Le palais des oiseaux

Le destin se joue là où le passé et l'avenir s'entrechoquent.
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Meraxès
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Meraxès » sam. 11 mai 2019 19:26

Post squelette :

Meraxès doit passer le pont de corde et il compte bien le faire. Il ordonne au Yog d'éblouir les fourmis qui s'approchent trop. De son côté, il invoque un vent puissant pour repousser les insectes, puis, sort effectif ou non, il se précipite sur le pont de corde.

(((Yog : Flash rang 3 ; Meraxès : Vents infernaux rang 3.)))

Gamemaster X
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Gamemaster X » dim. 12 mai 2019 10:26

Heartless semble figé, face à l'imposant insecte qu'il vient de braver. Alors que le Yog échoue une fois de plus à user de sa magie, Meraxès déchaîne des vents infernaux qui emportent encore quelques créatures. Le mâle qui fait face au pirate, cependant, reste immobile, comme paralysé. Le prêtre peut passer la corde sans problème.

Puis, comme par miracle, le kasuris fait demi-tour. Le reste du groupe peut alors passer en vitesse alors que le plafond s'ébranle. Des bruits de chocs et d'écrasement retentissent au loin alors que le temple s'effondre. Le groupe court dans les couloirs, malgré le sol qui tremble et s'ébranle. Vous arrivez aux portes de la zone de pierre noire juste à temps pour assister à un spectacle étrange : un peu plus loin, Mathis chante une chanson mystérieuse, écartant les deux énormes golems qui gardaient la porte, vous ouvrant la voie. Voie qu'il s'empresse de prendre, distançant tous ses compagnons sans peine grâce à ses bottes.

Nessandro et Daer'on volent au-dessus de tout le monde tandis que le vacarme devient apocalyptique. Vous remontez le temple vers sa porte. Il n'y a plus de fourmis géantes, ici, mais les murs se fissurent quand-même tandis que le sol devient instable. Vous trébuchez à plusieurs reprises dans votre course et des paquets de poussières s'abattent sur vous. Quelques blocs manquent de peu de vous écraser...

Mais, enfin, vous atteignez l'extérieur. Pendant un instant, vous restez figés, sans comprendre ce qui se passe devant vous. Le soleil est invisible. Un vent violent et abrasif vous fouette et vous ne pouvez voir à plus de dix mètres devant vous. À vos pieds, les cadavres des archéologues qui se tenaient à l'entrée, dont celui qui avait aidé Nessandro et le disparu Adar à comprendre l'énigme. Le reste est noyé dans une formidable tempête de sable. Des hurlements et des bruits de combat retentissent un peu partout... puis se taisent.

Alors, soudain, alors que vous peinez encore à comprendre ce qui se passe, le vent cesse et le sable retombe. Devant vous, les hommes du désert, mais aussi les aldrydes de Shada'iss ont les armes à la main. Encore tremblants ils regardent leurs adversaires, une nuée de kasuris qui gémissent et hurlent sous un ciel redevenu bleu. En un instant, ils s'engouffrent dans leurs galeries et désertent le camp.

Alors que vous avancez en titubant, vous êtes accueilli par Salaheddine, le chef de clan, et par l'adryde Jorhan et Gaël le milicien. Ils sont épuisés et couverts de sang. L'homme du désert a un sourire sauvage au visage :

« Hé bien, au moins je sais d'où venaient les tempêtes qui dévastaient la région... Mais que venaient faire ces créatures ici ? »
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Vous n'avez pas le temps de répondre qu'un bruit terrifiant retentit derrière vous. Un craquement terrible et un roulement déchirant de pierre brisée qui résonne dans la vallée ! Derrière vous, le pic que vous avez appris à identifier comme « l'aiguille de la conciliation » s'effondre, emportant avec lui l'essentiel de l’extraordinaire demeure des dieux. Les ruines plus de trente fois millénaires, qu'ont jadis arpentées les dieux avant de partir sur Nyr'Tel Ermansi et qui ont traversé les âges ont finalement vécu. Et la poussière qui se lève en nuage vous engloutit dans un linceul de ténèbres, comme si les ruines orgueilleuses voulaient cacher d'un voile pudique leurs derniers instants.

C'est terminé.

Vous passez les jours suivants à vous remettre de l'épreuve que vous avez traversée. Jorhan se fait beaucoup de soucis pour les aldrydes du groupe. Devenu le chef de facto pendant la convalescence de Shada'iss, il prend sa tâche à cœur. Gaël et la capitaine Leifyriane du Passe-nuage utilisent l'aynore pour aller chercher du matériel de soin et des médecins pour soigner les innombrables blessés. L'attaque des kasuris était centrée sur le temple, mais certains, peut-être suite à une erreur de trajectoire, ont débouchés dans le camp et fait un carnage. Plus de deux-cents morts et d'innombrables blessés, aussi bien chez les hommes du désert que chez les archéologues.

Lorsque Shada'iss et Nassandro commencent enfin à se remettre et que toutes vos blessures sont soignées, vous êtes convié à prendre le thé avec Salaheddine. Celui-ci est curieux de vos découvertes :

« Qu'étaient donc ces créatures qui nous ont attaquées ? Qu'avez-vous découvert dans ces ruines ? »

Gaël, la mine sombre et le regard un peu suspicieux, ajoute ses propres questions en fixant Heartless :

« Et, plus étrange, que faites-vous ici, pirate ? On vous croyait disparu à la bataille de Sartori... »

Pour tous :
Evénement aventureux périlleux : 3XP
RP d’interaction : 0,5XP
Combat difficile : 3XP
Acte de prestige : Victoire au temple

Pour Mathis :
Acte de prestige : Sauvetage de Shada'iss

Pour Heartless :
Acte de prestige : Parole d'insecte !

