La Rue des Plaisirs

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Yuimen
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La Rue des Plaisirs

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 17:25

Rue des plaisirs
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La rue des plaisirs, de son nom officiel "rue de l'étalon", tire son nom des nombreuses maisons de passe qui ont élu domicile dans les vieilles bâtisses. La rue des plaisirs donne directement sur les docks et n'est empruntée quasiment que par les marins lors de leurs haltes de quelques jours, par les femmes de plaisirs, par les bandits en tout genre cherchant des bourses de yus à voler et par les hommes qui contrôlent cette zone et qui embauchent les jeunes femmes. Officiellement, il s'agit de tavernes et d'auberges, ce qui explique le débit de boissons parfois fortement alcoolisées et les nombreuses chambres de ces maisons. Mais en réalité personne, pas même la milice, ne se fait d'illusion sur les trafics effectués par là, que ça soit en matière de femmes ou de drogues d'ailleurs.

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Hatsu Ôkami
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Re: La Rue des Plaisirs

Message par Hatsu Ôkami » jeu. 14 mars 2019 02:42

La rue de l’Etalon apparut bientôt devant elle, sombre allée où de vieilles bâtisses encadraient une allée de pavés sales et emprunts d’une étrange odeur. Le soleil disparaissant à l’horizon rendait chaque plus menaçante que la précédente et l’obscurité qui régnait n’aidait pas Hatsu à se sentir en confiance dans cet endroit qui, sans qu’elle ne le sache pourquoi, la mettait mal à l’aise. Elle avança prudemment, remarquant les hommes aux airs patibulaires qui semblaient faire le guet devant les arches des bâtisses en pierres qui semblaient besoin d’une plus grande attention de leur propriétaire, les façades n’invitant guère à pénétrer à l’intérieur. La jeune archère pouvait facilement distinguer des ordures dans quelques ruelles adjacentes, mais ce qui la dérangeait le plus était les regards insistants des hommes qui se tenaient là, la fixant du genre de regard qui lui rappelait les mercenaires qu’elle avait combattus à Oranan.

Elle hésita à pénétrer plus avant dans cette rue qui semblait pleine de dangers. Elle n’était même pas certaine qu’Onoda soit vraiment ici après tout. Elle se cherchait une excuse pour ne pas avoir à subir les probables avances à la subtilité toute relative qui n’allaient pas manquer de fleurir sur son passage et elle se détesta pour penser à fuir alors que le forgeron était peut-être en mauvaise posture. Sentant l’ambiance pesante de l’endroit, elle était même sûre que ce noble arrogant allait s’attirer les pires ennuis, mais elle se demandait s’il allait vraiment venir jusqu’ici… ce n’était pas le genre d’endroit dans lequel la jeune femme s’attendrait à le trouver. Il aurait sans doute rebroussé chemin en sentant le danger palpable qui émanait de chaque parcelle de cette rue. Elle essayait de se convaincre elle-même, mais un rire attira son regard et elle fronça les sourcils avant d’imploser intérieurement en reconnaissant l’homme qui rirait ainsi, une femme à chacun de ses côtés.
Oubliant totalement qu’elle devait être prudente, elle avança d’un pas ferme et résolu vers le forgeron qui allait entrer dans une des bâtisses. Elle hurla son nom, le faisant tourner la tête. Elle l’entendit distinctement jurer juste avant qu’elle ne pose devant lui, le regard menaçant et les poings serrés.

- Ôkami… que me vaut le plaisir ?

- Je vous avais expressément demandé de rester à l’auberge ! Je n’arrive pas à croire que vous soyez en train de … batifoler !

Le forgeron soupira et fit rentrer les deux femmes avant de se tourner vers la jeune ynorienne qui ne cachait pas sa fureur.

- Et qu’étais-je supposé faire ? Attendre gentiment que vous daigniez revenir ? Je suis un adulte contrairement à vous et j’ai des choses à faire alors vous allez gentiment rentrer et me laisser…

Hatsu, folle de rage, l’attrapa par le col et le poussa contre le mur. Les deux se regardèrent avec haine, mais la jeune femme ne céda pas.

- Je dois gérer votre sécurité, alors vous allez faire ce que je vous demande ! Nous allons rentrer à l’auberge et vous allez faire taire vos envies libidineuses le temps que ce voyage soit fini.

