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par Aenaria » lun. 11 janv. 2021 18:55
Je fis la route inverse jusqu'à la ville en moins qu'à l'aller, je voulais mettre au plus vite de la distance entre le Nobelium et moi, j'avais bien trop peur qu'Ehemdim ne découvre la supercherie. Je traversai en quatrième vitesse la cité blanche afin de rejoindre le port que j'avais quitté quelques heures auparavant. Les garçons m'avaient expliqué la marche à suivre afin de trouver le navire et surtout comment faire pour monter à son bord, il me suffisait de trouver un garde du Nobelium sur le port. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin à moins que cette barque ne soit rangée avec les autres embarcations de même taille, ce qui ferait sens. Regardant avec attention tous les bateaux qui m'entouraient, je discernai un quai où de de petites embarcations étaient amarrées.
Prenant cette direction, je cherchai du regard un petit bateau voire une frêle esquif qui pourrait me conduire à destination. Je n'avais pas la moindre de la taille de l'Ouroboros et encore moins du bateau qui me permettrait de le rejoindre. Ne regardant pas vraiment où je mettais les pieds, je pris quelqu'un de plein fouet et nous tombâmes tous les deux à la renverse, atterrissant lourdement sur nos postérieurs. Levant les yeux sur mon accident de parcours, je me retrouvai en face d'un soldat qui devait probablement être en charge de la surveillance du port. Je me relevai et m'apprêtai à me faire pardonner lorsque mes yeux tombèrent sur son index droit où se trouvait un anneau bien spécifique. Je lui présentai alors ma propre main droite et ses yeux s'illuminèrent. Il se releva prestement et me salua en se baissant avec le haut du corps.
- "Je cherche à monter sur l'Ouroboros. Pouvez-vous m'y conduire ?
- Suivez-moi, Sage."
Il passa devant moi et me conduisit jusqu'à une petite embarcation qui ne payait pas de mine. Il m'invita à y monter, détacha les amarres et prenant les rames, il commença à quitter le port afin de rejoindre les navires qui se trouvaient plus loin dans la baie. Dix minutes plus tard, nous arrivâmes devant un navire qui était aussi haut qu'un château et qui était clairement équipé pour la guerre. Il était tellement grand et tellement beau que cela me coupa presque le souffle. J'avais peine à croire que j'allais voyager sur ce navire pendant plusieurs jours. J'avais les yeux grands ouverts afin de noter chaque détail dans ma mémoire.
Mon guide nous amena jusqu'à l'escalier sculpté dans la coque afin que je monte à bord du navire. Je le remerciai de la tête et me dépêchait de rejoindre le pont principal où un spectacle que je connaissais bien maintenant se jouait. Des marins, pas des humains, des sindeldis, s'activaient à le nettoyer, à disposer les bouts aux bons endroits. Aussitôt une énorme boule de poil toute blanche arriva vers moi, des tatouages sur le corps, un bâton de magie dans la main, il n'était pas hostile. Il me salua de son museau et se présenta à moi comme étant Athos, le second du capitaine de ce navire. En lui apprenant qui j'étais, il redoubla de gentillesse si c'était animalement faisable, ma première impression à son sujet étant des plus positives.
Il me conduisit dans la cabine du capitaine qui se trouvait dans la partie la plus haute du navire. En entrant, nous seulement je découvris un espace magnifiquement décoré mais surtout une compatriote était à la barre. Athos alla jusqu'à elle pour m'annoncer et aussitôt elle se tourna pour me regarder et me sourit aussitôt. Elle contourna sa table pour saluer.
- "Sage Aenaria, c'est un privilège de vous avoir à bord de ce navire. Je suis Selenya, capitaine de l'Ouroboros.
(color=pink]- Non, le privilège est pour moi Selenya. Savoir que les miens servent aussi bien la guilde est une source fierté immense.[/color]
- Vous m'en voyez flatté.
- Que nous vaut le plaisir de la visite de dernier des trois sages de la guilde ?
- Un voyage, forcément.
- La destination ?
- Le Val d'Abondance.
Athos et Selenya ouvrirent grands les yeux lorsqu'ils entendirent ce nom. De toute évidence, même en mer ils savaient ce qu'ils se passaient sur la terre.
- "Vous voulez vous battre pour la cité blanche ?
- Me battre et si possible participer à sa victoire même si je ne sais pas encore exactement contre qui nous allons nous battre.
- Le voyage sera morose si nous annonçons la destination à nos marins.
- Je le sais parfaitement et je vais vous aider à motiver les troupes."
