L'Arène

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Yuimen
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L'Arène

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 16:17

L'arène de Kendra Kâr

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L'arène de Kendra Kâr est à l'image de la cité, imposante et resplendissante. De majestueuses décorations ornent les briques de murs taillés dans de la pierre blanche. Une grande quantité de sable a été déposée sur le sol, des gradins en pierre se dressent en forme de cercle sur une dizaine de rangées, certifiant d'accueillir pas loin de dix mille spectateurs.

A chaque événement, peu importe la raison, des jeux, spectacles animaliers et combats sont organisés dans son enceinte, bien que certains combats n'aient eu besoin de l'excuse d'une fête ou victoire pour se dérouler.

Ces combats se déroulent comme un grand tournoi, la fin arrive lorsque le gladiateur en lice n'a plus de concurrents, il doit alors affronter le maître de l'arène pour prendre sa place et ainsi posséder ses appartement dans l'arène ainsi qu'une compensation pécuniaire mensuelle. Les participants à ces tournois sont tous volontaires cependant, et il s'agit de prouver à tout un chacun sa bravoure et sa force, sans faire de mort toute fois puisque les combats sont arrêtés avant.

Le combat se fait en libre, et sera noté comme un combat classique, avec comme récompense une prime de x * 10 yus (x = lvl jugé de la bête) en plus des récompenses classique de combat.

Leidenstein
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Re: L'Arène

Message par Leidenstein » sam. 5 janv. 2019 00:06

Le sac nauséabond ne couvrit pas bien longtemps le visage de Leidenstein. Le docker avait beau être un homme solidement bâti par l'effort, son fardeau n'était plus un enfant et pesait son poids. Après quelques menaces, il fut reposé sur ses jambes sous la contrainte d'une surveillance rapprochée, au cas où il souhaiterait visiter la ville. L'Arène se profilait sur tout son champ de vision, et il n'y avait guère d'autre direction où aller de toute façon. A sa droite, la Momie transportait un sac rempli de matériel, dont ses deux épées. Il pouvait distinguer également quelques fioles qui tintaient, et des bandages supplémentaires similaires à ceux que le colporteur de fortune arborait. La jeune femme, elle, menait le trio et s'était déjà engagée en discussion avec un garde et un homme au visage carré. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine de façon si immobile qu'on eût dit un gisant redressé à la verticale. De nombreuses petites cicatrices ornaient ses avant-bras et son faciès était noirci pas tant par l'obscurité que par la saleté que les artisans savent porter avec un air de sagesse et de talent. Il devait s'occuper de travaux manuels, et entre lui et le docker, Leidenstein paraissait avec son laquais bien petit.
Les négociations se firent dans un humeur plutôt légère, et le sourire du garde laissa penser à un succès pour son "équipe". Ce dernier hocha la tête envers l'artisan et s'éloigna en sifflotant d'une façon bien trop évidente pour ne pas accepter régulièrement de pots de vin. La compagnie élargie d'un nouveau membre pénétra dans l'enceinte du bâtiment et bifurqua presque immédiatement vers les loges des combattants, vides en cette heure tardive. Sous l'éclairage lunaire, on déposa armes, onguents et provisions médicales de base sur un banc, alors que Leidenstein avait le luxe de pouvoir se changer en habits neufs. Pas d'armure, cependant, simplement ses chausses et une chemise propre. On attendit ensuite, longtemps. Une heure dût bien passer pendant laquelle le combattant joua aux dés avec le docker, et se révéla aussi malchanceux aux jeux que dans la vie. Ses armes furent huilées, bénies dans le sang que l'on versa soigneusement d'une fiole sur les lames. Aussi barbare leurs coutumes, elles déteignaient rapidement sur lui et la pratique allait sans doute perdurer un moment sous le coup de la superstition.

La Momie avait pour sa part sorti un vieux livre écorné et bouquinait en silence, tandis que la Harpie multipliait les allers-retours entre la cellule du groupe et le couloir, attendant visiblement une rencontre qui ne voulait pas se faire.
Leidenstein allait perdre pour la troisième fois d'affilée quand la voix féminine grinça un ordre et fit gromeller le docker. Ce dernier rangea en poche les dés et aida à transporter le matériel vers l'extérieur, la compagnie suivant le même trajet. Après un rapide temps d'adaptation à la lumière nocturne, le bretteur put apercevoir un groupe pas plus gros que le leur à quelques pas de là, avec en son centre un pauvre hère couvert de peintures rituelles, que l'on équipait d'un bouclier de bois ayant sans doute vu des jours meilleurs, et d'une épée longue plus soignée. Sans tarder, la Harpie se dirigea vers son correspondant et une poignée de main fut vite échangée entre deux railleries. Pour un combat à mort, l'ambiance était particulièrement joviale. Les combattants ne rigolaient pas, et semblaient déjà se jauger, leurs regards se croisant aussi sûrement qu'une passe d'arme alors que c'était au tour du pâle sire de se saisir de ses deux épées. On les amena une première fois face à face, et le jeune homme eut l'occasion de découvrir un peu mieux qui il affrontera. Le crâne fraîchement rasé, des peintures couleur ocre sur le corps, son adversaire portait la même hargne que lui à ce moment précis. Dans un autre monde, sans doute auraient-ils profité de l'instant pour se retourner contre leurs geôliers, mais tous deux pensaient actuellement que l'autre voulait sa peau, et chacun voulait donc la peau de l'autre.

Quelques vagues incantations à peines écoutées plus tard, on les autorisa à commencer. Il n'y eut aucun signal, aucun hurlement, et dans le plus grand calme le cercle s'élargit autour d'eux, et ils tournèrent en rond en harmonie. Comme une danse, les premiers pas furent maladroit. Les deux hommes se découvrirent, s'analysèrent, et ne firent rien de plus que quelques figures de leurs lames pour constater l'habileté de l'autre. Parfois, l'un changeait de sens et l'autre devait trébucher un peu pour alterner la cadence à son tour. On se faisait peur à taper du pied au sol, et les lames se levaient aussitôt. Les esprits s'échauffaient, mais les esprits du public. Timidement, on scandait un nom, on insultait l'autre : couard, courage ! Mords le, jette lui du sable aux yeux ?

A mesure qu'ils tournaient, il était de plus en plus clair qu'ils vivaient de leur fer. Il n'avait pas un paysan en face de lui, mais un homme qui en avait déjà affronté d'autres, et ne le chargerait pas bêtement sans être certain de placer une entaille. Mais il avait un défaut qui n'échappa pas à Leidenstein : sa posture, quasi phalange, et sa protection excessive derrière son bouclier était une façon parfaite de combattre en groupe. Et le pâle guerrier était un loup, épéiste solitaire. Il vivait pour le duel et terrasser un adversaire,sans aide. Lorsque sa lame s'abattit sur le bois du bouclier, l'autre le dégagea de biais et tenta une rapide estocade, qu'il repoussa à son tour sur le flanc. Les deux ainsi ouverts, la chevelure blanche du sanguin personnage tournoya en même temps que son corps dans une danse étrange, et il se retrouva dos au soldat, comme d'une étreinte. Cependant, son épaule vint trouver le buste de l'adversaire qu'il repoussa un peu plus loin sans le blesser.

Avec rapidité, le bouclier revint masquer l'homme aussi sûrement qu'une barricade, et l'homme derrière prit le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Il aurait pu facilement embrocher Leidenstein, et l'évidence du coup offert lui avait parut si énorme qu'elle ne pouvait qu'être une ruse. En le repoussant simplement, Leidenstein avait pu tester ses réactions, et en ressortait satisfait du résultat. Il allait livrer un duel contre quelqu'un dont la place était dans un mur de bouclier...

Leidenstein
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Re: L'Arène

Message par Leidenstein » dim. 20 janv. 2019 13:09

Peut-être était-ce de la combativité, un besoin de se défouler après sa séquestration, ou une haine plus profonde qui explosait en cette soirée. Peut-être avait-il été corrompu par les chants funestes et les onctions barbares qu'on lui prodiguait depuis son emprisonnement; toujours était-il que Leidenstein entrait en une transe guerrière, une lucidité sanguinaire dans laquelle ses lames cherchaient la chair, les os et le sang. Ce n'était pas l'état second d'une brute épaisse, mais une focalisation soudaine d'efficacité et de meurtre, dont il lui faudra plus tard mettre un nom dessus.

Comme un oiseau sautant du Nid et découvrant le vol, Leidenstein se sentait quand à lui pousser des ailes, et ses pas de danse résonnaient du fracas du métal à chaque coup, lorsqu'il ne mordait pas dans un bouclier. La rondache de fortune accusait ses coups avec la fidélité d'un bon outil manié par la bonne personne; mais là où son épée fendait, redoublait et battait les copeaux, la lame de son adversaire ne trouvait que de l'air ou son épée courte qui traquait cette menace.

Il parait avec grâce et simplicité, économisant ses gestes et enchaînant sans répit les coups portés au malheureux combattant, qui ne pouvait par moment que se cacher derrière une protection de plus en plus défaillante. Mais son opposant n'en était pas non plus à son premier combat, et à l'occasion d'un échange de coups, deux estafilades lézardèrent l'épaule de l'un et la cuisse de l'autre. Une grimace tordit le pâle visage du jeune bretteur, dont le sang commença à couler le long du bras.
La sensation fut cependant vivifiante, presque agréable une fois la douleur initiale passée. Sa chemise déchirée s'imbiba peu à peu, et la chaleur qui en résolut lui donna un second souffle.

Son épée courte quitta sa main pour tomber mollement au sol, et l'épéiste poursuivit le combat en prenant son épée longue à deux mains. Il était plus rapide, et plus précis ainsi, mais une parade manquée le laissait maintenant ouvert à d'autres coups : risque pris sans hésitation.

S'avançant prudemment, Leidenstein réduisit la distance alors que son adversaire, boitant faiblement, ne parvint pas à battre suffisamment en retraite. Ce dernier lança donc une estocade que le Sanguinaire battit de côté, manquant de peu de désarmer sa proie. La tentative de décapitation qui s'ensuivit fut empêchée par la pièce de bois qui fut autrefois un bouclier protecteur, et dont la structure tomba par la suite en lambeau. Résigné, le gladiateur lâcha son égide et se prépara à vendre chèrement sa peau.

Un coup de taille surprit le jeune bretteur qui se contenta de parer sans menace, perdant l'initiative alors que la main de son adversaire se refermait sur sa lame. On pouvait, et devait saisir une lame dangereuse à mains nues : on ne se coupait que rarement, on maîtrisait l'adversaire et, si bien placé, terminait un combat autrement difficile.

Mais Leidenstein reprit la main en se jetant une fois de plus contre son opposant, plaçant sa jambe derrière le genou de l'adversaire avant de le bousculer d'un coup d'épaule sanguinolente qui lui arracha un hurlement de douleur. L'autre trébucha légèrement et manqua de perdre l'équilibre quand à sa plus grande horreur Leidenstein pivota pour trancher à la diagonale, menaçant de le fendre en deux. La vue du pâle sire, couvert de son propre sang, son regard de mort, carnivore : il paniqua. Poussé par un réflexe de survie primitif, le guerrier recula juste assez pour ne pas se faire éventrer, mais tandis sa main pour parer, comme s'il recevait un coup de poing. La lame trancha net les os et la chair, et quelques doigts tombèrent au sol.

Hurlant de douleur à son tour, l'amputé involontaire commença à légèrement se recroqueviller, observant sa main sans pouvoir en faire grand chose. Il n'allait pas la tenir pour empêcher le saignement, encore armé. Comme un animal dos au mur, il secoua son arme en avant plus qu'il ne tenta de se défendre, et lorsque l'épée longue revint à l'assaut, celle du futur vaincu tournoya un instant en l'air pour se planter dans le sable de l'arène. Son poignet s'était brisé à vouloir la retenir, et sa jambe lui faisait souffrir le marteau.

Clopin-clopant, il tenta de fuir mais trébucha. Tenta de se relever mais glissa dans le sable. La mort se rapprochait de lui à pas léger, ne s'arrêtant que pour saisir une épée abandonnée plus tôt dans leur duel. Pas de compassion dans le regard de tueur qui se posait sur lui, aucun mot pour l'inviter à réciter une prière, seule la fin efficace d'un duel désormais gagné pour l'un d'eux.

Leidenstein leva sa lame en l'air quand un hurlement déchira le silence qui s'était imposé à la chute de son adversaire. Les assistants de son combattant, enragés, crachaient désormais un flot d'injures envers lui tout comme le vaincu. Dans cette symphonie de haine, le pâle vainqueur envoya son pied dans le torse de l'homme désormais à terre, qui tendit une main amputée dans sa direction à la recherche d'un compromis. Sa gorge, nouée, ne pouvait formuler que quelques hoquets inquiets. La sensation gelée d'une pointe en métal posée sur son coeur le fit frémir, trembler de terreur un instant.

Leidenstein abattit si fort son poids sur le pommeau que la lame sanguinolente traversa sa victime jusqu'à mordre le sable sous elle.
Félicitant son champion, la lune se glissa doucement derrière la structure massive de l'arène jusqu'à disparaître.

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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » mer. 2 oct. 2019 14:03

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Je me réveille tôt, l’orphelinat est encore plongé dans le calme reposant du sommeil des enfants. La nuit est passée vite, troublée par des rêves agités où mes souvenirs de l’arène en tant que spectateur se sont liés aux peu de combats que j’ai menés. L’inquiétude et le doute me saisissent l’estomac, si ce gros idiot avait raison ? Si je n’étais qu’un chanceux et que j’allais droit à la catastrophe ? Jamais je n’avais mené de bataille seul, j’avais toujours pu me reposer sur les autres. Dans l’arène il n’y aura que moi. Je plonge mes mains tremblantes dans une bassine d’eau et asperge mon visage avant de me nettoyer. Je ne peux pas revenir en arrière et je ne le veux pas. Je me sèche et enfile ma tenue d’Esseroth, attrape le bâton offert par Sheeala. Je le regarde et j’arrive à en tirer une énergie nouvelle, je veux impressionner la reine, prouver ma valeur, lui montrer que je ne suis pas un lâche. Je pousse une forte expiration pour laisser filer mon malaise et enfile mes bottes pour descendre en cuisine. Sheeala est déjà debout elle aussi et me jette un regard encourageant.

" Je voudrais vous accompagner. Je serais présente dans les gradins. "

Je lui offre un sourire sincère et m’installe en face d’elle pour manger un morceau de pain et du miel avant de partir vers l’arène.

Du monde fait encore la queue pour s’inscrire alors que le soleil se lève à peine. C’est d’ailleurs presque la clôture de celles-ci et je fais partie des derniers souligne un Varrockien qui gère le registre. Il me confie un morceau de bois gravé du numéro 69 après m’avoir demandé mon nom et fait signer un papier signifiant que la participation au tournoi pouvait entraîner blessure graves ou incapacitantes pouvant entraîner la mort. Il m’invite ensuite à entrer dans le sous sol du bâtiment. Sheeala me saisit le bras en rougissant avant que je poursuive mon chemin.

 "Courage Xël. J’ai confiance en vous, vous pouvez le faire. "

Elle s’approche de moi, hésitante, je me rapproche également, pris du désir fou de tenter ma chance, de coller mes lèvres aux siennes, d’envoyer le raisonnement qui me hurle que ce n’est pas une bonne idée raisonner quelqu’un d’autre. Nos regards se croisent et...

" Bon ! C’est obligé de nous faire subir ça ?! "

Une humaine à la chevelure noire attaché en chignon vocifère en nous jetant des regards courroucés.

" Vous partez pas à la guerre ça ira bien ! Merci ! "

" Mademoiselle Vinarah. Votre numéro. Le 71."

Annonce le Varrockien installé au bureau, l’air las. La dénommée Vinarah récupère le morceau de bois gravé et s’avance en faisant virevolter sa robe rouge, elle me jette un regard incendiaire avant de me dépasser pour pénétrer dans le bâtiment. Sheealah rougit et me souhaite bonne chance avant de me lâcher le bras pour se rapprocher de la porte principale. Je l’observe partir en gonflant en moi un sentiment de frustration.

Un garde m’interpelle et m’invite à passer la porte. Je passe sous l’arche de pierre pour emprunter une pente douce qui s’enfonce dans les souterrains de l’édifice. Une seconde ville semble exister ici et ses occupants s’activent comme en pleine journée. Les participants sont guidés à travers le dédale de couloirs jusqu’à atteindre une vaste salle rectangulaire assez grande pour accueillir la centaine de personnes qui y patientent debout. Je jette des regards autour de moi pour jauger rapidement les différents participants. Beaucoup d’humains de différentes ethnies, pas mal d’elfes gris, quelques nains, quelques Humoran. Certains sont tellement équipés qu’il est impossible de deviner à quoi ils ressemblent en dessous. C’est le cas d’un soldat immense équipé d’un grand bouclier et d’une lance qui doit peser mon poids. Du coin de l’œil je repère Garvus, adossé à un mur, les bras croisés. En me remarquant il affiche d’abord une mine surprise avant de sourire d’un air mauvais. Je remarque également un nain, assis dans un coin de la pièce, qui inspecte une arbalète qui doit presque faire sa taille.

Le silence se fait soudainement quand une personne rentre dans la pièce par la porte du fond avant de monter sur l’estrade au fond de la salle. Un Varrockien, celui là même que j’avais aperçu la veille devant l’arène. Il est richement habillé et ses doigts boudinés sont parés de bijoux rutilants. Huit gardes l’accompagnent et s’éparpillent devant l’estrade. Le Varrockien attire l’attention de tous en tapant dans ses mains et en nous offrant un sourire satisfait.

" Bien le bonjour. Je me présente : Ravuis Ropenshime. Organisateur de ce tournoi. Je tiens à vous remercier pour votre présence et tiens à vous énoncer les quelques règles qui régissent l’événement. Avant tout je tiens à vous rassurer, bien que vous ayez signer des décharges vous informant que des blessures mortelles peuvent êtres infligés, une équipe qualifiée constituée de combattants et de guérisseurs sera présente pour empêcher qu’une mise à mort n’arrive ou qu’une blessure ne soit fatale. Évidemment cela ne vous met pas à l’abri d’un accident. "

Il se permet un léger rire qui ne trouve écho que chez un Whielhois au premier rang qui se tape le genou en riant comme une baleine. Ravuis se racle la gorge, peu décontenancé par son échec humoristique. Il poursuit:

" Les règles sont simples. Un combat se poursuit jusqu’à l’abandon, la mise K.O ou si un des participants n’est plus en mesure de se battre. Tout coup porté après l’annonce de la fin de combat entraînera une disqualification. De la même façon, aucune confrontation n’est autorisé en dehors de ceux organisés. Gardez votre hargne pour les spectateurs. Tout manquement à cette règle entraînera une disqualification. Le tournoi débutera dans quelques heures et se terminera dans sept jours. Durant cette période, il vous est formellement interdit de quitter l’enceinte de l’arène tant que vous êtes en compétition. "

Quelques chuchotements s’élèvent mais ils sont vite étouffés par les précisions que donne l’organisateur. Des dispositions ont déjà étés prises pour que nous puissions manger, nous laver et nous reposer. Il fait ensuite quelques remarques sur les combats, tout l’équipement que nous portons est utilisable, aucune magie n’est interdite. Une fois les quelques règles énoncés il précise:

" Vous êtes 80 combattants à vous être inscrits, vous allez être séparés par groupe de dix. Demain soir il n’en restera plus que huit parmi vous, un seul vainqueur par groupe alors ne vous ménagez pas, donner tout pour le public. "

Il ricane en se frottant les mains, satisfait, avant de rappeler qu’une récompense attends les finalistes et que le grand gagnant affrontera le Maître de l’Arène pour pouvoir en gagner le titre et les avantages qui vont avec.

" Sur ce mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je vous souhaite bonne chance ! "

Sur ces derniers mots, le garde le plus à ma gauche s’avance d’un pas et déclare d’une voix forte.

" Numéro 1 à 10. Avec moi ! "

Puis il quitte la pièce en emportant avec lui les dix premiers participants. Le second garde s’avance et répète la même phrase avec les numéro onze à vingt. Puis le troisième et ainsi de suite. Je regarde la brute qui m’a défié de venir ici partir avec le quatrième groupe. Je vais devoir vaincre les neufs autres combattants de mon groupe si je veux l’affronter et il s’en amuse.

" Numéro 61 à 70. Avec moi ! "

Je serre dans mon poing le morceau de bois gravé et m’avance en compagnie de mon groupe. Le tournoi va commencer et je sens les picotements d’excitations remonter le long de mon dos.


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Modifié en dernier par Xël le mer. 2 oct. 2019 15:53, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » mer. 2 oct. 2019 15:53

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Nous sommes menés vers une sorte de salon, plus propice à l’attente. Des fauteuils sont mis à notre disposition ainsi que des collations: fruits, brioches, pains, de quoi prendre un petit déjeuner nourrissant. La pièce comporte trois autres accès, le garde nous explique que l’un d’eux mène à une pièce permettant d’assister aux combats, les deux autres sont nos chambres, une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Les bains sont également non mixte mais sont communs avec les autres groupes. Il précise également que la collation est un cadeau de bienvenue mais que les prochains repas seront servis à heures fixes dans le réfectoire commun à tous les groupes. Il nous souhaite bonne chance et s’éclipse après avoir annoncé que les premières rencontres débuteront dans trois heures.

Je me dirige vers la table des collations pour attraper une brioche tandis que les autres vaquent à leurs occupations. Un Ynorien en armure qui me fait penser aux mercenaires morts en combattant le troll, portant un sabre, s’approche de moi.

" Je vous reconnais. C’est vous qui avez vaincu le troll au nord de l’Ynorie. "

Je hausse les sourcils de surprise. Comment peut il savoir ça ? Les regards se tournent vers moi avec intérêt, méfiance ou admiration. La bouche pleine, je me contente de hocher la tête.

" C’est un honneur de vous affronter. "

Il s’incline tandis qu’un rire fort et gras résonne dans la salle. Le Whielois qui était au premier rang, portant une armure lourde et une belle collection d’armes, s’était affalé dans un fauteuil et s’exclame en riant.

" Ce gringalet ?! Vaincre un Troll ?! Jamais de la vie ! "

Il rit de plus belle alors qu’un elfe gris en tenue de cuir, armé d’une lance ne peut plus cacher son agacement subi par ce rire si bruyant. L’Ynorien se présente sous le nom de Kimu, j’avale ce qui me remplit les joues et me présente à mon tour, provoquant chez l’Ynorien un autre regard admiratif. Une jeune femme en tenue de cuir va s’asseoir délicatement sur un autre fauteuil et se met à jouer avec une dague sans me quitter du regard. Mal à l’aise, je préfère prendre une autre brioche pour occuper mes mains tremblantes. Deux humains aux cheveux courts et foncés s’approchent de la table pour se servir à manger et à boire sans dire un mot avant d’aller s’installer à table. L’un est en armure de mailles et porte une longue épée, l’autre porte une tenue semblable à la mienne mais aucune arme de visible sur lui. Un autre humain encapuchonné va s’asseoir dans le fauteuil le plus à l’écart pour fumer tranquillement une pipe, il pose à côté de lui son épée longue, son arc et son carquois. Le dernier humain du groupe porte une tenue usé, semblant faite de morceaux d’armures qu’il à pu récupérer, aucune arme sur lui, ses cheveux sont longs et gras et sa barbe hirsute. A en juger par l’odeur qu’il dégage, les bains qu’il pourra prendre ici seront les premiers depuis longtemps. D’ailleurs il quitte la pièce sans rien dire, peut être dans le but de trouver la salle d’eau. Le dernier membre du groupe est une elfe grise, équipée d’une tenue en maille et de deux lames de longueur différente, une à sa ceinture et l’autre dans son dos. Elle s’installe également à table pour lire un bouquin.

