Le Temple de Gaïa

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Yuimen
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Le Temple de Gaïa

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 15:54

Le temple de Gaïa

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Le plus majestueux, le plus beau des temples de toute la ville. L’entrée est gardée par deux statues de la Déesse, l’une tendant la paume vers le ciel et reposant sur une sphère recouvrant deux fois le diamètre de sa main, nommée Gaïa la Voyageuse. L’autre, plus guerrière en armure, épée devant elle plantée dans le sol, avec sur elle un petit être semblable à une fée, est nommée Gaïa la Combattante. La porte elle-même est faite de bois et de bronze. Massive, il faut plusieurs prêtres pour l’ouvrir, le bronze est forgé de façon à voir de multiples statues de chimères et des caractères anciens.

Les murs du temple sont épais, si bien que l’intérieur est toujours frais quelle que soit la saison. La lumière entre à flots par de multiples vitraux magnifiques. De structure carrée, le temple porte néanmoins une immense coupole semblant toucher le ciel et formant une voûte considérable au centre du bâtiment. De multiples piliers décorés et sculptés portent la structure de l’étage supérieur. Le sol est pavé de marbre presque translucide tant son blanc est pur, mais patiné par des siècles de dévotion. Le plafond est décoré de magnifiques peintures représentant Gaïa dans nombre de scènes mythologiques. Sur le fond, un autel sert lors des cérémonies religieuses, non loin une fontaine de marbre vert coule dans plusieurs vasques. Tout autour les fidèles s’assoient sur des coussins, certains méditant à l’écart, d’autres discutant calmement en groupe.

L’étage est atteignable par de multiples escaliers étroits et longs, cachés dans les murs du temple. Vous arrivez à la bibliothèque de Gaïa, disposant de multiples rayons de livres, de grimoires, d’archives, de rouleaux de parchemins sur nombre de sujets. Là, des prêtres et des apprentis peuvent vous guider dans vos recherches. Mais ne mettez pas le désordre, non loin des paladins de Gaïa veillent à la sécurité de tous ces trésors. Les salles font tout le haut du temple, entourant la coupole, le vide étant protégé par une solide rambarde.

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Adeliade
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Adeliade » sam. 22 juil. 2023 00:24

Le soleil se levait à peine et déjà je passais les lourdes portes du temple, jetant à peine un regard aux statues encadrant l’entrée. Depuis longtemps, je me demandais pourquoi les enseignements étaient si éloignés de ces deux magnifiques représentations de la déesse. Les acolytes, comme de nombreux prêtres, passaient leur temps le nez dans les vieux grimoires et parchemins, à étudier la théorie sans être réellement confrontés à la réalité. Dans les premiers moments de notre formation, je le concevais parfaitement. Nous n’avions aucune expérience, ni connaissances. Et oui, je le savais bien, Gaïa était cette connaissance universelle… Mais ils avaient choisi de la représenter comme la voyageuse et la guerrière qu’elle était également.

(Pourquoi nous enferment-ils dans ces pièces remplies de cette connaissance, et si peu de temps pour appliquer?...) pensai-je, désabusée.

Après, j’avais parfaitement conscience que l’ensemble des prêtres ne me faisaient pas suffisamment confiance… Le manque de pratique, à mon goût, faisait que je stagnais selon leurs critères. Alors que la majorité des acolytes avec lesquels j’avais commencé, eux, se voyaient déjà donner de simples missions de manière occasionnelle. Seul Vinland semblait avoir compris comment gérer ce problème et adapter son enseignement. Mais il était absent depuis un moment maintenant, et je devais subir.

Encore dans un état de semi-sommeil, je me dirigeais sans réfléchir et d’un pas lourd vers les escaliers menant à l’étage supérieur. Montant sans hâte les marches une à une, je me traînais vers les salles d’étude pour y retrouver les prêtres qui avaient accepté de s’occuper de moi le temps que mon mentor revînt de sa mission. Une fois parvenue en haut, je continuais à avancer tout en m’étirant et bâillant, totalement oublieuse de ce qui m’entourait. Et je le payai directement en percutant quelqu’un sans sommation.

