Les Rues

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Yuimen
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Les Rues

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 17:05

Les rues de la ville

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Étroites et sales, il ne fait pas bon circuler dans certains quartiers de la ville, mais c'est le lot d'une grande majorité des habitants de la cité, qui n'habitent pas tous dans le tiers de ruelles tranquilles ! Attention aux voleurs...

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Hatsu Ôkami
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Re: Les Rues

Message par Hatsu Ôkami » lun. 4 mars 2019 02:40

Eclairs et orages


Une semaine passa ainsi, entre discussion plus ou moins cordiales, silence pesant et moqueries en tout genre, mettant à rude épreuve les nerfs et la patience d’Hatsu qui fit de son mieux pour ne pas mettre son poing dans la figure du forgeron afin de lui faire ravaler son sourire moqueur et son air hautain qui ne le quittait que rarement. Ils passèrent la frontière avec le duché de Bouhen et bifurquèrent vers l’Ouest pour atteindre la ville. Hatsu fut étonné que le forgeron prenne cette décision sans qu’elle n’ait à l’en convaincre, mais l’explication lui parvint lorsque le forgeron ne put s’empêcher de se plaindre de l’inconfort du voyage, faisant lever les yeux de la jeune archère au ciel. Il s’attendait à quoi, un lit moelleux tous les soirs ? Elle soupira mais ignora les remarques d’Onoda, se concentrant sur les environs.

Ils n’avaient pas été ennuyés depuis l’attaque des chiens mais la jeune fille ne voulait pas relâcher une surveillance qu’elle considérait comme nécessaire, même loin de la ligne de front. Il n’y avait pas que les forces d’Oaxaca qui pouvaient leur nuire. Sans compter les chiens ou loups, brigands et malandrins pouvaient leur tomber dessus à tout moment et elle le savait. Elle était donc sur un qui-vive presque constant, ce qui avait le don de la laisser particulièrement vulnérable aux piques verbales du forgeron.

Ils parvinrent finalement aux alentours de la ville de Bouhen. Hatsu n’étais jamais allé aussi loind’Oranan et elle découvrait donc pour la première fois une ville différente, et sa première impression fut… mitigée. Les gardes de la ville les regardèrent d’un œil soupçonneux avant de les interpeler et Onoda faillit faire un scandale lorsqu’on leur demanda d’attendre pour fouiller leur chariot. Hatsu comprit très vite que c’est l’attitude d’Onoda qui rendait les gardes aussi ennuyeux, aussi elle fit de son mieux pour calmer le forgeron.

- Plus vous vous fustigerez et plus ils trouveront des excuses pour vous ralentir.

- Mais dans quel but ?

- Dans quel but passez-vous votre temps à m’énerver ? Voilà, c’est la même chose. Alors pour une fois, bouclez-là !

Onoda ouvrit la bouche et la referma, non sans la foudroyer du regard et prit son mal en patience. L’un des gardes se moqua de lui discrètement et ils finirnt par enfin les laisser passer après presqu’une heure. Le forgeron ne cessait de râler et Hatsu, excédée, le planta dès qu’ils trouvèrent une auberge.

- Où allez-vous ?

- Là où vous n’êtes pas, ça me changera des deux dernières semaines.

- Et votre serment de me protéger ?

- Pour ce que vous en avez à faire… ne sortez pas de l'auberge, c’est tout, vous ne risquez rien.

Et elle le laissa au bon soin de la gérante de l’auberge et des deux jolies servantes qu’Onoda avait déjà repérées, commençant immédiatement un numéro de charme avant même qu’Hatsu ne soit sorti de l’auberge.

Bouhen était très différentes d’Oranan. Les rues étaient bien plus étroites, souvent sales et les maisons n’avaient rien du charme de la cité ynorienne. La jeune femme voulait malgré tout découvrir un peu l’endroit et avançait d’un pas tranquille, sa jambe ne la lançant pas suffisamment pour qu’elle soit obligé de boiter, ce qui la rassura. L’activité de la vue était bruyante et elle remarqua rapidement la misère que de nombreuses personnes portaient sur eux, sur leurs vêtements sales et parfois élimés. Elle se félicita d’être en habit simples, elle n’aurait pas aimé venir ici plus richement habillé, elle aurait attiré bien plus de regards.

Mais quelqu’un sembla tout de même s’intéresser à elle, un étrange homme assis sur une chaise devant une table avec trois chopes la héla, l’interrompant dans ses réflexions. Méfiante, elle le jaugea d’un œil, remarquant son nez rougit, ses vêtements crasseux et son sourire édenté. Elle allait passer son chemin mais il lui proposa un jeu et cela l’intrigua.