Les heures passent ainsi, tranquillement, rythmés par les bruits de bouches agacés du lancier Sindel aux blagues grivoises du Whielois bruyant. La jeune femme à la dague partage quelques rumeurs à propos du Maître de l’Arène. Ancien soldat forcé de se battre pour se défaire d’une malédiction. L’Ynorien rétorque qu’il a entendu une autre histoire, qu’il se bat pour l’argent qui lui permet de soigner sa fille malade. Le Whielois rit avant de déclarer que le porteur du titre se bat pour l’or et les femmes et précise qu’il veut faire de même. Les plus bavards avouent alors la raison de leurs présences. L’honneur pour l’Ynorien, l’or pour la Kendranne en cuir, la gloire pour l’humain épéiste assis à la table et le goût du défi pour sa voisine Sindel qui ne lève pas le nez de son livre. La jeune femme au couteau dirige son regard vers moi.

" Et toi Xël ? Tu as déjà l’or, une certaine gloire... Que viens tu chercher ici ? "

Je réfléchis un instant avant de répondre déterminé.

" J’ai quelque chose à prouver. "

Le Whielois ricane avant de déclarer qu’il est navré de devoir me blesser, ce à quoi l’homme encapuchonné au fond de la pièce renchérit en disant qu’il devrait déjà être content de ne pas s’être blessé tout seul avec tout son équipement. Une boutade qui déclenche l’hilarité chez le spadassin Whielois.

Nous pouvons entendre les gradins se remplir au fur et à mesure que le temps passe, les clameurs de la foule viennent à nos oreilles avant même que les combats ne commencent. Nous décidons d’assister au début des festivités et sommes même rejoint par le barbu qui était bien parti se faire une toilette. Nous sommes silencieux et attentifs mais nous ne pouvons pas cacher une certaine excitation. L’arène est rempli et nous sommes quasiment au premier rang, à la hauteur des combats, séparés par des barreaux du sol sablé. Les portes aux deux extrémités de l’arène s’ouvrent pour laisser entrer une trentaine de soldats équipés des pieds à la tête, ils se déplacent en courant pour encercler complètement l’espace de combat.

" L’équipe de sécurité. "

Déclare simplement le brun en tunique. Des surveillants anonymes, casqués ou masqués. Armés ou non, ils se positionnent sous les applaudissements de la foule impatiente qui fait trembler le plafond au dessus de nous en tapant des pieds. Le Whielois s’exclame qu’il en bande presque après un autre rire gras, provoquant un soupire exaspéré du Sindel à la lance. Les portes se referment dans un claquement lourd. Je trépigne autant d’impatience que le public, je m’accroche aux barreaux pour approcher mon visage de la scène où va se dérouler le premier combat.

Le silence se fait un instant, le temps que l’organisateur remercie la cité de Kendra Kâr et ses citoyens, souhaite une agréable tournoi au public et bonne chance aux participants avant de lancer officiellement le début du tournoi. A ses derniers mots, du mouvement commence sur le sable, j’entends un bruit de machinerie s’activer et le sable semble glisser à certains endroits. La foule tape du pied et des mains de façon régulière.

Boum ! Boum !

Des silhouettes commencent à apparaître, s’élevant en plein milieu de l’arène de manières dispersés. Clameurs de la foule tandis que le rythme s’accélère.

Boum ! Boum ! Boum ! Boum !

Les combattants sont finalement en place, dressés fièrement au centre de l’arène.

" Les 10 en même temps ? " S’étonne l’Ynorien.

" Interessant. " souffle la jeune femme Kendranne en souriant.

La foule tape maintenant sans discontinuer sur les gradins, faisant trembler le sable et tomber de la poussière du plafond. La trompette résonne dans l’arène et la foule acclame d’un cri le début du spectacle.


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Modifié en dernier par Xël le mar. 15 oct. 2019 20:51, modifié 2 fois.

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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » jeu. 3 oct. 2019 17:33

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Il n’y a qu’une poignée de secondes entre le rugissement de la trompette et le moment où un premier combattant s’effondre, heurté par une boule de glace qui le percute à une vitesse folle, ponctué par le cri du public qui donne l’impression d’avoir subi le coup à sa place. Le corps inconscient s’élève dans les airs et lévite jusqu’aux abords de l’arène où il est rapidement prit en charge par un guérisseur sans devoir gêner l’affrontement. Des duels s’installent et quelques heures ont visiblement suffit à certains pour forger des alliances. C’est le cas de deux épéistes qui se jettent de concert sur une bretteuse, une jeune femme fine aux cheveux blonds qui porte une épée longue et fine, un bouclier léger et une pièce d’armure lourde lui protégeant son bras armé. Malgré l’assaut combiné contre elle, elle garde une posture assurée et une expression concentrée. Sa tunique blanche se colore du sang de son premier adversaire touché en quelques passes, il ne lui en faut que deux autres pour désarmer son deuxième adversaire avant de lui exploser le nez d’un coup de bouclier.

Les actions s’enchaînent si rapidement qu’il est difficile de les suivre toutes. Le temps où mon attention est porté sur la bretteuse suffit à un chevalier en armure sombre pour vaincre le mage de glace qui avait fait le premier sang, à l’aide d’une magie obscure. Celui-ci se roule au sol en hurlant de douleur plusieurs secondes avant qu’une boule de lumière ne l’encercle pour le protéger et qu’il se mette à léviter vers un guérisseur. Le chevalier sombre tourne la tête vers les soldats s’assurant de la survie du mage avant de retourner dans la mêlée. Il trouve rapidement un adversaire qui semble vouloir s’en prendre à lui personnellement, vêtu d’une tunique de maille, il profite de son agilité pour combattre le chevalier en armure lourde qui donne de grands coups d’épée dans le vent.

La bretteuse semble également s’être trouvée un autre adversaire, un homme équipé d’une épée courte et d’un bouclier plus large, d'une tenue de maille et d'un casque doré. Le troisième duel qui a prit place dans l’arène oppose une femme en armure lourde, la joue barrée d’une cicatrice, les cheveux blonds noués en une tresse. Elle possède une épée dans chaque main et donne du mal à un homme au teint bronzé, sans doute originaire d’un désert d’Imiftil, équipé d’une lance et d’une armure rouge. Un nuage noir du coté du chevalier en armure sombre attire mon attention, le sort encercle les deux combattants qui disparaissent dans la brume impénétrable, je m’attends à entendre le même hurlement de douleur que le mage de glace mais il n’en est rien. Plusieurs jets lumineux se faufilent à travers le nuage avant qu’un flash éblouissant surgisse et qu’un trait de lumière file à travers l’arène, projetant le chevalier sombre contre le mur de l’enceinte sous les acclamations frénétiques de la foule. Le responsable de ce sort, essoufflé et visiblement blessé, profite que les autres combattants soient occupés pour se remettre d’aplomb en posant une main sur son torse qui s’irradie d’une douce lumière blanche.

Je déglutis en observant les guérisseurs s’occuper du combattant qui a percuté la limite de l’espace de combat. Sans son armure il serait sans doute mort. A sa place je serais répandu sur le mur comme une tarte aux myrtilles. J’inspecte d’un coup d’œil les autres participants de mon groupe, tous arborent une mine studieuse et concentré à l’exception du spadassin Whielois qui ne cesse de montrer sa satisfaction à voir les coups portés. Ils ne sont pas là pour plaisanter, le combat à venir va être difficile et mes mains se remettent à trembler en y songeant. L’homme de Whiel me ramène au combat quand il s’exclame.

" HAHA ! En plein dans sa mouille ! "

En effet, le lancier du désert venait de subir un coup de pommeau dans la face et la maître d’armes en face de lui n’a pas attendu pour lui asséner un deuxième coup qui le met définitivement à terre. Elle expire un long souffle avant de charger le combattant libre en criant de rage. Du côté de la bretteuse, les enchaînements de frappes sont impressionnants à regarder. Chaque coups paraissent être donnés au millimètre et parés ou esquivés avec la même précision. Mais une erreur est finalement commise, le guerrier laisse une ouverture à son adversaire qui parvient à y glisser sa lame, si elle ne parvient pas à perforer la maille, l’estoc est suffisamment fort pour couper le souffle du combattant qui se plie en avant et permet à son adversaire de l’assommer d’un puissant coup de bouclier sur le crâne. La foule acclame, tape des mains et des pieds alors que la seconde femme encore debout assomme d’un coup de poing ganté de plaque son adversaire dont les sorts de lumières n’auront pas suffit à venir à bout de la guerrière ambidextre.

Le public bat des mains en rythme tandis que les deux dernières duellistes se jaugent, reprennent une respiration plus régulière, se mettent face à face. Le silence retombe doucement sur l’édifice de Kendra Kâr, un instant hors du temps que personne n’ose briser, juste une poignée de secondes avant que la maître d’armes ne prenne l’initiative. La foule se remet à hurler et à faire trembler l’arène. Un premier coup vertical, paré par le bouclier léger de la bretteuse qui tente de profiter de l’ouverture mais la lame est parée par la seconde épée de son adversaire La duelliste, agile, rapide, pivote et assène un coup de bouclier qui vient percuter les deux lames croisées de la seconde combattante qui riposte d’un coup de pied. La fine lame recule sous le poids de la botte de plaque laissant à son opposante reprendre le contrôle de l’assaut. Elle frappe à un rythme effréné, cherchant à noyer la bretteuse sous un déluge de coups. Celle-ci recule, esquive, pare, bloque sans chercher à riposter. La pluie de coups cesse finalement, remarquant probablement que ce n’est pas très efficace. La guerrière en armure lourde est à présent essoufflée, peinant à maintenir ses épées levées et à reprendre le contrôle de sa respiration. La bretteuse n’attend pas, elle fait mine de charger et exécute une roulade avant pour éviter un coup d’épée qui voulait la cueillir, elle saisit un couteau à sa ceinture et le jette avec une précision ahurissante vers l’épaule droite de son adversaire. La lame se plante dans la jonction entre les épaulières et le plastron. La combattante en lâche son arme qui tombe dans le sable, elle se retourne pour attaquer à l’aide de la lame qui lui reste, son autre bras semblant dans l’incapacité de se mouvoir. Son adversaire fait une nouvelle roulade et réussit une autre attaque à distance en épinglant une autre lame à l’arrière du genou droit de la maître d’armes. Celle-ci ne s’avoue toujours pas vaincue et c’est en boitant qu’elle s’avance pour se battre. Mais avec une jambe et un bras blessé elle ne semble plus représenter une menace pour la bretteuse et la foule semble aussi le comprendre, s’impatientant pour que le combat prenne fin. La fine lame darde la pointe de son épée vers la maître d’armes, lui donnant l’occasion de se rendre mais la combattante n’en démord pas. Elle puise dans ses dernières ressources pour dévier la lame, un mouvement qu’accompagne son adversaire pour l’entraîner dans son geste. Elle pivote ensuite et frappe à l’aide de son bouclier le crâne de la combattante qui s’écroule sur le sol, hors combat. La bretteuse se redresse, bombe la poitrine et descend sa lame comme si elle saluait la foule qui l’acclame.

" Capitaine Sanavia ! Vainqueur ! "

Rugit l’organisateur Varrockien reprit par le public qui scande le nom de la bretteuse en frappant des mains.


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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » ven. 4 oct. 2019 17:52

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Une courte pause permet au groupe suivant de se préparer. Le public est distrait par un spectacle remettant en scène le combat qui vient d’avoir lieu de manière plus légère. Le duel entre les utilisateurs de magie d’ombre et de lumière, par exemple, est représenté par un comédien qui brandit un drap noir pour singer le sort qui a entouré les combattants dans une fumée sombre, l’autre comédien jouant le paladin allume une lanterne qu’il dresse vers son adversaire qui se met à courir pour fuir le combat sous l’hilarité générale de la foule. Deux comédiennes rejouent le duel qui a opposé les dernières combattante du premier groupe. Celle jouant la maître d’armes perd soudain un faux bras sous un coup porté par sa collègue, puis le second de la même façon. Elle attaque alors en tapant sa tête contre le ventre de l’autre comédienne qui lève les bras, dépitée.

Dans la pièce nous servant de gradins, nous sommes tous impatients de voir la suite, attendant sagement entre les rires gras du Whielois et les soupires agacés du Sindel. Les comédiens quittent finalement la scène en emportant leurs divers accessoires, remplacés par l’équipe de sécurité qui se remet rapidement en place sous les applaudissements. Quelques minutes s’écoulent avant que le silence plane à nouveau sur l'édifice de pierre blanche. L’organisateur reprend la parole et commence par assurer qu’aucun mort n’est a déploré pour le moment et qu’il est maintenant temps d’assister à la seconde rencontre. La foule rugit, les gradins tremblent et le bruit d’engrenages se fait à nouveau entendre. Une tête apparaît à la surface de la zone de combat bien avant les autres. Un Woran tigré qui doit bien dépasser les deux mètres de haut. Sans armes et habillé seulement d’un pagne, je peux voir les muscles saillants de son corps se contracter sous sa respiration lente alors que sa longue queue s’agite doucement dans les airs.

" Que diriez vous de pimenter un peu les prochaines rencontres ? On pourrait parier ! "

Suggère le spadassin Whielois.

" Dix Yus que ce Woran gagne la rencontre. "

Les regards se tournent vers le parieur avant d’observer le tigre bipède. Quelques secondes s’écoulent le temps que tous les combattants soient en place, ce qui laisse aux joueurs le temps d'accepter ou non le pari après une inspection des différents participants. Aucun n’est aussi grand c’est certain mais tous sont mieux équipés. L'un d'eux attire mon attention alors que plusieurs membres de mon groupe tiennent le pari, déclenchant un ricanement gras de la part du spadassin. Vêtu d’une tenue légère d’une couleur clair oscillant entre le gris et le bleu, sans armes, le crâne rasé, fin mais musclé. Je reconnais sa tenue et l’exercice qu’il exécute pour contrôler une respiration calme afin de se concentrer.

" Un moine de Khan."

Soufflais-je plus fort que je ne l’aurais voulu. Les regards se tournent alors vers moi et la jeune Kendranne me demande ce que je raconte.

" Dix Yus sur le type en robe bleu qui n’a pas d’armes. "

" HAHAHA ! TENUE ! "

S’exclame le Whielois avant que la trompette ne sonne le début de la rencontre. Le Woran rugit, pousse un cri qui paralyse d’effroi les combattants les plus proches alors que la bête charge droit vers eux, le premier lève son bouclier en hurlant mais le poing monstrueux envoie valser le pauvre homme dont le bras se plie dans le mauvais sens. Le Woran poursuit sa charge, courant à quatre pattes vers son prochain adversaire, un Ynorien portant deux sabres. Mieux préparé, il roule de côté pour éviter le félin et tire ses sabre de leurs fourreaux. Il fait face à la créature qui le surplombe et le fixe d’un regard de bête enragé tandis qu’un filet de bave s’écoule d’entre ses crocs.

Le public exalte alors que le moine met hors combat le premier combattant, si on exclus le guerrier qui a croisé le Woran et qui s’est relevé en tenant son bras pour fuir se réfugier chez les guérisseurs sous les moqueries de la foule. Trois autres duellistes se mettent à léviter l’instant d’après pour rejoindre les bords de l’arène, vaincu par des duellistes plus expérimentés. Quelques minutes à peine et il ne reste déjà plus que cinq participants debout. Le Woran face à l’Ynorien qui fait preuve d’une agilité surprenante, esquivant les pattes griffues du tigre qui sifflent dans le vent tout en parvenant à riposter, faisant saigner la bête qui ne semble en être que plus enragée. Deux humains, l’un portant une épée longue et une armure lourde de plaque grise, l’autre équipé d’une hache courte et d’un bouclier, torse nu, s’élancent vers le moine de Khan. Je reconnais la magie qu’il utilise, la posture qu’il prend. Aidé par le vent, il esquive les coups que ses deux adversaires tentent de lui porter. Il garde une expression concentrée, un souffle régulier alors que je distingue déjà que le chevalier en armure peine à garder le rythme. La première riposte vient quand celui-ci met un temps plus long à soulever son arme. Le moine réagit en pivotant après avoir esquivé un énième coup de hache. Il se place entre les deux duellistes qui ne peuvent que lui jeter un regard surpris. Il saisit le bouclier d’une main et j’aperçois un fluide magique s’agiter autour de la seconde juste avant que le poing du moine ne percute le flanc du combattant à la hache. Il est projeté au loin, sous les exclamations surprises des gradins, séparé de son bouclier et de sa hache qu’il lâche sous la force de l’impact. Ce genre de coup pouvait mettre un Troll à genoux, je doute que le duelliste s’en relève. Le chevalier tente d’en profiter en portant un coup horizontal, désirant sans doute couper son adversaire en deux mais c’est sans compter l’agilité et la souplesse de son opposant qui parvient à se courber suffisamment en arrière pour éviter la lame qui tente de le faucher. Il se laisse tomber vers le sol, sur un coude et élance son pied vers les jambes du chevalier. Le même fluide magique s’agite avant que le coup ne soit porté et c’est le combattant en armure qui se retrouve finalement balayé. Il décolle du sol malgré le poids que doit lui procurer son armure et retombe lourdement sur le sable. Le moine, aidé par la force du vent qui tourbillonne autour de lui se redresse sur une main, semble s’envoler comme si il n’était qu’une plume. Il se redresse dans les airs, le visage serein, lève son poing qui se recouvre d'une brume opaque avant de retomber sur le duelliste à terre qui disparaît dans un nuage de poussière produit par l’impact du coup.

" WOH ! "

S’exclament les spectateurs et le spadassin qui commence à s’inquiéter pour ses Yus. La foule réagit à nouveau en poussant un cri d’effroi. Je dirige mon attention vers le Woran qui venait de saisir l’Ynorien à la ceinture, celui-ci plante un sabre dans le poignet de la bête pour s’en défaire mais cela ne semble qu’accentuer la force de la bête. La poigne se resserre, coupe le souffle du combattant qui lâche ses armes pour tenter vainement d’ouvrir la main du Woran qui soulève soudainement le guerrier pour ensuite l’écraser au sol à plusieurs reprises. Il lâche finalement sa proie qu’il laisse retomber sur le sol pour se tourner vers le dernier combattant debout. Le moine qui sort du nuage de poussière alors que le corps du chevalier lévite vers le bord de l’arène. Le spadassin non loin de moi saisit les barreaux et sautille sur place.

" Allez mon minou ! "

Encourage-il sous les ricanements amusés de ceux qui ont pariés contre lui. La bête se redresse de toute sa hauteur, bombe le torse, exposant les blessures infligés par l’Ynorien. Son pelage est passé de l’orange tigré au rouge tant ses plaies sont nombreuses. Sa respiration est lourde, saccadée, mais pour autant le Woran ne cille pas, il reste droit, solide, enragé. Le moine lui n’est pas essoufflé, maître de sa respiration et de l’énergie dépensée, il parait aussi frais que lors du début du combat. Les gradins se remettent à trembler, encourageant les combattants en hurlant.

Le Woran rugit et s’élance à toute vitesse, soulevant sable et poussière sur son sillage. Il bondit sur le moine qui esquive la charge et porte un coup de pied violent à la jambe du Woran qui n’a pas l’air de le sentir, il lève sa patte pour frapper le moine qui esquive à nouveau et riposte encore d’un coup de poing en plein flanc, toujours animé de cette magie du vent. Le Woran pousse cette fois un cri de douleur et se cambre avant de porter un autre coup qui frappe dans le vide. Un autre puissant coup de poing percute le ventre du tigre qui recule d’un pas avant de se relancer à l’assaut.

" C’est pas possible ! Combien de coups peut-il encaisser ?! " s’inquiète Kumi juste à coté de moi.

" Cesse de gigoter comme un ver ! "

Hurle le Whiellois à l’adresse du moine qui venait encore une fois de s’épargner d’un coup de griffe qui lui aurait arraché la tête pour frapper le Woran à l’estomac. Rugissement de douleur et de rage de la part de ce monstre qui encaisse coup sur coup sans faillir. Une nouvelle esquive du moine mais cette fois il ne peut pas frapper, le Woran pivote et se sert de sa queue pour déstabiliser son adversaire qui perd l’équilibre. Le Woran pivote encore, pousse un rugissement de satisfaction et arme son bras. La foule retient sa respiration, j’agrippe fermement les barreaux de notre lucarne. Le spadassin à mes côtés cri de satisfaction. Mais le coup du tigre ne porte pas, le moine utilise un sort que je connais bien puisque il s’agit du même que j’ai utilisé contre la créature noire à Ouesseort. Un cyclone se forme autour du lanceur de sort et repousse la bête enragé, l’empêchant de porter son coup et provoquant chez l’humain Whielois une frustration qui lui fait frapper les barreaux de sa cage. Le Woran se redresse rapidement et fonce à nouveau vers le moine qui prépare un sort étrange, je l’aperçois agiter une main au dessus de l’autre, paume ouverte, pointé vers le ciel. Une concentration de magie s’y produit, formant une boule de fluide lisse qui ressemble à du verre. Le Woran frappe mais cette fois le moine n’esquive pas, il élance sa sphère toujours présente dans son poing vers celui de son adversaire. Il se produit un bruit terrible, celui d’un vase qui se brise, perceptible dans toute l’arène suivie du bruit de la plus violente des tempête. Un tourbillon de sable et de poussière s’élève dans les cieux et vers les bords de l’édifice, forçant les spectateurs et l’équipe de sécurité à se protéger le visage pour ne pas subir l’assaut des milliers de grains de sable. Une silhouette est projetée à travers l’arène et sa corpulence laisse penser qu’il s’agit du Woran qui retombe sur le sol avec fracas et exécute encore plusieurs roulades avant de s’immobiliser. Les cris d’inquiétude du public disparaissent et il ne se produit pas un son durant les longues secondes où la poussière retombe sur l’arène.

Le moine est toujours debout, le bras qui portait la sphère pendouille mollement le long de son corps tandis que son autre bras tient l’épaule de son membre démit. Son visage arbore une grimace de douleur et son souffle est court. Ses jambes sont tremblantes mais il reste fièrement debout.

" Merde ! "

S’exclame le spadassin en frappant les barreaux sous les rires satisfaits des gagnants du pari.

" Saru ! Vain... "

Commence l’organisateur avant de s’interrompre, perturbé par un murmure qui parcourt les gradins. Murmure qui se mue en chuchotement jusqu'à ce qu'un homme du public s’écrie soudain à s’en rompre les poumons.

" IL SE RELÈVE ! "

La stupeur gagne le public alors qu’en effet se redresse le Woran, couvert de poussière, le bras droit plié en quatre endroits différents. Il peine à se remettre debout, grognant d’effort avant de fixer le moine qui recule de quelques pas, mue par la surprise. L’équipe de sécurité jette un regard vers l’organisateur qui fait signe que le combat peut se poursuivre avec un sourire satisfait. Le Woran inspire et expire lourdement avant de pousser un rugissement vers le ciel, suivie de la foule qui l’imite avec enthousiasme en tapant du pied sur la pierre des gradins. La bête s’élance, chargeant d’un pas déséquilibré, il tente un premier coup que le moine parvient à esquiver, encore, mais épuisé par le contrecoup de son sort et la douleur il ne parvient pas à éviter le second qui le projette à son tour au loin dans la poussière, déchirant sa robe et projetant des flots de liquide carmin sur le sable. Nouvelle imitation de rugissement des spectateurs qui accompagnent celui du combattant qui se tient encore debout.

" Nir ! Vainqueur ! "

Annonce l’organisateur alors que les guérisseurs se précipitent vers le moine et son adversaire victorieux.


