Episode 2 : Du Mauve et du Noir

[Yurlungur]

...

À peine eut-elle le temps de tenter d'expliquer la raison de son geste à Simaya que Xël s'interposa, un air de pur mépris sur le visage. Curieusement, elle n'en attendait guère plus de sa part. Toutes ses actions avaient constamment été dénigrées par le sorcier des vents qui, elle le craignait, risquait peut-être de vouloir s'en prendre à elle à présent. Simaya était sous le choc, et la regardait avec un air sonné : l'unique espoir de la jeune fille était de surmonter la prochaine agression de Xël et espérer que la conseillère s'interposerait finalement.

Mais Xël ne semblait même pas prêt à l'affronter. Il lâcha simplement que Naral était en train de mourir, puis ouvrit une sorte de portail, semblable à celui dans la Tour d'Or, et pénétra à l'intérieur accompagné de Simaya. Elle observa un instant la scène, interdite. Ce fichu Kendran lui avait caché posséder ce genre de pouvoirs... Et pourquoi ne pas l'avoir utilisé autrefois, dans la Forêt d'Émeraude ? Était-ce une nouvelle faculté qu'il s'était découverte ? Il faudrait, dans tous les cas, se montrer prudent vis-à-vis de cette magie qui ne semblait même pas être affectée par l'instabilité arcanique d'Aliaénon.

Elle était presque déçue de cette nouvelle fuite de Xël. S'il l'avait attaquée... ç'aurait été grandiose. Certes, la perspective d'affronter un mage tel que lui l'effrayait un brin, et ce retournement de situation la soulageait d'un grand poids – surtout avec cette flèche en travers de la gorge, qui lui avait procuré un sursaut d'adrénaline et de tension. Mais s'il l'avait attaquée, si elle avait réussi, ensuite, à le tuer, s'il s'était rendu compte, aux portes de la mort, que la jeune assassine n'avait nullement blessé mortellement sa tendre amie... Ç'aurait été formidable. Tant pis.

Toujours courbée au sol, en effectuant des mouvements minimalistes, elle détourna son regard vers Naral. Ce dernier, vers lequel fonçait Sibelle, venait effectivement d'être égorgé par la créature malingre de Trifalgin et perdait beaucoup de sang : elle put apercevoir le choc de l'elfe contre l'agresseur, ce qui le projeta au sol, et haussa des épaules en se détournant de la scène. Que Naral meure ou survive, cela lui importait finalement assez peu. D'autres désirs plus profonds l'agitaient à présent.

Son regard acéré dériva vers le dragon noir, Jorus, et le dernier inconnu. Lui, l'unique détenteur d'un arc. Elle était encore accroupie au sol, presque immobile : seul restait ce regard inquiétant et sombrement résolu. Elle ignorait qui était cet être hybride, à mi-chemin entre un elfe noir et une sorte de chauve-souris aux ailes atrophiées : mais il avait tenté de la tuer, et il avait échoué. Ses dents s'étaient serrées, de rage peut-être. La vengeance est une finalité superbe qui, chez la jeune fille, était capable d'atteindre des sommets d'intelligence ou de barbarie. En cette occasion, la haine sourde qui bouillonnait en elle s'appuyait davantage sur le second trait.

Elle se trouvait trop proches d'eux, quoiqu'il en soit, pour tenter une approche furtive. D'ailleurs, l'inconnu s'approcha dangereusement d'elle, sans doute pour vérifier ou achever son travail. Elle resta un moment en position, immobile, observant sans broncher l'individu approcher. Plus il se rapprocherait, moins il lui serait aisé de se battre avec son arc. Au corps-à-corps, si elle maintenait une courte distance entre elle et lui, elle aurait certainement l'avantage : et elle ne comptait pas le laisser fuir.

Puis, lorsqu'il fut suffisamment proche, avant qu'il ait le temps de s'agenouiller pour approcher sa main de sa nuque ou toute autre tentative du même acabit de l'achever, elle lui sauta dessus, lames dégainées. Le combat commençait.

(((Attaque simple avec la dague de la Trinité sur Endar, avec capa Saut carpé pour se relever instantanément)))

...

[Endar]

La réponse du dragon, cette voix tonitruante, grondante comme le tonnerre, ne manqua pas de surprendre et de décevoir le shaakt. Le pouvoir personnel sans avoir des serviteurs signifiait-il véritablement le pouvoir ? Pour tout shaakt, cette simple idée relevait de la bêtise. Tout être puissant finissait par mourir, donc au final la seule force au monde qui avait un pouvoir ultime personnellement était la mort ou son actuelle incarnation, le Marcheur de Mort. Les nobles shaakts se paraient tant de bijoux au prix exorbitant que d'esclaves foisonnants occupés à nettoyer leur grande demeure respective, à servir d'objet sexuel ou de précieux agents facilement remplaçables lorsqu'il le fallait. Avoir des serviteurs était le véritable pouvoir des shaakts. A cette réflexion, Endar Aphyon ne fit qu'hausser un sourcil, un haussement de sourcil dédaigneux envers ce dragon noir qui ne connaissait pas la véritable quintessence du pouvoir. Alors que le shaakt songea à vérifier le pouls de la jeune Yurlungur dont il remarqua bien vite qu'elle bougeait encore, son attention était attirée par un tout autre spectacle, celui au pied de la Tour.

Naral Shaam avait été aidé par Sibelle, cette dernière regretterait sans doute son acte mais peu importe. Naral était encore là, la nuque empalée par la lame qui lui traversait la gorge sans qu'il ne semble s'en émouvoir. La lueur violette qu'Endar avait aperçu envahit le corps de l'hideuse créature qui l'avait sauvé et cette dernière ne sembla plus bouger. Était-elle morte pour autant ? Il ne sut dire, car sa vision n'était pas aussi perçante que celle d'un hinïon, en tout cas pas en plein jour. Une chose est sûre, Naral était encore bien vivant et en pleine possession de ses pouvoirs à ce qu'il semblerait.

Le dragon noir en profita pour en dévoiler plus sur ses intentions grâce à la flagornerie de Jorus qui semblait avoir mieux réussi à tirer les vers du nez au saurien. Il annonça qu'il considérait Naral comme son trésor et que personne n'allait se mettre en travers de son chemin pour le récupérer. Ainsi était-celle cela la raison de sa présence ? Egoïstes et inutiles étaient les dragons qui se pavanaient dans les cieux, mangeant, buvant et terrorisant les populations locales sans pour autant servir une cause autre que la leur. Endar ne rêvait que d'une chose, qu'ils chutent tous dans l'oubli et soient emportés loin de ces terres dont ils se prétendaient les maîtres. Le saurien aux écailles d'obsidienne fit mine de charger et le regard atterré du fidèle de Thimoros se posa sur Naral et la Tour non loin de sa position. Sacrilège que tout cela de détruire la Tour d'Orsan alors qu'elle était synonyme de tant de richesse. La lueur mauve qui baignait la main du Dragon Mauve était aussi un blasphème contre celui qui l'avait sauvé, qui lui avait offert ce corps. Il désirait sauver Trifalgin et son savoir sur la mort.

Alors qu'il prit son arc et encocha une flèche, la lueur d'une lame attira son regard et à cet instant son regard se durci tout comme les traits de son visage alors qu'il se positionna de biais face à cette nouvelle menace, espérant que le bras bandant la corde de son arc l'empêcherait d'atteindre certaines parties vitales de sa nouvelle enveloppe charnelle et que l'armure de plates arrêterait l'assassin. Faisant fi de la menace, il visa Naral mais cette fois-ci insuffla de la magie noire dans sa flèche pour la rendre bien plus mortelle. Il était temps d'en finir !

(Tir critique lvl2 + capa archétype "Messager" : flèche d'obscurité sur Naral Shaam)

[Kívan]

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Pendant mon auscultation, et suite à la mention du nom de Vallel, Simaya confirme que Vallel et Elurien partagent le même corps, validant ainsi l’une de mes hypothèses. Le plan d’Elurien/Vallel semble donc être de reconquérir la Lande Noire qui était autrefois sienne. Le sorcier lève alors un bras et des bruits inquiétants montent des entrailles de la Tour, indiquant de nombreux mouvements au sous-sol. Et au vu de la créature avec laquelle est remonté Endar, il ne fait clairement pas bon rester dans les parages… Le lieutenant d’Oaxaca demande par la même occasion que Naral lui soit livré, ne cachant pas le moins du monde le sort qu’il lui réserve. Pendant que je tente de canaliser mes fluides pour tenter de créer une illusion, ceux-ci s’évaporent dans les airs, une nouvelle fois. Je commence à être habitué aux echecs magiques sur ce monde, surtout dans les situations délicates… En revanche, de forts vents provenant du sommet de la Tour commencent à envahir le bâtiment, nous décoiffant de leurs souffles bruyants. Que se passe-t-il donc là-haut ?

La voix de Jorus provient alors de Xël, par je ne sais quelle magie, nous indiquant que le dragon qui a atterri un peu plus tôt auparavant en a aussi après Naral. Décidemment, cet elfe aux cheveux mauves sait s’attirer la sympathie de son entourage. Si notre première mission était de retrouver Naral pour le compte du Conseil d’Or, je pense que je peux assumer que cette dernière a désormais changée. Je considère que son sort n’est désormais plus de mon ressort, la survie de Simaya, et la mienne par la même occasion, seront mes seuls objectifs. La suite du message de Jorus nous indique de quitter la Tour dans les plus brefs délais, si nous ne voulons pas finir sous les décombres suite à l’attaque du dragon noir qui rôde à l’extérieur. Quelle ironie du sort, nous qui pensions avec Ariane trouver dans le Tour une protection suffisante contre les attaques du saurien ailé, celle-ci pourrait finalement devenir notre tombeau. Et passer l’éternité aux côtés d’un lieutenant d’Oaxaca ne me donne pas envie d’expérimenter cette alternative.

Xël fait face au dirigeant de la Lande, nous indiquant par la même occasion de nous enfuir en jetant un rapide coup d’œil aux deux femmes ainsi qu’à moi-même. Je ne me fais pas prier et commence à rapidement soulever Simaya, m’étant désormais assurer qu’elle n’était pas blessée, et la fait basculer dans mon dos pour la porter plus facilement, tout en pouvant décamper le plus rapidement de l’édifice.

« Accrochez vous, ça risque de secouer.. »

Je ne me fais pas trop de soucis concernant Ariane et Al-Ayrad, les deux arriverons à veiller l’un sur l’autre. Je commence à me diriger vers la porte, sous une nouvelle incitation de Xël à sortir d’ici au plus vite. Le mage semble avoir une idée en tête car il prépare un sort, surement prêt à arrêter l’armée de Vallel ainsi que son général. Les dernières phrases du magicien Kendran m’inquiètent cependant, ce dernier semblant prêt à se sacrifier pour arrêter le lieutenant d’Oaxaca. Si je m’immobilise pendant une seconde, cherchant illusoirement à savoir comment je pourrais lui venir en aide, je préfère me résoudre à quitter ces lieux en secouant la tête de dépit. Mon contrôle sur ma magie sur ce monde est bien trop aléatoire, et elle se plait à me le rappeler régulièrement. Je m’en tiendrais donc à respecter sa dernière demande : veiller sur Simaya…

Je poursuis donc ma tentative de fuite de la Tour, prêt à courir une fois la porte passée pour éviter une quelconque attaque de la part du dragon.

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[Sibelle]

Rapidement, Sibelle avait franchi les quelques dizaines de mètres la séparant de Naral et par le fait même de l’horrible créature. Sans ménagement, elle avait tamponné violemment la demi-portion, l’obligeant à lâcher son arme plantée dans la gorge de l’elfe mauve. Cette horrible chose perdit l’équilibre et sa tête disproportionnée se heurta contre le mur de la tour. Pris d’un énorme traumatisme crânien, il demeura sur le sol, impuissant. Jugeant qu’il ne pourrait revenir à la charge, Sibelle ne s’occupa plus de lui. Sans perdre une seconde supplémentaire, elle décrocha sa gourde de sa ceinture et en aspergea la valeur de deux potions de soin le cou de l’elfe ensanglanté, sans enlever l’arme qui avait causé la grave blessure. Puis l’aura mauve, qui s’échappait de Naral, s’étira et prit la forme d’une corde qui rejoint la créature au sol. Cette dernière, déjà à l’agonie, se mit à saigner des extrémités avant de trépasser. Les sourcils froncés, Sibelle comprit rapidement que l’elfe mauve venait d’assassiner la bestiole qui l’avait sauvagement attaqué. Puis ce cordon mauve se rétracta pour revenir à l’elfe aux cheveux violets et se concentrer sur sa gorge abimée. À peine une minute se passe et Naral se releva et arracha sans précaution l’outil de chirurgie.

Offrant un sourire reconnaissant à Sibelle, sans la remercier, il lui fit remarquer qu’elle ne put s’empêcher de sauver quelqu’un de sa propre race. À cela, Sibelle lui répondit :

« En fait, c’est plutôt que j’avais pour mission de vous ramener vivant à la tour d’Or. Les membres du conseil semblent les seuls à ne pas vouloir votre mort. »

À cette remarque, l’impertinent aux cheveux violets se contenta de pouffer de rire. À ce moment là, Sibelle entendit un grondement beaucoup plus inquiétant que le tonnerre, puisqu’il provenait du dragon noir et que ce dernier n’était non seulement arrogant, mais il possédait la puissance nécessaire pour tous les tuer sans trop d’effort.