- C’est simple, voici un pois, je le mets sous cette chope, je les mélanges ainsi, hop, hop et vous me dites lequel est le bon !

- Celui du milieu.

- Bravo, mais ce n’était qu’un exemple, même pas de quoi s’échauffer. Ça vous tente ? C’est 10 yus l’essai pour démarrer et vous pouvez toucher cinq fois votre mise.

Elle le regarda d’un air soupçonneux. Le prenait-elle pour une idiote ? Le jeu était forcément truqué s’il pouvait perdre cinq fois la mise du joueur. Elle hésita puis sortit dix yus de sa bourse. Ravi, l’homme retourna les chopes, posa le pois et mélangea. Mais contrairement à l’exemple, ses gestes devinrent soudainement rapides, précis et incroyablement floues, surprenant la jeune ynorienne qui n’avait rien vu venir. Elle le regarda d’un air étonné et reçut un sourire ravi en échange.

- Alors ?

- Aucune idée pour être franche… Et dire quelque chose au hasard n’a aucun intérêt. Je vous laisse cette manche.

- Oh, damoiselle est belle joueuse. Fort bien, souhaitez-vous retenter ?

Elle acquiesça, déposant de nouveau dix yus sur la table, se préparant. Et de nouveau, l’homme usa de réflexes et d’une vivacité incroyable pour déplacer les chopes mais Hatsu était prête et son regard habitué au déplacement des animaux en forêt suivit la chope. Droite, milieu, droite, milieu, gauche. Elle sourit en voyant le dernier mouvement.

- Droite !

L’homme sourit et retourna la chope, dévoilant le pois.

- Vous êtes douée jeune dame, bien peu se rende compte que le pois change de chope en cours de route. Vous avez donc gagné, voici votre dû.

Il lui tendit une bourse contenant une centaine de yus et Hatsu fronça les sourcils.

- Vous en avez probablement plus besoin que moi…

- Si je peux vous donner un conseil, ne vous fiez pas aux apparences dans cette ville. Je recherche le frisson du jeu et les passants intéressants, l’argent m’importe peu.

- Mais c’est bien plus que cinq fois ma mise, il doit y avoir le double de ça là-dedans.

Il haussa les épaules et refusa catégoriquement de reprendre la bourse, insistant sur le fait qu’elle l’avait loyalement gagné.

- Acceptez, considérez cela comme un cadeau pour votre comportement très agréable. Allez, zouh, d’autres attendent. Et un autre conseil, n’allez pas dans la rue des plaisirs, ce serait mauvais pour vous.

- Très bien… Une petite question avant... y a-t-il un lieu dédié à Rana ici, j’aimerais m’y arrêter…

- Oui bien sûr, allez du côté du temple de Gaïa, par là-bas il y a le Ran-Hadash Quart. Vous y trouverez votre bonheur.

- Je vous remercie !

Et elle s’éloigna sous l’œil amusé de l’homme qui interpella un autre passant, lui aussi nouveau venu en ville. Cette jeune fille lui plaisait, il avait hâte de la recroiser.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
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Yliria
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Re: Les Rues

Message par Yliria » dim. 26 juil. 2020 15:00

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Une voie lumineuse

Deux jours plus tard, dans une ambiance plutôt sereine, le navire, troquant son pavillon noir pour un de Kendra-Kâr, accosta au port de la ville humaine de Bouhen. J'étais à la fois excitée et anxieuse. C'était la première fois que je mettais le pied sur ce continent, aussi fis-je bien attention de suivre les conseils de Makan. C'était un port militaire qui abritait des chantiers navals, aussi il fallait faire profil bas en entrant dans le port. Par chance, les stigmates de l'affrontement avec les pirates de Malfred étaient encore visibles et Makan put sans difficulté faire passer ça pour une véritable attaque de pirate lorsque deux humains montèrent à bord pour jauger les nouveaux venus. Ça, ajouté probablement à un pot-de-vin, sembla les contenter et ils laissèrent Makan arrimer son navire, pour la plus grande joie de tout l'équipage.

- Bon ! Comme d'habitude, pas d'esclandre ! J'veux tout le monde sur pied pour dans quatre jours ! Si en retard, pas mon problème, on vous laisse sur place. Profitez d'votre solde !

