le mieux écouter ce dont ils désirent. Tous ces évènements sont arrivés avant ma présence et comme pour Xël j’ai du mal à retenir des faits concrets qui ne peuvent être déformés par ceux qui les portent. Il met cependant en doute la monstruosité des Titans dont aucune victime n’a été déplorée depuis leur éveil ces cinq dernières années. Il prétend ensuite que toutes divinités, comprenant le Sans-Visage, exigent des sacrifices alors que selon Xël, le dieu ici présent ne demanderait rien de la sorte. Il détaille ensuite les sacrifices qu’il a réalisés à savoir son propre corps, la paix avec les géants, sont alliances avec Oaxaca et qu’il est désormais connu pour être un traître notoire.

"Je suis un traître pour tout le monde, Xël et j'ai trahi pour aider ce monde. Qu'as-tu sacrifié, toi ?"

La remarque sur le sacrifice de son corps fait échos dans mon esprit et je réprime le désir de le voir à nouveau dans l’état où nous l’avons laissé avec Yurlungur après l’affrontement avec le monstre de lave.

"Cesses donc de raconter une version de l’histoire qui te sied mieux à ta personne Endar. J’ignore ce qu’il en est de tes connaissances envers les peuples que tu prétends connaître, hors tu oublies que j’étais présent lorsque tu es entré dans la Tour d’Orsan avec ton précédent corps, tout comme j’étais présent à ton réveil. A aucun moment tu ne t’es sacrifié pour le bien commun ou celui d’un autre que toi-même. Tu as, de ton propre chef, décidé d’explorer le sous-sol de la tour alors que ton corps était dans un état lamentable et que nous avons tous pris une autre direction, donc capable de t’aider s’il t’arrivait quelque chose. Quant à ton réveil, je ne t’ai jamais vu aussi complaisant. Pourtant nous avons tenté de te sauver sur les terres de feu, avec nos maigres moyens. Nous avons même risqué d’utiliser la magie sur toi au risque d’engendrer un cataclysme. Arianne et Kivan t’ont porté jusqu’à Escar’Olth pour te guérir et même après que le Sans-Visage t’aie sauvé, pas une seule fois je n’ai entendu de remerciement de ta part. Bien au contraire, je crois que les travaux de Trifalgin t’ont plus intéressés qu’autre chose et c’est parce que cet homme pouvait t’être utile que tu as agis de la sorte. Tu pleures sa perte, mais c’est surtout l’impossibilité désormais d’user de ses travaux qui te peine. Avec tout ceci, je commence à croire que tu n’es un traître en aucune manière. Tu n’en es pas un car tu n’as de loyauté qu’envers toi-même. En revanche, tu manipules les êtres qui peuvent te servir d’une manière ou d’une autre ton propre intérêt."

Je délaisse finalement l’elfe noir pour m’en retourner vers la divinité.

"Je comprends votre souhait de ne plus voir l’influence de Yuimen sur ce monde. Cependant, Vallel était prétendu mort avant notre arrivée. Rien ne nous dis qu’il ne fera pas surface à nouveau et avec lui, l’influence d’Oaxaca. Tant que des êtres seront une menace pour Aliaénon, il peut être bon de garder le lien entre les autres mondes, mais je rejoins l’idée de Xël quant à savoir qui doit prendre cette décision."

Je jette un regard à l’assemblée et reprends avant que l’on ne me coupe la parole.

"Merci de nous proposer de retourner dans notre monde, mais j’ai donné ma parole que je ferais tout ce qui est possible pour ramener Naral. J’ignore tout de ce monde et visiblement c’est un grand reproche qui est fait à ceux qui ont déjà foulé ce sol. Pourtant cet argument fait échos en moi et si je compte rester ici encore quelques temps, je crois savoir vers qui va se jeter mon dévolu. Et puis, les jours se sont succédés depuis mon arrivée ici, la seule personne qui m’aurait éventuellement attendu à certainement perdu patience et s’est évaporé dans la nature."

Sortie de nul part, je voit la jeune Yurlungur s'avancer et provoquer Endar en duel.

(Ha oui, j'ai complètement oublié qu'ils ont tenté de tuer l'un l'autre !)

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Kívan
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Kívan » jeu. 8 août 2019 23:14

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A la suite du monologue d’Endar, le Sans-Visage répond tout d’abord aux différentes critiques qui lui ont été adressées, son absence de regard visiblement dirigée vers le shaakt, faisant à nouveau référence à des événements passés que je n’arrive toujours pas à replacer sur une échelle temporelle, et encore mois géographiquement, la carte d’Ariane qui nous servait d’aide-mémoire ayant mystérieusement disparue avec cette dernière et son compagnon à quatre pattes. J’arrive cependant à identifier que la mort de l’ancien détenteur du corps sur lequel Simaya est en train de pleurer n’est pas due à cet être dénué de faciès, mais à son combat contre les créatures du lieutenant d’Oaxaca, théoriquement mort lui aussi. Information intéressante, et celle-ci ne tombe définitivement pas dans l’oreille d’un sourd, le Sans-Visage nous propose de nous raccompagner sur Yuimen et ce pouvant être réalisé dans les minutes qui suivent, avant de nous proposer de fermer définitivement les liens entre ce monde et le mien. Enfin ! Je vais pouvoir quitter la grisaille morose de ces landes, et ce groupe que tout sépare. Mon regard se pose notamment sur le bipède violet, aux cornes proéminentes et aux ailes ridiculement petites. Je hausse les sourcils tout en le regardant d’un air contempteur. Certains ne me manqueront définitivement pas…

En parlant des individus dont je me passerais bien de la compagnie actuellement, Naral prend la parole et s’éternise pendant quelques minutes, attaquant à son tour le Sans-Visage et justifiant sa présence sur ce monde par le biais de je-ne-sais-quelle mandataire. Tous ont visiblement le besoin de se dégourdir la langue après ce long combat qui s’est arrêté quelques minutes plus tôt. Si sa tirade permet enfin de recoller certaines zones d’ombres sur le lien entre les différents éléments qui se sont déroulés depuis mon arrivée sur ce monde, cela ne rend pas l’elfe aux cheveux lilas plus sympathique à mes yeux. Son flot de paroles tari, l’elfe reprend une attitude éteinte, attendant visiblement la suite des événements.

Et ce qui devait arriver arriva. Xël interpelle Endar avec une agressivité non dissimulée, les deux hommes ayant visiblement de nombreux griefs à se reprocher mutuellement. Je me masse les tempes lors de la nouvelle diatribe du Kendran, ce dernier enchaînant à nouveaux les épisodes et autres péripéties qui semblent s’être déroulées bien des années auparavant. Il finit cependant par déclarer que la décision de fermeture des portails ne nous revient pas de droit et qu’un conseil à la Tour d’Or doit avoir lieu. Endar n’attend guère avant de répondre à son opposant et je n’écoute plus que d’une oreille ses paroles, allant m’asseoir sur une des pierres qui formait jadis la Tour d’Orsan, désormais réduite à l’état de ruines. Une fois plus ou moins confortablement posé, j’en profite pour me détendre les jambes et les bras, ces derniers commençant à être ankylosés suite à la rude bataille et aux nombreux retournements de situations qui ont eu lieu récemment. Le cornu s’étant enfin tu, c’est désormais Jorus qui décide d’en remettre une couche sur le dos du shaakt, pensant sans doute que cela pourrait servir à quelque chose. Je note cependant sa naïveté quand il fait remarquer à l’elfe noir son absence de remerciement face aux divers soins prodigués par Ariane, le Sans-Visage ou moi-même, ce qui m’arrache un sourire en coin. Il conclut en s’adressant à l’entité sans figure, déclarant qu’il préférerait garder le lien entre les deux mondes intact et appuyant sa volonté d’effectuer sa mission jusqu’au bout en ramenant Naral à destination.

Cette dernière réflexion efface tout sourire sur mon visage, qui se ferme immédiatement. Il est vrai que j’ai moi aussi donné ma parole concernant le fait de remplir cette mission initiale en rapportant Naral au toujours inconnu Conseil d’Or. Mon désir de quitter immédiatement ce monde semble devoir donc attendre encore quelques temps. Je me tourne à mon tour vers le Sans-Visage, restant résolument assis :

« Je suivrai l’avis de ce qui se sont déjà exprimés concernant votre proposition. Même si l’idée de savoir Yuimen inaccessible à une potentielle réincarnation de l’esprit de Vallel, je pense aussi que cette décision ne doit pas seulement être prise par une bande de mercenaires venus d’un autre monde. Et cela nous permettra, comme l’a fait remarquer Jorus, de nous acquitter officiellement de notre mission envers le Conseil d’Or en rapportant cet elfe auprès de nos commanditaires. »

Et c’est l’instant que choisit Yurlungur pour émerger de sa planque, apostropher Endar, et le charger, la lame au clair. Je croise les bras, roulant ostensiblement des yeux en poussant un long soupir, avant de reprendre :

« Je ne sais s’il s’agit de l’air vicié de cette Lande qui rend les gens à ce point agressifs, mais je pense qu’il pourrait être bon de nous hâter vers notre prochaine destination, avant que du sang coule à nouveau sur ces terres stériles… »

Tandis que je regarde de manière désintéressée, le visage apathique et le regard vide, le combat qui prend scène devant moi, je cherche à faire le point sur ce qui s'est récemment passé, des flashs flous de ces dernières minutes se succédant dans mon esprit. Je me tourne à nouveau vers le Sans-Visage, et demande de manière innocente :

« Ôtez-moi d'un doute cependant... Pourquoi avoir attaqué Simaya alors que cette dernière, si j'ai bien compris, agissait selon votre propre intérêt ? Et comment avez-vous fait pour séparer le corps et l'esprit de cet elfe pour finalement le faire basculer dans le corps de Simaya ? Vous seriez-vous associé avec Vallel ou l'un de ses suppôts ? »

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Gamemaster9
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Gamemaster9 » sam. 10 août 2019 15:26

Lande Noire – Ruines du Comté d’Orsan

Après ces nouvelles prises de paroles, menaces et décisions, c’est Simaya Sombreroc qui prend la première la parole, apostrophant dans un premier temps la jeune fille belliqueuse après avoir opiné du chef aux paroles de Kivan.

« Oui, je suis d’accord. Il n’est plus le temps des lames et du sang. Gardez votre animosité pour votre monde : cette lande a bu bien trop de sang en une seule journée. »

Elle s’approcha ensuite de Xël, posant une main sur son épaule et s’adressant à lui, plus bas.

« Permettez que j’emprunte à votre être ce pouvoir que… que je ne connais que trop bien. Je suis heureuse qu’il vous ai choisi, vous. »

Toujours la main posée sur le mage de vent, elle se concentra un instant, et une sorte de portail naquit au milieu de la Lande. Elle rompit ensuite le contact et s’exprima une fois de plus, à l’attention de tous.

« Ce portail peut vous mener tous instantanément à la Tour d’Or. Si le Conseil d’Or a failli à sa tâche comme certains semblent le penser, ça reste l’endroit idéal pour que les dirigeants des cités d’Aliaénon se rassemblent pour discuter de l’avenir du monde. Là, vous pourrez choisir d’attendre cette assemblée unique, si vous pensez votre intervention pertinente au sein de celle-ci, ou rejoindre votre monde via le fluide y menant, laissant les pontes d’Aliaénon décider de son sort. Individuellement, vous pourrez prendre votre décision. Et je gage que la venue de Naral Shaam avec vous à la Tour garantira, quel que soit votre choix, une récompense de ce qui reste du conseil, vos commanditaires pour cette mission de le retrouver et de le ramener. »

Elle posa le regard sur Yurlungur, l’avertissant :

« Ceux qui malgré tout auraient encore la volonté de se battre, je les invite à rester ici sans profiter de mon aide pour voyager. Vous n’aurez qu’à forger votre destin dans le sang et la poussière de la Lande Noire. »

Naral Shaam, après avoir récupéré la gourde d’Endar et en avoir bu une gorgée, la rendit à son propriétaire, s’adressant à lui, mais de manière audible pour tous.

« Merci. Mais si votre volonté était que j’use de cette force nouvelle pour jouer un mauvais tour, sachez que mon intention est très claire : je me rends à ce Conseil qui souhaite me juger. Je tiens à y défendre mon point de vue et mes actions. Je ne souhaite guère m’opposer à sa décision finale. »

Il croisa le regard de Sibelle, précisant :

« Je sais pouvoir vous faire confiance pour assurer ma sûreté jusqu’à notre arrivée à la Tour d’Or. Je m’en remets à vous. »

Il lui tendit une main, pâle. Elle le mènerait vers le portail de Simaya, si tel était son désir.


Le Sans-Visage, à son tour, répondit à la question que Kivan venait de lui poser.

« Ma volonté n’a jamais été de nuire à Simaya Sombreroc. Je souhaitais juste l’empêcher de me priver de mes pouvoirs, de me rendre vulnérable. Mais je n’en ai guère eu besoin, d’autres s’en sont chargé pour moi. C’était une réaction égoïste, oui. Sans doute. Une réaction liée à la peur, à la vulnérabilité. Elle n’agissait pour mon intérêt que jusqu’à ce qu’Elurien la sorte de la grotte où repose, comme vous l’a révélé le perfide Dragon, l’orbe lié à mon âme. Je ne suis pour rien dans le fait que l’âme de Naral, Vallel ou d’autres aient été absorbés par l’esprit de la Dame d’Esseroth. Ses pouvoirs sont puissants, bien plus que ceux de ses semblables, mais leur limite n’a guère encore été explorée, pas même par elle. Je ne saurais expliquer cela. Mais sachez que je ne suis nanti d’aucune association, ni avec un camp ni avec l’autre, dans ce conflit qui pèse sur votre monde, entre Vallel, sa Reine et vos autres peuples. Cela ne me concerne pas, cela ne doit pas concerner Aliaénon. »

Il se tourna vers le reste du groupe.

« Le Marcheur de Mort n’empruntera pas ce portail, mais soyez assuré qu’un autre avatar de ma personne vous attend d’ores et déjà à la Tour d’Or. Je participerai à ce Conseil, que ce soit en tant qu’accusé ou en tant que divinité. Ma voix n’aura pas plus de pouvoir que celle de n’importe quel dirigeant de ce monde, si tant est qu’ils répondent à votre invitation. Et concernant celle-ci, je vais dès à présent la transmettre à tous les peuples, dans tous les coins et recoins de ce monde, via mes avatars. Car vous avez raison : c’est bien aux peuples d’Aliaénon de décider de leur destin. »

Il fit ensuite un pas en arrière, laissant chacun prendre sa propre décision. Simaya laissera ouvert le portail quelques minutes seulement, avant de l’emprunter elle-même, laissant comme promis sur places ceux qui souhaiteraient ne pas l’emprunter. [HJ : pour les autres, la màj se poursuit à la Tour d’Or]



Bourg d’Or – Tour d’Or.

Le portail de Simaya menait au Bourg d’Or, juste aux pieds la Tour d’Or. Ils furent accueillis, tous, peu après dans la Salle du Conseil, où les Conseillers présents les attendaient. La Reine Blanche Faseilh, Conseillère représentant les Monts de Sansarth, Honoka, Conseillère représentant Fan-Ming, Ibn Al’Sabbar, conseiller représentant Methbe-El et les Sorciers de Vision, Ejude, Conseiller représentant les elfes de Jollarsyth. Et bien entendu, Simaya Sombreroc, qui semblait lui avoir déjà fait un compte-rendu de ce qui s’était passé. Avec les aventuriers se trouvaient bien entendu Naral Shaam et le Sans-Visage, qui avait revêtu une nouvelle apparence pour l’occasion.

C’est Honoka de Fan-Ming qui prit la parole. Celle-là même qui leur avait confié, à tous (ou presque) la mission de retrouver et ramener Naral Shaam.

« Aventuriers, Sauveurs, le Conseil a été mis au fait de vos actions dans la Lande Noire. Même si nous déplorons la perte tragique de l’un de nos membres, le vénérable Thensoor Val’Crooh, votre mission est une réussite, puisque voici celui que nous recherchions. Au vu des éléments rapportés par notre consœur, Simaya Sombreroc, elle aussi retrouvée par vos soins, il a été décidé d’une récompense à votre égard : quatre mille yus pour chacun de vous, quelle qu’ait été sa participation. Ils vous seront remis par la Capitaine Atsuhiko, à votre retour à la Milice d’Oranan. Par ailleurs, un Conseil exceptionnel ouvert à tous les dirigeants des peuples d’Aliaénon sera ouvert dans les semaines qui viennent, pour décider du sort réservé à Naral Shaam, au Sans-Visage et au Destin de ce monde sur divers points, dont la fermeture éventuelle des fluides spatiaux reliant ce monde à d’autres. Vous êtes tous conviés à cette assemblée, pour les services que vous avez rendu à ce monde, mais votre présence n’est en rien une obligation. Le Conseil vous laisse donc choisir entre un retour chez vous et votre participation à cette assemblée exceptionnelle. Nous vous demanderons cependant, si vous comptez rester sur ces terres de manière durable, de bien vouloir rester ici, à la Tour d’Or, en attendant les décisions prises par l’Assemblée. Au nom de mes pairs, je vous félicite et vous remercie pour votre intervention. »

À chacun, désormais, de décider quoi faire…



[HJ : Faites votre RP jusqu’à votre décision finale : rester sur la Lande Noire, revenir à la tour d’Or et quitter Aliaénon via le fluide spatial ou revenir à la tour d’Or et assister à l’Assemblée. Quelle que soit votre décision, vous avez deux semaines pour poster. La première semaine (pendant laquelle je suis absent) sera dédiée à d’éventuels apartés que vous voudriez faire entre vous à la sortie de la salle du conseil (ou sur la Lande Noire si vous y êtes restés). La seconde semaine, je serai disponible pour des apartés avec les différents PNJ présents à la tour d’or. (Des adieux, ou en vue de préparer l’Assemblée). Quoiqu’il en soit, la prochaine màj sera le 24 août et verra commencer, après une ellipse de plusieurs jours, ladite Assemblée. Ceux qui ne souhaitent pas y participer pourront alors être libérés sur Yuimen. Vous toucherez votre récompense en yus, ainsi que les XP de toute la dernière partie de la quête, à votre sortie effective de celle-ci. C’est donc une màj de fin d’épisode, l’assemblée pouvant être considéré comme l’épilogue des aventures sur Aliaénon, et de ce fait optionnel. J’espère que celui-ci vous aura plu, et vous retrouver bientôt sur des terres plus connues, celles de Yuimen, pour de futurs événements !]
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Xël
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Xël » mer. 21 août 2019 21:53

Je reste figé quand Simaya m’approche et me touche. J’en oublie où nous sommes et ce qui vient de se passer. Moi qui pensais qu’elle m’en voulait pour la mort de Fin’ et maintenant celle de Thensoor. J’ai peur qu’elle me fasse disparaître. Il n’en est rien, elle me demande si elle peut emprunter le pouvoir de Fin’ et qu’elle est contente qu’il m’ait choisi moi. Ému, je reste silencieux, peinant à trouver la force de retenir mes larmes. Sans pouvoir me contrôler je sens ma main se poser sur celle de l’Esserothéenne en plongeant mon regard humide dans le sien. Je la remercie d’un mouvement de tête, incapable d’articuler le moindre mot. Je sens la magie agir et un portail apparaît vers la Tour d’Or.

Je l’emprunte à ses côtés sans prêter attention au reste. Ni à ceux qui nous accompagnent, ni au duel d’Endar et Yurlungur, ni au Sans-Visage. J’entends simplement encore Naral déclarer qu’il ne tentera pas de s’échapper et qu’il se rendra lui aussi à la Tour d’Or. Comme si mon esprit attendait encore d’être certain que tout soit terminé.

Nous atteignons la salle du conseil peu après et je laisse Simaya faire un rapport détaillé aux conseillers présent. Naral est ici, le Sans-Visage également sous une forme que je n’avais pas encore vue. Nous avions réussi, une discussion allait finalement être entamé. La guerre était évitée. Un poids supplémentaire se libère de mes épaules et de mon cœur.

Je sens que mon aventure sur Aliaénon touche à sa fin. Définitivement. Même si je ne souhaite pas que le fluide spatial soit clos à jamais, j’espère qu’au moins ils ne viendront plus nous demander de l’aide. Honoka annonce qu’un conseil exceptionnel aura bien lieu dans les semaines à venir. Nous avons le droit d’y participer ou de rentrer dès à présent. Evidemment je souhaite rester pour connaitre finalement l’avis de chaque dirigeant mais j’ai surtout une autre chose à faire avant de quitter ce monde. Même si la représentante de Fan-Ming nous demande de rester ici à la tour d’Or en attendant les dirigeants, je crains de ne pas pouvoir accéder à cette demande.

Je quitte la pièce pour retrouver la salle à manger. Les dangers immédiats étant écartés, mon estomac me rappelle à l’ordre. La faim, la soif, l’épuisement, la douleur... Autant de sensations qu’on oublie quand la mort est à deux doigts de vous attraper. J’en avais déjà fait l’expérience plusieurs fois sur ce monde. Mon odeur laisse à désirer également mais une chose à la fois. D’abord manger, boire, puis je gagnerais la salle d’eau pour me laver, laver mes vêtements et enfin, épuisé, j’irais dormir dans une chambre.

Je m’installe à une table déjà bien garni, les cuisiniers de la Tour d’Or ont dû réagir instantanément à notre retour. Viande et poisson fumée, fruits, pains et pâtisseries. Il y en a pour tous les goûts. J’attrape un pichet de bière pour me servir avant d’attraper un poulet fumé. J’en décortique l’aile que je pose dans mon assiette, me coupe une tranche de pain et remplit mon assiette d’une salade de pomme de terre froides mélangées à différentes herbes odorantes. Je mange avec un appétit non dissimulé, heureux de pouvoir me remplir la panse d’autre chose que des rations de voyage. Je ne marque une pause dans ma mastication que pour engloutir de grandes gorgées de bière blonde.

