La Boutique Magique des Les Mille et Un Lampions

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Yuimen
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La Boutique Magique des Les Mille et Un Lampions

Message par Yuimen » mer. 3 janv. 2018 13:50

La boutique magique des mille et un lampions

Dans une ruelle tout ce qu’il y a de plus discrète et mal famée, comme dans la plupart des rues de Dahràm, se trouve cette boutique. Rien dans son apparence ne laisse penser à un commerce puisque l’endroit, de l’extérieur, ressemble à une simple maison en mauvais état. Seule une vieille pancarte rouillée et à moitié effacée indique que l’endroit est une boutique magique.

Les volets sont clos mais, en entrant à l’intérieur, une vive lumière vient heurter les yeux sensibilisés par les ombres des ruelles étroites. Des dizaines de lampions éclairent la pièce regorgeant de bizarreries. Des pots en tous genres, contenant des substances diverses et variées se bousculent sur des étagères. D’étranges objets flottent dans l’air, comme animés magiquement par une force invisible. Des rouleaux de parchemin s’entassent dans une armoire ravagée par les années.

Seul un homme semble être épargné par les tourments du temps, assis derrière un bureau miteux. Il travaille. Nuit et jour, il produit des outils magiques qu’il vend ensuite à ses clients adeptes de la magie. Il voue une véritable passion à l’art des fluides et respecte chacun de ses utilisateurs comme s’il s’agissait de lui-même. Ce n’est pourtant pas là de la bonté car la magie peut parfois amener à faire bien d’horribles choses sans qu’il n’y trouve rien à y redire.

Cela dit, deux jours par semaine, le commerce est fermé. Le magicien propriétaire des lieux part en expédition, à la recherche des ingrédients magiques qu’il a besoin pour mener à bien son travail. Il verrouille alors magiquement sa maison avant de la piéger, de l’intérieur comme de l’extérieur.

><

Items vendus par le vieil homme :

Équipements (De qualité Artisan maximum) :
  • Arme magique 1 main : Baguette - Grimoire
  • Arme magique 2 mains : Bâton - Crosse
  • Protection corps : Robe à col haut - Pourpoint rembourré
  • Protection tête : Diadème - Tiare - Chapeau de mage
  • Vêtement : Écharpe - Cape

Fluides magiques d'éléments :
  • Fluide 1/16e (50yus), 1/8e (110yus) et 1/4e (250yus), de tous les fluides.
Potions :
  • Toutes potions et élixirs
  • Gourdes magiques
Objets uniques (ancien équipement de joueurs) :

Fonctionnement :
  • Achat :
    • Objets personnalisables : Choisir le type d'objet dans la liste, lui donner un nom, un niveau, un rang de qualité et en calculer le prix via la règle des équipements.
    • Objets uniques : Choisir l'objet dans la liste présentée.
  • Vente : Le vendeur ne reprend que les objets du même type que ceux qu'il vend.
  • Calcul des prix de vente, achat, réparation : via la Règle sur les équipements
  • La demande doit être postée, avec le lien du post, dans le sujet d'Interventions GM.

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Eldros Rougine
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Re: La Boutique Magique "Les Mille et Un Lampions"