Après des exclamations enjoués, ceux qui ne participaient pas aux manœuvres débarquèrent tandis que Makan s'entretenait avec son second pour ravitailler le navire et vendre ce qu'il avaient réussi à piller sur le navire marchand et celui de Malfred. Elvia et Jonas posèrent également le pied à terre, visiblement prêts à passer un moment en toute intimité loin de la promiscuité de l'intérieur du navire. Je les regardai disparaître dans les ruelles avec un sourire. La voix de Makan me fit me retourner tandis qu'il approchait, un cigare inséré entre les dents.

- Encore là, gam.. Yliria ?

- J'hésitai... Comment sont perçus les shaakts ici ?

- Ah... Pas les bienvenus... au mieux... T'veux qu'on t'accompagne ?

Son sourire moqueur me fit grimacer mais je niai de la tête. J'étais parvenue à survivre à Nessima, je pouvais gérer une ville comme Bouhen. Enfin j'espérai.

- C'est bon, je peux m'en sortir.

- Comme tu veux. On s'ra chez la vieille paulette ce soir, une auberge qui vaut l'coup. Hésite pas à nous rejoindre, on t'ramènera au navire après.

- D'accord. A ce soir alors.

Je descendis prendre mon sac et mes affaires, bien déterminée à me débarrasser de quelques bricoles encombrantes que les hommes de Makan m'avaient collé dans les bras. En descendant la passerelle, je mis mon masquer sur mon visage en soupirant avant de me retourner en entendant Makan m'interpeller une nouvelle fois.

- Oh, j'oubliais. Évite la rue d'l'étalon! Crois-moi, t'veux pas passer par là.

Je hochai la tête, sans pour autant comprendre pourquoi il me précisait cela. Une fois sur le quai, je regardai autour de moi, espérant repérer quelque indication pour m'orienter, mais c'était peine perdue. Une question à un marin me donna vaguement une direction comme réponse et je le remerciai avant de prendre une des rues menant vers le cœur de la ville. Le port n'avait hélas rien d'intéressant, bien que les bâtiment qui y étaient ancrés semblaient plus imposant que ceux que je voyais à Tulorim lorsque j'y vivais. Probablement une conséquence de la présence des chantiers navals.

Les rues de la ville étaient étonnantes... Sales, peu entretenues et il n'étais visiblement pas rare que des mendiants s'y installent sans que personne ne fassent quoi que ce soit pour les aider. Les bâtiments étaient plus fonctionnels qu'esthétiques et il semblait y avoir des soldats et miliciens partout, où que mon regard se posait. Avec mon masque et mes cheveux dissimulés, je passais inaperçue, mais je craignais de me faire repérer en déambulant trop longtemps. Où que mon regard portait, il n'y avait que des humains. Parfois un elfe, mais guère plus, à croire que les autres ethnies n'étaient pas les bienvenues ici, et pas seulement les shaakts. Je remis sérieusement mon projet de faire des emplettes en question, mais, masquée, je pensais pouvoir m'en sortir. Le tout c'était d'être convaincante si on me demandait une raison à mon apparence. Je pouvais tenter de me faire passer pour une Eruïonne... ça avait fait un peu illusion à Nessima

(Pas une mauvaise idée... mais pas sûre qu'ils sachent ce qu'est un Eruïon)

(J'avais pas pensé à ça...)

(Sinon tu dis la vérité, que tu es une semi-shaakte qui voyage et que tu portes ce masque par sécurité.)

(Je n'ai pas envie qu'ils me prennent pour une espionne ou je ne sais quoi...)

(Ils se méfient des shaakts, certes, mais ils ne vont pas t'attaquer à vue. Ce ne sont pas les Sindeldi.)

Je fis la mue, peu convaincue, mais décidai quand même de continuer ma visite de la ville. Le marché fourmillait de monde et je déambulai, curieuse, entre les étals, attirant parfois le regard méfiant d'un marchand, probablement inquiet de voir une personne masquée s'approcher de ses produits. Lorsque je passai devant un marchand de nourriture, je m'arrêtai net, fixant avec intérêt des pots fermés qui renfermaient, selon l'indication, du miel. Je mis aussitôt la main à la bourse.

(On s'offre un petit plaisir?)

(J'en n'ai mangé qu'une fois... Je m'en souviens encore.)

- Ah, vous êtes intéressé, cher client ?

Je tournai la tête vers le marchand, un homme avec un certain embonpoint, à l'air jovial et aux joues rouges, qui me scruta, plissant légèrement les yeux. Je hochai la tête, éclairant son visage d'un sourire avant même que je n'ouvre la bouche à travers mon masque.

