Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » jeu. 18 juil. 2019 10:45

Aux questions du garde, le gueux rétorque qu'il travaille pour le mystérieux capitaine Tiercevent qu'il a déjà mentionné, arguant que ce dernier désirait savoir pourquoi le temple était fermé et demandant des explications. Mais le garde se voit privé de parole à l'arrivée d'un nouveau venu dont l'apparence saugrenue me fait discrètement soupirer.

(Les humains...tsss...)

L'arrivant, quoique de belle prestance pour un représentant de ce peuple, est non seulement nu comme un ver : il arbore en sus une espèce de masque en cuir prolongé d'une longue corne qui dissimule ses traits. Avec assurance, il récapitule nos réponses aux questionnements du garde puis déclare que nous sommes indubitablement leurs alliés avant de nous souhaiter une nouvelle fois la bienvenue. Bien que mes traits restent aussi figés que ceux d'une statue, je ricane intérieurement:

(Des alliés, hein? Avec ce que tu sais de nous, fais-en une certitude et tes os blanchiront bientôt au soleil, petit.)


La petitesse du sieur est en réalité toute relative, il est solidement musclé et de bonne taille comparé à la moyenne des siens, mais aucun humain ne me semblera jamais grand au vu de ma propre constitution. Poursuivant sa diatribe d'une voix grave et chaleureuse, il m'informe que Cromax n'est pas là mais que lui-même est, comme celui que je cherche, l'un des dirigeants de ce temple. Il me propose de transmettre mon message, puis précise encore qu'ils attendent le Sindel de pied ferme. Je plisse imperceptiblement les yeux à ces mots: de pied ferme? Une expression que j'utiliserais pour parler d'ennemis plutôt que d'un comparse, mais je m'abstiens de relever et l'écoute me proposer l'hospitalité au cas où je préférerais attendre. Tandis que je réfléchis à cette surprenante invitation, il se tourne vers l'odorant maraud et lui rétorque que le Capitaine Tiercevent n'a pas à s'inquiéter ni à se mêler davantage des étrangetés qui semblent se dérouler en ces lieux. Ce faisant il nous apprend son nom, Zarnam Maur’Till, et affirme gérer la situation avant de se tourner vers le jeune précieux. Lequel me semble si totalement envoûté par le nudiste qu'il en frétille presque d'excitation. Une vague moue de dégoût ourle mes lèvres : heureusement pour ce dégénéré qu'il n'a pas réagi de la sorte avec moi, je me serais fais un malsain plaisir d'orner sa petite tronche d'un deuxième sourire bien sanglant... Mais peu m'importent ses pulsions contre-nature, en l'occurrence. Le Cornu se réjouit de l'avoir débarrassé du gêneur - le milicien - puis avance d'un pas supplémentaire vers nous en écartant les bras pour ajouter avec emphase que nous sommes libres de rester ou de partir, à la condition dans ce dernier cas de prononcer le serment solennel de ne rien dire de ce qui s'est passé ici.

(Parce que tu crois pouvoir m'empêcher de sortir si je le décide? Sans déconner...)

Peut-être en est-il capable, en vérité, j'ignore tout de lui. Mais le doute ne fait pas partie de ma façon de penser et pas davantage je ne tremble devant quelque vivant que ce soit, surtout quand il est à poil et affublé d'une corne de bouc. Quoi qu'il en soit, il déclare encore que nous n'avons pas à nous inquiéter des répercussions du meurtre commis auprès de la milice, laquelle saura certainement entendre raison selon lui. Une assurance qui témoigne de sérieuses relations, ou d'une solide capacité à bluffer, comment savoir? Par ailleurs, cette histoire de serment me fait sourire intérieurement : les êtres respectant une parole donnée n'étant pas précisément courants c'est à mon sens faire montre d'une dangereuse naïveté mais, là encore, ce n'est pas mon problème.

Le nobliau s'empresse d'accepter l'invitation à rester, les pensées sans doute pleines d'espoirs lubriques, ce qui ne m'arrange absolument pas car je n'ai aucune envie d'évoquer le moindre sujet sensible devant ce paon de cour. L'absence de Cromax ne m'arrange pas davantage, même si je n'espérais pas vraiment tomber sur lui aussi facilement, alors que faire? Rester ici dans l'hypothétique espoir qu'il ne tarde pas trop? L'attendre dans une quelconque auberge? Le chercher ailleurs? Mais où? Je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il pourrait se trouver, partir ainsi à sa recherche n'aurait aucun sens. Aller à l'auberge? Plus sûr que de demeurer dans ce nid de fourbes, possiblement, mais je n'aurais pas la moindre chance d'en apprendre davantage sur les sujets qui m'intéressent. Rester, donc, et titiller un peu la fourmilière pour voir ce qui en sort:

"A moins que vous ne puissiez me dire où je pourrai trouver Cromax, c'est avec plaisir que j'accepterai votre invitation, sieur Maur'Till. Peut-être aurons nous l'occasion d'évoquer, vous et moi, certain sombre végétal aux soyeux pétales?"

Je lui adresse un discret sourire en coin, marque factice de connivence, puis désigne le cadavre de ma main libre tout en haussant vaguement les épaules:

"Quant à ça, je ne suis pas concerné. Jusqu'à preuve du contraire..."

Je fixe brièvement chacun des gardes présents d'un regard glacial indiquant que la moindre menace à mon encontre, si minime soit-elle, constituerait à mes yeux une preuve plus que suffisante pour que je prenne parti; puis je reviens au Cornu en attendant avec attention sa réaction à mes paroles sibyllines.

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » ven. 19 juil. 2019 13:26

Précédemment...

Ma fragile impersonification est posée, et alors que j’attends la réaction du garde à mon explication, une nouvelle voix retentit soudain - derrière moi, ENCORE, pour au moins la troisième fois en quelques minutes!

Cependant, là où l’intervention du feu milicien fut provocatrice, et celle du garde en livrée rouge fut sanglante, la voix que j’entends à présent est nimbé d’un assurance pleine de charme, prononcée avec une force tranquille à travers l’immensité vide du temple. Je me retourne, autant surpris par ce timbre de voix réconfortant que anxieux à l’idée d’un nouveau péril… Et alors mon regard croise ce colosse d’homme, nu comme à sa naissance, musclé comme un barbare, mais masqué comme moi, quoique son masque de cuir orné d’une corne frontale a de quoi surprendre… Le nobliau avait un beau visage, mais cet éphèbe, sortant de derrière l’immense tenture masquant la moitié de la salle, est beau en tout ce qu’il possède.

Et pour autant, autant de beauté ne trouve pas le chemin de mon cœur, car ce dernier pulse désormais du doux-amer poison de l’amertume et de la rancœur avec une vigueur renouvelée, mon corps entier s’arquant sous cette tension soudaine.


( Comment quiconque, aussi béni par Yuia soit-il, peut-il être orgueilleux au point d’infliger au monde cette vue sans fard? Quiconque d’un peu beau peut se mettre nu. La vraie élégance est dans la retenue et l’humilité, sombre imbécile... Peu importe qui tu es, arrogant crétin, je sourirais le jour où les vers se repaisseront ton visage… )

Surpris, je contemple mes propres pensées. Cet accès de haine, aussi soudain, est… inattendu. Je n’ai pas eut de pensées de la sorte envers le jeune nobliau au chapeau, ni envers les quelques beaux que j’ai croisé dans mon court mais intense voyage à Kendra Kâr. Est-ce que c’est le contexte, toute cette tension et cette peur, qui me fait sortir de mes gonds? J’ai besoin d’être prudent avec cela aussi si je ne veux pas faire de faux pas dangereux…

Pendant que je m’échigne à masquer mes sombres sentiments, l’homme s’avance vers nous, d’une démarche assurée et nonchalante, assurant que nos explications l’ont convaincu que nous sommes ses alliés. Je garde quelques doutes sur le sujet, alors que le corps du milicien, même hors de mon champ de vision, continue de peser sur mon esprit comme un avertissement constant.

Il réponds d’abord au sindel gris, annonçant que le Cromax qu’il recherche n’est pas en ces lieux, mais qu’il l’attend “de pied ferme”, et qu’il peut lui transmettre ses mots. Il annonce aussi que Cromax est, tout comme lui, un dirigeant de ce lieu. Voilà qui réponds à ma question de qui est ce Cromax, tout du moins en partie. Et voilà donc l’un des chefs de cette antre du crime et du stupre. A la hauteur de ce qui j’imaginais de ce nid de mensonge et de faux-semblants.

Il se tourne ensuite vers moi, ignorant sans se trahir les marques de ma différence esthétique. Il m’indique que le capitaine n’a pas à s’inquiéter de “ce qui se trame ici”, qu’il n’a pas à s’en mêler. Il me donne alors son nom : Zarnam Maur’Till. Je m’en souviendrai, détestable coq.

Quand il se tourne vers le nobliau au chapeau pour révéler qu’il est heureux d’avoir pu l’aider à se débarrasser du milicien, puisque il n’apprécie guère “ceux qui se mêlent des affaires de nos habitués”, je vois immédiatement que ce dernier ne l’écoute pas. Son regard brûlant de désir suit les courbes des muscles de l’éphèbe, et je détourne la tête avec un grognement sourd, incapable de supporter cette vue plus longtemps.

Enfin, il dévoile l’espace entre ses bras, et nous invite à rester ou partir à notre convenance, mais pas sans la promesse solennelle de ne rien révéler de ce que nous avons vu à l’intérieur du temple. Il ajoute que la milice n’est pas un problème est qu’elle saura être convaincue que “ce meurtre” n’a pas à être suivi de conséquences.

De nouveau, je réfléchis. Il semble avoir gobé tout cru que je suis un envoyé de Tiercevent, ce qui est un bon point. Mais bien que sa voix soit des plus rassurantes, ses propos ne le sont pas. “Attendre de pied ferme”, “ce qui se trame ici”, “n’aiment pas ceux qui se mêlent des affaires de nos habitués”, “ce meurtre”, … Voilà un champ lexical qui convient mieux à un individu retord qu’à un chef honorable! Je ne crois pas une seconde à la possibilité de survivre longtemps une fois les murs du temple quitté. Qui sait si ce Zarnam n’a pas des gardes en civil dans les rues pour s’occuper des gêneurs? Vu ce que j’ai vu jusqu’à présent, je ne crois plus ce temple au-dessus de telles sournoiseries… Je ne crois pas être capable de vivre assez longtemps pour faire quoi que ce soit une fois sorti d’ici...

