L'écurie de Darhàm

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Yuimen
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L'écurie de Darhàm

Message par Yuimen » mer. 3 janv. 2018 13:56

L'écurie de Darhàm

Premier bâtiment à droite de l'entrée Est de Dahràm, cette écurie ne peut pas être loupée: grande, massive et en relativement bon état en comparaison du reste de la ville, cette bâtisse arbore une grande pancarte sur laquelle est dessiné un majestueux cheval. Une silhouette de loup est gribouillée par dessus depuis l'arrivée des troupes d'Oaxaca à Dahràm, qui pour beaucoup chevauchent à dos de loups.

Pour entrer à l’intérieur, il faut passer par un portique sans porte qui donne sur une grande cour, là où œuvrent toujours les employés de cet établissement.

Martus est le propriétaire de ces lieux et c'est lui qui s'occupe des transactions financières.


Hébergement de montures :
Vous pouvez ici laisser en pension votre monture (uniquement celles du même type que celles vendues). Ce service coûte 50 yus, peu importe le nombre de temps que la monture reste.

Montures hébergées :
Fonctionnement :

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Devon
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Re: L'écurie de Darhàm

Message par Devon » mer. 20 nov. 2019 02:18

Une bonne idée:

La démarche pressée, je double bien vite le port et m’enfonce dans une rue principale peuplée qui remonte vers la sortie de la ville. J’avance à grandes foulées dans la masse de marins et d’habitants, la mine sombre et le regard assassin, les mains dans les poches, les épaules voutées, un énorme corbeau noir comme la nuit sur l’épaule, ruminant l’humiliation que je viens de subir aux mains de cette sale elfe et l’ajoutant à la liste des personnes que je me verrais bien envoyer par le fond pour retrouver les faveurs de Moura. Il n’en faut pas plus pour que la plupart des badauds que je croise s’éloignent instinctivement de ma route sans rechigner ou poser trop de questions. Sans doute une bonne idée de leur part, je suis d’humeur à arracher à mains nus les yeux du premier qui me regarde mal pour les lui faire manger. Le corbeau reste bien silencieux pour une fois et se contente de tourner la tête de temps à autre en direction des passants, les observant de son regard obscur hypnotique.
Perdu dans mes pensées, je ne vois pas passer le temps de mon trajet et me retrouve en face d’un grand portique en bois dénué de porte, un symbole de cheval recouvert d’un dessin grossier de loup est visible de loin sur une grosse pancarte, les écuries de Darhàm. M’approchant de l’entrée Est de la ville qui se situe juste à côté de l’écurie, je peux assister au trafic agité des caravanes qui sortent et entrent dans la ville, passant près du bureau des douanes à la solde d’Oaxaca qui inspecte scrupuleusement les cargaisons arrivantes. Fermiers des alentours qui ramènent leurs récoltes, chasseurs de trésors revenant d’une expédition bredouille ou les bras chargés de richesses, ou encore marchand ramenant avec lui des biens peu exploitables et difficiles à vendre dans d’autres cités plus respectables, personne n’échappe aux yeux d’Oaxaca. Je retrouve le détachement militaire que j’ai vu sortir d’un galion de guerre plus tôt dans la journée, il semble se préparer à partir vers le campement des troupes militaire d’Oaxaca qui se trouve un peu plus loin en dehors de la ville, accompagnés de chariots plein du ravitaillement nécessaire pour une nouvelle saison à patrouiller aux alentours de la cité, prêt à intervenir en cas d’urgence militaire ou de rébellion difficile à mater, ce qui n’est plus arrivé depuis bien longtemps. Ce qui est semble être leur capitaine, un haut garzok aussi large d’épaules que deux hommes, engoncés dans une armure de plate décorée de divers ornements grossier, est en plein discussion agitée avec le responsable de la porte de la ville, un humain en brigandine, la main sur le pommeau de son arme et le casque sous son bras, la mine sombre au-dessus de sa barbe épaisse, à peine plus petit que le garzok avec qui il discute. Une colonne de soldats hétéroclites, représentative de la variété d’individus à la solde de la reine sombre, attend patiemment derrière, le dos droit sous leurs inconfortables armures de fer, sans un bruit, sans un geste. Je me désintéresse de l’agitation qui anime la route pour me concentrer sur ma tâche, je me dirige vers les hautes portes de l’écurie.