Sibelle ne se laissa pas décourager par cette attitude inconsciente de Naral, elle poursuivit :

«Le dragon noir vient de faire entendre un grondement qui ne me dit rien de bon. »

Puis ayant remarqué l'aura mauve naissant dans les mains de son interlocuteur, elle rajouta:

« Laissez tomber cette idée de vous venger de Trifalgin, ce n'est qu'une pantin... accompagnez moi à la tour d'Or. »

Il détourna alors son regard de Trifalgin qu’il observait attentivement pour lui répondre qu’elle ne comprenait rien. Puis, il se concentra sur le dragon noir qu’il défia de ses yeux dorés.

(Inconscient ! ) Ne put s’empêcher de penser Sibelle. Trop imbu de sa personne, cet elfe ne semblait pas comprendre à quel danger il s’exposait en défiant le dragon noir.

Tentant d’en savoir plus, elle répliqua :

« Alors expliquez-moi, mais faites vite. »

Sibelle ne reçut davantage d’explication, l’elfe mauve n’avait désormais de yeux que pour le dragon noir. Elle nota tout de même que l’aura qui englobait la paume de ses mains s’était légèrement atténuée. Un peu contrariée par la non coopération de l’elfe, elle rajouta presque pour elle-même :

« Vous avez la tête aussi dure que le caillou mauve que j'ai trouvé dans mon sac. »

L’elfe ne répondit point, concentré sur un ennemi d’autant plus dangereux, par sa puissance et également par son égocentrisme. Sibelle, entêtée, décida de poursuivre sa mission, avec ou sans le consentement du principal intéressé.
Elle recula de quelques pas, afin de bien voir le dos de Naral, puis ferma ses yeux. Elle prit une grande respiration et s’imagina dans un corps plus imposant, recouverte de plumes et munis de serres à l’avant et de sabots à l’arrière.
Lorsqu’elle ouvrit ses yeux, elle avait pris l’apparence de l’hippogriffe. Sans perde une seconde, elle se mit à galoper en direction de Naral, qui lui présentait son dos trop occupé à surveiller le dragon, et pris son envol tout en agrippant de ses serres l’elfe récalcitrant, se dirigeant vers l'arrière de la tour, s'éloignant ainsi du dragon noir.

((( Sibelle se transforme en hippogriffe, et profite que l’elfe ait le dos tourné pour tenter de l’agripper de ses serres et de l’emporter avec elle, en direction de l'arrière de la tour d'Or .)))

[Ariane]

Post-squelette

- Ariane observe Kivan qui tente d’utiliser sa magie sur la femme inconnue
- Serre les mâchoires lorsque Simaya s’exprime, comprenant que peut-être Vallel a pris possession du corps d’Elurien
- Entendant les bruits venant du sous-sol, se dit que ça commence à sentir le roussi mais ne veut pas abandonner Kivan qui n’a pas l’air de vouloir bouger
- Avec Al-Ayrad, se place entre Elurien, le Garzok et Kivan, Simaya
- Entend le message de Jorus et quand Xël le répète, elle ne se fait pas prier et protège la retraite de Kivan et Simaya
- Une fois dehors, Ariane et Al s’éloignent le plus rapidement possible de l’axe dragon-tour

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan

À l’extérieur comme à l’intérieur de la tour, c’était un peu la panique.* (Euphémisme, LOL ! Et mise en abîme de mon état d’esprit pour organiser la màj sans que ce soit trop fouillis, aussi. Bref.)

Jorus comme Endar parvinrent à temps à s’écarter de la trajectoire prévue du Dragon Noir, que rien ne semblait pouvoir arrêter dans son désir de récupérer son dû, Naral Shaam. Et ils firent bien, car sitôt Jorus dans un endroit plus ou moins sauf, alors qu’il commençait à réciter son message d’urgence à un petit caillou, le saurien géant se mit à galoper avec fracas vers la tour. Tour qui semblait subitement si fragile, face à une telle charge…

Mais plus rapide encore s’en alla la flèche d’Endar, qui dépassa la créature alors qu’elle courait éperdument vers une cible commune. Il n’eut guère l’occasion, cependant, de voir le résultat de son attaque. Yurlungur venait de planter dans son bras d’arme, pile à la jointure de ses protections, passant outre celles-ci pour lui infliger une blessure bien moche, dans l’intérieur du coude, plus douloureuse cependant qu’incapacitante. Il eut de la chance que la dague utilisée ne perde pas l’un de ses morceaux dans la plaie. Le sang coulait abondamment, demandant des soins assez urgents. Si ça ne l’empêchait pas d’utiliser son bras, ça réduirait sans doute bien plus sa précision tant qu’il ne se serait pas occupé de la plaie. (Blessure grave au bras)

La flèche d’ombre, elle, décida d’atteindre sa cible au moment où Sibelle se décida d’embarquer l’elfe mauve après s’être changée en hippogriffe majestueux. Elle lui évita sans doute, par cette action, qu’il se la prenne en pleine poitrine. Mais elle le toucha tout de même, à la hanche, ce qui désorienta un instant Naral suffisamment pour assurer les prises des serres acérées de Sibelle sur son corps frêle et l’emporter vers l’arrière de la tour. Le dragon noir, hurlant de voir sa cible ainsi emportée, profita de son élan pour déployer ses larges ailes et prendre son envol, tentant un peu tardivement d’esquiver la tour pour la contourner à son tour. Il ne put l’éviter totalement, la percutant au niveau du premier étage avec son dos écailleux, en plein virage serré… Un choc qui fit voler les roches la constituant, créant un trou béant dans le flan de l’édifice…

À l’intérieur de ladite tour, cet événement allait rajouter encore plus de chaos qu’il n’y en avait déjà. Kivan, qui emporta sur son dos Simaya, se fit charger par la créature de Vallel, cet orque à l’armure si étrange. Une charge que parvint à contenir Ariane et son fidèle compagnon félin à crinière, le garzok devant freiner son élan pour ne pas les percuter n’importe comment. Tous, dans la tour, continuaient d’entendre des cris et bruits aux sous-sols. Des sons qui, curieusement, sonnaient désormais plus comme un combat meurtrier que comme une libération en bonne et due forme d’une armée surpuissante.

Au même instant où le dragon percuta la tour à l’extérieur, Xël relâcha la puissance aléatoire de ses fluides. Il sentit que ceux-ci lui échappèrent totalement, formant tout autour de lui une explosion venteuse d’une violence sans précédent, qui propulsa avec force Kivan, Simaya, Ariane, Al-Ayrad et l’orque génétiquement modifié à travers la porte, vers l’extérieur. Elurien, lui, fut envoyé dans les escaliers descendant, disparaissant dans les profondeurs de la tour. Mais ce ne fut pas les personnes qui furent le plus touchées, mais bien la tour elle-même. Fragilisée, peut-être, par le choc du dragon qui venait de faire exploser au-dessus de leur tête un quart de la paroi extérieure du premier étage, faisant s’effondrer de nombreux débris de pierre dans la tour, Xël donna pour sûr l’impulsion inverse, renvoyant d’où ils venaient ces débris, avec une puissance telle qu’il les propulsa vers l’extérieur de la tour avec la force d’une catapulte. Mais ce n’était pas tout : les murs de tout le rez-de-chaussée se fissurèrent dans un craquement sinistre remuant jusqu’aux fondements de la terre. Des fissures qui s’élargirent vite, faisant vaciller l’édifice au niveau du trou qu’avait laissé le dragon… La tour s’effondrait, droit vers là où il y avait le plus de monde à l’extérieur… Le sort permit à Xël de rester à l’écart de tous les débris, mais il était désormais coincé dans une tour en train de s’effondrer, l’entrée étant désormais bouchée par les gravats.

À l’extérieur, tout ça ne fut pas sans conséquences. Naral, tout d’abord, se métamorphosa en sa forme la plus puissante, celle d’un dragon mauve aux yeux d’or. Une version bien plus réduite que celle du Dragon noir, mais tout de même bien plus grande que l’hippogriffe qui tentait de le maintenir, et qui dût lâcher prise face à cette transformation. Le saurien violet, avec une souplesse en vol impressionnante, continua de tourner autour de la tour tout en prenant de la hauteur, suivi, un peu moins souplement, par son ennemi désormais en rage complète, qui manqua de peu de percuter Sibelle en tentant de suivre Naral dans les airs, maladroitement, ce qui le força à s’écarter de la tour sans perdre des yeux le dragon mauve qui grimpait en tournoyant, gonflant son poitrail d’une nouvelle menace de souffle flamboyant.

Mais la tour elle-même, par un sortilège dont ceux dehors ne connaissaient pas l’origine, vrilla également, et sembla vouloir s’effondrer droit en direction de la position de Jorus, Yurlungur et Endar, qui était également celle où s’étaient fait éjecter Kivan, Ariane et compagnie. Mais leur souci majeur, là, étaient surtout les gravats qui avaient été expulsés en même temps qu’eux. Sibelle n’eut guère à s’inquiéter d’eux, étant du côté sauf de la tour. Mais tous les autres risquaient de se faire écraser à tout moment par l’un d’eux : le lion, les deux aventuriers, la sorcière d’Esseroth et le garzok modifié se reçurent violemment sur le sol, mais sans blessure particulière. Si Kivan, Simaya, Al-Ayrad et l’orque s’en tirèrent avec une chance insolente, ce ne fut pas le cas d’Ariane, qui reçut un débris de pierre sur la cheville, brisant celle-ci et la coinçant sous le débris en question. Elle aurait besoin d’aide pour s’en tirer…

Plus loin, Yurlungur, Jorus et Endar ne furent pas non plus épargnés par les jets de pierres puissants dus au sort de Xël : des gravats du premier étage affluèrent également vers eux… Aucun des trois, cependant, ne s’en prit sur le coin de la tronche, eux-mêmes auréolés d’une chance honteuse.

La tour vacillait, était sur le point de s’effondrer, et la menace de deux dragons pesaient désormais aussi sur l’endroit. Elurien avait disparu de la circulation, Xêl était pris au piège et nul ne savait ce qui se passait réellement dans ces sous-sols agités. Si le chaos était déjà présent avant, il ne semblait que vouloir s’amplifier, respectant la loi de l’entropie, laissant à chacun le soin d’imaginer à quel point tout ça pouvait être encore pire…

* Oui, j’ai hésité à mettre cette unique phrase en mise à jour pour vous faire une farce.

[Xël]

Le sort a l'effet que j'attends, en plus d'en avoir la puissance. L'étage et ceux qui y sont se retrouvent balayés. Je regrette qu'Ariane, son ami à quatre pattes, Simaya et Kìvan soient expédiées à l'extérieur de cette façon en compagnie de ce Garzok étrange mais c'est le contrecoup d'une magie qui peut être incontrôlable. Je pense qu'ils s'en sortiront.

Le dragon avait percuté la tour juste avant que mon sort se déchaîne et je pouvais voir le ciel gris à travers le trou que son passage avait provoqué. Ma magie avait expulsé les débris à l'extérieur de la tour, me préservant par chance d'une chute de pierre mortelle. J'avais aussi fragilisé les murs qui m’entourent et ceux-ci s'ornent de fissures qui s'étendent chaque seconde en produisant un craquement sinistre. Vallel s'était fait projeté dans les escaliers menant au sous-sol, vers les enfers d'où les créatures continuent de s'approcher. Simaya m'en voudra sûrement d'avoir fait subir un tel sort à Elurien mais je doute que Vallel ait épargné le dirigeant de la Lande Noire. Thensoor nous avait dit avoir brisé l'esprit de Gregan, celui de Fin' s'était dissout en moi, se liant à mon propre esprit. Même si l'esprit d'Elurien n'était pas annihilé il devait être brisé au point de ne pas s'en remettre. De plus, la menace que représente ce trou du cul de Vallel est bien trop grande pour lui laisser une chance d'atteindre son objectif. Tout détruire. Je doute qu'il soit mort mais m'aventurer dans les profondeurs de cette tour pour en avoir le cœur net est trop risqué. Même moi je peux m'en rendre compte malgré ma témérité qui ne cesse de s'amplifier depuis que j'ai mis le pied dans cette région.

Un craquement plus fort que les autres me fait tourner la tête vers la porte. Un pan entier du mur s'effondre pour en bloquer le passage. Je me retrouve coincé à l'intérieur tandis que le son de la pierre atteignant son point de rupture se fait de plus en plus bruyant. La tour penche, vacille et il est clair qu'elle va s'effondrer d'un moment à l'autre.

Un mince sourire éclaire mon visage salit par le sang et la poussière. Les créatures ne pourront pas sortir d'ici, de même que Vallel. L'effondrement suffira même probablement pour les tuer. Une pierre tombe à côté de moi et me ramène à l'urgence de la situation. Je suis coincé dans un bâtiment sur le point de s'écrouler. Coincé est un bien grand mot en ce qui me concerne, je pourrais tout simplement sortir d'ici à l'aide d'un portail pour me mettre en sécurité mais quelque chose me préoccupe trop l'esprit pour que je me contente de m'échapper. Le sort des personnes à l'extérieur, menacés par une si haute tour sur le point de tomber, m'inquiète également mais je ne peux plus rien y faire à présent contrairement à ce que je peux encore accomplir dans cette tour.