Pour autant, reste ici comporte son propre lot de danger. Qu’importe les noms qui me protège, si je suis trop gênant, on me tuera. Sans compter que quelque chose se trame ici, et que rester signifie y être mêlé...

A côté de moi, le nobliau accepte avec joie de rester dans le temple, suivi par kerenn qui évoque de plus un “sombre végétal aux soyeux pétales”. Un nom de code? Je le regarde en coin, incapable de déchiffrer son visage de marbre. Est-il impliqué dans les activités criminelles du temple? Lui, un noble, un prince? Et il agirait en qualité de dignitaire d’un autre pays? Ou bien fait-il innocemment référence à la rose sombre, sans arrière-pensées? Tant de secrets… Je regrette le temps pas si lointain où tout était plus simple...

Finalement, je prends ma décision, incertain sur sa justesse mais poussé autant par ma logique que par ma rancœur.


“Moi zauzzi, zieur Maur’Fill, ze zerai afec plaizir que z’accepte fotre infitation. Zi un des eztimés dirizeant du temple m’azzure que tout fa bien, ze le crois zur parole. Mais le capitaine m’a demandé d’obzerver, et ze me tiendrai à ma tâche, comme il doit en être.”

Puis, sans un mot, je clopine vers le corps du milicien, à présent sans vie et bientôt sans chaleur. Me penchant à ses côtés, je déboucle la ceinture où le fourreau et l’épée du milicien sont attachés, et la reboucle à ma propre taille.

( Il n’en aura plus besoin à présent, mais peut-être que moi si. Et si jamais je sors d’ici vivant, je pense qu’un milicien saura reconnaître cette épée. Cela pourrait se révéler utile d’avoir une preuve du crime commis ici… )

Sans doute me prendra-t-on pour un charognard à dépouiller ce mort. Je n’en ai cure. Si je peux mettre de l’acier entre moi et la mort, je le fais.

La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le mer. 24 juil. 2019 20:36, modifié 1 fois.
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"Un beau visage est un masque pour un cœur scélérat"

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » mar. 23 juil. 2019 10:35

Message PNJ

Les trois compères forcés décidèrent donc de tous les trois rester. Un maigre sourire naquit sur la seule partie visible du visage de Zarnam à la remarque de Gaïus, et il répondit de sa chaude voix aux propos de Kerenn.

« Il est difficile de connaître la position d’un être si erratique que Cromax. Disons que je l’ai pressé indirectement de venir ici au plus vite, d’où ma certitude de le voir arriver. Quant au sujet que vous souhaitiez évoquer, il y a bien des choses à en dire, effectivement. Plus, même, que vous ne pourriez vous en douter. Mais vous comprendrez que je ne peux le faire devant toutes les oreilles. Rejoignez moi donc dans cette alcôve, que nous soyons en plus petit comité… »

Il désigna une alcôve aux rideaux de velours et commença à s’y diriger, tout en poursuivant.

« Nul doute que le jeune sieur vous accompagnant souhaitera m’y rejoindre après notre conversation. »

Il laissa son regard peser un instant sur Gaïus. Une évidente invitation.

Puis, avant de pénétrer dans l’alcôve, il s’attarda sur Kassar.

« N’ayez crainte pour le Capitaine Tiercevent. Il va pouvoir bientôt venir contempler lui-même ce qu’il souhaite voir ici. Ça vous libère de votre mission, je pense. Quant à cette épée, gardez la donc, mais prenez garde de ne pas vous faire prendre avec par la milice : nul doute qu’ils la reconnaîtraient. »

Et sans plus attendre, il pénétra dans l’alcôve, disparaissant à la vue de tous, laissant les trois visiteurs en compagnie du cadavre du milicien et des trois gardes de la rose, les scrutant avec une attention soutenue, barrant tout passage vers la porte d’entrée du Temple, sans pour autant adopter une posture spécialement agressive.

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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » mar. 23 juil. 2019 14:23

<--

Si Gaïus avait entendu la phrase mystérieuse du géant sindel à propos d'une quelconque plante aux sombres pétales, il n'en laissa rien paraître bien qu'à son air ahuri on pouvait clairement en douter. Néanmoins il avait bien repris ses esprits lorsque l'indigent au défaut de prononciation indiqua qu'il continuerait sa mission d'observation. Par ailleurs le jeune mage se demandait bien qu'est ce qui avait bien pu pousser le commanditaire à choisir un manant aussi peu raffiné pour faire de la surveillance dans un lieux aussi luxueux et abritant en temps normal des clients plutôt fortunés. Finalement le jeune fêtard haussa les épaules et décida que cela lui importait peu.

(Voilà qui n'est guère surprenant.)

Kazzar, ou Kassar il fallait vraiment qu'il se renseigne à ce sujet, s'était dirigé vers le cadavre du milicien et l'avait délesté de son arme. Si effectivement il en avait plus besoin cela restait du vol de propriété de la milice de Kendra Kâr sans compter que si un soldat de la ville voyait l'indigent avec, il passerait sûrement un moment désagréable. Une fois de plus le riche fêtard se débarrassa de ses interrogations et se demanda plutôt s'il ne devait pas se mettre à prendre des cours d'escrime comme sa sœur, ne serait-ce que pour se défendre contre les malfrats.

Le bourgeois ne se souciait clairement pas du tout de ce qui pouvait se tramer dans le Temple et s'il se sentait en danger il ne le montra pas le moins du monde. Ceci dit il s’intéressa tout de même au cornu quand il parla de nouveau, sans avoir auparavant décoché un très léger sourire à Gaïus ce qui le mit plus mal à l'aise qu'autre chose. Ses paroles n'avaient aucun sens pour le mage néophyte si ce n'était que visiblement, le dénommé Cromax allait bientôt arriver et que les deux êtres les plus impressionnant du lieu avait apparemment des secrets en commun. Cela aussi il en avait cure et seule la perspective prochaine d'un moment de détente le retenait en ces lieux car s'il était plutôt d'un naturel curieux, il aimait surtout profiter de toutes sources d'amusement et de plaisir.

Justement le cornu indiqua une alcôve proche pour discuter avec l'elfe et l'invita très clairement à le rejoindre après coup. Cette perspective raviva le désir du jeune homme qui hocha vivement la tête avant que son interlocuteur se détourne vers l'homme maladif en répétant tout haut ce que Gaïus avait pensé auparavant. Puis Zarnam finit par rentrer dans l'alcôve qu'il avait désigné précédemment, laissant l'improbable trio seul avec les gardes du Temple et le cadavre du milicien au milieu de sa flaque de sang. Le jeune bourgeois ne préféra pas s'attarder dessus et en attendant patiemment son tour il se dirigea vers le pauvre à l'odeur désagréable et lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis un bon moment.

« Excusez-moi mon brave mais votre nom c'est Kassar ou Kazzar ? »

Le mage attendit qu'on lui réponde et qu'on l'appelle pour une compagnie plus agréable.

-->
Modifié en dernier par Gaïus Galini le sam. 3 août 2019 23:34, modifié 2 fois.

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » mer. 24 juil. 2019 16:16

Zarnam me rétorque qu'il n'est pas aisé de savoir où se trouve l'erratique Cromax, ce qui ne me surprend guère compte tenu de ce que j'ai appris sur ses agissements après son départ d'Elysian. Quant à mes paroles cryptiques, si elles semblent intriguer le mendiant et le précieux parfumé, elles n'engendrent rien de tel chez le sieur Maur'Till qui se contente d'admettre qu'il y a en effet bien des choses à dire sur le sujet, plus que je ne pourrais l'imaginer selon lui. Il m'invite dans la foulée à le suivre dans une alcôve tandis que le puant déclare lui aussi vouloir rester, désireux de poursuivre sa mission pour l'inconnu nommé Tiercevent. Il se permet aussi de ramasser l'épée du défunt milicien tandis que Zarnam ajoute à l'attention du pomponné que ce dernier souhaitera sans nul doute le rejoindre dans l'alcôve après notre entrevue, une invitation qui ne laisser guère planer de doutes sur ce qui s'y passera lorsqu'ils seront seuls.

Réprimant un rictus dégoûté, après tout libre à eux de s'empaler parmi tant qu'ils le souhaitent, j'entends encore le cornu répondre au miséreux que le capitaine sera libre de venir contempler lui-même ce qu'il désire et que cela devrait clore son "enquête". Il le prévient aussi que garder la lame aisément reconnaissable du milicien pourrait lui attirer de sérieux ennuis avec la milice, mais là encore je n'en ai cure: le fait qu'il y ait un mendiant de plus ou de moins dans les rues de Kendra-Kâr ne m'empêchera certainement pas de dormir. J'emboîte donc le pas à Zarnam et, une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, entame la discussion d'une voix soigneusement dosée pour que nul en dehors de lui ne soit en mesure d'entendre:

"Il semblerait que nous ayons quelques points en commun, sire Zarnam, tout comme j'en avais avec Cromax: le secret constitue notre "fond de commerce" et nous sommes d'exécrables ennemis. Mais peut-être est-il utile que vous sachiez que Cromax m'a invité à considérer que je faisais partie des vôtres, en attendant l'opportunité de creuser plus amplement la question."


Je marque une courte pause, mes prunelles d'ambre rivées aux siennes, puis ajoute avec un léger sourire qui n'atteint nullement mon regard:

"Toutefois, je gage que vous le comprendrez aisément, je ne suis pas de ceux qui s'identifient aveuglément à une cause dont ils ignorent les tenants et aboutissants. Aussi je vous pose la question sans détour: pour quelle raison soutiendrais-je les mystérieux Amants de la Rose Sombre?"

Un sourire assuré naît sur les lèvres du dénudé tandis qu'il me répond :

"Cela ne m'étonne guère de lui. Trop prompt à révéler au grand jour des couvertures, sans s'attarder sur l'importance du fond des choses. C'est précisément pour cette raison que ce lieu est amené à péricliter, et ses servants fidèles avec, pour que renaisse la vraie valeur des secrets et de l'ombre qui les entoure. Le fait que vous associez les Amants à cet endroit est déjà un stigmate de ceci."