Message par Eldros Rougine » sam. 19 janv. 2019 17:59

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Je progresse dans le dédale de ruelles. Suivant mes guides au plumage d'ébène qui continuent de croasser en m'indiquant le chemin. J'évite les flaques de vomi, de pisse et d'autres substances que je n'ose même pas nommer. J'enjambe également quelques ivrognes qui n'ont soit, pas encore décuvés de la nuit alors que nous avons atteint le début d'après-midi, soit ils sont déjà ivres. En tout cas, il est clair que ce ne sont que des déchets. Je n'y perds pas plus qu'un regard dégoûté, prenant garde de ne pas marcher dessus comme on prend garde à ne pas écraser du pied la déjection d'un animal posé au milieu d'un chemin. Je n'en pense pas moins des mendiants qui osent m'adresser la parole ou même un regard implorant. Si un seul essaie de me toucher, je jure sur Phaïtos que je lui tranche la main. Je ne croise qu'un seul cadavre, à priori battu à mort avant de se faire dépouiller de ce qu'il possède. Les rats s'en font déjà un festin et ne s'en écartent même pas quand je passe à côté. Les odeurs de tout ce qu'on peut trouver dans ces ruelles mêlée à celle de la marée et du poisson pas frais me font froncer le nez.
Les corbeaux se posent enfin devant une maison en piteux état et aux volets clos. Ils s'envolent après un dernier cri dans ma direction. Je les observe disparaître avant de ramener mon regard vers l'habitation où ils m'ont mené. Je remarque une vieille pancarte rouillée, à moitié effacé par le temps, l'humidité et le vent salé qui s'infiltre dans les ruelles. Je pousse la porte et plisse un instant les yeux. L'intérieur est illuminé de dizaines de lampions suspendus au plafond. Je renifle avec dédain. L'illuminé qui vit ici est-il trop stupide pour ouvrir ses volets ? Je m'avance dans la pièce, ressemblant plus au laboratoire d'un fou furieux qu'à une boutique magique comme l'indique la pancarte à l'entrée. Ici et là sont exposés des bocaux contenant des substances de toutes les couleurs. Dans certains ce sont des parties anatomiques flottants dans un liquide transparent. Des oreilles, des nez, des griffes, des pieds, des yeux. Rats, cochons, chiens, poissons. Je soupçonne même certains pots de contenir des morceaux venant d'espèces plus humanoïdes. Une fiole en particulier attire mon regard. Elle contient un liquide noir comme une nuit sans lune. Je me sens étrangement happé par une force que je ne peux expliquer et la saisie avec précaution pour l'examiner de plus près. Le liquide semble réagir, animé d'une volonté propre, il essaie de remonter les parois de verre pour en pousser le bouchon scellé. Est-ce que j'aurais en main ce qu'on appelle un fluide magique ? J'avais lu quelque chose à ce sujet un jour. Ces fluides permettent à ceux qui peuvent les absorber d'utiliser de la magie. Je sais qu'il en existe de différents éléments. En regardant autour de moi je constate qu'il y a d'autres fioles semblables. L'une semble contenir une tornade, une autre un incendie et dans une autre encore on pourrait croire que c'est l'océan qui a été mis en bouteille. Mais aucun autre fluide ne me fait réagir comme celui que je tiens en main. Je le garde dans ma main libre et continue de parcourir les étagères en faisant craquer et grincer le vieux parquet poussiéreux. Je passe devant des objets flottants dans l'air. Des bijoux, des baguettes, rien qui n'intéresse mon regard. Arrivé au bout du rayon je tombe sur une vieille bibliothèque où s'entassent grimoires et parchemins. Le désordre et les mites qui parcourent le papier ne me donne pas l'envie d'y mettre la main. Je me contente de maudire dans ma tête le gérant de cette boutique qui a laissé ces ressources de savoir décrépir et continue à explorer les lieux.

Je découvre enfin un jeune homme attelé à griffonner je ne sais quoi derrière un bureau qui, lui aussi, à l'image de la boutique, a dû voir passer de nombreuses années. En m'approchant, il daigne enfin lever la tête pour me regarder. Je me contente de faire un sourire poli alors que je déteste déjà l'aura qu'il dégage. Celle d'un érudit, d'un passionné, d'un mage expérimenté alors qu'il a l'air si jeune. Cette apparence était-elle seulement naturel ? Qui sait de quoi étaient capable des gens pouvant vivre dans un lieu si nauséabond. Il me jauge rapidement. Fixe un instant mon regard avant d'observer mes mains. C'est quand je suis enfin devant son bureau qu'il ouvre enfin sa bouche.

"Vous venez faire identifier votre rune ?"

Je hausse un sourcil surpris. Une surprise qui ne dépasse pas la colère de voir cet étrange type croire qu'il peut deviner la raison de ma présence ici. C'est Phaïtos qui m'a mené ici et si j'en ignore la raison comment cet imbécile pourrait le savoir ? Pourtant son regard insistant vers mes mains me dissuade de les serrer autour de son cou. Je baisse les yeux pour suivre son regard. Je me rends compte alors que je tiens encore l’étrange caillou gravé.

"Une rune ? " Dis-je un peu béatement.