Pour Meraxès :
Acte de prestige : Transcendance

Pour Nessandro :
Une rune Yaru (à identifier) pour l'émotion et la qualité des textes !

Vous pouvez RP ces quelques jours à votre convenance. Si vous voulez faire des apartés, prévenez moi !

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Nessandro
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Nessandro » ven. 17 mai 2019 20:31


La fuite du temple se fait sur fond sonore de pierre rompue, de poussières roulant un peu partout et de respirations rapides. Quant aux images, elles demeurent floues et ne me marquent pas franchement. Dae'ron me guide avec fermeté malgré la substance poisseuse et sanguine maculant la main retenant mon abdomen. Au bout du long tunnel remontant vers la sortie, la lueur du jour me parait étrangement faible. À peine sommes-nous dehors que j'en détermine la raison sans la comprendre au premier abord. Le chaos s'est aussi répandu en extérieur. Aucun soleil à l'horizon, un vent violent et chargé de sable semble vouloir nous renvoyer d'où nous venons et, causant une pression légèrement accrue contre mon armure, les corps de plusieurs archéologues. Un peu partout, des bruits de lutte, de souffrance et de trépas émergent autour de nous. J'en grimace. Est-ce que le bouffon a fait le ménage en sortant ou est encore en train de le faire ? Une toux brève ravive un éclair de douleur dans ma poitrine et attire sur moi toute l'attention du Protecteur. Après avoir respiré la puanteur des géants pendant le voyage aérien puis la poussière de ce tombeau géant, voilà que les grains dorés des environs s'y mettent !

J'ai à peine élevé la main pour y faire barrage lorsque le tumulte des environs cesse subitement. Le spectacle est saisissant. Humains locaux et aldrydes font face à une nuée de ces insectes ignobles et couards, qui fuient sous terre dès que le temps les dévoile. J'entends Dae'ron prendre une inspiration vive, touché par la vue des combattants blessés ou agonisants. La tête couronnée humaine se permet de sourire, visiblement encore sous l'émotion d'une lutte à mort avec l'inconnu, et de demander qui étaient ces choses. Sauf que nul n'a la possibilité de répondre avant d'un grondement sinistre ne secoue les environs. C'est avec une sérénité teintée de mépris que je vois, comme tous les présents, la tour abritant les statues colossales s'effondrer sur elle-même. L'écho se répand dans les boyaux de la construction jusqu'à amener à nous une véritable brume de poussière teintant les environs de gris.

Lorsque les débris retombent, c'est un silence pesant qui plane un court instant, mais qui finit par être tailladé peu à peu par les plaintes des survivants de l'attaque, leurs râles ou leurs pleurs. Et si voir tous ces géants et ces emplumées gésir m'aurait empli de satisfaction en temps normal, là, je ne perçois qu'une grande lassitude. Un peu de fatalité aussi. Dire que parmi les combattants aldrydes, certains n'ont émergé de leur prison glacée que pour finir leur courte vie ici. C'en est pitoyable ! Et au fond presque... Triste.

"Économise tes forces au lieu de...", commence Dae'ron, m'informant que j'ai encore du dire ça de façon audible, avant de juste claquer de la langue et de m'entrainer vers une tente où d'autres sont déjà aiguillés.

Il a beau faire de son mieux, il ne peut ni contrôler le léger tremblement qui l'anime ni masquer les pulsations abruptes et erratiques de son cœur. Le Protecteur est secoué, mais sa magie le place à l'avant-garde de ceux qui ne peuvent pas se permettre de se reposer. J'en arrive presque à le prendre en pitié sur son sort. Presque. Mais pas cette fois. Car si j'en juge au regard déterminé à mon endroit et qui ignore les autres patients affluant dans la tente que je constate, je suis le seul qui retienne son attention. Enfin, plutôt l'armure sombre qui m'enserre, et que Dae'ron regarde comme si elle était son plus grand ennemi. Si la douleur sourde m'avertissant que mon état est préoccupant ne s'y opposait pas, j'en rirais presque. Mais il a raison de s'en inquiéter. La dernière fois qu'une pièce protectrice se trouvait entre lui et son objectif, la blessure n'était pas belle à voir.

Entre deux étourdissements faisant passer les sifflements à un silence cotonneux, j'en viens à me demander distraitement combien de temps cela me prendra avant qu'il n'y ait plus de place sur mon corps pour poser d'autres cicatrices.

"Nessandro...", gronde le Protecteur en me dardant d'un regard entre inquiétude et agacement.

Oh. Je vais devoir corriger cette foutue manie avant qu'elle devienne une sale habitude.

*

Des côtes enfoncées, un flanc droit perforé par des aspérités et un petit claquage au bras pour couronner le tout, voilà ce que me reproche Dae'ron une fois de plus en changeant le pansement couvrant la zone à vif de mon torse dénudé. Je le laisse grommeler, conscient qu'il ne fait pas cela pour me causer de la culpabilité -ce qui serait un effort stupide de sa part-, mais pour se distraire de la situation. Il est tendu, blessé d'avoir entendu le nombre exact de victimes du camp. Environ deux cents personnes, soit sans doute toute la population à la ronde dans ce foutu désert trop chaud ! Et repeuplé aussi vite avec tous les médecins s'affairant un peu partout. Guérisseurs et autres adeptes de la médecine que je revois Dae'ron menacer de la javeline à la simple évocation de leur laisser la place à mes côtés. Pour un peu, il leur aurait montré les crocs ! Dommage qu'il soit enclin à se montrer irréprochable et empli de sang-froid.