Prenant une lente inspiration, il poursuit :

"Je ne sais moi-même rien de vous. Mais je peux vous dire ceci : notre but est d'acquérir et de conserver le monopole des secrets et des informations vivantes sur l'intégralité de la surface de Yuimen. D'en faire un commerce lucratif tout en restant dans l'ombre. La Rose Sombre est un symbole qui représente tout cela, une unité vers ce but commun."

Après une courte pause, sans doute pour me laisser le temps d'assimiler ces informations, il me questionne à son tour:

"Mais laissez-moi vous poser à mon tour une question, si vous le voulez bien : à quel point tenez-vous à ce que Cromax fasse partie de tout ça ?"

J'écoute avec attention les réponses de Zarnam, mon sourire se teintant d'amusement lorsqu'il s'étonne, enfin, façon de parler, que je sois en mesure d'établir un lien entre ce lieu et les Amants. Contrairement à ce qu'il semble penser, ce n'est pas Cromax qui m'a révélé ce lien mais, pour l'heure, je ne juge pas utile de le préciser. Vagabond un jour... Lorsqu'il me révèle ensuite quelques bribes des objectifs de la Rose Sombre, je hoche vaguement la tête pour indiquer que sa réponse me convient, puis réponds à sa dernière interrogation:

"C'est un Sindel. Et puis, ses actes sur le monde d'Elysian m'incitent à lui accorder une certaine confiance, d'autant plus que nous avons des relations communes. Par ailleurs, il a acquis une puissance rare, je serais fort intéressé de bénéficier de ses conseils. Mais j'entends à vos paroles qu'il ne fait pas l'unanimité, songeriez-vous à l'évincer de votre organisation?"


Une seconde de silence, puis je complète avec un sourire en coin :

"Quant au fait que vous ne sachiez rien sur moi, j'en suis positivement ravi. Les ombres sont mon domaine, sieur Zarnam, mais voici toujours mon nom: Kerenn."

Le sourire du Cornu s'élargit à ma dernière répartie, agrémenté d'une pointe de satisfaction me semble-t-il :

"Il va sans dire qu'il est valeureux et puissant. L'éviction n'est qu'une possibilité de dernier recours : mon objectif est de lui faire avant tout comprendre la nécessité de la prudence et de la discrétion dans notre domaine. Vous en conviendrez, c'est une base pour tout être souhaitant manier efficacement le monde de l'information."


Je ne peux qu'approuver ses paroles d'un léger hochement de tête, suivi d'une remarque prononcée sur un ton pensif:

"La puissance ne va que rarement de pair avec la prudence, selon mon expérience. Mais je vous rejoins sur les nécessités que vous évoquez."

Indifférent à sa totale nudité, je commence à m'y habituer à force, je garde un silence songeur tandis qu'il s'installe confortablement sur le sofa circulaire meublant l'alcôve et plisse imperceptiblement les yeux à la proposition qu'il m'adresse ensuite :

"Il est bien des êtres puissants en ce monde. Si vous me suivez, Kerenn, je pourrai vous en présenter un qui n'a rien à envier à Cromax à ce niveau... Mais vous comprendrez que je ne peux lui mener toute personne attirant ma sympathie. Aidez-moi à convaincre Cromax du bien-fondé de notre action, et vous aurez cette opportunité."


Alléchante proposition, certes, mais certainement pas dénuée de risques d'après ce que je crois entrevoir de la situation. Je ne sais exactement de quelle action parle Zarnam, mais si elle a mis mon compatriote en rogne le temps risque fort de se gâter, et pas qu'un peu. Toutefois il ne me demande pas de m'opposer directement à lui, ce qui serait une folie à mes yeux, simplement de l'aider à le convaincre d'être plus prudent et discret. Après avoir rapidement soupesé le pour et le contre, je lui réponds en inclinant lentement le visage:

"Soit. Mais n'attendez pas de moi que je me confronte à lui autrement qu'au niveau des avis, je n'ai pas froid aux yeux mais je ne suis pas suicidaire."

Autant que les choses soient claires. Et pour le reste advienne que pourra, il ne reste plus qu'à attendre Cromax, nul doute que j'aurai alors de plus amples informations sur cette fameuse "action" entreprise par Zarnam. Je déciderai alors de ma position dans tout cela. Acquiesçant lentement de la tête, il me rétorque que je n'ai nulle crainte à avoir et que jamais il ne me demanderait une telle chose, si bien que je le salue d'un bref signe de tête et regagne le grand hall sans plus tarder. Une fois dans ce dernier je fais signe au gamin pomponné que la place est libre tout en grognant sombrement:

"Tâche de ne pas trop couiner, petit, si tu tiens à ta langue, j'ai horreur des piaillements de minettes effarouchées..."

Ayant ainsi prévenu le minet de salon, je vais m'adosser à un mur en choisissant soigneusement l'endroit de manière à avoir toute la salle en vue, puis attends sans trace visible d'impatience la suite des événements, mon esprit analysant posément les éléments que je viens d'apprendre.

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » mer. 24 juil. 2019 20:35

Précédemment...

Le vigoureux adonis reprend la parole alors que je soupèse avec précaution ma prise, ajustant le ceinturon à mon maigre tour de taille. Son timbre puissant s’adresse en premier à kerenn : pointant le fait que ce Cromax semble être un être difficilement trouvable, il affirme avoir pris des dispositions pour l’amener indirectement en ces lieux.

L’usage du mot « indirectement » m’interroge, suspendant un instant mon affairement. Si il ne pouvait pas demander à ce Cromax de venir directement, ce n’est donc pas qu’il agit en qualité de dirigeant, ou en égal de ce Cromax ? Cela implique aussi possiblement que ce Cromax ne soit pas au courant que c’est Zarnam qu’il l’amène ici…

Mon regard s’élève pour croiser celui, méfiant et scrutateur, des gardes. Le comité d’accueil n’est pas être celui que l’on préparerait pour une fête de bienvenue. Seul le pire s’impose à mon esprit à cran : il s’agit ici d’une tentative de prise de pouvoir. Ce n’est guère un secret que les nobles prenne un vil plaisir à s’entre-tuer et se déshonorer entre eux pour être le dernier à régner sur le cheptel de serfs et de ressources...


Tous à mes réflexions, le fat répondit positivement à la mystérieuse allégorie florale de kerenn, indiquant qu’il a bien des choses à raconter mais qu’il préfère le faire loin des oreilles indiscrètes. Joignant le geste à la parole, il désigne une alcôve proche, dont la tenture couleur sang préservera l’intimité des secrets révélés aux regards indiscrets.

C’est seulement alors qu’il s’y dirige qu’il daigne s’intéresser au jeune aristocrate et à moi-même. Au plus jeune, il adresse un regard intense et une invitation, au ton neutre mais aux intentions impures, afin qu’il le rejoigne une fois la discussion avec le Sindel finie. A la manière vigoureusement dont l’intéressé acquiesce, on le devine réjoui par cette nouvelle, ce qui m’arrache une grimace peu amène.
Quant à ma personne, l’arrogant indique, juste avant de passer le rideau de son alcôve, que le capitaine tiercevent va bientôt pouvoir venir contempler ce qu’il souhaite voir du temple à sa guise, et que je devrais faire attention avec cette épée si je ne veux pas qu’elle soit reconnue par la gardes et aller au devant de problèmes avec la loi moi-même.

Le capitaine tiercevent doit venir ? Doit-il venir pour les événements qui semblent prendre place, ou indique-t-il juste que bientôt, ce conflit interne sera dénoué et que le capitaine pourra rentrer de nouveau avec la réouverture du temple ? Je m’apprête à lui demander plus d’explications, mais il a déjà disparus derrière le rideau de velours, rapidement suivis de kerenn.


« Excusez-moi mon brave mais votre nom c'est Kassar ou Kazzar ? »

Je recule vivement d’un bon pas, pris par surprise par la présence du jeune noble à mes côtés. Et cette question… d’ordinaire, je serai ravis que l’on me donne une telle occasion de corriger ma lamentable prononciation, mais dans ce contexte ? C’est tellement … saugrenu ! De surprise, quelques secondes s’écoulent dans un inconfortable silence, où j’observe le visage parfaitement serein du jeune noble. On m’a parlé de l’attitude décadente des nobles des capitales, mais peut-on vraiment être frivole à ce point, même en face du danger ? Ou est-ce là encore stratagèmes et intrigues ?

« Le… Le premier. Ze fous remerzie de fous z’en inquiéter. »

Le nouveau poids à mon ceinturon, encore peu naturel, me pousse à chercher semblable attirail chez mon interlocuteur, et j’échoue à apercevoir le moindre tranchant sur cet étonnant personnage.

( Il ne devait pas s’attendre à de tels événements et n’aura pas pris son arme au matin… )

Je ne me sens pas vraiment d’aider cet inconnu – après que ce Zarnam est ouvert la porte de ma rancœur, son joli faciès m’inspire à présent des trémolos de bile âcre – mais peut-être qu’un geste approprié pourrait me valoir un petit retour de faveur à ses yeux, si il n’est pas de mèche avec tout ce qui se passe ici ? Qui sait à quoi s’attendre avec un tel fantasque… Et peut-être pourrais-je jauger sa réaction, et deviner son allégeance.

Je balaye des yeux la dépouille ensanglanté du milicien, et finit par y déceler ma prise, logé dans un petit fourreau de cuisse. Bientôt, ma main osseuse détient un modeste couteau, probablement le compagnon de table du feu milicien.


« Tenez. »
Et je fourre couteau et fourreau dans les mains du nobliau.
« Fous defriez faire attenzion. Fe Zarnam a caufionné le meurtre de fe bougre. Fe n’ai pas un gaze d’afeugle confianze. »

L’ironie de la situation ne m’échappe pas. Me voilà en train d’avertir ce jeune homme du danger qui le guette peut-être alors même que je suis dans une bien fâcheuse posture à mentir à qui veut l'entendre sur ma propre allégeance!