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Modifié en dernier par Xël le mar. 15 oct. 2019 21:12, modifié 2 fois.

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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » dim. 6 oct. 2019 23:30

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" Allez ! Par ici la monnaie ! "

Le Spadassin est ravi, je lui tends les pièces d’une main tremblante et je remarque son ricanement quand il s’en aperçoit. J’ai peur. Malgré la précipitation des guérisseurs, le moine ne s’était pas relevé et le Woran s’était écroulé à son tour une minute après la fin du combat. Le reste de l’équipe de sécurité avait accouru pour les transporter hors de l’arène en continuant de leurs prodiguer des soins. La scène tourne dans mon esprit, encore et encore. La violence des coups, la rage et la volonté que mettent les participants pour remporter la victoire, je ne suis pas prêt pour affronter des combattants qui ont visiblement l’habitude de se battre et sont capables des prouesses que j’ai vu lors des deux dernières rencontres. Les comédiens d’entre deux combats entrent en scène, l’un d’eux, déguisé vulgairement en Woran subit les coups d’épées en mousse des neuf autres sans broncher. Symbolisant ainsi la résilience de la bête qui venait de remporter la manche. Le public est hilare mais à mes côtés les visages restent fermés. L’heure du repas approche mais aucun de nous ne souhaite quitter notre pièce pour rejoindre le réfectoire. Nous profitons de ce qu’il reste, en quantité abondante, sur la table à l’intérieur. Une pomme rouge et lisse me fait songer à autre chose, le sort du moine, cette concentration de magie du vent qui formait une sphère lisse. Jamais je n’avais vu, ni ressenti, un sort si puissant. Loin des vents infernaux dont j’avais pourtant déjà poussé la force bien haut. J’attrape la pomme et l’observe un instant dans ma paume ouverte. Une main vient soudainement s’en saisir.

" Je te la pique avant que tu ne tombes dedans. "

La jeune Kendranne en cuir lâche un rire cristallin avant de me faire un clin d’œil et de rejoindre un fauteuil pour croquer le fruit volé. Je n’ai pas faim, je ne me sens pas bien. L’inquiétude qui saisit mon estomac m’empêche d’avaler quoi que ce soit. Je quitte la pièce sous les regards méprisants ou inquiets. J’erre dans les couloirs avant de poser mon front brûlant contre la pierre froide des souterrains de l’édifice. J’inspire lentement mais expire par saccade, incapable de contrôler l’angoisse qui me saisit la poitrine. Qu’est-ce qui m’a prit ? M’inscrire à un tournoi sans avoir la moindre expérience en duel ! Je m’affale contre le mur et me laisse glisser pour me mettre assis sur le sable. Les images des dernières confrontations surgissent à nouveau dans mon esprit. La précision et la sérénité des coups portés par la bretteuse, la violence de ceux du Woran. Deux adversaires que je serais amené à affronter si je passais cette première phase. Jamais je ne pourrais le faire. J’allais mourir dans cette arène. L’idée de fuir, de me faire un portail me menant loin d’ici traverse mon esprit mais heureusement il est vite chassé, je ne peux pas fuir. Je refuse de passer pour un lâche, de donner raison à ce gros idiot de Garvus. Je dois me battre, trouver un moyen de remporter victoire sur victoire, au moins jusqu’à le battre, lui. Pour Alena.

" Pour Alena... "

Soufflais-je à voix basse avant d’expirer lentement. Je ferme les yeux, forçant les mauvais souvenirs à s’effacer pour repenser aux exercices de méditation des moines de Khan. Je me met en tailleur, joins mes mains, inspire longuement, visualise dans mon esprit les montagnes blanches et tranquilles de la chaîne du Karathren et expire doucement, un long souffle régulier. Je sens mon estomac redescendre, mes poumons se vider. Je recommence, gonflant ma poitrine à la recherche de sérénité. Je sens mes fluides magiques parcourir mon corps, mes épaules se décontracter, ma mâchoire se détendre. Nouvelle inspiration, je visualise le flux d’air parcourir mon corps de la plante de mes pieds jusqu’au sommet de mon crâne, emportant toute l’angoisse et la peur qui s’y accumule pour les chasser à travers une longue expiration. Des images de la veille apparaissent sur mes paupières closes, les acclamations des voyageurs aux portes de la cité, mes retrouvailles avec Méli, les moments passés avec Sheeala, le contact de son front contre ma joue, de sa main dans la mienne, profitant du spectacle nocturne de Kendra Kâr. Ces souvenirs m’apaisent, me réconfortent. Je poursuis ma méditation jusqu’à ce que les tremblements du plafond me rappellent que le prochain combat va débuter. J’ouvre les yeux et me redresse pour rejoindre le salon alors que s’activent déjà les chaînes et engrenages qui amènent les combattants dans l’arène. Les autres participants de mon groupe sont déjà en place pour observer la rencontre.

" J’ai raté quelque chose ? "

Dis-je, un peu plus serein.

" Le Woran et ton moine sont encore inconscient mais sont à priori hors de danger, les guérisseurs s’activent pour que le Woran soit sur pied pour les combats d’après demain. " me répond la jeune Kendranne.

Je reprends ma place entre elle et l’Ynorien pour observer les combattants. Je repère le nain à la barbe grise aperçu plus tôt dans la salle où nous étions réunis, sa grande arbalète fixée dans son dos. Je remarque également qu’il porte plusieurs harnais où sont fixées des carreaux, séparés à l’unité, en plus du carquois accroché à sa cuisse. A sa ceinture pendouille également des besaces de couleurs différentes.

" Dix Yus sur la boite de conserve dorée là-bas. "

Le spadassin désigne une guerrière, à en juger par les formes de son équipement, laissant plus de place au niveau de la poitrine. Intégralement parée de la tête aux pieds d’une armure lourde d’une couleur dorée qui produit une douce lumière blanche. Elle porte également un bouclier large et un marteau de la même couleur que son armure.

" Ca à dû lui coûter cher tout ce San-Divyna. On sait qu’elle, c’est pour l’argent qu’elle est là. "

Plaisante l’Ynorien.

" C’est pour ça que je parie sur elle ! Y a pas de plus grandes motivation que l’or ! "

Rire gras du Whielois tandis que la Sindel se permet un commentaire.

" On dirait qu’elle est agitée. "

Les têtes se tournent vers l’elfe grise avant d’inspecter avec plus d’attention la combattante. Avec plus d’observation, je peux en effet remarqué qu’elle raffermit sans cesse la prise sur son arme et agite son bouclier. Son attention est portée exclusivement sur un seul combattant à l’autre bout de l’arène contre lequel elle parait impatiente de combattre. Habillé d’une bure noire comme la nuit qui s’agite comme si elle était battue par le vent, ses mains et la partie de son visage qui ne sont pas obstrué par sa capuche laissent apercevoir une peau grise. Pas comme celle d’un elfe gris, mais plutôt comme une peau fanée, flétrie, qui n’aurait pas vu le soleil depuis des années. Il ne porte pas d’armes mais il tripote de sa main droite une étrange amulette pendante à son cou en souriant d’un air mauvais alors qu’il semble s’adresser à quelqu’un ou réciter une prière. Le combattant le plus proche de lui ne semble pas tranquille non plus, son visage découvert laisse apparaître des gouttes de sueur ruisselantes sur son crâne chauve. Il se tient déjà en garde, brandit devant lui son épée longue en tremblant des genoux. Presque tout le groupe en réalité semble se méfier de ce participant inquiétant car un autre guerrier équipé d’une armure de maille fait les cents pas en agitant ses deux sabres courts de style Ynorien en dardant vers lui un regard assassin.

" Je sens que je ne vais pas aimer ce que je vais voir. "

Déclare Kimu tandis que la jeune femme à côté de moi s’agite à son tour.

De l’autre côté de la zone de combat, les cinq autres participants sont un Sindel aux cheveux d’ébène, vêtu d’une longue robe grise parsemée de broderies argentées et portant dans sa main une canne de couleur noir. Un Varrockien au crâne dégarni et au ventre potelé. Torse nue, le nez rouge, une longue barbe rousse bien touffue sur laquelle coule un liquide pourpre. Il tient dans sa main une outre qui doit contenir une boisson dont il a déjà trop abusé vu la façon qu’il a de tituber et vaciller de droite à gauche.

" MAIS IL EST ROND COMME UNE QUEUE DE PELLE CELUI LA ! "

S’égosille le spadassin, toujours premier pour commenter à voix haute ce que tout le monde à remarqué, ponctué par les exaspérations du lancier à nos côtés. Un second nain se trouve dans l’arène, brandissant devant lui une hache et un bouclier rectangulaire. Équipé d’une armure lourde de couleur cuivre qui contraste étrangement avec sa barbe tressé de couleur noir qui lui descend jusqu’à la ceinture. Il fixe son semblable avec un air d’impatience mêlé de profond respect. Les deux derniers participants paraissent assez banal à coté des autres, deux humains aux cheveux blonds portant une armure de maille, une hache à deux main pour l’un et une épée longue pour l’autre. Tous les deux dardent vers l’homme en bure un regard méfiant.

" Alors ?! Vous jouez pas ? "

S’étonne le spadassin. Nous ne répondons pas, à l’image des combattants présents dans l’arène, nos regards sont pointés vers cet inquiétant participant en robe noir qui semble avoir jeté un malaise ambiant sur toute l’arène car même le public reste silencieux.

" Rabats joie. "

Crache simplement le Whielois déçu juste avant que la trompette ne sonne le début du combat.

L’épéiste aux crâne chauve est le premier à se lancer à l’assaut, il pousse un cri de rage et charge l’homme dont tous se méfie, accompagné du combattant aux sabres Ynorien. Le sourire sur le visage flétri s’étire, dévoilant une rangée de dents usées alors que sa robe s’agite d’avantage. Ses adversaires approchent mais il ne bouge toujours pas. Pour la première fois, la foule ne pousse pas un cri, faisant peser une atmosphère d’autant plus lourde sur la rencontre. Nos yeux sont rivés vers eux en nous doutant bien que quelque chose allait se passer. Soudainement la bure se soulève et laisse échapper une silhouette féminine fantomatique aux cheveux noirs qui flottent dans tous les sens, portant une robe blanche déchirée. Elle s’élance à toute vitesse, filant dans l’air en direction du guerrier chauve en poussant un cri tenant à la fois d’un hurlement de douleur et de terreur d’une femme, des appels à l’aide d’un enfant terrorisé et d’un rugissement de bête sauvage. Le son résonne dans toute l’arène et fait trembler toute la foule qui se bouche les oreilles et ferme les yeux pour ne plus voir cette vision de femme décharnée hurlant à s’en décrocher la mâchoire. La jeune Kendranne à coté de moi recule en criant et ramène ses poings serrés contre sa poitrine pour se protéger de la créature. Le combattant victime de l'apparition se tétanise de terreur au point d’en faire tomber son arme, le fantôme lui traverse le torse et semble lui happer toute vie. Ses yeux se révulsent et il s’effondre alors qu’une grimace de terreur se fige sur son visage.

" Une Banshee. "

Sanglote la jeune femme à coté de moi, tremblante de peur. Le Whielois réagit également en crachant sur le sable.

" Un nécromancien. "

La banshee fait quelques tours au dessus de sa victime alors que le combattant aux sabres atteint presque son maître, celui ci attrape sa capuche et l’abaisse, révélant à son assaillant un visage fantomatique rongé par les vers dont la bouche s’étire du menton jusqu’au front en poussant un autre hurlement rauque qui fait hurler le public de peur. L’attaquant cesse immédiatement sa charge et parait même vouloir se tourner pour fuir. Le nécromancien lève une main d’où s’échappe une volute de fumée noir qui encercle son adversaire qui se met à hurler de terreur à son tour alors que son visage vieillit à vue d’œil. Il se met à maigrir, sa peau à se sécher et nous pouvons apercevoir sa vie s’échapper sous le regard satisfait du mage sombre. Heureusement l’équipe de sécurité se décide à intervenir et enveloppe le guerrier d’une lumière éblouissante avant que son corps lévite à toute vitesse vers le bord de l’arène où un guérisseur se prépare à fournir des soins. La banshee rejoint son maître hilare, alors que d’autres guérisseurs se précipitent en renfort pour venir en aide aux victimes. La foule se met alors à huer le nécromancien, à l’injurier, à montrer leur mécontentement.

Il se produit quelque chose qui n’était pas encore arrivé depuis le début du tournoi. Les combats, qui n’avaient pas encore vraiment commencés, cessent un instant et tous les combattants se tournent vers le participant à l’armure doré. Même l’adversaire qu’elle combattait s’écarte pour lui laisser la place. Le public se tait à nouveau et seul le hoquet du Varrockien ivre trouble le silence. La combattante dorée incline alors la tête et s’avance vers le nécromancien sous les encouragements puissants de la foule. Le mage sombre relâche son amulette et prend un air bien plus concentré, voyant visiblement en la guerrière une vraie menace.

Les combats démarrent alors pour de bon, sous les tonnerres d’applaudissements, le nain à la hache charge son semblable qui saisit une autre arbalète sous sa cape et la pointe en direction de son assaillant. Le mage Sindel dirige son attention vers l’ivrogne avec un regard méprisant. Le blond à la hache qui se dressait au départ devant la guerrière dorée se tourne vers le blond à l’épée et après un haussement d’épaule simultané, ils chargent l’un vers l’autre. Le mage Sindel agite sa canne et fait apparaître un pic de glace qui virevolte un instant en l’air avant de foncer vers le Varrockien, celui-ci tend sa main libre et fait surgir une vague de flamme qui parcourt l’espace de combat et fait fondre le projectile qui filait vers lui. Le Sindel se préserve de l’attaque en dressant un mur de glace qui dévie la vague de feu qui continue sa progression à une vitesse folle, si bien que les deux blonds sur sa trajectoire, trop occupés à s’affronter le remarque tard. Ils parviennent tout de même à éviter de finir en torche en se repoussant mutuellement. Le sort termine sa course en percutant le mur de l’arène qui protège les spectateurs. La zone de combat s’en retrouve transformée, scindée en deux par un mur de flammes infranchissable. Le responsable observe un instant sa main, semblant étonné que cela provienne de lui, avant de hausser les épaules avec un demi-sourire satisfait. D’un côté, le nécromancien et son adversaire dorée qui n’ont toujours pas entamé l’affrontement, les deux nains et le blond à la hache. De l’autre, le mage de glace, le blond à l’épée et l’ivrogne Varrockien, qui profite du court moment de répit pour se rincer le gosier.

La banshee présente donne à cette rencontre une atmosphère pesante, nous entendons ses lamentations et la regarder me met dans un état de détresse que je ne peux expliquer. Elle donne l’impression d’être enfermée dans une cage de verre contre laquelle elle donne des coups pour tenter de s’échapper. Son visage arbore un air triste et implorant. Le nécromancien s’avance finalement vers la guerrière dorée qui brandit sa masse s'illuminant d'une vive lueur blanche. Le mage sombre lève les bras et un voile de ténèbres surgit de ses mains pour recouvrir une zone de l’arène où disparaissent le lanceur du sort, son adversaire et la banshee dont on entend à nouveau le cri strident. Impossible de discerner ce qu’il s’y passe et les autres combattants ne s’y attarde pas.

La rencontre est belle est bien lancée et le blond à la hache qui avait décidé de charger le nain à l’arbalète s’en rend compte. Une erreur qu’il paie bien vite car le nain à la barbe grise parvient à l’esquiver, je l’aperçois fouiller dans une de ces nombreuses besaces de sa main libre avant de la poser contre le flanc de son opposant. Une gerbe de flamme apparaît et le blond est projeté avec violence, il roule dans le sable avant de léviter pour rejoindre les guérisseurs qui ne sont pas encore occupés par les deux victimes du nécromancien. Je déglutis, depuis le début du tournoi, je ne les avais jamais vu avoir autant de mal à remettre un blessé sur ses pieds. Les nains se retrouvent face à face et n’ont visiblement pas l’intention de se faire de cadeaux. Celui à la barbe noire abat d’ailleurs sa hache droit sur son semblable. Celui-ci, occupé par son précédent adversaire n’a pas eu le temps de se positionner. Il dresse soin poignet pour arrêter le mouvement de l’arme et je ferme déjà un œil pour ne pas voir totalement son bras se faire trancher. Mais il n’en est rien, la lame est repoussée violemment à la grande surprise du public qui émet un son surpris et du nain à la barbe noire qui instinctivement place son bouclier face à lui. L’artilleur avait en effet pointé son arbalète droit sur lui et venait de faire feu. Le carreau est relâché et au lieu de ricocher contre le bouclier comme un projectile normal il s’illumine d’une flamme rougeoyante et explose au contact de la protection du combattant de mêlée.

" C’est quoi ce bordel ? "

S’agite le spadassin.

" Des runes. "

Déclare la Sindel studieuse d’un ton impressionné. L’artilleur range son arbalète pour saisir la grande dans son dos, il se met à genou, se stabilise et tire. Le son de la corde qui se détend produit un son mat qui résonne dans tout l’édifice. Sa cible roule sur le côte pour esquiver le projectile qui fait tout de même mouche. Le second blond se retrouve traversé de part en part alors qu’il tentait de mettre hors combat le Varrockien qui, même ivre, semblait avoir de la ressource. Projeté hors de son champs vision, il ne semble pas comprendre ce qui vient de se passer et le mage de glace en profite, formant un nouveau pic de glace qui lui transperce l’épaule. Je le vois mimer un « aïe » du bout des lèvres avant de riposter d’une boule de feu vers le Sindel qui refait apparaître un mur de glace opaque pour se protéger. L’ivrogne en profite est accoure aussi vite qu’il le peut vers son opposant, relançant une seconde boule de feu pour que le mage maintienne son mur. Arrivé à proximité, j’aperçois son ventre gras devenir écarlate et fumant, il s’élance vers la paroi de glace, ventre en avant et celle-ci se brise à l’impact, faisant tomber une pluie de cristaux glacés et monter un nuage de vapeur. Débute alors un corps à corps étrange, la simple proximité entre les deux mages créer des volutes de vapeurs épaisses. Des boules de feu et des pics de glaces volent dans tous les sens tandis que les poings de l’ivrogne se nimbent de flammes et que ceux du mage de givre se recouvrent de particules de glaces. Les deux mages opposés lancent simultanément un sort qui les fait totalement disparaître dans un nuage de vapeur. La foule semble perdue, d’un côté de l’arène une zone noire et de l’autre un nuage de vapeur. Quatre combattants invisibles qui semblent les frustrer.

Pourtant du côté des deux Thorkin, l’affrontement est brutal. Le nain à la barbe noir est parvenu à revenir au contact de celui à la barbe grise. Visiblement équipé uniquement d’armes à distance, il cherche tant bien que mal à remettre de la distance entre lui et son adversaire. Heureusement pour lui, malgré son physique rond, il se montre plutôt agile et parvient à esquiver les coups que son bracelet ne repousse pas. Mais il se fait finalement toucher à l’épaule et une gerbe de sang tâche le sol de l’arène, il pivote et roule sur le côté en espérant s’enfuir. L’autre nain s’élance vers lui pour en finir mais il se retrouve soudain prit dans un piège de glace qui surgit du sol et l’emprisonne jusqu’aux cuisses. L’artilleur se repositionne face à lui, à quelques mètres à peine, ne prenant pas le temps de s’éloigner d’avantage. Il saisit à nouveau sa grande arbalète qu’il entreprend de recharger. L’action est fastidieuse malgré l’outil qu’il utilise pour rendre l’opération moins pénible. L’autre nain comprend qu’il doit faire vite et commence à attaquer la glace qui lui emprisonne les jambes à coup de hache à un rythme frénétique. Les spectateurs semblent enfin trouver un intérêt à la rencontre et décide de claquer lentement des mains, secondes après secondes pour symboliser le temps qui s’écoule car le plus rapide des deux nains prendra l’avantage. La corde de l’arbalète est maintenant tendue et les claquements de mains s’accélèrent et s’intensifient. Le nain à la hache parvient à se libérer une jambe et s’acharne sur la glace en criant d’effort et de rage. L’artilleur extirpe rapidement un des long carreaux de sous sa cape et la positionne sur son arme. La deuxième jambe se libère, les claquements de main sont frénétiques. L’artilleur vise, le guerrier charge, le public hurle. Le son de la corde résonne encore dans l’arène, un nuage de poussière s’élève et le son d’un choc contre l’acier se réverbère de longues secondes. Trois duels, trois nuages qui s’éclipsent finalement en même temps après un nouveau cri de banshee qui parait plus strident encore que les précédents. Le voile ténébreux s’évapore peu à peu et dévoile une zone grise, parsemée d’impacts, de sang et de zones où une brume noirâtre qui semble animée persistent. La guerrière dorée gît au milieu de tout ceci, séparée de son casque, elle arbore un visage figé dans un cri d’horreur et une fumée noire s’échappe de sa bouche et de son armure dont la brillance s’est atténuée. Le nécromancien s’avance en boitant, la face tordue par une grimace de douleur et de haine. Il tient son bras gauche qui dégouline de sang. Aucune trace de la banshee en revanche dont les lamentations ne se font plus entendre.

Le nuage de poussière entourant les nains retombe sur le sol sableux pour révéler l’issue du duel. L’artilleur se redresse et pose sa main droite sur son épaule blessé qui s’illumine à son contact. A ses pieds, se trouve le guerrier dont le carreau à transpercer le bouclier et l’armure lourde. Son corps et celui de la combattante dorée se mettent à flotter dans les airs pour rejoindre l’équipe de sécurité. Les spectateurs tournent alors leurs regards vers l’amas de vapeur qui s’élève dans les cieux pour former un nuage blanc au dessus de l’arène. Les deux combattant sont encore debout, bien qu’ils soient en piteux état. Le mage de givre a subit de nombreuses brûlures au visage, à tel point qu’une partie de son crâne arbore une trace atroce de brûlure à la place du cuir chevelu. L’ivrogne quant à lui à le bout des doigts, du nez et des oreilles gelées et ils se sont colorés d’une couleur noire pourrissante. L’ivrogne lève son outre vers le ciel et reste ainsi immobile quelque secondes sous le regard ahuri du Sindel qui ne semble plus avoir la force d’en profiter. Puis l’ivrogne frappe, claquant son outre contre le visage de l’elfe gris en provoquant un bruit flasque. Il s’effondre au sol, inconscient.

Plus que trois combattants dont deux semblent sérieusement blessés. Le nain se redresse, jette un coup d’œil à sa gauche puis à sa droite. Le nécromancien lance un regard mauvais au nain et lâche son bras blessé pour tripoter à nouveau son étrange amulette. Le Varrockien, lui, saisit son outre pour en boire une dernière rasade avant de s’effondrer lourdement dans le sable.

" J’y crois pas ! Mais j’y crois pas ! "

Le spadassin vocifère, jure, se plaint que cette rencontre est une plaisanterie. La foule se met à huer le mage sombre et acclamer le nain. Le combat reprend et le nécromancien tend son bras pour libérer un flux de magie obscur, le nain tend son bras gauche vers le jet ténébreux, celui-ci disperse le sort qui se scinde en filaments avant de s'évaporer sous le regard colérique du lanceur de sort. L’artilleur tire ensuite sur la manche de sa tunique, révélant une arbalète de taille plus réduite fixée à son poignet. Il laisse filer un premier projectile qui s’enfonce dans le torse de sa cible qui recule sous la violence de l’impact tandis que la foule rugit. Le nain recharge son arbalète en quelques secondes avant d’en tirer une seconde qui touche le ventre, projetant le nécromancien à terre. Il bouge encore mais peine à le faire, le nain approche d’une démarche lourde et rapide, son arbalète chargée à nouveau, il saisit un projectile soigneusement fixé à son harnais et tient en joue son adversaire.