Occupé par mon assiette et par des questionnements au sujet du conseil à venir, je n’entends pas Jorus s’installer près de moi et une fois de plus il me fait sursauter en m’adressant la parole. Il me demande ce que je pense de cette réunion. Je lui réponds qu’il n’y a que les gens d’Aliaénon qui peuvent décider de ce qu’ils ont besoin. Ce n’est pas à nous de le faire. Jorus s’interroge sur les revendications de chacun et se demande s'ils arriveront à trouver un accord. Je reste silencieux en poursuivant mon repas. Je suis convaincu qu’ils en trouveront un, je ne m’inquiète plus vraiment pour ça. Le simple fait que le conseil d’Or demande l’avis de chacun devrait suffire à calmer certaines tensions. Bien sûr cela sera tendu entre le trio d’Arothiir et ceux qui dirigeaient avant Andel’ys vu leurs caractères mais une solution sera sans doute trouvée.

En se servant dans une assiette de légumes il m’avoue avoir un arrière-goût d’inachevé, sans doute le même que j’avais en quittant Treoof, je comprends sans peine ce qu’il veut dire. Il ajoute être heureux de ne pas avoir croisé la route de Vallel. Je lève les yeux de mon assiette, fixant le fond de la pièce. Le simple fait d’entendre son nom suffit à déclencher chez moi une tonne d’émotions, la colère, l’effroi, la tristesse, la détermination...

"J’ai le sentiment que ce n’est pas terminé en ce qui le concerne... Qu’est-ce que tu sais sur lui ?"

Même mort, il constitue une menace, plus j’en apprends sur lui et plus je serais en mesure de l’affronter. Jorus énonce des faits que je connais déjà, qui se sont passés sur Aliaénon, des faits dont j’ai été témoins même.

"Je sais ce qu’il a fait ici. J’aimerais savoir ce qu’il a fait sur Yuimen."

Il reste un instant figé comme si je lui apprenais une nouveauté et c’est en effet le cas, il pensait que Vallel avait passé ses jours ici. Il prend un instant de réflexion avant d’admettre que le lieutenant devait avoir d’une manière ou d’une autre rencontré Oaxaca sur notre monde. Il me retourne alors la question que je lui avais posé.

"Rien justement. Je ne me suis jamais intéressé à Oaxaca, à ses lieutenants, à ses armées. Comme si elles ne pouvaient pas m’atteindre à Kendra Kar... J’ai compris que Kendra Kar, que Yuimen était en danger quand j’ai vu la marée d’orcs qu’elle pouvait rassembler, déferler sur les cités que je défendais sur ce monde. Je ne peux pas l’oublier, mon esprit est hanté à jamais et je vais passer le reste de ma vie à empêcher que ce qu’il s’est passé ici lors de la Grande Guerre arrive sur Yuimen. J’ai tué Elurien pour empêcher Vallel de nuire mais j’ignore ce qu’il a pu déjà faire sur Yuimen. Tu avais l’air d’en savoir plus que moi sur le sujet."


Il m’observe avant de répondre qu’il est lui aussi resté loin d’Oaxaca. Qu’il est venu ici pour affronter le danger plutôt que de le fuir même si il ne s’attendait pas à affronter dieux et dragons. J’hausse brièvement les épaules avant de reprendre mon repas. Je passe à Jorus le poulet après qu’il m’en fasse la demande, il m’en demande ensuite plus sur la nouvelle forme de Sibelle.

"C'est nouveau oui, elle est capable de se transformer mais j'ignore comment elle fait, si c'est inné et que ça vient d'apparaître ou si c'est la magie d'Aliaénon qui a fait ça..."

J’hausse à nouveau les épaules alors qu’il s’émerveille. Il me demande en plaisantant si elle pond des œufs et si j’arrive à m’imaginer la taille des omelettes qu’on pourrait faire avec. Pas vraiment d’humeur à rire je lui réponds qu’il devrait lui demander directement. Le silence s’installe ensuite, vaguement troublé par le bruit du repas. Avec légère tristesse, il me demande si personne ne m’attend sur Yuimen.

Je me fige, observe mon assiette avec mélancolie en pensant à Méli.

"Si. Quelqu’un m’attend et j’ai hâte de la retrouver mais je ne pouvais pas rentrer sans apporter mon aide. Comme tu l’as entendu, nous sommes en parti responsable de ce qui se passe ici."

Il enchaîne en me demandant depuis combien de temps cette personne attend. Je réponds après une lente réflexion.

"Eh bien il s’est passé quelques mois entre ma venue sur Aliaénon et la charge contre le Titan. Puis j’ai eu ce coma d’une année, le voyage à Messaliah, puis à Treoof. Ensuite je suis resté un moment au bourg d’Or pour travailler dans les champs avant de rentrer. Une autre année s’est écoulée... En tout, je dirais entre deux et trois années. Mais avec les perturbations magiques j’ignore si le temps s’est écoulé de la même façon pour elle..."

Jorus semble étonné, presque étourdi. Il cligne des yeux rapidement comme un enfant impressionné. Il m’en demande plus sur la manière dont s’écoule le temps et que la réponse pourrait le faire décider s'il doit partir ou non. Je lui avoue que c’est trop complexe pour moi de comprendre comment fluctue le temps entre nos mondes mais que Simaya ou Naral seraient peut-être en mesure de lui en apprendre plus. Je poursuis en lui demandant pourquoi il voudrait rester ici alors que les fluides vont peut-être se refermer pour toujours. Il répond de manière un peu farfelue et j’ai du mal à le suivre mais si j’ai bien compris il craint que le Conseil d’Or ait encore besoin d’aide, que Vallel trouve une manière de revenir et il me parle des Chevaliers Sans Bannières.

"Les chevaliers sans bannières n’ont qu’une seule obsession en tête. Arrêter le Sans-Visage. Ils sont liés par ce but mais ont des méthodes différentes."

Je marque une pause, cherchant dans les souvenirs de Fin’ quelque chose au sujet de son entrainement de chevalier mais je n’y trouve rien. En fait c’est comme si c’était tout une partie de sa mémoire, de ma mémoire, qui était verrouillée, inaccessible. Fin’ ne veut pas que j’accède à ces informations, cela me rend curieux mais je pense également qu’il a de bonne raison de m’en empêcher. Je reprends.

"Et tu ne pourras rien apprendre sur eux, ni sur Naral via eux."

Mon regard s’assombrit ensuite :

"Quant à Vallel, il m’a fait une promesse à Elscar’Olth, celle de réduire Kendra-Kar en cendres. Moi je lui ai fait celle de toujours me trouver sur son chemin pour l’en empêcher. Voilà mon but, mon obsession à présent. Défendre Kendra-Kar, défendre Yuimen contre Vallel, ses créations et ses semblables de trou du cul de Lieutenant. Voilà pourquoi je ne peux pas rester ici. Aliaénon peut se défendre seul à présent. J’en suis convaincu, en réalité ils l’ont déjà prouvé à la bataille de Fan-Ming en alliant leurs armées."

Jorus reste silencieux un court instant avant de déclarer qu’il commence à mieux comprendre mon point de vue et pourquoi je tiens à ce que les différents dirigeants se rencontrent. Il me demande tout de même si je ne crains pas que Vallel retrouve une manière d’apparaître et de refaire du mal. Sa question me provoque une réaction inattendue, mon visage se fend d’un demi-sourire, le sourire du montagnard face à une montagne difficile à grimper ou du marin qui s’apprête à affronter la plus féroce des tempêtes. Un sourire de défi, d’une détermination sans faille. Les poings serrés et les flammes de volonté dans les yeux je déclare simplement.

"Je l’attends."

Vallel ne va pas s’arrêter là et qui sait l’étendue des créatures qu’il a pu créer sur Yuimen. Je vais les traquer, les détruire et ce trou du cul peut réapparaître autant de fois qu’il le veut, je le tuerais. Encore et encore. Je le jure.

Jorus pense devoir me ramener sur terre, qu’il connait bien ce regard et qu’il est important que je me rappelle que je ne suis pas invincible ou mon orgueil me tuera. J’affiche un air à la fois surpris et amusé. Lui qui depuis le départ essaie de me faire rire avec des blagues plutôt mauvaises voilà qu’il me dit quelque chose de censé. Je rétorque avec un ton amusé.

"Qu’est-ce que tu crois ? Que je vais me jeter à la poursuite des créatures de ce taré sans préparation ? Tu as entendu Honoka non ? Je n’ai pas vraiment la notion d’argent comme j’ai toujours vécu sans mais quel genre d’entrainement je peux m’offrir avec 4000 Yus ?"

Quatre mille. Bien moins que ce que j’ai donné pour l’orphelinat mais une assez coquette somme tout de même. J’ignore réellement quel genre d’entrainement ou d’équipement je suis en mesure de m’offrir avec tout ça.

Jorus me donne une tape amicale sur le crâne et me traite de banane avant de préciser que c’est de compagnons que j’ai besoin. Il essaie ensuite de me vendre une panoplie gobeline en plaisantant.

"Je trouverais sans doute des personnes motivées sur ma route. Tu peux te garder ta panoplie. Ça ira." lui dis-je en souriant.

Il me rend un sourire et me donne une bourrade amicale dans l’épaule avant de dire que nous serons sûrement amenés à nous revoir. J’hoche la tête en souriant et termine mon repas avant de quitter la table. Je lui fais mes adieux et lui souhaite bonne chance pour la suite avant de quitter la salle. Je ramène mon assiette en cuisine avant de rejoindre une salle d’eau pour faire ma toilette, j’en profite pour nettoyer tous mes vêtements, ce qui me prend énormément de temps. Je rejoins ensuite ma chambre, vêtu uniquement d’une serviette roulée autour de ma taille. Un autre souvenir refait surface, celui de la cour enneigée de Fan-Ming lorsque Fin’ a ouvert son portail vers Esseroth pour laisser passer Karz et Keya. Le souvenir de Fin’ se mélange au mien, me permettant d’avoir deux visions de moi-même en train de faire le nécessaire pour ne pas me retrouver nu dans la neige. Un léger rire m’échappe, l’impression de le partager avec mon ami Esserothéen m’a empêché de le retenir. J’étends ensuite mon linge, espérant qu’il sèche rapidement pour ne pas passer ma journée de demain habillé d’une simple serviette.

Enfin je peux m’allonger dans un lit où je sombre dans un sommeil lourd.

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Xël
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Xël » mer. 21 août 2019 21:58

Je me réveille le lendemain après-midi, l’estomac gargouillant mais reposé et le linge toujours humide. Espérant le faire sécher plus rapidement je l’accroche à l’extérieur. Je soupire avant d’enrouler à nouveau une serviette autour de ma taille. Je reprends ensuite la direction des cuisines pour y manger un morceau sous les regards soit amusés soit éberlués ou encore mécontents des cuisiniers.

Je croise par hasard Sibelle dans les couloirs. Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant. Devant son regard perplexe je lâche un rire avant de m’expliquer.

"Mes vêtements ne sont pas secs."

Elle sourit à son tour. Je suis à chaque fois ravi quand elle laisse un sourire apparaître sur son visage si souvent sérieux. Elle en profite pour me demander ce que je compte faire et si j’attends de pouvoir assister au conseil. Je frotte l’arrière de mon crâne réfléchissant à la manière d’expliquer mes projets. Le mieux est peut-être de l’annoncer clairement.

"J’attends la décision du conseil avant de rentrer à Kendra Kar revoir mes proches. Ensuite je chercherais un moyen de progresser et je vais faire en sorte de participer à la lutte contre Oaxaca. Et toi ?"

Elle réfléchit un court moment avant d’avouer qu’elle pensait quitter Aliaénon rapidement mais que finalement elle préfèrerait assister au rassemblement des dirigeants pour pouvoir témoigner. Honnête, je préfère lui préciser :

"Oh je ne pense pas témoigner. Juste observer. J'aimerais que les dirigeants d'Aliaénon prennent des décisions sans l'avis de personnes extérieurs."

Elle réagit en me demandant si je ne craignais pas qu’il y ait une injustice. Je laisse un maigre sourire apparaître sur mon visage.

"Comment pouvons-nous définir ce qu'est la justice dans un monde où nous en ignorons tous. A Arothiir, Thrag a tué une servante sous l'effet du Thiir, une drogue qui te plonge dans une folie sanguinaire. Dans un désir de justice je l'ai ramené devant les dirigeantes pour qu'il soit jugé. Elles m'ont simplement répondu que Thrag ne pouvait pas être jugé pour avoir tué quelqu'un qui était là pour répondre au moindre désir. Evidemment ça m'a révolté, choqué, mais ce n'était pas à moi de rendre justice ni de décider de comment la justice devait être faite. Est-ce que tu comprends où je veux en venir ?"

L’anecdote refait surgir en moi une vague tristesse, celle de la mort de cette femme qui n’avait rien demandé mais aussi celle de mon ami Esserothéen. La réaction de Sibelle est prévisible, son visage reprend cette allure guerrière, sourcils froncés, visage dur, concentré. Elle expire bruyamment avant de conclure qu’elle veut tout de même assister à l’assemblée pour connaître les décisions qui seront prises. Elle me dit ensuite qu’elle n’a pas de projet précis en tête. J’hoche la tête en ajoutant avec un plus grand sourire.

"Une guerrière comme toi, ça doit toujours trouver quelque chose à faire non ? Puis tu as un nouveau pouvoir à expérimenter."

Sans se dépêtrer de sa mine sérieuse elle précise qu’elle n’est pas inquiète et qu’elle trouvera une mission à faire sur Yuimen. Quant à ses pouvoirs elle se demande s'ils existeront encore sur Yuimen.

"Je me suis posé la question aussi. Et je me la pose pour moi aussi..."

La magie ici est si particulière. Malgré le danger, malgré sa faculté imprévisible, sa puissance hors de contrôle, elle va me manquer. C’est certain. Sibelle aussi va me manquer, malgré quelques divergences dans nos opinions je pense que nous souhaitons au final quelque chose d’assez proche. C’est quelqu’un de bien, je n’en doute pas. Je plonge mon regard dans le sien en pensant aux moments que nous avons vécus ensemble. Que ce soit à Treoof ou dans la Lande Noire puis je lui avoue sincèrement qu’elle va me manquer et que j’espère que nous nous reverrons. Elle réagit en ouvrant la bouche sans rien dire tandis que le rouge lui colore sa peau pâle ce qui avec ses cheveux déjà roux lui donne un air de poisson rouge qui m’amuse. Doucement je m’approche pour lui dire au revoir en la prenant dans mes bras, juste un instant, prenant soin de ne rien faire qu’elle pourrait trouver déplacé. J’en profite pour glisser quelques mots à son oreille.

“Et merci de m’avoir sauvé la vie.”

Elle me rend mon accolade et répond à mes remerciements avec une voix basse, me demandant d’être prudent à l’avenir et précise qu’elle ne sera pas toujours là pour me rattraper dans mes actions suicidaires. Je ris avant de répondre.

"Ce n'était pas un suicide. C'était un sacrifice. Je voulais m'assurer que vous ayez le temps de fuir avant que la tour ne s'effondre. De la même manière, j'ai voulu que la tour s'effondre pour m'assurer que ni Vallel, ni ses créatures s'en échappent. Mais je suis content d'être encore en vie."

Elle me rappelle d’être tout de même prudent. J’incline la tête avant de promettre.

"Je ferais plus attention. Toi aussi sois prudente."

Elle me rappelle que nous nous verrons encore à l’assemblée et qu’il est trop tôt pour nous dire au revoir.

“Tu as raison !” Lui dis-je en riant. “On aura peut-être même encore le temps de boire une bière ensemble.”

A nouveau j’ai la chance d’apercevoir son sourire, je lui fais signe avant de poursuivre mon chemin.

Je rejoins à nouveau ma chambre pour y retrouver des vêtements secs. J’enfile la tenue d’Esseroth et plie soigneusement la robe de l’archimage. Je la pose sur mon lit pour la contempler quelques instants. Un cadeau des Ouessiens, un cadeau inestimable. Je soupire, je suis certain de prendre la bonne décision. Ma présence ici touche à sa fin et sur Yuimen je vais sûrement devoir porter un équipement plus adapté à l’entrainement et l’affrontement de créatures étranges. Je prends la robe délicatement pour la ranger dans mon sac. Je m’assure que ma chambre soit fermée à clé. Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. Mon absence devrait passer inaperçu. Je me concentre et ouvre un portail devant moi. Sans perdre de temps je m’y glisse pour apparaître devant le pic rocheux sur lequel ce dresse la cité de Nagorin.

Ma mémoire ne me fait pas défaut, j’en suis sûr. C’est ici qu’un escalier est apparu pour nous laisser monter dans la cité avec les réfugiés Esserothéen. Evidemment le passage n’est plus ouvert, je m’y attendais. Je patiente simplement, conscient que les Ouessiens sont au courant de ma présence. Hors de question de m’ouvrir un portail vers la cour devant le temple. Ce serait une intrusion, sans doute punie de mort. Je n’ai pas longtemps à attendre, quelques minutes s’écoulent avant que cinq silhouettes descendent les parois du pic. Grandes, sombres, je reconnais les créatures noires présentes sur les champs de bataille de la Grande Guerre.

“Saperlipopette...”

Chuchotais-je après m’être frotté les yeux pour m’assurer de bien voir ce que je vois. Je recule, méfiant, pour les laisser rejoindre le sol. Je ne fais aucun geste qui pourrait être perçu comme hostile. Je savais que les créatures noires pouvaient être sous le contrôle de Nagorin, elles avaient agi sous l’ordre de Naral à la bataille de Fan-Ming mais elles avaient agi en même temps que les Ouessiens. Je garde mon calme, tout de même aux aguets, concentré. Les créatures m’encerclent et l’une d’elle désigne le dos d’une autre. Suis-je invité à grimper sur son dos ? Je m’avance vers celle qui est désigné, attentif à la réaction des autres. J’accepte finalement l'invitation, d’une main elle me maintient contre son dos, à la manière d’un adulte qui porte un enfant sur son dos, d’une manière bien plus délicate que celle qui m’a retenu prisonnier à Ouesseort. Je sens tout de même le métal froid contre mon torse. Elle commence l’ascension du pic, se servant de ses griffes pour s’accrocher à la roche. La créature m’amène jusqu’au sommet, gravit le mur d’enceinte pour m’emmener sur la place devant le temple. Elle me laisse reposer les pieds au sol avant de s’écarter avec ses semblables. Je la remercie en inclinant la tête avant d’observer les alentours en quête d’une âme qui vive. Il n’y en a qu’une, la prêtresse du temple que je peux reconnaître. Rousse, belle, les yeux dissimulés par un casque d’or. Je détourne mon regard de l’Ouessienne pour observer le temple. Un sentiment d’effroi et de tristesse m’envahit. Le bâtiment qui autrefois contenait un avatar du Sans-Visage et qui irradiait d’une lumière douce est maintenant clos et ses portes semblent se nécroser. La bâtisse est sombre et suinte une mélasse noire qui dégage une fumée obscure qui donne une impression de malédiction. Cette substance s’étale devant la porte sur quelques mètres et j’ai l’impression qu’elle pourrait soudainement prendre forme pour m’attaquer, je crois même y discerner, fondues et tentants de s’en échapper, des silhouettes humaines. J’ai un bref mouvement de recul guidé par la terreur. Une nouvelle qui me fait l’effet d’un coup à l’estomac. Combien de choses avons-nous ainsi changer par notre présence ? La prêtresse attire mon attention en me demandant d’un ton neutre, presque froid ce que je viens faire ici.

Je dirige mon regard vers elle et déglutit pour pouvoir lui articuler quelques mots.

"J’aimerais accéder au palais pour voir Xissirant."

Elle reste froide et me rappelle que c’est un privilège de pouvoir le rencontrer avant de me demander ce qui peut valoir cette demande.

"Il y a cinq ans il m’a confié une chose. Je suis venu la lui rendre."

Ma voix semble reprendre contenance, je sais pourquoi je suis ici et cela m’aide à me concentrer ainsi que de détourner mon regard du temple maudit pour observer sa prêtresse même si elle reste froide. Elle répond que je peux lui confier ce que j’ai à rendre.

"Ce genre d’objets se rend en main propre généralement. Je l’ai déjà rencontré une fois, pourquoi je ne peux pas le revoir une deuxième fois ?"

Elle répète que pénétrer le palais est une chose exceptionnelle et que l’accès ne m’en est pas pour autant acquis. Elle rajoute que ma présence entre les murs de la cité surpasse de loin les lois de Nagorin. Elle a raison et je ne vais pas insister plus longtemps. J’ai déjà les pieds dans un lieu que probablement peu de monde à revu depuis le réveil des titans. Je fais un geste d’apaisement pour lui faire comprendre que j’ai compris que je ne peux pas pénétrer le palais. Je plonge ensuite la main dans mon sac pour en sortir la robe d’Orsan et la tend vers la prêtresse.

Elle reste interdite un instant avant de commenter que c’est un cadeau de la part de Xissirant que cet objet légendaire me revient de droit. Je m’attendais à ce genre de réaction et je réponds d’une voix pleine d’assurance.

"On me l’a confié dans le but de défendre ce monde."

Je marque une pause pour diriger mon regard vers le temple avant de poursuivre avec un ton teinté de culpabilité.

"J’ignore si j’ai réussi à le faire mais en tout cas je vais bientôt le quitter et le fluide le reliant au notre sera peut-être fermé à jamais."

Terminais-je avec une pointe de tristesse.

"Cet artefact appartient à ce monde et vous en êtes les gardiens. C’est donc à vous qu’il revient de droit."