Scrutant son visage dans l’attente de sa réaction, j’ajoute :


« Puis-ze fous demander fotre nom? »

A peine eus-je le temps de prononcer ces quelques mots que kerenn ressort de l’alcôve, indiquant que la place est libre et menaçant au jeune fortuné qu’il prend grand déplaisir aux bruits de l’amour. Il ajoute qu’il n’a guère intérêt à élever la voix durant ses ébats pour ne pas provoquer son déplaisir, tout cela en des termes peu polis. Plus les événements s’enchaînent, plus ce kerren me fait l’impression d’un chien sans cesse aboyant injures et colère, quoique il fut alors un chien aux crocs impeccablement acérés. Je me garde bien de le lui faire remarquer, cependant…

En attendant la réponse du jeune noble, les mots de Zarnam sur d’éventuels problèmes avec la loi à cause de mon épée me reviennent. Je commence à déchirer quelques pans de tissus de ma tunique déjà miséreuse, les enroulant autour du manche de ma nouvelle épée afin d’en masquer les atours. De loin, j’espère, elle donnera l’impression d’une épée de miséreux, mal entretenue et rafistolé avec quelques linges imprégnés d’humeurs maladives… Et je vais vraiment avoir besoin de nouveaux vêtements.


La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le dim. 4 août 2019 01:30, modifié 1 fois.
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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » mar. 30 juil. 2019 09:42

Message PNJ

À peine Kerenn eut-il quitté l’alcôve où Zarnam attendait désormais Gaïus qu’un coup sec, brutal, massif se fit entendre derrière la porte, mobilisant l’attention des gardes de la rose présents à l’intérieur. La violence du choc était sans conteste : quelque chose se passait mal dehors. Pressés, ils déverrouillèrent la porte, armes devant, pour voir ce qui se passait. Une erreur ? ils ne tardèrent pas à le savoir… (suite dans le RP de Cromax)

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » mar. 30 juil. 2019 13:09

Tous s’organisent pour embarquer sur mon dos ou dans l’atmos de Kad’n. Très vite, Faëlis se précipite vers moi en plaisantant sur le quiproquo de me monter. Après la mort subite d’Onyx et les dangers qui planent encore sur le Temple, je n’ai hélas le cœur à apprécier ce genre de touche humoristique. Sa greluche, elle, semble curieuse de l’atmos et y grimpe sans plus tarder, assez rapidement rejointe par Tina, qui n’a pas trop eu le choix de son moyen de transport puisque l’ynorienne refuse catégoriquement de monter dans la machine volante. Sera-t-elle vraiment plus à l’aise sur le dos d’un saurien, si voler l’effraie ? J’ai comme un doute…

Au moment où les larges ailes commencent à battre pour me soulever, et où l’atmos fait ronronner ses moteurs hydrauliques, la vapeur commençant à sortir de ses cheminées de cuivre, plusieurs gardes de la rose encore vivants débarquent dans l’arrière-cour, armés d’arbalètes. Hors de question qu’ils mettent en danger mes passagers. De ma gorge monte une gerbe de feu qui se projette vers eux avec puissance. Une véritable vague de feu les submerge, les brûle, les carbonise sur place sans qu’ils puissent rien faire pour lui échapper. Ma magie conférée par Lysis est ici plus qu’utile, et sans plus attendre, alors que les flammes dévorent encore leurs corps et les parties boisées de l’arrière-cour, je prends mon envol vers la capitale kendrane sans plus tarder.

Le voyage se déroule sans encombre. À la fois pour ne pas prendre d’avance sur mes compagnons de l’atmos que pour ne pas déstabiliser Faëlis et Madoka sur mon dos par une vitesse trop élevée, je me maintiens au rythme de la machine volante de Saldana. En quelques heures à peine nous parvenons en vue de la Cité Blanche. Si par réflexe je vois Kad’n descendre vers la zone d’embarquement de la compagnie Air Gris, il est pour moi hors de question de perdre plus de temps en nous posant en périphérie de la cité. Peu importe ce qu’en diront les autorités, c’est bien au centre que je compte atterrir. D’un grognement et d’un signe de tête, je fais comprendre à mon compagnon du désert de me suivre, et c’est vers la place du château royal que je descends en piqué, avant d’y atterrir sans discrétion, ailes largement déployées, prenant soin toutefois de n’écraser personne dans la manœuvre. Je laisse le soin à l’elfe et l’ynorienne de descendre de mon échine avant de reprendre mon apparence elfique, pendant que l’atmos finit de se poser, libérant ses occupants à son tour. Mais notre arrivée en fanfare n’est pas vue d’un bon œil : les gardes du château et miliciens présents, après avoir été un instant estomaqués par cette vision, convergent maintenant vers nous en force. Pas de temps à perdre une fois encore. Je compte assumer mes choix, comme je le pensais plus tôt, mais pas sans avoir déterminé ce qui se passait au cœur du temple des plaisirs. Je crie à ceux qui sont venus pour m’aider :

« Courez ! »

Et je prends moi-même la tête de notre petit groupe, qui s’il se presse a largement le temps de distancer les gardes fort équipés. Le Temple est tout proche de la place, dans une rue adjacente, et c’est sans détour que je m’y précipite. Un seul garde en livrée rouge surveille l’entrée, fermée… Curieux, je les ai toujours connus à deux. Je n’attends guère cependant qu’il nous serve les niaiseries de rigueur : j’ai encore en travers de la gorge leur trahison du Palais en Ynorie, et compte bien tous les traiter équitablement : Le pauvre hère nous vois arriver vers lui en ruant comme un troupeau bestial, et tente de se prémunir de notre charge en plaçant sa hallebarde face à lui, mais j’écarte celle-ci d’une lame avant de lui planter ma rapière en travers du visage, le clouant littéralement sur la porte du temple, avec une violence inouïe. Encore un travers que je devrai assumer devant la loi kendrane, mais je n’en ai cure pour l’instant. Très vite, alors qu’au bout de la rue les gardes et miliciens affluent, j’entends le loquet intérieur se débloquer. Curieuse façon de toquer à une porte, mais finalement effective. Sitôt ouverte, je rentre de force en poussant le battant avec force, renversant le garde qui l’ouvrait de l’intérieur. Je déboule dans la large pièce principale du temple si vite que je manque de trébucher sur le cadavre d’un homme en armure aux couleurs de la milice de la ville. Aussitôt, je commande à ma suite :

« Entrez et verrouillez-moi cette porte : nul ne peut entrer ou sortir. »

Je leur fais confiance pour agir prestement : il est hors de question que les miliciens viennent fourrer leur nez ici avant que je n’aie compris ce qui se passe. La salle du temple est curieusement plongée dans une semi-obscurité, les lourds rideaux de velours carmin étant tirés devant les hautes fenêtres. Des candélabres et autres cierges éclairent l’allée principale, menant normalement au rez-de-chaussée de la tour où vit Pulinn. Cette fois, il n’en est rien : un large et haut pan de tissu barre la vision à cette entrée, coupant de travers l’allée principale. Mais je ne peux guère y porter longtemps attention : nous ne sommes pas seuls ici. M’entourent, de près ou de loin, plusieurs êtres. Trois gardes de la rose, déjà. Celui que j’ai poussé par terre en rentrant, et deux autres maintenant leur hallebarde pointée vers mon petit groupe. Mais ce n’est pas tout : une sorte mendiant masqué se tient non loin d’un jeune noble à l’apparence soignée. Plus loin dans la pièce, un être dont je reconnais les traits burinés : Kerenn. L’elfe gris rencontré sur Elysian. Ce n’est guère l’heure d’heureuses retrouvailles cependant, et je n’ai que le temps de me demander ce qu’il fiche là, et à quel point il peut être mêlé à tout ça.

La tension est à son comble dans le temple : mes lames sont pointées vers les gardes, les leurs vers moi, sans qu’aucun ne tente d’agir… Il suffirait d’une étincelle mal avisée pour mettre le feu aux poudres…

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Faëlis
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Faëlis » mer. 31 juil. 2019 20:08

Un dragon et un navire volant. Voilà bien un équipage surprenant qui allait prendre son envol ! Avec sa compagne Madoka et monté sur le dos du dragon Cromax, Faëlis n'avait que trop hâte de partir pour Kendra Kâr. Après avoir été victime d'une tentative d'assassinat et d'une attaque de gardes pourtant sensément alliers, il se disait que la journée ne pourrait pas être pire... mais un mauvais pressentiment planait dans l'air. Ils devaient se hâter, et espérer que le temple des plaisir de Kendra Kâr contienne des éléments d'explications sur la révolte des gardes de la rose.

Ils s'élevèrent en trombe, alors que d'autres gardes débouchaient derrière eux. Faëlis cria à Madoka de se tenir alors qu'il saisissait son arc. Il n'eut cependant pas le temps de s'en servir : Cromax le dragon fit une embardée qui manqua de les désarçonner pour plonger et incinérer de son souffle de feu les assaillants. Puis, au côté de l'engin volant, ils s'envolèrent vers Kendra Kâr.

Il ne leur fallut que quelques heures pour revenir jusqu'à la cité blanche. Mais là, le dragon ne trouva rien de mieux à faire que plonger vers la grande place de la ville ! Bien sûr, à peine atterris et les passagers descendus, les gardes affluaient à leur rencontre ! Ce type allait lui détruire le peu de réputation qu'il avait ! Ils s'élancèrent vers le temple des plaisirs, à l'entrée duquel se tenait un garde. Sans même attendre de savoir dans quel camp il était, Cromax le planta d'un coup d'épée ! Puis, il poussa la porte et entra, leur demandant de la verrouiller.

Faëlis verrouilla bien vite le loquet de métal, puis, se précipita pour ramasser un solide banc de bois et la traîner en travers de la porte. Il nota tout de même d'un regard les occupants de la pièce plongée dans l'ombre. Il s'agissait de plusieurs gardes de la rose ainsi que d'un trio surprenant : un genre de vagabond dont la laideur inspirait la pitié, rehaussé par un bellâtre aux airs de bandit et... Kerenn ? Son compagnon d'Elysian était donc toujours vivant ? Rien d'étonnant, sans doute, pour un dur à cuire comme lui, mais tout de même, l'elfe ne s'y attendait pas. Il n'était pas tout-à-fait sûr d'être content de le revoir, mais au moins, il était rassuré pour lui.