Il reste silencieux, se contente de m’observer l’air impatient tandis que je relève le regard. Je reprends constance pour effacer mon air stupide. Fronce les sourcils et peine à cacher une grimace de haine. Il lève une main.

" Il n’y a pas de mal vous savez. Peu de gens en possède, moins en connaissent l’existence et moins encore sont capables de les déchiffrer. Il se trouve que j’en suis capable. "

" Alors contentez-vous de le faire au lieu de me faire des commentaires idiots. " Dis-je en posant de façon abrupte cette fameuse rune sur son bureau.

" Je n’ai pas passé le pas de votre porte pour avoir l’air d’un imbécile. J’aimerais également vous acheter ceci. "

Bien plus délicatement, je dépose la fiole contenant le fluide noir devant lui. Je pousse un souffle nasal agacé en décrochant ma bourse de ma ceinture, préparant mes précieux Yus pour payer ce type insupportable. Même si je refuse de l'admettre à voix haute, Phaïtos m'a sans doute guidé ici afin de faire identifier cette étrange pierre. Je tâcherais d’en apprendre plus sur les runes ailleurs. Hors de question de le reconnaître devant ce vendeur.

>>>
Modifié en dernier par Eldros Rougine le jeu. 24 janv. 2019 14:58, modifié 1 fois.

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Re: La Boutique Magique "Les Mille et Un Lampions"

Message par GM Apprenti 3 » mar. 22 janv. 2019 11:42

Intervention pour Eldros


L'érudit te regarde, clignant des yeux quelques fois suite à tes remarques cinglantes, puis s'empare avidement du fameux caillou, comme s'il avait déjà oublié tes commentaires désobligeants. Faisant rouler la runes dans ses fins et longs doigts, tels les serres de l'aigle se refermant sur leur proie, tu l'entends marmonner pendant quelques temps dans son absence de barbe :

« Cela pourrait-il être… Non ce n’est pas cela… Ces traits… Hmmm si, c’est celle-là… C’est celle-là ! »

Il redresse alors son regard vers toi et tu vois pointer une étincelle au fond de ses yeux clairs. Il reprend alors la parole, cette fois d’une voix claire et professorale :

« C’est la rune Si. Elle signifie "Fermer". Faites-en bon usage ! »

Il place la rune dans la paume de ta main et referme ton autre main dessus tout en te regardant droit dans les yeux. Il avise alors la fiole au liquide sombre et opaque, faisant un commentaire plus destiné à lui-même qu’à toi :

« Mmmm… Des fluides d’obscurité… Intéressant… »

Il te regarde à nouveau droit dans les yeux, l’air interrogateur.

« Cela fera 50 yus pour la fiole. »

Une fois l’argent posé sur le comptoir, la fiole et la rune rangées, son regard se voile et il retourne à son lutrin pour continuer son travail interrompu par ton passage.
Aie confiance, crois en moi
Que je puisse veiller sur toi...

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Devon
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Re: La Boutique Magique des Les Mille et Un Lampions

Message par Devon » jeu. 16 sept. 2021 22:44

<-

Suspect

Je reste un petit moment sur le pan de la taverne, mains dans les poches, fixant le ciel un peu plus dégagé que la veille, le vent humide soufflant dans mes cheveux à peine remis de la douche d’hier. L’humidité ambiante pèse encore après l’orage nocturne et il est difficile de trouver un chemin qui ne soit pas encore envahi de boue. Un peu plus loin, sur les docks visibles depuis la taverne les différents pavillons amarrés témoignent de l’agitation habituelle qui règne dans une nouvelle journée à Darhàm. On y voit, au loin, les dockers et autres marins se déplacer dans tous les sens autour des navires comme une colonie de fourmis s’occupant de sa reine. Un navire se démarque dans cet environnement, un trois-mâts noir est à côté des autres, comme une tache d’encre au milieu d’une peinture, vide de toutes activités. Je me désintéresse de cette agitation, tourne la tête vers ma direction, prend une grande inspiration et me lance.

