Précédemment
« Messieurs commencez ! »
Ce que j’attendais depuis des heures était enfin arrivé, enfin j’allais pouvoir régler les comptes de cette commère. Je frappai le premier de rage alors que mon adversaire hissa haut son bouclier pour parer le mouvement. Le bras vibrant, je reculai d’un pas alors que l’homme tenta un coup de taille au niveau de mon torse, me ratant de peu. Bien, nous venions de faire connaissance. Nous reprîmes nos postures, nous observant d’un regard scrutateur avant que, . d’un coup d’un seul, il s’élança vers moi, épée vers l’avant. Je plaçai mon bouclier en position de défense, mais le fourbe dévia au dernier moment la trajectoire de sa lame pour me frapper la jambe.
« Touche ! » hurla l’arbitre judiciaire.
« Et un point pour le sieur Arsald Caprin, champion de Aldérik de Maisonneuve. »
Je fus vexé d’être pris ainsi comme un débutant et en prime aux yeux de tous. Mais quelle honte ! Je grognai entre mes dents, avant de reprendre position face à mon adversaire. Quand l’ordre vînt de reprendre les hostilités je pris de nouveau l’initiative. Mon but était de l’asphyxier sous un assaut virulent. Je l’assaillis donc de nombreux coup d’épées, ne lui laissant pas d’autres choix que de se défendre avec son bouclier. Je devais l’avouer, il le maniait comme un chef, et j’avais le plus grand mal à contourner sa défense. Durant mon assaut, il répliqua à peine, et alors que mon bras commença à souffrir la fatigue de toute ma vigueur déployée, Caprin me frappa d’un coup de bouclier. Je ne m’y attendis pas, si bien que l’écu vint s’écraser contre ma face. Sonné, je ne pus éviter le coup de lame dont la pointe vint me cueillir au ventre.
« Touche ! Deux points pour Arsène, Champion de Aldérik de Maisonneuve. »
Certains dans la foule exultèrent. Il semblait que le public commençait à choisir son camp. J’entendis la voix de Xander s’élever, visiblement remontée.
« Allons d’Arkasse ressaisissez-vous ! »
Je résistai à l’envie de lui crier de la fermer et je tentai de me reconcentrer, touchant mon nez douloureux pour vérifier que je n’avais rien de casser. Fort heureusement, non. J’étais agacé, par la défense de l’homme, et ce que je prenais pour une formalité s’avérait plus ardu que prévu. Il semblait que j’allais devoir donner le meilleur de moi-même pour le vaincre. Mon adversaire, l’air confiant, me fit un clin d’œil dans le but de me provoquer. Cela eut le don de redoubler mon agacement, mais je ne comptais pas tomber dans ce piège éhonté. Lorsque l’ordre fut donné de reprendre, je m’élançai à nouveau, mais cette fois j’avais une chorégraphie bien en tête. Je donnai un coup, puis deux, que le bouclier de mon adversaire vint contrer. Mais cette fois je ne comptais pas m’épuiser sur sa défense efficace. Puisqu’il excellait dans la contre-attaque, j’allais utiliser mes forces à moi. Me servant de mon agilité et de mes talents d’acrobates, j’effectuai une cabriole sur le côté qui surprit Caprin. Lorsqu’il tenta de réajuster son bouclier, il était déjà trop tard, car la pointe de ma lame vint le cueillir sur le torse, dans le trou béant laissé par sa défense.
« Touche ! Un point pour le Ser d’Arkasse, Deux pour le sieur Arsène. »
L’homme me regarda un instant bouche bée avant de se repositionner, et nous repartirent.
Cette fois, il prit l’initiative, et je manquai de me faire surprendre. Encore un peu et j’aurais crus qu’il aurait jouer la carte de la contre-attaque durant la totalité du duel. Je dû à un réflexe incontrôlé la réussite de ma parade. Il profita de son élan et, à nouveau, il tenta de me frapper de son bouclier mais en un pas de côté j’esquivai l’attaque traitresse et tenta de contre attaquer son flanc. Sa lame vint écarter la mienne et par un coup vicieux, il tenta à nouveau de me toucher la jambe, mais cette fois j’étais alerte et pas du genre à tomber deux fois dans le même piège. Je sautai pour éviter le coup rasant et quand je retombai sur le sol j’employai une technique de maître, « la main du géant », visant les doigts de mon adversaire avec le plat de ma lame. Le fer alla cueillir ses phalanges avec une violence extrème qui l’obligea à lâcher l’épée en hurlant.
« Touche ! Deux point le Ser d’Arkasse et autant pour le sieur Arsène. »
L’homme grogna à son tour en se secouant les doigts comme pour vérifier qu’ils étaient encore valides, et ils l’étaient.
« Enfoiré ! » grogna t’il entre ses dents.