" Il n’annonce pas la fin du combat ? " Demandais-je.

Personne ne s’exprime et je me contente de leur lancer des regards curieux. La foule reste silencieuse et les milliers de visages arborent une grimace haineuse. Le nain parvient finalement à la hauteur du nécromancien qui fait le signe de l’abandon. Le nain redresse la tête pour observer l’équipe de sécurité, l’un d’eux se tourne alors vers l’organisateur Varrockien qui va faire une grimace haineuse avant de se retourner, rapidement imité par l’équipe de sécurité puis par toute la foule. Les millier de personnes présentes se retournent sans un mot. Il en est de même pour les membres de mon groupe qui décident également de se tourner pour ne pas être témoin de ce manquement aux règles. Le nain incline la tête, écrase du pied le bras qui se tient tendu vers le ciel. La jeune Kendranne m’attrape par les épaules et me force à me retourner juste avant que j’entende le son distinctif de la corde qui se détend et lâche son projectile. Je perçois un flash lumineux qui éclaire le mur face à moi puis plus rien si ce n’est l’organisateur qui déclare d’une voix sinistre.

" Dubar. Artilleur de Mertar. Vainqueur. "

Je me retourne et vois le nain quitter la zone de combat sans même attendre les applaudissements qui ne viendront jamais.

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(( -10 Yus à ma bourse. Perte du pari du combat précédent.))
Modifié en dernier par Xël le mar. 15 oct. 2019 22:01, modifié 4 fois.

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Xël
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Re: L'Arène

Message par Xël » mer. 9 oct. 2019 00:00

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L’ambiance n’est plus la même. Le public ne semble plus attendre impatiemment le dernier combat de la journée. L’arène reste pour l’instant vide, les comédiens d’entre deux rencontres n’ont probablement rien trouvé à tourner en dérision. La jeune Kendranne est rentrée à l’intérieur en attendant l’annonce du prochain combat. Les autres patientent, les bras croisés ou en faisant les cents pas dans l’étroite cage qui sert de gradins. Je reste accoudé à la lucarne, le front posé contre les barreaux. J’observe ce qu’il se passe du côté de l’organisateur. Régulièrement, quelqu’un vient vers lui pour lui chuchoter à l’oreille, il y répond alors d’un léger signe de tête. La pause dure plus longtemps que prévu et cela ne fait qu’accentuer mon impatience mêlée d’angoisse. Si j’attends autant le prochain combat ce n’est pas un hasard. Il s’agit en toute logique du quatrième groupe et c’est donc Garvus qui va se retrouver sur le sable. Je me demande à quoi m’attendre, fait-il preuve d’arrogance en étant si sûr de lui ou est-il vraiment un mage compétent ? Je savais déjà qu’il avait un don pour le combat et cela depuis notre première rencontre quand nous n'étions encore que des enfants. Les discussions dans les gradins s’intensifient au fur et à mesure que le temps passe. Ce nécromancien avait fait plus que des dégâts dans l’espace de combat. Il avait dégoûté la foule et celle-ci ne semble avoir qu’une envie, partir. L’organisateur se lève soudain après avoir écouté un dernier messager. Il s’approche de la rambarde du balcon d’où il peut contempler les combats. Le public se tait pour écouter attentivement le Varrockien.

" Mes amis, je suis attristé de vous apprendre que malgré toutes nos précautions et nos efforts... quatre combattants ont perdu la vie lors de la dernière rencontre... "

" Tu parles d’une surprise. "

Crache le spadassin avant d’ajouter.

" Quelle idée de merde de laisser participer un nécromancien à ce genre d’événements ! "

L’organisateur continue son discours, citant les noms des guerriers tombés, tous sont les victimes de la magie nécromantique, le dernier cité étant le nécromancien lui même.

" Mort à la suite de ses blessures. "

Précise-il avant de garder le silence pendant une trentaine de secondes, une sorte de recueillement à la mémoire des combattants avant de poursuivre d’une voix plus forte et d’un ton plus motivant.

" Mais le tournoi n’est pas terminé ! Il est temps à présent d’assister à la dernière rencontre de cette première journée ! Accueillez les en hurlant, honorez les personnes mortes dans l’honneur et dans la gloire ! Le spectacle doit continuer ! "

La foule applaudit à s’en rompre les mains pendant que les soldats, mages et guérisseurs se mettent en place. La machinerie se met en route, les spectateurs tape du pied et des mains de façon régulière en hurlant. Les dix participants apparaissent sous les acclamations de la foule. Parmi eux, un beau garçon aux cheveux blonds et au regard azur fait hurler d’hystérie les femmes dans les gradins. Il en joue d’ailleurs, affichant son sourire ravissant en les saluant ou en leur envoyant des baisers et des clins d’œil. Vêtu d’une tunique bleu ciel, sa seule arme est une dague à sa ceinture. Garvus est bien présent, les poings fermés, il jette un regard mauvais au beau garçon qui attire les regards. Il a toujours été jaloux. Deux hommes au teint bronzé se fixent d’un regard mauvais et ont visiblement hâte de s’affronter, les deux sont habillés d’une tenue du désert ample et légère. L’un porte une lance et l’autre un fouet. Un bretteur semblable à celle de la première rencontre patiente calmement, sa lame pointée vers le sol. Il présente tout de même une certaine carrure, grand, large d’épaule. Ses cheveux commencent à se teinter de gris au niveau des tempes et son visage se parsème de quelques rides. A côté de lui, un guerrier pâle aux cheveux roux qui tape son épée courte contre son bouclier au même rythme que les encouragements de la foule. Le dernier homme présent est un Whielois taillé comme un ogre, grand, costaud, les cheveux blonds et longs tombant sur les épaules, il fait tournoyer ses haches courtes dans ses mains en respirant lourdement. Les trois derniers combattants sont des femmes, l’une est pied nue, seul des bandages protègent ses pieds de la chaleur du sable. vêtue d’un pantalon rouge et ample recouvert d’un tissu flottant pouvant faire penser à une robe. Elle arbore un tatouage à l’épaule droite et au nombril représentants des soleils flamboyants. Ils sont visibles car comme protection de torse elle ne porte qu’un morceau de cuir qui camoufle sa poitrine et son cou. Sa dernière pièce d’équipement est une paire de mitaine en cuir qui font également office de brassards. Elle exhibe sur le haut de son crâne une longue crête rouge et blanche tandis que le reste de sa tête est entièrement rasé. La seconde combattante a une peau noire comme le charbon. Un physique androgyne, seul une petite poitrine dissimulée par des bandages blanc laisse penser qu’il s’agit bien d’une femme. Les lèvres fines, des yeux sombres, des ongles longs et pointus. Elle camoufle ses cheveux sous un bout de tissu noir. Ses jambes sont recouvertes par un long pagne blanc auquel est accroché une quantité impressionnante de lames, couteaux et autres projectiles tranchants. Pour patienter, elle fait tourner autour de son index un de ces étrange projectile Ynorien de forme allongé. La dernière est une guerrière en armure lourde de couleur argent, équipée d’une épée longue et d’une autre plus courte attaché à sa ceinture. Ses cheveux sont d’un noir profond, coiffé en queue de cheval, elle porte dans le coin de son coude son casque d’argent qu’elle équipe sous les acclamations pour compléter sa panoplie. Le son de la trompette résonne et la foule y répond en écho, se levant par colonne, formant une vague qui fait le tour de l’arène.

Les combattants s’élancent, courant vers le centre de l’arène, prêts à créer une seule et unique mêlée. Le guerrier roux percute la combattante en armure d'argent en produisant un son de ferraille qui s’entre choc. Ils se remettent vite de leurs charge pour s’attaquer avec force en rugissant d’effort. La femme à la peau noir exécute une roulade pour éviter une taille du bretteur, elle se saisit d’une lame pour la lancer vers le Whielois costaud qui se la prend dans l’épaule, ralentissant sa charge et laissant le temps au bretteur de se préparer à le recevoir tandis que la lanceuse de lame s’éclipse en vitesse pour ne pas se faire écraser. Les deux hommes du désert s’affrontent, le fouet claque et tient en respect le lancier qui aimerait s’approcher. Garvus fonce vers le beau garçon qui garde son sourire radieux en toute circonstance. Il lève sa main vers le ciel dans une courte pose théâtrale avant de l’abaisser vivement vers le sol. Un éclair s’abat sur la position du mage de terre en soulevant un nuage de fumée. Je ne me fais aucune illusion, il est loin d’être vaincu. Je m’attends à le voir surgir hors de la poussière pour attaquer le blondinet mais ce n’est pas tout à fait ce qui se passe. C’est une silhouette de la taille d’un humain et large d’épaules, faites de sable dur qui se précipite vers le mage. Son sourire s’efface et laisse place à une expression de surprise juste avant que son visage ne soit percuté par le colosse de roche en pleine face. Je peux entendre son nez craquer, voir une gerbe de sang et de dents s’échapper de sa bouche. Il gardera de cette rencontre une trace indélébile, c’est certain. Il tombe au sol avant d’être ramené aux guérisseurs. Garvus a fait le premier sang et son air satisfait laisse penser qu’il ne va pas s’arrêter là. Le guerrier roux tombe à son tour, vaincu par la frénésie de son adversaire qui se retrouve rapidement face à un autre combattant, la femme à la crête qui bien qu’elle ne porte aucune arme n’a pas peur de se frotter à une armure lourde. C’est sous les acclamations de surprise qu’elle parvient d’ailleurs à désarmer la guerrière en lui tordant un bras. Elle se glisse ensuite entre ses jambes avec une agilité hors du commun, se redresse et parvient à arracher le casque de la guerrière qui malgré la douleur de son membre cassé se tourne pour tenter de fendre la pugiliste de sa seconde épée mais celle-ci pivote, suivant le mouvement de la guerrière pour rester dans son dos, elle donne un coup de pied à l’arrière de son genou et s’en sert comme appui pour sauter et assommer son adversaire d’un coup de coude. Elle est arrêtée avant, en plein saut, maintenue en l’air par un pic de roche qui lui traverse le torse. Un filet de sang s’échappe de sa bouche ouverte, figée dans une grimace de surprise. Gravus s’avance d’un pas lourd alors que j’aperçois le sable s’élever du sol sur son passage pour se coller à ses poings et s’y durcir. La guerrière encore à genoux se tourne vers celui qui l’a empêché de subir un coup la mettant hors combat mais elle ne sait pas que c’était simplement pour qu’il le fasse lui même. Il abat son poing, ressemblant à un amas de sable durcit sur le visage de la guerrière, la plongeant dans l’inconscience sans même lui adresser un regard. A ses côtés s’avance le golem de roche qui a défiguré le beau gosse. Ils avancent d’un pas simultané vers les autres concurrents qui sont déjà occupés. Compte-il vraiment en profiter pour les vaincre ? J’en ai bien l’impression car il arme son bras en arrivant à proximité du duel des deux hommes du désert. Prêt à frapper celui qui se trouve de dos. C’est sans compter l’intervention de la lanceuse de lames qui s’était faite oublier. Un couteau atteint l’épaule de Garvus qui ne s’était pas montré prudent. Son cri de douleur alerte le lancier qui se retourne pour le frapper. Le mage réagit rapidement et dresse un pilier de terre qui pare le coup. Il s’apprête à riposter mais un coup de fouet claque dans l’air et s’enroule autour de son cou. Gravus le saisit d’une main en suffocant. Le second homme du désert n’a visiblement pas apprécié qu’on vienne interrompre son duel. La lanceuse quant à elle exécute encore une pirouette pour éviter de se faire attraper par le golem, elle lance ensuite un projectile vers le mage. A trois contre un, il se retrouve en position difficile.

" Bien fait pour lui. Ca lui apprendra. "

Commente le spadassin. Mais je garde un mauvais pressentiment, mes doigts se crispent et je reste attentif. La peau de Gravus se recouvre totalement d’une couche de terre dans laquelle le couteau rebondit sans causer de blessure, la lance produit le même bruit que si elle avait frappée un rocher et le fouet ne semble plus avoir d’emprise sur le souffle de la statue de pierre. Immobile, c’est son invocation qui agit, il s’élance vers la femme à la peau d’ébène qui, surprise par le sort de terre, manque de se faire attraper. Elle exécute maladroitement une acrobatie pour s’enfuir mais trébuche et tombe, donnant l’occasion au colosse de roche de gagner encore du terrain. Elle rampe sur le sol et lance un couteau qui n’a aucun effet. Elle se fait finalement attraper une jambe qu’elle se fait broyer par la poigne solide de la statue animée et alors qu’elle hurle de douleur le golem la soulève pour l’agiter comme un simple bâton. Elle percute le sol une première fois, interrompant brièvement son cri qui se change en gémissement alors que ses bras sont tordus, le deuxième choc contre le sol l'a fait taire totalement bien que son regard implorant montre qu’elle est encore consciente. Le troisième choc est le dernier et le plus violent, elle perd connaissance et le monstre de terre la balance à l’écart de la confrontation où elle se met à convulser avant de léviter vers le bord de l’arène. Comprenant que le mage est insensible aux attaques, les deux hommes restant s’en prennent à l’invocation. Ils s’en approchent et se place entre elle et Garvus qui n'attendait sans doute que ça. Sa protection de terre commence à s’effriter, dévoilant le sourire mauvais du mage. Le sable s’anime sous les pieds du combattant muni d’un fouet et lui attrape les jambes jusqu’au genoux. Garvus frappe son dos avec son poing encore serti de roche, j’entends un craquement désagréable et le combattant devient inanimé, laissant pendre mollement ses bras et sa tête. Le sable animé monte encore jusqu’aux cuisses, puis aux hanches. Garvus se désintéresse alors du combattant qui produit encore de multiples sons de craquements osseux tandis que la structure du sable qui l’emprisonne semble se durcir. Le lancier, prit en étau entre le mage et son invocation préfère abandonner avant de finir comme son précédant adversaire. Au même moment, le Whielois vient à bout du bretteur malgré ses nombreuses blessures. Il me fait penser au Woran mais en moins sauvage. Il ne reste donc plus que deux participants debout. Les corps inconscients rejoignent les équipes de guérisseurs et des acclamations et encouragements de la foule ponctuent les quelques secondes qui s’écoulent avant le dernier duel de la journée.

Garvus et son invocation se replacent, prévoyant clairement de prendre le Whielois en tenaille. Celui-ci se met en garde et patiente quelques instants avant que ses adversaires le charge. Il pousse un cri de guerre avant de jouer de ses haches. Le golem prend le coup de plein fouet et même si ça ne semble pas le blesser, son élan est stoppé nette. Garvus se baisse pour esquiver la frappe, le guerrier se replace, remettant face à lui ses deux opposants qui se remettent à l’attaque. Un coup de hache fend l’air, bloqué cette fois par le golem qui saisit le bras du guerrier. Il réplique en frappant de toutes ses forces en hurlant, brisant les bras rocailleux de l’invocation. Mais il laisse le champ libre à Garvus qui frappe son flanc avec son poing alourdi par le sable durci. J’aperçois le sol escalader les chevilles du guerrier mais il est trop mobile et trop costaud pour se laisser emprisonner. Il fend l’air à nouveau pour toucher le mage qui recule après avoir subit une blessure au torse. Un filet de sang jaillit, galvanisant la foule et le barbare qui subit lui aussi un coup dans le dos venant du golem toujours actif. Le guerrier se retourne pour riposter mais Garvus revient déjà à l’attaque et perce l’épaule du barbare d’un pic rocheux qui surgit du sol. Le combattant en lâche une de ses haches mais reste debout, laissant apparaître dans son regard le même incendie qu’il y avait dans les yeux sanguinaires de l’homme tigre. Dans un élan de force surhumain il s’avance brusquement, s’extirpant en hurlant du pic qui lui perce l’épaule, il abat sa hache avec une telle force sur le golem que l’invocation se fend en deux comme une bûche sèche. L’arme se brise à l’impact mais ça n’arrête pas le guerrier qui, prit de frénésie, charge l’invocateur dépossédé de sa créature. Il abat son poing avec une vitesse folle, ne laissant le temps à Garvus de s’en protéger uniquement grâce à un sort qui lui recouvre la zone d'impact d’une terre dure qui se brise sous le choc. L’orphelin recule, vacille, alors qu’un second coup vient le percuter à l’estomac sous les acclamations du public. Garvus crache une gerbe de sang et de salive et ses yeux sortent presque de leurs orbites. Il est ensuite soulevé malgré son poids, prit au cou par le Whielois qui l’étrangle d’une main. Suspendu en l’air, agitant ses pieds comme un pendu, il tente désespérément de faire lâcher prise à son adversaire en tapant dessus avec ses poings nues. Il se ravise finalement et darde ses mains vers le sol en dessous de lui. Le sable s’agite et un pic rocheux en surgit, perçant de part en part le barbare. Un second pic apparaît, suivi d’un troisième, d’un quatrième et encore d’un cinquième. Un amas de roche qui vient se planter, encore et encore, dans le corps du guerrier qui après de multiples grognements de douleur, montre enfin un signe de faiblesse. Il relâche le cou de Garvus qui tombe sur le sable en toussant, peinant à retrouver sa respiration. Quand il se relève en tenant sa gorge sans doute douloureuse, le barbare est toujours conscient, immobilisé par les dizaines de liens rocheux qui le transperce. Sa force l’abandonne, ses épaules et ses bras retombent. Ses jambes, peu à peu, ne parviennent plus à le porter et il peine à maintenir sa tête droite. Garvus fait un signe et tous les pics se retirent simultanément pour replonger dans le sable, Le Whielois s’effondre et l’organisateur annonce la victoire de Garvus tandis que la foule l’ovationne.


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Re: L'Arène

Message par Xël » mer. 9 oct. 2019 09:42

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La nuit tombe. L’arène se vide de ses spectateurs. Un silence presque apaisant tombe sur l’arène et ses couloirs souterrains. Les membres de mon groupe retournent à leurs occupations alors que je reste ici à contempler le sable encore malmené et taché par les rencontres de la journée. Demain, c’est moi qui serais de l’autre côté de ces barreaux pour me mesurer à des combattants expérimentés. L’angoisse s’empare de mon cœur qui s’emballe. A nouveau je me sers de la méditation pour garder mon calme. Je saute le repas servi dans le réfectoire pour ne pas croiser Garvus, ses provocations et l’entendre se complimenter sur sa victoire n’est pas nécessaire. Je reste seul dans ce qui nous sert d’appartements, mange un fruit qui traîne encore sur la table des collations. Je me prépare mentalement, visualise dans mon esprit les sorts qui m’ont servi sur Aliaénon. Je médite à nouveau quand je sens le stress reprendre le dessus. Quand les autres inscrits commencent à revenir pour aller se coucher je sors à mon tour du salon pour rejoindre les bains. J’y lave ma sueur d’angoisse et de peur et tente de me détendre dans l’eau tiède. Les minutes passent et l’approche du lendemain ne fait que me perturber d’avantage. Un garde me croise et m’invite poliment à ne pas traîner dans les couloirs. Je retourne donc dans la pièce principal de mon groupe. Personne n’est présent mais j’entends des ronflements gras provenir de la chambre des hommes. Le Sindel en sort avec un air colérique, il ne m’adresse pas un regard et va s’installer dans un fauteuil pour s’y reposer. Je retourne dans la salle étroite nous ayant permis d’observer les combats. Je reprend mes exercices de méditations en inspirant et expirant lentement, c’est pour le moment la seule chose qui me calme. Je repense au moine de Khan et au sort qu’il a lancé. Cette sphère lisse gorgée de magie dévastatrice. Comment a t-il pu faire ? Pris de curiosité alors que la nuit est désormais bien avancée, j’ouvre ma main droite devant moi, paume vers le haut et place ma gauche au dessus, comme si je tenais un ballon. Je relâche lentement mes fluides du bout de mes doigts pour tenter d’y former une sphère mais les volutes grises et bleu ne restent pas ensemble, elles se mélangent dans le creux de mes mains avant de se disperser pour finalement disparaître. Je soupire, relâcher la magie plus rapidement risquerait de créer une catastrophe. Peut-être dois-je essayer de la contenir dans une cloche comme j’ai essayé de le faire pour éteindre l’incendie de Treoof. Je me concentre, avide d’apprendre ce sort qui pourrait me servir. Je déverse une première quantité de magie, la contrôlant pour former une sphère qui devient presque visible, perceptible uniquement par les quelques reflets azurées que reflète la lumière de la lune. Je me rend à nouveau compte à quel point la magie sur Yuimen est contrôlable, malléable à souhait. Sur Aliaénon une catastrophe se serait déjà produite. Je me concentre et libère alors doucement mes fluides d’air pour les faire entrer dans la sphère. Encore un échec, quand les fluides y rentrent, la sphère grossit légèrement avant de se fissurer et de laisser les flux gris s’échapper pour disparaître à nouveau. Je soupire. Non seulement je n’y arrive pas, je n’ai aucune idée de comment y parvenir mais en plus repenser à l’incendie de Treoof me fait maintenant penser à Sheeala. Elle me manque, à l’angoisse de combattre demain se rajoute le poids de ne pas la voir et le risque de ne plus jamais la revoir. Mes mains tremblent en repensant à la rencontre avec le nécromancien. Quatre vies perdus. C’est au tour de mes épaules et de mes genoux de trembler. J’inspire à nouveau mais la peur, le souvenir du cri de la banshee et du visage déformé du mage sombre m’empêche d’expirer convenablement. Je pointe mon nez vers l’extérieur, collant mon front aux barreaux pour me remplir les poumons d’air frais. J’aperçois alors une silhouette qui se dessine sur la lune, celle-ci approche de l’arène avant de disparaître. Soudain une ombre atterrit devant ma fenêtre, me causant un sursaut qui me fait tomber sur les fesses. La créature, couverte de plumes pourpres qui forment deux géantes ailes et deux espèces de cornes qui dissimulent un visage gris et fin s'approche de la fenêtre. Je reconnais, pour l’avoir déjà vu, la forme de harpie de Sheeala. Elle s’approche des barreaux et demande inquiète.

" Xël ? Tout va bien ? "

Un souffle sort de mon nez. J’ignore si c’est le fait de la revoir, la nervosité, la frayeur qu’elle m’a faite ou le ridicule de ma réaction qui me fait rire de la sorte mais le fait est là. Je lâche un léger rire en me redressant, je tapote mes mains et mes fesses pour en chasser la poussière avant de m’approcher d’elle.

" Vous ne devriez pas être ici. "

" Je voulais m’assurer que vous alliez bien. Les combattants de votre monde sont très impressionnants. Je comprends maintenant pourquoi Fan-Ming est venu vous demander de l’aide pour lutter contre les armées d’Oaxaca. "

Son visage sous cette forme dégage une certaine assurance mais je ressens l’inquiétude dans sa voix. J’attrape les barreaux qui nous séparent, j’essaie de dire que tout ira bien mais j’en doute moi même tellement que j’en suis incapable. Ses pattes griffues se posent sur mes mains et elle déclare avec une autorité de reine.

" Xël ! Vous êtes un puissant mage ! Ayez confiance en vous ! Vous n’en ferez qu’une bouchée ! "

Je lève mes yeux vers elle pour me plonger dans son regard de feu. L'incendie dans son regard ravive une flamme dans ma poitrine, le brasier de volonté qui m’animait sur son monde. Je repense au courage et à la détermination dont elle a fait preuve pour défendre son peuple dans cette clairière, le combat qu’elle y a mené. Je puise en elle la force de rallumer la mienne. J’incline la tête alors que je vois ses fines lèvres s’élargir pour dévoiler son sourire de harpie en voyant la nouvelle lueur dans mon regard.

