La Laide-les-Maines (Silmeria - X3)

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Yuimen
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La Laide-les-Maines (Silmeria - X3)

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 16:21

La Laide-les-Maines
(Joueuse : Silmeria)
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Navire militaire à trois mats, le pont est haut placé de façon à offrir un point de vue sur 360°. Peu discret, la Laide-les-Maines est destinée aux escortes mais également de transport. Il possède une belle troupe de 120 matelots.
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Vitesse: Rapide (x3)

Selon les dires, ce navire remis en état par les marins de Bouhen appartenait à une caste secrète. Simples rumeurs murmurées par des ivrognes aux quatre coins des tavernes, cependant, le nom du navire a lui, une histoire plus réelle.

Le capitaine porte le nom de Von Klaash. Un homme peu recommandable mais son talent de marin reste strictement incontesté, fils de la mère, ce capitaine devenu officier à la solde de la Baronnie de Keresztur pour échapper à la justice de la milice de Bouhen.

Si le navire porte le nom de " la Laide " c'est bien à cause de sa seconde d'équipage. Une jeune femme qui rivalisait de talent et de tenue avec bien des marins, sa beauté aurait selon Von Klaash porté le trouble dans la discipline de l'équipage. C'est pour cela qu'un soir, elle fut attachée au grand mat et le capitaine lacéra le visage de sa propre seconde afin qu'elle ne puisse plus plaire à aucun des hommes du navire. Devenue laide, la jeune femme du nom de Marine se donna la mort en se jetant à l'eau; elle avait cependant noué ses chevilles et fut trainée une nuit durant à ce bateau qu'elle aimait tant. Lorsque l'on retira son corps au visage ravagé par la lame et la mer, Von Klaash lui trancha la tête et la fixa sur une longue lance d'abordage à la proue du navire. C'est la véritable raison du nom étrange du navire. On peut toujours admirer les vestiges du crâne de Marine solidement fixée à la proue.

Lors des voyages, Von Klaash reste la personne à éviter, on ne lui accorde ni la douceur ni la considération. Le confort à bord de la Laide laisse à désirer, selon le capitaine, vivre dans le chaos consiste à s'endurcir, cet homme né avec un sabre à la place du coeur n'hésitera pas à vous jeter par dessus bord pour nourrir les requins... Et pas forcément en un seul morceau.

L'équipage est formé d'un mélange de soldats de l'armée régulière ainsi que des marins et mercenaires personnel de Von Klaash. Le reste est alimenté par des flux incessants de prisonniers. Dans la Baronnie de Bouhen, il vaut mieux être exécuté que de finir à bord de La Laide en tant que prisonnier... Car ces derniers ont une espérance de vie franchement limitée.

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Silmeria
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Re: La Laide-les-Maines (Silmeria - X3)

Message par Silmeria » jeu. 11 févr. 2021 17:11

Von Klaash se tenait debout sur le bastingage, il avait fait crier tous les hommes sur le pont, ainsi tout l'équipage s'était rassemblé et c'est en silence qu'ils attendaient que leur Capitaine prenne la parole. Celui-ci s'éclaircissait la gorge et portait ses mains à sa ceinture parée de sabre en bombant le torse. Il regardait tour à tour les membres de son équipage, on y trouver des matelots, des mousses si jeune qu'ils étaient imberbes, des soldats de métier en armure de cuir et quelques Garzoks venus en qualité de mercenaires chercher gloire et fortune par delà les flots.

" Messieur... Ce soir le ciel se couche sur un monde nouveau. Car demain nous écrirons peut-être l'histoire. Il est venu ! Il est venu le temps de prouver notre valeur et notre allégeance à un nouvel Empire. Trop longtemps nous nous sommes cachés sur ces bâtiments comme des rats, trop longtemps Kendra Kâr nous a poussé à subsister péniblement en glanant ça et là les miettes laissées par leur appétit dévorant. Trop longtemps nous avons été mis de côté, mais demain.... Oui demain tout ça aura changé. Nous allons marquer une ère nouvelle ! Une ère de droiture ! Une ère où règnera l'ordre et la postérité pour tous ! Nous ne nous cachons plus ! Demain nous brûlerons ! Demain nous pillerons les navires qui se dresseront devant nous ! Demain nous laisseront dans notre sillage le vol plaintif des oiseaux marins venus se repaître de nos ennemis ! Car aujourd'hui, nous voguons ! Nous voguons vers l'horizon, l'horizon d'une vie nouvelle ! Pleine de gloire et de frisson ! "

Silmeria était restée en retrait, elle écoutait le discours de son Capitaine tandis qu'elle était adossée au bastingage. Elle ne souhaitait pas se mêler à la foule, le frisson que provoquait l'excitation d'une aventure ne titillait plus sa nuque, c'est passive et froide qu'elle observait Von Klaash tirer son sabre au clair, suivi sans attendre de tous les membres d'équipage et les mercenaires dans un hourra général.