« Ça c’est pour mon nez. » Répliquai-je à deux pas de lui avant de lui faire un clin d’œil, me faisant provocateur à mon tour. Son regard se fit noir, et il reprit son arme avant de se remettre en place.
Le top fut à peine donné qu’il s’élança vers moi avec fureur. Je profitai de son état d’énervement et de son manque de lucidité pour éviter la charge d’estoc qu’il me lança en exécutant une nouvelle cabriole, me dégageant de sa trajectoire. Surprit, il trébucha et il alla s’écrouler hors des limites sous les rires de l’assistance.
« Pénalité, le combattant est sortie hors des limites ! Trois points pour le Ser d’Arkasse. Deux pour le Sieur Arsène. »
Je profitai de l’hilarité de certains pour mimer une courbette, saluant le public qui, ria de plus belle. Cette fois l’assistance avait majoritairement tourné en ma faveur. Xander de Maisonneuve exultait : « C’est mon champion ! C’est mon champion ! »
Tandis que Aldérik frappai du pied sur le sol de rage, en hurlant contre le sien. Ce dernier, rouge de colère, lâcha son bouclier et son épée sur le sol, et alla chercher une lance dans son coin avant de revenir face à moi.
« Messieurs, combattez ! »
Mon adversaire frappa de sa lance et mon bouclier arrêta net le coup. Je tentai d’en profiter pour contre-attaquer mais l’allonge dont il bénéficiait grâce à sa lance m’empêcha d’approcher. Il la maniait comme un chef, ma plaçant dans une position défensive. Je fus obligé de reculer, sous les assauts de sa lance qui alternait entre estoc droit, et tournoiement difficile à suivre pour mes yeux. Je dû reculer tant que je me retrouvai bientôt proche des limites. Il me fallait contre-attaquer au risque de me faire éjecter, ce que je tentai, en essayant d’écarter la lance d’un coup d’un bouclier puis de m’approcher en quelques pas. Mais mon adversaire très à l’aise avec sa nouvelle arme me balaya les jambes grâce au manche de la lance et, perdant l’équilibre, je me réceptionnai fortement sur le dos.
« Touche ! Trois points pour le sieur Arsène, autant pour le Ser d’Arkasse.
Agacé par cette bévue, je me relevai en jurant dans ma barbe. Pour sûr, l’homme avait fait exprès, de me faire choir pour avoir sa petite revanche. Je constatais que quel que soit les armes, il savait défendre. Je devais trouver une faille face à cette maudite lance. Alors quand la manche fut lancer je tentai de prendre les devants. J’essayai de rivaliser de mobilité pour prendre la défense de mon adversaire à défaut. Pas de côté, feinte, je tentai toute sorte de combine pour tenter de l’avoir, mais l’homme tint bon et me tint à distance grâce à sa lance. Encore une fois je tentai une cabriole pour le surprendre, mais grâce à son allonge, je n’eus pas touché le sol que la pointe de sa lance vint me cueillir dans le torse
« Touche ! Quatre points pour le sieur Arsène, Trois pour le Ser d’Arkasse."
Aldérik exulta :
« Oui ! Allez plus qu’une Arsald, plus qu’une ! »
Xander renchérit
« D’Arkasse je vous interdis de perdre ! »
Je les fusillai tous deux du regard, ne retenant plus mon agacement. Lui et son cousin étaient aussi irritant l’un que l’autre. Ils avaient la langue bien acérée mais pour ce qui était de prendre les armes il n’y avait plus personne. Une belle bande de planqués.
Rageur, je lâchai le bouclier et récupérai l’épée lâchée sur le sol quelques instants plus tôt par Arsald. Si mon adversaire voulait faire valoir sa défense, je jouerai l’attaque décomplexée. J’entendis la voix d’Alderik s’élever pendant que je ramassai l’épée ?
« Non ! Non ! Qu'est ce que c'est que tout celà ? Ce n’est pas dans les règles ! »
Je jetai un regard au juge-arbitre. Il sembla réfléchir un instant avant de rétorquer.
« Récuperer l’arme lâchée par son adversaire... Hmm… Il y a déjà eu un tel précédent dans l’histoire, et cela fait toujours partie des armes autorisées. Il n’y pas de soucis de légalité alors je ne m’y oppose pas. »
Alors je me plaçai commençant à sautiller sur une jambe, sous le regard intrigué de la foule. Un maître d’armes aguerri aurait vu que c’était là premier pas d’une danse dangereuse que j’affectionnais tant, la danse des sabres. Mon adversaire comprit lui, car je le vis redoubler de concentration et raffermir sa prise sur sa lance.
