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Il me suffit de quelques pas à l'extérieur de la taverne pour apercevoir de nombreux chevaux à l'arrêt qu'on harnache à quelques voitures sobres sur lesquelles des hommes installent des paquetages ficelés. Quelques-uns se saluent, d'autres échangent quelques mots à couvert. Beaucoup d'hommes de main surveillent les alentours et parmi ce convoi une voiture est plus surveillée que les autres. Sur celle-ci on accroche des cages renfermant des corbeaux qui croassent plaintivement, je voie s'y glisser une jeune femme à la chevelure de flamboyante, toute vêtue de noir. Un homme en armure noire ferme derrière elle et garde la porte, rien n'est visible chez lui, son armure le recouvrant intégralement.
(Pas de doute cette femme est celle que je recherche, je ne la voyais pas aussi jolie.)
Je m'avance, traversant la foule afférer à préparer les voitures, en direction de l'homme en armure noire. Une fois face à ce dernier, je lui adresse une courte révérence.
"Bonjour mon brave. Pouvez-vous me laissez m'entretenir avec la jeune femme qui se trouve dans cette voiture ? Je viens pour affaire".
"Je ne t'ai jamais vu ici, si tu es là pur vendre ou acheter quelque chose, c'est trop tard. On quitte la ville."
Il ne bouge pas d'un pouce, derrière lui, le silence total comme si la personne dans la voiture écoutait attentivement.
"Je ne viens pas pour acheter ou vendre quoi que ce soit. On m'a dit de m'adresser à la femme assise dans la voiture derrière vous pour rejoindre les murènes. Je suis apothicaire, spécialisé dans la confection de poisons".
L'homme en armure s'approche d'un pas pour m'intimider.
"Tu as la tête dure on dirait. Qu'est-ce que tu ne comprends pas, étranger."
Derrière lui, un petit rideau est écarté de deux doigts fins et laisse entrevoir un œil curieux.
"Je ne vais pas plus insister, je me doutais que ça ne serait pas aussi simple."
Je me retourne, commence à m'éloigner, puis m'arrête.
"On n'en reparlera à Omyre!"
M'écartant un peu de l'agitation, je remarque une voiture garder d'une seule personne, il s'agit d'un homme d'age moyen assis sur une caisse entrain de fumer la pipe. Je m'approche de lui d'un pas assurer, lorsque je suis à porter d'oreille, je me racle la gorge pour attirer son attention.
"N'y aurait-il pas de la place pour une personne supplémentaire dans cette voiture ?"
Je mets ma main sur ma bourse de manière à lui indiquer qu'il y aurait une récompense en échange ce service qu'il me rendrait. Soudain une main se pose sur mon épaule, il s'agit de l'homme en armure de tout à l'heure.
"La Murène accepte de t'écouter."
Il me fait un geste de la tête m'indiquant de le suivre. Une fois devant la voiture aux corbeaux, il se tourne vers moi.
"M'est avis que tu n'es pas digne de cet intérêt, tu devrais chérir cet instant, étranger. Remets-moi tes armes, allez."
Il me tend la main attendant que je m'exécute. Et je décroche mon vieux couteau de ma ceinture et lui donne.
"Je ne sais pas si on peut qualifier ça d'arme".
L'homme prend mon "arme" sans répondre, il pose ça main sur mon épaule et me presse dans la voiture. Devant moi, assise, une jeune femme vêtue de noir m'observe avec attention. Ses mains croisées sur un petit parchemin roulé à ses genoux. Je lui fais la révérence.
"Enchanter mademoiselle, je suis l'Araignée, mon véritable nom n'a que peu d'importance, si vous ne le connaissez pas déjà. Vous êtes celle que l'on appelle l'Espionne après tout."
Elle pousse un petit ricanement à mes dires.
"Je crois que tu fantasmes le rôle de l'espion. Il n'est pas de connaître l'identité de tous ceux qui s'approchent de près ou de loin à notre caste, donc non je ne sais pas qui tu es, mais j'ai bien compris une chose, c'est que tu voulais t'entretenir avec moi."
Elle fait une moue de sa bouche, comme un léger rictus.
"Doooonc? Que veux-tu ?"
"Je suis Apothicaire, spécialiser dans les poisons. Vous rejoindre me garantira une clientèle et votre protection. Ce qui me permettra de plus expérimenter, j'ai également une entreprise très lucrative à proposer à la guilde, mais je pense attendre l'arriver à Omyre et la présence des trois autres pour vous en faire part. En plus le plan en question à encore besoin de finitions..."
"C'est une excellente idée, je vais faire réunir les autres Murènes pour que tu nous expliques ton plan encore inachevé." Son ton était caustique.
Elle tapote du doigt sur son genou, son air se fait plus dure.
"Tu devrais te montrer plus humble, étranger. Notre guilde est ouverte à quiconque en exprime la demande. Sais-tu d'ailleurs qui sont les autres Murènes ?"
"Pardonnez-moi de vous offenser. Pour ce qui est des autres Murènes, c'est le patron de La Rose de Morne plaine qui m'en a parlé. Le reste de ce que je sais je le tiens de rumeurs, mais on ne peut pas s'y fier complètement, il est donc possible que mes informations soient erronée. Si tels est le cas je suis curieux d'en apprendre plus sur le sujet."
"Tu apprendras qu'il y a toujours une part de vérité aux rumeurs. Mais revenons à toi, est-ce la raison de ta venue ?"
"Pour ne rien vous cachez je suis recherché. Vu ce que j'ai fait, rejoindre une guilde d'assassin n'est pas un mauvais plan de reconversion, ultimement je veux me venger et prouver à ces imbéciles qu'ils avaient tort de me sous-estimer."
La femme en face de moi croise les mains sur ses genoux lui donnant un air sage.
"Bien, la vengeance est souvent une excellente motivation. Pour ce qui est des jardiniers, comme j'aime vous appeler, ce sera auprès d'une autre Murène que tu rendras des comptes." Elle ajoute à voix plus basse.
"Si on vient t'en demander."
Elle toque à la porte et l'homme en armure noire ouvre sans attendre ?
"Je crois qu'on en a terminé. Il t'expliquera le reste à savoir."
"Très bien, je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps."
Je lui adresse une dernière révérence et sort de la voiture. L'homme m'accompagne jusqu'à une autre voiture.
"Les nouveaux sont logés gracieusement. Tu n'auras des revenus que si tu travailles, inutile de demander des avances. Si tu poses problème ou que tu fouilles... Hmph."
"Je vois, j'imagine que c'est dans cette voiture que je pourrais poser bagage."
Je lui tends la main pour récupérer mon couteau qu'il me rend.
"Peu importe. Trouve-toi une place."
Il retourne à son poste. Je monte sans plus tarder dans la voiture et m'assied, les deux autres passagers me regardent sans dire mots quelque instant puis reprennent leur discutions. Peut après le convoi démarre son voyage en direction d'Omyre.
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