" Alors je vous le demande mes amis, qu'allez-vous faire ? Quitter le navire sur l'heure ou vous tirerez la voile avec nous en quête de gloire éternelle ! "

La foule compacte que formait les hommes du Capitaine hurlèrent à s'en péter la voix. Tous étaient fins prêts. Silmeria eut un léger sourire, quelque part, ce qu'elle voyait finissait par lui porter un peu de chaleur au coeur.

Tous ensemble, ils crièrent " Par le fond ! Par le fond ! Par le fond ! " Et lorsqu'il en donna l'ordre, tous se dispersèrent et la Laide-les-Maines quitta le port avec à son bord, des marins et guerriers brûlant d'impatience d'aller mourir au combat.

Silmeria s'était vite désintéressée de ce spectacle à ses yeux si communs. Elle avait vu son lot de foule surexcitée une veille de bataille et combien de fois, au petit matin, ceux qui se trouvaient la veille à hurler la mort à leurs ennemis, l'écume aux lèvres, devenaient de tristes victimes, la fiente collée aux chausses et pleurant en implorant leur mère. Spectacle navrant à jamais collé au fond de son iris. Il est des souvenirs qu'on ne peut oublier.

Elle s'enfonça dans le siège du Capitaine en soufflant de soulagement. Elle se permit même de poser ses bottes sur le bureau de bois noir cloué au sol, astuce de Von Klaash pour ne pas voir son mobilier déménager soudainement en cas de gros temps. La tête penchée en arrière et accablée de fatigue, Silmeria fermait doucement les yeux. Le départ d'un navire était ce qu'elle préférait. Entendre l'équipage s'affairer aux tâches à l'extérieur tandis que dans sa cabine, elle était comme étrangère à ce labeur, ces sons hardis résonnaient sans jamais l'atteindre et le doux mouvement des vagues complétait cette berceuse. Sous la fatigue, elle sentait ses yeux picoter agréablement et son esprit devenir plus léger. Au moment où elle allait sombrer dans le gouffre du sommeil, sa botte reçut une claque sèche.

" Fais comme chez toi, tu veux mon chapeau aussi ? " Von Klaash était rentré et l'observait complètement ahuri.

" Hm. Je ne t'ai pas entendu entrer. D'ordinaire tu claques les portes, tu craches, tu pues... Bref, tu es toi quoi. Charmant discours. Je ne savais pas que tu connaissais tant de mots." Cracha la Sindel.

Cette petite moquerie ne piqua pas le Capitaine au vif, il préféra en rire en sortant d'un cabinet deux bouteilles d'une main, deux gobelets dans lesquels il enfonçait ses doigts de l'autre.
" Je dois ça à Katalina. Tu la connais, elle a pris sur elle de m'apprendre à faire des discours. Quand on te cherchait je dois reconnaître que j'ai fait quelques pendaisons sommaires pour l'exemple, comme d'habitude mais ses espions rapportaient des risques de mutinerie. " Il posa un gobelet en étain devant Silmeria et y versa un alcool artisanal de sa confection. Il avait pris un air grave, comme s'il réalisait que la mutinerie pourrait toujours peser sur lui.
" Tu te rends compte ? Il a fallu que ce soir cette hyène de Katalina pour m'avertir que moi, j'étais en danger sur mon propre bâtiment. Comme s'il y avait une loi du silence, tout le monde complotait et j'étais trop occupé pour m'en rendre compte. "

Intriguée elle lui demanda : " Et c'est à grand renfort de discours que tu as rattrapé ça ? Elle t'a enseigné l'art de corrompre ? Mais si l'équipage attendait justement qu'on soit au large pour nous tuer et pisser sur nos cadavres ? "