Je l'observe une fois qu'il s'est relevé, tandis qu'il flatte distraitement la huppe du harney alors que ce dernier lisse les ailes blanches. L'oiseau cesse brusquement son activité lorsque Jorhan se pose non loin du nid, façonné avec nos hamacs, où je suis assis. Je lui fais l'honneur de répondre à sa salutation d'un bref signe de tête avant de grimacer quand le blondinet se tourne vers Dae'ron. Le chef des aldrydes, qui s'est vu affublé de la position en attendant que la rouquine se remette aussi, affiche une expression concernée tandis qu'il discute avec le Protecteur. J'ai un peu de mal à entendre ce qui se dit entre eux, et cela m'agace. Encore des petits secrets ? Des choses que je ne suis pas censé entendre, peut-être ? En tous cas, j'esquisse un rictus victorieux quand, après de longues minutes à me faire ressembler à un élément du décor, mon manieur de lumière me divertit grandement en giflant la main intrusive pointant vers son visage, provoquant un hoquet de surprise chez l'aldryde aux ailes teintes. Qu'il masque en toussotant dans son poing, l'imbécile, avant d'apposer la même main contre l'épaule de son interlocuteur.

"Qu'est-ce qu'il voulait ?", demandé-je sans détour lorsque Dae'ron s'agenouille à ma gauche.

"Prendre des nouvelles."

"Et ?"

J'accompagne ma question d'un regard appuyé, indiquant que j'ai assisté aux gestes échangés. Cela tire un souffle agacé de mon vis-à-vis.

"Me dire de me reposer. De lâcher prise.", fait-il sur un ton empli de reproches. "De me détendre un peu, par mes ailes !"

J'ai rarement vu Dae'ron dans cet état d'esprit, irrité au point de m'en voler mes jurons, mais c'est déjà arrivé. Et même si cela me plume de l'admettre, le blond a raison. Durant ces deux derniers jours, le Protecteur a veillé sur moi longuement mais s'est quand même rendu disponible pour aider les uns et les autres. Il s'est tout de même fatigué à fabriquer un nid avec nos couchages, par crainte que quoi que ce soit d'autre nuise à mon repos. En parlant de ça, quand a-t-il véritablement dormi ? Le réaliser me fait plisser les yeux et croiser les bras lentement.

"Il a raison."

"Que... Pardon ?", lâche un Protecteur stupéfait.

"J'ai dit... Il a raison.", répété-je avant de grogner. "Et l'admettre est... Déplaisant."

Le Protecteur m'observe attentivement, comme si j'avais spontanément changé de coloris. Lentement, il approche sa main, en posant le revers contre mon front. Je roule des yeux en comprenant son geste et surtout en le trouvant inutile vue ma condition. Toujours à s'inquiéter pour les autres, celui-là. Je devrais le repousser pour ça, lui faire comprendre que je ne suis pas délirant, mais je suis avide de contact avec lui. Alors, je le laisse faire, me concentrant pour percevoir chacune de ses phalanges contre ma peau. Cela m'aide plus qu'il ne l'imagine car je ne suis guère plus détendu que lui, agacé par toutes les allées et venues aussi bien dans la tente que dans ses environs immédiats. Dire que je trouvais le camp des rebelles grouillant et inconfortable...

Maintenant que j'y réfléchis, je n'ai pas encore tenu parole. Je n'ai pas eu l'opportunité de monopoliser le Protecteur. J'attends de le voir pincer les lèvres en constatant l'inutilité de son geste puis, alors qu'il retire sa main, je l'agrippe et la tire par-dessus mon épaule, entrainant son propriétaire dans le même mouvement. À peine sens-je sa poitrine percuter la mienne que j'encercle sa taille, rabats mes ailes et m'allonge en l'obligeant à faire de même. La pression désagréable au niveau du pansement ne me fait même pas tressaillir, mais cause une certaine panique chez ma proie ailée. Dae'ron s'agite, cherchant un appui pour se relever et à agripper ma main qui le retient. Je ferme les yeux, percevant le vrombissement de son torse à chaque fois qu'il parle. Il balbutie, prétextant un danger pour mes côtes encore fragiles.

"Tu as si peu confiance en ta magie ?", demandé-je en regardant finalement le tissu de la tente lorsque le Protecteur se crispe un peu. "Pas moi.", soufflé-je à sa spirale auditive, tout en desserrant mon étau sur sa forme.

De longs instants s'écoulent où je perçois ses ailes, jusque-là agitées de mouvements instinctifs et brutaux, se replier petit à petit et s'abaissant jusqu'à envelopper sa forme. Il demeure immobile un moment, son souffle étant la seule chose vraiment audible du nid. Il finit par faire basculer son poids, prenant appui sur avant-bras et jambe droite pour se redresser. Je fais de même sur mes coudes pour accompagner son geste, laissant son expression hors de ma vue un court instant. Quand son visage est de nouveau visible, j'y décèle un léger sourire soulagé auquel je réponds malgré moi. Ce n'est qu'à cet instant que je remarque qu'il est proche. Très proche. Assez pour sentir son souffle effleurer ma joue et voir que sa lèvre inférieure est légèrement coupée... Trop sèche sans doute... Et pourtant toujours bizarrement attractive... Je cligne des yeux, remarquant avoir fixé la bouche de Dae'ron plus longtemps que mon égo l'y autorise. Une conversation que nous avons eue me revient par bribes. Est-ce que lui aussi songe à cet aveu fait sous le coup de la colère ? Nos regards se croisent de nouveau. Est-ce qu'il s'éloigne de moi ? S'approche ? J'ai du mal à m'en rendre compte, obnubilé que je suis par le soudain mouvement de sa gorge alors qu'il déglutit. Il suffirait simplement que...