“Oh!... Désolée!...” commençai-je, prête à encaisser le sermon qui ne tarderait pas à souligner mon manque d’auto-discipline. J’étais à présent parfaitement réveillée sous l’effet de la surprise et de la crainte de ce qui allait suivre. Malgré tout, pour tenter d’adoucir ma victime, je gardais la tête baissée en signe de repentance.

“Alors Petite! Toujours à foncer tête baissée sans regarder où tu mets les pieds?” m'interpella une voix que je connaissais bien.

(Petite?...) tiquai-je en relevant rapidement la tête pour confirmer mes soupçons. Une seule personne m’appelait ainsi et je ne l’acceptais que de lui. Je n’avais pas vraiment eu le choix. Malgré toutes mes protestations, il continuait et continuerait à utiliser ce surnom pour moi. Mais à cet instant, je m’en moquais royalement. Mon mentor était de retour!

“Vin!” m’écriai-je sans accorder une once d’attention aux regards noirs des occupants alentour.

J’étais bien trop heureuse qu’il fût enfin rentré. Premièrement, parce qu’avec lui, je savais que mes études seraient bien plus vivantes et intéressantes. Et deuxièmement, je pouvais dire adieu au sermon matinal sur la “longue” liste de mes manquements au sacro-saint règlement des acolytes au sein du temple.

“Quand es-tu rentré? Où es-tu allé pour être parti si longtemps? Qu’as-tu…”

“Du calme Petite!... Donne-moi au moins le temps de répondre si ça t’intéresse vraiment!” me coupa-t-il gentiment, un sourire moqueur florissant sur ses lèvres alors qu’il me faisait signe de baisser d’un ton. “Tu n’as pas trop malmené mes confrères, rassures-moi?”

Levant les yeux au ciel pour toute réponse, je contournai cet homme que je considérais comme un oncle et le laissai sur place dans un mouvement boudeur. Je l’entendis rire face à ma réaction tandis qu’il me suivait pour rejoindre une des salles d’étude. A nôtre entrée, le prêtre désigné pour les enseignements du jour releva la tête tandis que les acolytes déjà présents restèrent concentrés sur leur parchemin respectif.

“Oh! Frère Durall! Content de vous revoir.” dit-il simplement, avec un soulagement cependant visible qui me crispa légèrement, certaine d’être la cible d’une réprimande latente.

“De même mon frère! Le voyage a été bien long cette fois.” Le salua Vinland en retour. “Je vous laisse Adéliade pour aujourd’hui, je dois encore aller voir le grand prêtre et régler plusieurs affaires pour me considérer comme vraiment revenu.” ajouta-t-il en se retenant de rire.

A ces mots, et vexée de voir les épaules du prêtre enseignant s’affaisser quelque peu, je pris aigrement place à la table. Mon espoir d’une journée intéressante venait de s’envoler.

“Je vous laisse.” dit simplement Vinland, en prenant congé de son confrère. “Et bon courage Petite!” me nargua-t-il, les yeux rieurs.

Je répondis d’un léger signe de tête dans sa direction mais ne bougeai guère plus, devenue apathique. D’un raclement de gorge discret, mon maître du jour me tira de mon inactivité morose tandis qu’il me désignait la pile de parchemins devant lui. Dans un soupir, je tendis la main pour récupérer le premier et découvris le titre avec un profond sentiment d’ennui anticipé… “Les bases de la méditation et ses bienfaits dans la pratique magique”...

(De la théorie… Toujours de la théorie…)

La matinée passa ainsi, interminable, à étudier les données rassemblées par d’autres, pour le temple, sur la méditation et ce qu’elle pouvait apporter de bon à tout à chacun en sus des pratiquants de la magie. Dans le cadre de la guérison notamment, elle pouvait être bénéfique si les patients connaissaient cette technique. Mais c’était le cas de trop peu de personnes. De plus, il fallait avoir le temps, ce qui n’était pas toujours facile pour eux dans leur vie quotidienne. Pour nous… Pour cet exercice… On nous le donnait ce temps…

(Un esprit sain! Dans un corps sain!...) récitai-je mentalement, aussi impliquée dans ce que voulait dire ce leitmotiv qu’un golem élémentaire.