Je lève les yeux vers son sommet. Là-haut se trouve la machine convoitée par Naral et le Sans-Visage. Une machine que le dieu de ce monde préférait détruire avec ce bâtiment et ses occupants plutôt que de la savoir entre de mauvaises mains. Naral serait bien capable de se l'approprier une fois ce chaos terminé. Lui ou un de ses chevaliers sans bannière. Vallel souhaitait peut-être aussi se servir de cette machine. Même Thensoor semblait affecté par l'existence de cette maudite tour d'Orsan. Cette machine est-elle la raison du charnier aux alentours ? Je ne connais pas son fonctionnement et je ne sais pas à quoi elle sert mais je ne peux que remarquer l'attention qui y est portée. Mon instinct m'attire irrésistiblement vers elle. L'exact opposé de l'orbe qui me poussait à le protéger, la machine là-haut m'attire pour la détruire.

Je cible une zone qui n'est pas encore tombé, une plateforme situé au plus haut du hall, précédant un escalier qui rejoint une pièce plus élevé encore. Je laisse mon fluide magique agir pour qu'un portail m'y menant s'ouvre. J’y pénètre sans m’attarder pour rejoindre le sommet du hall. A peine traversé, un nouveau craquement suivi d'une secousse menace de me faire tomber. Mon portail se referme, me laissant apercevoir le sol de la tour je ne sais combien de mètre plus bas. Probablement bien plus haut que la tour de Thaumaturgie de Kendra Kar. Dans un sursaut d'équilibre, je me balance en arrière pour me plaquer contre la paroi de la tour qui penche d'avantage, évitant par la même occasion une chute de pierre venant du plafond au-dessus de ma tête. Je fronce les sourcils de détermination en fixant mon objectif. J'en suis si proche, à peine quelques marches !

Je prends une grande inspiration et pousse un grognement d'effort avant de m'avancer vers l'escalier. Craquement, secousse. Elles sont de plus en plus rapprochées, signalant la fin proche de l'histoire de ce bâtiment immonde. Je m'immobilise le temps que les tremblements cessent avant de progresser à nouveau. Derrière moi, la plateforme sur laquelle mon portail s'était ouvert s'effondre, m'indiquant que je n'ai plus le temps de faire une pause.

"Merde ! Merde ! Merde !"

Jurais-je sans m'en rendre compte. Je me mets à courir alors qu'un nouveau tremblement secoue la tour. Je longe le mur pour ne pas tomber avec les morceaux de marches qui se détachent de l'escalier pour s'écraser sur le sol de la tour qui penche de plus en plus. Une marche devant moi s'effondre et me force à sauter pour atteindre la suivante. Je jure à nouveau en me cognant le genou. Un moindre mal par rapport à ce qui aurait pu m'arriver si j'étais tombé avec le reste de l'escalier qui se fracasse tout en bas en provoquant un bruit terrifiant. Je parcours les dernières marches qui me séparent du dernier étage à quatre pattes sans m'arrêter malgré les morceaux qui s’effritent comme un biscuit trop sec. Un pan de l’escalier s’effondre sous mes jambes, je me retrouve suspendu au-dessus du vide. Les ongles et les doigts esquintés en m’accrochant aux joints entre les pierres de l’étage tant désiré. Le fracas qui se produit en dessous de moi me fige de terreur pendant une demi-seconde avant que mon courage et ma détermination me revienne. Je grogne d’effort, pousse un cri de guerre en hissant mon corps à la force de mes bras. J’ignore la douleur provoqué par mes ongles qui crissent contre la pierre. Je me hisse jusqu’à la ceinture avant de parvenir à lever une jambe sur la plateforme pour enfin me rouler sur le côté pour m’éloigner du vide.

Je sens l'endroit où je me trouve plus stable que l'escalier que je viens de gravir. Je reste allongé un instant, juste quelques secondes le temps pour reprendre des forces, calmer mon cœur palpitant frénétiquement et les tremblements dans mes mains avant de me redresser à la secousse suivante pour pénétrer dans la pièce où devait se trouver la machine tant désirée par autant de monde.

[Sibelle]

Alors que de ses griffes, elle empoignait les épaules de Naral, de sa vision aiguisée, elle ne put manquer l’énorme dragon noir qui malgré son imposant poids galopait à toute vitesse vers eux, tout en faisant vibrer le sol. Elle ne pouvait deviner s’il fonçait sur eux ou sur la tour derrière, mais elle n’avait pas le temps de se poser de telles questions. Comme elle soulevait l’elfe de terre, une flèche sombre le percuta à la hanche droite. Sibelle prit malgré tout son envolée et apporta sa proie vers l’arrière de la tour. Elle entendit alors un hurlement à fendre l’âme et devina aussitôt qu’elle avait contrarié le saurien noir. Elle savait qu’elle devait s’enfuir le plus loin possible si elle ne voulait pas terminer carbonisée. Possédant une inertie supérieure à l’hippogriffe, le dragon noir ne put contourner aussi aisément la Tour d’Orsan. De son flanc gauche, il la heurta, propulsant par le fait même de dangereux débris de pierre. Alors que Sibelle envisageait de prendre de l’altitude, Naral se transforma en dragon mauve. Bien que plus petit que le dragon noir qui les poursuivait, il était tout de même beaucoup plus imposant et pesant que l’hippogriffe. Malgré ses efforts, Sibelle ne put le retenir et elle dut lâcher prise afin de ne pas s’écraser au sol. Enfin libre, le dragon mauve prit alors de l’altitude tout en tournoyant autour de la tour avec une remarquable agilité. Lorsqu’elle vit son poitrail gonfler, Sibelle décida de changer de trajectoire afin de ne pas être dans la mire des deux dragons qui allaient inévitablement s’affronter.
Tout en contournant la tour, Sibelle remarqua son équilibre précaire, ainsi que l’énorme trou dans son flanc. De ses yeux d’aigles, elle scruta le sol afin de trouver Xël et de l’éloigner du danger. Malgré sa vision aiguisée, elle ne vit aucune trace du mage. Elle songea alors qu’il avait dû utiliser un portail pour quitter les lieux en compagnie de Simaya. Si elle ne vit son compagnon, elle remarqua par contre, la guerrière nommée Ariane donc un rocher l’immobilisait au sol alors que la tour menaçait de tomber.

N’écoutant que son courage, Sibelle, sous sa forme d’hippogriffe, partit en piquer vers Ariane à la façon d’une aigle fonçant sur sa proie. Une fois à proximité, elle l’empoignerait pas les épaules à l’aide de ses serres et tirerait jusqu’à ce qu’elle l’extirpe des rochers pour reprendre ensuite de l’altitude et s’éloigner le plus rapidement possible de l’endroit où la tour menaçait de tomber.

(((Sibelle fonce en piqué vers Arianne tentant de l'agripper et de l'extirper des rochers pour ensuite s'enfuir avec la guerrière entre ses serres.)))

[Kívan]

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Au moment où je passe la porte, une puissante explosion venteuse nous projette, Simaya et moi-même, en direction de l’extérieur de la Tour. Après avoir culbuté au sol pendant quelques instants, je reprends petit à petit mes esprits. Malgré la chute et les roulés-boulés, je ne pense pas avoir subi de blessure trop importante malgré mes muscles endoloris suite à la crispation devant la soudaineté de la déflagration magique. Levant la face du sol dur et froid sur lequel j’ai atterri, je regarde autour de moi pour évaluer les dégâts. La magicienne d’Aliaénon est proche de moi, de même qu’Ariane, Al-Ayrad, ainsi que l’étrange orque en armure… Des gravats provenant très certainement de l’édifice jonchent le sol autour de nous et il semble, par le plus beau des hasards, que nous ayons réussi à les esquiver à première vue. Au-dessus de nous, la Tour tremble de manière inquiétante, le premier étage ayant été endommagé par un impact d’origine inconnue, indiquant qu’elle est prête à s’effondrer et qu’il vaudrait mieux ne pas rester dans les parages quand cela arrivera… En espérant que Xël qui semble toujours être à l’intérieur puisse s’échapper de la ruine en devenir. Mais le magicien semble avoir plus d’un tour dans son sac, comme il a pu me le montrer en surgissant à côté de nous à l’aide d’un portail magique.

Encore quelque peu sonné, je me relève péniblement et prends la direction où le reste du groupe s’est échoué, espérant que nous pourrons nous mettre rapidement à l’abri avant que le bâtiment ne nous écrase au sol, tout en considérant d’un mauvais œil la menace de cette orque qui git près de nous. Prenant la direction des deux femmes, je remarque finalement avec surprise qu’Ariane a eu moins de chance que le reste du groupe, et qu’un lourd rocher lui écrase la cheville, l’immobilisant par la même occasion. Avant de pouvoir avoir la moindre réaction, une forme inconnue surgit du ciel, s’abattant en piqué sur la jeune femme. Une étrange chimère, mêlant cheval et aigle, se précipite alors sur la guerrière, la saisissant de ses serres par les épaules avant de reprendre son envol.

« Ariane ! »

Mais il est déjà trop tard. Je suis trop loin et de toute façon trop terrestre pour tenter de discuter le corps blessé de l’humaine avec cette créature ailée. Je concentre immédiatement ma magie dans mes paumes, prêt à attaquer le volatile d’un trait lumineux, mais plusieurs raisons m’arrêtent brusquement dans mon geste. Tout d’abord, je risquerais de blesser Ariane si je me rate, sans compter l’entropie magique liée à ce monde qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. Secondement, et de manière prioritaire, les craquements de la Tour juste au-dessus de moi ainsi que la présence toujours menaçante du garzok non loin me rappellent urgemment qu’il ne fait pas bon rester sur place pour le moment. Je me hâte de rapprocher de Simaya, la chargeant à nouveau sur mon dos, puis, je hèle à l’attention d’Al-Ayrad :

« Al-Ayrad ! Ne reste pas ici et suis moi ! Nous nous occuperons d’Ariane une fois que nous serons en sécurité ! »

Et je me mets à courir le plus loin de la Tour, m’éloignant de son potentiel point de chute, et surveillant par la même occasion le drôle d’oiseau qui s’est emparée de la femme du peuple des Dunes, prêt à la lui récupérer le plus rapidement possible…

>>>

[Jorus Kayne]

Alors que je communique avec Xël, du moins j’espère que ceux dans la tour auront reçu le message, je vois le dragon noir galoper de tout son poids jusqu’à la tour. Cependant à voir la charge féroce du saurien, elle pourrait bien être en fétu de paille ou en argile que son destin serait le même. Pourtant, malgré sa vélocité il est rapidement dépassé par autre chose : une flèche. Je me focalise sur la trajectoire du projectile qui vient se ficher dans la hanche de Naral. Celui-ci a certainement été sauvé par Sibelle qui emporte de justesse l’elfe en se transformant en une sorte d’oiseau géant à quatre pattes. Je reste stoïque devant la soudaine métamorphose de la guerrière qui nous avait caché cela. A moins que ce ne soit l’effet de la Lande Noire car Yurlungur a elle aussi développé des capacités particulières.

(Si on ajoute à cela le nouveau corps d’Endar, j’ai toutes les raisons de me tirer d’ici avant d’être capable de projeter un jet d’acide par le cul !)

Alors que je sens mon arrière train me démanger, je tourne la tête une seconde pour voir que visiblement Endar et Yurlungur s’en prennent l’un à l’autre. La présence d’un morceau de flèche dans la gorge de la jeune fille m’oriente sur les raisons de l’affrontement. Ca et le fait qu’Endar est le seul à posséder un arc et qu’il vient de toucher l’homme que nous sommes venus sauver.

(Je ne peux en vouloir à Endar pour Naral, mais pourquoi Yurlungur ? A moins qu’il ait décidé de tous nous abattre ! Malheureusement avec les étranges capacités de la jeune fille, je crains que cette fois-ci il ne se soit frotté à plus dangereux que lui.)

Le dragon noir retient mon attention avec son hurlement en voyant sa proie lui filer entre les pattes. Entraîné dans son élan il ne peut éviter la tour qu’il percute au niveau du premier étage. Fragilisée, des débris sont certainement en train de tomber à l’intérieur même de la tour, me faisant craindre pour la vie de ceux ayant fait l’erreur de se réfugier à l’intérieur. C’est alors qu’une explosion se produit au sein de la tour. On dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu et je n’ai jamais connu d’explosion sans flamme, or il n’y a rien de tout cela. S’il y a bien une sorte de détonation, seul le souffle provenant de l’intérieur indique la présence d’un phénomène particulièrement puissant. Au travers de la porte, plusieurs silhouettes sont éjectées de la tour.

(Ca pue la magie à plein nez cette histoire !)

Bien entendu ce n’est pas fini, à commencer par la métamorphose de Naral en un dragon mauve, obligeant l’hippogriffe à lâcher sa prise. S’il le nouveau dragon semble moins imposant que son homologue noir, la transformation d’un elfe en imposant dragon est juste spectaculaire, tout comme le ballet volant des deux dragons qui prennent de l’altitude. Ce qui l’est moins c’est l’impression que la tour va s’effondrer sur nous et mon impression semble rapidement se confirmer.