" Merci. "

Dis-je simplement avant qu’elle ajoute.

" J’ai aussi un message de la part de votre ami Boberan. Chaque combat est une leçon. "

Je ricane avant de rétorquer.

" Ca lui ressemble bien ce genre de phrase toute faite. Vous le remercierez de ma part. "

Elle acquiesce avant de sourire à nouveau.

" Xël ? C’est vous ? "

Je me retourne tandis que Sheeala disparaît en un instant en battant ses immenses ailes. Kimu débarque dans la pièce, l’air fatigué et me demande si je parle tout seul. J’hausse les sourcils, faussement intrigué.

" Euh... non. Je prenais juste l’air. "

" Impossible de fermer l’œil avec ce spadassin qui fait un bruit de scierie. "

Il s’approche de moi avec un air plus sérieux, me confiant à voix basse.

" Je voulais justement vous prévenir. J’ai entendu que l’elfe grise et les deux bruns projetaient de s’en prendre directement à vous demain dans l’arène alors soyez prudent. "

Je plisse les yeux avant de hausser un sourcil surpris.

" Je les ai entendu pendant le repas. Je ne suis pas le seul à avoir eu vent de vos exploits. "

"Eu vent."

Rétorquais-je amusé. Devant son regard étonné je secoue la main pour lui faire signe d'oublier ce que je venais de dire. Il incline la tête et tourne les talons pour retourner se reposer.

" Merci. "

Dis-je encore avant qu’il quitte la pièce. Je me tourne à nouveau pour observer la lune, espérant y revoir apparaître la silhouette de ma reine. L’angoisse s’est envolé avec elle, la peur s’est retrouvé balayée par la tempête de détermination qui souffle désormais en moi. Je repense au complot dévoiler par l’Ynorien et un sourire d’impatience et d’excitation se dessine sur mes lèvres. Demain, ça va souffler.


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((Début d'apprentissage du sort Bombe dépressionnaire ))
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Re: L'Arène

Message par Xël » jeu. 10 oct. 2019 23:57

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Je me réveille de bonne heure, bien reposé malgré la nuit courte passée sur un fauteuil du salon. Au final seul le spadassin a dormi dans son lit. La chambre des hommes s’était vidée au fur et à mesure de la nuit, libérant des combattants exaspérés par les ronflements. Il s’exclame d’ailleurs qu’il a dormi comme un loire avant de se gratter l’arrière train tout en dévoilant le fond de sa gorge en poussant un bâillement bruyant. Nous rejoignons le réfectoire après un passage rapide aux bains pour une petite toilette. Les gagnants des combats de la veille ne sont pas présents et c’est avec satisfaction que je mange mon petit déjeuner sans la présence de Garvus. Nous entendons les gradins qui commencent à se remplir et une tension incroyable règne dans la salle. Du coin de l’œil, j’aperçois les trois comploteurs diriger de temps en temps un regard dans ma direction. Nous regagnons notre espace commun pour observer le début des festivités. Danseurs, jongleurs, musiciens et acrobates se produisent pour occuper la foule qui se met en place. L’arène tremble déjà sous les applaudissements des gradins qui ne cessent de se remplir.

" Vous avez vu ça ? "

Demande la Kendranne en pointant du doigt le haut de l’arène. Elle fait bien de le faire remarquer, l’arène est déjà pleine à craquer et les spectateurs continuent d’affluer pour s’installer là où ils le peuvent, prêts à rester debout pour certains. Le tournoi a visiblement du succès et en me tournant je peux apercevoir l’organisateur se frotter les mains. Il s’avance alors que les gradins se remplissent encore, que les plus agiles escaladent les murs pour atteindre les sommets du mur de l’édifice.

" Citoyens de Kendra Kâr et d’ailleurs ! Bienvenue à la deuxième journée du Tournoi ! Êtes vous prêts à voir les plus grands combattants de ce monde s’affronter ?! "

La foule rugit, fait trembler toute la structure de pierre en tapant des mains.

" Aujourd’hui nous verrons ensemble qui parmi les quatre groupes restant rejoindront les prochaines phases ! Sans plus attendre je déclare le deuxième jour du tournoi ... OUVERT ! "

Nouveaux hurlements hystériques des spectateurs. Mes poils se dressent sur tout mon corps, un frisson me parcourt les bras. Les portes s’ouvrent pour laisser entrer les gardes et guérisseurs masqués qui veillent sur nos combats. La foule bat alors des pieds et des mains en rythme, de façon lente et régulière tandis que les machineries se mettent en route pour monter les combattants dans l’espace de combat. La trompette sonne le début de la rencontre que j’observe avec autant d’attention que les précédentes. Mais cette fois c’est différent, je sais que dans quelques heures ce sera mon tour. Le premier affrontement de la journée est aussi impressionnant que ceux de la veille. Il s’y affronte autant de styles de combats que hier mais c’est finalement une paladine équipée d’une masse à deux mains qui remporte la bataille sous les acclamations de la foule. Un garde vient nous voir avant la rencontre suivante et nous annonce qu’après le repas nous devrons directement nous préparer à rentrer dans l’arène à notre tour. Beaucoup d’entre nous pousse un soupire d’impatience ou d’excitation. A ma grande surprise nous avons tous hâte de combattre, même moi. La trompette sonne le lancement de la sixième rencontre toujours sous l’ambiance exaltante du public. Un combattant s’y démarque parmi les autres, atteignant au moins les deux mètres et portant une lance et un bouclier immense. Il a le mérite de ne subir aucun coup, strictement aucun malgré les essais combinés de ses adversaires. Il remporte le combat et la foule l’acclame en scandant son nom.

Quand la fin du combat est annoncé, nous nous tournons tous les uns vers les autres, ce sont les derniers moments que nous passons ensemble avant de nous affronter. Malgré les tensions entre certains, nous inclinons tous la tête avec respect avant de nous diriger vers le réfectoire. Les gagnants des groupes précédents ne sont pas présents et nous ne somme donc plus que vingt à partager un repas.

Un garde annonce soudain.

" Numéro 61 à 70 ! Avec moi ! "

Ca y est. C’est le moment. Mon cœur s’agite, ma magie s’emballe, impatiente de se libérer. J’inspire et expire lentement avant de me lever pour suivre le reste de mon groupe. Nous descendons encore plus bas sous l’arène, là où les sons rythmés de l’arène paraissent étouffés. Nous arrivons dans une vaste salle où sont disposés des plateformes de bois attachées à des chaînes. En levant les yeux je distingue tout le système d’engrenages, de poulies et de chaînes que j’entends depuis hier. La foule s’agite soudain et les gardes font tourner une roue à la force de leurs bras pour commencer à nous élever. Je joins mes mains, inspire, expire. Je ressens la méditation de Khan me permettre de garder le contrôle sur moi même. Nous approchons de la surface et le son de la foule devient assourdissant. Une trappe s’ouvre au dessus de moi pour me laisse apercevoir le ciel. J’ai la chair de poule à l’instant même où ma tête atteint la surface et que je peux voir les gradins tout autour de moi crier, applaudir et encourager. L’entendre d’où je suis n’a rien de comparable avec les cris que j’ai entendu aux rencontres précédentes. J’inspire une dernière et longue bouffée d’oxygène avant de l’expirer lentement. La trompette sonne. Que le combat commence.

Comme me l’avait dit Kimu, trois combattants se tournent vers moi, la Sindel qui dégaine ses deux lames pour me foncer dessus ainsi que le guerrier aux cheveux bruns qui me charge en agrippant fermement son épée à deux mains. Je jette un regard vers le mage brun qui fait également parti du complot mais celui-ci est prit à parti par le rôdeur qui le distrait d’une flèche. Mes deux adversaires s’apprêtent à frapper dans le but de me découper en plusieurs morceaux de diverses tailles. Je laisse ma magie agir, s’échapper par les pores de ma peau, je m’élance d’un pied pour pivoter sur moi même, une vrille qui libère mon sort qui repousse mes assaillants. La charge est arrêtée nette, la Sindel tombe même à terre. Le sort est moins puissant que ce à quoi je m’attendais, je dois immédiatement me remettre en tête que je ne suis plus sur Aliaénon, que même si ici la magie est stable elle en est également moins puissante. Pour le moment ça m’a au moins évité de me faire blesser. L’Ynorien surgit pour s’occuper de mon assaillant, me donnant un répit et la possibilité de me battre en un contre un contre la Sindel qui se relève pour revenir à la charge. Un filet d’air m’entoure, le sort appris au monastère de Khan, je me laisse guider, porter même, par le vent qui me permet d’esquiver les coups de lames qui m’assaillent. Elle taille et frappe, son visage se crispe à chacune de mes esquives. Un sort me frôle, un pic de glace qui m’entaille le dos. Du coin de l’œil je peux voir le mage qui a réussi à s’éloigner de son adversaire et qui prépare déjà un second sort. L’elfe grise bondit, lève ses deux épées et je perçois des petits éclairs qui parcourent les lames. Ne pas paniquer, j’inspire, ignore la douleur de ma blessure, joins mes mains pour y concentrer mes fluides magiques et les écartes d’un coup. Un portail s’ouvre dans lequel tombe mon assaillante au même instant où elle abat ses lames. La foudre semble s’abattre sur l’arène, le bruit est saisissant. A ma droite, le mage est figé en posture debout, le visage, les mains et les habits brûlés. Sa bouche est ouverte en direction du ciel et de la fumée noire s’en échappe sous le regard ahuri de l’enchanteresse qui venait de lui infliger son coup. La foule émet des cris de surprises avant de pousser un hurlement d’acclamation.

Un instant de répit pour m’informer sur le cour de la rencontre. Sous mes yeux, j’aperçois l’humain à la barbe hirsute tomber sous les coups de la jeune Kendranne qui use de son agilité et de ses acrobaties pour éviter les projectiles que l’humain façonne lui même de ses mains. Le spadassin Whielois vient à bout du lancier Sindel qui s’était jeté sur lui dès le début du combat, espérant sans doute se venger des heures exaspérantes qu’il avait subi. L’acrobate s’élance déjà vers le spadassin qui l'a provoque. Le rôdeur s’en prend à l’elfe grise qui se retrouve désormais à la place du mage. Kumi subit un coup dur qui le met hors combat, un enchaînement rapide qui perce la défense du guerrier Ynorien qui se fait ouvrir la poitrine, l’instant d’après c’est une boule de feu qui le percute pour l’envoyer au sol. Les blessés sont rapidement prit en charge par les guérisseurs et le guerrier aux cheveux bruns après un instant pour reprendre son souffle s’élance à nouveau vers moi. Il donne une frappe verticale pour me fendre en deux, le vent me pousse pour me mettre à l’abri. je tend ma main vers lui, ripostant à l’aide d’un sort prenant l’aspect d’une boule de fluide grisâtre et agitée qui le fait reculer. Hors de portée de sa lame, j’en envoie un second du même acabit. Il parvient à l’éviter et se retrouve à nouveau assez proche pour me frapper de son épée. Je reconnais le même enchaînement qu’il a utilisé contre l’Ynorien, d’abord un coup diagonale que mon armure de vent parvient à éviter, il pivote pour me donner un coup de pied que j’esquive à nouveau, presque de moi même pour l’avoir déjà vu, il pivote à nouveau pour donner un coup horizontal, le coup qui a blessé Kimu. Je me baisse, ignorant la douleur dans mon dos, évitant la lame qui passe à quelques centimètre de ma tête. Je vois le mercenaire préparer sa boule de feu, je prépare mes fluides et ouvre un portail pour rediriger son sort vers lui. Il reprend sa boule de feu dans le flanc et cri de surprise et de douleur alors qu’il est forcé de reculer à cause de l’impact. J’en profite, rassemble la magie d’air entre mes mains avant de lui lancer un souffle puissant qui soulève le sable de l’arène sur son passage. Il subit le sort de plein fouet et se retrouve projeté en l’air, l’instant d’après j’ouvre un portail derrière lui et le combattant s’y engouffre sans pouvoir rien faire et en ressort à quelques centimètre du bord de l’enceinte, percutant le mur de l’arène avec une violence fracassante. Il glisse le long de la paroi avant de s’effondrer sur le sol. Le public est hystérique, les cris d’incompréhensions et d’excitations parcourent les gradins devant cette magie jamais vu.

Je reprend mon souffle. Je sens ma réserve de magie s’épuiser mais je tiens le coup, un sourire vient s’étendre sur mon visage. Sheeala a raison, je peux le faire. Mon regard se dirige vers le Whielois qui vient d’attraper la jambe de l’acrobate qui tentait encore une pirouette. Il la soulève comme un morceau de jambon et lui assène un violent coup de masse à l’estomac. Elle crache un filet de sang et ses yeux se révulsent. Il la laisse retomber sur le sable, hilare, avant de m’observer en riant. J’agite mes doigts, son armure est solide, il est endurant, il me reste peu de magie. Je dois le finir en un seul coup. Ma magie s’accumule autour de mon poing serré alors qu’il débute sa charge en hurlant, accompagné par les cris des spectateurs. Je me concentre, continue d’accumuler les volutes de magie grises et bleutées qui remontent jusqu’à mon coude. Je vise un point bien précis, élance mon bras en arrière. Je visualise le coup porté à Naral et au Troll d’Ynorie avec ce même sort. Un courant d’air traverse l’arène, soulève le sable qui m'entoure. Dans un cri d’effort je balance mon poing en avant alors que le spadassin se trouve à peine à plus d’un mètre de moi. La tempête se déchaîne, emportant le spadassin et le sable à travers la zone de combat. J’entends à travers le souffle du vent le bruit de l’armure lourde se défaire du guerrier et rouler sur le sol. Le choc d’un corps plus lourd contre le sable. La foule garde le silence le temps que la lourde couche de poussière retombe, recouvrant de ses particules l’armure et les armes du spadassin dispersées dans le sillage de mon sort. Je me redresse en inspirant un grand coup et lance un regard déterminé à l’elfe grise qui venait de vaincre le rôdeur. Le silence pèse toujours sur les gradins, dans l’attente impatiente de voir la suite. Je perçois l’hésitation dans les yeux du dernier adversaire que j’ai à affronter, la colère mêlée de crainte sur son visage. Après un râle de colère elle décide finalement de ranger ses épées et lève lentement une main ouverte en regardant ses pieds. Elle abandonne.

Je lève les yeux vers les gradins prit soudainement de tremblements frénétiques d’excitations. La foule se lève comme un seul homme et hurle à s’en décrocher les poumons. Ils sont ravis, impressionnés. Je recherche parmi eux les cheveux gris et le doux visage de Sheeala mais c’est impossible de repérer quelqu’un dans cette nuée de têtes bondissantes et de mains agitées. L’organisateur hurle pour couvrir le bruit du public.

" Xël Almaran ! Vainqueur ! "


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Re: L'Arène

Message par Xël » mar. 15 oct. 2019 20:39

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La douleur dans mon dos se révèle quand la sensation d’excitation combative redescend. C’est au moment où je lève les mains pour saluer le public que je sens ma tunique imbibée de sang me coller au dos. Un guérisseur vient vers moi et après un rapide examen me soigne en quelques minutes avant qu’un garde m’invite à le suivre. Il m’amène dans une pièce à l’opposé de celle que j’occupais avant. Sensiblement différente, elle est meublées de fauteuils plus confortables mais possède elle aussi une chambre pour les hommes, une pour les femmes et une pièce pour assister aux combats. Tous les autres gagnants des manches précédentes s’y trouvent: Sanavia la bretteuse se tourne vers moi et affiche un sourire espiègle.

" Ah ! Voilà le favori du tournoi ! "

S’exclame elle alors que je me pointe du doigt avec une tête ahurie. La gagnante de la cinquième rencontre, une elfe blanche du nom de Ranlë, à la peau pâle et aux cheveux d’or qui s’était séparée de son heaume commente avec une certaine admiration sans quitter les gradins des yeux.

" Les spectateurs ne cessent de parler de votre étrange sort capable de tordre l’espace. "

" Où avez-vous appris un tel sort mon garçon ? "

Demande Dubar, le nain, lui aussi impressionné.

" Ca me vient d’un ami... "

" Une fois de plus. Tu es incapable de t’en sortir par toi même. Sans la surprise de ce sort tu ne serais pas là... "

Gravus gronde, peinant à dissimuler sa colère et surtout sa jalousie.

" Maintenant que nous savons, tu n’as aucune chance de passer la prochaine étape. "

" Il a déjà dit ça dès le départ de votre combat. Ça lui a coûté un petit paquet de pièces. "

Rétorque la bretteuse avant de venir me prendre par l’épaule pour m’approcher de l’ouverture donnant la vue sur les gradins.

" Regardez. Écoutez. Vous avez votre place ici, croyez moi. "

Je me tourne vers la foule qui se désintéresse presque de la comédie d’entre deux rencontres, ils discutent entre eux, dessinent des cercles avec leurs mains, haussent des épaules avec incompréhension, s’extasient parfois en imitant les mouvements de coup de poing qui a mit le spadassin hors combat. J’entends Garvus cracher par terre avant de se tourner avec un air mauvais vers le sable. Nir, le Woran, est présent aussi, le bras immobilisé par une attelle, il me lance un regard méfiant mais incline tout de même la tête avec respect avant de s’intéresser à nouveau à ce qui se passe dans l’arène. Celelas, le combattant intouchable de la sixième rencontre, portant une armure bleu et blanche incline aussi sa tête dans ma direction sans dire un mot. Séparé de son casque je peux voir qu’il s’agit d’un elfe gris à l’air sérieux, aux cheveux noir corbeau et aux yeux bleus.

Ranlë annonce d’un ton calme que ça va reprendre. Nous nous approchons tous de la lucarne permettant de voir les rencontres, l’équipe de sécurité se met en place sous les applaudissements et Sanavia commente alors que les chaînes se font à nouveau entendre.

" Voyons qui sera la 8 ème personne à venir compléter l’équipe. "

Je reconnais le numéro 71, vêtue de sa robe rouge virevoltante parmi les combattants. L’air colérique et exaspérée, elle patiente en croisant les bras et tapant du pied. La trompette sonne et le combat commence toujours avec la même exaltation. Un combattant charge le 71 avec son arme à deux mains, il s’arrête soudain alors qu’il arrive presque au corps à corps, son arme commence à rougir et à fumer, il la lâche en agitant ses mains. La jeune femme lui balance une boule incandescente qui le projette à plusieurs mètre en arrière, laissant sur son sillage une fumée noirâtre et une odeur de brûlé. Elle se retrouve seule dans un coin de l’arène pendant que tous les autres s’affrontent. Elle se concentre alors que des étincelles crépitent au bout de ses doigts. Elle s’avance, progresse calmement vers le centre de l’arène où se déroulent les duels entre les participants. Une fois à proximité des autres combattants qui ne la calculent toujours pas elle dresse ses bras et des flammes surgissent du sol et provoquent un champs flamboyant qui met feu à plusieurs duellistes. Les torches humaines se mettent à courir dans tous les sens, à se rouler par terre pour éteindre les flammes. L’odeur de chair brûlée remplit mes poumons. Ceux qui ne bougent plus ou abandonnent sont rapidement éteints et prit en charge. Un seul combattant en sort indemne, un mage de l’élément opposé, vêtu d’une chemise bleue, d’un pantalon de toile et de bottes de cuir, préservé du feu grâce à une flaque d’eau qui l’entoure. Les deux opposants s’affrontent du regard dans un premier temps, dans une arène noyée sous l’eau et les flammes. Les gradins sont silencieux, seul persiste les cris de douleurs des combattants évacués et soignés.

Des jets d’eau surgissent soudain de plusieurs endroits de la partie inondée et foncent vers la pyromancienne. Elle agite les bras et les flammes de son champs se dressent pour la protéger, formant comme des fouets enflammés. Je ressens d’ici la chaleur de ce brasier animé qui me rappelle le souffle du dragon noir. L’eau s’évapore en percutant les flammes et génère un épais nuage de vapeur qui rend l’air moite. Je sens que la température augmente encore et encore tandis que le nuage s’élève vers les cieux, révélant une pyromancienne à la robe usée, grimaçant de douleur alors que sa peau semble s’assécher au point de tomber.

" De l’acide. " commente Ranlë.

" C’est bien joué. " enchérit le nain qui plisse les yeux.

La jeune femme ne s’avoue pas vaincue pour autant, elle se redresse et darde un regard courroucé vers l’aquamancien alors que les flammes s’agitent à nouveau autour d’elle pour venir lui lécher la peau. Son adversaire l’observe avec les sourcils froncés avant d’élever à son tour des colonnes d’eaux qui restent à proximité de lui. Le public bat des mains en rythme en encourageant les deux mages.

Les deux combattants dressent leurs bras en avant sous les acclamations des spectateurs. Les colonnes d’eaux affrontent les langues de flammes, les sorts s’annulent, tente de s’éviter comme animés d’une volonté propre. Un geyser surgit sous les pieds de la pyromancienne qui dresse ses mains vers le jet, évaporant instantanément le sort qui devait la projeter en l’air. Elle s’en écarte rapidement pour éviter un autre nuage acide tout en projetant une boule de feu de sa main. Celle-ci fonce vers l’aquamancien qui la contre à l’aide d’une façade aqueuse qui se dresse devant lui. Le public hurle son excitation et sa fascination devant tant de magie. J’en suis également impressionné, ébahi devant un tel déchaînement de puissance. L’eau sous les pieds du mage bleu commence à bouillir et un brasier s’élève du sol pour l’encercler. La chaleur ici est déjà suffocante, je n’ose même pas imaginer ce qu’il doit subir là dedans. Pourtant la colonne de flamme est rapidement dispersées sous une vague qui submerge un peu plus les zones incendiées de l’arène et atteint les pieds de la pyromancienne qui prépare déjà un autre sort. Des flammes s’agitent dans ses mains pour former une boule qui se défait de sa teinte orangée pour prendre une couleur pourpre. Le sort est balancé vers l’aquamancien qui ne semble pas tranquille, il dresse colonnes et murs d’eau pour s’en préserver mais rien n’arrête le sort violet qui explose toutes les protections aqueuses sur son passage et qui semble même en absorber une partie. Elle frappe le mage de plein fouet qui ne peut plus que s’en protéger à l’aide de ses avants bras. Il est projeté en arrière et provoque une onde à la surface de sa flaque d’eau avant d’y retomber sous les acclamations de la foule.

" Vinarah ! Vainqueur ! "

La foule scande son nom tandis qu’elle dissimule du mieux qu’elle peut les parties de son corps rongés par l’acide que révèle sa robe qui subit le même sort. Un garde de l’équipe de sécurité la couvre de sa cape avant qu’elle se retrouve nue et un guérisseur l’irradie immédiatement d'une lumière blanche qui décrispe son visage figé dans une grimace de douleur.

Les huits combattants à poursuivre le tournoi sont donc désignés et il n'y a plus qu'à attendre les prochains combats.


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Message par Xël » dim. 20 oct. 2019 14:38

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La fin de la première phase est célébrée par un bon repas; poulet rôti, pommes de terre, nous avons même le droit à un gobelet de bière par personne. Nous sommes tous installés à la même table et je peux sentir le regard haineux de Garvus pointé sur moi. Il ne supporte pas de me voir à la même table que lui, m’entendre avec les autres participants, notamment Sanavia, la bretteuse, capitaine d’un navire corsaire qui semble bien m’apprécier. Excepté cela, l’ambiance est plutôt bonne. La pyromancienne nous avait rejoint pour manger, sa peau a souffert de l’acide et présente quelques brûlures sur ses mains et ses joues. Ses cheveux se sont également parsemés de tâches grises mais elle n’avait visiblement pas hésité à en couper une bonne partie. Il ne reste pas grand chose de sa robe, rongée aux manches, aux hanches et au dos. Il ne reste que de quoi la couvrir des cuisses au nombril et la poitrine. Elle nous explique avoir refusé de porter un haillon que lui ont proposé les gardes, ce à quoi l’artilleur de Mertar répond qu’en effet sa robe a bien plus de prestance qu’un morceau de tissu troué, déclenchant plusieurs rires autour de la table. Vinarah lui adresse un regard courroucé avant de continuer son repas.