- Je ne reçois pas d’ordre d’une…

- La ferme ! Nous avons un gros problème ! Il y a des types qui s’en prennent aux forgerons participants et s’ils débarquent alors que vous êtes seuls ou en charmante compagnie, ils vous tueront ! Alors vous ne me quittez pas d’une semelle ! C’est clair ?!

Elle avait presque crié les derniers mots et le forgeron devint livide. Elle le relâcha et lui fit signe de la suivre. Il fronça néanmoins les sourcils en croisant les bras.

- Qui me dit que ce n’est pas une de vos élucubrations ? Qui peut en vouloir aux forgerons ?

- Tonnerre d’Omyre… c’est la conseillère Shimi qui m’a prévenu.

Le forgeron cessa immédiatement de chercher un moyen de rentrer dans la bâtisse où l’attendaient deux superbes créatures et emboîta le pas d’Hatsu sans tarder. La jeune archère en fut soulagée et sa fureur retomba quelque peu. Elle n’avait pas envie de devoir traîner ici trop longtemps et même si elle devait effrayer le forgeron, elle préférait cela à l’idée même de rester une minute de plus dans cette rue qui ne lui inspirait aucune confiance et un certain dégoût en ayant compris ce qu’étaient certains des bâtiments autour d’eux. Maisons de passe, bordel, plusieurs noms pour désigner plus ou moins la même chose, chose qu’elle abhorrait par ailleurs car cela montrait un irrespect qu’elle ne pouvait supporter envers les personnes du même sexe qu’elle. Elle jeta un regard sombre en direction de la porte et, désignant la rue, elle fit un geste au forgeron qui, ayant compris qu’elle ne le lâcherait pas, soupira avant d’obtempérer de mauvaise grâce, se plaignant pour la forme
Elle rebroussa donc chemin, emboîtant le pas du forgeron en remontant la sombre allée presque vide. Elle remarqua le changement brutal dans l’air ambiant et ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Elle s’arrêta, retenant le forgeron par le bras. La tension dans l’air était palpable, presque visible. Une silhouette au bout de l’allée s’approchait, encapuchonnée, vêtue d’un long manteau sombre qui cachait le reste de sa tenue ou de potentielles armes. Mais nulle arme ne sortit, à la place, ses mains s’illuminèrent. Hatsu eu tout juste le temps de pousser le forgeron au sol en se jetant sur lui qu’un éclair les frôlait, frappant le sol derrière eux, explosant les pavés crasseux qui retombèrent en une petite pluie paresseuse de poussière autour d’eux. Hatsu se releva en vitesse, tirant le forgeron effrayé par le col pour le cacher derrière un mur alors qu’un nouvel éclair arrachait des morceaux de pierres au bâtiment qui leur servait d’abri.

- Mais c’est qui ce type ?

Le cri du forgeron fut à moitié couvert par les bruits de la déflagration. Hatsu l’ignora, préparant son arme. Elle haletait, la peur et l’adrénaline décuplant ses acuités, l’odeur de brûlé lui prenait les narines et les bruits des éclairs lui paressaient comme d’énormes cors qui résonnaient dans ses oreilles. Elle fit un signe au forgeron pour qu’il la regarde, lui demandant de rester là et de se cacher du mieux qu’il pouvait. Elle jeta un œil dans l’allée, apercevant l’adversaire qui approchait prudemment, se déplaçant de sorte à s’éloigner du mur pour arriver de parallèlement à la ruelle dans laquelle Hatsu et Onoda se cachaient. S’il y parvenait, s’en serait fini d’eux, Hatsu le savait, elle devait l’entraîner ailleurs ou le forcer à s’arrêter. Elle inspira un grand coup et se mit à courir à découvert, fixant le mage qui s’arrêta. Les mains s’illuminèrent et un éclair partit dans la direction d’Hatsu qui se jeta jambes en avant sur le sol, glissant sur les pavés tandis que l’éclair la frôlait, dressant un peu plus ses cheveux sur sa tête et créant des picotements désagréables le long de ses bras. Elle roula à couvert, le souffle erratique, la sueur perlant sur son front. Elle l’avait échappé de justesse, mais elle avait atteint la ruelle. Elle banda son arc, flèche vers le sol, passant la tête au coin de la rue, apercevant le mage qui semblait hésiter. Elle n’hésita pas, sa vie et celle d’Onoda étaient en jeu.