" Aucun risque. " Dit-il en reniflant. " Tu vois, je n'avais pas tout compris, elle parlait de m'enseigner comment rallier les gens, moi je suis un homme simple, j'ai étudié avec elle et depuis, je sais mieux parler qu'avant. Et oui, il n'est jamais trop tard pour apprendre. Quant à l'ancien équipage c'est une autre histoire. "
" Ancien ? " Elle leva un sourcil curieux.
" Beh oui, ce ne sont que des nouveaux, recrutés par les espions de Katalina ça. Les anciens.. Oh je sais plus. Une partie était empalée, les autres ont été coulés jusqu'aux chevilles dans du mortier avant d'être jetés à l'eau. Certains étaient enterrés dans le sable jusqu'au cou à marée basse. Les autres c'est un peu de tout. J'en ai crevé les yeux de douze au tison, ça je m'en rappelle, j'ai eu l'odeur dans ma barbe un bon moment. Sinon la méthode classique, celle qui marche à chaque fois. Fendu de haut en bas, décapités, émasculé quand c'était possible et il y a également cinq jeunes que j'ai offert à Silmeria en cadeau. "
" Pardon ? "
" Katalina, pardon. Elle teste ses poisons sur eux. Ca marche drôlement bien tu sais ? Bien sûr que tu sais. " Il se cacha le nez avec son verre et avala d'un trait son breuvage. Silmeria l'imita mais un haut-le-coeur intervint et manqua de lui faire rendre.

" Mais c'est de l'eau de mer-deuh" Parvint-elle à lâcher en suffoquant. " Ah, ça brûle c'est infect ! "

" Bof. " Dit Von Klaash en observant la bouteille en verre sombre. " On fait mariner des algues trouvées sur la coque du bateau, de l'eau de mer et des animaux marins. Quand ça fait des bulles on ajoute du souffre et on laisse en barrique. Dans celui-ci j'ai glissé les noix d'un matelots récalcitrant."

Silmeria ouvrit de grands yeux. "(Faites qu'il parle du fruit sec, faites qu'il parle du fruit sec...)"
(" Whaaaaaaaaaaa. Il a pas trop changé quand on y pense. ")

Le capitaine colla son oeil au goulot de la bouteille et pour couronner le tout, ajouta : " C'est impressionnant comme ça gonfle dans l'alcool. "

A bout de patience, Silmeria retourna son verre à même le sol. " Sans déconner, je manque de me faire violer, je me fait torturer pendant six mois, six putains de mois et toi, tu me sens un jus de matelotte au jus de matelot ? Tu veux que je t'arrache les tiennes ? "

Il se dressa comme un vieillard et secoua la tête de déception. " Vraiment ? Je quitte Katalina, cette insupportable salope pour me retrouver avec encore plus précieux. J'te ferai dire que mes marins ils meurent d'envie d'y goûter ! "
" Pour achever leur ver solitaire ouais ! "
" Tu me fais chier petite conne ! Voilà, tu es contente. Il tourna le dos et sorti du cabinet une amphore noire cachetée de rouge. " Il l'observa un instant en soufflant. " Je gardais ça pour quand tu aurais tué le Roi. Pour fêter ça. "

Silmeria se redressa un peu. Soudainement elle se demandait si elle n'avait pas vexé son Capitaine, mais l'idée de boire quelque chose d'aussi abjecte lui retournait l'estomac d'avance. En par dessus tout, elle était à jeun, jetant un oeil dans sa besace, elle aperçu les rations sèches de soldat et souffla de soulagement. Au moins, elle ne tarauderait pas à vide.

Arrachant la toile humide autour des rations, elle les disposait sur la table tandis que le Capitaine ouvrait au coutelas la cire rouge qui scellait l'amphore.
" De la viande séchée ? Les soldats ne se refusent plus rien on dirait. Du gruau séché. Des pois crus ? Charmant. Qu'est ce que tu me sers de bon ? "
" Un Shu-Shen, ça vient d'Oranan. Je suis sûr que tu vas aimer. C'est pour les femmelette... " Ajouta-t-il tout bas.