" Que dirais-tu d’augmenter la mise Xël ? "

Les rires cessent et tous pointent leurs yeux vers le mage de terre qui se cure les dents avec un os de poulet.

" Qu’est-ce que tu veux dire ? "

 Celui de nous deux qui perd le premier devra quitter Kendra Kâr. 

Je plisse les yeux, il sait à quel point j’aime cette ville.

" Pour toujours. "

Ajoute-il avec un sourire malsain.

" Ma présence te menace à ce point ? Tu compte défier tout ceux qui ont plus de succès de toi avec les femmes ? Tu va te retrouver seul dans cette cité. "

" Je n’ai pas eu besoin d’avoir du succès avec ta copine Alena. Quand je repense à la manière dont elle se débattait sous moi... "

Je bondis sur ma chaise, frappe du poing sur la table en fusillant le mage du regard. Je le savais mais je n’osais pas y croire, mon sang est bouillant, ma magie prête à exploser. Je ne suis pas le seul à m’être levé. Sanavia avait bondit au même moment que moi, plantant un de ses couteaux dans la table en bois. Elle darde un regard cruel vers Garvus et s’adresse à lui avec une voix déformée par la rage.

" Encore un mot et je tranche la gorge, crevure. "

Il ricane et pointe son regard pervers vers moi en attendant ma réponse. Le voir quitter la cité me soulagerait. Une brute en moins dans les rues. Mais si c’est moi qui devait partir, qui sait ce qu’il pourrait encore faire à Alena, ou à Méli ou pire encore, aux enfants de l’orphelinat. Je repense à l’ancienne reine de Treoof, à la confiance qu’elle me porte. Pourquoi est-ce que je doute tant de mes propres capacités ? J’avais prouvé être capable de vaincre d’autres combattants en un contre un. Prouvé que je pouvais me servir correctement des pouvoirs de Fin’. En me voyant hésiter il ajoute:

" Mais si tu préfères, tu peux abandonner maintenant et on oublie cette histoire de défi. Tu pourras rester ici où tout le monde se moquera de ta lâcheté. "

Un souffle amusé s’échappe de mon nez.

" C’est d’accord trouduc’. Celui qui perd quitte la cité pour toujours. "

Il fronce les sourcils, vexé soit par le fait que j’ai accepté son deuxième défi soit par les gloussements amusés autour de la table qu’a provoqué son petit sobriquet. Dubar rétorque d’ailleurs.

" Trouduc’ ça vous va comme un gant." 

Il déclenche l’hilarité autour de la table. Garvus lui lance un regard haineux qu’il reporte ensuite sur moi.

" Je vous ferais regretter ce moment. "

Il se lève brusquement de sa chaise pour quitter précipitamment la salle. Un garde nous invite à ne pas trop traîner car les combats reprennent tôt le lendemain.

La plupart des participants retournent dans notre pièce commune, pour ma part je me rends à la salle des bains pour me faire une toilette. Installé dans l’eau tiède je repense à la manière dont combat Garvus, si je veux le battre je dois être attentif à la façon dont il se comporte dans l’arène. Son invocation, les pics rocheux et la manière dont il utilise le sol pour immobiliser son adversaire sont des capacités offensives aux quelles je dois faire attention. Mais il y a également ce sort défensif qui le recouvre d’une terre dur qui me turlupine. Comment le battre si je ne peux pas le blesser, si je ne peux pas percer sa carapace de boue. Je ne connais aucun sort qui pourrait en venir à bout. Sauf peut être celui du moine de Khan.

Je dresse à nouveau ma main droite devant moi, paume vers le haut. Positionne ma main gauche par dessus, je façonne une sphère d’air, prenant l’apparence d’une bulle de savon avant de doucement libérer un fluide magique du bout de mes doigts. Je me concentre à la fois pour remplir la sphère et la maintenir en état. La bulle grossit sans se rompre mais elle ne prend pas l'aspect lisse qu’avait celle du moine. Je laisse la bulle se briser, libérant les fluides d’air qui s’écoulent dans mon bain. Je dois faire en sorte qu’elle se renforce et qu’elle reste assez petite pour avoir une plus grande concentration de magie. Je commence à comprendre pourquoi le sort est si puissant, c’est comme un barrage qu’on pousserait à l’extrême. Au moment de craquer, toute la puissance est libérée d’un coup. Je me redresse dans mon bain pour mieux travailler le sort, je remet mes mains en position et génère une nouvelle sphère invisible dans laquelle je déverse encore une fois ma magie, je renforce la boule d’une seconde puis d’une troisième, créant ainsi plusieurs couches superposés. Mais cela rate encore, la sphère fini par se briser et un courant d’air s’en échappe en provoquant un sifflement aiguë. Un garde débarque quelques instants après et m’observe, nu comme un ver, debout dans le bain. Je lui offre un sourire niais juste avant qu’il m’ordonne de retourner dans la salle commune sans me laisser le temps de me rhabiller. Demain je me battrais encore, je dois absolument apprendre à maîtriser ce sort.


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((Tentative d'apprentissage du sort Bombe dépressionnaire. Deuxième partie.))
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Message par Xël » lun. 21 oct. 2019 00:20

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Le troisième jour se lève, lentement je me sors de mon lit pour m’apercevoir que je suis le dernier à me réveiller. Je rejoins la cantine après une toilette rapide, juste au moment où Sanavia et Nir quittent la pièce. L’heure du petit déjeuner est déjà passée et on ne me propose que quelques fruits pour me nourrir. Mon appétit est revenu et je meurs de faim depuis que j’ai effectué mes nombreux essais hier soir. J’attrape donc une pomme, une poire et quelques noix avant de retourner dans la salle commune pour regarder l’arène se remplir à ras bord. Deux d'entre nous sont absents et nous nous attendons à les voir surgir dans l'espace de combat d'un moment à l'autre. L’organisateur apparaît finalement sur le balcon principal, juste en face de nous, sous les applaudissements assourdissants des spectateurs déjà installés. Il lève ses mains pour demander le silence.

" Bienvenue au troisième jour de ce tournoi exceptionnel ! Aujourd'hui vont s'affronter les vainqueurs des combats précédents. Ce soir, quatre d'entre eux seulement accéderons à la phase suivante ! "

La foule applaudit tandis que les portes s’ouvrent pour laisser pénétrer l’équipe de sécurité. Toujours anonymes, toujours disciplinés, ils se positionnent pour encercler l'espace de combat sous les acclamations du public.

" Sans plus attendre ! Accueillons les premiers combattants ! Le capitaine Sanavia et Nir le Woran invincible ! "

L'édifice tremble sous les acclamations des spectateurs. Les participants avancent sur le sable jusqu'à ce qu'il n'y ait que quelques mètres entre eux. La bretteuse retrouve sa posture assurée, lame vers le bas, le visage concentré. Le Woran, séparé de son attelle, roule des épaules en gonflant sa poitrine tout en émettant un grognement qui résonne dans toute l'arène et amène le silence dans les gradins.

" Comment va-elle faire alors que le sort du moine n'a pas réussi à le mettre hors combat ? " m'inquiétais-je.

" Elle ne semble pas s'en inquiéter. " Répond d'une voix tranquille l'Hinionne.

La trompette sonne et le public accompagne le rugissement du Woran avant qu'il ne charge son adversaire. Un premier coup de griffe est tenté, esquivé facilement par Sanavia qui ne cherche pas à riposter. Nir pivote pour se servir de sa queue, voulant user de la même technique qu'il a utilisé contre le moine pour l'empêcher d'esquiver ses coups. La bretteuse saute pour éviter le coup qui rase le sol. Elle dresse son bouclier en usant de ses deux bras pour bloquer la patte qui vient s'y écraser avec fracas et l'oblige à reculer. Elle exécute ensuite une roulade pour éviter l'autre patte qui tente de l'attraper, elle se saisit d'un couteau à sa ceinture et le plante dans la cuisse de la bête qui pousse un cri enragé. Elle avait tenu le premier assaut et décide à présent de mener l'attaque. Elle fait un pas en avant pour se retrouver au plus près du corps musclé, elle attrape un autre couteau à sa ceinture qu'elle plante dans le flanc de son adversaire. Elle se décale sur le côté, lui ouvrant une plaie béante qui projette du sang sur le sable. Elle se sépare de sa fine épée pour saisir une autre lame courte avec lequel elle fait subir au Woran enragé une autre coupure sévère dans le dos. Elle se baisse pour éviter un autre coup, restant toujours au plus près du corps de son ennemi. Nir tente de la piétiner, plus je l'observe et plus il me fait penser au Troll d'Ynorie. Incroyablement fort et résistant au prix d'une précision et d'une agilité qui lui font terriblement défaut face à la bretteuse qui taille encore de ses deux lames son corps, tranchant l'arrière de ses genoux, le forçant à se pencher en avant. Elle entreprend alors d'escalader le colosse, se servant de ses lames en les plantant dans son dos. Agile, elle grimpe en deux pas avant de sauter pour planter ses lames dans le crâne du tigre. Voyant la fin du combat approcher, les gradins hurlent pour encourager la bretteuse. Mais le Woran fait alors son tout premier mouvement défensif du tournoi. Il protège sa tête et sa nuque en les recouvrant de ses énormes bras. Un casque de chair et de muscles qui l'empêche de se faire trouer le crâne. Il se redresse ensuite violemment, projetant la bretteuse en arrière
qui retombe lourdement sur le sable. Le Woran rugit avec la foule qui scande son nom tandis que Sanavia se relève et constate qu'elle n'a plus d'armes sur elle. Sa lame étant aux pieds de son adversaire et ses couteaux plantés dans différentes parties du corps de son opposant, agité par une respiration haletante. La bête charge et Sanavia dresse son bouclier pour se protéger, elle se préserve d'une blessure grave mais elle est tout de même projetée à nouveau au sol, à la merci de son assaillant qui se dresse au dessus d'elle. Le poing du tigre s'abat, elle roule sur le côté pour éviter que son crâne soit écrasé et parvient même à récupérer une lame planté dans le poignet du Woran qui lève son deuxième bras, prêt à écraser le visage de la jeune femme. La bretteuse se défend, projetant son pied dans l'entrejambe du tigre qui suspend son geste en poussant un couinement douloureux. J'entends un ricanement provenant de la pyromancienne à ma droite.

" Un homme reste un homme après tout. "

Un "wouuuh" douloureux s'élève d'ailleurs des hommes dans les gradins qui se transforme ensuite en cri de douleur quand Sanavia se redresse pour toucher le même endroit avec la lame de son couteau, rependant du sang sous les pieds du Woran. A mes côtés, les hommes frémissent tandis que le Woran porte ses bras à ses parties en criant de douleur, laissant le temps à la bretteuse de se précipiter vers son épée. Nir réagit, conscient qu'il est en situation délicate. Il s'élance en avant et parvient à griffer la cheville de son adversaire qui lâche un cri de douleur. Du bout des doigts elle réussi tout de même à atteindre le manche de sa lame. Le Woran lui saute dessus, toute griffes dehors en rugissant. Elle se retourne et lève son arme en poussant un cri de guerre qui amène le silence dans les gradins. Seul le souffle entrecoupé de la bretteuse s'élève dans l'arène. Le Woran ne bouge plus, immobile au dessus du corps de la duelliste. Une épée plantée dans le cœur, son corps glisse petit à petit le long de la lame où un filet de sang s'écoule au goutte à goutte sur le visage de la combattante qui gémit désormais d’effort pour ne pas se faire écraser par le corps sans vie de son adversaire.

" Sanavia ! Vainqueur ! "

L'équipe de sécurité réagit, empêchant le corps du mastodonte d'écraser la fine guerrière, elle reste un instant allongé dans le sable alors que les applaudissements commencent à retentir. La foule l'encourage à se relever pour apprécier pleinement sa victoire. Elle obéit, se roule sur le côté, se redresse sur les genoux et lentement se relève, fièrement, la poitrine bombée, le dos droit, ignorant la douleur à sa jambe. Elle dresse un poing fermé vers le ciel en signe de victoire.


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Re: L'Arène

Message par Xël » mar. 22 oct. 2019 14:11

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" Numéro 35 et 42. C’est votre tour. "

Dubar et Garvus se lancent un regard avant d’observer le garde qui n’attend pas et sort de la pièce en demandant aux combattants de ne pas traîner. Le mage de terre lui emboîte le pas sans nous adresser un regard. Quand le nain se met en marche je l’interpelle en tendant vers lui une étrange rune dont j’avais fait l’acquisition.

" On m’a dit que vous utilisiez des runes, peut être que celle là pourrait vous être utile. "

Il l’observe un court instant avant de sourire.

" C’est gentil mon garçon mais je la possède déjà en plusieurs exemplaires. En revanche... "

Il fouille dans une des nombreuses poches de cuir cousu à son gilet et tend vers moi deux runes.

" Celles là vous seront peut être utiles. "

Il me les mets dans la main avant de tourner les talons pour sortir après avoir incliné une dernière fois la tête avec respect dans notre direction. La foule est en effervescence et attend impatiemment la prochaine rencontre. L’organisateur reprend la parole et annonce d’abord que le Woran ne s’en est pas sorti mais qu’il est mort avec honneur. Le public applaudit sans un mot pendant de longues secondes pour lui rendre hommage avant que le Varrockien poursuive en présentant les prochains combattants.

" Accueillons Dubar, l’artilleur de Mertar, le brise ombre ! Et Garvus le duelliste de pierre ! "

Les applaudissements sont frénétiques mais tous sont dirigés vers un seul combattant, le nain. Le public se lève pour l’applaudir, scander son nom et l’encourager. J’aperçois le visage de Garvus se déformer de rage et de jalousie alors que Dubar reçoit finalement les honneurs de sa victoire précédente. Mais le mage de terre ne le voit dans doute pas de cette façon et son regard brille d’une lueur malsaine. La trompette sonne le début de la rencontre et l’artilleur tente d’en finir rapidement en se saisissant d’une arbalète pour tirer un projectile. Garvus réagit en dressant une paroi de pierre devant lui, il s’en échappe l’instant d’après une statue de sable durcie qui fonce vers le nain à toute vitesse. Celui-ci attrape deux runes dans ses besaces et les colle l’une contre l’autre. Une autre créature de roche apparaît sous les acclamations surprises de la foule. Les deux colosses s’entrechoquent en produisant un vacarme qui fait penser qu’une montagne s’effondre au centre de l’édifice. L’artilleur se décale, dévoile l’arbalète réduite sous sa manche et tire un carreau qui s’enflamme et provoque une explosion en atteignant sa cible. La fumée se disperse rapidement pour dévoiler Garvus, à l’abri sous son armure de terre, complètement indemne. Je fronce les sourcils, ce maudit sort, comment faire pour le briser ?

Le nain repasse à l’offensive, recharge rapidement son arbalète et tire un nouveau projectile vers les pieds de son adversaire, alourdit par son propre sort il ne peut pas l’éviter et ses jambes se font piéger dans le même amas de glace que le guerrier nain lors des jours précédents. Dubar saisit l’arbalète géante dans son dos, se met à genoux pour se stabiliser et laisse claquer la corde de son arme, projetant un long carreau qui transperce l’armure de roche et la nouvelle paroi de pierre que le mage avait dressé devant lui pour se protéger. Celle-ci avait tout de même eu l’utilité de dévier le projectile pour lui éviter une blessure mortelle. Le sort se fragilise et tombe en morceau en révélant le visage tordu de douleur du mage.

" Il a réussi ! "

M’exclamais-je. Un choc assez violent pouvait donc briser son armure. Mais le mage n’est pas encore vaincu, il brise et extirpe le carreau de son corps en rugissant de douleur tout en appliquant une sorte de boue sur ses plaies qui cessent de saigner. Il dresse ensuite ses bras vers le nain et une faille commence à s’ouvrir sous ses pieds. Dubar se met à courir pour éviter la fissure qui le poursuit, elle se détourne soudain de lui pour foncer vers l’invocation de terre du nain toujours en combat singulier contre l’invocation du mage. La créature de Garvus prend l’avantage quand son adversaire tombe dans le trou, profitant de son déséquilibre, elle abat son poing de roche comme une masse sur le crâne de son adversaire qui s’effondre sur lui même. L’artilleur y trouve une ouverture pour recharger son arbalète géante mais le public lui crie de faire attention. Derrière lui s’élève du sable une autre silhouette qui ressemble à Garvus. Prévenu par la foule, l’artilleur se retourne et projette son carreau vers elle. L’invocation explose en projetant des gravats qui touchent le nain. Il tombe au sol, étourdi par un bout de roche qui lui percute la tête. Il tâte le sol à la recherche de son arme mais le golem de roche est déjà à côté de lui et écrase l’arbalète sous son pied rocailleux. Avant que le nain ne puisse faire un geste, un pic rocheux lui traverse la poitrine. Garvus s’était libéré de sa prison de glace et s’approchait maintenant de son adversaire en libérant sa magie. Une couche de sable commence à recouvrir le corps de l’artilleur qui essaie de se débattre pour ne pas avoir la tête sous le sable. Comme prit dans des sables mouvants, plus il s’agite et plus il s’enfonce pour finalement totalement disparaître sous la surface sableuse qui s’agite encore. Finalement une main s’en extirpe, paume ouverte, signe de l’abandon. L’équipe de sécurité agit simultanément, extirpant par magie le corps de nain qui toussote et crache du sable tandis que le Varrockien, maître du tournoi, annonce:

" Garvus ! Vainqueur ! "


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Re: L'Arène

Message par Xël » mar. 22 oct. 2019 16:16

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Neutraliser l’invocation, briser son armure et se méfier de là où je met les pieds. Je recommence à douter en voyant Garvus quitter l’espace de combat sous les acclamations. Je croise mes bras pour cacher mes mains tremblantes alors qu’un garde vient chercher les combattants suivants. Il ne reste plus que moi et la pyromancienne dans la pièce. Elle se tourne vers moi pour m’adresser la parole d’un ton agacé.

" Si vous pouviez arrêter de réagir comme si vous m’aviez déjà battu, j’apprécierais. Vous devriez vous concentrer sur votre combat à venir plutôt. "

Elle a raison, je me tourne vers elle, le visage encore plein de doute. Elle s’était aussi montré impressionnante dans l’arène. Capable de contrôler les flammes autour d’elle, elle pourrait me carboniser si je la prends à la légère. Je l’observe avec plus d’attention et cela semble la gêner. En tenue légère, elle dissimule son ventre et son cou de ses mains.

" Arrêtez de vous rincer l’œil ! "

Je laisse mon visage se fendre d’un demi-sourire amusé alors qu’elle se tourne vers l’arène en s’efforçant de baisser le peu de tissu rouge qu’il lui reste pour cacher le haut de ses cuisses. Je me tourne également pour observer les deux combattants en armure lourde qui s’avancent sous un tonnerre d’applaudissements. Celelas le Sindel et Ranlë l’Hinionne se font face, l’un dresse son bouclier et sa lance, l’autre sa masse à deux mains qu’elle laisse poser sur son épaule. Le silence se fait dans l’arène et la trompette secoue les gradins qui hurlent à pleins poumons quand le paladin fonce vers la phalange. Sa masse s’irradie de lumière alors que la combattante pivote sur elle même pour se donner de l’inertie, le Sindel raffermit sa prise sur son bouclier, se crispe, prêt à recevoir le coup. Le choc est phénoménal, il fait trembler le sol de l’arène alors qu’un nuage de sable se soulève. On peut y apercevoir deux silhouettes en mouvement et un bruit de fracas d’armes s’en échappe. La poussière retombe pour dévoiler les deux combattants combattre avec hargne, le bouclier de la phalange, brisé en dizaines de morceaux sur le sol. Le Sindel fait tournoyer sa lance au dessus de sa tête avant de frapper avec force vers la paladine qui se baisse et riposte d’un coup de manche. Celelas recule mais parvient à parer l’enchaînement qui lui aurait percuté le torse. Les deux combattants utilisent leurs armes avec une maîtrise incroyable, d’ici je pourrais croire que ce qu’ils agitent ne pèse rien. Une lumière blanche irradie soudain la combattante, forçant le Sindel à détourner le regard. Un trait de lumière le percute juste après, le projetant en arrière. Il retombe lourdement dans le sable et la foule pousse une acclamation alors que l’Hinionne s’apprête à abattre sa masse irradiée de lumière sur son adversaire. Celelas dresse sa lance au dessus de lui et parvient à dévier le coup et même blesser la paladine. Celle-ci tombe à son tour sur le flanc, l’armure percé et dégoulinante de sang. Les deux combattants parviennent tout de même à se relever et le Sindel charge, craignant sans doute que son adversaire se serve de sa magie pour se soigner. Il prends le contrôle du combat et fait reculer l’Hinionne sous ses offensives. Elle dresse sa main, le phalange pivote, évitant de justesse un autre trait de lumière qui va percuter le mur d’enceinte et fait hurler la foule. Il pivote encore pour se placer derrière son adversaire et fauche ses jambes à l’aide de son arme. Un autre trait de lumière jaillit alors que la combattante tombe au sol, le casque de la phalange s’envole, l’empêchant de porter le coup qui devait en finir avec la rencontre. La lance se plante dans l’épaule de l’Hinionne qui rugit de douleur. Malgré la blessure qui se dessine sur le visage découvert du Sindel, il ne lui laisse pas le temps suffisant pour se séparer de la lame qui l’épingle au sol. Il saisit alors une lame courte à sa ceinture et la pose sur le flanc de la paladine où l’armure est brisée. L’Hinionne cesse de bouger et lève une main pour abandonner, comprenant qu’elle a perdue.

" Celelas ! La phalange de Nessima ! Vainqueur ! "

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Re: L'Arène

Message par Xël » mer. 23 oct. 2019 16:19

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J’entends les acclamations à travers les lourdes portes de bois et de fer. Mon nom est scandé avec entrain. C’est le dernier combat de la journée mais la foule est loin d’être à court d’énergie. Ils réclament le Plieur d’Espace. Un léger sourire se dessine sur mes joues.

(Tu entends ça Fin’ ?) Pensais-je en songeant à mon ami Esserothéen.

J’inspire et expire une dernière fois en entendant l’organisateur annoncer la rencontre, je sautille sur place et agite mes doigts comme si je voulais faire tomber une couche d’angoisse qui ramperait sur ma peau. Il ne reste plus qu’une place pour la phase suivante et elle doit me revenir. Je n’ai pas le droit de perdre. La foule hurle alors que les portes s’ouvrent, je m’avance sur le sable chaud d’une démarche assurée en dardant un regard déterminé vers Vinarah, la pyromancienne. Comme les autres, nous nous figeons à quelques mètres l’un de l’autre. Le public bat des mains en rythme de façon lente et régulière avant que le silence recouvre l’arène en attente du coup de trompette. Moi et mon adversaire nous ne nous quittons pas des yeux, face à face, nos mains s’agitent près de nos ceintures, les pieds légèrement écartés, nous frémissons en attendant le signal de départ. Une brise traverse l’arène, soulevant légèrement le tissu rouge de la pyromancienne qui le rabat d’une main sans me quitter du regard.