Dae'ron et moi sursautons de concert à l'impact, pourtant à peine perceptible, causé par un harney plein d'entrain au bord du nid. Nous tournons notre attention sur la bête, tandis que l'oiseau sombre émet un son joyeux, presque moqueur. Sans doute parce qu'il nous voit si proche l'un de l'autre, le volatile indélicat se colle à nous et déploie ses ailes comme pour nous couver. Je me serais pincé l'arête du nez avec dépit si mes bras ne me servaient pas d'appui, frustré que je suis par la tournure des événements. Rarement me suis-je senti si floué par un imprévu, et c'est peu dire vu tout ce que j'ai déjà pris sur le coin des ailes !

Je me contente de plisser les yeux et de pousser un souffle courroucé, pendant que le Protecteur réagit à l'importun par un petit rire. Et maintenant, ma monture lisse ses plumes, produisant mouvements et sons ruinant ce qu'il restait du moment.

"Nessou ?", m'interpelle le Protecteur avec un fond d'amusement dans la voix.

Je laisse ma gorge produire un petit grognement en réponse à l'appel, mais le silence qui suit la prise de parole m'incite à reporter mon attention sur le brun. Son front s'accole au mien puis c'est au tour de son nez qu'il frotte doucement, réitérant le geste que nous avons partagé chez les sektegs. Mes yeux s'écarquillent brièvement au gré de la surprise, puis se ferment lentement. Je prends une longue inspiration que je finis par libérer en un semblant de soupir quand il a rompu le contact. À peine ai-je exhalé cet air chaud qu'une fraicheur, parfaitement tangible celle-ci, effleure mes lèvres. Une seconde se mue en deux puis trois avant que je réalise ce qui se passe, ce que Dae'ron a eu le courage d'entreprendre à son tour. Et je n'ai aucune envie de l'en dissuader. Je ferme les yeux au moment où une main fraiche s'accole le long de ma joue, un doigt lissant ma balafre sur toute sa longueur. J'ai à peine le temps d'esquisser un mouvement en réponse que le contact de nos lèvres se brise. Aucun de nous n'ose parler. Pour dire quoi ? C'était trop rapide alors... Encore une fois ? J'ai beau y songer avec une force incontestable, quelque chose m'empêche de le formuler. De nouveau, je sens Dae'ron apposer son front contre le mien et déglutir à plusieurs reprises. Lui aussi a l'air de se débattre avec ses idées...

Après un moment de cette intimité délicate que ni l'un ni l'autre n'ose mettre à mal, mon brun prend une décision responsable et m'enjoint sans un mot à m'étendre, faisant de même à mes côtés après m'avoir observé prendre place. Je sais que si je le regarde aussi franchement qu'il vient de le faire, je ne suis pas certain de ce qui pourrait arriver. Alors, je me contente de profiter de son contact, pas franchement étonné de la rapidité à laquelle il s'endort en calant ses mains de part et d'autre de mon bras.

Le silence qui nous entoure est étrangement agréable. La certitude que je ne pourrai jamais m'assoupir dans ces conditions, beaucoup moins.

*

Une poignée de jours plus tard, mes forces revenues, je suis convié comme les autres chez la tête couronnée du désert. Et si ces derniers temps je parvenais à retenir mon amertume et mon irritation, devoir me remettre à la chasse aux aurores leur laisse la porte grande ouverte ! D'autant qu'à part proposer un breuvage brûlant auquel je n'ai aucune envie de toucher, l'humain pose des questions idiotes ! Qu'est-ce que c'était que ces bestioles et qu'a-t-on découvert dans ce tas de gravas ? Mais qu'ont fait les géants capables de tenir sur leurs deux guiboles pendant que d'autres se remettaient ?! J'aurais cru les grands imbéciles capables d'un minimum de réflexion et de jugeote, du genre à tenir le détenteur d'autorité informé rapidement ! Mais il faut croire que j'ai encore surestimé la logique des grandes-gens...

Par contre, leur capacité à accuser est inchangée. Le milicien, plutôt que de se renseigner de façon détournée, met pile le doigt sur un fait qui dérange : comment le borgne a pu disparaitre de la cité aldryde pour arriver ici ? Les aurores, bougre de crétin... Elles ont fait arriver un elfe grillé, qui a disparu d'ailleurs, elles peuvent aussi bien ramener un pirate. Je sens déjà un mal de crâne poindre à cause de l'agacement. Quant à ce que nous avons trouvé... J'avise mon compagnon ailé, qui affiche un air surpris, comme s'il ne s'attendait pas à ce que je porte mon attention sur lui. Ou parce qu'il me dévisageait lui-même et ne pensait pas que je le pincerais en train de le faire. Dae'ron toussote pour s'éclaircir la gorge et s'avance un peu.

"Nous nous sommes divisés assez vite. De notre côté, Nessandro, le sieur Adar et moi avons parcouru une aile funéraire de la construction."

"Pas très palpitant. À part le gardien de métal.", ajouté-je en inclinant la tête sur le côté.

"Oui... Elle débouchait, comme d'autres passages, sur une salle où deux golems gigantesques servaient à ouvrir des portes également impressionnantes. Elles donnaient sur des tunnels faits d'une roche noire et peu familières.", explique le Protecteur, attendant mon aval marqué par un signe de tête avant de continuer. "Tout au bout du complexe, une salle servait de... Comment expliquer... De point de départ à..."

"À partir de cette pièce, il était possible de contrôler un contingent d'autres combattants de métal.", aidé-je le Protecteur avant de durcir le ton. "Qu'il a fallu réveiller pour couvrir certains... Quand je pense que seule la petite soldatesque a pu être mise en service..."

"Et combat peut-être encore quelque part sous nos pieds, qui sait ?", évoque le Protecteur avant de se tourner vers les autres. "Pour le reste, je pense que nous partageons les mêmes connaissances."

Au tour des géants de se dessécher les cordes vocales à s'expliquer.

[Suite]


"Que les géants persistent donc à croire qu'une taille dix fois supérieure à la mienne suffit à les rendre invincibles... Il ne m'en sera que plus simple de leur inculquer le plus douloureusement possible que nul n'est à l'abri d'être pris de haut."