Le grand bâtiment dénote clairement avec les habitations qui l’entourent. Bien que parsemé de paille dans tous les coins, il est visiblement bien entretenu et régulièrement remis en état alors qu’il est censé abriter la population la plus animale de la ville. Difficile de défendre l’état des marins et leurs habitudes après avoir vu ça. L’odeur, bien éloignée des standards de la ville, est néanmoins bien plus difficile à effacer et le foin et le crottin de cheval laissant une marque indélébile sur les murs du bâtiment. Mais une autre odeur bien moins commune dans ce genre d’édifice transparait au milieu des effluves habituels, celle de la viande fraiche, du sang et des tripes qu’on aurait plutôt l’habitude de sentir dans une boucherie, ou après un abordage particulièrement sanglant. D’une partie éloignée de l’édifice proviennent des hurlements et des grognements qui n’ont rien de ceux des montures qu’on a l’habitude de voir dans les villes humaines. Le poil sombre et le regard brillant des carnivores, les loups des orcs ont droit à leur propre enclos, éloignés des autres montures qui doivent s’accoutumer bien difficilement de la présence de prédateurs à quelques pas d’eux. Se sentant peut être à l’aise dans ce décor animalier, le corbeau reste accroché à moi alors que je rentre, ce qui n’empêche pas ce que je suppose être le propriétaire du lieu de se diriger directement vers moi, sa chemise propre peinant à garder son ventre à l’intérieur contraste avec les tabliers sales et tâchés des employés qui s’attèlent autour des bêtes et montre qu’il a plus de l’homme d’affaires que d’un travailleur habitué aux dures labeurs manuelles. D’abord déconcerté par le sombre volatile perché sur mon épaule et mon regard de braise morte, il se reprend bien vite, sans doute habitué à voir d’autre horreur défiler dans le coin et dans les rangs des armées d’Omyre. Il me sert son air le plus affable en s’approchant pour me serrer la main, comme si une affaire avait déjà été conclue entre nous. Sa poigne molle ne me laisse pas en confiance, de même que son léger sourire fourbe et son petit regard porcin.

« Martus, responsable des lieux pour vous servir, en quoi je peux vous être utile ? » Sa voix mielleuse me donne envie de lui arracher les cordes vocales.

Sans lui répondre, je parcours les écuries du regard. Quelques canassons occupent des box alignés le long des murs, regardant passer d’autres acheteurs ou propriétaire. Je ne vois rien de ce qui pourrait m’intéresser, je redirige mon attention vers Martus qui attend sans rien dire.

« Y’aurait pas un cheval Kendran qui s’rait arrivé récemment ? »

« C’est pour acheter ? J’ai plein de choix plus intéressant vous savez »

« C’est pas ma question »

Il perd son air assuré et lève un sourcil d’interrogation, il me lâche enfin la main et réajuste sa veste sur ses épaules. Son ton devient moins commercial, il jette quelque coup d’œil discret autour de lui, avant de croiser les bras sur sa poitrine et de me répondre d’un air froid.

« Et c’est pour savoir quoi ? C’est bien précis comme demande »

« Rien qui vous r’garde, j’vais faire un tour, voir c’qui m’intéresse dans votre bétail» Dis-je avec un geste dédaigneux de la main

Je passe à côté de lui, le poussant presque d’un coup d’épaule alors que le corbeau sur mon épaule continue de le fixer dans les yeux, tournant presque ça tête à 180 degrés dans un aspect sinistre amusant. Je ne prends même pas la peine de vérifier s’il me suit ou pas, bien que je sente son regard incisif me transpercer entre les omoplates, alors que je commence à passer près des enclos, regardant une à une les bêtes qui défilent dans les box, à la recherche du moindre indice qui pourrait trahir une origine Kendra, fut-il un équipement avec un blason sortant de l’ordinaire, un écuyer au trait Kendran, ou autres. Si le capitaine que je traque cherche à s’enfuir de la ville, ses deux seules options sont par la mer en bateau ou à cheval par une des grandes portes de la ville et je doute qu’il réussisse à s’échapper seul, il aura forcément besoin d’une aide extérieure qui viendra par la mer, ou la terre. La plupart des personnes que je croise ont tout de l’aventurier prêt à repartir, souvent en groupe, et cherchant une monture, sac sur le dos et arme au fourreau, le sourire idiot et idéaliste de ceux qui pensent faire fortune loin d’ici, le rire fort et inconscient des dangers qui les guettes hors des murs de la cité. Quelques individus ont plutôt l’air de marchand et inspectent d’un œil critique les bêtes dans leur enclot, cherchant peut être la prochaine bête qu’il compte vendre comme cheval de trait au prochain fermier qu’il croisera. Emmener un cheval en navire est à ma connaissance une mauvaise idée, mais libre à chacun de s’y essayer.