J'affiche ensuite un demi-sourire.

"Et cette fois j’insiste."


Elle reste de nouveau silencieuse un court moment avant de poursuivre d’un ton plus nostalgique en s’approchant pour prendre la robe. Elle commente que rare sont ceux qui ne sont pas avides du pouvoir de ces objets. Elle me remercie en me nommant Noble Cœur. J’incline la tête avec un sourire ému avant d’ajouter, sincère.

"J’ai hésité mais ça me semble être la bonne décision à prendre."

Je n’en doute pas un instant. Cette robe revient à Nagorin, à son gardien. Peut-être qu’un jour elle sera confié à un autre pour protéger ce monde car les dangers et les mystères semblent y être encore nombreux. En y songeant je redirige mon regard vers les portes du temple en demandant.

"Est-ce que c’est de notre faute ?"

Sans même se tourner, elle répond que les fautes n’existent pas. Il n’y a que faits et conséquences et que ce qui arrive à Nagorin n’est pas de mon ressors ou de ma responsabilité. Elle demande ensuite si j’ai besoin d’autre chose. Je secoue la tête doucement.

"Non je suis juste venu rendre la robe. Je... j’espère que tout ira bien pour vous. Prenez soin de vous."

Avec sincérité j’incline la tête. Je jette un dernier regard vers le temple puis vers le palais où est enfermé le sage de Nagorin. Un dernier au revoir, un dernier merci pour m’avoir fait confiance et confié un objet si puissant, à moi, un clodo. Je me concentre ensuite un court instant pour m’ouvrir un nouveau portail vers le pied de la Tour d’Or. Fatigué par l’ouverture de deux portails, je retourne dans ma chambre pour me reposer et patienter que les semaines passent en attendant le conseil.

((2/3. Don de la Robe de l'Archimage d'Orsan.))

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Xël
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Xël » mer. 21 août 2019 22:05

Je me réveille en sursaut, en sueur. Une semaine est passée et les souvenirs du temple de Nagorin continuent de me hanter. J’ai vu Triman arriver y a quelques jours et cette fois je suis décidé à en savoir plus sur ce qu’il se passe à Nagorin. Je me lève et me plonge la tête dans une bassine d’eau froide pour retirer la sueur qui coule sur mon front. Je me sèche, enfile mes vêtements et prend la direction des appartements de l’Ouessien pour aller frapper à sa porte. Il ouvre la porte, reste silencieux et s’écarte pour me laisser entrer. Je rentre en le saluant simplement tandis qu’il incline la tête en attendant sans doute la raison de ma visite.

"J’imagine que tu sais que j’étais à Nagorin."

Il se contente d’opiner lentement de la tête et ce mutisme, nouveau chez lui, m’agace.

"T’as perdu ta langue ?"

Je regrette déjà d’être venu, je passe pour un idiot et je sens déjà que je n’apprendrais rien de plus. Il articule deux mots avant que j’avoue être inquiet au sujet du temple. Il hoche la tête, encore, ce qui me provoque un claquement de langue agacé.

"Tu pourrais m’en parler un peu ?"

Il répond simplement que c’est la raison pour laquelle la ville est inaccessible.

"Pour ne pas qu’on le découvre ou parce que c’est dangereux ?"

Il hausse les épaules avant de dire que c’est sans doute les deux.

"Quelle en est la cause ?"

Il explique que l’Unique, ou plutôt son enfermement dans le temple, a provoqué cette nécrose qui consume le bâtiment.

"C’est lui qui provoque cette putréfaction ? Il était déjà présent dans le temple avant pourtant..."

Il retorque qu’il n’y était pas enfermé à ce moment. Je me gratte la tête et lui demande pourquoi ils l’ont fait. Selon lui, une fois les titans éveillés, il ne pouvait plus porter le nom d’Unique.

"Je ne comprends pas."

Il incline la tête puis hausse les épaules avant d’expliquer qu’ils l’ont trahi et qu’ils craignent sa colère.

"Tu sais qu’il est ici ?"

Il hoche la tête mais répond tout de même qu’il s’agit du Sans-Visage et pas de l’Unique.

"Ce n’est pas la même personne ?"

"Ce n'est pas une personne." Répond-il.

Je cligne des yeux avant de les ouvrir grands. Est-ce que Triman est devenu idiot ? Je me pose réellement la question. La situation du temple atteint peut être les esprits des Ouessiens. Je sais qu’il existe un étrange lien entre eux.

"Tu vois ce que je veux dire..."

Je m’empresse d’ajouter.

"Et me répond pas que tu ne vois rien !"

Il se contente d’incliner la tête sur le côté, une fois de plus. Je m’efforce de poursuivre le dialogue même si l’agacement me donne juste envie de quitter la pièce.

"L’unique, le marcheur de mort, le Sans Visage, Vakkar tî, c’est la même chose non ? La même entité."

Sa tête bascule de l’autre côté tandis qu’il me balance que dans un sens c’est peut-être le cas.

"Est-ce que par hasard tu as pris un coup sur la tête récemment ?"

Les mots m’échappent tout seul. Il se pince les lèvres, vexé, il rétorque que je ne peux pas comprendre, ce qui me fait perdre mon calme.

"Et toi tu ne veux pas m’expliquer. Je sais que c’est stupide de ma part ! Je vais bientôt partir, peut-être pour toujours. Je ne devrais plus me préoccuper des problèmes de l’un ou de l’autre. Mais je m’inquiète, c’est comme ça. Je m’inquiète pour ton monde, ta cité, tes semblables, pour toi. Même si tu me prends pour le dernier des idiots, c’est comme ça. Si tu n’as pas envie de m’expliquer ou le temps de le faire en attendant que les autres dirigeants arrivent bah tant pis pour moi."

Il soupire et répond qu’il ne peut pas. Dépité, je me tourne vers la porte.

"J’espère que vous pourrez trouver une solution lors de ce conseil. Que vous serez assez intelligents pour le faire..."

J’ouvre la porte et lui lance quelques mots avant de partir.

"Prends soin de toi Triman."

Je ferme la porte en me retenant de la claquer. J’aurais dû m’en douter mais cela ne fait que me conforter dans mon point de vue. Aliaénon n’a plus besoin de moi. Il n’y a plus qu’à attendre le conseil et en voir les conséquences.

La veille du conseil, je croise une tête connue au hasard dans les couloirs. Yurlungur semble aussi surprise que moi de me croiser. Je la vois écarquiller les yeux avant de reprendre rapidement le contrôle d’elle-même, adoptant une posture froide, hautaine, la main posée sur son arme. Comme si j’allais soudainement lui sauter dessus. Elle me salue avant de me demander si je reste encore un jour de plus pour assister à l’assemblée. Je reste méfiant même si je me doute qu’elle ne tentera rien ici. J’évite de montrer des signes d’hostilité et répond à ses salutations.

"On dirait bien oui. Tu as renoncé à l’idée de tuer Endar alors ?"

J’attarde mon regard sur sa gorge en me rappelant la blessure qu’elle a subi.

"Comment va ta blessure ?"

Elle ramène sa main vers son cou en m’expliquant que ça va et qu’Endar n’a pas intérêt à la croiser. Pour elle, le duel est simplement retardé. Elle hausse les épaules avant de rappeler la lâcheté du Shaakt. Après une hésitation elle m’adresse quelques mots sans animosité, s’étonnant que je n’aie pas tenté de l’achever dans la Lande Noire quand l’occasion s’est présentée. Elle sourit et me provoque avec amusement en déclarant que l’occasion ne se représentera pas de sitôt. J’affiche une mine surprise à mon tour. Il est vrai que Yurlungur a dépassé les bornes de nombreuses fois mais entendre ça de sa part m’irrite et je le montre par un froncement de sourcil et un croisement de bras.

"Achever ? Mais pour qui est-ce que tu me prends ? Je veux bien croire que tu es croisé un nombre inimaginable de trou du cul dans ta vie. Mais moi je n’achève pas les gens, encore moins ceux qui ont ton âge."

Je laisse filer mon agacement sans insister, ce n’est plus le moment de remettre de l’huile sur le feu entre nous deux. Je me permets juste de préciser une chose pour elle.

"Je ne pourrais sans doute jamais te prendre la vie. Peut être même si la mienne en dépendait. C’est l’avantage que les gens comme toi ont sur moi. Prend ça comme une faiblesse, pour moi c’est tout l’inverse."

Elle me fixe un instant sans ciller avant de me demander si je tuerais Vallel si j’en avais l’occasion. J’ai déjà répondu à cette question en passant à l’acte et je me contente de garder le silence, me persuadant que ça n’a rien à voir. Ses yeux toujours plongés dans les miens elle revient sur ce qu’elle vient de dire. Elle admet qu’elle n’était pas Vallel mais demande tout de même où est la limite, que si elle devenait Lieutenant d’Oaxaca, qu’elle se montrait pire que lui, est-ce que là je m’y refuserais toujours. Je prends un instant pour réfléchir à la question avant de répondre plutôt froidement.

"Si un jour tu devenais Lieutenant d'Oaxaca et que par ta faute des milliers d’innocents perdait la vie... Je te souhaiterais de ne jamais croiser ma route. "

En vérité, je ne suis pas certain de la réponse. Mon cœur me cri que je ne le pourrais pas. Mon esprit hurle que je n’aurais sans doute pas le choix. Certainement amusée de m’avoir déstabilisé elle se vante d’être sans doute plus libre que moi, qu’elle a le pouvoir de tuer et que parfois elle l’exerce. Un silence s’installe, comme je ne souhaite pas continuer à parler de mort et de droit de la donner. Elle me présente finalement une pierre mauve et me demande si j’ai déjà vu une pierre comme ça. Je l’inspecte de loin pendant quelques instants avant de répondre.

"Ça ressemble à une pierre de vision. Mais je ne pourrais pas l'affirmer. Par contre je connais quelqu'un qui pourrait peut-être t'en dire plus et qui doit être dans la tour. Essaie de trouver Ibn Al'sabbar. Lui peut, peut-être, t'aider."

Elle range sa pierre en secouant la tête. Elle sait déjà ce que c’est et qu’il en existe d’autres. Elle me dit vouloir les rassembler. Je reste silencieux, me gardant de lui dire mon avis sur le fait de rester sur Aliaénon. Elle plisse les yeux avant de déclarer que nous croiserons probablement à l'assemblée et qu'ensuite elle s'en ira. Elle me salue ensuite d'une manière qui pourrait laisser entendre que nous nous reverrons. J’incline la tête et ajoute avant de partir de mon côté.

"Ne le prends pas mal. Mais j’espère sincèrement que nos chemins ne se croisent plus."

Je l’entends rétorquer, rageuse, qu’elle serait ravie de me faire la peau si ça arrivait. Plus qu’une nuit et demain nous saurons ce qu’il va se passer pour ce monde. Enfin... Je rentrerais chez moi.

((3/3))

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Yurlungur
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Yurlungur » jeu. 22 août 2019 10:46

Post-squelette :
- Yurlungur accepte de ranger son arme et de passer à travers le portail vers la Tour
- Récupération / soins à la Tour d'Or
- Aparté avec Naral
- Aparté avec la Trinité
- Aparté avec Xël
- Reste à la Tour pour l'assemblée

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Jorus Kayne
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Jorus Kayne » jeu. 22 août 2019 10:49

Kivan affirme lui aussi son accord concernant la réunion avec les représentants des cités majeures d’Aliaénon. Tout comme il admet que des mercenaires venant d’un autre monde n’ont pas à émettre leurs avis concernant tel ou tel sujet politique de ce monde. Il me donne raison quant à notre devoir de ramener Naral auprès du Conseil d’Or. Même s’il n’était pas présent le jour où nous avons été mandaté officiellement, il en a sûrement appris suffisamment lorsqu’il s’est présenté à la milice d’Oranan et a recollé les morceaux. Il interroge ensuite le Sans-Visage sur sa capacité à séparer le corps et l’esprit d’un elfe pour le faire intégrer le corps de Simaya, insinuant une possible association avec Vallel.

C’est ensuite à Simaya de prendre la parole et cherche à calmer la soif de sang de Yurlungur en reprenant les mots qui ont été prononcés sur le sang versé dans la Lande Noire. Elle s’approche de Xël pour lui murmurer quelque chose et la main tendue, ouvre un cercle magique. Elle affirme que celui-ci est un portail menant à la Tour d’Or. Bien que certain pensent que le conseil a failli à sa tâche, il reste le meilleur endroit pour une réunion des dirigeants de ce monde. Nous aurons le choix entre attendre cette fameuse réunion ou rentrer chez nous immédiatement. La présence de Naral Shaam avec nous garantira une récompense du conseil pour cette mission menée à bien. En revanche, elle menace ceux qui souhaitent malgré tout répandre le sang. Cela se fera au détriment de leur retour sur Yuimen.

Ensuite c’est le protagoniste au centre de tout ceci qui attire mon attention. Alors qu’Endar s’est rendu à ses côtés, Naral réprime une proposition inconnue pour éviter de subir un mauvais tour et compte bien se rendre au Conseil pour se faire juger, ainsi que défendre ses actions et les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi. Il termine qu’il s’en remet à Sibelle qu’il juge signe de confiance pour le livrer vivant à nos commanditaires.

Finalement c’est le Sans-Visage qui clôture notre réunion sur la Lande Noire. Il affirme qu’il n’a jamais voulu nuire à Simaya et qu’il a agi de la sorte uniquement pour l’empêcher de le priver de ses pouvoirs. Cependant il admet avoir agis de manière égoïste. Elle était sous son contrôle jusqu’à ce qu’Elurien la sorte de la grotte où se trouvait la fameuse Orbe liée à l’âme de la divinité. En revanche il réfute d’éventuelles accusations concernant le fait que l’âme de Naral et Vallel, principalement, aient été absorbés par elle. Elle possède des pouvoirs dont même elle ignore les limites. Il affirme qu’il n’est lié par aucune association avec un quelconque clan dans le conflit qui nous oppose à Vallel, sa reine et les diverses races de notre monde.

"Cela ne me concerne pas, cela ne doit pas concerner Aliaénon."

Il précise que même s’il n’empruntera pas le portail, une partie de son être attend déjà à la Tour d’Or pour participer au conseil. Il sera le représentant de ses dévots, au même titre que les dirigeants des cités qui y participeront. Il termine qu’il va transmettre par le biais d’autres avatars la réunion à venir et qu’ils sont priés d’être présents.

Pour ma part j’aimerais rester auprès de Simaya, Je garde ce sentiment de protection depuis notre assaut conjoint, mais il semble qu’elle sera la dernière à partir. De plus, je doute fortement que quiconque tentera quoique ce soit contre elle. Nous revenons aux pieds de la Tour d’Or à l’intérieur de laquelle le Conseil nous y attend. J’y retrouve la ravissante Honoka ainsi que d’autres membres du conseil que je connais et d’autres qui me sont inconnus. C’est bien entendu, la plus belle qui prend la parole et je reste médusé à ses…lèvres. Elle nous remercie d’avoir mené jusqu’à la fin notre mission. Bien que dans notre entreprise nous ayons perdu Thensoor, Naral est présent, vivant de surcroît, ainsi que Siamaya Sombrecroc qui avait disparu. Pour cela, une récompense de quatre mille yus pour tous remis à notre retour à Oranan, peu importe sa participation. Je me fais la remarque que nous ne nous sommes pas tous présenté devant le conseil pour cette mission, mais nos actes ont convergé vers le même objectif. Enfin en omettant Endar bien entendu. Elle annonce ensuite la venu d’un conseil exceptionnel ouvert aux dirigeants des différents peuples d’Aliaénon afin de décider dur sort de Naral, du Sans-Visage et sur le chemin que va prendre ce monde dont l’éventuelle fermeture des fluides qui donnent accès aux autres mondes. Nous sommes également conviés à cette fameuse réunion pour nos services, même si nous n’y seront que spectateurs. Libre à nous de rester pour y assister ou de repartir immédiatement et dans l’éventualité où nous souhaiterions rester sur Aliaénon délaissant Yuimen, il nous faudra attendre les décisions prises par l’assemblée. Elle termine son discours en nous félicitant une ultime fois pour notre intervention.

Bien que je ne connaisse que peu ce monde, je compte bien assister au dénouement de cette histoire qui me dépasse. Pour l’heure, je vais rejoindre un banquet pour me nourrir un peu plus que ces derniers jours. Parmi les places déjà prises, l’une d’elles attire mon attention par la personne qui y a posé son magique postérieur. Je m’approche de Xël et m’assoie à ses côtés. Il est le premier à qui j’ai parlé à mon arrivée ici, le premier qui m’a parlé de ce monde, il sera peut-être le dernier avant mon départ. Je prends le premier morceau qui passe devant moi, espérant y trouver l’appétit et entame la discussion.

"Tu en penses quoi de cette réunion ? Tu crois qu’elle aboutira à quelque chose de concret pour tous les peuples ?"

Il sursaute quand je lui adresse la parole, perdu vraisemblablement dans ses pensées. Il me rétorque que oui et qu’ils sont le mieux placés pour juger ce qu’il y a de mieux pour eux et ce qui les arrangent. Mon regard se porte au loin, comme si je me projetais à la réunion imaginant les propos et éventuels conflits.

"Reste à savoir s'ils arriveront à un accord équitable. Tous n'ont, je pense, pas les mêmes revendications."

Je saisis un morceau de légume, ignorant s'il va être à mon goût et hésite.

"J'ai un arrière-goût d'inachevé, comme si je n'avais servi que transporteur pour le compte du conseil. Enfin avec le dragon et Vallel en prime. Je suis pas mécontent de ne pas avoir croisé sa route d'ailleurs."

Xël lève les yeux de son assiette pour regarder à son tour au loin. Il me répond qu’il a le sentiment que ce n’est pas la dernière fois que nous en entendrons parler et me demande ce que je sais sur lui. Je crois sentir qu’il va me narrer bien des choses que j’ignore concernant Vallel. Toujours avec le légume en main, je le croque et affiche un regard surpris de celui qui se demande s'il n'aurait pas fallu éplucher le bestiau en premier lieu. Alors que Xël a encore son regard au loin, j'en profite pour recracher aussi discrètement cette chose de ma bouche.

"Vallel ? Lieutenant d'Oaxaca, il a commandé des armées pour marcher sur Fan-Ming. Il devait être mort avant qu'on ne le recroise. Bon je te l'avoue il y a peu de chance que je l'invite si je devais organiser des festivités. Néanmoins il offrirait une belle récompense pour Endar, ce qui le fait remonter dans mon estime, mais ça reste insuffisant pour le laisser s'occuper des convives à l'entrée. J'ai bon ?"

Il me répond rapidement qu’il sait ce qu’il a fait ici. Ce qui l’intéresse c’est ce qu’il a fait sur Yuimen. J'ai un moment d'inactivité totale lorsque Xël évoque des activités sur notre monde d'origine.

"Yuimen ? Je croyais que vallel avait passé ses jours ici !"

Je m'arrête un instant et reprends pour moi-même.

" Quoiqu'il a bien fallu qu'il soit lié à la déesse noire d'une manière ou d'une autre. Tu en sais quoi à ce sujet ?"

Je regarde avec Sérieux Xël me raconter son inquiétude vis-à-vis d'Oaxaca et de Vallel. Il m’explique qu’il l’ignore tout simplement. Il ne s’est jamais intéressé à Oaxaca et toute sa clique et je présume que c’était le cas jusqu’à sa première rencontre avec un des lieutenants. Il me confirme s’était toujours senti loin de l’influence de la reine noire, mais il a compris que ce n’est pas Kendra Kar, mais tout Yuimen qui était en danger lorsqu’il a vu la marée d’orcs que pouvait rassembler par la déesse sombre. Son esprit est hanté depuis ce jour avec ces images et il compte empêcher que les évènements qui se sont déroulés lors de la Grande Guerre ne trouvent échos sur Yuimen. Pour empêcher Vallel de nuire à nouveau il a tué Elurien, mais il ignore ce qu’il a réalisé sur notre propre monde. Selon lui, j’avais l’air d’en savoir plus.

"Non, je suis resté jusque là loin d'Oaxaca, enfin jusqu'à Vallel que je n'ai même pas croisé d'ailleurs. Je ne sais pas ce qui est arrivé de ton affrontement avec lui, mais tu as peut-être bien fait. Que serait-il advenu s'il s'était rendu à Escar'Olth avec son armée immortelle d'un côté et les sorciers de la cité de l'autre ? C'est terrible, mais probablement mieux ainsi. Moi je suis venu ici parce que j'en avais marre de fuir continuellement. Si ce n'est mon passé, ce sont les Shaakts, ou les assassins quand il ne s'agit pas d'un mage fou. Lorsque j'ai appris la demande d'aide je me suis dit que pour une fois je pourrais aider, aller de l'avant plutôt que de vivre avec la crainte permanente d'un danger. Bien entendu je ne m'attendais pas à affronter un dieu, un dragon, chevauchant moi-même une femme dragonne et aux côtés d'une poule géante, mais au final c'est surtout l'impuissance de faire davantage qui me peine. Mais peut-être que je trouverais de nouvelles possibilités après cette réunion."

Alors que je m’épanche sur mes émotions personnelles, Xël hausse brièvement les épaules avant de reprendre son repas.

(Bordel je viens de m’ouvrir à lui et il ne répond même pas ? Pas un « c’est bien mon gars », « tu as bien agis ». Même pas une tape dans le dos !)

Ne voulant pas partir sans avoir plus de réaction de sa part je cherche à titiller son humour. Sur la table un morceau de cuisse fait saliver mes papilles. Du coude j'attire l'attention de mon voisin.

"Tu pourrais me passer une cuisse de ce truc ressemblant à un poulet ?"