Aliéna, de son côté, avait déjà saisie son épée. À peine essoufflée, elle était déjà prête au combat en cas de besoin.
Modifié en dernier par Faëlis le mar. 3 sept. 2019 18:33, modifié 1 fois.

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Madoka
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Madoka » jeu. 1 août 2019 15:20

L’état d’urgence dans lequel nous sommes n’est pas propice aux divagations et pourtant, mes premières minutes de vol en dragon sont ce qui ressemble le plus à un rêve éveillé et resteront gravées à jamais dans ma mémoire, je l’espère. Je ne suis que passagère mais déjà, je comprends mieux l’impossibilité d’Aliéna à décrire la sensation de voler. Ce serait comme expliquer à un poisson la sensation de marcher. Le vent, l’odeur de l’air, les sons, tout est différent là haut. La vitesse ressentie est grisante bien qu’il soit presque difficile d’inspirer à plein poumon ; la vue est majestueuse et la sensation de liberté est saisissante. Il n’y a là haut aucun relief, aucun obstacle, aucune contrainte, aucune autre présence physique que soi-même lorsqu’on ferme les yeux. Les mouvements du dragon sont si souples et si amples que j’en oublie, pendant une grande partie du voyage, ce qu’il est et représente. Lui, la créature mythique des légendes que je qualifiais encore d’imaginaire ce matin malgré les récits récents d’un grand dragon noir en Omyrhie. Lui, qui est aussi un homme, un elfe à la prestance et l’aura intimidante. Il m’est toutefois difficile de transcender l’étrangeté de ce fait, mes pensées étant en train de savourer le vol avec moi.

En quelques heures à peine, nous voilà en vue de l’immense cité blanche qui, depuis le ciel, porte encore mieux son nom. Le survol de la dite cité met cependant un terme à cette atmosphère désinvolte bienvenue car, au lieu de rejoindre discrètement la zone d’embarcation, poussé par l’urgence, ses craintes pour la vie de Pulinn et son fort désir de revanche ; Cromax descend et atterrit au beau milieu de la grande place du Palais royal. Une descente rapide et énergique qui me laisse juste le temps de me parer de ma cape et sa large capuche. S’il est homme à vouloir prendre le risque d’être reconnu, je suis plutôt l’inverse.

Notre arrivée en fanfare soulève des hurlements de terreur et à peine sommes-nous à terre, Faëlis et moi, que des cris et des ordres fusent de tous les côtés. Disciplinés, les gardes sont plus prompts à réagir que les citoyens. Sous l’injonction de Cromax déjà redevenu elfe, nous courrons à perdre haleine jusqu’au Temple des Plaisirs, heureusement très proche. Toujours nourri et poussé par sa colère et ses ressentiments, l’elfe gris fonce droit vers le garde, surpris d’abord de voir arriver un petit groupe aussi vite et choqué ensuite par l’aisance avec laquelle l’elfe écarte la menace de sa hallebarde pointée vers nous. Avec une violence stupéfiante, il cloue littéralement le garde à la porte et ouvre celle-ci d’un coup d’épaule l’instant d’après, faisant chuter lourdement un autre garde. Instinctivement, je traîne le corps du garde à l’intérieur du temple, escomptant qu’une trace de sang soit moins affolante qu’un cadavre et que les gardes hésitent même à enfoncer cette porte dans la minute pour entrer. Faëlis verrouille derrière moi et bloque la porte d’un lourd blanc en bois, mettant du coup en pratique les mots de Cromax. Personne n’entre ou sort d’ici.

Et c’est je pense l’avis partagé par les gardes en livrée rouge qui se tiennent face à nous, au nombre de trois et armés de leur maudite hallebarde. Nul ne bouge cependant, tous restent immobiles et observateurs. Lentement, sans gestes brusques ou plus menaçant que nécessaire, j’ouvre les pans de ma cape et passe mes mains au dessus de mes armes, prête à les saisir. Derrière eux se trouvent trois autres personnes, des visiteurs du temple à en juger par leur attitude réservée et leurs habits ; déroutants pour l’un deux d’ailleurs car vêtu de loques et caché derrière un masque blanc. Proche du plausible mendiant se trouve un jeune homme élégamment et richement vêtu ; plus loin, un elfe à la carrure impressionnante et au faciès austère.

La tension est telle qu’un toussotement pourrait transformer l’endroit en nouveau bain de sang.

Modifié en dernier par Madoka le ven. 6 déc. 2019 21:53, modifié 2 fois.

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Tina
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Tina » ven. 2 août 2019 08:52

[Avant]
-11-

Le vrombissement mécanique de l'appareil ne parvient pas à masquer totalement des cris de bataille hors de l'engin. Lorsque Tina tente de jeter un œil sur leur origine, seul le coloris d'une gerbe de feu lui apparait. La jeune femme se fige de longues secondes, un nombre croissant d'hypothèses sur la cause se bousculant sous son bandana. La crainte se dissipe peu à peu lorsque dragon et appareil quittent le sol de la propriété et partent à travers les airs. Si la jeune femme à la crinière blanche semble ravie de poser les yeux sur tous les détails de leur transport, la tulorienne demeure sagement assise à sa place et ferme les siens. Être capable de s'adapter à l'imprévu a toujours été le point fort de son jumeau, même si elle n'a pas à rougir de ses propres capacités, mais tout de même. Peut-être est-ce parce qu'elle est toute proche de pièces technologiques ou peut-être que le choc des événements a suffi, mais elle retrouve peu à peu ses souvenirs sur ce qui précédait son arrivée inopinée dans les appartements de Cromax. Ses pensées se tournent vers les autres yuiméniens qui se trouvaient dans cet autre monde avec elle, puis avec les locaux qu'elle y a rencontré. La noble dame et son frère au bras et à la jambe de métal, qu'elle a vu en dernier avant de se réveiller. Mais la présence de la robe noire et du gadget magique prouvent qu'elle n'a pas rêvé. La belle se mordille un instant la lèvre. Une oeuvre inachevée a le don de ne pas lui plaire du tout.

Décidée à ne pas se laisser attrister cependant, la jeune femme extirpe un carré de tissu de sa sacoche et son poudrier à miroir. Puisque le trajet va sans doute prendre un moment, autant le mettre à profit pour chasser le plus de traces sanguines de sa peau. Après tout, il n'est pas utile d'attirer l'attention en s'affichant ensanglantée, quand bien même sa robe rouge en affiche de belles traces par endroits.

Le voyage se déroule calmement, si elle omet les questions posées par l'autre femme au pilote sur l'engin volant. Tina réprime un frisson à l'apparition des murs de la cité blanche et un autre à la lente perte d'altitude du véhicule aérien. Son souffle diminue d'un coup au moment où elle remarque le signe de tête du reptile volant. Visiblement, leur guide n'a pas l'intention de perdre de temps et plonge directement vers le cœur de la cité. La forme draconique se pose à la vue de tous devant le château avant de disparaitre. La tulorienne ne peut s'empêcher de rendre son regard au pilote avant de sortir.

"Je vous suggère de verrouiller derrière nous. Par prudence.", déclare-t-elle en indiquant la porte avant de sauter à la suite de l'autre femme.

La jolie brune n'a pas le temps de balayer les lieux du regard que la voix de Cromax les incite à le suivre. Les yeux vert d'eau ne quittent pas le petit groupe qu'elle a rejoint, ne se fermant que pour un instant, lorsque la célébrité elfique empale littéralement un garde en livrée rouge également, au niveau du visage. La belle ne peut réprimer un léger souffle face à la brutalité observée ni son adorable inclinaison de la tête en observant l'ynorienne tirer le cadavre dans le bâtiment. Elle entre à sa suite, se décalant le long d'une paroi tandis que Faëlis s'affaire à barrer la porte à coup de loquet et d'un lourd banc de bois. La tulorienne ne peut empêcher un léger sourire amusé de flotter sur ses lèvres à la pensée que l'elfe blond semble avoir quelque chose contre ce genre de meuble. Sourire qui diminue quand elle aperçoit une autre forme étendue au sol plus loin, trop immobile pour ne pas faire écho à ce qu'elle vient de vivre.

Ses beaux yeux s'attardent alors sur l'endroit. Une certaine pénombre règne dans la salle, plusieurs rideaux tirés le long des murs, sans doute pour masquer les fenêtres. Seules quelques bougies éclairent un chemin dans ce que la belle comprend être une sorte de temple. Elle avise alors les autres présents de la pièce. Trois gardes vêtus des mêmes atours et surtout brandissant pour deux d'entre eux des hallebardes menaçantes, le dernier reprenant un souffle coupé par l'elfe armé qu'il s'est visiblement pris de plein fouet. Plus loin, trois autres silhouettes. L'une appartient à un jeune homme doté d'un chapeau faisant luire les yeux de la couturière. Elle observe sans discrétion le couvre-chef, notant les détails dans un recoin de sa mémoire. Sa tenue semble de bonne qualité et attire inévitablement l'attention, dont il ne bénéficie que quelques secondes avant que la jeune femme darde les yeux sur une autre forme. Celle-ci appartient à un elfe gigantesque, adossé à un mur, qui doit bien la dépasser de deux ou trois têtes et au faciès plutôt fermé. Mais la jeune femme sait reconnaître certains signes. D'une, il s'assure que son dos est couvert par une paroi, empêchant les surprises. De deux, il balaie la salle du regard, attentif. Il semble vigilant, quelle qu'en soit la raison.

La dernière personne est sans expression. C'est du moins ce qu'elle pense, jusqu'à ce que la tulorienne comprenne qu'il s'agit en vérité d'un masque cachant son visage. Des gants abîmés, un bâton et une tenue ayant vus de meilleurs jours laissent entendre une personne du peuple. Tina esquisse un sourire. Quelque part, après avoir fait connaissance avec des célébrités, des habitués du combat et une pléthore de morts, la vision de cette personne lui met un peu de baume au cœur. Malgré toutes ses tares, Tulorim lui manque. Toutefois, son élan nostalgique laisse vite la place à une vive attention. L'air des lieux est lourd, Cromax est tendu et sans doute prêt à détruire tout obstacle, vivant ou non, sur sa route. La belle avise le garde encore au sol et lui offre un sourire compatissant, faisant un léger pas vers lui comme pour venir à son aide, mais stoppant son avancée bien avant de l'atteindre.