Malgré tout, un point intéressant avait attiré mon attention et je le notai consciencieusement dans mon grimoire: certains mages parvenaient à récupérer leurs fluides de la sorte. Ce qu’ils avaient découvert grâce à l’observation et aux échanges avec les peuples elfiques.

“Vous pouvez aller manger.” dit nôtre enseignant attitré pour aujourd’hui, en reposant le grimoire qu’il avait consulté durant toute notre étude.

(Enfin libre!...)

Sans me faire prier, je rangeai précipitamment sur la pile devant moi le parchemin que j’étais en train de parcourir. Trop précipitamment au vu du regard sévère que m’envoya le prêtre. Avec un sourire d’excuses, un peu hypocrites il fallait bien l’avouer, je me levai plus doucement et sortis en silence. Alors que mes pas me dirigeaient vers le réfectoire, je décidai de mieux profiter du temps du repas et de rendre visite à ma mère dont la boutique donnait sur la place du marché, pas si loin du temple en marchant bien.

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Adeliade
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Adeliade » lun. 24 juil. 2023 22:59

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Pendant tout le trajet, j’avais laissé Glenna divertir le gamin, totalement plongée dans mes réflexions, rongée par ma propre inutilité. Je ne voyais pas ses regards inquiets et réguliers qu’elle lançait vers moi, se demandant visiblement comment j’allais. Mon amie était la seule personne à qui j’avais confié mes incertitudes quant au choix de suivre la voie des prêtres de Gaïa. Au début, j’étais euphorique, pensant que le sauvetage de ma mère était un signe évident que telle était MA voie… Le temps passant et la découverte de ce qu’était réellement leur vie quotidienne… Le doute s’installait… De plus en plus fort à chaque refus de pratique que j'essuyais pour cause d’études “bâclées”... De plus en plus profond à chaque échec suivant une tentative cachée.

Parvenus enfin au temple, je vis le petit bonhomme hésiter devant le seuil, les yeux levés vers les deux grandes statues. Glenna sourit devant sa réaction et, sûrement par empathie, je le fis aussi. Quasiment tout le monde avait la même attitude la première fois qu’il s’approchait du temple. Pour le sortir de sa contemplation, je passai le seuil et me retournai vers le duo restait dehors.

“Tu viens?” lui demandai-je en lui tendant la main, le sourire toujours présent sur mes lèvres, malgré la tristesse latente en mon cœur. Glenna, pour le sortir de sa contemplation, lui secoua alors doucement la main qu’elle tenait, avant de me suivre. D’un pas sûr, je les menais vers l’aile hospitalière et les y installais sans attendre l’intervention d’un de mes pairs.

“Restes avec lui, je vais chercher quelqu’un qui peut nous aider.”

Je me dirigeai directement vers le fond, là où je savais pouvoir trouver le bureau où les prêtres qui étaient de surveillance ici passaient leur temps entre l’arrivée de deux personnes.

“Adéliade? Que fais-tu ici? Tu devrais déjà avoir rejoint l’étude… N’espères pas pouvoir y échapper en venant me voir!” me réprimanda-t-il avant même que je ne puisse expliquer la situation.

“Loin de moi cette idée, mon Père.” répondis-je, en le saluant comme on nous l’avait appris. “Je suis effectivement en retard et je m’en excuserai auprès de mon enseignant après. Mais pouvez-vous m’accompagner pour soigner un enfant qui s’est blessé en chutant?”

Ma fierté se faisait piétiner… À chaque mot que je prononçais pour demander de l’aide. C’était comme un couteau plongé dans mon égo. Mais l’éducation ynorienne que ma mère m’avait inculquée avait pris le dessus, me permettant de garder une contenance face au prêtre de garde, y usant mes forces. Aussi bien mentale pour ne pas fondre en larmes et fuir, que physique à contrôler les tremblements de frustration liés à mon sentiment d’impuissance. Garder un visage impassible, une attitude digne et une voix composée malgré les tourments internes... Je payais ainsi mon incompétence en soins… Mais était-ce vraiment de ma faute? Je sentais au fond de moi que j’en étais capable pourtant…

Repoussant difficilement mes questions qui tournaient à l’obsession, je patientais devant le bureau le temps que le prêtre range son parchemin et se mette debout. Il semblait croire que je lui racontais une fable pour m’éviter la punition qui viendrait avec mon retard. D’un geste posé, je lui fis signe de me suivre et le conduisis voir le gamin qui parlait joyeusement avec Glenna. Les deux semblaient être devenus proches, en si peu de temps. C’était une des forces de Glenna, elle pouvait se lier si aisément avec n’importe qui. Une fois arrivé auprès du nouveau duo qui s’était créé dans l’adversité, le prêtre me lança un regard que je n’étais pas sûre de savoir interpréter correctement.