Si Meredith m’a indiqué le bon chemin, je vais devoir repasser par la ruelle que j’ai empruntée la nuit dernière pour arriver ici. J’avance à grands pas décidés, à cette heure de la journée les rues ne sont pas encore vides et je dépasse plusieurs marins, marchands, mercenaires et autres vauriens qui errent à leurs occupations, discutant entre eux sans vraiment chercher à dissimuler leurs discussions aux autres. Plusieurs mendiants aussi, mais au bout d’un moment, dans cette ville, on n’y fait plus vraiment attention, ils sont autant des éléments tenaces du décor que les maisons de passes, les tavernes et l’odeur de la mer, qu’ils arrivent à empuantir d’une odeur rance de vomi et d’alcool. Pourtant je n’en perds pas un du regard lorsque je les croise, après les deux dernières tentatives d’assassinat dont j’étais la cible, je ne me sens plus vraiment en capacité d’ignorer les risques qui pèsent sur moi. Évidemment aucun d’entre eux ne semble être une menace particulière, mais mieux vaut être sûr, pour l’instant je n’ai jamais été agressé en pleine journée. En tout cas pas de manière volontaire.

Lorsque j’arrive à coin précis de la ruelle, une tache de sang encore visible sur une façade me renvoi à un flashback soudain qui me remontre le corps s’envolant pour atterrir à mes pieds, déchiqueté. Il n’est plus là, ni les deux autres qui l’accompagnaient la nuit passée. Un léger frisson me parcourt l’échine mais je continue d’avancer comme si de rien n’était, doublant une autre tâche de sang laissé par le carreau d’arbalète qui a transpercé le crâne du premier assassin. Un petit bout anecdotique de ma discussion d’hier soir avec le capitaine Kendran me revient en mémoire.

(C’est vrai ça, où disparaissent tous ces cadavres ?)

Je grimace légèrement en repensant plus largement à mon échange avec le capitaine Wibberich, il va me falloir trouver une autre façon d’atteindre ma cible, ou alors trouver un moyen de le forcer à accepter mon aide. Je me perds en réflexion, hésitant sur toutes les options qui s’ouvrent à moi, serait-ce mieux de gagner un peu plus sa confiance, ou juste continuer à l’espionner jusqu’à ce qu’il se trahisse lui-même.

Je marche en regardant mes pieds, essayant d’être le plus discret possible. Je jette de temps en temps de léger regard derrière moi, essayant de repérer une figure que je reconnaitrais. Je sais que ce J. qui m’espionne a décidé que nous devions nous rencontrer, mais je ne compte pas le laisser me tomber dessus comme ça. Au moins ma tenue habituelle me permet de me fondre plus facilement dans la foule. Un peu trop facilement. C’est alors que je remarque finalement l’absence du poids indésirable qui pèse habituellement sur une de mes épaules, le corbeau ne m’a pas rejoint à la sortie de la taverne comme il fait habituellement. Maintenant que je m’en souviens, il a disparu après avoir attaqué un des trois bandits qui voulait me faire la peau…

Je n’aurais pas à m’interroger plus sur son absence, je manque de rater la rue dans laquelle se trouve la boutique que je cherche. Étriqué et sombre, il est facile de passer à côté sans se rendre compte qu’elle est là. Lorsque j’y pénètre, les ombres se font écrasantes, éclipsant presque la lueur du soleil, et l’odeur de la mer est diluée dans les effluves soudainement plus tenaces de détritus et de crasse. Certains individus à l’air louche son adossé au mur, me regardent passer avec un air intrigué mais se désintéressent bien vite de moi lorsqu’ils comprennent que je ne suis pas venu pour eux. D’autres sont simplement inanimés au sol, mort ou ivre, je ne perdrais pas de temps à une analyse plus poussée. Plusieurs rats courts entre mes jambes pour rejoindre des petits trous dans les murs des bâtisses qui encadrent la ruelle. Je remarque la boutique uniquement à la pancarte qui est posée devant, usée et abîmée par l’usure du temps et de l’air marin, sans elle je serais sans doute passé à côté de cette maison à l’air délabré qui pourrait bien être abandonnée depuis une bonne dizaine d’années. Meredith m’a assuré que la boutique devait être ouverte aujourd’hui mais j’ai du mal à y croire maintenant que je suis devant. Pourtant en m’approchant des volets fermés, je peux apercevoir une fine lumière qui filtre depuis l’autre côté et il me semble également pouvoir distinguer les voix de deux personnes en pleine discussion.