Les minutes passent lentement alors que je continue ma lente inspection parmi les animaux, ne trouvant aucun qui pourrait correspondre à l’image que je me fais du cheval d’un officier Kendra. Je commence à me rendre compte de l’idiotie de mon idée lorsqu’une main ferme se pose sur mon épaule libre, faisant s’envoler le piaf qui reposait sur l’autre alors que je suis violemment tiré pour me retrouver face à face avec un orc, ses yeux rouges brillant à l’ombre de son heaume de fer à la même hauteur que les miens et ses crocs visibles dans un rictus que je suppose moqueur, difficile d’analyser les pensées de ses imbéciles. Mon sang se glace alors que je reconnais bien vite, à la cicatrice sur sa joue droite et aux décorations exotiques sur son armure que les garzoks aiment tant, le garde qui m’a stoppé pendant que je me dirigeais vers la milice hier. Derrière lui un deuxième soldat, un humain aux longs cheveux noirs et aux yeux gris comme la lune attend patiemment sans réagir.

« C’est lui ? » Dit-il en s’adressant à une personne derrière lui

« Ouais, je sais pas ce qu’il veut mais c’est louche et je veux pas d’embrouille dans mes écuries moi »

« On s’en occupe, tu vas nous suivre sans faire d’histoire »

Je me prépare à répondre, mais aucune son ne sors de me bouche si ce n’est un faible râle alors je me retrouve avec le souffle coupé lorsque le poing épais du garzok vient me frapper comme un marteau dans l’abdomen. Je me plie en deux, un bras sur le ventre et une main tendue vers le sol pour tenter de garder mon équilibre, reprenant difficile mon souffle alors que le garzok fait un signe de tête à son acolyte, qui me met un bras dans le dos avant de me pousser en avant. Son ton triomphant résonne comme une nouvelle humiliation dans mes oreilles au milieu du sang qui tambourine dans mes tempes.

« J’ai dit sans faire d’histoire »

Nous passons devant Martus qui affiche un petit air satisfait de sa bonne action du jour, un véritable lèche-botte à la solde des autorités de la ville, avant de nous retrouver à l’extérieur. Le soldat me pousse au sol en me balayant une jambe, m’envoyant directement dans la poussière et me raclant douloureusement le coude sur les pavés. Je me relève difficilement, titubant, la respiration toujours laborieuse. Le garzok reprend la parole, sa voix grave ne cherchant pas à dissimuler ses menaces.

« Si tu continues à emmerder les bons habitants de la ville, tu vas finir au cachot de la milice »

Je m’approche à pas incertains de lui, le spectacle de mes iris rouges accentués par mes yeux injectés de sang et mes traits crispés par la rage semblant lui faire perdre contenance pendant un court instant. Ma main se dirige instinctivement vers la garde de ma lame que je m’apprête à dégainer. Le son des plaques de fer qui résonne derrière moi me ramène brutalement à la raison, attaquer un milicien ici, alors que des soldats attendant en rang proche de la porte à quelques mètres de là, c’est être sûr de crever sur le champ. Je me contente de me rapprocher de lui, suffisamment proche pour qu’il puisse entendre mes paroles dans un sifflement haineux, soufflant difficilement :

« Je … travaille pour … la milice »

Sans se départir de son calme, il m’attrape brutalement par le col de ma veste et m’attire à lui, mon nez à quelque centimètre du sien, suffisamment proche pour sentir son halène pestilentiel de viande périmée et de charogne, le grondement qu’il émet entre ses crocs et aussi menaçant que le mien :

« Alors va falloir apprendre que travailler pour la milice, c’est aussi faire preuve de discrétion »

Il me repousse à nouveau, manquant de me faire manger les pavés une nouvelle fois alors que je peine à garder l’équilibre à cause de mon abdomen douloureux. Quelques passants regardent la scène avec l’intérêt morbide qu’on accorde au passage à tabac en public, le même que celui qui attire les foules dans les arènes pour des combats à mort.

« Maintenant dégage et que je te revois pas dans le coin »

Ne voulant pas donner satisfaction aux gardes qui n’attendent qu’une nouvelle provocation pour se défouler, je rends à mon visage son air morne habituel, je ramasse mon tricorne et le dépoussière avant de me retourner pour m’en aller, fuyant l’échec complet qu’est mon opération avortée, qui n’avait sans doute aucune chance d’arriver à un résultat convenable. L’alcool me semble être un bon refuge pour oublier ça.

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