"Étiez-vous derrière la porte, l'ami ? Vous m'en voyez désolée. L'urgence, comprenez-vous ?", fait-elle en remettant une mèche derrière son oreille. "Auriez-vous l'amabilité de demander à vos camarades de reculer ou de baisser leurs armes ? La vue des hallebardes me rend... Nerveuse.", ajoute-t-elle d'une voix douce et calme.

S'il est possible d'éviter trois morts de plus avec quelques mots, autant tenter le coup.

Modifié en dernier par Tina le dim. 11 août 2019 00:38, modifié 1 fois.
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » sam. 3 août 2019 10:40

A peine me suis-je appuyé contre le mur qu'un choc brutal ébranle la grande porte d'entrée, attirant aussitôt l'attention des gardes. Serait-ce déjà la milice qui rapplique? Sans pour autant faire le moindre mouvement, je rassemble une fois de plus mes fluides obscurs tandis que l'un des sbires du temple va soulever le loquet fermant l'huis; ce qui s'avère une très mauvaise idée car le battant s'ouvre avec une rare violence, heurtant rudement le malheureux qui se voit brutalement jeter à terre. Prêt à tout mais déterminé à ne pas me mêler de ce qui ne me regarde pas car, malgré ce que j'ai dit à Zarnam il est hors de question que je m'implique dans les affaires de la Rose Sombre tant que je ne saurais pas plus précisément de quoi il retourne, j'ai la surprise de voir débarquer Cromax, arme ensanglantée au poing! Plus surprenant encore, il est suivi d'un Hinïon que je reconnais sans mal: Faëlis, la loupiote d'Elysian avec qui j'ai voyagé pour aller à Niyx. Quant à savoir ce qu'il fiche ici, ça...

Au final c'est toute une meute qui pénètre dans le temple : le lampadaire ambulant est suivi d'une donzelle aux yeux roses - de quelle maladie oculaire est-elle atteinte celle-ci? - qui dégaine aussitôt une épée, puis d'une Ynorienne aussi ensanglantée que l'est la lame de Cromax, arme au poing également, qui traîne le corps d'un garde de la rose aussi mort que possible ; puis c'est une autre humaine à la poitrine proéminente qui franchit l'huis au moment où Cromax ordonne à tout ce petit monde de verrouiller la porte, ce que s'empresse de faire Faëlis qui renforce encore le barrage au moyen d'un banc. La tension, qui s'était bien apaisée, se réinstalle aussitôt, les gardes menaçant le Sindel de leurs hallebardes alors que ce dernier semble tout prêt à les étriper. L'humaine qui est entrée en dernier, native de Wiehl probablement, s'inquiète alors de l'état de santé du garde propulsé au sol par Cromax puis tente de détendre l'atmosphère en demandant aux autres soldats du temple de baisser leurs armes qui la rendent "nerveuse". Ce dernier mot me tire un sourire en coin, vu la douceur du ton employé c'est à se demander lequel elle emploie quand elle est paisible.

(Bon, c'est maintenant qu'on commence à rigoler, visiblement...)

Au vu des intentions de Zarnam et de l'attitude ouvertement belliqueuse de Cromax, ce sera un miracle si ça ne dégénère pas en bain de sang, d'autant plus que tous les nouveaux arrivants semblent avoir déjà été mêlés à un petit carnage. Toujours adossé au mur, manière d'indiquer que je n'ai nulle intention d'en découdre avec qui que ce soit pour le moment, je lance avec un soupçon d'ironie:

"Eh bien eh bien, je constate avec plaisir que vous n'avez pas perdu votre sens du spectacle, messire Cromax. Vous tombez bien, si vous me permettez l'expression. Je vous attendais justement."

Tournant ensuite le regard vers Faëlis, j'ajoute sur le même ton:

"Sieur Faëlis, en voilà une surprise. J'ai bien failli ne pas vous reconnaître, vous...clignotiez davantage la dernière fois, si j'ai bonne mémoire. Ravi de vous revoir."

Enfin, à l'attention des trois humaines, j'achève avec un petit signe de tête poli:

"Damoiselles, le bonjour."

Ayant dit je me recompose un air neutre pour observer la scène, bien que je sois intérieurement curieux de voir comment tout cela va tourner. La confrontation entre Cromax et le Cornu, en particulier, risque d'être des plus intéressantes. Je me demande également ce que font là les trois donzelles, mais le moment me semble assez mal choisi pour me livrer à un interrogatoire en règle.

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » sam. 3 août 2019 23:28

<--

Le jeune bourgeois attendant sa distraction s'était enquis du nom de son infortuné compagnon de circonstance ce à quoi il répondit après un long moment quelque peu gênant qu'il se nommait Kassar contrairement à ce que sa prononciation défaillante laissait entendre. La question avait clairement surpris l'indigent qui semblait extrêmement méfiant, probablement à raison étant donné le cadavre du milicien et l'ambiance de défiance qui régnait encore. Gaïus était aussi conscient de la situation globale, du moins en partie, mais il ne se considérait pas lui même comme pouvant représenter une menace pour qui que ce fût. De plus il n'y avait pas selon lui de meilleure défense contre le danger que de prétendre ouvertement qu'il n'en avait pas connaissance. L'interlocuteur du bellâtre semblait s'attarder un moment sur ce dernier avant d'aller farfouiller de nouveau dans les affaires de l'infortuné homme de loi gisant sur le lieu de son trépas. Le fêtard ne peut retenir une grimace de dégoût en regardant le dépouillement du cadavre mais cependant il n'avait clairement pas autre chose à faire pour le moment et espionner l'alcôve où s'entretenaient le sindel et le cornu lui semblait des plus imprudents bien que l'idée lui effleura l'esprit.

(Vraiment aucune décence chez cet indigent décidément.)

Une chose inattendue se passa, le dénommé Kassar trouva ce qui semblait être un couteau et le tendit à son fortuné compagnon. L'ironie de la situation n'échappa pas au mage néophyte qui ne savait trop quoi faire de ce cadeau qui, bien que modeste, pouvait toujours s'avérer utile. Le présent n'était pas que physique car un sage conseil l'accompagnait sur le danger plus que probable que représentait l'homme masqué. Tout émoustillé que Gaïus était il avait un peu laissé de côté le meurtre de sang froid du gradé de la milice et cela doucha quelque peu son enthousiasme. Le fêtard pris donc l'arme et son fourreau, ou plutôt l'outil de cuisine vue la taille de la lame, et l'accrocha à la place adéquat sans grande conviction quant à sa capacité à en faire un bon usage.

(Il faut vraiment que j'interroge ma sœur sur les armes.)

Vu qu'elle s’entraînait depuis son plus jeune âge aux armes son frère ne doutait pas une seconde qu'elle pourrait lui apprendre deux ou trois choses. Il s'inclina légèrement et remercia le pauvre homme tout en se promettant d'acquérir une arme plus fiable et si possible n'appartenant pas à un cadavre.

« Vous avez assurément raison et ferais assurément bon usage de ceci. Merci. »

Kassar demanda ensuite son nom au fortuné mignon et ce dernier prit un moment de réflexion avant de lui répondre. En effet il lui semblait pas des plus prudent d'affirmer qu'il était le fils du propriétaire du plus grand chantier naval de la ville mais il ne pouvait non plus cacher le fait qu'il était riche. Par chance l'indigent ne semblait pas venir de Kendra Kâr le mage débutant décida de partir sur une demi-vérité.

« Gaïus Shibata. Honoré. »


Le nom de son père étant plutôt connu des gens de la mer et l'homme oublié de la déesse de la beauté étant un agent d'un capitaine, Gaïus opta pour le nom de jeune fille de sa mère que beaucoup moins de personnes connaissaient. Tout en répondant il s'inclina légèrement à l'ynorienne et afficha un sourire de circonstance avec cela. A peine relevé de sa révérence que l'elfe gris sortit de l'alcôve où il se trouvait avec le cornu et enjoignit le butineur des choses de l'amour de rejoindre le lieu qu'il venait lui-même de quitter. A son habitude il y ajouta moult menaces et récriminations que le fêtard ignora pour le moment, plus préoccupé de la menace réelle que représentait Zarnam ce qui avait très nettement refroidi ses ardeurs.

« Ha ! »

Un coup brutal et soudain donné dans la porte fit sursauter le précieux qui ne put s'empêcher de penser qu'il devait réellement faire quelque chose pour améliorer sa survie quand les choses tournaient au vinaigre. Que ce fût avec la magie qu'il venait de découvrir ou les armes qu'il avait ignorées jusque là il se promit devant tout les dieux qu'il connaissait de s'améliorer dans ces domaines. Alors que les gardes en pourpre se préparaient à toutes éventualités qui s'avéreraient probablement problématiques pour eux, Gaïus se cacha à moitié derrière une des colonnes du Temple de façon à pouvoir observer tout en pouvant promptement mettre un peu de marbre entre lui et tout projectile ou autres choses désagréables. Un des soldats du lieu ouvrit la porte et celle-ci laissa entrer un bon groupe aussi hétéroclite que celui déjà présent à part que les nouveaux arrivant étaient tous assez agréables à regarder si ce n'étaient les taches de sang et le cadavre que traînait une compatriote de sa mère.

(Quand je raconterais ça à mon père... Si j'en reviens.)


Le plus impressionnant était sûrement le sindel qui semblait mener le groupe au vue de l'ordre de bloquer la porte qu'il avait donné qu'un deuxième elfe d'une autre ethnie exécuta promptement en la verrouillant et en la bloquant avec un banc ramassé non loin. Le fait d’être enfermé avec autant de combattants visiblement aguerris pour la plupart ne plaisait clairement pas au jeune mage qui se contenta d'aviser les autres surgissant, n'ayant pas vraiment d'autres solutions qui se présentaient à l'instant précis. En plus des deux elfes et de l'ynorienne se trouvaient un être féminin aux yeux roses et une jeune humaine à la poitrine plus que généreuse qui se permit même de demander aux gardes qui les menaçaient de leur arme de les abaisser car cela la rendait nerveuse.

(Par les déesses elle ne manque pas de toupet. Quoi que vu ses compagnons...)