Je remercie Xël une fois que j'ai une cuisse entre les mains et juste avant de mordre dedans je m'arrête pour poser une question qui me titille depuis que j'ai été témoin de la chose.

"Dis voir, Sibelle, c'est quoi cette transformation en poulet géant, c'est nouveau ?"

Il me répond tout simplement que oui c’est bien une nouveauté, mais il ignore comment se fait sa transformation, si c’est une caractéristique inné qui vient de surgir ou dû à la magie d’Aliaénon. Encore une fois il termine en haussant les épaules.

(Bordel mais c’est pas rien de se transformer en super-poule ! Et lui il hausse encore des épaules. C’est une manie chez lui ? N’empêche, une poule de cette taille ça doit…)

J'ai des étoiles pleins les yeux à l’idée que je viens d’avoir en tête.

"C'est incroyable ! Tu sais si elle pond des œufs aussi ? Hooo tu imagines la taille de l'omelette que ça doit être ?"

Sans aucun amusement de sa part il me rétorque que devrais le lui demander directement.

(D’accord donc au niveau de l’humour on se trouve sous l’eau ! Complètement noyé par ses ressentiments.)

Voyant que ma remarque ne semble pas avoir trouvé de public, que m'en retourne à mon morceau de viande. Après quelques instants de silence entre nous, je me retourne vers le mage pour lui demander avec une légère tristesse visible.

"Comment tu fais pour tout laisser derrière toi ? Je veux dire tu as visiblement passé, comme d'autres, pas mal de temps ici. Il n'y a personne qui t'attend sur Yuimen ?"

A ma remarque il cesse enfin de manger pour observer son assiette avec mélancolie. Quelqu’un l’attend effectivement, mais il ne pouvait pas rentrer sans apporter toute l’aide qu’il pouvait fournir. Comme il l’a été mentionné à plusieurs reprises, les aventuriers de Yuimen sont en partie responsable des évènements de ce monde. J'enchaîne rapidement, en quête d'une réponse qui pourrait soulager ma conscience.

"Sans indiscrétion, ça fait combien de temps que cette personne t'attend ?"

Il réfléchit brièvement et calcul entre les mois qui se sont écoulés depuis sa venu et la charge contre un Titan, s’ensuit un coma d’une année, un voyage à Messaliah puis à Treoof que je suppose être des cités d’Aliaénon. Il est resté ici au Bourg d’Or pour travailler dans les plantations avant de rentrer. Ensuite une autre année s’est écoulé. Au final il estime entre deux et trois années passées ici. Il fait une remarque étrange concernant les perturbations magiques et l’écoulement du temps différents entre Aliaénon et Yuimen.

Je cligne des yeux assez rapidement comme si je me prenais une volée de coups. Après m'être remis de ce flot de révélations je me dois de l'interroger sur mes préoccupations.

"Waouh tu as...waouh, t'en a vécu des choses pardi ! Mais tu sous-entends quoi par écoulement de temps. Tu crois qu'il est possible que le temps sur yuimen se soit écoulé plus lentement ou pire, plus vite ?"

Xël me répond que c’est une chose difficile à dire, c’est une notion trop complexe pour qu’il puisse comprendre comment le temps peut s’écouler entre nos deux mondes. Je pense à ma camarade, laissée à Oranan avec une…légère brouille, cependant j’ai émis au Sans-Visage mon souhait de rester et comprendre les ennemis de ses suivants.

"Et qui penses-tu être capable de répondre à cette question ? Je t'avoue que la réponse pourrait à elle seule me dire si je dois partir ou non."

Selon lui Naral, ou Simaya éventuellement, mais s’étonne de savoir pourquoi je souhaite rester, surtout que les fluides peuvent se fermer à jamais. J’ai pour ma part trop de craintes pour abandonner ce monde où j’ai à peine foulé le pied.

"Peut-être oui, mais si ce n'est pas le cas et si Vallel trouvait un nouveau moyen de revenir d'entre les morts ? Ok ne sait pas ce qu'il va advenir de cette réunion alors je prévois sur le long terme avec les faits que je connais à savoir la demande d'aide du Conseil d'Or. Peut-être qu'ils feront de nouveau appel à nous. J'ai parlé avec le Sans-Visage avant que l'on ne pénètre dans la Tour d'Orsan, il m'a expliqué que mon envie de comprendre le code d'honneur des Sans Bannière pour évincer l'influence de Naral était voué à l'échec. Bon c'est plus compliqué que cela en réalité, mais je me demandais si à défaut de réussir sur cette voie, s'il n'y avait pas, parmi ces chevaliers certains hommes moins influencés par Naral. Bien sûr ce n'est qu'une hypothèse puisque je ne sais rien d'eux, mais ça pouvait valoir le coup d'essayer."

Il m’explique que les sans bannières n’ont qu’une obsession : arrêter le Sans-Visage. Ils sont liés à Naral par ce but, même si les méthodes diffères. Il marque une pause, semble pensif comme s’il cherchait quelque chose dans ses souvenirs avant de m’expliquer que je n’en apprendrais rien sur eux tout comme sur Naral. Son regard s’assombrit ensuite en mentionnant la promesse que lui et Vallel se sont faits. L’un désirant voir Kendra Kar sous les flammes tandis que l’autre se dresserait toujours sur son chemin. Tel est le destin de Xël, défendre Yuimen les lieutenants d’Oaxaca et selon lui, Aliaénon est pleinement capable de se défendre pour que n’ayons plus de raison de rester ici. L’alliance pour protéger Fan-Ming en est la preuve. Je suis resté silencieux, écoutant attentivement les paroles de Xël. Même après qu'il est fini je prends le temps de digérer les informations qu'il le délivre.

"Je crois que je commence à mieux comprendre ton point de vue et pourquoi tu souhaites voir une réunion des principaux acteurs de ce monde. Les maux d'Aliaénon peuvent désormais être résolus sans l'aide extérieure de yuimen par notre biais. Maintenant que Vallel n'est plus, Oranan et Kendra kar n'ont plus à craindre de danger depuis ce monde. Cependant tu ne crains pas que Vallel refasse une nouvelle entrée ? Tu pensais qu'il ne pourrait plus nuire à ce monde avant notre intervention non ?"

A ma question, il reste immobile un instant avant qu’un mince sourire fendille son visage. Le sourire du montagnard face à une montagne difficile à grimper ou du marin qui s’apprête à affronter la plus féroce des tempêtes. Un sourire de défi, d’une détermination sans faille. Les poings serrés et les flammes de volonté dans les yeux il déclare simplement.

"Je l’attends."

Au fond de moi je connais que trop cette expression et j’en ai vu beaucoup tomber. Xël est un mage puissant et je me dois de l’avertir de l’obstacle qui l’attend sur sa route.

"J'ai servi trois ans sur un navire et j'ai connu bon nombre de marins. Ce visage-là ne mets pas inconnu. En revanche, seuls ceux qui avaient un excellent équipage sont encore en vie. L'orgueil est le maelstrom du marin, une fois que tu es pris dedans il t'entraine jusqu'au fond. Garde bien cela en tête ou tu te noieras dans ta propre vanité !"

Il affiche un air à la fois surpris et amusé. Je me pensais pas être capable de sortir de genre de remarque philosophique, ni que ce soit le genre de remarque qui l’amuse. Il me rétorque finalement qu’il ne va pas pourchasser ces créatures sans préparations. Il fait mention de la récompense et prétend qu’il ne peut s’entraîner avec une telle somme.

(Je connais énormément qui ne seraient pas capables de cumuler une telle somme avec une seule vie, mais passons, il n’est pas temps pour ce genre de sermon.)

Cette fois-ci je regarde Xël avec un air assez grave. D'un petit coup de main je viens frapper amicalement la tête du mage.

"Mais qui te parle d'entraînement banane ? Même avec le plus grand talent du monde, un capitaine ne peut rien face aux éléments de la mer. Moi j'te parle d'équipage, de compagnons d'armes. A moins d'avoir la puissance du Sans-Visage je doute que tu puisses faire le poids face à Vallel, car lui risque de venir accompagner."

Je reporte mon attention sur mon assiette et ironise. Bien entendu c’est plus fort que moi.

"Après si tu ne sais pas quoi faire de tes yus, je peux les investir pour toi si tu le souhaites ! J'ai toujours cette panoplie grotesque qui me vient de plusieurs éléments de Sektegs réunis !"

Il reste confiant sur sa capacité à trouver d’autres personnes tout aussi motivé que lui sur sa route. Quant à mon équipement, non il ne semble pas intéressé. Au moins il sourit, c’est une grande victoire. Je tape légèrement le mage du poing et lui renvoie son sourire.

"Dans ce cas, on sera peut-être amené à se recroiser un jour."

Il hoche la tête avant de terminer de manger et de se lever.

"Maintenant je vais te laisser, j’ai vraiment lancé un tas de sorts et je suis épuisé. A la prochaine Jorus."

Il quitte alors la salle à manger en débarrassant son assiette, alors que je lève la main pour lui dire au revoir. Je fais désormais face à un ennemi encore plus grand que le dragon noir, Naral et Vallel réunis. Un buffet quasi à volonté et mon estomac qui ne semble pas en accord avec ce dont je lui sais capable.

(Alors que comptes-tu faire ?)

(Ma foi ce plat en sauce m’a l’air tout à fait à mon goût !)

(Non je veux dire pour la réunion. Tu penses y assister ?)

(Oui, même si je ne compte pas donner mon point de vue qui, il faut le dire ne vaut rien devant toutes les personnes qui y seront présentes. Mon avis vaut moins que celui de Xël, pourtant je doute que lui-même pense influencer la décision d’une manière ou d’une autre.)

(Et quel est ton point de vue au juste ?)

(Tu le sais déjà non ? Je pense qu’il vaut mieux ne pas fermer le portail. Des menaces supposées éteintes pourraient refaire surface et je ne te parle pas de celles présentes.)

(Tu parles de Naral et du Sans-Visage ?)

(Pas que ! Les Sans-Bannières, les Titans, les dragons et ça uniquement pour ceux dont j’ai entendu parler. Nos mondes sont liés et doivent le rester encore et je pense que nous en avons pas fini avec Aliaénon. Reste à savoir ce qui se conclura avec la réunion et il va falloir s'armer de patience jusqu'à son commencement.)

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Sibelle
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Sibelle » jeu. 22 août 2019 22:53

Jorus qui semblaient vouloir aussi connaitre la vérité, poursuivit la chaine de questions commencée par Sibelle. Tout d’abord, il demanda qui était assez puissant pour enfermer Naral Shaam et surtout sur les ordres de qui, il avait agi ainsi. Puis sans détour, il confronta Le Sans Visage en lui faisant remarquer qu’il aurait pu maîtriser Thensoor sans le tuer pour autant.

Kivan prit ensuite le relai. Comme tous les autres, il était d’avis que les yuimeniens devaient quitter Aliaénon. Il doutait par contre de la bonne volonté de Naral à vouloir les suivre. Puis défiant lui aussi le Sans-Visage du regard, il l’interrogea sur les esprits qui habitaient Elurien avant sa mort, craignant le retour de Vallel.

Ce fut Le Sans-Visage qui répondit le premier aux questions des aventuriers, Simaya demeurant au chevet du corps de son maître décédé et Naral, agenouillé, bougeant à peine de la tête.

Sibelle l’écouta avec méfiance. Contrairement aux autres aventuriers, elle ne l’avait pas côtoyé auparavant, mais ce qu’elle avait vu sur ces landes noires lui avait suffi pour éveiller quelques soupçons quant à son honnêteté. Il précisa d’abord qu’il n’avait pas tué l’archisorcier, mais l’avait plutôt secondé dans le combat contre les créatures de Vallel provenant des sous-sols de la tour. Puis il enchaina sur ses frères Titans dont il s’était opposé à leur retour. Puis, il répondit à Endar au sujet des géants de Sansarth. N’ayant pas le contexte, Sibelle ne comprit pas trop de quoi il en retournait. Ce que Sibelle avait noté par contre, c’est qu’il ne cessait de parler d’humilité gagnée et de l’amour qu’il portait pour son peuple qu’il avait tenté de protéger. Puis, il rassura Kivan en lui précisant que des tonnes de roches empêchaient désormais à toute probable vie sous les landes noires de revenir à la surface. Et pour ce qui était de Vallel, son esprit se rendra à la lande Tanathéenne où il ne pourra plus agir. Il termina en partageant l’avis de tous, la présence des yuimeniens, avait plus nui qu’aidé et il était temps qu’ils retournent dans leur monde. Il proposa donc de raccompagner les aventuriers et également fermer les fluides qui reliaient Aliaénon aux mondes extérieurs.

Alors qu’il venait à peine de terminer sa proposition, le rire moqueur de l’elfe violet se fit entendre. Prenant le temps de se relever, Naral prit à son tour la parole. Il avoua avoir échoué dans la mission qu’il s’était donnée, celle de lui faire payer les crimes passés. Par contre, il se refusait de taire la vérité qu’il avait découverte. Il dévoila que le Sans-Visage était responsable de l’entrée en sommeil des Titans, en réduisant leur âme, un à un. Afin de ramener l’équilibre, Naral avait provoqué leur réveil. Il expliqua ensuite que l’orbe dont Sibelle et Xël s’étaient approchés n’était rien d’autre que le réceptacle de l’âme du Sans-Visage. C’était ce dernier qui contrôlait Simaya afin de protéger l’orbe et de retirer tous ses pouvoirs au dragon mauve. Sibelle comprit alors pourquoi Simaya ne voulait pas que le Sans-Visage ne s’approche d’elle. Les pièces du casse-tête commençaient à prendre place. Naral fut ensuite livré au dragon noir qui désobéit au Marcheur de mort pour enfermer l’elfe mauve dans la tour d’Orsan comme s’il s’agissait de son jouet. Nous connaissions à présent le secret du Sans-Visage et le moyen de le rendre inoffensif. Il termina en précisant qu’il s’en remettait aux aventuriers, tout en les prévenant que le détruire libèrerait le pouvoir du Dragon Mauve. Un pouvoir corrupteur qu’il a pris en charge afin de protéger les siens et notamment sa sœur.

Simaya, toujours en deuil et donc pas en état de parler longuement, elle expliqua brièvement qu’il lui était impossible de prendre la direction des landes noires. Elle avait quitté ces terres pour rejoindre Esseroth. Elle n’était plus légitime pour régner, le trône ne la reconnaissait pas.

Songeuse suite à toutes ces révélations, Sibelle garda le silence, écoutant discrètement, les opinions des autres compagnons.
Xël en colère crachait sa haine envers Endar, décrivant avec justesse les comportements tortueux de ce dernier. Et il rebondit sur le danger de la présence de Vallel dans le corps d’Elurien. Si Vallel avait pris le dessus sur Elurien, il en était fini des landes noires. Puis Xël, s’en voulait de la mort de Thensoor, il regrettait sa mort et celle de Elurien. Puis s’adressant à Sibelle, il expliqua son point de vue, prétextant que le conseil d’or n’était plus ce qu’il était, plusieurs des conseillers étant morts ou ayant déserté de leur postes pour diverses raisons. Contrairement à Sibelle, Xël mettait toute sa confiance au Sans-Visage et déversait sa hargne contre l’elfe mauve. Le seul point que Sibelle partageait avec Xël, était la conviction qu’il n’était pas possible de détruire l’orbe.

Sibelle retroussa involontairement son nez lorsqu’Endar prit la parole, elle n’appréciait pas ce shaakt. Elle le plissa d’autant plus lorsqu’elle constata avec surprise qu’il partageait son point de vue sur plusieurs aspects, notamment sur l’apparente bienveillance du Sans-Visage. Sa remarque concernant les Titans, considérés comme monstre par le Sans-Visage, était pertinente. Tel qu’il l’expliqua les Titans n’avaient causé aucun ravage depuis leur réveil datant de cinq ans et ils n’avaient vécu aucun incident lorsqu’ils étaient passés au-dessus de leur territoire à dos de dragons. Tout comme Sibelle, il se méfiait du Sans-Visage.

Le shaakt venait à peine de terminer de parler que Yurlungur sortit d’on ne sait où, une lueur malsaine dans ses yeux bleus. Avec tout l’affront dont elle en était capable, elle provoqua Endar en duel singulier, l’accusant de traitrise et de menteurs… Accusations qui auraient tout aussi bien pu lui être elles-mêmes attribuées. La guerrière vit la jeune femme dégainer son arme et s’approcher de son adversaire, mais elle ne fit rien pour défendre l’elfe noir, il en était bien capable lui-même. Et puis, bien qu’elle devait avouer partager une partie de ses opinions, elle n’éprouvait guère de sympathie à son endroit.

Alors que Sibelle demeurait pensive, se contentant d’écouter et d’analyser ce qui se disait, Jorus prit le relai. Endar n’avait pas la sympathie de beaucoup de gens et encore moins celle du jeune humain d’une vingtaine d’années qui ne se priva pas pour remettre en question les soi-disant sacrifices décrit par Endar, décrivant l’aide qu’ils lui avaient apportée, ainsi que la non-reconnaissance qu’ils avaient récolté. Il termina en précisant qu’il ne retournerait pas sur Yuimen tant qu’il n’aurait pas respecté sa parole, c’était à dire, ramener Naral à la tour d’Or. À cette parole, Sibelle poussa un soupir de soulagement, elle ne serait pas la seule à protéger l’elfe aux cheveux violets.

Sibelle tourna ensuite son regard vers Kivan qui venait d’enchaîner. Tout comme Jorus et Sibelle, il tenait à ramener Naral à la tour d’Or, paroles qui finirent de rassurer la guerrière. Puis tout en terminant, il demanda au Marcheur des morts la raison qui pour laquelle il avait attaqué Simaya, cette dernière étant sous son pouvoir. Sibelle s’intéressait à ces questions et était curieuse et impatiente d’entendre la défense de l’unique.

Ayant repris sa contenance, Simaya remit rapidement la jeune assassine à sa place, l’avertissant qu’elle ne pourrait bénéficier du voyage de retour et serait condamné à demeurer sur les landes noires si elle s’avisait d’initier un combat.

Puis après s’être approchée de Xël et de lui avoir murmuré quelques paroles à l’oreille, elle ouvrit un portail au milieu de la lande. Elle s’adressa ensuite à tous, indiquant que cette porte magique les amènerait à la Tour d’Or. C’était à cet endroit que ce réuniraient tous les dirigeants des cités d’Aliaénon. Une fois là, les aventuriers auraient le choix de retourner immédiatement sur Yuimen, ou d’y rester quelque temps afin d’assister à l’assemblée unique. Elle termina en signifiant que la réussite de leur mission de ramener Naral, garantirait une récompense.

Pour sa part, Naral Shaam but dans la gourde offerte par Endar, et tout en lui rendant, il déclara haut et fort qu’il ne se servirait pas de cette remontée de force pour leur faire faux bond. Il tenait à se rendre au conseil, où il serait jugé et où il lui serait possible de défendre son point de vue et ses actions. Puis, croisant le regard de l’hinionne, il lui tendit sa main pâle, lui signifiant qu’il savait pouvoir lui faire confiance pour assurer sa sécurité jusqu’à la tour d’Or. Sans la moindre hésitation, la belle s’approcha de lui, prit la main tendue et le conduisit jusqu’au portail qu’elle traversa en sa compagnie. Pendant tout ce temps, elle demeura silencieuse, attentive à tout ce qui se disait et aussi alerte au cas qu’un des aventuriers tente une sournoise attaque.

Elle entendit donc le Sans-Visage répondre qu’il ne voulait pas nuire à Simaya, mais l’empêcher de le priver de ses pouvoirs. Paroles que Sibelle accueillit d’un retroussement de lèvres, elle doutait fortement de la véracité de ces paroles. Il annonça ensuite qu’il n’emprunterait pas le portail, mais serait parmi eux sous une nouvelle apparence à la Tour d’Or.

La traversée du portail se passa sans incident. Ayant sa mission de protection en tête, et ayant sa main droite dans celle de l’elfe, Sibelle n’eut le temps de se préoccuper de ses craintes à traverser les fluides magiques.

Le portail les mena directement au Bourg d’Or, tout juste aux pieds de la tour du même nom. Un comité d’accueil les attendait dans la salle du conseil. Sibelle reconnut d’abord la reine blanche puis aperçut la conseillère représentant Fan- Ming, Ibn Al’Sabbar vêtu de rouge éclatant ne passa pas inaperçu, le conseiller des elfes de Jollarsyth prenant place à ses côtés. Bien sûr, Simaya était déjà parmi eux. La guerrière avisa même la présence du Sans-Visage, qui tel que promis se tenait là sous une nouvelle apparence, tout de noir à l’exception de son cœur et de sa tête auréolée.

Une fois que tous prirent place dans la salle, Naral tout juste à la droite de Sibelle, Honoka prit la parole. Après avoir souligné le triste décès de Thensoor, la suite de son discours consistait en des remerciements pour la réussite de la mission ainsi que de l’annonce d’une récompense d’une somme colossale de 4 000 yus chacun. Cette bourse leur serait remise par le capitaine de la milice dès leur retour à Oranan. Pour la guerrière, la vraie récompense était la réussite de la mission. Mais elle ne cracherait pas pour autant sur les yus donnés, bien qu’elle n’en ait pas vraiment besoin, possédant déjà suffisamment de yus dans sa bourse pour améliorer son équipement. Et puis, elle renoncerait bien à cette somme si ça lui permettait de ramener Thensoor. Sa réaction ne venait pas du fait qu’elle avait tissé un lien avec lui, elle le connaissait à peine. C’était plutôt par le fait qu’elle avait échoué à le protéger tel qu’elle s’y était engagée. La représentante de Fan-Ming annonça ensuite qu’une assemblée aurait lieu dans les jours à venir, un conseil exceptionnel y serait formé à partir des dirigeants des peuples d’Aliaénon. Il y serait décidé du sort de Naral, du Sans-Visage, ainsi que le destin d’Aliaénon. Tous les aventuriers furent invités à assister à l’assemblée, chacun étant libre d’accepter ou de refuser ce privilège accordé suite à la réussite de leur mission. Comme seule restriction, il leur était demandé de demeurer à la Tour d’Or. Son boniment se termina par un dernier remerciement.