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Mathis
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Mathis » dim. 19 mai 2019 06:34

Ma douce et mélodieuse voix de ténor sembla plaire aux golems puisqu’ils s’écartaient de l’ouverture pour me céder le passage. Alors que je poursuivais mon chant, je pus entendre derrière moi, les pas précipités de mes compagnons, ils s’approchaient et pourraient profiter de l’ouverture des portes eux aussi. Je ne les attendis pas, à vrai dire, je ne me retournai même pas, je les savais hors de danger et capables de se débrouiller sans moi.

Ce fut donc au pas de course que je franchis les corridors, suivant scrupuleusement, mais à rebours, les indications que j’avais inscrites à la craie blanche sur les murs noirs et à l’aide du charbon sur les murs plus clairs. Il n’y avait plus de fourmis géantes, mais nous n’étions pas sauvés pour autant, les murs se fissuraient sous nos yeux et le sol tremblait sous nos pieds. Le palais et les ruines risquaient de s’effondrer à tout moment, et nous ensevelir vivants. À un carrefour, je perdis pied et roulai sur moi-même, protégeant Shada’Iss de mon bras droit. J’évitai ainsi un immense bloc de pierre qui venait de s’écraser à deux pas de moi. Praline qui me suivait de près, évita sans difficulté les débris qui s’échappaient du plafond.
Nous atteignîmes enfin l’extérieur entièrement recouvert de poussières. Cela me prit quelques secondes pour comprendre ce qui s’y passait. Le vent soufflait avec une telle puissance et était tellement chargé de poussières qu’il nous était impossible de voir la lumière du jour, ni même au-delà de quelques mètres devant moi.

Lorsque je baissai enfin la tête, je vis malheureusement de nombreux cadavres gisant sur le sol. Ils s’agissaient des archéologues qui étaient demeurés à l’entrée des ruines. Si nous étions aveuglés par la tempête de sable, nous pouvions cependant entendre des hurlements, et des bruits de bataille, sans pouvoir deviner leur provenance.

Et puis, le vent cessa abruptement, permettant au sable de retomber sur le sol. Nous pouvions enfin voir ceux qui étaient à l’origine de tout ce bruit : les hommes du désert et des aldrydes armées faisant face à une nuée de Kasuris. Si la présence du soleil et de la lumière nous furent bénéfiques, il n’en était rien pour ces insectes des profondeurs qui gémissaient de douleur et de terreur avant de déserter le champ de bataille pour s’enfouir dans les profondeurs de la terre.

Affaiblis et à bout de souffle, nous nous rendîmes jusqu’au chef de clan Salaheddine accompagnée d’un aldryde et du milicien Gaël, ils étaient tout aussi mal en point et épuisés que nous. Content d’avoir compris d’où venaient les tempêtes de sable, Salaheddine affichait un sourire victorieux. Il savait que désormais la région ne serait plus dévastée.

L’homme du désert n’eut que le temps d’ouvrir la bouche qu’un bruit terrible se fit entendre derrière nous. Il s’agissait des ruines et surtout l’aiguille de la conciliation qui dans un craquement violent s’effondraient, recouvert peu à peu par le sable jusqu’à complètement ensevelis.
***
Quelques jours s’étaient écoulés, et j’en avais passé les premiers à l’infirmerie à me reposer pour reprendre des forces, mais aussi pour faire soigner ma blessure au dos. Ma blessure guérissait à un bon rythme, mais malheureusement, il n’y avait pas à proximité un artisan qui aurait pu réparer mon plastron de cuir. J’ai eu l’idée d’aller voir sur le champ de bataille pour récupérer un plastron. Comme je m’y rendais, un homme du désert m’accompagna, ça me contraria légèrement, car j’en aurais profité pour fouiller les bourses et en retirer des yus, les morts n’ont plus de dépenses à faire. Ne voulant pas qu’il devine mes intentions, je lui fis un grand sourire et lui demandai s’il était possible de ramasser un plastron de cuir sur les personnes décédées. Je lui expliquai que mon équipement étant brisé, j’en avais besoin d’un de rechange lors de notre prochaine expédition en direction de la Ruche. Il sembla hésiter un moment, puis accepta. Il m’en proposa quelques-unes et je choisis celle qui me semblait de la meilleure qualité.

En revenant du champ de bataille, j’allai porter cette nouvelle pièce d’équipement avec le reste de mes effets personnels dans la tente qui m’avait été assignée. Puis, je fis le tour des tentes à la recherche de celle de Shada’Iss. Après quelques essais infructueux, je pénétrai enfin dans la bonne tente. A pas feutré, je m’approchai silencieusement de crainte de la réveiller.

Elle était étendue sur un petit tapis de paille déposé sur le sol. Bien que son teint était encore très pâle, elle était réveillée et m’offrit un faible sourire. Je m’agenouillai à ses côtés et lui dit d'une voix douce et pas trop forte afin de ne pas déranger les autres convalescents:

« Bonjour… ça va mieux ? Je me suis inquiété pour vous. »

Elle me remercia et s’empressa que me dire qu’elle se souvenait que c’était moi qui l’avais sauvée. Elle insista pour payer sa dette, je n’avais qu’à demander. Tout en lui faisant un discret clin d’œil, je lui répondis :

« C'était tout naturel, je ne pouvais pas vous laisser là. » Et puis tout en la taquinant, je rajoutai : « Et puis, nous allons avoir besoin de vous comme reine pour nous rendre à cette ruche à présent que nous connaissons son emplacement. »

Elle m’expliqua alors qu’elle pensait bien avoir un rang élevé au sein de ladite ruche, mais sans pour autant en être la reine. Tout en déployant mon irrésistible charme, je répondis :

« Alors, vous êtes notre petite reine à nous. »

Ma remarque sembla d’abord l’amuser, mais je perçus tout de même une pointe d’inquiétude dans son regard. Je décidai de ne pas la questionner davantage.

