La Grande Bibliothèque

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Yuimen
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La Grande Bibliothèque

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 16:05

La grande bibliothèque
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Située entre le palais royal et le temple de Gaïa, la grande bibliothèque Kendrane est sans doute le point de rendez-vous de la majorité des érudits de Yuimen.

Dans une autre aile du bâtiment se trouve d'ailleurs le musée, rendez-vous des artistes. En effet, outre le privilège de pouvoir exposer leurs œuvres, les artistes pourront aussi trouver ici un mécène, un acheteur, ou encore rencontrer d'autres artistes. La seule collection permanente que vous verrez ici,est constituée des œuvres achetées au fil des siècles par la famille royale Kendrane.


Dans la bibliothèque, vous serez accueilli par un vieil homme, Kardan Tunéric, toujours entouré de livres. Vous verrez des livres et des manuscrits à profusion et à portée de vue. Le plafond culmine à cinq mètres de hauteur, entre celui-ci et le sol: des livres, des livres, les rouleaux de parchemins sont au dernier étage.

Dans toutes les salles vous trouverez des chaises, des tables, de feuilles de parchemin et des plumes. Ne vous avisez cependant pas d'écrire dans un des ouvrages, Kardan vous tuerait sans autre forme de procès.

Enfin, une salle à l'écart permet les discussions autour d'un ouvrage, tandis que le reste de la bibliothèque est vouée au silence.

La légende veut que la bibliothèque ait été le seul bâtiment construit par Gaïa à la création de Kendra Kâr. Elle y aurait rassemblé le savoir du monde dans plus de cent mille ouvrages.

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Akihito
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Re: La Grande Bibliothèque

Message par Akihito » sam. 28 mars 2020 20:53

Dans le chapitre précédent...
Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre L.2 : Montagne mouvante.


Le soleil se couchait lentement à travers la grande rosace de verres colorés qui trônait au-dessus de l’entrée principale. Akihiko se laissa aller contre le dossier de son siège, une dizaine de livres éparpillés devant lui. Jusque-là, les recherches sur les golems s’étaient avérées pour le moins infructueuses, au sein de la Grande Bibliothèque de la ville. Les immenses rangées de livres, s’étendant sur des dizaines de mètres, recelaient un savoir immense. Même Akihiko, qui avait l’habitude de se perdre dans les rayonnages de la bibliothèque d’Oranan, trouvait celle-ci démesurée. Ils avaient passé un bon quart d’heure rien que pour trouver l’allée indiquée par la bibliothécaire qui les avait accueillis. Puis, les deux tatoueurs passèrent leur journée à éplucher, chercher et fouiller dans plusieurs livres la moindre information parcellaire sur les Golems. Akihiko, ne pouvant dire qu’il tenait l’information d’Amy à Anthelia, prétendit trouver leur nom dans un livre.

Le peu qu’ils avaient rassemblé, c’était que les Golems étaient des êtres artificiels, créés par des Enchanteurs runiques de grand talent et que leur puissance résidait dans leur Cœur. Qu’est-ce qu’était ce Cœur, comment était-il fabriqué, comment le détruire étaient autant de questions qui restaient sans réponse. L’enchanteur laissa la jeune femme qui l’accompagnait aux prises avec un ouvrage des plus complexes et rapporta pour sa part les quelques livres qui ne lui étaient plus d’aucune utilité. Et dans une scène qui lui rappela étrangement celle qu’il avait vécue à Mertar, il tomba sur quelqu’un qu’il connaissait au détour d’un rayonnage. Mais à son grand désarroi, il ne se souvenait plus de son prénom, c’est pourquoi il fut bien en grande peine quand vint le moment de la saluer.

« Oh… Euh… Vous êtes de la Corporation…

- Eh bien Monsieur Yoichi, vous me voyez contrariée de voir que vous avez dors et déjà oublié mon prénom.

- Raaah, j’en suis désolé Elia.. Elie.. ? Elyë !

- Mmh, je passerai là-dessus pour cette fois, répondit Elyë en souriant en coin, avant de détailler les livres qu’il avait dans les bras. Alors, on est venu faire des recherches ?

- Entre autres… Mais ça n’avance pas vraiment.

- Est-ce que ça n’aurait pas un rapport, par hasard, avec les Bottes de foudre ?

- … »

Akihiko resta un temps muet, confrontant les différents choix qu’il avait. La corporation était basiquement une gigantesque mine d’informations : recueillir leur aide pouvait s’avérer efficace. Néanmoins, était-il bien sage de leur indiquer ce qu’il savait sur les bottes, au risque de se faire doubler ? Alors qu’il réfléchissait, Elyë qui semblait avoir suivi le cours de ses pensées, l’en extirpa.