(Est-ce… Une excuse?...)

Sans dire un mot de plus pour moi, il s’occupa de l’enfant, le rassurant et lui demandant de lui raconter comment il s’était blessé. Voilà les deux nouveaux compères partis dans un récit épique digne de grands aventuriers tandis que le prêtre en profitait pour faire le soin sans que le bout de chou ne s’en rendît compte. De mon côté, je l’observais, fascinée par la facilité avec laquelle les fluides lumineux répondaient à ce qu’il souhaitait faire. Je me concentrais pour retenir tout ce que je voyais, pour pouvoir refaire par moi-même plus tard.

“Hum… En voilà une aventure! Heureusement que tu as croisé tes nouvelles amies. Grâce à elles tu n’auras pas de cicatrice.” dit le prêtre en recoiffant doucement le gamin.

Je n’avais pas prêté du tout attention à autre chose dès l’instant où le prêtre avait commencé le soin. Aussi, je fus prise par surprise quand l’enfant arriva près de moi et tira sur ma robe pour attirer mon attention. Baissant les yeux, je le vis me tendre les bras et m’offrir un grand sourire. Sans attendre, je m’accroupis et le pris dans mes bras. Ce câlin offert spontanément était le meilleur remède au monde. Pile ce qu’il me fallait pour atténuer mon malaise interne et récupérer des forces.

“Merci” lui dis-je en le libérant de mon étreinte. Le petit bonhomme me regarda de nouveau bizarrement, interrogatif quant à la raison pour laquelle c’était moi qui le remerciais.

(Oui… Je suis bizarre bonhomme…)

Je lui souris simplement en retour et me tournai vers le prêtre pour le saluer à la manière du temple. Il était temps pour moi de les laisser repartir et d’aller au devant de ma punition. Je saluai également Glenna d’un simple mouvement de main mais elle me retint rapidement.

“Attends! Pour ce soir… Ne t’inquiètes pas… De toute façon, mes parents ont prévu plus de gardes.”

Elle me connaissait vraiment par cœur… Elle avait bien compris que je n’aurais pas la tête à profiter du banquet. Mais visiblement, les indésirables ne pourraient pas y assister de toute façon. Et ceux qui ne le souhaitaient pas, ne pourraient y échapper…

“Courage Glen!... Ce n’est qu’une soirée!”

Elle grimaça à mes mots mais je pus voir dans son regard que nous nous étions comprises. Pas besoin de plus. Je me détournai alors, laissant au prêtre le soin de raccompagner Glenna et le gamin. Je me pressai, bien qu’il n’était plus nécessaire de le faire. Je n’échapperais pas à la sentence… Me retenant de courir, je me dirigeais vers la fontaine au fond près de l’autel, endroit où l’on pratiquait toujours la méditation. J’arrivai aussi vite que le permettait le calme obligatoire dans cette partie du temple. Une fois parvenue suffisamment proche de mon maître du jour, je fis connaître ma présence.

“Mon père” dis-je simplement, baissant la tête, attendant qu’il réagisse. Tout en restant dans sa position de méditation, il ouvrit les yeux et m’observa un long moment avant de me répondre.

“Je ne t’attendais plus… Quelle est ton explication?”

“Je suis allée au marché pour manger avec ma mère, comme je le fais souvent. Sur le retour, j’ai assisté à un incident dans la rue. Un gamin a été blessé. J’ai pris le temps de l’accompagner à l’aile hospitalière.”

“Oh!... Pour une fois ton excuse paraît co…”

“Ce n’est pas une excuse mon Frère. C’est un résumé très succinct mais c’est effectivement ce qui s’est passé. Je viens de soigner le gamin.”