Il était assez étrange de voir que c'était justement celle qui paraissait la moins dangereuse qui demandait aux soldats du Temple de baisser leurs armes. Gaïus supposa qu'elle avait une entière confiance en ses compagnons pour la défendre ce que d'un point de vu purement numérique elle avait amplement raison de croire. Le bourgeois décida de suite de ne clairement pas chercher de noises au nouveau groupe, du moins pas tant qu'une force plus importante de représentants de la loi locale n'était pas présent. En tant que fils d'un riche entrepreneur il ne pouvait clairement pas se mettre sa ville natale à dos.

(Voilà donc le fameux Cromax.)


Ce fut Kerenn qui le nomma bien qu'il ne le désigna pas directement mais le fêtard mis le nom sur le visage du donneur d'ordre parmi les nouveaux venus. Il parla ensuite d'un certain Faëlis que le jeune homme associa au deuxième elfe par pure déduction puis le géant sindel salua d'une phrase les femmes présentes. Bien que n'ayant pas l'assurance de son compagnon d'infortune, le mage néophyte décida de se présenter afin de clairement signifier qu'il n'avait aucun lien avec ce qu'ils pouvaient reprocher aux habitants du lieu. Il se décala donc légèrement de derrière sa colonne en affichant un sourire factice bien que presque réel étant donné l'habitude qu'il avait de l'exercice et s'inclina de nouveau à l'ynorienne.

« Gaïus Shibata. Client de cet établissement... habituellement bien que ce soit plutôt la curiosité qui m'a amené ici aujourd'hui. Honoré. »


Le métis se releva plus rapidement que la coutume l’exigeait et s'il ne retourna pas derrière sa colonne il en resta à proche distance sans toutefois s'y coller, tentant d'afficher avec une réussite toute relative une expression neutre sur son visage.

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » dim. 4 août 2019 01:30

Précédemment...

Après ces quelques instants à habiller la solide garde de l’épée milicienne avec les lambeaux de mes guenilles, je reporte mon attention sur l’insouciant dandy. Je le trouve légèrement incliné, me remerciant pour mon avertissement et acceptant l’humble lame que je lui ai donné. Son nom, Gaïus Shibata, m’est donné après quelques instants de réflexions – l’esprit visiblement bien fait du favorisé a transmué mon avertissement en guide de prudence.

(Ce précieux pourrait bien valoir un peu d’effort et d’attention de ma part, qui sait ?)

Un coup d’une rare violence secoue la massive porte d’entrée du temple. Un nouveau saisissement s’empare de mon être, mais je ne peux m’empêcher de constater que ma fébrilité n’est plus aussi intense qu’elle le fut il y a quelques minutes… Suis-je en train de m’endurcir, soumis à ce flot constant d’évènements tous plus effrayant ? Ou est-ce ma rancœur qui préserverait étrangement ma raison, la haine comme bouclier contre les frayeurs ?

Je ne m’appesantis guère plus sur cette réflexion alors que la nervosité gagne les gardes. Qui que ce soit qui est responsable de ce violent impact, il ne semble guère être attendu… Alors que les meurtriers en livrées rouges s’approchent de la porte, ouvrant loquets et serrures pour inspecter l’autre versant de la porte, je recule prudemment, avisant une alcôve proche où je pourrais me cacher à la vue de la grande salle…

Avant d’avoir pu mettre cette idée à exécution, les verrous se libèrent sous la pression d’un nouveau choc d’une fureur peu commune. L’un des gardes est projeté au sol par l’inertie du battant, obligeant les autres faquins à reculer pour ne pas être renversés à leur tour. J’écarquille les yeux de stupeur : cette immense porte est en bois massif, et de fait fort lourde ! Quel genre de force faut-il pour repousser aussi violemment un tel ouvrage ?

Et aux clameurs et cris courroucés qui pénètre désormais par la porte ouverte, je devine une populace en colère qui s’approche. Est-ce la milice qui arrive enfin ? J’ignore comment ils ont été mis au courant, mais je ne serais pas contre leur intervention !

A ma plus grande frustration néanmoins, aucune milice ne rentre dans le temple. A la place, une bande d’individu hétéroclite, badigeonnés de sang et partageant la hâte d’un criminel en cavale ! Mon impression se confirme quand l’un d’eux attire le corps mort d’un garde dans le temple et qu’un autre s’active à barricader la porte avec les meubles alentours… Très vraisemblablement pour retenir la cohue à l’extérieur du temple.


( Est-ce de la milice qu’ils se barricadent ? Ou de renforts du temple ?)

Désormais adossé au mur, mon bâton en main, j’observe avec attention les nouveaux venus : deux elfes et trois humaines. L’un des elfes, un semblable de kerenn, semble être en charge et donne des ordres pour fermer la porte, tandis que l’autre, un semblable de Nesterin, s’exécute avec célérité. Parmi les trois femmes, l’une d’entre elle appartient à une ethnie que je n’ai jamais vu, avec ses yeux en amandes et sa chevelure noire, mais je reconnais dans une autre les traits typiques des gens de Wiehl.

Je ne parviens pourtant pas à trouver du réconfort dans la présence d’une compatriote ni dans le sourire qu’elle m’adresse alors qu’elle m’avise. Devant cette foule de visage gracieux et de mises élégantes, je suis instinctivement porté à la prudence. Si je ne devais retenir qu’une leçon de ce temple, c’est qu’un beau visage est un masque pour un cœur scélérat. Pas de confiance sans preuves pour ces paons. Alors que la femme de Wiehl demande avec un calme consommé au gardes de baisser leurs hallebardes, arguant que cela la rend nerveuse, kerenn salue avec une pointe l’ironie l’arrivée du groupe, et en particulier la personne de Cromax. Le Sindel qui donnait les ordres est donc ce Cromax ? Intéressant… et effrayant. Une rage à peine contenue illumine les yeux du chef du temple, et il semble prêt à causer un massacre dans l’instant, en particulier sur le reste des gardes qui le menace de leurs hallebardes.


(J’ignore comment ce pédant de Zarnam l’a attiré ici, mais ça n’a pas dû lui plaire…)

Je note aussi le nom de l’autre elfe, Faëlis, lui aussi connu de Kerenn. Probablement mis en confiance par l’affinité du sindeli avec plusieurs membres du nouveau groupe, Gaïus quitte l’abri de la colonne derrière laquelle il s’était réfugié pour se présenter et expliquer la raison de sa présence.

Pas de présentation pour moi, mais juste un avertissement aux nouveaux venus.


«  Fous zavez que z’est un pièze, n’ezt-ze pas ? Z’est Zarnam Maur’Till qui fous za attiré ifi. »

J’imagine qu’ils le découvriront bien assez tôt, mais je me fais le même raisonnement qu’avec Gaïus : un petit coup de main aujourd’hui, et peut-être que j’y trouverai mon compte plus tard. Et si ils s’étripent, au moins pourrais-je filer en catimini dans le chaos...

La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le lun. 19 août 2019 23:53, modifié 1 fois.
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"Un beau visage est un masque pour un cœur scélérat"

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » dim. 4 août 2019 17:45

Tous à ma suite ils entrent dans le Temple des Plaisirs, qui n’a jamais aussi mal porté son nom. Madoka a la présence d’esprit de traîner derrière elle le cadavre que j’ai laissé derrière moi, afin de ne pas affoler outre mesure les gardes qui ne tarderont pas à arriver. À quoi bon : le sang reste, et ils auraient découvert mon meurtre tôt ou tard. Faëlis, lui, se presse de fermer la porter derrière le petit groupe, bloquant le loquet et barricadant le panneau en y accolant un banc. Voilà qui nous fera sans doute gagner un peu de temps. Tina, elle, use de ses charmes pour tenter de détendre l’atmosphère, baisser cette tension déjà fort haute. Je lui en sais gré, mais pour ma part, elle n’est pas prête de redescendre, et je sais désormais considérer ces gardes en livrée rouge comme des ennemis mortels. La colère parle, la rancœur vive. Ceux-ci n’y sont peut-être pour rien, mais dans mon élan, je ne parviens guère à faire la distinction entre les traîtres et d’innocents serviteurs du temple… Les paroles de la voluptueuse brunette ont tout de même le bon sens de me ramener un instant à la raison, et je n’attaque pas de suite ces soldats sur la défensive. Mes blessures me lancent un peu, celles du combat au Palais de la Roseraie de soie. Je ne me rends compte que maintenant de leur présence, de leur gravité. Rien de mortel, bien sûr, quelques égratignures sévères tout de même, qui laissent des filins de sang s’échapper sur ma peau argentée. Je serre les dents, m’occupant de détailler les diverses réactions à notre vive arrivée.

Kerenn est le premier à prendre la parole. L’elfe gris au visage familier semble étrangement détendu, et me complimente avec ironie sur mon sens du spectacle. Il disait m’attendre… Est-il lié à tout ceci, d’une manière ou d’une autre ? Je fronce les sourcils en lorgnant vers lui, alors qu’il salue paisiblement le reste de ma compagnie. Je n’ai le temps de rétorquer qu’un second répond à son tour, se présentant comme étant Gaïus Shibata, simple client des lieux, mené ici par la curiosité. Celui-ci semblait un peu plus nerveux que le sindel. Un peu plus innocent aussi, et d’un moindre danger, même si je savais mieux que quiconque qu’il ne fallait pas forcément se fier aux apparences. Le dernier, pour le moins suspect aussi, avec son masque de bois blanc et son apparence négligée. C’est pourtant lui qui a la réaction qui semble la plus sincère, et qui m’en apprend le plus sur ce qui se passe ici, quand bien même il ne se présente pas. Ainsi, il nous indique d’une voix entendue qu’il s’agit d’un piège, et que c’est Zarnam Maur’Till qui nous a fait venir.

« Zarnam… »

Le nom me file entre les lèvres avec amertume. Je n’ai rencontré cet être qu’une fois dans ma vie. Le Grand Gardien lié à Tulorim, dans sa sinistre demeure aux relents de nécromancie. Pourquyoi m’aurait-il tendu un piège ? Est-ce lui qui est à l’origine du message porté par Faëlis ? L’elfe blanc est-il lui aussi lié à cette intrigue, à ce complot ? Je tourne un regard soupçonneux vers lui, mais là encore je n’ai le temps d’intervenir qu’une voix ténébreuse et chaude me vient de plus loin dans le temple. Je relève la tête vers la silhouette massive d’un homme à la musculature impressionnante, toute exposée par sa nudité. Un masque de cuir muni d’une corne unique cache son visage. Zarnam en personne.