« Vous savez, Akihiko Yoichi, s’il est vrai qu’on vend des informations, nous avons aussi ce que l’on pourrait appeler le secret professionnel : trahir nos clients en pleine recherche, c’est se mettre à dos ce dernier et donc perdre sa clientèle. Et cela, c’est contraire à notre politique. Sauf si vous décidez de nous vendre vos informations, et là c’est une autre histoire : ce que la Corporation achète, elle est libre d’en faire ce qu’elle souhaite.

- … C’est bien en relation avec les bottes, oui. Et… Peut-être que vous serez en mesure de m’aider.

- Tant que vous mettez le prix, nous pouvons nous entendre.

- Vous ne perdez pas le Nord, vous… releva Akihiko en roulant des yeux, ce qui fit hausser les épaules de la petite Hinïonne en face de lui.

- Les lois du marché, monsieur Akihiko, les lois du marché. C’est ainsi que la Corporation marche depuis des siècles et tout le monde s’y est toujours plié, pour le bien de tous. Enfin, certains ont essayé de nous doubler… Ils l’ont regretté de bien des manières, mais toujours de manière pacifique.

- Me voilà… Rassuré ?

- Bon, et si vous me disiez ce que vous cherchiez plutôt ? Non pas que votre compagnie me dérange, mais j’ai moi-même mes propres tâches à effectuer. »

Pendant qu’il rangeait les différents livres qu’il avait dans les bras, Akihiko lui brossa en partie ce qu’il cherchait : les Bottes étaient protégées par un Golem, probablement créé par Silverberg avant sa mort, et il cherchait à le neutraliser pour mettre la main sur ce que ce dernier gardait. Il resta évasif sur l’emplacement des reliques et sur la façon dont il les avait trouvé, mais l’informatrice ne sembla pas s’en soucier. Lorsqu’il lui parla des informations qu’il avait rassemblé jusqu’à présent sur le Cœur entre autre, ils étaient retournés à la table où une Anthelia surprise la salua avant de s’asseoir à côté de son amant, en face d’Elyë.

« Un Golem, donc. Il se trouve que je peux vous aider, mais pour cela…

- Combien ? coupa Akihiko.

- Oh, vous avez au moins retenu comment nous fonctionnons. Disons, cinquante yus. Non non, pas la peine de me les donner maintenant. Vous comprendrez pourquoi. Les Golems, donc. Comme vous le savez, ce sont des créatures artificielles, créées par des Enchanteurs. Le processus de fabrication est quelque chose que nous n’avons jamais réussi à trouver, mais on en sait suffisamment pour les neutraliser. Chacun de leurs membres est mis en mouvement par une rune ou une phrase runique, enchâssée dans la roche. La détruire permet de rendre le membre correspondant inutilisable. En plus de tout cela, l’Enchanteur engrave une phrase dans le Cœur, une phrase qui va définir son comportement, sa mission. Dans votre cas, défendre les bottes.

- Quand on s’est éloigné de lui après l’avoir rencontré, il n’a pas cherché à nous suivre, remarqua Anthelia, ce qui fit acquiescer l’Hinïonne.

- Typique des Golems. Ils étaient souvent employés pour défendre des trésors, des lieux particuliers, et le vôtre ne déroge pas à la règle.

- Mais comment vous savez tout ça ?

- Les Golems, c’est plus fréquent qu’on le croit : la Corporation a eu à plusieurs reprises ce genre d’obstacle qui bloquait tel ou tel secret, trésor ou que sais-je encore. Alors forcément, les gérer est devenu rapidement une nécessité. Et puis, je passe beaucoup de temps dans cet endroit.

- Donc si je vous suis bien, il faut détruire les runes pour rendre le Golem inoffensif.

- Vous pouvez aussi y aller en force et le détruire complètement, sans vous embarrasser de détruire les runes. Mais de un, il faut que vous soyez monstrueusement fort pour ça et de deux, vous risquez surtout de détruire le Cœur.

- Et alors ? Détruire le Cœur et donc le « but » du Golem, ce n’est pas un moyen rapide et efficace d’arrêter ce truc ?

- Oui et non. C’est efficace mais le Cœur est bien trop précieux pour que le casser soit une bonne idée. C’est la fusion magique d’un diamant, d’une gemme de platine et d’une pierre précieuse type saphir ou émeraude. Un alliage que l’on arrive plus à reproduire de nos jours et qui vaut une fortune. De plus, l’extraire demande un enchanteur pour rompre l’enchantement runique qui entoure le Cœur sans le briser. La moindre fausse manipulation et le Cœur se fissurera en deux, ce qui entraînera non seulement la « mort » du Golem, mais aussi la perte totale de valeur de son Cœur qui ne sera plus qu’un vulgaire caillou.