Malheureusement je n’ai pas l’opportunité d’examiner davantage ce qui se passe car les débris du premier étage arrivent droit sur Yurlungur, Endar et moi-même. Dans un premier temps ce sont les projectiles plus petits, mais non moins dangereux par leur vitesse, qui forment l’avant-garde de l’assaut de pierres. J’évite d’un saut sur la droite un premier projectile. Je poursuis dans mon élan une rotation d’un léger bon pour minimiser la zone d’impact et place devant mon visage mes bras pour me protéger. Quelques impacts sans gravité atteignent mes protections et je me réceptionne au sol avec souplesse. Je n’ai pas le temps de souffler que des projectiles d’un bon mètre de large sont sur nous. Plus question de bloquer quoi que ce soit, je bondis à gauche et me réceptionne avec une roulade. D’autres arrivent et je saute en tournant, ressemblant fortement à une cible de lancer de couteau sur une roue. Fort heureusement aucuns blocs ne me percutent. Dans le cas contraire j’aurais pu facilement dire adieu à un genou et bonjour à la démarche sensuelle d’un éclopé. Si je me réceptionne avec aisance, le relief chaotique de la Lande fait partie de l’équation. Malgré moi je marche sur une pierre qui me fait perdre l’équilibre alors qu’une partie conséquente de la tour arrive dangereusement. C’est au pire moment que certaines choses se produisent, comme lorsqu’on aborde une femme magnifique et qu’on a un morceau dégueulasse entre les dents. Je n’ai d’autre choix que de tenter l’impossible. Je me tourne de profil, le bloc arrivant sur ma gauche. Je fais au mieux pour me positionner dans une meilleure position et effectue un salto arrière en sautant aussi loin que possible derrière-moi. Je vois le bloc de pierre me frôler le visage alors que j’atterris en glissant sur le sol. Cette fois-ci la majeure partie des débris sont passés me permettant de souffler enfin.

Enfin souffler, c’est vite dit. Si je ne déguerpis pas rapidement je vais me prendre la tour sur la tronche et elle sera un poil plus difficile à esquiver. J’ignore comment se porte les membres de notre groupe qui ont eu le malheur de traverser la porte l’arrière-train en avant. J’aimerais aller leur porter assistance, mais je crains que la tour ne soit un obstacle trop important pour le moment.

(Pour le moment ils vont devoir compter sur eux-mêmes ! Avec la tour qui s’effondre personne ne peut venir les aider !)

Ce qui est à moitié faux car des cieux, Sibelle dans sa forme de poulet géant descend au pied de la tour. Le risque qu’elle prend doit signifier que quelque chose d’important doit y être pour l’empêcher de se faire écraser par la tour. Quelque chose ou quelqu’un ! Non loin de là, ce doit être Kivan qui emporte quelqu’un sur son dos et fuit la zone.

Pour ma part je cours sur la gauche afin d’éviter autant que possible la chute de la tour, mais aussi les débris qu’elle engendrera. Dans le doute, mieux vaut éviter de trop tenter sa chance.

Pars sur la gauche pour éviter de se prendre les débris contre le coin de la gueule.

[Ariane]

Post-squelette :
- Ariane et Al-Ayrad tentent de dégager la roche de la cheville d'Ariane
- Al-Ayrad grogne en relevant la tête lorsqu'il sent approcher l'hippogriffe
- Ariane oublie la pierre pour ramasser son épée qui lui est tombée des mains à l'expulsion, prête à se défendre contre ce nouvel arrivant volant mais encore un peu sonnée par la chute n'a pas le temps de lever l'arme que les griffes de l'animal se posent sur ses épaules
- Voyant que l'étrange oiseau n'a pas l'air de vouloir la blesser, Ariane et Al-Ayrad renouvellent leur effort pour pousser la roche qui coince la jambe de la guerrière
- S'ils y parviennent, Al-Ayrad n'ayant reconnu que son nom dans la phrase de Kivan, s'éloigne tout de même du lieu où la tour risque de tomber, sentant le danger mais garde un œil sur l'hippogriffe et Ariane

[Endar]

La flèche part en direction de sa cible tout comme le coup qu'il reçoit. Il n'a guère le temps de suivre la direction de son projectile qu'une étrange lame passe outre ses protections et s'enfonce dans ses articulations, au niveau du pli de son bras droit. Il gémit de douleur et ses yeux couleur ambre se posent sur la fillette qui l'empêche de faire son travail de Sauveur. La haine se lit dans son regard tandis que la lame sort de son corps et qu'un liquide carmin coule le long de son bras à l'intérieur de son armure conduisant à ce que des gouttes de sang s'épandent sur la roche volcanique des Landes Noires. Il s'adresse à Yurlungur mais son ton est loin d'être amical.

- Ne me barre pas le chemin Yurlungur, j'ai autre chose à faire et cette autre chose est de m'assurer que les Landes Noires ne soient pas détruites par la faute de certains.

Le ton était froidant, empreint de la douleur qui se propageait le long de son bras loin d'être inutilisable mais gravement atteint par cette vile attaque. Il range son arc tandis que le chaos déferla un peu plus sur Aliaénon. Une explosion retentit, celle du dragon noir contre la Tour qui avait manqué Naral Shaam qui semblait pris dans les griffes d'un hypogriffe. Il ne sut vraiment si sa flèche avait fait son office, mais dans tous les cas il était encore vivant et c'était une vie de trop sur ces landes désertiques. Il vint ensuit un événément encore plus terrifiant: celui de pierres expulsées avec force vers l'extérieur de la Tour qui manquèrent de peu d'atteindre Yurlungur et son nouveau corps. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il vit la Tour d'Orsan pencher dangereusement et sur le point de tomber. Il reporta son attention sur la jeune fille qui attisait sa colère.

- Nous avons autre chose à faire que nous battre !

Enervé par cette succession de catastrophes, il commença à fuir la chute de la Tour par la gauche, mais résolu de sauver ce majestueux édifice dans lequel était prisonnier son corps et tant d'autres corps des plus perfectionnés et utiles une fois possédés, il se mit à incanter, s'aidant de son bras blessé pour tracer des glyphes dans les airs. Il songea qu'un raz-de-marée pourrait freiner voire avec de la chance et la magie alentour contrebalancer la Tour pour qu'elle reste debout. En cet instant, le shaakt se moquait bien du sort du Sans Visage, de Thensoor, d'Elurien ou des deux dragons qui s'affrontaient à plusieurs mètres du sol.

(Fuit la chute de la Tour par la gauche et utilise le sort Raz-de-Marée à pleine puissance pour redresser la tour)

[Yurlungur]

...

Alors qu'elle se ruait sur lui, l'inconnu se mit à bander son arc à nouveau, mais vers une autre cible. Elle ne chercha guère à se préoccuper de l'identité de la nouvelle victime de cet être passablement monstrueux. Une rage sourde et froide guidait ses pas et sa lame : la flèche partit, et quelques instants plus tard, ce fut la dague de la Trinité qui s'abattit dans le bras de l'archer. Les lourdes protections de ce dernier rendaient difficile la tâche de le blesser ailleurs : mais ainsi, il aurait déjà difficulté à tirer de nouvelles flèches, en particulier contre elle. Elle put constater qu'aucune des lames du poignard ne s'était brisée - (Dommage...) - et était prête à recommencer, maintenant que l'attention de son adversaire était revenue à elle. Elle lui lançait un regard de défi : leur duel pouvait commencer, là, maintenant, tout de suite ; qu'importe le reste des événements de cette Lande, elle désirait sa vengeance. Elle ignorait qui il était ; sans doute ne la connaissait-il pas non plus ; c'était un être monstrueux, et elle allait l'abattre.

Quand soudain elle perçut un énorme choc vers la Tour. Le dragon noir venait de percuter cette dernière, faisait voler de lourds rocs et affaiblissant durablement sa structure. Celle-ci tangua, puis commença à s'effondrer en vrillant... droit sur elle. Elle grogna. Le destin était tout de même une sacrée traînée. De premiers gravats commençaient à s'abattre autour d'eux et heureusement, ils étaient encore suffisamment espacés pour ne pas la toucher directement, ni son adversaire ; mais ce n'était qu'une question de secondes avant qu'un objet bien plus massif ne s'abatte sur leur position.

Mais l'archer s'adressa à elle par son nom, et elle haussa un sourcil. Il prétexta souhaiter préserver ces Landes, et qu'ils avaient dès lors bien mieux à faire que de se battre. Mais qui était-il ? Comment la connaissait-il ? Et surtout, se croyait-il bien placé pour lui faire la morale après lui avoir tiré une flèche en plein dans le cou ? Elle n'était pas idiote au point de croire qu'il avait précisément visé un point non létal - il avait, juste avant, réussi à rater le Sans-Visage -, et la seule raison pour laquelle elle était encore en vie était une pure chance. Et il prétendait qu'il ne fallait pas se battre entre eux ? Elle n'avait que faire de cette Lande. Mais son adversaire n'avait aucune mesure de toute la colère qui bouillait lentement et que ses mots, entre le dédain de sa personne et l'assurance qu'une flèche dans le cou, c'était quand même pardonnable, ne faisait qu'accroître.

Mais elle n'avait pas le temps de débattre avec lui. Sans même souhaiter lui répondre, elle se mit à foncer, à sa suite, perpendiculairement à la trajectoire de chute de la Tour, afin d'éviter que cette dernière ne lui tombe dessus. Elle se maintenait juste derrière lui et hésitait à présent à l'attaquer de dos : non pas que la chose lui parût honteuse, mais plutôt en raison de la Tour d'Orsan elle-même. Mais l'autre commençait à ralentir, semblant incanter : c'en était trop. Il fallait être sacrément stupide pour croire que la magie pouvait encore régler quoi que ce soit en ce monde instable : elle le rattrapa sans difficulté et, au passage, visa allègrement de sa lame le jarret. Il fallait non seulement l'interrompre dans son sortilège, mais aussi l'empêcher de quitter cette zone : il serait enseveli, disparu, et elle aurait gagné.

(((Pendant la fuite, attaque par derrière Endar au jarret avec la lame de la Trinité pendant qu'il est en train d'incanter, puis course redoublée pour sortir de la zone de chute.)))

...

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan

Xël, au sommet de son ascension rapide vers les hauteurs de la tour, arriva dans une salle dénuée de toute décoration, froide et impersonnelle, purement pratique dans son aménagement. Plusieurs tables d’un acier brillant et poli, dont une centrale, au milieu de la salle, munies de sangles de cuir et de métal pour retenir, apparemment, les corps de ceux qui s’y faisaient sans doute charcuter. Si ces tables étaient d’une propreté impeccable, le sol restait maculé de traces de sang séché en plusieurs endroits. De nombreux ustensiles, aussi inquiétants qu’effrayants, étaient rangés avec précision en divers points de la pièce, scalpels et pinces, tenailles et crochets… Nul doute que l’endroit était le laboratoire, la salle d’opération servant à mener depuis des siècles les expériences sur les tas de cadavres à l’extérieur, et les créatures difformes portant la signature de Vallel, enfermées dans les sous-sols de la tour ou éparpillées sur Aliaénon et Yuimen. Mais Xël n’était pas venu ici pour admirer ça. Non : c’était la machine qu’il voulait. Et il ne fut pas déçu. Au fond de la salle, elle étendait sa massive silhouette. Elle était composée de deux larges tubes de verre, assez grands pour contenir plusieurs personnes chacun, séparés par la machine elle-même, faite de rouages et de pistons à vapeur, bien que l’essentiel de la machinerie soit masqué par une coque métallique. Xël put apercevoir, dans le tube de droite, un corps inanimé et dépouillé de tout effet. Et pas n’importe lequel : c’était celui d’Endar, dont il put identifier la mort certaine de par la plaie sanglante qu’il avait à la gorge. Mais il n’était guère le temps de traîner trop longtemps. La tour se craquelait de plus en plus, sous lui, et le sommet commença à pencher sérieusement, tant qu’il était complexe de maintenir un équilibre correct là où il se trouvait.

Et ce n’était pas tout. À l’extérieur, les deux dragons, abandonnés par Sibelle dans leur ballet aérien, continuaient de monter en tournoyant autour de la tour qui commençait sérieusement à tomber. Naral parvint à la dépasser, fuyant vers les cieux, et le dragon noir, le suivant de près, rugit une nouvelle fois en donnant une accélération brutale qui le propulsa une nouvelle fois sur la tour… Juste contre la salle où se trouvait Xël. Le mur sur sa droite explosa sous le choc, et il put l’espace d’une seconde voir l’échine dardée de pointes noires du dragon de la Lande répandre le chaos dans le laboratoire. Des caillasses furent projetées vers l’intérieur, brisant l’organisation de l’endroit. Bris qu’il n’évita que par chance. Le sommet de la tour béait désormais droit sur le vide. Il eut tout le loisir d’observer les silhouettes en contrebas tentant de fuir l’inévitable chute de la tour. Il put également observer le duel draconien qui prenait désormais un tout autre tournant :

Naral, s’apercevant du nouveau choc du Dragon Noir sur la tour, arrêta de grimper vers les cieux et profita de l’accident pour vriller sur lui-même et se projeter avec force, toutes griffes dehors, sur la gorge de son adversaire. Il y planta ses pattes arrière, solidement arrimé dans cette gorge désormais blessée, qu’il tenta d’attaquer à coups de dents alors qu’elle enflait une nouvelle fois d’un puissant feu intérieur, synonyme de la colère sans fin du dragon blessé, mais pas encore vaincu. Loin de là.