Peu de temps après, discrètement, et sans aucune brusquerie, deux chevaliers d’Or prirent place de chaque côté de Naral, prêt à l’escorter jusqu’à ses appartements. Sibelle les observa sans dire un mot. Lorsque ce dernier se mit en marche, les chevaliers d’or l’accompagnèrent et Sibelle les suivirent quelques pas derrière, ne cachant aucunement ses intentions, tout en demeurant silencieuse. Ce ne fut qu’une fois que Naral se trouva devant la porte de ses appartements que Sibelle lui demanda :

« Je peux vous parler en privé ? »

L’elfe acquiesça positivement à la requête de la guerrière, la laissant galamment entrer avant lui.

Sibelle attendit que Naral s’assoie, puis tira vers elle la chaise la plus proche, la plaça en face de l’elfe et y prit place. Sans perdre de temps, fidèle à son tempérament impulsif, elle rompit le silence en demandant d'une voix calme dénuée de toute agressivité. Une voix agréable sans être familière, ni insistante:

« Je voudrais comprendre. ... et ne me dites pas que j'en suis incapable, vous ne me connaissez pas. »

Vraisemblablement curieux, un sourcil relevé, il lui demanda ce qu’elle cherchait exactement à comprendre.

« Plusieurs choses en fait » répondit-elle « Mais d’abord votre haine pour le Sans-Visage. Vous sembliez être plus investi que pour une simple mission »

Il répondit qu’en effet le Sans-Visage personnifiait ce qu’il combattait sur Aliaénon : le déséquilibre, la puissance absolue. Il s’était fixé pour but de trouver que cet être pouvait être vaincu qu’il ne pouvait, ni lui ni personne d’autre être unique et tout puissant.
Attentive à ses paroles, Sibelle buta sur un mot : l’équilibre.

« Ramener l'équilibre... vous étiez mandaté par Brytha ? »

Il opina de nouveau du chef. Ce fut en effet la déesse grise qui l’avait mandaté de rétablir l’équilibre sur Aliaénon. Mais plus sa mission avançait et plus il se détachait de sa déesse, de sa volonté. Il avait appris à apprécier ce monde avec ses différences et ses possibilités. Puis la présence des aventuriers lui a rappelé sa mission. Emporté par sa mission, sans s’en rendre compte, il est devenu ce qu’il redoutait que le Sans-Visage devienne. Les aventuriers de yuimen, lui en ont fait prendre conscience. Tout était à présent plus clair dans l’esprit de Sibelle, mais elle avait encore d’autres interrogations.

« Contrairement à Xël, je ne fais pas confiance au Sans-Visage...Je ne le sens pas. Et pourquoi Xël vous en veut autant ? Pour avoir tué les combattants sur les portes de Fan-Ming ? Pourquoi ? »

Honnêtement, il ne comprenait pas la haine que Xël nourrissait à son égard. Il le croyait sous l’influence du Sans-Visage. Pour ce qui était de Fan Ming, il lui raconta sa version. C’était la guerre, et ils n’étaient pas dans le même camp, oui, il a fait des victimes, mais Xël en a fait autant. Naral expliqua que c’était grâce à lui si Vallel ou Oaxaca n’avait pas remporté la victoire. Son but ultime était de provoquer une quantité énorme de magie et de sorts de la part des défenseurs et des aventuriers afin d’éveiller les titans. Et il était arrivé à ses fins. Il avait conclu un accord avec les Ouessiens de Nagorin qui ont rendu possible la mort de Vallel.

La belle avait vu juste, les explications de Naral étaient plus claires que tout ce qu’elle avait entendu de Xël ou de Endar.

« Je comprends mieux cet aspect à présent...»

Elle s'arrêta, hésitante, sentant que le prochain sujet serait délicat.

« Et votre sœur que vous protégiez ? Ce pouvoir du dragon mauve ? »

Après avoir fixé l’hinionne un moment, il lui avoua qu’elle lui faisait un peu penser à sa sœur. Il avait voulu la protéger et s’éloignant et éloignant du coup le pouvoir du dragon mauve. Mais il s’ennuie d’elle et il craint aussi pour sa sécurité. Il aimerait la revoir, mais il réalise pour la première fois que ce sera peut-être impossible. Il était conscient qu’il risquait la peine de mort, ce qui réduisait à néant la possibilité de la revoir. Sibelle l’observa un moment songeuse, l’elfe prétentieux et sûr de lui avait disparu, elle voyait la vraie nature de cet elfe tourmenté.

« Dans le jugement qui vous attend, vous croyez que la mort est une éventualité ? Un bannissement de leur monde ne serait pas suffisant? »

Sibelle était à présent sur le bout de sa chaise. Une idée germait peu à peu dans sa tête et elle attendait la réponse de son vis-à-vis avant de lui proposer.

D’un haussement d’épaules, il affirma que tout était possible. Il ne s’agissait pas que de son jugement, mais aussi d’apaiser leur colère et il s’avérait être le souffre-douleur idéal pour apaiser leur soif de sang.

Redressant ses épaules fièrement, la guerrière lui dévoila ce qu'elle avait derrière la tête.

« J'ai pris ma décision, je vais rester ici et assister à l'assemblée... Si jamais la mort est votre unique issue, je vous propose d'être votre messager. Je pourrais retrouver votre sœur et lui transmettre le message que vous désirez. »

Elle rajouta au bout d'un moment :

«C'est peu, mais c'est ce que je peux vous offrir... à moins qu’une autre requête ne vous convienne davantage. Je vous écoute. »

La tête basse, il demanda à ce que sa sœur sache qu’il l’aime et qu’il ne voudrait pas qu’elle cède quoique ce soit au Dragon Mauve.
Sibelle, consciente du bouleversement interne de l'elfe mauve, conserva le silence un petit moment. Puis rajouta :

« J'en suis rendue à l'autre point que je voulais aborder. Sur les landes, vous avez dit que si vous mouriez, le pouvoir du dragon mauve serait libéré....Que peut-on faire pour empêcher qu'il tombe entre de mauvaises mains ? »

Se laissant aller au ricanement un court moment, il dit que le laisser en vie serait le meilleur moyen. Puis plus sérieusement, il expliqua qu’il n’existait aucun moyen de l’empêcher de trouver un mauvais porteur si ce n’était de s’en emparer. Mais ce n’était pas un cadeau, cela demandait du sacrifice et du temps et surtout, ce pouvoir pouvait corrompre.

Consciente de son tempérament intempestif, Sibelle commenta:

« Je ne peux pas être le récipiendaire d'un tel pouvoir, le sang bouillonne trop dans mes veines, je suis impulsive et colérique.... Simaya pourrait être une bonne candidate ? »

Sans quitter les prunelles dorées, la tête penchée sur le côté, elle ajouta:

« Vous gardez en vie serait la meilleure solution en effet... Quelqu'un avec assez d'influence et de charisme pourrait intervenir ainsi en votre faveur ? S'il suffit d'aller chercher cette personne, dites-moi qui et je l'amènerai à l'assemblée. »


Il secoua la tête de gauche à droite, Simaya ne pouvait acquérir ce pouvoir qui était lié à Yuimen. Bien que Sibelle pourrait obtenir droit de parole à l’assemblée, elle ne pourrait y faire entrer n’importe qui. Et puis de toute façon, il ne voyait pas qui pourrait le défendre.

Le visage de la belle s'empourpra légèrement, elle n'envisageait pas la défaite, peu importe s'il s'agissait d'un combat avec les armes ou avec les mots. Elle ne savait pas ce qui la poussait à tenter de sauver cet elfe mauve, mais elle suivait son instinct. Persévérante, elle ne voulait pas lâcher le morceau et cherchait une solution.

« C'est à vous de me dire qui pourrait vous défendre... vous ne devez pas avoir que des ennemis... Sinon que pourrais-je faire pour tenter de vous garder en vie ? »

Les idées se bousculaient dans sa tête, et elle était bien consciente qu'elle passait d'un sujet à l'autre.

« Si nous échouons dans notre tentative de vous maintenir en vie ...y aurait-il moyen que je transporte ce pouvoir jusqu'à Yuimen, afin de le transférer à quelqu'un d’assez fort pour le contrôler.. ? »

Elle poussa un soupir puis repartit de plus belle :

« Et votre sœur, je dois connaitre son nom, sa description et où la trouver. »

Ne montrant aucun signe d’impatience, malgré le désordre des questions de Sibelle, il répondit simplement qu’elle pourrait le défendre elle-même. Pour sa part, il ignorait s’il existait encore des dirigeaient qui le portaient encore en estime. Ils n’avaient pas d’autres choix que d’attendre de voir ce qui en était à l’assemblée. Il enchaina ensuite sur Amaya Shaam, sa sœur, une elfe blanche aux yeux dorés qui habitait sur l’ile interdite située au large de Kers. La couleur violette de ses cheveux lui venait du pouvoir du dragon mauve, les cheveux de sa sœur n’arboraient pas cette couleur. Pour ce qui était de se pouvoir, il ne pouvait se transporter. Si Naral venait à mourir, le pouvoir reviendrait de lui-même sur Yuimen et dormirait jusqu’à ce que quelqu’un s’en empare. Il n’était pas facile de s’en approprier, pas plus de le contrôler.

« Alors je vous défendrai au mieux de mes capacités. Espérons que ce soit suffisant pour vous épargner la mort. » Répondit Sibelle avec sincérité.


Elle laissa le silence s'installer, Sibelle ne le craignait pas. Elle se permit de réfléchir aux dernières paroles prononcées par l’elfe blanc aux cheveux mauves. Puis toujours en fixant cette chevelure à la couleur particulière, ses yeux se plissèrent. Elle venait tout juste de se rappeler qu’elle avait trouvé une pierre mauve dans son sac. Sans dire un mot, elle le sortit et le tenant dans sa paume ouverte, elle le montra à Naral.

« J’ai trouvé ceci dans mes affaires, vous connaissez ce type de pierre ? »

Intrigué, il plissa ses yeux dorés et observa la gemme quelques minutes. Concentré, un éclair passa dans ses yeux et le doute gagna son esprit comme si ça ne pouvait être ce qu’il pensait que c’était. Puis, après d’autres hésitations, il finit par expliquer qu’elle ressemblait à s’y méprendre à l’une des pierres de l’ancien Dragon Mauve, Mongoor Vlash. Il utilisait celles-ci afin de soumettre ses hommes de main. Naral en avait déjà fait partir avant de le trahir de l’éliminer. Ce Mongoor Vlash était un être malfaisant. L’elfe trouvait étrange que Sibelle en possédait une et se demandait comment elle en avait fait l’acquisition.
Sibelle fronça alors les sourcils, consciente de la dangerosité d'une telle pierre.

« Dans mon sac. » Répondit-elle... « Je l'ai trouvé là. Quelqu'un l'a mise là à mon insu. »
Sans lâcher du regard cette pierre maléfique, elle rajouta:

« Vous pensez qu’il en existe de nombreux exemplaires ? »

Il semblait ennuyé. Il en vint à l’hypothèse qu’elle avait pu être générée à distance. Cependant, seul le dragon mauve originel possédait ce pouvoir de création, et il avait été détruit. Et il affirma que ce n’était pas lui qui avait créé cette pierre-là. Il ne savait pas trop pourquoi cette pierre s’était trouvée là, mais il croyait qu’il y avait un lien avec le temple de Mongoor Vlash, située sur l’île interdite.

Croyant ne pas avoir eu de réponses à sa dernière question, elle l'a reformula:

« Ces pierres existent en nombreux exemplaires ou son nombre est limité ? »

Il fit une grimace d’impatience en répétant qu’elles pouvaient être générées donc leur nombre s’avérait être difficile à déterminer, sauf pour leur créateur, évidemment.
La mine de Sibelle se renfrogna.

« Il est fort probable que je ne sois pas la seule à en avoir hérité... c'est ce qui est inquiétant. »

Après un soupir d'exaspération, elle questionna de nouveau.

« Et vous savez comment ces pouvoirs sont déclenchés ? Connaître son fonctionnement me permettrait d'éviter de déployer ses pouvoirs par inadvertance. »

Sa bouche se tordit, en une moue dédaigneuse puis elle renchérit:

« Le fait de la posséder me rend vulnérable et contrôlable par la personne qui l'a généré ? Ou bien au contraire me permet de contrôler d'autres personnes ? »

Elle s'arrêta à peine une petite seconde avant de poursuivre.

« Et ne vous moquez pas de mon ignorance, je ne connais rien à la magie et j'avoue qu'elle m'effraie assez. » Avoua-t-elle promptement, légèrement sur la défensive.

Il confirma que d’autres gens devaient en avoir hérité également. Il la rassura aussi en lui expliquant qu’elle ne risquait rien en la possédant. Son pouvoir ne pouvait être activé que dans les profondeurs du temple. Il n’y avait aucun contrôle mental à redouter, il s’agissait seulement d’un cadeau offert aux nouvelles recrues. Ce qui l’inquiétait, c’était qu’elle s’était retrouvée là alors que seul le Dragon Mauve pouvait en produire. Il ne croyait pas en la possibilité du retour à la vie du dragon, pas plus à l’existence d’un second.
Sibelle questionna de nouveau:

« Et il n'existe personne d'autre d'assez puissant pour s'être emparé de ce pouvoir en se rendant au dit temple ? »

D’un air amusé, il rétorqua que quelqu’un pourrait y avoir accès après l’avoir tué. Sibelle n’était pas certaine d’avoir bien saisi le sens de ses paroles, mais elle jugea qu’elle avait suffisamment creusé le sujet pour le moment.

Puis jetant un coup d'œil à la pièce dans laquelle ils se trouvaient, elle rajouta :

« Mais d'ici l'assemblée, la présence des chevaliers d'Or à votre porte sera-t-elle suffisante ? Si vous acceptez mon aide, je peux rester dans cette pièce afin d'assurer une sécurité supplémentaire. »

Tout en lui souriant, Naral déclina l’offre de la guerrière. Il ne trouvait pas bien logique d’attaquer un ennemi qui avait rendu les armes. Il ne pensait pas que ses ennemis se rendraient jusque-là, et puis il ajouta qu’il savait aussi se défendre et termina en la remerciant tout de même de sa proposition.

Reprenant son air fier, Sibelle se leva et déclara:

« Je me méfie du Sans-Visage, ... il aurait pu vouloir votre silence de peur que vous dévoiliez d'autres de ses secrets.... Mais je ne voulais en aucune façon sous-estimer vos capacités que j'ai vu à l'œuvre et que je sais supérieures aux miennes. »

Le saluant de la tête, elle rajouta:

« Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à mes questions, je ne vous dérangerai pas plus longtemps. »


Il rendit son salut à la belle et conclut que le Sans-Visage ne prendrait pas un tel risque, il avait trop à perdre en agissant ainsi. Son sort serait également décidé lors de l’assemblée et une erreur de ce genre pourrait l’amener à l’échafaud.

Sibelle opina de la tête, l'elfe aux cheveux mauve avait bien raison. Elle se saisit de la poignée de porte, regarda une dernière fois cet elfe aux yeux dorés hypnotisant, puis sortit et referma derrière elle.

Elle se rendit alors immédiatement à la chambre qui lui avait été attribuée, n’ayant aucunement l’envie de se sustenter. Elle utilisa le plat d’eau à sa disposition pour s’en asperger le visage, fit quelques exercices de musculation, puis s’étendit sur son lit pour méditer.
Le lendemain, elle rencontra Xël dans le corridor la menant à une salle d’eau. Il avait retiré tous ses vêtements, et seule une serviette de taille moyenne cachait ses attributs masculins. À sa vue, elle s’arrêta perplexe et l’interrogea du regard. La vision de la belle le fit sourire, mais à sa réaction, il rit tout en expliquant que ses vêtements n’étaient pas secs.

Sibelle sourit alors bien malgré elle, l'insouciance de Xel, ne la surprenait plus.

Elle était désormais plus détendue, leur mission avait été menée à bien, Naral avait été reconduit à la tour d'Or, sa discussion avec ce dernier l'avait aidé à faire la lumière sur plusieurs points et la guerrière croyait qu’il serait jugé équitablement. Du moins, elle y assisterait et n’interviendrait que si elle le jugeait nécessaire.

Elle regarda donc le mage dans les yeux et lui demanda:

« Quels sont tes projets ? Retournes-tu immédiatement sur Yuimen ? »

Il répondit par la négative. Il tenait à entendre la décision du conseil, ce après quoi, il retournerait à Kendra Kâr revoir les êtres qui lui sont chers. Il planifiait chercher ensuite un moyen de progresser et de participer à la lutte contre Oaxaca.

Sibelle réfléchit un court moment, sans quitter le mage des yeux. Elle réalisa, bien malgré elle, qu'elle avait apprécié la présence du mage à ses côtés, même s'ils ne partageaient pas du tout le même point de vue de l'affaire. Elle se décida enfin à répondre.

« Je pensais quitter Aliaénon immédiatement, mais tout compte fait, je vais également assister à la réunion du conseil. Nos témoignages seront peut-être utiles à l'enquête. »

Précisa-t-elle en omettant volontairement de lui mentionner qu’elle avait rencontré Naral.

Trop orgueilleuse, Sibelle n'avoua pas que le mage allait lui manquer et qu'elle retardait un peu son départ pour, entre autres, profiter encore de sa présence.

Reprenant un air sérieux, Xël précisa qu’il ne songeait pas à témoigner, mais seulement observer. Il souhaitait que les décisions prises par les dirigeants des cités ne soient pas influencées par les yuimenniens.

Sibelle prit également un air sérieux:

« Et s'il y avait injustice ? »
L'hinionne semblait incapable de se départir de son sens du devoir, de sa soif de justice.

Après lui avoir offert son sourire habituel, Xël philosopha sur le sens du terme justice. Argumentant que ce monde leur était inconnu, et qu’ils n’en connaissaient pas les mœurs, appuyant ses dires en racontant une expérience vécue à Arothiir où il avait été choqué par le dénouement d’une situation où une femme avait été tuée et l’homme coupable impuni.

Les sourcils froncés, Sibelle se contenta d'expirer bruyamment, démontrant ainsi que la situation la choquait également. Elle rajouta donc:

« Je veux tout de même assister à cette assemblée pour connaitre les décisions qui y seront prises.... mais pour la suite, je n'ai aucun projet précis. »

Tout en hochant la tête, Xël lui fit remarquer qu’en tant que guerrière, les missions devaient se trouver facilement, puis il lui parla de son pouvoir de transformation.

Elle le regarda sourire, sachant pertinemment que ce sourire lui manquera. Elle resta sérieuse pour sa part.

« Je ne suis pas inquiète pour la suite, je trouverai bien une mission à mener lorsque je serai de retour sur Yuimen. Pour mes nouveaux pouvoirs, je me demande s'ils seront effectifs sur Yuimen ou bien seulement sur Aliaénon. »

Il s’était posé la même question que la guerrière à propos de ses propres pouvoirs acquis sur Aliaénon. Puis, plongeant son regard dans celui de l’elfe blanche, il laissa écouler quelques secondes avant de lui déclarer, qu’il espérer la revoir, qu’elle allait lui manquer.

Le rouge monta rapidement sur les joues blanches de l'hinionne, elle savait que trop que le mage allait lui manquer également.

Cependant, elle était incapable de l'exprimer, par orgueil ou par peur de montrer sa vulnérabilité, elle n'en savait rien. Elle resta donc interdite face à cette déclaration, la bouche ouverte sans qu'aucun son n'en sorte

Amusé par la réaction de l’hinionne, doucement, il s’approcha d’elle, redoutant sans doute une réaction violente de sa part, et lui fit une accolade amicale, sans aucun geste déplacé, profitant de cette proximité pour lui murmurer à l’oreille qu’il la remerciait de lui avoir sauvé la vie.

L'hinionne laissa le mage s'approcher d'elle sans faire le moindre mouvement de recul. Se surprenant elle-même, elle répondit à l'accolade amicale. Au remerciement du mage, elle lui répondit à voix basse, sans colère, avec à peine un peu de reproches dans la voix.
« Tâche d'être plus prudent dans tes actions. Je ne serai pas toujours là pour te rattraper dans tes actions suicidaires. »
Xël se permit de rire à la recommandation de Sibelle puis précisa ensuite qu’il s’agissait davantage d’un sacrifice que d’un suicide. Par son action, il avait voulu s’assurer que ses compagnons aient le temps de s’enfuir avant l’effondrement de la tour. D’un autre côté, il souhaitait que les débris de la tour ensevelissent Vallel et empêchent ses créatures de s’échapper. Il était par contre content d’être encore de ce monde.

De tous les compagnons d'armes que Sibelle avait connus, seul Xel était pourvu d'une telle générosité... se sacrifier pour les autres.
« Sois prudent tout de même. » Rajouta-t-elle.

Tout en hochant la tête, il confirma qu’il serait plus prudent et en profita pour donner le même conseil à sa compagne d’aventure.
Sibelle, qui n'aimait pas les adieux, poursuivit:

« Je suis une guerrière.... mais on ne se quitte pas immédiatement, on se verra à l'assemblée. »

Xël rit une fois de plus, avouant que la guerrière avait raison et proposa même qu’ils se revoient afin de partager un verre ensemble. Sibelle sourit à son tour et Xël reprit le chemin vers sa chambre.