Je réajuste ma veste sur mes épaules, mon tricorne sur mes cheveux, et toque trois fois à la porte. Aucune réponse. Je me décide à pousser la porte et j’entre dans la demeure. Parfois dans Darhàm, la façade extérieure des bâtiments n’a rien à dissimuler, et d’autre fois, elle est un véritable maquillage pour les activités, légales ou non, qu’elles abritent. J’ai l’impression d’avoir été transporté en dehors de la ville pirate en entrant dans ce commerce tant l’ambiance y est étrangère. Je plisse les yeux un moment devant la vive lumière de la boutique qui détonne avec l’obscurité de la ruelle qu’elle habite. Lorsque je m’habitue finalement à l’intense luminosité produite par un nombre incalculable de lampions dispersés aux quatre coins de ce commerce, je remarque alors à quel point cet endroit est mystérieux. En dehors du fluide d’eau que je pouvais manipuler naturellement durant mon âge d’or de piraterie, je ne me suis jamais trop intéressé à la magie, bien que j’aie croisé tout type de mages, prêtres et autres charlatans au cours de ma vie. Au final, magie ou pas, un sabre qui vous éventre ou une dague en travers de la gorge règlent tout aussi bien les problèmes. Mais cela ne m’empêche pas d’être curieux, si j’ai un jour l’occasion de me venger je ne reculerais devant rien, enfin presque.
Partout où je pose les yeux, une nouvelle question émerge dans mon esprit. Je passe devant des bocaux aux contenus aussi intrigant que des plantes que je n’ai jamais vu, des morceaux d’anatomie animale plus ou moins bien conservés ou encore des liquides associant des mélanges textures/couleurs parfaitement étranger. Sur une autre étagère sont alignées plusieurs bouteilles contenant des bouteilles de fluides magiques, tourbillonnant dans leur récipient de manière hypnotique. Un imperceptible tic nerveux crispe mon visage lorsque je repère les fioles de fluides obscures, mais je remarque qu’il y en a bien moins de disponible par rapport à celle des autres types. J’ignore la désagréable sensation qui se réveille dans mes veines et continue mon exploration de la boutique. Dans les airs flottent différents objets aux formes multiples et variées sans que je sois réellement capable de les identifier. Adossée à un mur, une immense étagère semble crouler sous le poids des années et des parchemins qu’elle contient, j’ai du mal à croire qu’une telle somme de savoir puisse se retrouver dans une ville comme celle-ci. Le long d’un mur de nombreuses étagères abritent des bijoux, amulettes et autres baguettes de toutes les formes et origines possibles. De l’autre côté pendent d’un grand meuble des robes, chapeaux et autres capes qui forment la parfaite panoplie du magicien.

Lorsque je m’approche du bureau, je tombe sur les deux personnes que j’entendais discuter à voix haute depuis l’extérieur de la boutique, je n’arrive pas à distinguer exactement ce qu’ils disent mais leur discussion a l’air plutôt agitée. Celui de l’autre côté de la table m’est parfaitement inconnu, l’autre qui me fait dos par contre … M’entendant approcher les deux individus se tournent vers moi. Je reconnais les traits que j’ai déjà croisés deux fois. L’homme qui se retourne vers moi semble toujours être bloqué entre deux âges. Le disciple de Phaïtos que j’ai déjà croisé dans le temple de sa divinité et dans la boutique de l’elfe noire finit par me reconnaitre et ses traits maussades se transforment en un petit sourire qui déforme sa barbe de trois jours et les rides de ses joues. Il semble avoir eu la décence d’arranger la tignasse grisonnante qu’il porte sur la tête, qui contraste avec son front dénué de tous plis.