- Mmmh. Il serait dommage de rater une pareille opportunité, en effet.

- Cela fait plusieurs années que la Corporation s’intéresse à la revente de ces pierres. Contre un peu d’argent, nous sommes prêts à mettre à disposition un de nos enchanteurs pour venir extraire le Cœur. Et, évidemment, le racheter le prix fort si possible. »

Akihiko comprenait mieux où l’Hinïonne voulait en venir désormais. La mention du Golem avait fait naître une lueur dans ses yeux car elle y voyait surtout un moyen de faire du profit. C’était pour ça qu’elle n’avait pas voulu qu’il la paye tout de suite, car elle voulait lui faire allonger un peu plus pour engager quelqu’un capable d’extirper la fameuse gemme hors de prix qui résidait dans la créature. Mais malheureusement pour elle…

« Je comprends. Mais je n’aurais pas besoin de ce genre de service : étant moi-même enchanteur, je pourrai briser l’enchantement. J’ai déjà eu l’occasion d’avoir à faire avec des objets magiques.

- Oh ? J’avoue que vous me surprenez sur ce coup-là, Monsieur Akihiko.

- Cesse de le flatter Elyë, intervint Anthelia en haussant un sourcil.

- Mais je le suis vraiment ; en revanche, je pense que ton ami, s’il peut effectivement s’occuper lui-même de l’extraction, manque de quelques connaissances pour la mener à bien. Connaissances qui se trouvent sûrement dans cette immeeeeense bibliothèque mais que la Corporation dispose déjà… »

Tac.

Akihiko déposa une pièce d’argent sur la table et la fit glisser jusque devant la jeune Hinïonne, qui lui faisait de plus en plus l’impression d’une marchande intraitable plutôt qu’une employée lambda.

« Ca suffira ?

- Mmmh… Allez, parce que je vous aime bien tous les deux, je vous épargne quelques piécettes supplémentaires. Suivez-moi, on va voir mon maître, Aldémire. »

C’est ainsi qu’ils se dirigèrent vers la tour de Thaumaturgie à la recherche du maître de l’Hinïonne à la chevelure de la même couleur que la pièce qu’elle faisait désormais rouler entre ses doigts en sifflotant.



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Ezak
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Re: La Grande Bibliothèque

Message par Ezak » dim. 20 févr. 2022 23:10

Précédemment

C’est le pas assuré que je me rendis à la bibliothèque de la ville. J’y avais été invité par l’ami érudit de Xander de Maisonneuve au lever du jour. Eder, que ses connaissances nommaient Eder le sage. J’étais intrigué, je me demandais ce que cette entrevue cachait. Le rendez-vous était peu commun dans sa temporalité et dans sa spatialité. Jusqu’à présent, j’avais été convié chez Xander de Maisonneuve, en soirée, et je commençais manifestement à faire partie de son entourage. Je trouvais que les conversations y étaient souvent inutiles, mais je me faisais à ce mode de vie.

Mais ici, venir si tôt, dans une bibliothèque était assez étrange. Lorsque je pénétrai dans les lieux, je fus marqué par son silence. L’endroit était plutôt vide, et silencieux à cette heure de la journée, mais je doutais qu’il soit bien plus bruyant à d’autres moments; tant l'homme qui veillait sur l'endroit semblait à cheval sur le silence. J'avais à peine racler ma gorge qu'il m'avait jeté un regard mauvais.

J’avais retrouvé l’ami de Xander dans une salle à l’écart doté de tables et de chaises. Il m’attendait, lisant avec attention un énorme grimoire aux pages jaunies. Son crâne chauve luisait à la lumière des chandeliers et il était si absorbé qu’il ne me vit pas arriver, si bien que lorsque je tirai une chaise pour me positionner en face de lui, il sursauta presque.

« Ah vous voilà, Ser d’Arkasse. »

« Comme convenu. Alors vous vouliez me voir ?»

Il s’appuya contre sa chaise.

« Oui, j’avais à vous parler de choses importantes. »

J’écartai les mains pour laisser entendre que j’étais disposé à l’écouter. Il inclina la tête comme si il m’étudiait longuement.

« Je me demande pour quelle raison vous lui êtes si fidèle ? »

Je fronçais les sourcils, légèrement déstabilisé par ces mots dénués de toutes contextualisation.