- Oui, en fait je... votre miel m'intéresse.

- Oh, une demoiselle. Fort bien. Du miel hein ? Il est récolté chez mon frère, je peux vous assurer de sa qualité. J'ai aussi des fruits confis dans du miel si vous voulez.

C'était tentant.. très tentant. Donc je me laissai tenter.

- Un pot de chaque alors, s'il vous plaît.

Il me servit le tout dans un tissu bariolé, « fait-maison » comme il dit et je lui donnai un petit plus lorsqu'il m'indiqua le prix. Ce n'était pas tous les jours qu'un marchand était aussi sympathique.

- J'aurai une question. Il y a un temple de Meno ici ?

- Meno ? Non, désolé, ici on vénère Gaïa, même s'il reste un sanctuaire de Rana, je ne sais plus où.

- Gaïa ? Vous pouvez m'indiquer où il se trouve ?

Il m'offrit ses explications avec un sourire et je l'écoutai, mémorisant le tout avant de le remercier et de ranger mes trouvailles dans mon sac et de reprendre ma route, vers le temple cette fois. J'avais une petite idée en tête, j'espérai seulement que les prêtres seraient assez ouverts pour m'aider.

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Faëlis
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Re: Les Rues

Message par Faëlis » sam. 9 janv. 2021 14:51

Laissant ses affaires au marchand, Faëlis sortit dans la rue pour flâner en ville, attendant que ses commandes soient prête. L'angoisse de la population était perceptible. Apparemment, la capitale d'Ynorie tenait bon, l'ennemi n'ayant pas encore coupé les voies maritimes, mais on racontait que ce n'était qu'une question de temps. Bientôt, le blocus serait complet et, si l'armée envoyée en renfort ne parvenait pas à remporter la victoire, Oranan tomberait... et Bouhen serait la prochaine ville sur la liste. Or, bon nombres de soldats avaient été mobilisés pour la bataille...

L'elfe était curieux. Il avait passé tant de temps loin des histoires du monde qu'il ne comprenait pas pourquoi Oaxaca lançait une attaque si soudaine. Hélas, personne ne le savait précisément. Peut-être la déesse noire avait-elle acquise une nouvelle arme secrète... ou bien avait-elle juste hâte d'en finir une bonne fois pour toute.

« Une fleur pour nos vaillants soldats ? »

C'était une petite fille humaine qui lui tendait un pétunia. Elle avait l'air un peu triste. L'elfe sourit :

« Hé bien, je vais moi-même au front. Je suis sûr que ta fleur sera un bon porte-bonheur ! »

Il lui tendit une pièce et prit le pétunia qu'il enroula d'une main experte dans une mèche de cheveux, comme il avait appris à faire quand il était petit. Mais remarquant l'expression sombre de la fillette, il demanda ce qui n'allait pas.

« Mon papa a pris son bateau pour apporter des poissons à Oranan. Il envoie tout le poisson qu'il pêche, c'est pour ça que je dois trouver de l'argent autrement. Il dit que c'est notre devoir à tous de soutenir les soldats contre les garzok... mais et s'il ne pouvait plus revenir ? On dit que des monstres marins vont bientôt encercler la ville ! J'espère qu'il va vite revenir. »

La peur se lisait dans sa voix. Faëlis posa un genou à terre et déclara :

« Ton papa est courageux, il sait ce qu'il fait ! Je suis sûr qu'il reviendra très vite, et tu pourras lui dire que tu as fait ta part, toi aussi ! La lumière ne va pas s'éteindre aujourd'hui, ni demain. Je te le promets ! »

Et comme pour appuyer ces paroles, il se mit à briller légèrement, et apposa sa main sur le front de la petite, invoquant un sort d’apaisement. Elle retrouva un fantôme de sourie, ce qui était mieux que rien.

C'est alors qu'il sentit une présence derrière lui. Il se releva pour trouver un colosse bardé de muscles, manifestement un solide artisan. Les bras croisé, l'homme le toisait d'un regard mauvais :

« Laisse la gamine repartir, l'elfe ! »

Allons bon... décidément, les kendrans avaient un problème avec les étrangers...

« Tel était bien mon intention, je vous assure. »

La gamine, un peu effrayée, repartit en vitesse tandis que l'homme grondait :

« Il paraît qu'il y a de plus en plus des tiens qui viennent pour... « aider ». Alors vous feriez bien d'aller au nord, non ? Plutôt que de rôder en ville... »

Il était inutile de chercher la confrontation. Faëlis lui assura qu'il devait justement se mettre en route et partit récupérer ses affaires. Il ne prêta qu'une attention distraite aux commentaires du marchand sur ses enchantements. Une fois parfaitement équipé, il partit chercher Halcyon. Ces pauvres gens étaient plus à plaindre qu'à détester. Ils avaient peur et c'était compréhensible. C'était aux gens comme lui, les combattants, de s'assurer qu'ils restent en sécurité.