« Ah, un codisciple de notre dieu bien-aimé. Et bien, je vais finir par croire que vous me suivez »

Mon regard devient sombre, je m’avance vers lui sans un mot. Il finit par se rendre compte que je ne m’approche pas de lui avec de bonnes intentions mais je suis déjà trop près de lui et, avec ma main indemne, je l’attrape par le col de la même bure noire qu’il portait leur de nos dernières rencontres. Je le plaque sans ménagement contre le mur le plus proche, faisant légèrement trembler le contenu des étagères qui y sont accolées alors qu’il pousse un petit cri, autant de surprise que de douleur. Il lâche la bourse en lin qu’il tenait à la main et qu’il était en train de remplir de plusieurs objets que je n’ai pas eu le temps d’identifier. Il n’est pas beaucoup plus petit que moi et mon regard carmin fixe ses iris d’un bleu pâle presque blanc. Il lève les mains en signe d’apaisement mais avant que l’un d’entre nous n’ait le temps de prendre la parole, une atmosphère lourde se lève dans la boutique. Je tourne la tête vers le marchand.

Lui aussi parait hors du temps, contrairement à tous les parchemins jaunis, bocaux usés et étagères croulantes, il semble dans la force de l’âge. S’il n’a pas l’air spécialement imposant physiquement, il émane de lui une aura mystique qui complète le tableau de l’érudit fasciné par la magie. Dans son regard passe une étrange lueur, et c’est d’une voix calme mais dans laquelle pointe une menace à peine dissimulée qu’il nous dit :

« Messieurs, je ne sais pas qu’elle votre différend, mais je vous encourage vivement à le régler en dehors de ma boutique »

Nous le regardons tous les deux sans un mot, puis, alors que le disciple commence à essayer de s’expliquer, de lui dire que ce n’est qu’un immense malentendu, je le tire à ma suite en dehors de la boutique. Une fois la porte passée, je la plaque à nouveau contre le mur d’en face, sans que cela ne dérange les autres individus qui parasitent la rue qui ne nous jettent pas plus qu’un coup d’œil désintéressé. Ma voix grogne presque lorsque je commence à le questionner

« Ton prénom ? »

« Comment ça »

Je le plaque une nouvelle fois contre le mur, mais cette fois il n’émet aucun son.

« J’ai pas d’temps à perdre, ton prénom »

« Stephan, mais je ne vois pas pourquoi nous devons en venir à ça pour faire connaissance »

Je lève les yeux au ciel. Il ne serait donc pas le fameux J. En tout cas pas directement. Néanmoins je n’en ai pas fini avec lui et je jette quelques regards aux alentours, m’assurant que personne ne nous surveille, avant de reprendre.

« Pourquoi tu m’suis ?»

« Je vous assure que ce n’est que coïncidence »

Un mauvais rictus apparait sur mon visage.

« Trois fois, ça commence à faire beaucoup d’coïncidence »

« Qu’y puis-je si nous partageons les mêmes intérêt »

« Alors comparons, c’quoi tes intérêts ici ? »

« Désolé mais ça je ne peux pas le dévoiler, secret de culte »

Seul Meredith connaissait ma destination lorsque nous nous sommes croisés à l’entrepôt de Shurdriira Luen Yoeg', mais je n’avais informé personne de ma visite du temple de Phaïtos. Qui plus est je n’ai jamais vu ce type trainer aux alentours de la taverne et vu que le temps que j’y passe, je pense être capable de reconnaître tous les habitués du lieu. Alors, simple coïncidence ? Je sens la présence des armes dans mes poches et à mon flanc, si je l’égorge ici, je pense que personne ne m’en tiendra rigueur. Mais ce mage m'a vu avec lui et je n’ai peut-être pas envie d’avoir le culte de Phaitos de la ville sur le dos, en plus de tous ceux qui veulent déjà me faire la peau.

Je ne l’ai pas lâché le long de mes réflexions et il me regarde d’un air intrigué, mais pas inquiet. Je le jette sur le côté avec un nouveau grognement, il perd légèrement l’équilibre mais ne tombe pas. Peut-être qu’il est lié à ce J, d’une façon ou d’une autre et qu’il m’espionne pour son compte, mais je n’en ai pas la preuve sous la main. Ou alors peut-être est-ce juste ma paranoïa et nous nous sommes effectivement croisés par hasard …

« Si ça ne vous dérange pas j’aimerai récupérer mes achats »

Il n’attend pas de réponse et retourne à l’intérieur de la boutique alors que j’attends sur le pan de la porte, main dans les poches. Il ressort avec son sac en main, bien rempli d’objet que j’entends tinter lorsqu’il agite le sac dans ses déplacements. Il ne perd pas son petit sourire qui dissimule son attitude froide et quelque peu inquiétante.