Sa flèche fila vers le mage, visant son torse avec une précision chirurgicale. Elle encocha aussitôt une autre flèche, mais la première n’atteignit jamais sa cible. Au lieu de cela, la flèche changea de trajectoire, tournant autour du mage avant de revenir vers elle à toute vitesse. Médusée, Hatsu ne put que rouler au sol pour éviter le trait meurtrier, mais, dans la précipitation, elle roula du mauvais côté. Un genou au sol au milieu de l’allée, elle était à découvert, alors elle tenta le tout pour le tout. Bandant son arc de toutes ses forces, elle sentit le bois de celui-ci craquer et protester tandis qu’elle tirait la corde autant qu’elle le pouvait. Elle lâcha le tout au moment où un nouvel éclair jaillissait des mains du fulguromancien. La flèche fila comme le vent, atteignant le mage à l’épaule, le faisant tituber puis tomber sous la violence de l’impact alors que l’éclair traversait Hatsu qui hurla de douleur sous la décharge de magie, se recroquevillant sur le sol en tremblant sous l’effet de l’électricité que son corps emmagasinait. Son corps tressautait et elle resta au sol un moment à gémir de douleur sous la douleur provoquée. Ses muscles semblaient ses contracter et ses jambes ne lui obéissaient plus. Elle parvint néanmoins à relever la tête lorsque la douleur se fit supportable et elle avisa le mage qui, à genoux, tentait de retirer le trait profondément enfoncé dans son épaule.

Affolée à l’idée qu’il puisse lui renvoyer un de ses éclairs, elle tendit un bras tremblant vers son arc avant de le saisir mollement. Elle voulut se relever, forçant sur ses muscles engourdis qui demandèrent grâce. Mais elle n’écouta rien, se mettant à genoux et encochant une nouvelle flèche. Elle croisa le regard du mage lorsqu’il releva la tête après avoir retiré la flèche en grognant de douleur. Deux regards, un rempli de haine, l’autre de détermination, qui se jaugeaient. Le mage se releva, tendit les mains tandis que la corde de l’arc se tendait. Puis les deux se figèrent lorsqu’un cri et des bruits de course se firent entendre. Les deux tournèrent la tête vers la ruelle où le forgeron se cachait, voyant nettement l’homme tenté de s’enfuir sans demander son reste. Le mage changea aussitôt de cible tandis qu’Hatsu, horrifiée, vit le forgeron courir en ligne droite, exposant son dos au mage. Surmontant la douleur, elle se releva et s’élança, hurlant à Onoda de se cacher. Celui-ci se retourna et Hatsu le vit blêmir avant qu’il ne trébuche au sol. L’éclair jaillit des mains du mage, un éclair aveuglant certes, mais étrangement moins que les précédents. Mais Onoda ne vit pas la différence, il ferma les yeux, poussant un cri de peur en plaçant ses mains devant son visage, geste inutile, mais rassurant, tandis que l’éclair fondait sur lui.

Jamais il ne sentit l’éclair le frapper. Il entendit un cri de douleur et un bruit de chute avant d’ouvrir les yeux sur le corps allongé au sol de sa protectrice tandis que le mage, visiblement exténue, battait en retraite tandis que des bruits de course retentissaient sur les pavés de la rue adjacente. L’esprit focalisé sur le mage, le forgeron le suivit du regard tandis qu’il disparaissait au coin de la rue. Il entendit les gémissements de douleur d’Hatsu et c’est seulement lorsqu’il vit son corps tressauter sous l’effet de la magie qu’il réagit enfin. Il héla les gardes qui apparurent au coin de la rue et se pencha sur Hatsu qui respirait difficilement. Mais il l’entendit distinctement prononcer quelques mots qui le percutèrent bien plus qu’ils n’auraient dû.

- Vous êtes un imbécile… je vous avais dit… de rester caché. Par Rana, ça fait mal…

La jeune femme souffrait le martyr, pas seulement à cause de la magie qui saturait son corps, mais aussi à cause de sa chute sur les pavés. Elle n’arrivait pas à bouger et se maudissait intérieurement de ne pas réussir à se relever alors que des pas se rapprochaient d’eux. Elle était persuadée que le mage, débarrassé d’elle, se chargerait du forgeron avant de décamper. Aussi fut-elle très surprise et soulagée lorsque des gardes de la ville entrèrent dans son champ de vision. Ils étaient sauvés.


(((Fin d'apprentissage de la compétence "Appui" 3/3 )))
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
Image
Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

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