Je me retournai vers le prêtre de garde, incrédule. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il vînt ainsi confirmer mon histoire. Reportant un regard interrogateur vers l’enseignant, je tentais d’estimer mes chances d’éviter la punition mais il ne laissait rien paraître. Je préférai ne rien ajouter, de peur de ruiner toutes mes chances d’échapper à la copie du règlement des acolytes.

“Hum… Dans cette situation… C’est bon pour cette fois. Mais tu devras rester et rattraper ton retard.”

Soulagée de n’avoir “que” la méditation à subir, je remerciai chacun des mes pairs avant de m’asseoir sur un des coussins disposés près de la fontaine. Je me préparais mentalement à affronter ce qui devait être la dernière difficulté de ma journée. Rester immobile, sans rien faire, se vider l’esprit et les yeux fermés… Personnellement, le voyage au pays des rêveries s’invitait joyeusement et je n’y résistais que très rarement.

Pour une fois, le problème qui se présenta à moi ne fut pas de repousser l’envie de dormir mais plutôt de trouver le calme intérieur. Le malaise ressenti avec ma mère, la honte d’être dans l’incapacité de soigner, le doute quant à mon avenir… Tout me revenait inlassablement, telles des vagues qui s'échouaient les unes après les autres sur la plage. Je parvenais à chasser un souci pour finalement laisser la place au suivant en une ronde infernale.

A bout de solution, j’abandonnai l’idée d’éliminer toutes ses préoccupations et décider d'en affronter une seule, une où j’étais en capacité d’agir en l’état des choses. Les inquiétudes de ma mère, tant que je n’avais pas plus d’informations, je n’y pouvais rien. Que faire de mon avenir?... Le mieux serait d’en discuter avec ma famille… Mon mentor… Il me faudrait trouver le courage de le faire. Restait la honte de mon échec. L’accès à mon grimoire m’était interdit tant que la session n’était pas finie. Une solution temporaire et immédiate me vint en tête: visualiser ce que j’avais observé et le graver dans mon esprit. Au moins, ce serait toujours utile pour la suite.

S’en m’en rendre compte, j’en étais arrivée à me concentrer uniquement sur une vibration que je découvrais pour la première fois au fond de moi… Rien à voir avec mon corps… Plutôt une sorte d’énergie… Qui répondait au mouvement que ma volonté lui commandait. J’avais réussi semblait-il à atteindre cet état un peu hors du temps. Demi-conscience qui n’avait rien à voir avec l’assoupissement et l’engourdissement du corps avant de sombrer dans le sommeil. Je me laissais porter, fascinée par ce que je ressentais.

Je revins à la réalité seulement lorsque le prêtre enseignant vint me tapoter l’épaule pour m’indiquer qu’il était temps pour moi de rentrer. Je n’avais même pas entendu les autres acolytes partirent… Un peu désorientée, je regardais fixement mon maître du jour qui souriait d’un air satisfait.

(Que…?)

“Prends ton temps… La première fois qu’on arrive à entrer en communion avec les fluides est toujours un peu… Hum… Enivrante dira-t-on.” expliqua-t-il enfin.

(En communion?...)

Le sens de ses mots me remirent les idées d'aplomb. Pour la première fois, j’étais parvenue à faire correctement cet exercice qui était toujours un enfer pour moi. Il m’avait fallu une des pires journées de ma vie pour obtenir ce résultat… Parce que vraiment, j'étais très loin d’être sereine en commençant. Il est vrai que toute ma frustration et ma honte m’avaient aidée à rester concentrée… J’avais réussi parce que je voulais comprendre, là, maintenant, tout de suite. Pour la première fois, j’avais une motivation inébranlable à rester focus sur mon objectif. Un grand sourire avait fleuri sur mon visage pendant que je réalisais ce qui c’était passé.

Enthousiaste, je me relevai d’un bond et le regrettai de suite. J’avais l’impression que tout le bâtiment s’était mis à tourner d’un coup alors que je restais fixe tandis que, si mes jambes avaient pu parler, elles m’auraient insultée. Je venais de faire l’inverse de ce qu’il fallait après être restée immobile si longtemps. Le prêtre rigolait tout en m’aidant à me stabiliser le temps que je redevienne maîtresse de mon corps. Une fois remise, je le saluai gaiement et partis en toute hâte pour rentrer chez moi.

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