L’hinionne se rendit donc à la salle d’eau. Soulagée d’y être seule, elle retira son sac, puis tout son équipement qu’elle rangea sur un petit banc, puis entra dans l’eau. Après s’être lavée, elle y resta un bon moment afin de relaxer et de méditer.

Puis, sans regard au temps passé, elle en sortit, se vêtit d’une robe simple, ramassa ses affaires et repartit vers sa chambre.
Les jours suivants furent plutôt routiniers où Sibelle, disciplinée, s’entraînait chaque matin. Elle se rendait aux cuisines lorsqu’elle était déserte, éprouvant le besoin de solitude, et voulant surtout éviter le babillage inutile des autres
Modifié en dernier par Sibelle le dim. 11 oct. 2020 00:43, modifié 1 fois.

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Kívan
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Kívan » ven. 23 août 2019 22:41

Post squelette :

- Prend la direction de la Tour d'Or
- Quitte Aliaénon après avoir profité d'une nuit sur place pour manger, se laver, changer de vêtements et dormir
- Refusera la récompense en yus de retour à Oranan

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Endar
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Endar » sam. 24 août 2019 00:16

Les arguments du Sans Visage laissaient à désirer selon Endar. Cette volonté de tout justifier et de minimiser la tentative de meurtre sur Simaya lui semblaient soudain insupportables. Le shaakt avait beau pratiquer de telles méthodes, il ne se prétendait pas être une divinité, ce qui justifiait largement, à ses yeux, sa volonté d'imposer sa vision d'Aliaénon. Avec le retour de l'Unique et de ses nombreux avatars sur ce monde, ainsi que la diffusion des idées ineptes du magicien humain tout beau tout gentil, cela n'allait rien régler quant à la situation actuelle. Le shaakt décida cette fois-ci de se taire, en dépit de son tempérament fougueux et dévastateur. Il y avait toujours d'autres batailles et en sage stratège, il valait mieux reconnaître sa défaite présentement, plutôt que de s'accrocher à ses idéaux. Il jugea les propos des autres à l'aune de l'infériorité de leur race, toutefois un éclat d'intérêt luisait lorsqu'il entendit les propos de Jorus à son encontre. L'humain avait réussi à avoir un éclair de génie en suggérant qu'il n'avait de loyauté qu'envers lui-même et se servait des autres à ses propres fins. L'être cornu ne broncha guère ni ne nia les accusations qui lui aient été faites. Jorus avait raison, d'une certaine manière, sur sa vile personnalité, mais n'était-il que cela pour autant ? Au fond de lui, aux tréfonds de son âme noire luttaient sans relâche deux sentiments parfois contradictoires: un appétit démesuré d'avoir du pouvoir et un désir secret de protéger ceux qu'il aimait et estimait. Il ne l'avouerait ni ne désirait les montrer, mais il ne put nier leur existence.


Alors qu'il laissait aux autres le soin d'affirmer que l'idée d'un conseil extraordinaire serait une si formidable idée plutôt que de détruire de suite cette infâme entité se prenant pour une divinité, le cours de ses pensées dérivèrent au loin. Il songea, pour la première fois, que la vengeance n'était plus son unique but dans la vie. La destruction, la manipulation étaient des choses toujours exquises aux yeux du shaakt, cependant il songea que des choses pouvaient naître des ténèbres. Les paroles de Gorzol lui revinrent alors. Un jour, il allait voir qu'Oaxaca n'était pas celle qu'il pensait, qu'elle tenait aux peuples opprimés par ceux se faisant appeler les héros selon les propos du défunt garzok. L'idée lui paraissait saugrenue que la demi-déesse s'inquiétait un tant soit peu de leur sort et de toute manière les elfes noirs avaient largement vécu sans elle et ils pouvaient tout autant se passer d'une alliance qui les forcerait à se soumettre à elle. Pourtant, lui qui désirait construire plutôt que de détruire, il songea qu'il pourrait chercher des personnes avec qui s'allier, avec qui il partagerait ce goût des ténèbres.

Alors qu'il songeait encore, les paroles de Naral le ramenèrent à l'instant présent. Endar observa un instant le dragon mauve qui, à présent, ne lui apparaissait plus que comme un être faible et pathétique. Il prit la gourde qu'il lui tendait et la rangea juste à l'instant où une folle furieuse sortit de sa cachette pour le provoquer en duel. Il avait entendu des choses incroyables mais l'idée d'un duel à la loyale contre un shaakt ne manquait pas de le faire sourire. Il n'esquiva aucun geste lorsque Simaya prit finalement la parole.

Elle apostropha Yurlungur pour lui annoncer que ceux qui souhaitaient verser le sang pouvaient rester ici, tandis que les autres pouvaient traverser le portail en direction de la Tour d'Or. Voyant que tout le monde se dirigeait vers le portail et que la fillette semblait s'être calmée, il les rejoignit jusqu'à la Tour où les attendaient tous les membres du Conseil, hormis l'ancienne reine des Pâles et évidemment le conseiller Triman. Honoka prit ensuite la parole pour les remercier et annoncer le succès de leur mission, même si la mort de Thensoor les affectait tous. Elle ne l'affectait pas tellement, il n'appréciait ni ne haïssait la liche, mais il regrettait toutefois sa mort inutile qui aurait pu être évitée selon lui. La récompense matérielle qui les attendit fit à peine se fissurer le masque de neutralité qu'il affichait depuis un moment. Seul l'intéressait le sort des peuples d'Aliaénon et c'est tout naturellement qu'il fit part de son intention de connaître le verdict de ce fameux conseil extraordinaire.

Les jours passèrent et se ressemblèrent au sein de la Tour d'Or. Le repos, l'exercice, ses ablutions quotidiennes et la prise de repas étaient presque ses seules activités. Presque, en effet, puisque les chevaliers d'Or eurent la joie ou le déplaisir de le voir circuler dans les couloirs afin de commencer son plan. Il commença tout d'abord par rendre visite à l'elfe mauve qui était gardé par deux factionnaires aux armures dorées. Ils le laissèrent passer lorsqu'il le reconnut, surtout qu'Endar avait laissé ses armes dans sa chambre et ne revêtait que son habituelle armure. En soi, il n'était guère une menace.

Avisant le dragon mauve, il le salua rapidement et entra de suite dans le vif du sujet.

- Vous auriez dû saisir la chance que je vous ais offerte Naral. A présent, il est trop tard, la divinité du Sans Visage s'est renforcée, sa présence corrompt cette terre.

Le dragon mauve était en désaccord avec cette vision des choses. Il se voilait pourtant la face s'il s'estimait être un être brave et il était faible en déclarant qu'en exposant la faiblesse du Sans Visage, cela signifiait que sa mission avait été un franc succès. Le seul succès pour un shaakt c'était de soumettre ou de tuer ses ennemis, non de parader devant tout le monde en prétendant qu'exposer les faiblesses de son ennemi constituait une victoire. Il ne lui fit pas ample remarque à ce propos et préféra enchaîner sur le sujet de la prochaine réunion.

- Je ne prétends pas vous apprécier, mais nous nous battons contre un ennemi commun alors faisons front commun devant le Conseil.

Après un court instant de réflexion, le dragon mauve abonda dans son sens et déclara même qu'ils lui avaient fait ouvrir les yeux à propos du Sans Visage qu'il ne considérait plus comme un ennemi mortel à combattre. Endar songea qu'effectivement c'était plus sage de ne plus mener une guerre aussi frontale contre cette entité et qu'il valait mieux attendre son heure avant de le combattre à nouveau et cette fois-ci d'une manière plus intelligente. Il hocha simplement la tête pour lui signifier qu'il pouvait compter sur son soutien pour exposer des idées différentes de celles de l'entité. Songeant qu'il avait obtenu ce qu'il désirait, il s'apprêtait à partir mais sa curiosité le poussa à poser une ultime question.

- Avant que je ne m'en aille, j'aimerai savoir quelle est cette menace dont vous parliez sur Yuimen et d'où elle vient pour que je puisse m'assurer qu'elle ne contrarie pas les plans de mon Dieu.

A ce sujet, Naral fronça les sourcils et sembla se crisper. Il lui confirma que ce pouvoir pouvait corrompre et semblait inquiet qu'il ne tombe dans de mauvaises mains s'il lui arrivait malheur. Il ne lui donna pas plus de détails, toutefois si ce pouvoir était si corrupteur et son apparition devenait récurrente dans l'histoire yuménienne, le shaakt était certain qu'il pourrait obtenir plus d'amples informations à son retour en enlevant quelques érudits et en les torturant au passage s'il le fallait. Là encore Endar se contenta d'un simple hochement de tête pour lui signifier qu'il partait à présent et il laissa seul cet elfe faible.

Le lendemain matin, il décida de rendre visite au conseiller Ibn Al'Sabbar. Il espérait pouvoir s'allier avec le sorcier, représentant des sorciers de feu et de vision. L'apercevant, il s'inclina respectueusement devant lui et entreprit la conversation, plusieurs sujets encombrant son esprit à ce moment.

- Conseiller, le trouble s'empare de mon esprit et je souhaite m'enquérir de votre sagesse. Nous autres yuméniens avons-nous causé tant de ruines que nous méritons de partir ? Avons-nous failli à notre mission envers le Conseil ?

Celui-ci semblait surpris de ses questions et annonça qu'il ne le pensait, que la fermeture éventuelle des portails serait un moyen d'éviter que des armées entières n'envahissent ce monde. Endar doutait fortement que cette possibilité ressurgisse aussi tôt. De surcroît le Conseil n'était sans doute pas aux faits de la présence de shaakts à Arthim'Olth et le fidèle de Thimoros craignait qu'en fermant le portail vers Omyre, cela ne pousse les shaakts à trouver de nouvelles occupations bien plus gênantes pour les autres peuples d'Aliaénon. Il n'en fit pas part à Ibn, préférant garder cet argument si les choses s'annonçaient mal lors du conseil. Au lieu de cela, il lui donna et demanda également son opinion sur le Sans Visage et ce qu'il fallait faire.


- Les mots du Sans Visage semblent sages et porteurs d'une certaine paix, pourtant je n'y sens que tromperies et je crains que les peuples ne subissent ce qu'a subi Simaya : être contrôlé par un tel être.

- Faseilh et Honoka vont prôner la paix, mais qu'importe la décision prise, notre présence va être fondamentale pour gérer les factions qui s'en suivront. Si le Conseil s'allie avec le Sans Visage, vos chevaliers s'en prendront à vous, mais si vous déclarez une guerre ouverte, certaines personnes lutteront contre le Conseil. Si vous me permettez ce conseil, la meilleure des solutions serait une position neutre envers le Sans Visage tant qu'on n'en sait pas plus sur ses actes et de mettre en place des zones tampons entre les alliés du Sans Visage et le reste du monde. Pourriez-vous transmettre ce message aux autres membres avant le début de votre conseil ?

Il lui affirma en premier lieu que son peuple ne voyait dans le Sans Visage local qu'un guide et non une divinité. Cette vision n'était pas partagée par les fanatiques de Neo-Messaliah et il considérait que le danger résidait spécifiquement dans cette croyance que tout pouvait être dit ou fait au nom de cette divinité. Il n'avait pas tort au demeurant. En deuxième lieu, le froncement de sourcil et la précaution qu'il usa en lui répondant lui signifia qu'il n'était pas prêt à influencer en privé ses pairs mais qu'il leur toucherait quant même un mot sur ses idées qu'il semblait partager. Sa mission avait été au moins en partie un succès. Il ne pouvait se faire le chantre d'une guerre ouverte contre le Sans Visage, ainsi adopter une position plus équilibrée semblait être une stratégie payante pour pouvoir revenir sur Aliaénon et enfin se débrasser de l'entité. Dès lors qu'un statut quo s'installait au Conseil, celui-ci préférait sans doute les garder au cas où des troubles sévissent suite aux positions des fanatiques soutenant le Sans Visage. Il le remercia et lui souhaita une bonne journée avant de le quitter.

Les jours, voire les semaines qui se succédèrent à ces premières entrevues privées, eurent tôt fait d'entamer sa patience nouvellement acquise. L'entraînement et le repos dans sa chambre entièrement plongée dans l'obscurité étaient ses seules activités jusqu'à ce que Triman décide de pointer le bout de son nez à la Tour d'Or. Il se décida rapidement de le rejoindre dans sa chambre pour pouvoir discuter avec celui qui gardait beaucoup de secrets.

- Conseiller Triman, je regrette d'avoir échoué dans ma mission contre l'un des avatars de l'Unique. J'espérais la réussite de Naral, mais celui-ci n'a pas utilisé l'opportunité que je lui ai offerte. J'ai manqué de forces pour accomplir ce qui aurait dû être fait.

Il n'eut aucune réponse de la part de l'ouessien, sans doute se moquait-il bien du succès ou de l'échec de leur mission. Xissirand avait sans doute la réponse à tout selon l'opinion des fanatiques de Nagorin. Endar s'approche de lui, pose un genou à terre et tenta de prendre ses mains dans les siennes pour le faire réagir. Cela fonctionna, mais pas forcément comme il le pensait. Ce dernier ne se laissait pas faire, sans doute les Ouessiens étaient plus prudes que les Shaakts. Il se redressa avant de continuer :

- Suis-je vraiment digne du cadeau du prophète Xissirand ? Ai-je encore votre confiance, mon ami ? Je sens les ténèbres m'appeler et je suis prêt à embrasser mon destin, toutefois ma promesse envers Belliand demeure et je souhaite toujours pouvoir aider votre peuple afin que celui-ci puisse garder plus de connaissances et de richesses encore. Offrez la possibilité que je puisse encore venir si l'Unique s'en prend à vous, je souhaite pouvoir devenir le protecteur de votre peuple et je souhaite pouvoir faire quelque chose pour votre peuple.

Une réponse lui parvint cette fois, mais elle était détachée et froide. Était-ce vraiment Triman qui s'exprimait ? Il traita Belliand de traître et sembla courroucer de la promesse que le shaakt avait fait à celui-ci. La surprise éclaira un instant son regard avant qu'il n'efface tout sentiment visible sur son visage. Il savait que Belliand, ouessien qu'il appréciait au passage, n'était pas apprécié des Illuminés, mais de là à le traiter de traître, c'était exagéré. Il se demanda si cette réaction n'était pas due au fait que celui-ci ne subissait pas autant l'influence de Xissirand qu'il le devrait. Laissant cela de côté, il l'écouta jusqu'à la fin et il semblait renouveler sa confiance à son égard. Avoir les Ouessiens en alliés n'était pas négligeable, mais il allait devoir soigner ses alliances, sans quoi il risquait d'être vu par les Illuminés comme un pion et non un véritable allié.


Endar le remercia et avant de partir, ajouta:

- Transmettez mes amitiés à la prêtresse Amaya et au prophète Xissirand.

- Ceux qui voient recevront vos amitiés, Endar de Yuimen.

Il lui sourit, comprenant ce que cela signifiait et laissa l'ouessien. Les journées interminables s'ensuivaient à nouveau et il attendit patiemment que la nuit tombe pour sortir de sa chambre. L'obscurité lui manquait atrocement, les shaakts n'étaient pas faits pour s'acclimater aux journées ensoleillées. Des semaines passèrent avant qu'un nouvel invité ne rejoigne la Tour d'Or. Il courut presque rejoindre le vieux Ter'Ruk, celui qui lui avait réservé le plus bel accueil depuis lors. L'apercevant, il lui sourit et lui fit une accolade amicale mais la différence de taille fit que cela était plus malaisant qu'autre chose et l'amitié et les shaakts ça faisait deux, il fallait l'admettre.

- Cela me fait plaisir de voir un visage amical après toutes ses semaines passées dans les Landes Noires. J'espère que Mielon et votre peuple se portent bien. Je ne regrette aucun moment passé en votre compagnie et j'espère que le Conseil dont Faseilh me permettront de venir vous voir. Si tel n'est pas le cas, dis à Miellon qu'elle a réussi à apporter une lueur au sein de mon âme noire.

La réponse du chef des géants de glace était amicale comme il fallait s'en douter. Il lui répondit qu'il était toujours le bienvenu à Colomir'Thù, qu'il transmettrait son message et qu'il faisait entièrement confiance à Faseilh pour régler les questions qui se poseraient devant le Conseil. Le chef louait l'existence du Conseil, mais Endar restait angoissé quant au sort que leur réservait le Conseil. Il ne l'évoqua toutefois pas et après s'être assuré que tout allait bien pour le chef des géants de glace, attendit que le Conseil ne se réunisse pour enfin délibérer.

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Gamemaster9
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Gamemaster9 » dim. 25 août 2019 17:32

Tour d’Or - Salle du Conseil

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Le moment était venu, pas moins de deux semaines après le retour des Aventuriers de Yuimen de la Lande Noire, le temps que les dirigeants des différentes régions d’Aliaénon. La Grande Assemblée qui déterminerait l’avenir de tout Aliaénon. Des liens que la planète entretenait avec Yuimen, des liens que les peuples entretenaient entre eux. De cette réunion majeure dépendrait aussi l’accès au monde d’Aliaénon pour les voyageurs de Yuimen. Le sort de certains personnages emblématiques : le Sans-Visage, Naral Shaam, les Conseillers d’Or, les Chevaliers Sans-Bannière, les Dragons. Les Titans, peut-être aussi ? Tous ces points sur lesquels statuer, si un accord était toutefois possible.

Pour l’occasion, du beau monde était réuni ici, dans la Salle du Conseil de la Tour d’Or. Il n’y avait guère assez de places autour de la table pour asseoir tout le monde, aussi des choix hiérarchiques avaient été faits, même si chacun avait bien sûr sa place lors du conseil. Les dirigeants des peuples d’Aliaénon ou leur représentant et les Conseillers d’Or étaient les seuls assis. Il s’y trouvait bien sûr l’intégralité des Conseillers : Honoka de Fan-Ming qui représenterait elle-même sa cité, le régent de celle-ci, Tsukiko, lui ayant accordé toute confiance pour le faire. Triman représentait lui aussi Nagorin et le Royaume d’Ouessie, le souverain Clirley Xissiranth ne pouvant quitter sn palais. Il était notable que Belliand, dirigeant officieux d’Ouesseort, n’était pas présent. Sans doute parce que son autorité n’était pas reconnue par les Illuminés de Nagorin. Ibn Al’Sabbar représentait, de même, les intérêts de Methbe-El , cité sans dirigeant établi, mais régie par le marchand Khebet et le Cadi Yangin, lui faisant tous deux confiance. La Reine Faseilh était elle aussi présente, ainsi que Ejude et Sheeala d’Argentar. Ceux-là ne seraient pas à être considérés comme des dirigeants, car les véritables avaient fait le trajet. L’absence notable de Thensoor Val’Crooh pesait beaucoup. Simaya Sombreroc était elle aussi présente, même si elle ne représentait plus vraiment Esseroth.

Du côté des dirigeants, il y avait donc : Arthès Raisonvive et Egregor Carminès qui représentaient tous deux Esseroth, une autre cité sans dirigeant officiel. Les trois harpies de la Trinité du Royaume Pâle étaient bien sûr présentes : Guigne, dirigeante d’Andel’Ys, Sable pour Arothiir, et Jess pour la capitale du Royaume Pâle : Treeof. Les elfes de Vraithel’Ar, peuple de la Forêt de Jollarsyth avaient envoyé leur Reine : Kithra, fille d’Ejude. Les Montagnes de Sansarth étaient représentées non seulement par Faseilh, mais aussi par Terk’Ruk un géant de trois mètres de haut qui, lui, n’était pas assis mais dominait sa reine blanche de toute sa hauteur. Il était le chef du clan de géants de Colomir’Thù.
Des absences étaient notables également, ici : Nul ne représentait le peuple Ol’Toga, gardiens morts de la macabre Savanne Tanathéenne. Semblablement, la Lande Noire n’avait plus de chef, aussi personne n’était venu, pas même un dirigeant shaakt d’Arthim’Olth, et aucun sorcier d’Elscar’Olth. Ça pouvait poser quelques soucis, notamment pour la fermeture du fluide spatial s’y trouvant…

En plus de tout ce monde se trouvaient aussi là Naral Shaam et le Sans-Visage dans sa nouvelle apparence dédiée à la Plaine d’Or. Trous deux se faisaient face, debout, de part et d’autre de la table ronde. Et enfin, il y avait, debout aussi, les aventuriers qui étaient restés pour assister à l’Assemblée : Xël, Yurlungur, Jorus, Sibelle et Endar.

Il y avait une tension palpable dans la pièce. Des raisons extérieures à celles évoquées dans ce Conseil extraordinaire ulcéraient l’humeur de certains. Des questions non résolues sur Aliaénon, laissées en suspens.

Ce fut Ibn Al’Sabbar, le Cadi Yangin, qui prit la parole le premier, hôte de l’assemblée.

« Soyez tous les bienvenus à cette assemblée. Nous sommes rassemblés ce jour pour apporter des réponses et des décisions à de nombreuses questions et situations complexes pour Aliaénon. Il y aurait trois questions principales, chacune abordant plusieurs sous points dont il nous faudra discuter. Le premier concerne l’accès à Aliaénon par des mondes extérieurs, avec entre autres la possibilité offerte par le Sans-Visage de fermer les fluides menant vers Yuimen et Nargrum. Le second concerne le Sans-Visage, et la possibilité de ses actions sur le monde : liberté de culte, actions des Chevaliers Sans-Bannières, Titans. Il nous faudra statuer sur sa présence parmi les populations d’Aliaénon. Dernier point, Naral Shaam, qui comparait ici devant ce conseil pour répondre des actions mises en œuvre depuis son arrivée sur Aliaénon : la Grande Guerre, la formation des Chevaliers Dorés, la venue des Dragons du Raa’Saakshaa sur nos terres. Dans un premier temps, je vais énoncer chacun des points, et les castes dirigeantes auront le loisir de s’exprimer sur la question pour prendre la température générale. Ensuite, chacun, aventuriers et conseillers y compris, pourront réagir, débattre et intervenir pour proposer des arguments en faveur ou en défaveur de ce qui a été énoncé. Et finalement, à l’issue de ce débat, un vote sera initié pour décider des résultats de l’assemblée. Ce vote ne sera ouvert qu’aux dirigeants des différents peuples et cités d’Aliaénon s’étant présentés ce jour, ou à leur délégué direct, le cas échéant. Je compte sur chaque personne présente pour songer à des solutions garantissant une paix durable pour tous les peuples de ce monde. »

Il fit un tour de regard de toute la tablée et de ceux qui se trouvaient alentours, et reçut de la part de tous acquiescements divers, quand bien même une certaine chape tendue venait de s’instaurer dans la salle devant la lourdeur du projet de discussions. Le sorcier poursuivit, donc, tel qu’il l’avait annoncé.