« Oublions cette altercation, je suis sûr que nous pourrions nous entendre »

Il me salue d’un geste de la tête, époussette sa bure, et s’en va dans la direction opposée alors que je le regarde s’éloigner avec une grimace de dégoût. Il devrait plutôt espérer que nous nous recroisons pas. Une fois que je suis sûr qu’il a quitté la ruelle et qu’il ne reviendra pas immédiatement, je retourne à mon tour dans la boutique du magicien.

Il est toujours derrière son comptoir, plongé dans l’analyse d’un lourd volume dans lequel il note rapidement quelque chose, sans doute les résultats de sa dernière vente. Lorsque j’arrive devant lui, il me jette un regard sévère dans lequel passe à nouveau une lueur mystérieuse.

« Comprenez bien que les articles de cette boutique on a mes yeux une valeur inestimable, et que je ne laisserais pas une brute venir la saccager »

Je hoche la tête dans un signe d’apaisement, bien que mes pensées soient toujours dirigées vers ce Stephan et les raisons qui nous ont amenés à nous croiser dernièrement. Il referme le livre, faisant s’envoler un amas de poussière du comptoir et des pages jaunis par le temps. Il retire son monocle, unique objet luxueux qu’il porte et après un soupir, me demande d’un ton plus calme ce que je suis venu chercher dans sa boutique.

Je tire sans un mot les trois petites pierres gravées de la poche de ma veste avant de les étaler sur le comptoir. Le vendeur se penche immédiatement dessus avant même que je n’ai le temps de me racler la gorge pour lui poser ma question.

« On m’a offert ses trois pierres, je pense que vous vous y connaissez mieux que moi, qu’est-ce qu’elles disent ? »
Modifié en dernier par Devon le mer. 22 sept. 2021 14:12, modifié 1 fois.

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Re: La Boutique Magique des Les Mille et Un Lampions

Message par Gamemaster6 » ven. 17 sept. 2021 00:16

Intervention pour Devon
Le magicien fixe un instant l'elfe bleu d'un regard soupçonneux, pas convaincu par son hochement de tête, mais il se concentre bien vite sur la requête de son client turbulent. Les affaires sont les affaires, après tout. Il prend les trois runes et les examine rapidement.

- Intéressant... trois runes, voilà un spectacle que je n'ai pas souvent l'occasion de voir. Attendez ici.


Il abandonne un instant son comptoir puis revient avec un carnet de notes qu'il feuillette pendant quelques minutes en marmonnant, cherchant visiblement quelque chose. Finalement, il le referme d'un coup sec et pousse les runes vers Devon à mesure qu'il les explique.

- Celle-ci, Xi, signifie Diminuer. l'autre, Aoy, signifie invoquer. La dernière, enfin, se nomme Tez et signifie Endurance. Trois runes intéressantes que vous avez trouvé là. Souhaitez-vous d plus amples explications ou vous en savez assez pour ne pas vous tuer avec ?

Il demande ça très sérieusement et se tient prêt à explquer l'intérêt des runes ou à faire toute autre affaires avec Devon; Si rien d'autre n'intéresse l'elfe bleu, le magicien retournera à son travail sans un mot de plus.
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Devon
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Re: La Boutique Magique des Les Mille et Un Lampions

Message par Devon » lun. 20 sept. 2021 22:16

<-

Le marchand n’a pas l’air tout à fait convaincu de ma bonne volonté, mais son attention se reporte bien vite sur les trois pierres que je lui aie apportées. Pendant qu’il fouille dans un épais carnet de notes, réajustant plusieurs fois son monocle, pour trouver leurs significations, je continue de jeter des coups d’œil dans la boutique, tout autant impressionné par sa collection d’articles magiques qu’attentif au moindre signe d’une embuscade, même si la logique devrait me convaincre qu’il est peu probable que ce magicien laisse rentrer des assassins dans son commerce. Il finit par lever le nez de son livre et pousse les petites runes vers moi afin de me décrire leur pouvoir, comme me l’avait expliqué l’elfe noire la première fois que j’avais fait analyser une pierre comme celles-ci. Diminuer, Invoquer et Endurance, je note mentalement les symboles associés à chaque signification avant de les remettre dans une de mes poches.