Le coup d’envoi est donné, nous brandissons tous les deux une main en avant pour balancer nos sorts, une gerbe de feu jaillit de sa main tandis qu’une bourrasque de vent s’échappe de la mienne en soulevant le sable sur son passage. Les deux sorts se percutent et créent une tornade de flammes qui s’élève vers les cieux pendant quelques secondes sous les acclamations surprises du public. Nous enchaînons avec deux autres sorts de nos éléments respectifs qui provoquent des phénomènes similaires sous les yeux d’un public ébahi et exalté par le déchaînement de magie. Quand la lourde couche de poussière retombe j’aperçois mon adversaire préparer cette étrange flamme pourpre, celle qui était passé à travers les murs d’eau de l’aquamancien. La flamme fonce vers moi, en un instant je créer un portail pour m’échapper de sa trajectoire, me retrouvant à un autre endroit dans l’espace de combat. Vinarah me cherche du regard, j’en profite pour relancer une bourrasque vers elle, le bruit et la poussière qui se soulève attire son attention et elle contre mon sort d’une autre gerbe de flamme. Cependant la tornade enflammée qu’elle provoque est plus proche d’elle que les précédentes et elle est forcée de protéger son visage derrière ses poignets. J’en profite pour m’ouvrir un nouveau portail dans lequel je m’engouffre pour surgir juste derrière elle en préparant un nouveau sort. Elle s’aperçoit de ma présence et mon corps me crie de me mettre à l’abri quand je distingue sa peau se couvrir de flammèches. Un nouveau portail s’ouvre devant moi pour me permettre de fuir à l’autre bout de l’arène juste avant qu’une nova de flammes embrase le sol autour de la magicienne avec une vitesse et une violence inouïe. Je ressens la chaleur que je viens d’éviter sur ma peau, le souvenir du souffle draconique me fait transpirer d’avantage. Elle darde un regard courroucé vers moi en se dressant fièrement au milieu de son champ de flammes. Elle lève les mains et son brasier réagit en élevant deux gerbes de flammes à sa hauteur. Je plisse les yeux, elle était donc bien capable de contrôler du feu, pas seulement d’en invoquer. Grâce à ce brasier au sol elle pouvait donc profiter d’une réserve inépuisable de magie. Elle dresse soudain ses bras et un mur de flammes s’extirpe de son brasier pour parcourir l’espace de combat, m’emprisonnant dans une cage qu’elle peut contrôler à volonté. Je m’avance en courant pour éviter les parois qui se referment juste à l’emplacement où j’étais, clôturant ainsi ma prison embrasée. Je fronce les sourcils et serre la mâchoire alors que le visage de mon adversaire se fend d’un sourire satisfait juste avant qu’elle ne passe à nouveau à l’attaque. Une vague de flamme surgit vers moi à toute vitesse, déposant encore des foyers sur le sable et coupant mon espace de combat en deux. Je m’extirpe de la trajectoire du sort à l’aide d’un portail pour en ouvrir un autre immédiatement pour éviter une gerbe de flamme provenant du mur infernal qui me fonce dessus. Je contre une troisième flamme à l’aide d’une bourrasque qui la repousse loin de moi et m’ouvre un nouveau portail pour m’échapper avant qu’une langue de flamme ne me lèche le visage. Je suis complètement harcelé et chaque offensive de la pyromancienne réduit les zones où je peux apparaître sans me brûler. Si je n’éteint pas ces flammes, je suis perdu.

J’évite encore un sort brûlant en traversant un autre portail et j’essaie d’en rediriger un vers elle mais celui-ci lui caresse la peau sans la brûler. Je dois réfléchir mais toute mon attention est portée sur le fait de ne pas finir en poulet rôti. Une autre boule de feu me fonce dessus, je dresse mon bras vers elle et laisse ma magie s’échapper, créant une nouvelle tornade enflammée qui s’élève dans les cieux. Je sens mon bras devenir douloureux, cette fois les flammes étaient trop proche. Mon regard est happé un instant par les flammes qui s’élèvent. Le souvenir de Treoof me revient en tête, une tornade similaire avait enflammé les palissades de bois de la cité. Une lumière s’allume dans mon esprit, je me souviens comment j’avais essayé d’éteindre l'incendie. Je m’ouvre un nouveau portail pour me mettre dans une autre zone épargnée par les flammes, me donnant un court moment de répit pour repenser à ce moment. J’avais pensé à l’étouffer comme on éteint la flamme d’une lanterne. Mon esprit créer un lien en une demi-seconde avec mon entraînement au monastère de Khan, l’exercice où je devais maintenir la bougie allumé en générant une bulle d’air pour ne pas qu’elle étouffe. Je devais faire l’inverse, déposer dans l’arène une cloche d’air que je pourrais vider d’air pour étouffer les flammes. Je contre encore un sort de flamme et m’échappe à nouveau à travers un portail en visualisant mon sort. J’imagine l’arène comme une immense lanterne dans laquelle l’huile c’est renversée et a enflammé tout le support, j’y rabat la cloche de verre pour priver d’air les flammes qui commencent rapidement à suffoquer et à s’éteindre. Tout comme la bougie dans cette cave perdue dans les tréfonds du monastère. Mais rien ne se passe, ma magie ne semble même pas agir, les flammes continuent de danser comme si de rien n'était. Une nouvelle langue de de feu vient me lécher la jambe avant que je ne traverse un portail, mon visage se crispe et mon regard cherche désespérément un endroit que les flammes n’ont pas encore envahi. Je dois me dépêcher, je me concentre sur une zone plus petite que tout l’espace de combat. Mon attention se dirige vers la pyromancienne, j’y dessine dans mon esprit un cercle de quelques mètre qui l’entoure. J’ignore les acclamations exaltés de la foule et les crépitements du brasier qui m’entourent de part en part pour me concentrer. Je visualise une bulle qui se forme dans ce cercle et cherche à y contrôler l’air présent pour qu’il en sorte. Ça peut marcher, ça doit marcher. Je libère ma magie, générant la bulle invisible autour de la magicienne en y repoussant l’air présent à l’intérieur. Je cherche à prendre mon temps, vidant l'air peu à peu même si chaque seconde est un risque de plus de finir carbonisé. Je reste concentré pour éviter les attaques flamboyantes tout en aspirant petit à petit la magie de la bulle autour de la magicienne. Une autre zone s'enflamme, brûlant ma cuisse avant que je ne puisse m'en échapper, les zones sûres se font rares et elle parvient même maintenant à me prendre de vitesse en devinant où je vais apparaître. J'ignore la douleur, l'odeur de chair brûlé et la manche de ma tunique qui prend feu. Mon seul espoir est de réussir ce sort. En regardant dans sa direction, je remarque qu'elle fait une drôle de grimace en portant la main à son cou. Autour d'elle, les flammes commencent à vaciller et s’atténuer. C'est le moment, j’ouvre un autre portail qui me mène à l’intérieur de la bulle, je prends une grande bouffée d’oxygène avant d’y pénétrer alors que les flammes autour d’elle rétrécissent encore pour finalement ne devenir que des flammèches sur le sable brûlant. Je suis à quelques centimètres d’elle, les joues gonflées par l’air inspiré avant de rentrer dans ma cloche à lanterne. Elle m’observe avec un regard surpris alors qu’elle suffoque, trop ahurie pour réagir. Ma main se pose contre son torse et je libère ma magie. En un instant, des volutes grises s’agitent autour de mon bras et la projette avec violence à travers ma zone dépressurisée.

Je tape sur ma tunique pour éteindre les flammes étouffés par le manque d'air avant de laisser ma bulle éclater, me permettant de respirer à nouveau normalement et de me redresser fièrement dans une zone à l'incendie trop faible pour être un danger. Le public m’acclame, applaudit à tout rompre et fait trembler l’édifice sous les piétinements frénétiques qui redoublent d’intensité quand ils distinguent que Vinarah se redresse pour continuer le combat. Ils en veulent encore.

La pyromancienne repasse à l’attaque et m’envoie une nouvelle boule de feu mais maintenant que je sais comment me débarrasser des zones de flammes je me contente de contrer son sort d'une bourrasque sans chercher à fuir, provoquant une grimace agacée sur le visage de la jeune femme. Ce problème est réglé mais je ne sais toujours pas comment la battre définitivement, je l’ai eu par surprise une fois mais je ne pense pas pouvoir recommencer. Je dois trouver autre chose. Trouver la faille dans sa défense. La pyromancienne tourne la tête avec colère quand elle entend un sifflement aguicheur venant du public. Je cligne des yeux alors qu’un sourire s’étale sur mes joues. Je sais comment faire. J’envoie une bourrasque que la pyromancienne contre sans trop d’effort. J’envoie un deuxième sort, un filet d’air moins puissant qui frôle le sol en soulevant à peine le sable et qui vient caresser les chevilles de mon adversaire pour ensuite remonter le long de ses cuisses et soulever ce qui reste de sa robe, dévoilant aux spectateurs sa petite culotte. Je m’ouvre un portail me menant à côté d’elle alors qu’elle rabat son bout de tissu écarlate sur son sous vêtement des deux mains, trop préoccupé par sa pudeur pour me remarquer. J’accumule les fluides autour de moi et les libères d’un seul coup pour frapper avec un vent infernal la magicienne. Elle est projetée au loin, j’ouvre un portail sur sa trajectoire qui la redirige vers le mur de l’arène qu’elle percute avec force. Elle retombe sur le sable, inconsciente.

La foule bondit pour se redresser et m’acclamer. Je lève les bras en criant de joie, accompagné par le public quand l’organisateur annonce avec énergie ma victoire. A nouveau je cherche des visages connus parmi la foule mais la vague humaine qui s’agite m’en empêche. Peu importe je sais que Sheeala et Méli sont là quelque part et qu’elles peuvent être fières de moi.


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((Tentative d'apprentissage du sort Zone de dépressurisation))
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Re: L'Arène

Message par Xël » ven. 25 oct. 2019 14:40

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Comme lors des rencontres précédentes, c’est quand l’excitation du combat redescend que je ressens la fatigue et la douleur. Ma peau découverte est rougie par la chaleur et mes bras présentes des brûlures douloureuses alors que mon armure est noircie ou calcinée, usée par la chaleur des flammes. Un guérisseur s’occupe de mes blessures dans un couloir des dessous de l’arène. Toujours masqué, il s’adresse à moi d’une voix grave alors qu’il impose sa main irradié d’une chaude lumière blanche sur mes brûlures.

" C’était un beau combat. "

" Merci. Est-ce qu’elle va bien ? "

" Oui. Oui. Elle a reprit conscience quelques minutes après la fin de la rencontre. Elle est assez vexée, gênée et elle a quelques bosses mais rien de grave. "

Je soupire, rassuré. Je ne me rend compte que maintenant que je ne maîtrise pas la force de mes sorts. Je devrais faire attention pour ne pas provoquer un accident. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient si puissant d’ailleurs. J’avais peur de ne pas passer la première phase du tournoi mais avec le recul et le combat que je venais de mener je me rend compte que combattre les neufs participants précédents n’avait pas été si difficile que ça. Si ça devrait me rassurer c’est pourtant une nouvelle sensation d’angoisse qui s’empare de mon estomac. A quel point les prochains combattants à affronter allaient être fort ?

" Tout va bien ? "

Demande le guérisseur en me voyant trembler.

" J’ai juste peur. "

Dis-je avec un sourire crispé. Il incline la tête et termine ses soins avant de déclarer qu’il ne peut rien faire pour mon équipement et m’invite à rejoindre les autres participants. La journée de combat est déjà terminée et il reste une bonne partie de l’après midi avant que le soleil ne se couche. Les gradins sont toujours pleins et profitent d’autres divertissements pour laisser le temps aux combattants de se reposer. Je rejoins Sanavia, Celelas et Garvus dans le réfectoire pour prendre un repas bien mérité. Garvus mange à l’écart des autres et me lance un regard différent de d’habitude, toujours méfiant avec une pointe de jalousie mais le mépris condescendant qu’il avait jusque là à mon égard semble s’être effacé de ses yeux. Peut être qu’il admet enfin que je peux être un concurrent sérieux. Celelas m’adresse un signe de la tête respectueux avant de quitter la pièce, je m’installe donc face à la bretteuse qui m’adresse un sourire.

" Ca va ? Pas trop de bobo ? "

" Le guérisseur s’est occupé de mes brûlures. "

" Sympa le coup de la petite culotte. "

Je lève les yeux de mon assiette pour les plonger dans ceux de la jeune femme qui se retient un instant avant de pouffer. Je ris à mon tour en repensant au visage de la pyromancienne quand sa robe s’est soulevé. Nous partageons un fou rire incontrôlable qui nous fait sûrement du bien à tous les deux, interrompu par le mage de terre qui se lève brusquement de sa chaise pour quitter la salle en jetant un regard mauvais vers la bretteuse qu’elle lui rend sans ciller. Mon sourire s’atténue et j’attends que Garvus quitte la pièce pour prendre la parole.

" Ca ira pour demain ? "

" Toutes les armures ont une faille. "

Déclare elle d’un air assurée en faisant sans doute référence à la couche de terre qui protège l’invocateur depuis le début du tournoi. Nous échangeons encore quelques mots sur les rencontres qui ont eu lieu avant de nous séparer pour vaquer à nos occupations. Pour ma part je trouve un endroit tranquille pour percer le secret du sort qu’a lancé le moine de Khan. Je commence par méditer de longues minutes pour faire le vide dans mon esprit et me débarrasser de l’angoisse des rencontres de demain, je recharge mon énergie magique en me concentrant sur mon élément comme je l’ai appris au monastère. Je refais le point sur ce que j’ai déjà essayé. Ma première tentative consistait à simplement accumuler les fluides magiques entre mes mains mais ceux là se dispersaient au lieu de se concentrer. J’ai ensuite essayé de les contenir dans une sphère magique qui finissait par craquer, j’ai tenté de l’agrandir pour obtenir une plus grande quantité de fluide emprisonné mais la concentration n’était pas suffisante. Pour l’obtenir j’avais dû forcer la sphère intangible à garder une taille réduite et en la renforçant de plusieurs couches magiques mais elle avait finit pas se fissurer avant que la puissance du sort soit suffisante. Quelque chose m’empêche de remplir cette sphère comme je le devrais et je dois trouver quoi. Je repense à ma rencontre contre la pyromancienne, le temps que j’avais pris pour vider cette bulle autour de la magicienne. Est-ce que c’était l’air contenue dans la sphère qui prenait trop de place ? Je me redresse et me met en position comme les fois précédentes. Je génère d’abord une sphère transparente, perceptible uniquement par les reflets gris bleus qui la parcourent. Ensuite, d’une main j’aspire l’air que contient la sphère et de l’autre je libère un flux de magie de vent pour la remplir. La sphère se remplit lentement, prend une couleur grisâtre semblable à celle du moine. L’apparence me convient mais j’ignore si la puissance est similaire, difficile pour moi de le tester, je serais obligé de le faire en situation de combat. En l’inspectant de plus près je remarque un détail qui me chiffonne encore. De loin, dans les mains du moine, je pouvais voir que la magie était agitée, déchaînée comme une tempête. Moi, j’avais bien un courant d’air visible, mais il était calme, régulier, loin du tumulte d’une tornade. De la sueur commence à couler le long de mes tempes, maintenir un sort si complexe me demande beaucoup d’énergie mais je m’efforce de rester concentré. Comment agiter un fluide magique dans une sphère close ? Un vieux souvenir surgit dans mon esprit, je me revois beaucoup plus jeune, jouer avec un fin courant d’eau dans les rues de Kendra Kâr sous une pluie battante. Laissant glisser un bout de bois censé représenter un navire le long du fil d’eau, son voyage était paisible jusqu’à ce qu’un obstacle bloque une partie de l’écoulement. Je me souviens qu’à l’extrémité de l’obstacle l’eau boueuse formait comme un tourbillon et que le modèle réduit du navire en avait fait un tour sur lui même avant de poursuivre sa route. Je cherche au fond de moi ce qu’il reste de magie et de concentration pour dresser dans ma sphère des parois magiques pour troubler le courant régulier de mes fluides. Mon visage se fend d’un sourire quand je vois apparaître les nombreux tourbillons sous la surface venteuse. Une tempête semble à présent se déchaîner à l’intérieur de la sphère magique, lisse comme du verre et contenant une fluide magique gris comme un nuage qui apporte le pire des orages. J’ai réussi.


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((Tentative d'apprentissage du sort Bombe dépressionnaire. Troisième partie. ))
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Re: L'Arène

Message par Xël » sam. 26 oct. 2019 15:46

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Je rejoins le Sindel dans la pièce servant de gradins. De l’autre côté des barreaux, la foule enthousiaste est encore venu nombreuse et attend avec impatience la prochaine rencontre opposant Sanavia à Garvus. La fin du tournoi approche et l’exaltation s’en trouve décuplée, même les gardes de l’arène ne pouvait s’empêcher de parler des combats à venir en glissant leurs pronostics. De ce que j’ai entendu, beaucoup misent sur une victoire de Garvus en final contre moi. Je déglutis en y repensant, perdre la finale ne me dérangerait pas si ça ne signifiait pas pour moi de quitter la cité blanche à tout jamais. Mais pour l’instant les combats ne sont pas encore fait, Garvus doit affronter une bretteuse que la rigueur et la concentration à mené jusqu’ici. Moi, je devrais faire face à un combattant inflexible de deux mètres de haut qui n’a pas subit un seul coup jusqu’à l’affrontement contre la paladine. Je jette un regard discret vers lui, se maintenant toujours droit comme un poteau, les bras croisés, affichant un air imperturbable en regardant le sable. Chaque armure a une faille m’avait dit Sanavia, mais ce type est littéralement une armure.

L’organisateur annonce la prochaine rencontre et les combattants s’avancent dans l’arène sous les acclamations. Garvus ne s’est pas séparé de son regard haineux et Sanavia arbore à nouveau son visage déterminé et impassible. La trompette sonne et Garvus invoque son colosse de terre l’instant d’après pour l’envoyer vers la bretteuse qui dégaine sa lame en courant droit dessus. Elle exécute une roulade pour passer à travers les bras qui tentent de la saisir et poursuit sa course, courant droit vers le mage de terre qui brandit vers elle des pics rocheux. Sanavia démontre à nouveau son agilité en les évitant, elle prend appuis sur l’un d’eux pour bondir et envoyer un projectile vers le mage qui se recouvre de son armure de terre. Le couteau ricoche et la bretteuse continue sa course pour parvenir enfin au corps à corps. Garvus ornent ses poings de sable et tente de frapper son adversaire qui se montre assez rapide pour esquiver ses coups. Mais comme je m’y attendais, ses ripostes ne parviennent pas à entailler la couche de terre. L’invocation entre dans la mêlée et la fine-lame se retrouve à deux contre un. Elle pivote, danse au milieu des coups en arborant toujours ce regard concentré. L’invocation lève son poing et tente un crochet pour frapper la capitaine pendant sa pirouette mais elle se baisse soudainement et le coup du golem percute de plein fouet le flanc du mage sous les cris surpris de la foule. Garvus se cambre sous la force de sa propre invocation alors que son armure s’effrite. Sanavia saisit l’occasion, s’empare d’un couteau à sa ceinture pour le planter dans la faille sous les acclamations du public. Garvus rugit de douleur et tente un mouvement de bras colérique pour chasser la bretteuse. A côté de moi, j’entends un soufflement nasal amusé de la part du Sindel dont le visage se fendille d’un mince sourire avant de reprendre son sérieux habituel.

L’invocation continue de poursuivre la bretteuse qui esquive encore chaque coup, cherchant constamment à se mettre entre les combattants pour qu’ils se frappent eux même. Garvus fait surgir du sol un épieu qui frôle le visage de son adversaire mais qui percute plus violemment encore son invocation. Sanavia pivote, retourne son épée pour la saisir par la lame de ses deux mains et frappe le crâne de Garvus avec la poignée. La couche de terre vole en éclat et le mage tombe à genoux. Le golem de roche fonce vers la bretteuse pour venir en aide à son invocateur. Nouvelle roulade de la part de la duelliste qui se retrouve de nouveau en position pour frapper. Le manche de l’épée percute le flanc de Garvus en provoquant un bruit de roche brisé, le mage se retrouve sur le dos, s’agitant comme une tortue sur sa carapace. La foule acclame Sanavia qui doit encore se concentrer pour éviter les offensives de l’invocation de terre qui semble l’amener où elle le désire, elle sautille par dessus le corps encore étourdi de Garvus et l’amas de roche la poursuit, écrasant le ventre du mage au passage et déclenchant l’hilarité du public. Garvus se tourne pour se redresser. A quatre pattes, il rugit de colère avant de frapper le sol de ses deux points. Une multitude d’épieux en pierre surgissent du sol sur une zone autour de lui. La bretteuse bat en retraite pour éviter les pics mortelles qui apparaissent dans tous les sens. L’un d’eux lui blesse la cuisse, un autre lui déchire sa tunique et écorche son dos. Le colosse lui est traversé de part en part, victime du sort du mage de terre qui se remet debout. Le sort cesse finalement de se propager, mettant une bonne distance entre les combattants. Une distance que Garvus commence à réduire, écartant par magie les pieux sur son passage. Il augmente la cadence, s’alourdit à chaque pas jusqu’à faire trembler le sol de l’arène. Il sort de son champs chaotique pour charger la bretteuse qui se prépare à le recevoir mais le mage pose sur le sol un pied plus lourd et une secousse secoue l’arène et déséquilibre la duelliste. Un instant qui lui coûte cher car le mage parvient à lui frapper le ventre d’un lourd coup de poing. De l’autre main il l’a saisit au cou alors qu’une couche de sable s’élève du sol pour se coller à la bretteuse qui secoue frénétiquement les pieds à plusieurs centimètres du sol. Elle cherche à riposter mais sa lame ne fait que s’abîmer contre la roche qui protège le mage. Elle ne tarde pas à se faire immobiliser les jambes, puis les bras et les mains, la forçant à lâcher son arme avant que le sable lui recouvre la bouche.

" Elle ne peut plus se rendre. "

Fait remarquer le Sindel et qui déclenche chez moi un sentiment d’horreur et d’angoisse alors que la foule commence à applaudir. Je hurle pour couvrir le bruit des gradins.

" Arrête ça enfoiré ! Le combat est terminé ! Elle ne peut plus bouger ! "

Garvus se tourne vers moi avec un sourire mauvais et glisse sa main derrière son oreille en faisant mine de ne rien entendre. J’entends ensuite un craquement sinistre quand l'étau de sable qui maintient une jambe se plie en deux. Un bruit qui fait taire toute l’arène. Un hurlement étouffé s’extirpe finalement de la bouche recouverte de Sanavia alors que ses yeux larmoyants expriment la douleur et la terreur la plus totale. Un deuxième craquement résonne quand ses bras se tordent. Sanavia extirpe l’air qui lui reste dans les poumons dans un hurlement désespéré tandis que la foule pousse des cris choqués. Mon sang bouillonne, la haine que j’avais connu sur Aliaénon refait surface. Je darde un regard meurtrier sur Garvus alors que je laisse ma magie s’extirper de mes bras pour créer un portail me permettant de rejoindre le combat. Je m’apprête à y pénétrer mais une poigne ferme m’en empêche. Le Sindel me retient, usant de ses bras pour me ceinturer. D’une voix ferme il m’ordonne d’arrêter de bouger.