« Je vous laisse vous reposer. »

Je me levai ensuite sans bruit et sortis de la tente.
***
Quelques jours s’écoulèrent suite auxquels nous furent tous conviés à prendre le thé avec Salaheddine.

Bien qu’il ait été suffisamment patient pour attendre la fin de notre convalescence, sa curiosité le démangeait et il nous questionna au sujet des Kasuris et de nos découvertes à l’intérieur des ruines.

Avant que je n’eus le temps de répondre, Dae’ron et Nessandro résumèrent assez bien le gros de nos aventures. Je me contentai de rajouter quelques petits détails ici et là.

« De notre part, moi et le mage avions choisi la direction opposée. Nous avons combattu une espèce de vers géant. Et puis nous avons découvert que nous étions dans le palais des oiseaux, dont quatre différents étaient représentés et possédaient des autels en leur honneur. Nous avons également pénétré dans une bibliothèque, dans laquelle il suffisait de toucher le dos du livre pour que son contenu nous soit dévoilé par une petite voix dans notre tête. Et puis à la toute fin, nous avons trouvé dans une grande pièce le plan qui nous conduira à la ruche. »
Modifié en dernier par Mathis le lun. 20 mai 2019 20:40, modifié 1 fois.

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Meraxès
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Meraxès » dim. 19 mai 2019 14:05

La place commençait à manquer. Les kasuri grouillaient autour d’eux, sur les murs et à l’intérieur, et même si l’essentiel d’entre eux n’étaient pas des soldats, leur nombre devenait une réelle menace.
Un combattant s’extirpa de la masse et Heartless se dressa contre lui. Mais la posture du borgne était étrange. La position de ses jambes, son arme en main, rien ne laissait croire à une posture de garde. Immobile, il se concentrait sur son ennemi qui se figea lui aussi.
Une aurore verdâtre s’échappa du Yog, tandis que Meraxès invoqua un vent violent qui repoussa une vague d’ouvrières. Le champ était libre et l’elfe en profita. Il traversa le pont de corde et s’assura que le borgne puisse faire de même.

La course folle à travers le dédale en péril continua. A la grande porte gardée par les golems, le chant de Mathis les accueillit. Le kendran avait joué de sa voix pour singer le chant des aurores et ainsi, semble-t-il, retarder le scellement de l’entrée.
Ils n’attendirent cependant pas d’entendre la rencontre des lourds battants. Le souterrain aussi était ébranlé de secousses. Ils suivirent les flèches tracées à la craie par Mathis et émergèrent enfin à l’air libre…

Ils ne voyaient pas à dix mètres. Une tempête de sable recouvrait la perspective. Le sable fin du désert s’insinuait partout, dans les yeux, les narines, et Meraxès dut s’enfermer dans sa robe pour progresser.
Derrière le vacarme du vent et celui du grain qui s’acharnait sur sa capuche, il entendit alors le bruit de combats. Le fer claquait à quelques encablures de là, et, alors qu’ils progressaient à tâtons, l’un d’eux buta sur une masse sombre à demi enfouie. Ils se rassemblèrent et firent une abominable découverte. Les archéologues qui tenaient un camp devant l’entrée du temple des oiseaux avaient été tous massacrés. Des membres éparpillés ici et là dépassaient des dunes.

La tempête se dissipa progressivement, laissant poindre les premières lueurs d’un ciel turquoise, et le bruit du fer décrut dans une même mesure. Des crissements de détresse à présent familiers des kasuri se firent entendre et, fuyant la lueur du soleil, ils purent apercevoir des colonnes entières de soldates se précipiter sous terre.

Une fois la colère du vent retombé, dans une atmosphère chaude et crépusculaire, ils découvrirent les restes d’un champ de bataille. Les hommes du désert et les aldrydes séditieux les accueillirent. Meraxès reconnu le roi du désert, qui leur demanda d’où venaient ces créatures.
Ils n’eurent guère le temps de répondre. Un craquement sinistre retentit. Loin vers l’ouest, la silhouette de l’Aiguille de la Conciliation s’affaissa et disparut dans un nuage de poussière.


Les jours qui suivirent furent accompagnés d’une vive appréhension. Le roi du désert fit garder les alentours du temple jours et nuit et ordonna de condamner toutes les brèches ouvertes par la mystérieuse armée souterraine. Il accueillit les aventuriers dans son campement installé au milieu des dunes, où ils purent se restaurer et panser leurs blessures.
Meraxès prit personnellement en charge les soins de Shada’iss, dont les blessures étaient plus graves qu’il ne l’eut cru. L’inquiétude des aldrydes était palpable, mais il les rassura et leur assura qu’elle survivrait et n’en garderait que de légères séquelles.

Le Yog avait disparu, mais il ne le savait pas loin. Il ressentait toujours le lien qui l’unissait à cette étrange créature, ainsi qu’à la magie d’Avisserion.
Autre part qu’au chevet de l’aldryde, il resta les jours qui suivirent seul, dans la pénombre de sa tente. Il se décida seulement à sortir lorsque le seigneur des lieux fit son retour sur le campement.
Tous étaient réunis sous la grande tente centrale, et les premières questions affluèrent. La présence des fourmis le préoccupait, mais aussi, il nourrissait quelques doutes au sujet de la présence d’Heartless.

Meraxès écouta les explications de chacun. Tous semblaient être bien renseignés, mais des points demeuraient obscurs.