Je pensais le magicien dénué de tout sens de l’humour, pourtant sa question me fait souffler du nez et lève le coin de ma lèvre avec un rictus ironique. Je remarque cependant qu’il est absolument sérieux et j’efface mon sourire pour lui dire que j’ai déjà eu affaire à une magicienne qui m’a également expliqué ce que signifiait ces pierres et comment les utiliser.

« Très bien, dans ce cas vous, n’avez plus besoin de mes services, bonne journée »

Sans aucune forme de cérémonies, il replonge les yeux dans un autre épais volume qu’il se met à parcourir sans plus faire attention à moi. Je reste un moment devant le comptoir, une question au bout des lèvres, mais que je ne sais pas comment formuler de manière à ne pas attirer plus de soupçons. Ma patience commence à atteindre ses limites. Je tente de prendre un ton des plus neutres.

« Sinon, qu’est-ce qu’il voulait le gars avant moi ? »

Il relève les yeux de son livre, repose à nouveau son monocle, un peu agacé que je sois encore là pour le distraire à nouveau.

« Je ne devrais pas vous le dire, mais vu qu’il était encore moins aimable que vous, je peux faire une exception »

Il nettoie son monocle d’un air distrait en même temps qu’il me répond.

« Il voulait faire l’achat d’une grande quantité de fluide obscur, bien plus qu’il ne pouvait en payer »

Même chose qu’à la boutique de Shurdriira … Mais en tout cas il n’était pas là pour me piéger ni pour m’attendre.

« Bien, merci »

« Au plaisir de refaire affaire avec vous » Répond-il avec un petit sourire ironique.

Je le salue d’un geste de mon tricorne puis m’éloigne du comptoir pour m’en aller alors qu’il retourne à sa lecture sans mot.
Une fois la porte de la boutique passée, je me mets en route sans hésiter dans la même direction que ce Stephan, s’il me cache quelque chose, je suis bien décidé à lui faire avouer. Tant pis s’il ne lui reste qu’un doigt à chaque main à la fin. Je passe devant les mêmes individus inanimés au sol, devant les mêmes mendiants et devant les mêmes vauriens adossés au mur de la ruelle. Décidément certaines choses sont immuables dans cette ville, en tout cas c’est une drôle de localisation pour une boutique pareille.

Une fois sortie de la ruelle, je prends sur ma droite comme le cultiste lorsque je l’ai vu s’en aller, mais je n’ai pas plus d’info sur sa prochaine destination. Le vent commence à se lever, amenant l’odeur saline de l’océan jusque dans ces ruelles plus au centre de la ville, pendant que le soleil commence lentement son déclin derrière la ligne d’horizon. J’avance ainsi, tout droit, sans trop savoir où je vais, jetant des regards attentifs dans toutes les ruelles sombres que je croise et m’éloignant soigneusement des individus un peu trop louches sur mon chemin, comme un animal apeuré qui devrait s’inquiéter de tomber sur un prédateur à chaque intersection. Encore une fois, je sens que je perds patience. Je m’arrête soudainement au milieu de ma route, manquant de percuter la personne dans mon dos qui me contourne avec un juron. Depuis quand suis-je devenu une proie ? Lorsque je mets mes mains dans mes poches, j’en retire précipitamment ma main droite au moment où elle frôle la fiole de fluide d’obscurité que j’ai gardé sur moi, une grimace de dégoût sur le visage.

Je fais demi-tour, tant pis pour Stephan, tant pis pour ce J et tant pis si je tombe sur un nouveau groupe de mercenaires ou de pirates embauchés pour me faire la peau. Les images de ma totale impuissance me reviennent en mémoire lors de l’embuscade d’hier soir, le sentiment de fatalité, qu’on rencontre finalement sa fin sans avoir quoi que ce soit à y dire. J’ai besoin de me sentir vivant. Une colère sourde monte en moi, une rage qui ne demande qu’à s’exprimer après ces humiliations et je sais exactement où aller pour ça.

Je réajuste ma veste, redresse la tête que je gardais penché pour mieux me dissimuler dans la foule et me met en route, faisant déjà craquer mes poings d’anticipation.

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