« Bien. Commençons donc. Le premier point concerne donc les partenariats avec des mondes extérieurs à Aliaénon, dont Yuimen, et à l’accès à ceux-ci via les fluides spatiaux se situant ici, à la tour d’Or, ainsi qu’à Elscar’Olth. Voici la problématique : La venue d’armées sur Aliaénon via ces fluides ont, voici 5 ans, été à l’origine de la Grande Guerre ayant semé un trouble majeur sur l’entièreté du monde. Dans le même temps, ces fluides ont également permis à de valeureux aventuriers, les Sauveurs d’Aliaénon, de venir jusqu’ici pour apporter leur aide précieuse lors de cette période trouble. D’autres exemples, positifs ou négatifs, peuvent entrer en ligne de compte dans ce sujet, comme la construction de la cité de Fan-Ming, n’ayant posé aucun trouble par le passé avant les événements de la Grande Guerre, ou les collaborations et échanges, fructueux parfois, regrettables d’autres fois, étant passés par Elscar’Olth. Une solution a été proposée par le Sans-Visage, visant à clore les fluides spatiaux définitivement pour couper tout contact avec ces mondes. L’autre extrême étant de leur laisser le libre-accès total, d’un côté comme de l’autre. Il y a bien entendu d’autres possibilités intermédiaires, comme des limitations d’accès à des petits groupes uniquement, ou seulement des personnes de confiance… »

Il s’interrompit, laissant le débat prendre place. Honoka fut la première à parler, d’une voix dure.

« Au nom de Fan-Ming et d’Oranan, je m’oppose fermement à la fermeture du fluide menant à Yuimen. Mon peuple a déjà énormément sacrifié en se séparant du fluide dont elle contrôlait l’accès pour le laisser à la portée de tous les peuples, au sein de cette tour. Il serait aberrant de rompre tout lien vers notre monde d’origine, de nous couper de nos semblables, alors qu’aucun problème n’est jamais venu de ce fluide. Il était à l’époque sous étroite surveillance, et le reste ici au sein de cette tour. Aucune raison de le fermer, par conséquent. C’est le fluide d’Elscar’Olth qu’il faudrait unilatéralement fermer, responsable des seuls troubles en ce monde. »

Kithra, la princesse elfe de Jollarsyth, intervint avec rage :

« Aucun trouble ? N’est-ce pas pour rejoindre Fan-Ming et son précieux fluide que celui d’Elscar’Olth a déversé des flots d’ennemis souillant ce monde de leur présence ? Vous êtes autant responsables de cette guerre qu’ils l’ont été. La présence de ces fluides est une aberration pour ce monde, même par la présence de ces soi-disant héros de Yuimen, qui marchent sur nos terres en y répandant le sang et la destruction sans respect pour nos valeurs et traditions. »

Elle jeta un regard acéré tant à Honoka qu’à Endar, qui selon les traditions de Vraithel’Ar, méritait de payer par le sang sa venue dans la capitale elfique, tout comme Sirat qui n’était, lui, pas présent. Son père, Ejude, lui fit signe de baisser d’un ton, l’air troublé par l’agressivité notable de sa progéniture. Arthès Raisonvive, émissaire d’Esseroth, intervint à son tour, bien plus calmement.

« De plus, je ne crois pas que nous soyons légitimes de parler de la fermeture d’un fluide au sein de la Lande Noire alors qu’il n’y a ici aucun être pour la représenter. Ce conseil représente les peuples de ce monde, mais nous ne pouvons décemment agir sur un territoire non représenté. Je pense personnellement qu’une surveillance accrue des accès à ce monde peut amplement suffire à contrôler le flux de visiteurs, et réduire les menaces d’invasion à néant. C’est une solution totalement à notre portée. »

Faseilh, reine des Monts de Sansarth, intervint à son tour, mesurée.

« Encore faut-il que nous puissions faire confiance aux Sorciers d’Elscar’Olth pour appliquer ces règles… Ils n’ont plus de dirigeants, personne pour faire appliquer ces décisions. C’est un risque notable… »

Le silence se fit… Ibn Al’Sabbar semblait confus, et reprit la parole.

« Bon… Bon passons au second point, le Sans… »

Une secousse l’arrêta au milieu de sa phrase, puis une seconde, et une autre encore. La terre tremblait à intervalles réguliers, faisant trembler les verres posés sur la table et vrombissant dans les oreilles des personnes présentes. Les tremblements se rapprochèrent encore davantage… jusqu’à s’interrompre totalement. Tout le monde s’échangeait des regards apeurés, curieux ou soupçonneux. Le sorcier de feu tenta de reprendre consistance et poursuivit.

« Heu… Je disais, le second point, le Sans-Visage. La problématique est la suivan… qu’est-ce que ?! »

Le Sans-Visage venait de grimper sur la table, et marchait jusqu’à son centre, calmement. D’un ton posé, il prit la parole sans laisser finir Al’Sabbar.

« Amis, compagnons, citoyens de ce monde ou de l’autre, nous sommes ici réunis pour discuter de l’avenir de ce monde. Comme je vous l’ai promis, je me suis rendu chez chacun des peuples y résidant. Nombreux sont représentés ici, d’autres ont choisi de ne pas venir. Mais il en est au moins un que vous avez oublié. Un peuple ancestral, majeur, ayant construit les fondations même de ces régions. Un peuple que vous avez-vous-même tiré du sommeil dans lequel je les avais plongés : le mien. Et ils n’ont pas compris le sens de cette réunion, qui selon eux est une insulte à l’accord passé avec eux. Ils se sentent rejetés de ce conseil qui prétend déterminer l’avenir de ce monde sans tenir compte de leur avis. Aussi ont-ils pris l’unilatérale décision d’intervenir à leur manière pour régler tout ceci… Vous m’en voyez des plus désolés. Je pense que tout ceci peut apporter un vrai nouveau départ pour ce monde, par la volonté seule de leurs habitants, séparés des personnes mêlées de trop près à ces incartades félonnes. »

Sitôt son laïus terminé, il mit un genou en terre – sur la table toujours – et resta ainsi prostré. Quelques secondes après, à peine, un tremblement plus violent que les autres surprit tout le monde, resté cois de cette annonce sonnant comme une sentence de mort… Certains crièrent de peur, d’autres s’insurgèrent avec virulence, les derniers restant interdits ou cherchant déjà un moyen de fuir. Par les fenêtres, pour ceux qui s’en approchaient, on pouvait désormais voir une silhouette magistrale, de la taille de la tour elle-même. Le Titans qui s’était éveillé non loin de Fan-Ming. L’immense créature qu’ils avaient réussi à impressionner en volant sur les dragons des monts du nord. Il était de retour, et agrippait de sa poigne massive la base de la tour d’or, qui se tordit sur elle-même, prête à s’effondrer.

Toute retraite était impossible, ils allaient tous mourir là. Ils ne pourraient sortir de la tour, ni se rendre nulle part. Déjà, les murs se fissuraient, le plafond était prêt à s’effondrer sur leur tête… Puis, tout s’arrêta. Le temps sembla s’être figé autour d’eux. Un être en était responsable : Simaya Sombreroc. Elle s’était approchée d’Arthès Raisonvive, son ancien concitoyen d’Esseroth. Celui qui avait le pouvoir de contrôler le temps. Elle avait copié son pouvoir, de la même manière qu’elle avait fait avec Naral pour se changer en dragon, ou avec l’âme de Vallel pour construire ce monstre de chairs les ayant attaqué dans la grotte. Arthès, comprenant ce qu’elle faisait, le sacrifice qu’elle réalisait, hurla :

« Vers le fluide, vite ! C’est notre seule chance ! Elle ne tiendra que quelques courtes minutes ! »

Et le fluide n’était pas tout à côté : il leur fallait monter plusieurs volées d’escaliers pour se rendre dans la salle qui l’abritait. Vives, les trois harpies prirent leur envol vers la sortie de la pièce, rapides. Sable se tourna un instant vers Yurlungur, lui proposant de la prendre avec elle… Naral s’était tourné vers Sibelle, mâchoire crispée, et lui intima :

« Volez, Sibelle. Volez et si je ne survis pas, accomplissez votre promesse. »

Tout le monde se mit en mouvement dans un chaos notable. Les plus combattifs se bousculaient, au détriment des moins belliqueux qui attendaient leur tour avec sagesse. Parmi les premiers, il y avait Kithra, la princesse elfe, Egregor Carminès et Terk’Ruk, qui s’était emparé de Faseilh sur une épaule, proposant à Endar d’occuper l’autre. Honoka suivait de près, suivie de Triman, Ejude et Arthès. À l’arrière, ne cherchant pas à passer tant que la cohue était grande, Ibn Al’Sabbar et Sheeala d’Argentar patientaient, la mine sombre et inquiète. Quant aux aventuriers… Quels moyens mettraient-ils en œuvre pour survivre à cette nouvelle déconvenue surprise ?

Le Sans-Visage restait immobile, au centre de la table. Tout comme Simaya, plongée immobile dans son pouvoir… La chute d'une tour, encore, comme en échos à la première.

[HJ : Dans votre RP, intégrez bien sûr toute la situation, et concluez par votre propre réaction à ce qui se passe : votre place dans la débandade, ce que vous faites (pousser pour être premier, attendre derrière, vous presser derrière les autres, ou toute autre solution que vous imagineriez. Attention, les conséquences peuvent être rudes, et réalistes...]
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Xël
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Xël » lun. 26 août 2019 14:43

Nous y sommes, après presque deux semaines, les dirigeants de la plupart des peuples sont réunis autour de la table ronde de la salle du conseil. Je m’adosse à un mur, face aux immenses fenêtres de la pièce, silencieux. Je salue les dirigeants d’Esseroth, Arthès et Egregor d’un sourire et d’un signe de tête. Bien sûr les conseillers sont présents, installés dans les grands sièges de bois luxueux. Honoka, Triman, Ibn, la représentante des montagnes de Sansarth, Ejude et Sheeala que je salue chaleureusement. Je ne crois pas qu’elle se doute à quel point son cadeau m’a été utile. Simaya est aussi installée à table, je n’ai pas osé lui adresser la parole durant ces longues semaines et j’espérais même ne pas la croiser pour ne pas me mettre à pleurer. Les trois harpies sont là aussi, je les salue respectueusement, offrant même un sourire à sable. Je vois aussi des visages inconnus ; Kithra, la fille d’Ejude, représentante des elfes de Vraithel’Ar et un géant nommé Terk’Ruk, debout derrière sa reine. Sont aussi debout Naral et le Sans-Visage, qui se font face, chacun d’un côté de la table. Les autres aventuriers de Yuimen sont aussi présents, à l’exception de Kivan et Ariane qui ont sûrement décidé de partir sans attendre. J’adresse un signe à Sibelle et Jorus pour les saluer. La tension était palpable dans la salle au fur et à mesure que les uns et autres y pénétraient. Les chuchotements, ragots et autres cessèrent dès lors qu’Ibn Al’Sabbar prit la parole.

Il souhaite d’abord à tous la bienvenue avant de présenter les trois points principaux de la réunion en précisant que chaque point a plusieurs sous points. Le premier concerne l’accès à Aliaénon via les fluides spatiaux et la possibilité de les clore à jamais. Le second concerne le Sans-Visage et le troisième concerne Naral et ses actions menées sur ce monde. Les personnes présentes acquiescèrent en silence avant qu’Ibn poursuive et lance la conversation sur la présence des portails entre nos mondes. Il explique les problèmes liés à l’invasion d’Oaxaca il y a cinq années via ces fluides mais également que grâce à eux des aventuriers ont pu venir apporter leur aide.

(Vraiment ?) Pensais-je.

J’en doutais de plus en plus. Notre venue a empêché Vallel de conquérir le monde entier et surtout d’attaquer Oranan via le fluide de Fan-Ming mais nous avons généré un tas d’autres problèmes qui font payer le prix fort aux différentes cités aujourd’hui. Le souvenir du temple de Nagorin me revient en tête et me fait frissonner. Honoka prend la parole d’une voix dure, s’opposant fermement à la fermeture du portail menant sur Yuimen. Pour elle aucun incident n’est survenu de ce fluide, en revanche elle propose la fermeture du fluide d’Elscar’Olth, responsable de l’invasion d’il y a cinq ans. La fille d’Ejude réagit vivement en soulignant que c’est le fluide de Fan-Ming qui motivait Oaxaca à envahir ce monde. Elle décrit la présence des fluides comme une aberration ainsi que la présence des soi-disant héros venus de Yuimen. Elle lance alors un regard acerbe vers Endar, ce qui ne manque pas de me faire sourire. Il se fait décidemment des ennemis partout où il passe. Arthès intervint de manière plus mesurée et me fait remarquer qu’aucun représentant de la Lande Noire n’est présent et qu’il n’est pas correct de décider pour eux de la fermeture du portail au sein d’Elscar’Olth. Il pense qu’une surveillance plus sérieuse des portails et tout à fait à leur portée et suffirait à faire disparaître les menaces d’invasions. J’hoche la tête sans même m’en rendre compte, la solution me parait censée. Faseilh rétorque tout de même qu’il faudrait pour ça faire confiance aux Sorciers d’Elscar’Olth pour faire appliquer ces règles. Un instant de silence plane au-dessus de nous avant qu’Ibn décide de passer au second point.

Une secousse l’interrompt au milieu de son introduction. Une secousse suivie d’une seconde qui me fait retenir ma respiration. Un sentiment de déjà vu qui me fait frissonner. Une vague de panique commence à se répandre dans la salle alors que je m’approche des fenêtres d’un pas rapide. Je colle mes poings fermés à la vitre alors que le Sans-Visage coupe la parole du sorcier de feu, il grimpe sur la table et nous annonce qu’un peuple ancestral, celui des Titans se sent trahi et qu’ils ont pris la décision d’intervenir à leur manière. Un tremblement plus violent secoue la tour alors que je suis à nouveau témoin de l’émergence du titan. Le même qui avait dévasté la plaine de Fan-Ming, se dresse désormais devant la tour d’or, empoignant celle-ci à sa base pour l’arracher de son promontoire, écrasant les pauvres habitants du Bourg d’Or.

“NON !”

Un cri venant du cœur alors que je cogne du poing contre les vitres en apercevant les hommes et les femmes courir se mettre à l’abri pour éviter de terminer sous un des immenses tentacules. Je me recule quand j’aperçois la fenêtre et les murs se fissurer. Je lève les yeux vers le plafond prêt à s’effondrer. Puis le temps s’arrête, se fige. Le titan cesse de bouger, les fissures cessent de s’étendre et la poussière de tomber du plafond. Je me tourne vers Arthès que je sais être détenteur de ce pouvoir. Mais c’est Simaya qui est à l’origine du sort qu’elle a emprunté à son semblable. Celui-ci s’exclame d’ailleurs que notre seule chance et de courir vers le fluide menant à Oranan et que l’Esserothéenne ne tiendra que quelques courtes minutes. La panique gagne chaque dirigeant qui se précipitent vers la sortie en se bousculant. Les plus hautes autorités de ce monde qui se comportent comme une bande d’animaux qui cherchent instinctivement la sortie. Les plus rapides sont les harpies d’Arothiir qui prennent leurs envols pour rejoindre la porte. Néanmoins, Sable s’attarde un instant pour proposer son aide à Yurlungur. Naral adresse quelques mots à Sibelle avant de se diriger vers la porte à son tour. La fille d’Ejude ne perd pas de temps non plus pour avoir un espoir de survivre, suivis d’Egregor et du géant de Sansarth qui joue de ses immenses coudes pour se frayer un chemin en portant sa reine sur une épaule et proposant à Endar d’occuper l’autre. Honoka se sert du sillon crée par le géant pour se faire un passage, talonné par Triman, Ejude et Arthès. Seul Ibn et Sheeala ne cherchent pas à rejoindre la sortie. Ils patientent, la mine sombre et inquiète. Le Sans-Visage reste immobile, à genoux sur la table. Simaya aussi reste immobile, se concentrant sans doute pour faire durer son sort. Je me tourne vers les fenêtres, fixant le titan immobile en prononçant quelques mots à l’attention du Sans-Visage, assez fort pour couvrir la cohue à l’entrée de la salle.

"Tout détruire pour tout recommencer ?"

Je perçois qu’il dirige son attention vers moi pour me répondre que seul le nécessaire, le corrompu sera détruit. Je me détourne du titan pour me diriger vers Simaya d’un pas rapide, l’air tendu mais m’efforçant de garder mon calme.

"J'imagine qu'il n'y a rien que nous puissions faire ? Ni vous ?"

Il me répond que nous pourrions l’empêcher d’user de son pouvoir, tous nous condamner plutôt que de la sacrifier, elle. Je secoue doucement la tête sans rien dire. Je refuse de la voir mourir, de la sacrifier pour tous nous sauver. Il y a forcément quelque chose à faire. J’inspire et ferme les yeux, puisant dans toutes mes ressources pour faire abstraction du bruit et me concentrer. Je visualise la salle du fluide de la Tour d’Or. Le souvenir de mon réveil après la première apparition du titan refait surface. Une salle circulaire, une estrade de pierre claire en arc de cercle. Au centre de la salle, le fluide. Celui qui nous permet de voyager entre Yuimen et Aliaénon. Je me souviens du marbre... Non, un instant. Le marbre c’était à Fan-Ming. Je chasse cette matière de mes pensées. Je dois mieux visualiser la salle, c’est impératif ! Fin’ ma mit en garde, un portail à l’intérieur d’un bâtiment est extrêmement dangereux. Je sens sa présence, il veut m’aider, il sait ce que je veux faire. Nous voulons sauver Simaya, absolument. Nous sommes prêts à prendre le risque. Comme un puzzle, pièce par pièce, je reconstitue la salle du fluide au complet pour choisir l’endroit exact où je veux faire apparaître mon portail. Pas trop loin du fluide mais pas trop prêt non plus. Pas entre la porte de la pièce et le fluide pour éviter que ceux qui tentent fuir emprunte le portail par accident. Je prends le temps nécessaire, je ne me presse pas, inspire et expire par longue bouffée pour garder le contrôle de mon souffle. Je me rappelle de mon entrainement dans le monastère de Khan, enfermé dans une pièce avec peu d’air, m’efforçant de maîtriser mon souffle pour ne pas éteindre la flamme de la bougie ni consommer tout l’air présent. Je ne cède pas à la panique. Je continue de poser les pièces du puzzle, aider de mon acolyte Esserothéen fondu dans mon âme. Nous reconstruisons à deux la salle dans mon esprit pour sauver celle à laquelle on tient. Puis quand la pièce est recréée à l’identique, une pièce que j’ai vu de nombreuses fois, nous décidons de l’endroit où poser le portail. Un jeu de construction qui va décider de notre sort. J’ouvre les yeux, laisse mes fluides magiques se répandre pour crée une sphère qui s’élargit, menant à la salle du portail.

“Shaeela ! Ibn ! Les autres ! Passez par ici !”

J’interpelle les derniers de la file, je les invite à passer le portail pour rejoindre le fluide. Je me concentre pour tenir le portail ouvert, juste à côté de Simaya, et adresse quelques mots aux deux conseillers qui sont restés, qui n’ont pas cédés à la panique.

“Je dois tenir pour m’assurer que ceux qui ont pris l’escalier ont eu le temps de rejoindre le portail. Ne m’attendez pas ! Quand je sentirais que le sort de Simaya commencera à s’estomper je l’emmènerais avec moi ! “

Je tends les deux mains vers le portail pour y décharger ma magie, m’assurant qu’il ne se referme pas.

“Dépêchez-vous !”

Je puise ma concentration dans ma volonté de sauver Simaya, ma volonté de retourner chez moi, de revoir Méli, de sauver ceux qui ont acceptés de se mettre autour d’une table pour discuter alors que ces entités ont choisi une solution extrême pour en finir. Dans ma rage contre les Titans, contre Naral pour nous avoir manipulés afin de les réveiller. Je repense aux nombreuses victimes, à celle du Bourg d’Or qui viennent de rejoindre les autres morts. Une fois la salle vide de dirigeant, évacués par un passage ou l’autre, j’observe Simaya, prêt à l’agripper dès qu’elle montrera un signe de faiblesse pour traverser mon portail et toucher le fluide spatial.

((J'ouvre un portail vers la salle du fluide et attends le dernier moment pour y emmener Simaya et toucher le fluide spatial.))

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Jorus Kayne
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Jorus Kayne » mar. 27 août 2019 16:15

Après deux longues semaines d’attentes, la Grande Assemblée débute enfin pour déterminer le sort d’Aliaénon et des principales sources de problèmes comme Naral, le Sans-Visage, les Chevaliers Sans-Bannières, les Conseillers d’Or, les Dragons et peut-être même les Titans. Pour l’occasion, des êtres venus venant de tout Aliaénon à quelques exceptions : le peuple Ol’Toga de la savane Tanathéenne, les shaakts d’Arthim’Olth ainsi qu’Elscar’Olth de la Lande Noire.