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Jorus Kayne
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Re: Les Rues

Message par Jorus Kayne » jeu. 14 janv. 2021 15:28

VIII.3 Derniers achats (suite)

Lorsque j’arrive à la zone d’embarcation, je fais soulever de nombreux regards sur moi. Contrairement aux autres aventuriers, mercenaires ou jeune fille particulièrement avide de richesses, selon la nature des êtres qui ont répondu à l’appel, je suis resté sur le Naora, profitant de la nouvelle ouverture d’esprit depuis les récents évènements avec les Rakhaunens et la venue du prince. Peut-être pensent-ils qu’il n’y avait plus d’humain présent sur leurs terres, mais je suis au moins, mieux considéré et traité que lors de ma première venue ici. Ce qui n’est pas très dur puisque j’étais escorté de plusieurs gardes de l’embarcation à la commanderie. La présentation de mon bon à vis à bord de la compagnie air gris pour les services rendus, arrondit les yeux de nombreux elfes gris.

Si j’ai un peu plus de liberté en quittant Nessima, je retrouve vite le mépris lorsque je fais une brève escale à Tahelta. Les gardes s’y font plus menaçants et me coupent toute possibilité d’aller en ville. Je pense qu’il faudra du temps avant que les mentalités ne changent réellement. Le côté positif de la chose, c’est que je trouve rapidement une place dans la prochaine embarcation qui m’emmène hors du continent. Lorsqu’on me demande la somme à payer, je brandis fièrement mon bon offert par le prince et me délecte de la mine déconfite du Sindel, alors que la nuit pointe le bout de son nez.

Je m’installe dans une couche pour dormir une partie du voyage qui est à peine plus long que celui que le précédent, alors que je traverse une distance qui me paraît sans fin. Kendra-Kâr me semble d’ailleurs bien terne depuis l’anyore. Il y a toujours sa population, ses marchands et bien entendu ses rupins, mais une certaine morosité semble avoir atteint la ville comme un voile sombre atténuant toutes joies. Je laisse mes oreilles capter les discussions des personnes présentes, mais toutes mentionnent la crainte de la guerre et l’absence des armées Kendranes pour défendre la cité. Je décide d’arrêter là mes investigations qui ne font que me tordre les boyaux. Ai-je raison de m’y rendre ? Je n’ai pas encore trouvé de réponse que mon départ pour Bouhen décolle.

Si l’humeur de Kendra-Kâr me paraissait sombre, ce n’est rien comparé à Bouhen lorsque je traverse ses murs. Ici, tout est questions de préparations pour l’armée, de ravitaillement, de réquisitions, d’ordres de dernières minutes dans un stress tellement palpable qu’on s’y noierait. La moindre erreur d’un soldat, faisant perdre du temps à son régiment, devient une humiliation publique. Plus aucun enfant n’est présent sur les routes, tant elles sont accaparées par l’armée. Plus de troubadours à faire danser les femmes, de bouffons à faire rire petits et grands. Les visages sont fermés et les seules émotions que je perçois sont des larmes qui atteignent tout âges, sexes et races confondues.

(Je pense en avoir vu assez !)

J’interpelle le premier soldat qui passe pour lui parler.

"Par où je dois aller pour me rendre sur le front ? Y a-t-il un convoie qui s’y dirige ?"

Le soldat me dévisage quelques secondes, se demandant probablement pourquoi un civil irait là où personne ne veut se rendre, pas même lui qui doit regretter son enrôlement à présent. Puis il remarque mes armes et l’armure d’un style qu’il ne connaît pas et pour cause, il vient des Sindeldi du Naora. Une étincelle apparaît dans ses yeux, lorsqu’il comprend que je suis un des mercenaires se joignant à l’appel. Même si mes intentions ne sont absolument pas pécuniaire, tant qu’il m’indique le chemin, je veux bien passer pour un huluberlu affublé d’une cape en peau de buffle.

"Il y a un ravitaillement qui va partir aux première lueurs du jour !" Me répond-il.

Je le remercie lorsqu’il m’indique le lieu du rassemblement et me prépare pour le dernier moment de répit avant la guerre !

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