« Je peux savoir de quoi vous parlez ? »

« De qui plutôt... Je parle de la Princesse Satina. »

Je me figeai un instant, ne m’attendant certainement pas à ce coup-là.

« Je suis Chevalier du Royaume monsieur, j’ai juré fidélité à mes seigneurs. »

« Mais ce ne sont pas tant vos seigneurs qui m’importent, mais plutôt votre seigneuresse, si vous m'autorisez l'expression. Pourquoi l’estimez-vous plus que l’ex-duc Perussac et le Comte Ybelinor au point de la vouloir sur le trône ? »

Je n’aimais pas la tournure que prenait cette conversation et je tentais de m’en dégager promptement.

« À vrai dire, je ne sais pas pourquoi vous vous inventez cette allégeance-là, ce n’est au plus qu’une littérature que vous avez ardemment conçu dans je ne sais quels recoins troublés de votre esprit. Il me semble que vous étiez présent chez Xander lorsque j’ai dit qu'une femme ne devait pas diriger le pays. »

« Oui, je m’en rappelle très bien de ce que vous avez dit, et manifestement, vous mentiez. »

« Bon allez, ça devient ridicule. La prochaine fois évitez de me faire perdre mon temps. » Affirmai-je en me levant pour amorcer mon départ.

Un léger sourire s’étira sur les lèvres fines et presque inexistantes de l’érudit.

« Vous l’ignorez peut-être Ser d’Arkasse mais je ne suis pas seulement un savant. Je suis doué de magie. Dans mon milieu, je suis ce que l’on appelle un psychomancien et je peux lire en vous comme un livre ouvert, vous ne pouvez pas me mentir. Là, vous vous sentez acculé et vous tenter un mouvement de fuite pour éviter cette conversation que vous ne voulez pas avoir. »

Je levais un sourcil. Si c’était vrai, et vu la manière dont il était sûr de lui, ça devait sûrement l’être, cela ne servait donc à rien de continuer ce petit jeu.

« Et alors ? C’est quoi le but ? Vous voulez me nuire ? Vous m’avez fait venir ici pour me faire chanter ? Peu importe. Si vous croyez que vous allez obtenir quoi que ce soit de moi, vous vous trompez. Mis à part cacher ce que je pense reellement de la situation, je n'ai rien fait de répréhensible. »

Il eut un petit rire. La situation semblait vraiment l’amuser.

« Détrompez-vous Ser d’Arkasse. Je ne cherche pas à vous nuire et c’est justement parce que vous avez eu l’intelligence de cacher vos véritables sentiments dans ce milieu de vautours que j’ai décidé de vous contacter. Rasseyez-vous, je vous en prie. » finit-il en m’indiquant la chaise face à lui.

Ce ne coutait rien de l’écouter. Au reste, il commençait à m’intriguer. Alors je pris place, mais cette fois, en croisant les bras.

« Expliquez-vous et vite, je n’ai pas toute la journée. »

« Je vais être clair. Je suis de votre avis Ser d’Arkasse. La Princesse Satina mérite d’être sur le trône. Le peuple est en droit de choisir qui le gouvernera et il me semble que dans son intérêt elle est le meilleur choix. La noblesse oublie un peu que leur but est de servir et certains veulent peser sur le choix du dirigeant par cupidité et en tirer plus de pouvoir. J’ai bien peur que si on laisse cela se faire, notre Royaume déjà en crise s’enfoncera dans une autre . »

Je comprenais mieux, mais cela ne m’éclairait pas sur ce que je faisais ici.

« Honnêtement, vous m’étonnez, j’aurais cru que vous seriez de l’avis général de la noblesse, et de Xander. »

« Ah… Xander est un homme pragmatique. Contrairement à Heinart qui a des convictions profondes sur l’ordre de la société. Il ne voit que son intérêt. Il suffirait que voir la Princesse sur le trône soit dans le sien pour qu’il l’appuie…. Mais vous dîtes moi, quel intérêt y trouvez-vous ? »

« Je n’ai pas autant d’avis que vous sur la question. Je méconnais ce monde encore et je commence à peine à l’apprivoiser. Je sais juste ce que j’ai vu. Un Comte couard et Satina qui a tout ce qu’il faut pour diriger. Elle est courageuse et n’a pas peur de bousculer l’ordre établi. Elle était sur le champs de bataille alors qu’elle aurait très bien pu rester ici, au chaud derrière les murailles, elle a pris des risques, allant contre les décisions de son frère, qu’elle a remplacé au pied levé au-devant de l’armée. Elle a cherché à combattre contre le fléau de ce monde Oaxaca. Par ailleurs, elle a un talent certain pour lire dans le cœur des gens. Contrairement à son frère, elle a su voir la vérité sur ma personne et m’a fait confiance sans autre forme de cérémonie. Je pourrais aussi dire qu’elle est à l’écoute de ceux qu’elle dirige. Elle a su m’écouter au même titre que n’importe lequel de ses conseillers, car elle a su voir mon mérite. Au final, c’est comme si elle m’avait servie avant même que je rentre à son service. Alors honnêtement, oui, c’est pour quelqu’un de cette trempe que je suis prêt à donner ma vie»

Je me tus un instant avant de reprendre.