Au pied de la tour, tout se précipitait également. Ariane fut soulevée de terre par Sibelle, qui ne manqua que de peu de littéralement lui arracher le pied, si Al-Ayrad n’était pas intervenu pour le dégager du poids de la roche qui le maintenait brisé, au sol. Le lion parvint à libérer sa maîtresse, qui s’envola vers les cieux entre les serres de l’hippogriffe, avec vitesse, s’éloignant plus rapidement que les personnes au sol du point de chute probable de la tour. Le duel des dragons se passait juste au-dessus d’elles, mais elles ne furent pas mises en danger par la nouvelle chute de débris en provenance du sommet.

Kivan, El-Ayrad et Simaya purent les voir s’envoler. La belle blonde se dégagea de l’étreinte du semi-elfe, ayant suffisamment récupéré ses esprits pour fuir d’elle-même, n’encombrant plus son porteur de son poids, bien qu’il ne fut pas bien lourd. Une fuite qui fut hélas entravée par un grognement derrière eux : l’orque étrangement caparaçonné s’était relevé, encoléré, et brandissait désormais au-dessus de sa tête une caillasse impressionnante, que Kivan aurait du mal ne fut-ce qu’à faire bouger au sol. La force prodigieuse de cet être inconnu semblait redoublée par une volonté maintenant clairement affichée de leur nuire, alors qu’il prenait son élan pour balancer son projectile mortel dans leur direction. Le roc vola dans les cieux à une vitesse impressionnante, et fila droit vers Kivan, qui ne put esquiver qu’au dernier moment, et partiellement seulement, afin de ne pas se faire juste écrabouiller par le roc, et mourir dessous. Son agilité lui permit de limiter les frais, même si un bord du rocher, qui alla s’écraser plus loin avec fracas, lui percuta l’épaule, le projetant au sol avec une douleur aussi vive qu’aigüe. Il n’avait rien de brisé, par chance, mais son épaule était tout de même démise, son bras gauche ballant sur son côté, inutilisable tant que ses os ne seraient pas replacés. Sa chute retardait évidemment sa fuite, même si Simaya se précipita vers lui pour l’aider à se relever…

Jorus avait réussi, de son côté, à bien s’écarter de la zone de chute probable de la tour, galopant comme si sa vie en dépendait. Et elle en dépendait. Ce qui ne sembla pas tellement être pris en compte par les deux qui le suivaient, Yurlungur et Endar, qui s’arrêtèrent bien trop tôt pour tenter de nouvelles choses. La dague de l’assassine vint chercher l’elfe noir au creux du genou, pénétrant ses chairs sans s’y briser, forçant l’être ailé à ployer sous le choc, un genou en terre, blessé rudement, un peu comme son bras, sans que ce soit pour autant incapacitant. Cela le retarderait évidemment pour sa fuite… Le sortilège qu’il tenta de lancer s’en retrouva sans doute affecté. À dire vrai, le résultat fut même des plus surprenants : une sorte de mini tourbillon d’air naquit de ses mains à la place d’une puissante vague aquatique. Il alla percuter maladroitement un tas de cadavres décomposés non loin de leur position, éparpillant les corps dans tous les sens avec violence, mais… sans plus d’effet.

Et désormais, la chute de la tour était inévitable : elle tombait bel et bien dans leur direction. Endar et Yurlungur étaient encore partiellement dans la zone d’impact qu’elle semblait prendre, bien que presque à l’extérieur, mais ils seraient sans doute, s’ils continuaient à fuir, dans la zone de déflexion des débris qui en jailliraient une fois l’effondrement acté. Tout comme l’étaient encore Kivan et Simaya. Seuls Jorus, Sibelle, Ariane et Al-Ayrad semblaient en zone sauve, certains au sol, les autres dans les airs. L’orque tenta de commencer à fuir également, un peu tard cependant… Trifalgin n’avait guère bougé, toujours prostré sur le corps de sa créature sans vie, proche de l’entrée de la tour, droit là où elle tomberait. Mais le plus mal mis restait indubitablement Xël, au sommet de la tour qui chutait désormais à grande vitesse, s’effondrant vers le sol en débris de rocs et de poussière tout en choyant sur le côté, tel un arbre coupé. Les meubles volaient, lui dut se retenir aux tables, arrimées au sol, pour ne pas faire de même. Quoiqu’il faisait là, il devrait le faire vite : il ne lui restait qu’une courte poignée de secondes avant que la tour ne finisse de s’écraser au sol, large et mortelle, dans un chaos assourdissant.

La panique, encore et toujours. Et c’était loin d’être fini.

[Xël]

En ouvrant la porte de la pièce je comprends que je me trouve dans un laboratoire, au sol se trouve du verre brisé venant des bocaux qui sont tombés des tables en acier arrimées au sol. L’une occupe le centre de la pièce, munie de sangles, je ne mets pas beaucoup de temps à deviner le degré de volontariat de ceux qui passaient dessus. Je peux voir qu’aux murs sont accrochés scalpels, tenailles, pinces et autres ustensiles qui me donnent la nausée. Une nouvelle secousse me remet les esprits en place. Je m’avance dans la salle en me tenant aux plans de travail. Je suis les traces de sang au sol et au fond de la salle j’aperçois enfin ce que je suis venu chercher. La fameuse machine, composée de rouages et d’autres pièces que je suis incapable de qualifier et dont certains laissent échapper un mince filet de vapeur. De chaque côté sont disposés deux larges tubes de verre assez grand pour y mettre quelqu’un et d’ailleurs, dans l’un d’eux, se trouve un corps que je connais. Entièrement nu et sûrement victime de la plaie béante qu’il a la gorge, je reste un instant interdit, m’interrogeant d’un millier de questions sur l’état et la présence du corps d’Endar ici.

Le degré d’inclinaison de la tour me fait perdre l’équilibre. Je me rattrape au sangles de la table centrale et ce court moment d’inattention qui m’a fait trébucher me sauve peut être la vie. Au moment où je suis à genoux pour me redresser le mur à ma droite explose pour laisser apercevoir le dos du dragon noir. Des morceaux du mur sont projetés dans le laboratoire en pulvérisant tout sur leurs passages. Des débris passent juste au-dessus de ma tête, j’entends le vacarme du verre brisé, de l’acier tordu et des ustensiles coupants qui tombent sur le sol avant de glisser vers le trou béant qui donne sur l’extérieur. Je m’accroche à la table de toutes mes forces pour ne pas rejoindre les petites silhouettes en contrebas qui cherchent à fuir la chute de cette tour immense. Dans les cieux, détournant mon regard du vide, se livre une bataille entre dragon rose et noire et le choc qui se produit entre les deux à ce moment-là est terrifiant.

Je jette un regard vers la machine que je souhaite détruire. Difficile de dire si l’explosion du mur lui a fait subir des dégâts mais je n’ai plus le temps de m’en occuper. Je dois me sortir d’ici et vite !

Je canalise ma magie pour crée un portail me permettant de me rendre à l’extérieur de la tour mais une nouvelle secousse précédant un craquement me déconcentre et je sens ma magie s’évaporer avant même de pouvoir la diriger. Je ne peux pas ouvrir un portail vers où je veux dans ces conditions et atteindre le sol sous la tour grâce à eux ne me servirait à rien. La panique me gagne, mon estomac se noue d’avantage, mon cœur et ma respiration s’emballe alors que je m’agrippe de mes deux mains aux sangles qui m’empêchent de tomber. Le temps semble soudain s’arrêter, un voile noir se glisse devant mon visage. Le bruit de la tour qui s’effondre s’atténue. Il ne règne que le silence et l’obscurité, percé d’une faible lueur qui laisse apparaître une fine silhouette face à moi. Je ne ressens aucune crainte, ni panique. Mon cœur bat de façon lente et régulière, calme, presque à l’aise. La silhouette s’approche, dévoilant peu à peu des détails par la lumière qu’il apporte. Une chevelure décoiffée, un demi-sourire, un air lunaire. Fin’ se tient devant moi, lui que j’ai ressenti se fondre dans mon esprit. Est-ce que je vivais une expérience de mort proche ou est-ce que ce qui vivait encore de mon ami à travers moi voulait me dire quelque chose ? Il s’arrête à un mètre de moi et l’obscurité fait place à une lumière apaisante. Je prends la parole d’un air défait.

" Tu vois. J’ai finalement trouvé une limite à ton pouvoir. "

" C’est le tiens maintenant." Répond-il amusé.

" Je ne crois pas m’en être montré digne comme tu me l’as demandé. "

Il s’amuse encore de mon air défaitiste et s’approche encore avant de poser une main sur mon épaule.

" Où est passé ta détermination Xël ? Tu as une force d’esprit que je ne possédais pas en plus d’avoir d’autres atouts dans les poches. "

Je lève mon regard vers le sien alors qu’il se met à rire.

" Reprends tes esprits maintenant et empêche cette tour d’écraser tes alliés. "

Sa voix disparait peu à peu emportant avec elle le silence qui m’entoure. Le bruit du fracas de la pierre est à nouveau assourdissant, mêlé aux hurlements de rage des dragons qui combattent dans les cieux. J’observe les silhouettes courir en contrebas pour fuir l’ombre immense qui s’approche du sol. Je repense à ceux que j’ai expédiés hors de la tour et au fait qu’elle tombe droit sur eux. Si je dois mourir ici, je dois faire en sorte de pouvoir les sauver eux. Voilà où est ma volonté Fin’, je dois m’en servir pour sauver ceux à qui je tiens.

Je ferme les yeux un instant, je pense à ceux que j’aime, laisse le courant d’air produit par la chute glisser sur mon visage avant d’ouvrir les yeux. Déterminé, je tends une main vers le vide tandis que l’autre agrippe fermement les sangles de cuir pour m’empêcher de chuter. Je laisse mes fluides s’échapper de ma main tendue en me concentrant sur la tour, je les dirige pour les faire sortir et glisser le long du mur vers le haut et vers le bas pour former un courant d’air que je laisse grossir tout en les faisant souffler dans la direction opposée à la gravité. Je ne cherche pas à la redresser complètement, je sais que c’est impossible. Mon but est simplement de ralentir la chute, de l’amortir, pour permettre à ceux qui sont en dessous d’avoir le temps de fuir. J’ignore combien de temps je peux tenir ainsi en laissant s’écouler ma magie à robinets grands ouverts. Aussi longtemps que je le peux, je le jure. Je grogne d’effort, grognement qui se mue en cri au fur et à mesure que ma magie s’échappe de ma main tendue pour retenir le bâtiment qui s’effondre. Mon cri résonne dans le laboratoire, couvre les bruits des craquements qui m’entourent et qui permet à ma magie de s’échapper également par ma voix. Le flux de magie qui s’échappe de ma main devient tangible, perceptible. Je constate que ses volutes grises s’échappent également de mon bras et ne cesse de s’élargir pour rejoindre la sortie de la tour que le dragon noir à crée. Elle devient hors de contrôle et ne cesse de s’approprier les parties de mon corps jusqu’à ce qu’un voile de magie me recouvre tout entier pour permettre à mes fluides de s’échapper par tous les pores de ma peau. J’ignore si mon sort va fonctionner mais j’aurais tout fait pour réussir à sauver ceux qui peuvent l’être. NON ! Je ne peux pas penser ainsi. Ce sort va fonctionner ! Il DOIT fonctionner ! Je DOIS faire en sorte qu’il fonctionne.

Je rassemble mes dernières réserves de magie avant de lâcher la sangle. Je glisse droit vers le vide, m’élançant dans mes propres fluides magiques relâchés. Je pivote, tourne le dos au vide, le nargue, lui qui essaie de me happer. Je fixe à présent avec intensité la tour qui s'effondre, mon ennemi à qui je fais face, pour lâcher en ultime sacrifice la magie nécessaire pour permettre à la tour de ralentir sa chute avant qu’elle ne s’écroule définitivement, enfermant à jamais Vallel, ses créatures et moi.

Mon dernier combat pour ce monde.

((Saute dans le vide. Utilisation combiné du sort rp amortissement et du sort vents infernaux contre la tour pour ralentir sa chute.))

[Sibelle]

Déterminée à s’emparer de la guerrière afin de l’éloigner des débris et de la tour chancelante, la fierté de l’Azur descendit en piqué droit sur celle-ci. Un animal d’une telle envergure ne passait pas inaperçu, et personne ne pouvait deviner que son action n’en était pas une de prédation, mais plutôt salvatrice . Ainsi, alors que son compagnon poilu tentait de pousser l’énorme roche qui écrasait le pied de sa protégé, cette dernière s’arma de son épée. Mais heureusement pour l’hypogriffe, elle eut le temps d’agripper l’épaule de la guerrière avant que celle-ci ne put lever sa lame contre elle. Elle sentit une petite résistance, le temps que le lion termine de dégager la cheville, puis prit son envol, gagna de l’altitude et s’éloigna rapidement de la tour et des gravats. Lorsqu’elle supposa s’être suffisamment éloignée du danger, elle amorça une descente rapide. Ouvrant ses ailes pour ralentir au dernier moment, tout en faisant légèrement du surplace pour déposer délicatement Arianne au sol. Elle s’envola ensuite rapidement afin de partir à la rescousse d’autres compagnons.