Silmeria eut un sourire amusée et contre-attaqua : " Et tu me sers ça dans un verre en étain ? Ca donne du goût."
" Excuse moi Majesté, mais on ne part pas en guerre avec de l'argent dans le mobilier, c'est plus lourd, l'étain c'est léger. "
"Mais ça donne un goût. "

Silmeria regarda un moment l'opulente flamme jaune qui nageait comme un spectre dansant au milieu de sa coupe de Shu-Shen, puis l'avala d'un trait.
" Je suis heureuse que Katalina te soit venue en aide. "
" Bwarf. Elle change en bizarre aussi. En tout cas... " Marmonna-t-il " Je suis pas très fort pour distinguer la subtilité, mais la dernière fois qu'elle était venue, j'étais en train de mettre les couilles du matelot dans ma bouteille, tu sais ? Pour atténuer le sel. "
"Je vais vomir. "
" Bref, ça ne passait pas, je devais enfoncer avec le doigt mais le goulot était trop étroit. Là dessus, Katalina fait irruption avec la grâce d'un herpès et commence je ne sais quel discours, comme quoi je lui fais de la peine avec mes alcools maisons, que je n'ai aucune ambition alors que des océans sylvestres attendent ma touche créatrice... "
" Toi ? Une touche créatrice ? Elle avait picolé ? Il tape un peu ton Shu-Shen. "
" Disons que c'était niais et malaimable, mais pas si mal intentionné que ça. Elle avait de l'énergie, là-dedans. De l'envie, une tentative pitoyable de me faire du bien, un genre d'affection mal cousue."

Silmeria se resservit à son tour mais elle se contenta cette fois-ci de suçoter son verre sans plus d'appétit, elle écoutait avidement ce que disait Von Klaash.

" Et tu vois, c'était bien la première fois que je la voyais lever les yeux de son nombril. Elle voulait regarder l'horizon qu'elle disait. Mais tu sais comme moi qu'avec notre vie, notre voie, il est plus facile de vivre au jour le jour qu'à coup de grandes ambitions. Tout ça pour dire que je trouve qu'elle change, sans pour autant savoir dans quelle direction elle va."

La conversation allait d'un sujet à l'autre, ensemble ils se réconfortaient, parlaient du passé, peu de l'avenir, crachaient leur fiel sur tout ce qui était possible. Von Klaash avait fait de nombreux aller retour jusqu'à son cabinet à alcool et la table était jonchée de bouteilles différentes et de mets divers.

" Tu sais quoi, ce genre de duo en hargne majeure me fait un bien fou. Mais c'est à peu près le seul avantage, vu qu'il n'y a rien de bien pertinent la dedans. On est face à un vrai problème. Demain. " Dit-elle d'une voix sombre tandis qu'elle observait son reflet dans l'onde du verre.

" Baah?" Von Klaash avait descendu à lui seul deux bouteilles de sa gnôle. Aussi la conversation prenait un tournant plus morne. " Au fait, t'as quelque chose de changé ? "

" Sans déconner ? " Lança-t-elle sans trop prêter attention à l'ivresse qui lui troublait doucement la vue.

" Ouaip. Oh tu sais, quand tu enterres quelqu'un un dans le. Snif. Ke-le sable, beh il se dissous. Enfin pas la mer, ni la plage mais les dunes. Là où y a le sable et la terre. J'ai enterré douze prisonniers dans le sable pour déconner mais j'les ai oublié, j'avais trop forcé. Beh dis toi bien que le sang y r'montait à la surface en, en faisant des bulles. Beh c'était déguou-goutant. "
" Comment ça ? " Silmeria avait les sourcils joints en un noeud soucieux.
" Comme neige au soleil. En moins appétissant. "
" De toutes façons, la mer n'est plus à ça près."
" C'est comme si j'avais pu les tuer dans cette vie et l'autre. Comme si je tuais le monstre et le mou, l'assassin et son salarié, le bourreau et son assistant, cloués à la porte de Phaïtos d'un seul coup, la grande peste et la variole. " Conclua-t-il à court d'illustration douteuse.

Puis il resta en silence, penché sur son verre à grommeler. Silmeria le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'il avait peur pour demain, mais qu'il n'osait pas le montrer.

" Bois un coup, tu es toute pâlotte. Goûte ce truc là, c'est fort comme la mort. "
" Ca, on s'en rendra compte demain... " Elle tendit son verre où il versa un Poiré grand'époque dans son reste de Shu-Shen.
" Ma pauvre enfant, pourquoi crois-tu que je bois ? "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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