La capitaine et le second échangèrent un regard entendu puis Selenya m'indiqua la sortie de sa cabine. Nous sortîmes les uns après les autres afin de rejoindre le pont principal. Selenya siffla entre ses dents et aussitôt les marins présents sur le pont s'arrêtèrent et formèrent un rang tout ce qu'il y avait de militaire. Lorsque l'agitation laissa la place au calme, la capitaine s'exprima.
- "Marins, nous accueillons aujourd'hui à notre bord un invité de marque en la personne du Sage Aenaria. Elle nous a confié une nouvelle mission et donc une nouvelle destination. Nous prenons la route pour le Val d'Abondance. Je vais la laisser s'exprimer à ce sujet."
Un murmure d'angoisse traversa la troupe réuni devant nous et je pouvais le comprendre, nous foncions vers l'inconnu.
- "Marins, je sais à voir vos têtes que cette mission ne vous plaît pas le moins du monde et je ne peux que vous comprendre. La mission qui m'attend est dangereuse, je ne sais pas quel adversaire je vais avoir en face de moi sur le champ de bataille, ni le nombre. Ce que je sais, ou du moins ce que mes tripes me disent, c'est que cette guerre va être décisive pour la suite de notre vie à tous sur notre belle planète. Notre mission est de garantir l'équilibre dans le monde, je le sais mais nous avons aussi le pouvoir de faire infléchir cette balance cosmique en notre faveur. Très sincèrement, que préférez-vous ? Que la cité blanche et ses alliées soient toujours vivants ou que l'Omyrhie déferlent sur la Kendra Kâr ?"
Un rapide coup d'oeil à la foule massé militairement devant moi me permit de lire la réponse que tous avaient sur le visage.
- "A vos regards, je devine parfaitement la réponse que vous apportez à la question que je viens de poser. Je sais que l'ambiance sera pesante durant le trajet, que la peur va s'emparer de vos coeurs à mesure que nous allons avancer mais nous ne faillirons pas. Vous avez fait le serment de nous servir, nous les trois sages de l'équilibre, l'objectif est de maintenir la statu quo avec nos adversaires, si nous les repoussons et les battons de manière définitive, ce sera une belle épine du pied que nous nous enlèverons. N'ayez aucun doute sur le fait qu'une autre menace apparaîtra plus tard dans le monde et je veux une chose : que vous soyez là pour m'aider une nouvelle fois dans ma tâche. Alors, êtes-vous avec moi ?!
- HOURRA !
- Capitaine, je crois que nous pouvons appareiller.
- Marins, tous à vos postes, Athos, prépare-toi à larguer les amarres.
- Larguez les amarres !"
En quelques minutes, nous avions quitté la baie de Kendra Kâr et vingt minutes plus tard, les voiles de l'Ouroboros portant ainsi fièrement le symbole de notre guilde étaient dehors, prenant le vent.
Comme prévu, les sept jours de mer furent d'une longueur innommable, le moral des marins allaient de mal en pis à chaque fois que le soleil se baissait. Ils avaient tous probablement peur que nous fassions une mauvaise rencontre mais un élément joua en notre faveur, le temps. Durant tout le temps du voyage, le soleil fut au beau fixe, ce qui me changea de mes vingt jours de mer avec Théodorus. Histoire d'entretenir un minimum le moral des troupes, je m'entraînais à l'épée avec Selenya et à la magie avec Athos. Il m'apprit deux trois petites choses pour maitriser un peu mieux mes pouvoirs, notamment sur la respiration et le fait de faire le vide dans ma tête au moment de lancer un sort, ce qui était inestimable.
Pendant tout ce temps, Crystallia se posta à l'avant du navire afin de regarder droit vers elle de ses yeux pétillants de malice. Nous échangeâmes beaucoup le soir sur ce que l'avenir nous réservait mais aussi et surtout sur ma maman et nos souvenirs communs avec elle. Ces petits moments me réconfortèrent et me permirent de ne pas trop paniquer à l'idée des futurs affrontements qui nous attendaient. Ma faxera était une bénédiction, je n'avais pas Ehemdim à mes côtés mais je pouvais compter sur son indéfectible soutien.
A la fin du septième jour, nous arrivâmes en vue du port aménagé par la cité blanche. De nombreux navires de guerre étaient présents et il fallut presque jouer des coudes afin de faire passer notre bateau jusqu'au premier quai disponible. Les marins furent bien contents d'enfin arriver, j'en vis beaucoup pousser un ouf de soulagement. Je récupérai toutes mes affaires et saluai comme il le fallait les marins, Athos et Selenya qui avaient été des hôtes d'une qualité irréprochable. Je leur souhaitais un bon voyage retour, le mien était pour le moment sans retour.