" Si vous voulez le combattre, il faudra d’abord me battre moi. Ne gâchez pas votre chance de cette façon. Les masqués vous en empêcheront de toute manière ! "

Je me débat encore quelques instant avant de hurler de rage et de refermer le portail, abandonnant l’idée de me retrouver sur le sable. L’organisateur venait d’annoncer la fin du combat d’un ton sévère et précipité alors que l’équipe de sécurité agit rapidement et accoure vers les combattants. Sanavia est séparée de sa prison de sable à l’aide d’un sort de vent que je reconnais, expulsant les morceaux de sable durcis autour d’elle. Les guérisseurs s’empressent de lui apporter des soins alors qu’elle s’effondre sur le sable, inconsciente. Les gardes, eux, maintiennent Garvus à bonne distance alors qu’il salue la foule qui l’applaudit mollement, plus préoccupé par l’état de la bretteuse. Toujours maintenue par la Phalange, je l’observe faire le pitre d’un regard noir. L’angoisse et l’inquiétude de combattre Garvus en combat singulier disparaît totalement, il ne subsiste que la rage et la volonté de lui faire mordre la poussière. L’elfe gris me repose sur mes jambes et je lui adresse un regard à la fois désolé et reconnaissant en même temps.

" Je ne pourrais pas me retenir tout à l’heure. "

" J’attends impatiemment mon combat contre vous, je n’en attends pas moins. Offrons au public un bon spectacle. Que le meilleur gagne . "

J’incline la tête avant d’inspirer profondément juste avant qu’un garde fasse interruption pour nous dire de nous préparer.


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Re: L'Arène

Message par Xël » sam. 26 oct. 2019 17:55

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Mon regard est perdu dans le vide alors que je me tiens derrière les portes. Tourmenté par le souvenir du hurlement de la bretteuse et ses yeux larmoyants. Mes poings se serrent, ma mâchoire se crispe, je prends une longue inspiration par le nez et l'expire par saccade entre mes dents serrées. Je vais lui faire payer pour tout. Les portes s’ouvrent sous les acclamations et je me souviens que c’est Celelas que je dois affronter. Il s’avance dans son armure bleu et blanche. Armé uniquement de sa lance et de son épée courte à la ceinture comme son bouclier s’est brisé. Je ne distingue pas son visage derrière son casque rayé mais sa démarche montre qu’il est déterminé. Je m’avance alors que le public scande mon nom et en parcourant rapidement les gradins du regard j’aperçois finalement la chevelure rose de Sheeala, mon visage s’adoucit et elle incline la tête avec un mince sourire. A coté d’elle se tiennent Méli, Bob, Alena, même Aenthus est assis dans les gradins. Méli m’observe et incline la tête à son tour alors que le gros Bob agite les bras comme un fou en hurlant avec les autres spectateurs. Je reporte mon attention sur mon adversaire, la poitrine gonflé par l’émotion d’être soutenue par ceux que j’aime. La trompette sonne et le combat commence.

Le Sindel me charge, couvrant rapidement de ses longues jambes la distance qui nous sépare. Mon aura de vent m’entoure et me permet d’esquiver une lance qui passe devant mon visage. J’ouvre un portail qui me mène derrière la phalange et tend mon bras pour lui envoyer une bourrasque mais il détecte ma présence et me coupe dans mon élan en projetant le bout de sa lance en arrière , percutant violemment mon flanc. Je tombe au sol et l’instant d’après il est déjà au dessus de moi pour me percer de son arme. Une bourrasque soulève le sable autour de moi pour le projeter vers ses yeux, le forçant à suspendre son geste. J’en profite pour m’extirper de ma position délicate, me mettant à bonne portée à l’aide d’un autre portail. Je prépare un autre sort alors qu’il fonce vers moi. Mes fluides s’accumulent avant de foncer vers mon adversaire qui s’arrête de courir pour se placer comme si il attendait une charge ennemi avec un bouclier. Le vent le percute mais lui ne bouge pas d’un pouce, les pieds solidement maintenus dans le sable. Impossible ! Il reprend sa charge et manque de me transpercer d’un coup d’estoc. Je me baisse, guidé par le vent, pour éviter une taille. J’ouvre un autre portail pour m’y engouffrer mais il fait ce qu’aucun autre combattant n’a encore oser faire. Il m’y suit, gardant la portée nécessaire pour me harceler de coups. La lance m’ouvre d’ailleurs une nouvelle entaille sur mon armure et me taille le haut de la cuisse. Je dois absolument le désarmer pour pouvoir respirer, cela me remémore mon combat contre Ikem et son bâton au monastère. Chaque bataille est une leçon. Le conseil de Bob se répète dans mon esprit comme pour me faire comprendre quelque chose alors que je me concentre pour ne pas me faire couper en deux. Un coup d’estoc me loupe et j’en profite pour passer à l’attaque en prenant en compte le conseil, je m’élance contre le grand guerrier, me collant contre lui comme Sanavia l’a fait contre le Woran. Je saisis la main qui tient la lance et accumule ma magie brusquement autour de moi avant de la laisser exploser. Le combattant est projeté en arrière et sa lance se brise avec la force du vent. La foule hurle d’exaltation. Je jette le bout brisé de son arme et passe à l’attaque, à mon tour de prendre l’avantage. L’elfe se redresse rapidement et dégaine son épée alors qu’un nouveau portail s’ouvre à côté de lui et qu’une bourrasque en jaillit, le repoussant en arrière. Mais alourdit par son armure, il bouge à peine. Il se remet en position et s’élance à nouveau vers moi. Chaque armure à une faille. Je libère mes fluides qui se précipitent vers la phalange qui se fige à nouveau en position défensive. Mais mon sort est différent du précédent. La magie pénètre les failles de son armure situés aux aisselles, au cou et à l’entre jambe. Il s’inspecte un instant alors que ma magie s’agite entre sa peau et son armure avant de redresser soudainement la tête, semblant comprendre ce qui allait se passer. J’écarte violemment les bras pour diriger mes fluides venteux et un nuage de sable se soulève autour du combattant. Une explosion qui emporte sable, poussière et pièces d’armures en plaque dont les attaches ne sont pas assez solide pour résister à un tel souffle. Le nuage de poussière retombe pour dévoiler le Sindel presque nu, dépossédé de son équipement, ne restant sur lui que son casque et son épée qu’il a tenu à deux mains pour ne pas être désarmé une seconde fois. Un instant de flottement passe alors que le public rugit une nouvelle fois d’enthousiasme. D’une main le Sindel retire son casque pour le jeter au sol avant de m’observer et d’incliner la tête. Je me met en position, les jambes légèrement écartés, les mains ouvertes au niveau de ma ceinture. La foule piétine en rythme sur les gradins pour nous encourager. Celelas s’élance et je projette vers lui mes sorts qui soulèvent une couche de sable du sol. Il exécute une roulade pour les éviter et continue sa course. Sans son armure, il ne se risque pas à les prendre de plein fouet. Une aura venteuse m’entoure à nouveau et nous reprenons le corps à corps. Débarrassé de plusieurs dizaines de kilos, il se montre bien plus rapide et la douleur lancinante de ma cuisse ne me permet pas de suivre un tel rythme. Il entaille mon épaule et me fait pousser un cri de douleur, il lève ensuite son arme pour me frapper de l’autre côté, je dresse mon bras pour projeter une bourrasque contre lui mais il pivote dans l’autre direction. Une feinte qui lui permet de cogner son poing contre ma joue. Le goût du sang remplit ma bouche, à moitié sonné je ne peux éviter le coup de genou qu’il projette dans mon estomac et qui me plie en deux. Je vais perdre. Une main me saisit au cou et me soulève, mes jambes et mes bras ensanglantés pendent mollement alors que le Sindel dirige un dernier regard respectueux vers moi. Il recule son arme et l’avance rapidement pour la plonger dans mon ventre.

" XËL ! "

Le cri déchire le voile brumeux dans lequel j’étais plongé. Un cri qui étouffe tous les autres dans les gradins. Le cri de Méli qui s’était levé pour hurler sa douleur. Je dirige mon regard vers elle et tente un mince sourire avant de reporter mon attention vers mon adversaire. Il m’observe d’un regard surpris alors qu’un filet de sang s’écoule de ses lèvres, son visage se baisse ensuite vers le petit portail entre mes mains jointes où disparaît son arme pour resurgir face à lui, plongée dans sa poitrine. Il redresse son visage vers moi et m’adresse un léger sourire combiné à un regard admiratif. Une toux sanglante efface son sourire avant qu’il s’effondre en me laissant retomber moi aussi dans le sable. A genoux, je cherche du regard le masque du guérisseur qui a soigné mes brûlures. Je le vois entrain de courir vers nous et j’utilise mes dernières forces pour ouvrir un portail le menant plus rapidement au Sindel et lui permettant de lui prodiguer des soins sans plus attendre. D’autres soigneurs arrivent par la suite et viennent lui porter assistance alors que le combattant perd connaissance. Deux autres anonymes me redressent pour me mettre sur mes jambes, l’un d’eux attrape mon poignet droit et le lève vers les cieux alors que la foule hurle de joie. Mon regard se dirige vers le Sindel au sol, inquiet qu’il ne s’en tire pas et je ne redresse pas les yeux même quand l’organisateur annonce ma victoire et que la foule scande mon nom.


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Re: L'Arène

Message par Xël » dim. 27 oct. 2019 20:15

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Mon armure est dans un sale état, trouée, calcinée, déchirée, entaillée. Elle est autant marquée par ce tournoi que l’est mon esprit. Ma peau en revanche garde peu de stigmates des coups subis. Les guérisseurs font un travail exceptionnels, je m’inspecte une dernière fois des pieds à la tête pour m’en assurer avant de m’immerger dans l’eau chaude du bain. Je me débarrasse de ma couche de sueur et de poussière avant d’essayer de me détendre, reprenant mon exercice de méditation. Dans le couloir, la discussion entre deux gardes attire mon attention, il est sujet d’un appel aux armes pour défendre Luminion contre une attaque Garzok. Luminion, je me souviens de mon bref passage dans cette petite ville militaire lors de mon voyage vers le monastère de Khan. Leur discussion prend un tournant inquiétant, ils parlent d’une armée de plusieurs milliers d’Orcs, de créatures d’acier capable de déraciner les arbres en un instant. Je ne peux m’empêcher de repenser aux rats géants de l’armée de Vallel. Je me redresse de mon bain quand ils émettent le doute que l’armée de Kendra Kâr n’atteigne le duché à temps et qu’il ferait mieux de rester ici pour préparer les défenses de la cité. Je me redresse pour sortir de l’eau et noue une serviette autour de ma taille avant de les rejoindre.

" De quand date l’appel ? "

Les gardes semblent d’abord surpris que je me mêle à leur conversation de manière si abrupte mais l’un d’eux me répond qu’il l’a entendu ce matin et qu’il a vu les soldats s’activer aux abords du château. Je fronce les sourcils, soucieux, si Kendra Kâr est menacée je dois absolument agir. Le second garde semble lire dans mes pensées.

" Vous n’allez pas abandonner maintenant ! Vous êtes en final ! "

L’autre garde ricane.

" Il a parié un bon paquet de Yus sur vous. "

Je ne suis pas d’humeur à rire. Je suis préoccupé, inquiet et coincé en même temps. Si je pars maintenant je ne pourrais plus jamais revenir. Je remercie les gardes qui poursuivent leur discussion en continuant leur ronde. Je retourne dans la salle d’eau pour récupérer mes affaires avant de rejoindre la pièce qui m’est alloué à présent. Séparé de Garvus, je peux me reposer sans risquer une mauvaise surprise. Situé plus en hauteur que les salles précédentes, j’ai également une vue satisfaisante sur le centre de l’arène à travers une petite lucarne. Comme hier, l’après midi permet aux combattant de se reposer et le public est occupé par d’autres numéros et d’autres combats. Un combattant y affronte d’ailleurs une créature à la fourrure verte et aux longues griffes acérés sous les acclamations de la foule.

L’arène se vide quand la nuit commence à tomber et après un repas que l’on m’apporte, je m’allonge un instant. Il ne me reste qu’un combat à mener. Je dois faire abstraction de la situation dans les duchés et me concentrer sur cette rencontre. Je ferme les yeux, inspire, expire. Finalement l’épuisement a raison de mon inquiétude et je sombre dans un sommeil réparateur.


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Re: L'Arène

Message par Xël » mar. 29 oct. 2019 23:15

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" C’est l’heure. "

J’incline la tête et me redresse pour suivre le garde en saisissant mon bâton au passage. Nous marchons dans les couloirs sous la chute de poussière que produit le piétinement des spectateurs à l’écoute du discours de fin de l’organisateur. Il y a des acclamations, des rires, des applaudissements. Je patiente encore quelques minutes devant la porte. Je médite pour contrôler ma rage, face à moi va apparaître une des pires ordure de la cité. Je repense au mal qu’il a fait et cela me suffit pour me déterminer à lui faire mordre la poussière. Les portes s’ouvrent tandis que le public scande le nom de scène qu’ils m’ont trouvé. Face à moi s’avance Garvus qui m’observe d’un air hautain, retrouvant une assurance qui le persuade qu’il peut me battre facilement. Mon poing se serre et ma mâchoire se crispe. Le public réclame le début du combat en imitant le bruit de la trompette jusqu’à ce que la vraie résonne enfin.

Un pic rocheux surgit vers moi, je saute de côté pour l’éviter sous les cris exaltés des spectateurs ravis que la finale débute. Un second pic se dresse suivi d’un troisième, un véritable acharnement que Garvus génère de loin. Je cours pour ne pas me faire transpercer, suivant les contour de l’arène pour ne pas foncer vers lui.

" Encore en train de galoper Xël ! "

Cri-il amusé juste avant de lever ses mains. Son invocation apparaît finalement, juste face à moi, dressant ses bras pour me saisir. J’ouvre un portail et projette un flux d'air qui encercle l'invocation pour lui foncer dans le dos. Le portail se referme juste derrière moi et je me retrouve juste devant Garvus alors qu’un dernier pic qui fonçait vers moi transperce l’invocation poussée en avant par mon sort. Une bonne chose de faite, je n’ai déjà plus à me soucier de ce problème. Je brandis mon bâton devant la face ahurie du mage de terre et lui écrase le bout sur le nez sous les acclamations surprises de la foule. Je disparais dans un nouveau portail alors qu’il est sur le point de tomber à genoux. Un second coup s’abat sur son dos, terminant de le mettre à plat ventre alors qu’il rugit de douleur et de colère.

" Xëëël ! "

Hurle il de rage en se tournant pour tenter de me toucher à l’aide d’un autre sort. Un portail m’en préserve pour me faire apparaître plus loin cette fois. Je le provoque du regard tandis qu’il se redresse en tenant son nez sanglant. Il lève ses mains et y génère des amas de magie de terre qu'il élance vers moi. J'y répond en projetant des bourrasques de vent qui pénètrent le moindre espace vide pour dissoudre sa magie, provoquant des explosions ensablées entre nous. Il agite encore sa main et une silhouette lui ressemblant apparaît à côté de moi. Le public s’inquiète mais je me souviens que le nain, en blessant cette silhouette, s’était blessé. Je garde mon attention focalisé sur Garvus qui se met à courir vers moi en se recouvrant de son armure de terre. Il semble s’alourdir à chaque pas, fait trembler le sol et soulève du sable qui se colle à lui. Il dresse soudainement une main, je m’attend à voir surgir un pic rocheux mais je ne fais qu’en entendre un s’extirper du sable. Le doppelgänger est touché et seul un portail derrière moi me sauve du souffle de l’explosion et des projections de roches. Impossible pour moi d’en recréer un pour me protéger de la charge dévastatrice. Le poing de terre me percute le ventre, je sens son épaule frapper mon menton, une bourrasque de vent à atténué le choc mais il reste d’une violence incroyable contre mon corps. Je tombe sur le sol, rajoutant un nouveau choc qui me secoue. Pratiquement sonnée, je sais juste que si je ne me redresse pas immédiatement je serais coincé dans une prison de sable comme tous ses précédents adversaires.

Je me tourne pour me remettre sur les coudes, secoue la tête en grognant pour dégager le trouble de ma vision. La foule s’agite, une poigne ferme saisit mon crâne et me soulève, la pression exercée me fait souffrir. Je sens déjà le sable qui se colle à mes jambes, mon torse, mes bras. Le visage satisfait de Garvus apparaît devant moi, la boue sur son visage s’effrite pour libérer sa bouche qui se met à lentement se mouvoir. La pression de la terre sur mon corps est suffisante pour m’immobiliser mais je peux encore respirer, reprendre mon souffle coupé par les chocs reçus.

" Ca va me faire du bien de ne plus voir ta face ici. Je pourrais profiter comme je l’entends d’Alenna, de ta nouvelle copine, de Méli... "

Il accentue la pression de son sort sur ma peau comme si il se prévenait d’un soudain mouvement de colère.

" Méli ? T’es vraiment un taré, elle est comme notre mère, elle nous a élevé ensemble. "

Il ricane avant de répondre.

" Une mère ? Non, non, à mes yeux ce n’est qu’une p... "

Il n’a pas l'occasion de terminer son insulte, j’avais gagné le temps suffisant. Chaque combat est une leçon, même ceux qu’on ne mène pas. Je l’avais bien compris et m’en était servi en me souvenant de la manière dont Sanavia avait été libéré de sa cage de terre par un anonyme de l’équipe de sécurité. Ma magie s’était extirpé des pores de ma peau pour s’accumuler entre elle et la terre. Je la laisse exploser, brisant l’étau qui m’immobilise. Toujours alourdi par son armure, Garvus n’est pas projeté bien loin, il recule simplement d’un pas en protégeant son visage des éclats de terre. Il réagit ensuite en expédiant son poing vers mon visage grimaçant de rage. Pour avoir insulté Méli et menacé Sheeala, il allait le regretter. Un portail s’ouvre dans lequel s’engouffre son attaque qui percute son propre visage haineux. Le casque de terre éclate, une gerbe de sang et de salive éclabousse le sol. Je referme le portail et accorde à peine un regard à son bras droit qui tombe sur le sol. J’accumule une dose considérable de magie que je projette vers le mage qui cette fois décolle du sol pour atterrir plus loin. Il hurle de douleur, couvrant les réactions choquées du public.

" Xël ! Ordure ! Qu’est ce que tu m’as fait ?! Qu’est ce que tu m’as fait ?! "

Répète-il en hurlant après s’être rendu compte qu’il lui manque un membre. Il se redresse en gémissant et hurlant sa rage et sa douleur. Je me met en position, une main paume ouverte vers le ciel, l’autre par dessus. Il applique son étrange boue pour faire cesser le saignement abondant qui s’échappe de son épaule coupé, me laissant suffisamment de temps pour me concentrer. Une sphère se forme dans ma main, je reproduis l’exercice avec minutie, ignorant les gémissements de mon adversaire. J’aspire l’air d’une main et remplit la sphère de magie d’air de l’autre, formant d’autres parois intangible à l’intérieur pour créer des remous agités. La sphère est lisse, brillante, donnant l’impression de contenir la pire des tempêtes, dégageant une puissance perceptible autour de moi. Je redresse les yeux vers Garvus qui frappe son pied contre le sol et lève son bras, libérant autant de puissance qu’il le peut dans un ultime sort. Une fissure déformant le sol de l'arène qui se dirige vers moi à toute vitesse, bardés d’épieux qui ne demandent qu’a m’embrocher. J’ouvre un portail dans lequel je m’engouffre pour apparaître à côté du mage, il se tourne vers moi avec rage, faisant face à mon visage concentré et déterminé. La sphère percute sa poitrine et produit le même son de vase brisé qu’avait fait le moine de Khan. Le sort se déchaîne avec une puissance inqualifiable. Garvus disparaît dans un nuage de poussière. Je sens mon bras encaisser une partie du choc, les os de ma main se briser, mon poignet se tordre, mon épaule se déboîter. Je reste immobile le temps que le sable retombe tandis qu’un mince sourire crispé se dessine sur mon visage. J’ai définitivement réussi à apprendre ce sort. Je grimace en tenant mon bras pendant mollement le long de mon corps. J’ai mal mais voir à travers la poussière qui se disperse le corps contorsionné de mon adversaire me fait tenir encore un peu. Garvus bouge encore, son armure de terre brisé est répandu sur le sillage qu’il a laissé dans le sable. Son bras restant est plié, je l’aperçois simplement levé la tête pour m’adresser un regard à la fois effrayé et haineux quand je m’approche de lui. Il me bave quelques mots.

" Si tu crois que je vais tenir ma promesse tu te goures ! "

Je soupire en plongeant mon regard dans le sien et prends un ton menaçant dont je ne me pensais pas capable.

" Non seulement tu va te servir de la récompense de finaliste pour rembourser tous ceux que tu as volé pendant ta misérable vie mais en plus tu va quitter la cité de Kendra Kâr et même son royaume. Je ne veux pas entendre ne serait-ce qu’une rumeur sur un mage de terre à un seul bras de Bouhen à Haenian. Si jamais cela devait arrivé, je saurais te retrouver. "

J’inspire un grand coup et déclare avec un large sourire.

" N’oublie pas que désormais je suis plus fort que toi. "

Son visage se tord pour exprimer la peur et la haine avant de retomber sur le sable.

" Xël Almaran ! Sauveur d’Aliaénon ! Le Plieur d’Espace ! Grand vainqueur du tournoi de Kendra Kâr ! "

Rugit l’organisateur suivi des acclamations de la foule. Je tourne sur moi même pour observer les gradins, les spectateurs debout et agités. Je rugis à mon tour en levant mon bras encore valide en gardant mon poing serré avant de le repositionner sur mes côtes en grimaçant de douleur. L’anonyme qui m’avait déjà soigné vient s’occuper de moi et me félicite pour ma victoire. Pour une fois il ne me fait pas quitter le centre de l’arène, il me soigne sous les yeux de la foule en liesse qui scande mon nom. J’aperçois Sheeala qui m’adresse un sourire en frappant timidement des mains, Méli qui couvre sa bouche et son nez des siennes en m’observant d’un regard souriant et larmoyant. Bob qui hurle avec la foule en forçant le vieux mage à faire de même.

Les portes face à moi s’ouvrent et laissent entrer un homme torse nu à la stature athlétique, pieds nus, munis de jambières en cuir et d’une ceinture. Il porte deux épées courtes et m’adresse un regard souriant en s’approchant. Il est acclamé par la foule encore plus que je le suis et elle se tait immédiatement quand il lui fait signe.

" Xël ! Je suis Garca, maître de l’arène de Kendra Kâr. Veux tu me défier pour en gagner le titre ? "

J’observe le maître de l’arène de haut en bas avant de cligner des yeux et de répondre simplement.

" Bah... non. "

Son sourire s’efface de son visage et il m’observe d’un air surpris, surprise que partage les spectateurs qui s’agitent. Je désigne Garvus, encore allongé sur le sol, de ma main valide.

" J’ai accompli ce pour quoi je m’étais inscrit à ce tournoi. Le titre de Maître de l’arène ne m’intéresse pas. En plus, j’ai entendu qu’une grande armée venant d'Omyre se dirigeait vers le Duché de Luminion. J’ai passé beaucoup de temps à me battre pour défendre un monde qui n’est pas le mien. Il est temps que j’en fasse autant pour protéger Yuimen et mes proches. Je vais partir pour Luminion pour apporter mon aide et je n’ai pas un jour de plus à perdre. "

Le silence plane sur l’arène un court instant avant qu’un cri résonne dans l’édifice.

" PUTAIN OUAIS ! BIEN PARLÉ ! BRAVO ! "

Je reconnais le Spadassin de ma première rencontre applaudir à tout rompre, rapidement accompagné par l’acrobate et l’Ynorien à ses côtés. Je remarque d’autres participants qui se lèvent pour applaudir, l'artilleur nain, l'Hinionne. Je suis ravi de voir Celelas se tenir debout à côté d'elle pour applaudir, rapidement suivis d’autres spectateurs jusqu’à ce que tout le public soit debout. Je dresse à nouveau mon poing vers le ciel et crie avec force.

" Pour Kendra Kâr ! Pour Yuimen ! "


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((Tentative d'apprentissage du sort Bombe dépressionnaire. Dernière partie.))

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