« Je ne cache pas non plus que j’ai de l’ambition, et que si elle s’élève, j’espère également en tirer parti. Affirmer le contraire ce serait mentir. Mais honnêtement, ce n’est pas ma priorité, je le fais avant tout pour elle, pour son dû. C’est d’ailleurs pourquoi je pense aussi qu’elle a un talent certain pour extirper le meilleur dans le cœur des gens, car j’en suis la preuve vivante. Elle m'a sauvé de moi-même. »

Cette fois, plongé profondément dans mes errements intérieurs, j’avouai.

« A mes yeux elle est parfaite. Je l’admire et je lui dois tout. »

Le silence s’installa, l’homme me regarda longuement avant qu’un sourire ne se dessine sur ses lèvres.

« Enfin, vous parlez avec sincérité sur vos désirs Ser d’Arkasse. »

Je levai les épaules.

« Peu importe. Je ne suis qu’un Chevalier, un héros de guerre et mes désirs ne font pas loi. » dis-je en reprenant les mots de Satina.

« Et si je vous disais que c’était possible. Que ce que vous souhaitez puisse s’imposer à tous au point de rallier les plus récalcitrants à votre cause. »

Je fronçais les sourcils, un peu perdu.

« Je vous dirais que pour un érudit, vous aimez un peu trop les contes de fées ! »

« Laissez-moi vous en conter un. »

Il se leva de sa chaise aussi prestement que son embonpoint le permettait et il commença à marcher dans la pièce.

Il y a de cela bien longtemps, avant qu’Oaxaca ne soit vaincue une première fois, un homme lui a tenu tête, à elle et à son armée en Omyrhie. Les forces de la Reine Noire pensaient que détruire son village aurait été une formalité et pourtant il lui opposa une résistance farouche. Ces hommes et ces femmes, de simples bûcherons tinrent dix jours. Ils étaient menés par leur chef, un jeune guerrier dont le nom a nourrit les plus belles légendes. Aaron le Martyr. À la fin, il ne restait plus que lui et il mourut debout, non sans emporter quelques-uns dans sa chute. Sa volonté était telle que certaines des armes et armures qu’il portait sont animés d’un pouvoir puissant consacré par le sang. »

Il revint vers la table et retourna le grimoire qu’il lisait juste avant mon arrivé face à moi et le fit glisser pour que je puisse le lire. Sur la page, plusieurs objet étaient dessinés. Il y avait là, un casque, un bouclier et une hache. Sur l’autre page, un petit note accompagnait le dessin, titrée « Les reliques d’Aaron le Martyr. »

« Les objets qu’il portait ont gardé sa puissance, notamment son casque. Son pouvoir est gigantesque ! Si un homme puissant le porte, il permet de rallier à sa cause ceux qui lui sont plus faible. Vous êtes un héros, Ezak d’Arkasse le Sanguinaire, Chevalier du Royaume, Survivant du Charnier des Âmes, Si vous aviez ce casque en votre possession, je ne doute pas que vous pourriez pousser le monde à vous suivre. »

Je restai un instant béat ne sachant que dire. Si Eder le Sage disait vrai… Il y aurait tant de choses qui deviendraient soudainement réalisable.

« Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? »

Il leva un menton fier, me jetant un regard dédaigneux. Je l'avais touché.

« Ser d’Arkasse, je ne doute pas que vous soyez maître dans votre domaine, ne doutez pas de moi. »

« Bon d’accord, et on à une idée d’où se trouve ce casque de légende ? »

"C’est justement là où ça devient intéressant Ser d’Arkasse… Je sais de source sûr qu'un Nosverien érudit en visite à Kendra-Kâr il y a quelques semaines de cela, a affirmer qu'il avait des pistes lui indiquant que ce casque se trouvait sur son continent. Malheureusement j'ai perdu la piste de cet homme. "

« C’est une opportunité que l’on ne doit pas rater… Mais comment faire sans piste ? »

« J’en ai peut-être une, mais ce sera à vous de jouer... »

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