C’est Ibn Al’Sabbar qui préside cette assemblée, annonçant les trois points qui vont être débattus : la fermeture des fluides spatiaux, le Sans-Visage et la liberté de culte ainsi que les actions des Sans-Bannières et des Titans, de même que les actions perpétrées par Naral Shaam depuis son arrivée sur Aliaénon.

La fermeture des fluides est rapidement mise sur la table avec la proposition du Sans-Visage de les fermer à jamais. Honoka semble être une fervente protectrice des fluides et prend pour exemple le sacrifice de son peuple de s’être séparé du fluide qu’ils contrôlaient pour le laisser à la portée de tous les peuples. En revanche, selon elle le fluide d’Elscar’Olth devrait être fermé.

La princesse elfe de Jollarsyth ne semble pas du même avis. Le fluide de Fan-Ming est l’objectif qui a répandu le sang durant la Grande Guerre. Sans lui, il n’y aurait eu aucune raison à ce chaos de sang et encore moins la présence des pseudos héros de Yuimen, semant les cadavres et la destruction sans aucun respect pour les valeurs et les traditions. Elle termine ainsi avec un regard courroucé à l’égard d’Honoka et d’Endar. L’envie de meurtre envers le shaakt me fait craindre le pire et si les actes qu’il a commis auront dé répercutions durant cette assemblée, on est vraiment dans le pétrin.

Selon l’émissaire d’Esseroth qui intervient par la suite, nul n’est en position d’obliger la fermeture de la Lande Noire en l’absence de représentant, mais préconise une surveillance accrue des accès à Aliaénon pour contrôler le flux de visiteurs et réduire les menaces d’invasions à néants. Malheureusement je pense que les menaces se cachent là où on ne les attend pas. Les êtres comme Endar sont autant dangereux qu’un Naral Shaam. De plus, comme le souligne la reine des Monts de Sansarth, il faudrait faire confiance aux sorciers d’Elscar’Olth qui ne possèdent pas de dirigeant pour appliquer ces règles.

Ne parvenant clairement pas à un accord, Ibn Al’Sabbar décide de passer au second point, celui du Sans-Visage ? A ce moment-là une série de secousse faisant trembler la terre se fait ressentir tant dans les verres sur la table que dans les oreilles vrombissantes. Ces secousses s’arrêtent tandis que chacun regarde les yeux apeurés, curieux ou soupçonneux des autres.

Alors que maître de cérémonie reprend la parole, le Sans-Visage monte carrément sur la table. Au centre de celle-ci, il prétend que si quelques-uns ont refusé de venir, il y en a une race qui n’est pas représentée. Un peuple ancien qui a façonné les fondations d’Aliaénon : la race du Sans-Visage, les Titans. Ces derniers considèrent que cette réunion est une insulte à l’accord passé avec eux et se sentent rejetés du conseil pourtant censé représenter tous les peuples. Ils ont pris la décision d’intervenir à leur manière pour régler ce différent. Bien que le Sans-Visage s’en excuse, il indique que ce qui va arriver peut apporter un vrai nouveau départ pour ce monde, uniquement par la volonté des habitants, séparés des êtres qui ne sont que trop mêlées aux maux de ce monde.

Alors qu’il termine son discours en posant un genou sur la table, un tremblement nous surprend tous par sa violence. Quelque chose est en train de générer ces tremblements et à l’annonce du Sans-Visage, je rejoins Xël près des fenêtres pour découvrir une vision d’horreur. Son hurlement me confirme que nous sommes dans une situation plus que critique. Un être, aussi grand que la Tour d’Or pourtant imposante, agrippe la base de la tour qui se tord, prête à s’effondrer. Aucune chance de survie ne semble nous être possible. Alors que je m’attends à avoir un tombeau d’or, j’ai une pensée pour ma faéra qui craint de sortir de mon bijou, à cause des perturbations magiques de ce monde. Tandis que je serais mort, elle, restera prisonnière à jamais de mon ornement. Alors que les murs autour de nous se fissurent et que tout s‘apprête à s’écrouler, tout s’arrête jusqu’au temps lui-même. Nous devons ce maigre instant de survit à Simaya. Celle-ci s’était rapprochée de l’émissaire d’Esseroth, usant visiblement de magie et ce dernier hurle à l’attention de tous que notre seule chance de survivre est de nous échapper par le fluide immédiatement. Le sort qu’elle utilise ne durera que quelques minutes.

Alors que notre salue se situe après un grand nombre ne marches à gravir, le chaos s’installe chez les êtres présents. Les trois harpies qui représentaient leurs propres cités sont les plus rapides et l’une d’elle propose à Yurlungur de l’emporter en sécurité alors que d’un autre côté, Naral intime à Sibelle de voler et d’accomplir une promesse s’il ne pouvait échapper à ce triste sort. Dans cette confusion chaotique, ce sont les guerriers qui se fraient un passage au détriment des plus faibles, mais certains profitent de leur carrure imposante pour venir en aide à d’autre, comme le géant Terk’Ruk qui porte sa consœur des Montagnes de Sansarth. Honoka suit de près le flot, avec derrière elle trois autres représentants. D’autres restent à l’arrière, guettant une chance de survie hors de cette bousculade à l’image d’Ibn Al’Sabbar et Sheeala d’Argentar dont la mine sombre reflète une inquiétude plus que visible.

Quelques-uns restent. Le Sans-Visage qui ne craint, au pire, que la disparition de son avatar, Simaya qui ne peut partir sans interrompre le sort et Xël qui ne peut l’abandonner elle. Bien que je n’aie pas autant de lien avec elle que le mage, je ne parviens pas à partir sans eux. Xël interpelle le Sans-Visage, mais je crains qu’aucune réponse ne calme son cœur que je sais saigner. Je le regarde ensuite se diriger vers Simaya pour guetter un espoir de la sauver et ses paroles sur le dragon d’or résonnent à nouveau en moi. Dans ses yeux je perçois qu’il cherche un moyen de sauver tout le monde. J’ignore s’il y arrivera, mais il semble déterminé à tout tenter. Il paraît plonger dans son inconscient, sa magie pour une ultime tentative. Xël, n’est certainement pas un fou. Déterminé, mais pas fou. Il sait ce que la magie peut engendrer comme désastre, mais je suis persuadé qu’il prend un risque qu’il pense maîtriser. Je reste à ses côtés comprenant où il veut en venir. Simaya use des pouvoirs des autres. La créature de chaire de je ne sais qui, sa transformation en dragon de Naral et l’arrêt du temps d’un des membres présents. Cela ne peut vouloir dire que le portail par lequel nous sommes revenus tire sa magie de Xël lui-même ! Un portail s’ouvre soudainement non loin de lui et de Simaya, confirmant mes soupçons. Il appelle les retardataires pour leur proposer mieux qu’une fastidieuse ascension. Il clame vouloir rester pour que tout le monde puisse partir, Simaya comprise. Il restera jusqu’à ce que son sort s’estompe pour l’emmener avec lui.

Alors que je me baisse au sol pour chercher dans mes affaires ma corde, je m’adresse à Xël.

"La première fois tu m’as dit que je serais incapable de sauver tout le monde. Et si on essayait à deux ?"

Je déroule ma corde, enroule une extrémité autour du corps du mage et sert avec le nœud le plus solide que mes trois ans sur un bateau m’ont appris.

"Je préfère ne pas perturber le sortilège Simaya donc c’est toi qui seras son canot de sauvetage. A moins que l’on ne rajoute de la longueur, je n’ai que dix mètres à t’offrir. J’espère que tu n’as pas foutu l’autre côté trop loin de la sortie ! Bon que je t’explique. Je vais aller de l’autre côté et tendre la corde un minimum pour que tu la rejoignes. Lorsque le sortilège s’estompera, la Tour va recommencer à secouer dans tous les sens. Tu n’auras pas plus de quelques secondes avant que je le tire sur la corde. Assure-toi de bien l’agripper à ce moment-là !"

D’un simple hochement de tête, Xël m’indique son accord. J’empoigne la corde que je tends légèrement pour ne pas perturber le mage dans son contrôle magique et traverse le portail. Je fais attention une fois de l’autre côté à ne pas gêner ceux arrivant en urgence. Je ne souhaite pas être pris dans le flot et entraîner malgré moi Xël, ruinant notre plan de sauvetage.
Je fais un nœud avec ma corde autour de Xël avec ma corde et traverse le portail en prenant soin de ne pas être gêné par ceux arrivent en furie.

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Sibelle
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Sibelle » mer. 28 août 2019 06:29

Après deux semaines d’attentes, la grande assemblée avait enfin lieu. Malgré ses entrainements quotidiens, Sibelle éprouvait le besoin de bouger, de se battre, elle commençait à trépigner sur place, la patience ne faisant pas partie de ses qualités. De cette réunion extraordinaire allaient ressortir des décisions sans appel. Le sort du Sans-Visage, celui de Naral ainsi que l’accès à Aliaénon via les fluides magiques.

Vu l’importance de cette réunion, tous les représentants des différentes régions d’Aliaénon étaient réunis dans la salle du conseil de la Tour d’Or. La table ronde, où officiaient d’ordinaire les membres du conseil d’Or, n’offrait pas suffisamment de sièges pour tous les gens assemblés. Ainsi, seuls les dirigeants ou les représentants des différentes régions et les conseillers d’Or étaient assis. Sibelle observa un à un, les conseillers Honoka, Triman, Simaya, Ibn Al’Sabbar et les autres. Tous affichaient un air grave, conscients de l’importance de leur voix dans la discussion qui était sur le point de commencer. Regardant ensuite les dirigeants des différentes régions, la guerrière retint une moue de mépris lorsqu’elle reconnut les trois harpies : Guigne, Sable et Jess. Elle voyait la plupart des autres dirigeants pour la première fois et son attention fut attirée vers un géant de plus de trois mètres de haut drapé de fourrure et portant un casque à cornes et qui, vu sa corpulence, ne put s’asseoir. Debout, de part et d’autre de la table ronde, se faisaient face Naral et le Sans-Visage. Ce dernier arborant la même apparence qu’à leur arrivée deux semaines plus tôt. Des aventuriers, Sibelle vit Jorus, Yurlungur, Endar et Xël. Ce dernier adossé contre un mur lui fit un signe de tête qu’elle lui rendit.

Tout vêtu de rouge, ce fut Ibn Al’Sabbar qui présida la réunion. D’un ton posé, il souhaita la bienvenue à tous, puis sans délai résuma la tâche qui leur incombait en trois points. Le premier à l’ordre du jour fut la fermeture des fluides menant vers Yuimen et vers un autre monde, inconnu de Sibelle, nommé Nargrum. Il résuma la situation, expliquant que cinq années plus tôt ces fluides avaient permis l’invasion de Aliaénon par d’importantes armées ennemies. En contrepartie, ils avaient permis aussi aux aventuriers de Yuimen de leur porter secours. Bien qu’Aliaénon put résister à l’envahisseur, il fut tout de même affecté et transformé à jamais. Ces fluides permirent aussi des échanges commerciaux entre les deux mondes. Finalement, il répéta la proposition du Sans-Visage qui était de fermer totalement les fluides afin d’isoler Aliaénon des autres mondes.

L’ambiance fut plus lourde, la divergence d’opinions des différents dirigeants était palpable. Honoka prit la parole la première refusant catégoriquement la fermeture des fluides, argumentant que les fluides de Fan-Ming n’étaient pas en cause, elle considérait que seul le fluide provenant d’Elscar’Olth avait failli causer l’anéantissement d’Aliaénon. Une riposte acerbe ne tarda pas à arriver. En colère, la princesse de Jollarsyth, ne partageait aucunement le point de vue d’Honoka. Elle considérait au contraire que les fluides de Fan-Ming avaient attiré la convoitise d’ennemis qui voulaient rejoindre le monde de Yuimen. Et puis, elle remit en question la présence des héros de Yuimen considérant qu’ils n’apportaient rien de bon, salissant de sang leur contrée et détruisant leurs valeurs et traditions. Par le regard qu’elle jeta à Endar, il était clair qu’il était le principal accusé des méfaits qu’elle dénonçait.

Sans repousser cette piste de solution, la reine des Monts de Sansarth exprima une certaine réticence. Elle considérait qu’il serait plus difficile de s’assurer que les règles soient appliquées dans les landes noires puisque dépourvues désormais de dirigeants.
Un peu confus devant ses propos divergents, Ibn passa au point suivant, même si aucun consensus n’avait été obtenu pour le premier point. Sibelle retint un soupir d’exaspération, elle fut surprise de voir une si grande divergence d’opinions.

Le conseiller n’eut le temps que d’aborder le second point qu’une violente secousse l’interrompit. Les sourcils froncés, mais son ouïe en alerte, Sibelle remarqua que les tremblements survenaient à un rythme régulier, tout en s’approchant, avant de s’arrêter complètement. La frayeur se lisait dans les visages de certains, peut-être avaient-ils compris de quoi il en retournait.

Le sorcier de feu tenta de reprendre la parole, mais cette fois-ci ce fut le Sans-Visage qui l’interrompit, sautant sur la table et y marchant jusqu’au milieu. Les jointures des mains de Sibelle blanchirent, elle n’avait jamais eu confiance en cet être. Il prit la parole, expliquant de façon prétentieuse qu’il avait visité chaque peuple résidant sur Aliaénon, et les Titans avaient été oubliés et venaient se venger. Ce fut à ce moment que Sibelle compris que c’était le pas de ces géants qu’ils avaient entendus. Elle comprit également que le Sans-Visage avait manipulé les titans afin qu’ils servent ses desseins, à savoir faire un nouveau départ de ce monde en faisant table rase de ce qui s’y trouve actuellement. Il mit ensuite un genou sur la table ce qui sembla, après coup, être le signal pour déclencher les hostilités.

La peur envahit certains, la rage d’autres et un peu des deux pour le reste. Ayant, comme beaucoup d’autres, le réflexe de jeter un regard par les fenêtres, l’hinionne vit le gigantesque Titan agripper la base de la tour. Sous la poigne du Titan, la tour allait s’effondrer sans qu’aucune fuite ne soit possible, ils étaient tous condamnés. Le plafond s’apprêtait à leur tomber sur la tête lorsque le temps s’arrêta. S’étant emparé du pouvoir d’Arthès, Simaya avait arrêté le temps. Étant le premier à comprendre les intentions de la sorcière, il cria à tous de fuir en direction des fluides, qu’ils n’avaient qu’un répit de quelques minutes.

Sibelle vit les harpies prendre leur envol et se diriger vers la sortie. Pas habituée à prendre la fuite, Sibelle était figé sur place lorsque Naral déjà en direction de la sortie, lui recommanda de se sauver en volant et d’accomplir sa promesse s’il ne parvenait pas à prendre la fuite et survivre. Elle se ressaisit aussitôt et lui répondit à brûle pour point.

«Vous survivrez ! Grimpez sur mon dos ! » Cela dit, elle fit quelques pas en sa direction et se transforma aussitôt. Dès que l’elfe eut monté la guerrière, elle prit son envol tentant de passer par la haute porte, sans bousculer ceux en bas. Si elle y parvenait, elle volerait au centre du colimaçon du large escalier.

Pendant ce court temps, elle eut une brève pensée pour Xël, espérant qu’il ne tenterait pas une action suicidaire ou sacrifice, puisqu’elle n’était pas là pour le sauver.

(((Sibelle se transforme en hippogriffe et tout en portant Naral sur son dos, tente de gagner les fluides )))

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Yurlungur
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Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir

Message par Yurlungur » mer. 28 août 2019 09:09

...

La jeune fille s'était naturellement présentée le jour de l'assemblée. Elle ignorait à vrai dire si sa présence était nécessaire, puisque les représentants de chacun des peuples étaient présents, voire leurs dirigeants même, à l'instar des harpies d'Arothiir. Qu'aurait-elle de plus à défendre que les trois dames du Royaume Pâle ? Mais elle tenait à écouter les débats, et à en connaître l'issue. Au fond d'elle-même, une sorte de triste angoisse s'était formée - et si le fluide fermait définitivement ? L'hésitation était encore grande, en ce cas, entre le choix d'un retour sur Yuimen, ou celui de rester en Aliaénon. Devenir une véritable Ombre, peut-être, suivre Arsok et respecter la promesse qu'elle lui avait faite, il y avait déjà presque sept mois, de l'aider à débusquer l'assassin qui sévissait au sein des mines de thiir... Yuimen, à l'inverse, n'avait plus aucun foyer à lui proposer : si elle y retournait, elle devrait s'en façonner un. Mais c'était son monde d'origine...

Ce déchirement intérieur était, comme tout ce qui est essentiel, invisible pour les yeux. Debout, non loin derrière le trio de dirigeants du Royaume Pâle, son visage était dénué de toute expression, si ce n'était une gravité morne, et comme une méfiance palpable. Elle tenait ses deux mains dans le dos et son regard balayait l'assemblée, aussi bien ceux assis que debout, sans leur accorder la moindre empathie. Elle ne connaissait pas les deux tiers d'entre eux. Avec sa posture presque militaire, elle ressemblait à un garde du corps pour les harpies - même si ces dernières n'auraient probablement pas eu besoin de son aide pour se défaire d'un ennemi.

Ce fut le sorcier de feu qui commença les explications. Les trois points étaient relativement clairs : les fluides, le Sans-Visage, Naral Shaam. En définitive, seul le premier l'intéressait réellement : elle serait rapidement fixée. Ibn précisa que les aventuriers auraient également un droit de parole, ce qui fit hausser un sourcil à la jeune assassine. Avait-elle du reste des arguments concrets à exposer, outre son propre confort ? Elle n'y avait pas réfléchi et, par un fatalisme curieux, ne cherchait même pas à trouver de quoi mentir. Si les fluides devaient être fermés, ils le seraient... Elle ne comptait pas se mêler de ces débats-là, puisque son avis n'aurait reposé que sur sa seule subjectivité. Une lucidité nouvelle lui faisait considérer que chacun des dirigeants ici présents avaient la charge de représentation de plusieurs milliers d'individus - un chiffre qu'elle peinait déjà à concevoir - tandis qu'elle-même ne portait que son propre avis. C'était assez maigre.

Un débat s'entama alors, exposant des avis divergents quant aux fluides. Honoka s'y opposait naturellement, mais l'argument naturel de la Grande Guerre provint de la princesse elfe. Par ailleurs, la décision semblait compromise par l'absence de représentants de la Lande noire, qui possédait le second fluide spatial. Une demi-fermeture, au mieux, était donc envisageable... Ibn tenta alors de passer au second point, le Sans-Visage, après un débat somme toute très court, lorsqu'une secousse ébranla l'édifice.

Yurlungur parvint à garder son équilibre sans souci et porta instinctivement la main à sa dague en lançant un regard soupçonneux vers différents acteurs. Du même temps, à pas mesurés, elle se rapprochait de la Trinité. Autour d'elle, la panique semblait réelle, et aucun dirigeant ne paraissait avoir prévu ce dérangement. Qui était-ce alors ? L'idée lui vint qu'un tel rassemblement de dirigeants de tout Aliaénon ne pouvait qu'éveiller l'appétit sanguinaire de certains contestataires. Elle connaissait un peu le genre : certains contestataires dahràmais particulièrement anarchistes avaient souvent tenté de s'en prendre au Roi de Dahràm ou aux représentants oaxiens souhaitant soumettre la ville, par idéal ou par folie. Généralement, ça ne marchait pas : mais ici, l'attaque semblait autrement plus importante. Ce fut néanmoins le Sans-Visage qui vint répondre aux questionnements en montant directement sur la table pour expliquer la venue... d'un Titan.

L'assassine courut jusqu'à la fenêtre la plus proche pour apercevoir, s'approchant dangereusement de la Tour, la silhouette magistrale d'une des déités monstrueuses de ce monde. C'était un buste massif surmonté d'une petite tête enfoncée dans son corps, sans yeux et sans visage, le tout couronné d'éclats gigantesques de roches taillées symétriquement. À cela s'ajoutaient deux bras immenses terminés par des serres destructrices et, à la place de jambes, un flot de tentacules rosâtres qui démolissaient consciencieusement le Bourg d'Or en contrebas. Mais au diable les paysans qui vivaient là : il fallait se préoccuper de la survie de Sable, Jess et Guigne. Elle tenta de revenir vers eux lorsque la Tour commença à vaciller. Son regard se fit alors plus inquiet. Elle se sentait comme... piégée.

Et tout s'arrêta aussitôt. Un représentant d'Esseroth, Simaya à son côté, leur indiqua de foncer vers le fluide, expliquant qu'elle ne tiendrait pas longtemps - c'était donc encore cette sorcière qui faisait preuve d'une puissance inouïe. Les harpies s'étaient déjà métamorphosées pour foncer les premières vers leur seule porte de sortie, mais Sable s'arrêta un instant prêt d'elle pour lui proposer de l'emporter avec elle. Yurlungur accepta aussitôt et, s'agrippant à sa sauveuse, elle fonça vers le fluide spatial sans plus se préoccuper du sort de ceux restés en arrière.

Aussitôt arrivée de l'autre côté, elle sauterait des bras de Sable et dégagerait le passage. La pièce en sous-sol de la Milice d'Oranan où se trouvait le fluide n'était guère spacieuse et la masse d'individus fuyant auraient tôt fait de la remplir et de bloquer le passage aux suivants s'ils s'arrêtaient là. La présence d'autant de personnalités d'Aliaénon, elle le sentait déjà, serait un danger : il faudrait héler les Miliciens pour faire venir le capitaine Atsuhiko et mettre tout le monde en sécurité... En particulier la Trinité, qu'elle ne comptait pas lâcher d'une semelle.

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