Quand l’ordre fut donné, je ne le laissai pas la moindre chance. Je lançai mes premiers pas dans une arythmie maitrisée. Ces pas délivrés en saccade déstabilisèrent la défense de mon ennemi. Je frappai d’une main, puis d’une autre, et même s’il parvint à parer mes coups de son manche, je sentis sa difficulté à se mouvoir quand pour la première depuis qu’il avait sa lance en main, il fit quelques pas pour reculer et tenter de mettre de la distance entre nous. Acculer, au bord des limites il tenta de vite me contre-attaquer. Ma lame gauche écarta le manche de sa lance tandis que ma lame droite, après deux pas effectués pour venir au contact, alla s’échouer sur son épaule.
« Touche ! ! Quatre points pour le sieur Arsène, autant pour le Ser d’Arkasse. »
Les spectateurs semblaient électrisés. J’entendis des cris supportant mon adversaire, d’autre prenant plutôt fait et cause pour moi et d’autres encore simplement heureux de ce qu’ils voyaient, des amoureux de belles escarmouches. Le scénario le plus excitant se déroulait sous leurs yeux. Une parfaite égalité, et une manche décisive.
Je ne me formalisai pas de cette petite victoire. Ce n’était qu’une bataille et je comptais bien remporter la guerre. La tension était à son comble, tant que l’on entendait plus ces messieurs de Maisonneuve qui semblaient avoir perdu leurs voix. Les deux hommes suaient à grosses gouttes. Je crus même apercevoir Xander adresser quelques prières à je ne savais quelle divinité. Pourtant, il n’y avait pas de dieux qui consentiraient à intercéder en sa faveur. Il n’y avait que moi, juste moi, utilisant mes talents pour son compte. Alors ces prières, c’était plutôt à moi qu’il devait les adresser. Le juge-arbitre leva la main une ultime fois.
« Messieurs… Combattez »
Cette fois, aucun d’entre nous ne voulu laisser l’initiative à l’autre. Nous nous élancèrent tous deux avec nos forces. La pointe de la lance s’allongea vers mon torse et je l’esquivai, tout en avançant vers son manieur. Je lâchai les pas de la danse des sabres, rendant mes mouvement difficile à lire. Je décroisai mes lames en direction de Caprin mais ce dernier, agile, se baissa sous les fers pour éviter les coups. La réplique ne tarda pas, sa lance balaya alors en direction de mes jambes m’obligeant à exécuter une cabriole pour l’éviter. Je tentai un double coup de lame descendant en réponse, mais prestement il recula d’un bond pour l’éviter. Alors je le chargeai pour tenter une double estoc qu’il évita à nouveau mes cette fois en effectuant une roulade sur le côté. Je fus surpris, par ce mouvement qu’il n’avait pas encore montré si bien que j’en perdis un peu l’equilibre. Ne le sachant pas si agile, je me retrouvai malgré moi à peine à un pas de la limite dessinée au calcaire avec mon adversaire dans le dos. Je me retournai prestement pour voir le prochain coup venir et effectivement, la pointe de la lance, se dirigeait déjà vers mon torse. Je n’avais pas le temps de réfléchir, et mon corps agît presque de lui-même. Mes lames se positionnèrent sur sa trajectoire, enserrant le manche de la lance comme une pince, et d’un mouvement, j’utilisai ma botte désarmante. Mon adversaire, fut obligé de lâcher sa lance qui alla tomber hors des limites. C’était fini pour lui. Mon adversaire désarmé je n'avais plus qu’a appuyer la pointe de ma lame sur son torse.
« Touche ! Victoire pour le Ser d’Arkasse ! La balance de la justice penche donc du côté de Xander de Maisonneuve ! Que tous soient témoins du jugement divin et que nul n’ose le contester! »
Je ne pus m’empêcher de faire quelques signes de la main à l’assistance qui applaudissait le beau spectacle auquel il avait eu droit. Je goûtai J’aimais cette mise lumière, cette attention redirigée vers moi. Arsène Caprin ,à mon grand étonnement s’était rapproché de moi pour me féliciter lui aussi.
« Vous êtes un bon combattant d’Arkasse, vous avez tout mon respect. »
Je lui renvoyai l’appareil
« Vous avez aussi le mien. »
Je le regardai partir cherchant des yeux le sieur Aldérik qui avait disparu. Son cousin, se rapprocha de moi, passant un bras paternaliste autour de mes épaules.
« Beau spectacle d’Arkasse ! Vous n'avez pas usurper cotre réputation grandissante ! »
Je lui glissai un regard sur le côté.
« N’oubliez pas que je n’ai pas fait ça pour le plaisir. Vous m’êtes redevable. »
Le noble eut un petit rire en me tapotant le dos.
« Vous ne perdez pas le nord hein ? Ne vous inquiétez pas je suis un homme de parole ! Mais en attendant allons fêter ça ! »
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