Tout en prenant de l’altitude, au travers des grognements des deux dragons qui combattaient l’un contre l’autre, la Fierté d’Azur perçut un cri dont l’auteur ne pouvait qu’être Xël. Sans perdre une seconde, elle se dirigea vers le hurlement scrutant les environs afin de discerner son compagnon. Tout en s’approchant de la tour, elle cherchait le mage de sa vision d’aigle sans succès. Puis, alors qu’elle était sur le point de rebrousser chemin, se demandant si elle n’avait pas été victime d’une hallucination sonore, elle le vit.

Il venait de perdre pied et chutait dans le vide. Sibelle puisa dans toute la puissance de ses ailes afin de voler en direction de Xël et de l’attraper de ses griffes acérées avant que le sol ne le fasse.

Si elle réussissait à saisir son compagnon, elle poursuivrait son vol à toute allure afin de s’éloigner le plus rapidement possible de la tour et des projectiles de pierre.

(((Sibelle dépose Arianne au sol dans un lieu sécuritaire. Puis retourne vers la tour où après l'avoir entendu ,tente de sauver Xel en l’agrippant )))

[Kívan]

Après seulement quelques mètres parcourus, je sens Simaya qui s’agite dans mon dos cherchant très sûrement à se dégager de l’emprise de cet homme inconnu qui la transporte comme une vulgaire charge depuis quelques temps déjà. Je la dépose alors au sol et, avant d’avoir pu émettre le moindre mot de présentation à son encontre, un grognement parvient à nos oreilles malgré la chaotique cacophonie ambiante. Je tourne la tête et ai tout juste le temps de voir le garzok caparaçonné soulever du sol une énorme roche pesant sans soucis vingt fois mon poids au-dessus de sa tête avant de la jeter dans notre direction. Malgré son poids, le bloc de pierre file droit dans ma direction et, par une chance inouïe, je parviens à faire un pas de côté pour esquiver la masse qui m’aurait, sans aucune hésitation, ravalé la façade.

Une violente et vive douleur au niveau de l’épaule gauche m’arrachant un cri, ainsi qu’une prodigieuse poussée me projetant au sol me font immédiatement ravaler mon sourire intérieur : le pas avait été mal calculé et la roche a réussi à me toucher. Je serre les dents pour tenter de refouler la douleur tout en palpant rapidement de la main droite la zone touchée pour tenter d’effectuer un rapide diagnostique. Mon bras gauche ballottant mollement sur le côté indique que ce dernier a seulement été démis par la projection rocheuse ce qui me rassure finalement. Au moins ce dernier n’est pas cassé comme lors de ma précédente rencontre avec un orque aux alentours d’Oranan. Décidément les peaux vertes en ont après mon bras gauche… Je vois alors la sorcière blonde s’approcher de moi pour m’aider à me relever, ce qui est plutôt pratique avec un bras en moins. Une fois de nouveau sur mes deux jambes, je vois que l’orque commence à se mouvoir dans notre direction. Lever rapidement les yeux au ciel me rappelle l’autre menace qui pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et qui risque d’être plus difficile à esquiver et surtout plus lourde à encaisser en cas d’écher. Je me tourne vers Simaya et l’apostrophe sèchement :

« Qu’est-ce que vous faites encore ici ?! Fuyez tant qu’il est encore temps, vous serez plus utile pour ce monde vivante que morte écrasée sous les décombres de cette Tour… »

Et je la pousse de mon bras valide dans la direction vers laquelle nous nous dirigions avant d’être rattrapés par des objets volants difficilement identifiables, la talonnant de très peu et surveillant régulièrement du coin de l’œil le garzok jouant la lanterne rouge dans notre course. Mon bras en berne et l’orque derrière moi m’ayant fait remonter des souvenirs peu appréciables de mon voyage sur les terres Ynoriennes, je me remémore par la même occasion la stratégie m’ayant permis de terrasser le peau verte. Tout en poursuivant ma fuite je concentre mes fluides dans la paume de ma main droite. Une fois une quantité de magie satisfaisante accumulée, je fais rapidement volte-face envoyant une boule de lumière concentrée, mes fluides compactés volontairement dans un volume plus petit qu’habituellement, en direction de l’orque comme pour lancer un sort d’attaque classique. Sauf que je libère mentalement mes fluides avant le point d’impact, souhaitant provoquer par la même occasion une explosion lumineuse à la libération des fluides emprisonnés au-devant de l’orque pour l’éblouir et le freiner dans sa poursuite. Je me surprends même à prier intérieurement pour finalement obtenir n’importe quel effet de la magie de ce monde suite à ma tentative de sort, tant que cela explose avec beaucoup de lumière et que cela aveugle notre poursuivant, croisant les doigts en sus pour qu’il se fasse écraser par la chute du bâtiment désormais en ruine.

Je n’ai cependant pas le loisir de surveiller si les effets escomptés arrivent, ayant préféré me tourner à nouveau pour suivre Simaya en me hâtant, espérant rattraper mon retard tout en tenant mon bras gauche de la main droite dans ma course effrénée vers la survie.

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[HRP : je poursuis l’apprentissage du sort Flash, après l’avoir commencé lors d’un combat datant d’il y a un petit moment maintenant ;
Flash : Une vive lumière aveugle momentanément un groupe d’ennemis, faisant échouer leur attaque de ce tour automatiquement. Le rang 1 suffira pour un seul adversaire.]

[Jorus Kayne]

Haut dans le ciel les dragons s’en prennent l’un à l’autre. Le dragon noir pourchasse Naral et percute la tour comme si de rien n’était. L’elfe-dragon profite de sa position en hauteur pour fondre sur son poursuivant et y planter crocs et griffes dans la gorge. Celle-ci se met à gonfler signalant qu’il peut être bon de prier pour le dernier voyage de Naral. Mais ce n’est clairement pas mon intention. Je quitte la zone dangereuse de la tour et darde un bref regard en arrière pour voir que ni Endar, Ni Yurlungur ne comptent me suivre.

(Tant pis pour eux ! Enfin eux, je sais que Yurlungur a plus d’une corde à son arc et que lui venir en aide est tout simplement futile.)

Alors que je reporte mon attention sur ce qui se déroule au pied de la tour, j’y vois Sibelle qui cherche à extraire Arianne coincée sous un débris. Aidé d’Al-Ayrad, ils parviennent ensemble à dégager la jeune femme qui se fait emporter par l’oiseau géant. J’aurais la conviction qu’elle ne sert de victuailles pour les rejetons d’un nid tout aussi géant si je n’avais vu de mes yeux la métamorphose de la guerrière.

Le lion rejoint non loin de là Simaya porté par Kivan et qui semble avoir assez récupérée pour marcher seule. En revanche j’ignore quelle est cette chose qui grogne en les voyants. C’est comme un garzock mais en plus laid et visiblement plus costaud vu la taille du rocher qu’il est capable de soulever ! Il balance le rocher à une vitesse folle et fonce droit sur le guérisseur qui ne peut esquiver qu’à la dernière seconde. Un tel projectile a techniquement un résultat concret, soit ça rate soit ça aplatit. Si Kivan s’en sort encore vivant, il ne semble pas complètement indemne du lancé et Simaya a l’air de se porter à son secours pour l’aider à se relever.

Un nouvel ennemi est apparut. Notre guérisseur est mal en point et la femme que nous avons affrontée peu de temps après notre arrivée dans la Lande est près de lui. Qu’est-il possible de rajouter pour une situation encore plus dramatique ? La chute d’une tour prête à aplatir une partie des nôtres peut-être ? Je bifurque et oriente ma course vers la sorcière, ajustant ma trajectoire en fonction de ses déplacements, alors que Kivan semble vouloir la protéger en faisant usage de la magie malgré un bras dans un état pas terrible.

(Simaya est arrivée en même temps que Xël, Sibelle et Thensoor, sans compter le corps inconscient d’Elurien. L’un d’eux a certainement été capable de traverser la distance depuis Elscar’Olth. Cependant ce qui m’inquiète à présent c’est contre qui elle va user de sa terrible magie.)

Je jette un bref regard à Simaya avant de porter toute mon attention sur cette chose hideuse capable de casser un crâne entre ses cuisses. Pourtant si mon regard scrute les mouvements offensifs de ce nouvel être, ma question est bien à destination de la sorcière.

"La première fois que nous nous sommes rencontrés tu as voulu notre mort. Qu’en est-il aujourd’hui, es-tu une amie ou une ennemie ?"

(Elle semble aider Kivan, mais puis-je lui faire confiance lorsque je vois certains comportements comme Naral ou Endar ? Je n’aime pas cette situation. Si la créature attaque à nouveau, je serais dans l’obligation de m’en remettre à Simaya pour secourir Kivan. )

Je reste auprès de Simaya pour lui poser ma question. J'aurais aimé utiliser ma compétence d'acrobate, mais je crois manquer d'action pour le tour.
Combat Cabriole : Peut à volonté sacrifier un tour complet sans attaquer pour faire une acrobatie et doubler artificiellement son niveau dans la formule d'attaque adverse pour le tour en cours. Le tour suivant, il pourra placer une attaque avec un bonus de 10 au jet.

[Yurlungur]

...

La dague pénétra dans les chairs du monstre avec aisance et volupté : celui-ci se tordit sous l'impact et fut contraint de mettre un genou à terre. Elle pouvait voir qu'elle avait bien visé et que cette blessure handicaperait durablement l'archer : pour autant, loin de l'empêcher d'user de sa magie, cela la laissa s'échapper de son corps dans une sorte de tourbillon naquit au creux de ses paumes et grandit, s'écartant de lui, dérangeant un groupe de cadavres au sol avant de disparaître, l'arcane se dissipant. Yurlungur ignorait si son adversaire était un véritable mage du vent, à l'instar de Xël, ou si c'était encore une manifestation de la magie changeante d'Aliaénon. Constatant le peu d'effet qu'avait eu le sortilège, finalement, elle se félicita mentalement d'avoir déconcentré l'archer suffisamment tôt pour que le sort ne soit pas trop incontrôlable, puis prit la poudre d'escampette.

Il n'était plus temps d'accorder le moindre regard à son adversaire du jour. Celui-ci était blessé au bras, donc incapable a priori de la viser convenablement avec son arc à nouveau ; la blessure qu'elle venait de lui infliger à la jambe l'empêcherait probablement d'éviter la Tour qui allait s'écraser d'ici quelques instants. Il ne lui restait plus que la magie, mais elle espérait pouvoir encore y échapper : non seulement la présence d'un édifice aussi imposant empêcherait probablement l'archer d'être tout à fait serein au moment de lancer son sortilège, accroissant les chances qu'il y échoue, mais le caractère fondamentalement changeant de la magie sur Aliaénon pouvait aussi la sauver, si jamais il décidait d'essayer de l'emporter avec lui dans la tombe qu'elle lui avait creusée.

Si bien qu'elle s'était mise à courir, à tout vitesse, de façon la plus orthogonale possible à la trajectoire de chute. Ce n'était pas tout de se placer hors de la zone d'impact direct de la Tour - quiconque s'y trouverait encore au moment fatidique finirait probablement écrabouillé - mais elle se doutait bien que des débris pourraient voler beaucoup plus loin. Il n'y avait pas de temps à perdre : elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait, sans se retourner, esquivant ou sautant par-dessus les cadavres qui jonchaient le sol. Elle essayait d'éviter de regarder la masse de pierres qui descendait vers elle : tout regard perdu, même s'il semblait bénin, la ralentirait dans sa course, et elle le savait pertinemment. Lorsqu'on est poursuivi, on court, et surtout on ne se retourne pas.

Pour autant, la curiosité fut une fois encore plus forte. Elle osa un coup d'œil en arrière et put apercevoir une silhouette qui s'était jetée du haut de la Tour - un habitant qui la désertait, au dernier moment ? Elle n'eut guère le temps de percevoir davantage, avant de se concentrer à nouveau sur sa fuite, tandis que dans son champ de vision périphérique, là-haut, dans les cieux, deux énormes corps draconiques s'affrontaient un duel épique.

Les duels épiques, justement, c'était très peu pour elle. Un coup de dague surprise, ça faisait les choses plus efficacement, plus vite ; certes de façon moins honorable et moins grandiose, mais elle n'avait pas le loisir de s'intéresser à des considérations aussi superflues. Pour l'heure, une autre pensée occupait son esprit. Elle avait senti, tout à l'heure, que le pouvoir des Ombres s'était comme rétracté, dissipé, alors qu'elle était dans la Tour ; mais dès qu'elle avait réussi à faire sortir Simaya de sa transe, non seulement le ballet magique avait commencé entre Thensoor, le Sans-Visage, Xël et Naral, mais elle avait également senti en elle-même la marque pulser à nouveau de l'étonnante puissance d'Arsok. Elle n'avait guère le temps de s'interroger sur les capacités exactes de la conseillère essérothéenne, ni sur la nature profonde de ses nouvelles capacités - qu'il puisse s'agir de magie était un peu... bouleversant - mais elle savait au moins qu'elle pourrait encore y faire appel.

Il suffisait que ce soit au bon moment... Tout en courant, elle essayait de percevoir l'instant maximal à partir duquel elle pourrait l'utiliser avant le choc final. Dès que la Tour serait sur le point de s'effondrer tout à fait... Lorsqu'il ne resterait plus que quelques secondes, elle se volatiliserait en Ombre, pour se téléporter à quelques mètres, le plus loin possible, derrière l'une des buttes de charognes qui se trouvaient là, et serrerait les dents en se cachant bien derrière et en espérant qu'aucun gros rocher ne l'écraserait, elle.

