Précedemment
Bien qu’il eût refusé l’offre du vieux Moboutou, Ulric devait bien admettre qu’un peu d’argent en plus dans sa bourse ne lui ferait pas de mal. Peut-être que Furet aurait une nouvelle combine pour lui s’il parvenait à le retrouver, mais, en attendant, il pourrait sans doute se débarrasser d’un peu de superflus.
Il avait toujours la masse de BaRshir glissée à sa ceinture dans son dos. L’arme lui avait bien servis dans les égouts, mais il se sentait plus à l’aise avec sa bonne vieille dague. Légère et facile à dissimuler, elle collait davantage à son style de combat : distraire l’ennemi et taper dans le lard. Et puis, il ne s’émouvrais guère de se séparer de ce poignant souvenir d’un gobelin qu’il n’avait connu qu’à l’état de cadavre déjà froid.
C’était donc décidé, Ulric continuerait sa petite tournée des boutiques. Il ne tirerait pas 500 yus de cette piètre arme, loin de là, mais il n’y avait pas de petit profit. L’apprenti mage se mit donc en route pour la forge de Gonk. Il ne connaissait l’établissement que de nom, mais, depuis sa position, il lui semblait que c’était la plus proche.
Il descendit la rue du vieux Moboutou puis pris sur sa gauche. Après quelques minutes de marche, il arriva en vue d’une enseigne peinte d’une enclume et d’un marteau. Difficile de s’y méprendre, il était arrivé à destination.
A l’intérieur de la forge, Ulric fut accueilli par le son d’un marteau battant le fer. Il lui ne lui fallut pas longtemps pour repérer l’origine de ce son métallique : au milieu d’une véritable panoplie d’armes en tout genre, allant des haches de guerre aux sabres courbes, en passant par les marteaux de guerre, poignards et francisques, trônait une véritable montagne de muscles. Penché au-dessus d’une enclume sur laquelle il battait un lingot de fer avec une précision mécanique, Gonk semblait trop absorbé par son ouvrage pour remarquer la venue d’un nouveau client.
Ulric profita de l’inattention de l’artisan pour observer davantage ce que la forge avait à offrir. En plus des très nombreuses armes, il trouva aussi quantité d’armures et boucliers. Des chemises en cuir bouillis, des brigandines rivetées de fer, des brassard et cagoules : que des armures légères que lui conviendrait sans doute mieux que de la maille ou des plates. Revenir ici à l’avenir pourrait être un bon investissement, pensa l’apprenti mage alors que les nombreuses plaies qui cicatrisaient lentement sur son corps se rappelaient à son bon souvenir.
Cependant, après quelques minutes, le forgeron sembla remarquer sa présence. Relevant son cou de taureau, il jeta un regard interrogateur au nouveau venu.
Ulric sortit la masse et la présenta à l’artisan :
« Vous me reprendriez ça ? » , demanda-t-il en jetant un coup d’œil à l’arme qu’il tenait en main.
Tout juste un cylindre de vieux fer monté sur un manche de bois, l’arme ne payait pas de mine et avait probablement été forgée sans grande maîtrise par un apprenti ou un amateur, mais elle contenait tout de même une belle quantité de métal, sans doute assez pour forger deux dagues.
« Vous pourriez toujours la refondre. » , ajouta-t-il sans grande conviction.
Le forgeron observa l’apprenti mage un instant avant de grogner des salutations. Il s’empara de l’arme avec ses mains de géant et l’observa, l’air dépité.
Ulric craignit qu’il ne la lui lance à la figure et ne le chasse de son atelier pour lui avait fait perdre son temps pour si peu, mais, finalement, le colosse finit par annoncer de façon laconique :
"25 yus."
C’était probablement plus que ce que l’arme valait, ainsi Ulric accepta le prix sans broncher. Le gargantuesque forgeron produisit ensuite une poignée de pièces qui semblaient n’être que des grains de sable dans ses mains gigantesques.
"S'ra tout ?", demanda-t-il avec l’éloquence d’un vieux chêne.
Ulric empocha la somme et hocha la tête en réponse à la question de l’artisan avant de quitter la forge. Rapide et efficace, et sans blabla mercantile, c’était une adresse à retenir.
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