« Ce temple… n’avait rien de commun. Tout est encore confus dans ma tête et j’ai du mal à créer des liens. Aurores, Phénix, aldrydes, les golems, les dieux, les fourmis…
L’aiguille de la conciliation n’était pas un simple temple. C’était une porte vers le cosmos, un chemin dans la nuit, qui s’ouvrait à d’autres mondes et d’autres forces que nous parvenons à peine à comprendre. J’ignore si sa destruction est une bonne ou une mauvaise chose.
Il reste cependant un point à éclaircir : un lieutenant d’Oaxaca était présent. Omyre s’intéresse de prêt à cette affaire, et vous devez vous attendre au pire.

Pour le reste, je ne vais pas vous accompagner à la Ruche. J’ai trouvé ce que je cherchais… »


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Heartless
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Heartless » dim. 19 mai 2019 14:44

La créature s'arrêta. Elle resta comme paralysée devant Heartless, puis les kasuris commencèrent à faire demi-tour. Leur attaque sur les voyageurs cessa, leur laissant le temps de quitter l'Aiguille de la Conciliation en un seul morceau.

Dehors, c'était un champ de bataille. L'équipe d'archéologues qui avait accueilli le groupe de Kieran reposait sur le sable, décimée. La faction qui attendait au delà de la tempête de sable ressortait d'une lutte sanglante contre les insectes géants, interrompue seulement par le retour du ciel bleu dont ils ne supportaient pas la vue.

Alors que le groupe d'aventuriers regardait l'endroit gigantesque s'effondrer, Heartless repensait au dernier avertissement du kasuri. Le "mal" approchait, et il comptait sur lui pour l'empêcher de revenir.

Durant les quelques jours qui suivirent, il fut bien difficile de retrouver Heartless, qui s'était retiré au milieu des dunes, à la recherche de solitude. Il avait seulement de revenir trois ou quatre jours plus tard, il avait en attendant demandé à ce que quelqu'un rafistole l'armure en cuir qu'il avait ramené d'Andel'ys. Après ce qu'il s'était passé dans le palais des oiseaux, non, même depuis qu'il s'était laissé séduire par les aurores, un certain doute envenimait ses pensées. Plusieurs dizaines de millénaires avant sa naissance, des oiseaux divins avaient soumis les dieux, et condamné un peuple à une éternité dans l'ombre. C'était néanmoins la vision qui persistait dans leur esprit collectif. Le désir de Darion était de mettre fin à ce cycle de folie qui ensorcelait par ses promesses le commun des mortels, puis les condamnait à une souffrance ironique. Mais Darion était un homme rendu fou par son interminable lutte et sa soif de vengeance, prêt à supprimer quiconque se trouvait en travers de son chemin, en faisant fi des conséquences. Il désirait l'oubli plus que la justice.

Et qu'est-ce qu'Heartless désirait, lui ? Il n'avait rien à gagner dans cette affaire. Après tout, le cycle était chose facile à ignorer, la plupart des Yuimeniens n'avaient même jamais eu vent de son existence. Et malgré tout, il ne pouvait pas s'arracher de la tête l'idée qu'il avait véritablement trahi Darion dans son ignorance. Qu'aurait-il du faire à cet instant fatidique ? Que devait-il faire désormais ? Telles étaient les questions qu'il se posait seul, assis sur une dune au milieu du désert. Après le premier jour, il en était certain : la prochaine fois qu'il verrait Darion, car il était sûr et certain de devoir le croiser à nouveau, il devra savoir. Une chose était sûr, le combat n'était pas terminé, et il ne comptait pas déserter maintenant.

Quand il regardait ses bras, il voyait les nombreuses preuves de sa maladresse quant au maniement du trident légué par la providence. Il se lançait souvent dans la mêlée sans réfléchir, et faisait tournoyer son arme dans tous les sens pour confondre ses adversaires, mais il n'était guère maître d'armes. Son corps était parsemé de bleus qu'il s'était faits lui-même au combat, en maniant le Harpon des Profondeurs. C'était une arme redoutable, faite d'ondyria, mais tout le monde ne pouvait pas jouer du balais pendant cinq minutes et se proclamer maître des armes d'hast. Sirius n'avait fait que le brandir sauvagement, sans connaissances, et il se frappait sans arrêt lorsqu'il bataillait. Son style de combat n'était sûrement qu'une mauvaise blague pour des maîtres immortels tels qu'Aerq ou le marchegris. Alors il s'entraîna, parsemant davantage son corps de blessures peu glorieuses.

Le troisième jour, il s'assit. Le serpent qui parcourait ses épaules avait un œil au beurre noir. Ce n'était pas qu'il n'accomplissait rien, bien qu'il disposait de peu de temps, mais plutôt qu'il ne parvenait pas à trouver un moyen de se défendre contre un adversaire sans hésitation ni peur de mourir. La peur, voilà une arme bien efficace, mais dans un simple combat, un adversaire éternel y était pratiquement immunisé. Que pouvait bien craindre un immortel, de la part d'Heartless ?
Il se souvint alors que l'arme qu'il maniait d'une façon si chaotique était vraisemblablement une relique légendaire maniée autrefois par une incarnation de Moura, la même déesse qui lui avait confié cette grande corne aux airs de coquillage, capable d'appeler un souvenir du Serpent de Moura.

Il essuya la sueur de son front, si il parvenait à utiliser au mieux ces deux armes à l'unisson...

Le pirate revint au moment où Salahedinne, le chef des hommes du désert qui avaient encadré la fouille archéologique, avait convié les aventuriers à prendre le thé avec lui. Ainsi se retrouvèrent autour de la boisson ledit chef de clan, Gaël, le milicien, Nessandro et son compagnon, Mathis, et le pirate.

- Qu'étaient donc ces créatures qui nous ont attaquées ? Qu'avez-vous découvert dans ces ruines ? demanda Salahedinne.