(((Court à fond vers la gauche, en essayant de repérer des amoncellements de corps morts derrière lesquels elle pourrait se protéger à peu près des projections de pierres. Au dernier moment, utilisation du pouvoir d'Ombre pour se téléporter un peu plus loin.)))

...

[Endar]

Sa détermination était sans faille et ses arcanes auraient dû fonctionner à merveilles, mais une fillette incroyablement agaçante fit rater son plan. Son rôle n'était-il pas de tous les sauver ? N'avait-il pas essayé de faire tout cela depuis son retour sur Aliaénon ? Il avait trompé, trahi Sirat parce qu'il fallait sauver ce monde des griffes du Sans Visage et de ses suppôts, mais de qui sauverait-il ce monde si des personnes comme Yurlungur n'appréciant pas les subtilités de ce monde se mettaient en travers de son chemin. Alors qu'il grognait, genou à terre, sentant son précieux liquide rougeâtre se répandre et goutter le long des interstices de sa jambière, Endar maintenait à grande peine la colère qui bouillonnait en lui. Tout son être lui criait vengeance et cette vengeance serait sanglante, longue et pénible.

Ses yeux ambrés virent la catastrophe arriver. Rien ne serait arrivé si tout le monde avait suivi le plan, soit leur groupe recouvrant Naral par la force si nécessaire et le groupe de Xël, Sibelle dont il notait l'absence, et Simaya étaient restés bien sagement dans le domaine de l'archisorcier. Le Sans Visage, Naral, le dragon noir étaient des parasites et il était grand temps de s'en occuper dès lors qu'il se trouverait en sécurité.

La Tour était perdue, tout était détruit sans que quiconque ne s'en émeuve contrairement à lui. Peut-être était-ce en raison de l'origine de son nouveau corps ? C'était sans doute cela, car il percevait un étrange attachement pour cet édifice qui s'écroulait et pour le maître des lieux, le chirurgien-barbier, Trifalgin. En pensant à celui qui l'avait ramené à la vie, il le vit au pied de la Tour pleurant toujours sa créature défunte. Encore une autre victime dans cet affreux carnage causé par nul autre que ceux se proclamant comme étant des héros ou des assassins selon les individus du groupe. Cette destruction futile, cette catastrophe était uniquement de leur faute.

- Trifalgin, dégagez de là, c'est un ordre ! lui cria-t-il avant de prendre la poudre d'escampette.

Animé par sa colère, sa rage de vivre, il se releva rapidement et força sur sa jambe blessée. Il était shaakt, il avait vécu des choses bien pires qu'une légère coupure causée par une enfant. Il courut pour échapper à la chute désormais inévitable de l'édifice qui abritait cette magnifique machine transférant les âmes. Il battit rapidement de ses petites ailes pour se donner plus d'impulsion afin de fuir à nouveau la mort qui le surplombait de toute sa hauteur. Il devait survivre, il le devait pour son dieu tutélaire et pour Aliaénon et toutes les personnes qui comptaient à ses yeux sur ce monde.


(Fuit la chute de la Tour courant aussi rapidement que possible et battant des ailes pour se propulser)

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan

Xël, tombant dans le vide, parvint à réussir un vrai miracle, compte tenu de la situation. Ses fluides de vent s’abattirent avec force sur la tour qui tombait, semblant ralentir, pour un temps du moins, la chute de celle-ci. Alors qu’elle était maintenant penchée de sorte qu’elle ne pouvait plus que s’écraser au sol, il permit qu’elle le fit plus tard… Elle resta un instant dans les airs, craquant et brisée, mais s’adapta tout de même après quelques secondes à cette nouvelle force qui la retenait. Au lieu de tomber d’un bloc, elle commença à se morceler dans les airs, en plusieurs morceaux énormes qui churent vers le sol. Et cela, il le fit en se sacrifiant, prêt pour une poignée de secondes gagnées à se briser l’échine sur la Lande d’Orsan, avant de se faire écraser par cette tour qu’il avait tenté de retenir…

Mais ce fut sans compter sur Sibelle, qui parvint in extremis à le saisir entre ses serres acérées. La vitesse de l’un et de l’autre était telle qu’elle dut, pour le maintenir, l’agripper fermement, à travers sa chair, meurtrissant ses épaules avec douleur, avant de s’enfuir finalement sur la droite de la tour alors qu’elle tombait en se décomposant.

Au sol, chacun fit du sien pour éviter d’être écrabouillé. L’action de Xël avait fait gagner de précieuses secondes à tout le monde, si bien que Yurlungur fut rapidement hors de danger, ne devant pas même user de son pouvoir pour se mettre à l’abri. À l’abri, Ariane l’était aussi, posée loin de tout ça par Sibelle précédemment. Endar, de son côté, se porta in extremis hors de la zone dangereuse, claudiquant maladroitement, ses ailes ne parvenant pas vraiment à soutenir sa masse musculaire. Tout juste à le maintenir debout. Kivan avait réussi à convaincre Simaya de poursuivre la fuite pour l’instant. Toute sorcière qu’elle était, ses pouvoirs étaient d’un bien faible effet contre un garzok à la force décuplée ne maniant pas un gramme de magie. Suivie par Kivan, ils furent vite rejoints par Jorus, qui trouva qu’il était le moment de discuter avec l’esserothéenne, qui, essoufflée, paniquée, lui retourna un regard atterré. S’arrêtant, assez loin pour ne plus craindre la chute de la tour morcelée, elle regarda Kivan, resté un chouïa en arrière pour lancer un sort vers leur agresseur…

Et quel sort ! Comme ça lui était déjà arrivé précédemment, i sentit la magie affluer avec une telle puissance, une telle force, qu’il en perdit totalement de contrôle. Un rayon de lumière large et haut de trois mètres fusa de sa main, droit en direction du Garzok alors que ce dernier allait se prendre un pan entier de la tour sur le coin de la tronche. La lumière masqua ce qui se passa exactement, éblouissant quiconque regarderait dans cette direction, mais lorsqu’elle décrut, alors que la tour venait de finir de s’effondrer dans un fracas monumental, ne blessant quiconque du groupe en provenance de Yuimen, nantis d’une chance décidément insupportable. Tous ne pouvaient se gausser d’un tel luxe, cependant : Trifalgin avait à peine redressé la tête du corps de la créature à la mention de son nom par Endar. Ses yeux étaient rougis, ses joues striées de larmes. Il n’eut pas le temps de s’enfuir, et n’esquissa d’ailleurs pas le moindre geste en ce sens. Un pan de la tour tomba droit sur lui et le corps sans vie de l’être immonde qui l’accompagnait, emportant dans une mort certaine tous ses secrets, toutes ses allégeances et ses idéaux, lui, l’héritier spirituel du Docteur Gregan.

Le plus surprenant fut toute de même l’endroit où la lumière avait fusé. Il n’y avait à cet endroit ni débris de pierre, ni même cadavre de garzok. Ils semblaient littéralement s’être volatilisés, ainsi que toute chose sur 25 mètres de longueur en ligne droite, du diamètre de son rayon (lul). Aucune trace. Une vraie épuration de l’endroit. Quant à savoir ce qu’il en était réellement advenu, nul n’en avait la moindre idée, pas même Kivan. La poussière soulevée par tous ces morceaux de tour s’écrasant au sol en la faisant trembler s’éleva de terre avant de retomber en s’éparpillant. L’endroit était un vrai chantier, une ruine irrécupérable. La Tour d’Orsan n’était plus qu’un champ de roches et de débris de toutes natures. Nulle trace de l’entrée vers les souterrains, couverte de pierres amoncelées.

Mais le calme n’était pas revenu, ni les risques. Dans les cieux, deux dragons avaient peu fait cas de cet effondrement. Le duel se poursuivait, en la faveur du Dragon Noir pour le moment. Naral Shaam avait été forcé de lâcher sa prise sur le mastodonte sous peine de se faire carboniser la couenne par une nouvelle flamme terrible sortant de la gueule du monstre. Il volait avec agilité, tournoyant dans les cieux en évitant les lignes droites pour ne pas offrir une cible de choix, mais ne pouvait guère prétendre à retourner les assauts du noir contre lui. Simaya Sombreroc leva les yeux vers la scène et annonça :

« Nous devons mettre fin à cette folie. »

Elle regarda Jorus, répondant enfin à sa question.

« Je ne connais pas la majorité d’entre vous, ni ne me souviens de vous avoir rencontrés. Ce que je sais, c’est que le Conseil d’Or vous envoie, et que je suis l’une de ses conseillères. Je ne suis pas votre ennemie. »

Elle regarda une nouvelle fois dans les cieux, sembllant se concentrer sur le vol des sauriens… Et son apparence commença à changer. En quelques secondes, elle avait pris l’apparence d’un troisième dragon, d’argent celui-ci, aux écailles grises et au port altier.

Proche de Jorus et Kivan, elle pencha le cou pour que les deux y grimpent, selon leur volonté. Quelle que fut leur décision, elle battit des ailes au bout d’un moment, s’élevant de terre. Elle tournoya proche du sol, survolant la position d’Endar et de Yurlungur pour les saisir entre ses serres, sans brutalité. Si l’elfe noir n’eut guère le choix de se faire embarquer, il restait toujours à la petite la possibilité d’user de ses pouvoirs d’ombre pour se soustraire à la prise… Selon ce qu’elle voulait, à son tour. Puis, Simaya le dragon s’éleva dans les cieux, avec pour but de rejoindre le duel saurien, filant droit vers eux. Une chose était certaine : la bataille qui s’annonçait allait être aérienne…

Sibelle était elle aussi toujours en vol, maintenant Xël entre ses serres. Elle aurait la force de porter une personne de plus, si Ariane voulait se joindre à la cavalcade venteuse sans son lion…

Ou de toutes autres actions allaient être proposées, peut-être. D’autres choix, d’autres possibilités. Les clés étaient entre les mains des aventuriers. Des survivants de la Tour d’Orsan.

[Xël]

La tour se fige. Comme arrêté dans le temps. Le spectacle a quelque chose de magnifique. La force de ma magie la maintient suspendue dans les airs pour quelques instants. Elle se morcèle, se fissure. Elle ne forme plus un seul bloc mais plusieurs dizaines qui s’écartent au ralenti pour poursuivre leurs chutes alors que les plus petits morceaux sont emportés par les vents violents. Ma chute en revanche se poursuit à pleine vitesse ce qui accentue ma contemplation. Je ne peux plus rien faire désormais, seulement attendre que mon crâne heurte la terre noire de la lande, que mon corps rejoigne le charnier produit par la Tour d’Orsan. Je serai le dernier mort qu’elle recrache.
Un battement d’ailes attire mon attention avant qu’un choc violent me secoue tout en me provoquant une vive douleur aux épaules. La sensation me rappelle vaguement celle que j'ai vécu a Fan-Ming quand ce dragon m'a saisie dans ses pattes pour me lâcher sur le dos d'un autre. Hébété par la secousse et l'énergie que j'ai dépensé avec mon dernier sort je ne cherche même pas à savoir qui ou quoi m'a préservé d'une mort fracassante. J'observe le sol défiler avec béatitude. Je peux voir du coin de l'œil la tour finalement toucher le sol, soulevant un nuage de poussière sombre. Mon regard balaie les environs directs de l'impact à la recherche des autres aventuriers. Mais à travers cet amas de terre et de roche je peux à peine distinguer la base de la tour. Pourtant j'y accorde un regard insistant avec la crainte que Vallel en sorte indemne, accompagné de son armée. Je glisse également mon regard vers ce qui était le laboratoire en me demandant si la chute avait suffi à détruire la machine. Je m'approche du sol jusqu'à y être déposé. Epuisé, l'esprit encore embrumé, je ne parviens pas à garder l'équilibre et mes genoux touchent le sol. J’arrive malgré tout à m'éviter de tomber à plat ventre dans la poussière en me retenant avec mes bras. A quatre pattes, je ne cille même pas quand l'hippogriffe s'avance à mes côtés. Je comprends rapidement que c'est Sibelle qui est venu me sauver la vie. Je me redresse sur mes genoux et passe une main dans son plumage en pensant à la réaction qu'elle aurait si je me permettais le même geste si elle avait sa forme d'elfe. Je laisse échapper un mince sourire avant de la remercier.


Soudain une masse argentée immense surgit de la poussière et me remet les idées en place. Un dragon ! Encore un ! Filant droit vers le duel aérien qui redouble d'intensité. Je sens quelque chose tirer ma robe. Sibelle. D'un mouvement de bec elle me désigne son dos, m'invitant sans doute à y grimper. Je tourne à nouveau mon regard vers les lézards ailés. Je pouvais encore en forcer un à retourner au sol. Mais qui ? Le dragon noir me pourchasserait jusqu'au bout du monde si je recommençais ce manège avec lui. Naral lui serait à sa merci et il emporterait dans la tombe tous les secrets qu'il refuse de délivrer. Quant au dragon d'argent qui vient d'apparaître, je ne sais même pas dans quel camp il est.

Je me détourne du combat pour monter sur l'hippogriffe. Je me tiens délicatement à son plumage pour ne pas tomber lorsqu'elle décolle. Elle ne rejoint pas directement le combat mais ce dirige vers Ariane qui était présente dans la tour, elle se pose à ses côtés et lui fait un signe du bec. Ne pouvant pas joindre la parole au geste, je le fais pour elle:

"Tu devrais venir avec nous et demander à ton lion de se mettre à l'abri."

A mon tour je fais un geste vers elle en lui tendant la main.

"On doit d'abord voir si nous pouvons faire cesser cette bataille avant d'y prendre part. Approchons nous."

Dis-je à Sibelle avant de savoir si Ariane prend la décision de nous accompagner ou non. J'ajoute ensuite:

"Sois prudente. Le dragon noir sait que je peux le forcer à se poser au sol. Il pourrait nous attaquer pour m'en empêcher."

[Jorus Kayne]

Alors que j’arrive auprès de Simaya, la chute de la tour semble prendre fin subitement avant d’atteindre le sol. Au lieu de cela, elle commence à se morceler en de nombreux fragments qui eux tombent à terre. De nouveau je vois Sibelle dans sa forme ailée qui surgit de nulle part qui attrape en plein vol un corps humain. Ne me laissant pas le temps de déterminer de qui il s’agit, elle disparaît derrière des débris me forçant à porter mon attention sur autre chose qu’une cascade de roche.

Non loin de moi et de la sorcière, Kivan concentre sa magie lumineuse en direction du Garzok. Cette fois-ci il semble la contrôler sans déclencher de cataclysme. Un puissant rayon lumineux prenant sa source de la main du semi-elfe, obligeant à fermer les yeux à défaut de détourner le regard, se dirige vers notre adversaire alors qu’il est sur le point de se prendre un pan entier de la tour. Lorsqu’enfin la lumière décroît, la tour termine de s’effondrer sans qu’aucun de nous ne soit mis en danger. Enfin presque tous. Là où se trouvait il y a quelques instants encore Trifalgin et son horrible créature, un important morceau de la tour leur sert désormais de stèle funéraire. Le plus inquiétant est que la magie de Kivan semble avoir complètement désintégré tout ce qu’elle a touché sur plus d’une vingtaine de mètres de long, formant dans la tour un trou relativement large.

(Finalement il ne l’a peut-être pas complètement maîtrisé son sort ! Rappel pour moi-même, ne pas mettre en colère Kivan !)

Haut dans le ciel, les deux dragons n’ont que faire des évènements au sol. S’il est plus agile, Naral n’est pas aussi puissant que le dragon noir et se trouve contraint pour éviter les assauts de son adversaire, de voler aussi aléatoirement qu’une mouche.

(Une grosse mouche, bien rose et qui fait flac flac en battant des ailes. J’espère que dans sa forme actuelle nous n’aurons pas le déplaisir d’entendre son exécrable ricanement !)

Simaya me sort de ma contemplation de ce combat titanesque en exprimant son souhait de mettre fin à ce combat. Elle se tourne vers moi et prétend ne pas avoir rencontré la plupart d’entre nous, qu’elle est membre du conseil qui nous a envoyé ici et en aucun cas notre ennemie. Elle se concentre sur le combat dans les cieux et je commence à faire de même, en me demandant bien comment elle souhaite mettre fin à cette joute aérienne, lorsqu’elle se transforme soudainement. En l’espace de quelques secondes la sorcière à taille humaine est devenue un dragon d’argent aux écailles grises. Tout simplement majestueux.

(Ma parole mais c’est une tradition locale de se transformer de la sorte ?)

Loin de nous laisser Kivan et moi-même seuls, elle nous invite à monter sur elle en penchant son cou. J’hésite quelques secondes à répondre à l’invitation. Elle ne serait pas venue en compagnie de Xël et Sibelle s’ils ne l’avaient pas jugée loyale envers nous. De plus, elle n’a montré aucun signe de la magie usant de cadavres alors qu’elle pourrait être la reine au milieu de ces montagnes de chair putréfiée. Je monte finalement sur son coup et m’agrippe aussi bien que je peux tandis qu’une écaille menace dangereusement mon postérieur. Avant de se rendre vers le duel aérien, elle arrive à la position d’Endar et Yurlungur pour les prendre dans ses serres. Une fois cela fait, elle commence son ascension pour atteindre les deux monstres volants ! Reste à répondre à une dernière question que j’adresse à Simaya.

"Aussi nombreux qu’on puisse être, on fait comment pour arrêter deux dragons comme ceux-ci ?"

Le dragon noir ne se laissera pas faire et si Naral prend l’ascendant, je crains qu’il ne profite de l’occasion pour mettre un terme à la dangereuse menace que représente le dragon de la Lande. Cependant, Naral fait partie de ces êtres qui vous exècrent alors que vous ne les avez qu’à peine rencontrés et je ne souhaite pas lui donner le plaisir d’enlever une menace de sa longue liste. M’accrochant au dragon d’argent, je crains un choc violent et prépare dans mon autre main mon grappin et sa corde. Toutefois, une idée saugrenue me vient en tête et dans une telle situation je me dois de tout tenter.

(Allez Jorus, si les autres sont parvenus à le faire pourquoi pas toi ? Tu es un grand dragon ! Un grand et terrible dragon avec des crocs, des serres et des ailes qui font aussi flac flac.)

Je monte sur le cou de Simaya et m'accroche d'une main en préparant mon grappin attaché à ma corde de l'autre.
A défaut de faire un truc utile, je me concentre très fort et bande tous mes muscles, comme lorsqu'on est constipé depuis cinq jours, pensant qu'une éventuelle force cosmique me transformerait en dragon à moi tour.

[Sibelle]

Tout en volant à plein régime en direction de son compagnon, Sibelle eut l’impression que la tour ralentissait sa course vers le sol. Cette dernière semblait figée un moment, craquant de toutes parts. Cependant, l’elfe blanche sous sa forme animale n’avait guère le temps de s’attarder à de telles observations, elle devait sauver coute que coute le mage imprudent.

Concentrée, la fierté d’Azur fonçait sur sa cible à toute allure, décidée à l’attraper… ce qu’elle réussit de justesse. Une fois que ses serres agrippèrent le mage, elle dut user de toute sa puissance pour contrer la force qui attirait celui-ci vers le sol. Elle parvint à le retenir en resserrant sa prise sur les épaules de ce dernier, lui causant bien malgré elle des blessures. Une fois sa proie entre ses serres, elle fila à toute vitesse côté cour.

Ce ne fut qu’une fois hors de portée qu’elle se permit de tourner sa tête d’aigle afin de voir ce qu’il en était de la tour. Elle vit un de ses pans tomber et impuissante, elle ne put qu’espérer qu’aucun n’être vivant ne se trouvait en dessous. La tour se fracassa sur le sol qui en trembla, la poussière soulevée par l’impact retomba et Sibelle poussa un profond soupir.

La fierté d’Azur se posa au sol sur ses pattes arrière afin de ne pas écraser son protégé et le libéra de sa poigne. Ce dernier vraisemblablement épuisé s’effondra sur ses genoux. Les sentiments de Sibelle étaient mitigés et se balançaient en fait entre colère et soulagement. Elle en voulait à ce naïf inconscient d’avoir pénétré dans la tour et grimpé les étages au lieu de se réfugier en lieu sûr, sous sa forme d’elfe, elle l’aurait sûrement secouée un peu afin de lui faire entendre raison. D’un autre côté, elle savait que sa mort l’aurait grandement affectée. Refusant de faire davantage d’introspection, elle s’approcha de lui afin de voir de plus près les blessures qu’elle lui avait infligées aux épaules. Sur ses genoux, Xël se retourna vers la guerrière et prit le risque de passer la main dans son plumage. Surprise, la guerrière ne put esquiver le geste ni réprimer un léger frisson au contact de l’homme qui la remercia. Conservant sa forme d’hippogriffe, elle fit un signe de la tête. En tant que guerrière, et aussi compagne de mission, elle n’aurait pu envisager le regarder mourir sans rien tenter pour le sauver.

Ils n’étaient cependant pas au bout de leur peine. Des grondements dans le ciel attirèrent l’attention de Sibelle. Aucun signe d’orages ou de foudre ne se dessinait, si ce n’était ceux des deux dragons s’affrontant sans merci : le noir contre le mauve. Et sans grande surprise, le dragon noir plus imposant et violent avait le dessus, le mauve plus petit, usait d’ingéniosité et de souplesse afin d’éviter les assauts du saurien plus gros. Puis un autre dragon, argent cette fois et de la grosseur du mauve grimpa rapidement dans le ciel portant des compagnons sur son dos et par ses serres. Bien qu’elle n’ait aucune idée sur son identité, elle était persuadée qu’elle était dans le bon camp. Ne voulant d’aucune façon être une spectatrice, Sibelle de son bec tira sur la tunique de Xël. N’étant pas doté de parole, de sa tête, elle lui indiqua son dos, lui proposant une position plus confortable pour voyager. Plutôt déluré, le mage comprit immédiatement les intentions de la belle et grimpa sur son dos. Percevant la prise du mage sur ses plumes, ce fut sans inquiétude de chute que Sibelle s’envola. Sans prendre de l’altitude, elle se dirigea vers la guerrière et son lion. Elle se posa de nouveau au sol et de son bec, lui pointa son dos où Xël prenait déjà place. Ce dernier facilita la conversation en expliquant à Ariane ses intentions tout en lui tendant la main. Fébrile et impatiente de se mettre à l’action, la fierté de l’Azur attendit tout de même la réponse de la guerrière et lui laissa le temps de grimper sur son dos, si tel était son désir.

Une fois ses passagers bien installés, elle se mit à courir puis s’envola plein gaz en direction du conflit aérien. Pendant l’ascension, Xël lui demanda de s’approcher afin de voir ce qui en était tout en demeurant prudente afin de ne pas se faire attaquer par le sombre saurien.

Sibelle pour sa part savait qu’elle devait protéger Naral afin de compléter leur mission et de le ramener à la tour d’Or. Pour ce qui était du dragon d’argent, elle l’avait supposé dans leur clan puisqu’il transportait ses compagnons. Elle s’approcha donc des dragons, plus précisément du noir, tout en restant derrière lui à une distance qu'elle jugea sécuritaire.



(((Sibelle dépose Xel au sol et le fait grimper sur son dos. Elle offre à Ariane de prendre place également. Elle s'envole ensuite vers le conflit aérien, se position derrière le saurien noir. n'attaquant pas pour le moment et se tenant à distance sécuritaire. )))

[Endar]

Le shaakt vit l'ombre de la Tour au-dessus de lui, mais heureusement par un coup de chance ou un coup de pouce du destin, il arriva à s'enfuir de la zone d'impact et même arriva à ne pas être touché par les débris de celle-ci. Son nouveau corps était endolori et la douleur affluait tant au niveau de l'intérieur de son coude qu'au creux de son genou. Il chercha vainement la peste qui s'était prise à lui sans autre motif valable que la vengeance. Il était possible de dire que Yurlungur l'avait encore en travers de la gorge.


La poussière provoquée par l'effondrement de l'édifice s'évapora au fur et à mesure des terres du Duché d'Orsan, ne laissant que quelques débris par-ci par-là et des traces de poussière sur son armure rutilante. Son sang gouttait toujours de ses blessures ouvertes, mais cela ne semblait guère se détériorer avec le temps.Il lui fallait sa gourde remplie de potions pour qu'Endar se sente à nouveau en pleine possession de ses moyens. Son regard ambré, hagard, à la recherche désespérée d'un Trifalgin qui s'en serait sorti avec un tour de passe passe, sa mémoire lui rappela l'instant où il avait vu le chirurgien-barbier sous la Tour ne lui adressant qu'un regard plaintif, empli de la douleur d'avoir perdu sa créature. Naral Shaam avait encore frappé, il n'était que violence et déchéance sur Aliaénon. Il n'appartenait pas à ce monde, ne le comprenait qu'en partie et cette partie ne servait que ses propres intérêts égoïstes et égocentrés. Ce chaos n'avait plus de sens pour aucun combattant, pas même les deux dragons qui survolaient l'édifice désormais en ruine. Tout était perdu !

Le chaos ne fit que s'accroître pourtant alors que Simaya prennait la parole déclarant vouloir mettre fin à ce désordre. Endar n'eut qu'un sourire mauvais à l'écoute d'un tel discours pétri de bonnes volontés. Sa présence en ces lieux avait été la cause de tout ce catacylpse et il ne savait toujours pas pourquoi elle les avait attaqué dans la grotte près d'Elscar'Olth ni pourquoi elle avait acquise le pouvoir de la cité de Fan-Ming ou le fait qu'elle devenait un dragon.

Ses yeux n'en crurent rien alors qu'elle se métamorphosait en un reptile ailé aux écailles argentées, d'une taille plus ou moins égale à celle de Naral Shaam dans sa forme draconique. Les dragons avaient été la source de tout ce chaos et elle revêtait leur apparence. Pire encore, il ne put rien faire lorsqu'elle prit Yurlungur et sa personne dans ses griffes pour les transporter vers le lieu de l'affrontement aérien. Il eut beau s'agiter, ses cheveux claquant contre ses cornes, rien n'y fit.
Il foudroya du regard Simaya.

- Libère moi Simaya, ce conflit a assez duré, je ne t'aiderai pas à sauver Naral Shaam. Trop de gens sont morts par vos fautes respectives et j'ai échoué à les protéger, alors repose moi au sol.