Nessandro et Dae'ron évoquèrent les soldats de métal qui occupaient la tour, contrôlés à partir d'une pièce particulière, qui furent utilisés pour combattre les kasuris et gagner du temps. Mathis résuma son exploration avec Kieran, la découverte d'une bibliothèque où l'on pouvait absorber le savoir d'un livre rien qu'en touchant son dos. Il parla aussi de la carte qu'ils avaient trouvé avant l'attaque de Darion. Meraxès, car c'était le nom de l'elfe blanc, quelque peu bousculé par son aventure, prévint Salahedinne que l'Aiguille de la Conciliation n'avait rien d'un vulgaire temple, que c'était un artefact puissant lié à des oiseaux divins, à d'autres mondes... et qu'à en juger par la présence d'Aerq, cette puissance était d'un grand intérêt pour les forces d'Omyre. Il avait décidé qu'à partir de maintenant, ce combat n'était plus le sien, et qu'il les quitterait bientôt.

Enfin, Gaël, constatant que le borgne était resté silencieux, fixa celui-ci avec moult soupçons :

- Et, plus étrange, que faites-vous ici, pirate ? On vous croyait disparu à la bataille de Sartori...

Sirius, qui jusque-là avait patiemment tout écouté, assis en tailleur, se leva pour se dégourdir les jambes.

- Oui, c'est vrai, j'ai été emmené "autre part". J'ai vu la vraie nature des aurores. Pour moi, c'est un sale tour, pas grand-chose d'autres. J'ai été retenu dans une prison à un endroit qui ne figure sur aucune carte, une cellule rien que pour moi, une sorte d'illusion maintenue par une poignée d'élémentaires. Avec un peu d'aide, j'ai pu m'en sortir, et je me suis retrouvé sous terre. Les insectes qui vous ont attaqué, c'est une race ancienne et intelligente appelée "kasuri". J'ai rencontré leur reine. En bref, quand les aurores ont débarqué pour la première fois sur Yuimen, ils ont été bannis de la surface.

Il marqua une courte pause pour boire un peu de thé. Trop amer. Il y versa un petit extrait de sa "réserve secrète", puis continua.

- L'elfe ne raconte pas de bobards, c'est Aerq le Fou qui manipule les kasuris, même si c'est Darion qui tire les ficelles. Il lui a promis l'accès à quelque chose qu'ils appellent "La Fontaine de Jouvence". Je ne sais pas exactement ce que c'est, mais les omyriens veulent mettre la main dessus, et Darion... lui, il veut juste l'oubli. Tout détruire, rien laisser. Compliquée, cette histoire, hein ? En tout cas, si on peut être sûr d'une chose, c'est que ces aurores n'ont rien de bienveillant. Au mieux, elles répondent juste à des demandes sans volonté propre.

Il avait terminé son récit, mais était prêt à répondre à d'autres questions. Même si, de son côté, il n'avait pas une confiance aveugle envers les serviteurs du Roi. Ils pouvaient être bienveillants, le pouvoir des aurores n'était pas le genre de chose que l'on pouvait contrôler.

Gamemaster X
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Re: Le palais des oiseaux

Message par Gamemaster X » dim. 19 mai 2019 15:19

Le roi écouta avec soin vos témoignages, et il ne fut pas le seul dérouté par vos déclarations ! Kieran les confirma et Shada'iss insista sur la découverte de l'emplacement de la ruche du phénix.

"C'est là-bas que nous trouverons les réponses !" précisait-elle d'un air convaincu.

Gaël écouta les explications de Heartless en se massant les tempes. Visiblement, cette histoire lui donnait des maux de crâne ! Ce n'était guère surprenant, cependant : Le mystère ne cessait de s'épaissir, et la ruche était votre dernière espoir de trouver le fin mot de l'histoire. Les aurores étaient manifestement des manifestations d'anciens dieux étrangers, qui faisaient de nouveau parler d'eux tous les 11 000 ans. Mais pourquoi ? Quel était le but de cette mascarade ? Le petit enquêteur de la milice de Kendra Kâr qu'il était ne pouvait qu'admettre son impuissance.

Lorsque Shada'iss indique l'emplacement de la ruche, la capitaine Leifyriane hoche la tête :

"La couronne des rois... c'est la plus haute chaine de montagne de la région. Et l'un des coins les plus paumé du monde ! Il ne doit pas y avoir âme qui vive à plus de cent kilomètre à la ronde ! Je vois mal une civilisation caché perdurer dans un endroit totalement vide de ressources... mais ce sont des aldrydes, leurs besoins doivent être inférieurs à ceux d'une ville humaine. En tout cas, je peux vous y emmener en un jour et une nuit."


Salaheddine claque des mains :

"Si j'ai bien compris ces... kasuris, qui sont sans aucun doute ne "peuple de l'ombre" des légendes des lances d'El'Abbar, voulaient détruire le temple. Mon peuple devrait être tranquille, maintenant. Je ne peux que vous donner des vivres et espérer que votre voyage sera fructueux. Si vous revenez vers mon clan, je m'assurerais que vous soyez bien accueilli."

Puis, il se tourne vers Meraxès :

"Je peux vous confier un éclaireur pour votre retour, si vous le souhaitez. C'est le moins que je puisse faire."

Enfin, il s'adresse à Leifyriane :

"La région où vous allez est en effet peu connue et je ne peux vous aider. Mais méfiez-vous, la rencontre des vents chauds du désert et des hauteurs plus froides des montagnes provoquent régulièrement de terribles tempêtes là-bas."

La capitaine ayant pris bonne note, le moment était venu d'embarquer à nouveau dans l'aynore qui vous mènerait vers la dernière étape de votre quête. Dès que vous serez prêts, elle "lèvera l'ancre", ou quelque soit le terme associé pour un aynore, et vous pourrez vous mettre en route.

Pour tous :
Événement aventureux normal : 2XP
RP d’interaction : 0,5XP

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