« Cromax, te voilà enfin ! Je commençais presque à m’impatienter de te voir arriver. »

Au lieu de s’approcher de nous, il s’écarte de l’alcôve qu’il vient de quitter, ayant masqué jusqu’ici sa présence, pour se rendre dans l’allée centrale, à côté de cet immense rideau de soie rouge barrant la vue. Je suis avec attention sa progression, tout en gardant un œil sur ce qui se passe autour de moi, attentif au moindre mouvement. Je perçois ainsi les trois gardes vivants s’écarter et se positionner entre tout le groupe de l’entrée et Zarnam, dans l’allée principale, armes toujours pointées dans notre direction, mais plus à distance de combat cette fois.

Une fois l’humain musculeux devant la tenture, il se tourne théâtralement vers le petit groupe, et prononce d’une voix forte, presque surjouée :

« Nous tenions à ce que tu constates de tes yeux ce qui arrive à ceux qui trahissent la confiance des Amants de la Rose Sombre, cher Gardien. Que les témoins prennent acte ! »

Et sans attendre, alors que ses mots se répercutent de manière creuse dans mon esprit, sans que je parvienne à déterminer de quoi il parle, il tire un coup sec sur la tenture, qui choit lentement au sol, d’une pièce, révélant à nos yeux une scène… indescriptible. Sur un piédestal entièrement blanc, comme intégralement fait de la neige compacte la plus pure, un corps est plaqué. Et pas n’importe quel corps : un corps à la peau elle aussi des plus blanches, de longs cheveux nacrés. La beauté elfique incarnée, la grâce et la volupté.

« Pulinn ?! »

Elle est littéralement accrochée à ce promontoire artificiel, mains relevées au-dessus de sa tête et poignets percés de pics de glace, laissant s’écouler un sang carmin le long de son corps seulement vêtu de voiles légers d’un blanc maculé de rouge. Elle semble vivante, mais dans un état des plus faibles. La gardienne des lieux, maîtresse du Temple, protectrice des Amants. Elle darde vers l’entrée un regard vide, de ses yeux d’opale. Un regard peiné, las. En son ventre, l’empalant de plus belle contre le promontoire, une lame la transperce de part en part. En moi, je sens la fébrilité, la rage monter. Sous le choc, je ne peux bouger, témoins ridiculement paralysé devant un spectacle horrible. J’entends seulement Zarnam reprendre la parole, brièvement.

« Ma Dame. »

De derrière le promontoire, une nouvelle silhouette apparait, drapée de noir et arborant un masque lupin détaillé d’or. Une femme, sans aucun doute, mais dont les rares traits visibles ne me rappellent rien. Une peau pâle, un port altier. Ses mouvements sont lents, mais précis. Sans se faire attendre cependant, et sans un mot, elle s’empare du manche de la lame dans le vendre de l’elfe blanche, l’en retire sans sembler faire le moindre effort et, aussitôt, la glisse en un mouvement aussi rapide que létal sous la gorge de Pulinn. Un flot carmin éructe de la plaie de cette alliée égorgée devant mes yeux comme un porc. Ma pupille se rétrécit aussitôt, et je laisse éclater ma colère sans plus tarder : par tous les dieux, j’ai déjà bien trop attendu ! Je me jette, fou de rage, vers ce duo d’assassin, ne prenant même pas en considération les gardes sur mon chemin. S’ils ne s’écartent pas, ils y passeront aussi.

Mais… je ne les atteins pas. Coupé dans mon élan par une force invisible, je ne peux voir que la femme drapée de noir lever une main gantée vers moi, de loin. Et tous mes sens se brouillent, ma vue vascillent, mon équilibre devient précaire, ma tête tourne subitement et je manque de peu de m’étaler par terre. Tombant un genou en terre, je porte une main armée jusqu’à ma tempe, battant comme si une tempête se déchaînait dans mon cerveau. Je ne peux littéralement rien faire… à peine est-ce si je peux entendre Zarnam lancer à la volée :

« Sieur Kerenn, c’est à vous de jouer… »

Et les apercevoir, d’une vue trouble, lui et la silhouette noire, disparaître derrière le promontoire maculé de sang, laissant derrière eux la puissante et séduisante elfe blanche en proie à une mort certaine. Sans doute se rendent-ils dans la Tour, la fameuse et mystérieuse tour dont Pulinn était l’inébranlable gardienne… Jusqu’ici. Confus, abattu par la magie de cet être mystérieux, je ne peux que compter sur les autres personnes présentes pour agir… Et les gardes ne les laisseront sans doute pas approcher Pulinn ou la porte de la tour sans âprement les défendre.


[HJ : Contactez-moi sur Discord pour que je valide directement vos tentatives, quelle qu'elles soient, pour pouvoir les intégrer à votre RP. Ainsi on ne perd pas de temps.]

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » dim. 4 août 2019 21:22

Alors que Cromax me jauge d'un air suspicieux, sourcils froncés, le jeune nobliau s'éloigne un peu de la colonne derrière laquelle il se terrait comme un rat pour se présenter sous le nom de Gaïus Shibata, client de cet établissement, du moins en temps normal. Puis c'est le mendiant qui s'exprime, non pour se présenter mais pour avertir la compagnie que Zarnam leur a tendu un piège. Tiens donc. Comment a-t-il déduit cela avec le peu d'informations reçues depuis notre entrée dans ce temple? D'autant plus qu'il n'a pu entendre ma discussion avec le Cornu, à priori. En sait-il plus qu'il n'a bien voulu le dire? Je n'ai pas vraiment le temps de m'interroger davantage car, à peine Cromax a-t-il lâché le nom de Zarnam d'un ton laissant entendre qu'il ne l'apprécie guère que ce dernier sort à son tour de l'alcôve pour prendre la parole. Il déclare avoir presque été impatient d'attendre mon compatriote mais, au lieu de se diriger vers les nouveaux arrivants comme je m'y attendais, c'est vers la lourde tenture dissimulant le fond de la pièce qu'il avance sous le regard méfiant du Sindel. Les trois gardes qui nous ont accueillis se positionnent à cet instant entre Zarnam et les nouveaux arrivants, signe explicite qu'ils ont reçu des instructions et s'attendent à du grabuge. Avec une sorte de risible théâtralité, le Cornu dénudé annonce alors d'un ton qui, à mes oreilles, sonne aussi faux qu'un yu gobelin:

"Nous tenions à ce que tu constates de tes yeux ce qui arrive à ceux qui trahissent la confiance des Amants de la Rose Sombre, cher Gardien. Que les témoins prennent acte !"

Alors que ses mots se répercutent encore dans la vaste nef, il exerce une sèche traction sur la tenture qui choit aussitôt au sol, révélant un spectacle qui, si je n'étais un fils de Raynna, me ferait sans aucun doute frémir. Il y a là une espèce de piédestal fait d'une matière blanche que je ne puis vraiment identifier, bien que cela ressemble à de la neige tassée. Et contre ce piédestal, le corps ensanglanté d'une sublime Elfe Blanche est littéralement crucifié par des pics de glace plantés dans ses poignets. Comme si cela ne suffisait pas, une lame lui transperce le ventre, sans l'avoir tuée cependant car je discerne, dans ses prunelles d'opale, la vie, largement teintée de tristesse et de lassitude. Cromax semble la connaître puisqu'il lâche ce qui me paraît être un nom, Pulinn, d'une voix totalement incrédule.

Avant que quiconque ait eu le loisir de réagir, une femme sort de derrière la scène de torture, vêtue de noir et arborant une espèce de masque lupin qui dissimule le haut de son visage. Zarnam la salue puis, aussi calmement que si elle servait le thé, la femme retire le sabre planté dans le ventre de l'Hinïonne et... l'égorge vivement d'un geste fluide et assuré?! Je dégaine aussitôt mes lames en jurant intérieurement:

(Par les couilles de Phaïtos! Je savais que ça allait tourner au carnage ce bordel!)

Aussi rapide que soit ma pensée, Cromax réagit plus vite encore et se précipite furieusement sur les deux assassins. Mais, alors que je songe que les deux comparses sont mal barrés, le Sindel s'arrête subitement, comme frappé par une force invisible qui le projette genou à terre!

(Alors là c'est la merde...) songé-je futilement, effaré de voir le puissant Cromax aussi aisément stoppé! Abasourdi, c'est tout juste si j'entends Zarnam déclarer que c'est à moi de jouer, avant de disparaître derrière le promontoire neigeux en compagnie de la femme masquée.

(Ah c'est à moi de jouer? Soit, on va jouer, lubrique fils de bouc sodomite...)

Ce bouffon Cornu croyait-il vraiment que j'allais le soutenir contre Cromax? Pauvre con ignorant. Il ne pouvait le savoir évidemment, mais c'est en partie grâce au Sindel que ma femme, Shill, est en vie. Les ombres sont mon domaine, lui ai-je dit, une assertion aux nombreux sens que je m'empresse de démontrer, mais sans doute pas de la façon que ce maudit bouc espérait. Il ne me faut qu'une seconde pour disparaître dans les ténèbres environnantes, puis une deuxième pour en rejaillir à proximité du garde le plus susceptible de nuire à Cromax. L'attaque que je lui porte n'est pas seulement furtive, elle est aussi et surtout d'une violence dévastatrice, témoignage sanglant d'une longue pratique dans les repères Eruïons. Totalement pris au dépourvu, le bougre n'a que le temps d'ouvrir de grands yeux éberlués avant que la redoutable lame que m'a offerte mon épouse ne lui tranche la gorge de part en part. Une gerbe de sang jaillit de sa carotide tailladée bien que ses chairs se racornissent et fument odieusement au contact de ma lame brûlante. Mais je n'y prête pas la moindre attention, sourire macabre aux lèvres je me place de manière à ce que nul ne puisse atteindre Cromax sans me passer sur le corps. Le Fauve du Dragomélyn paie toujours ses dettes...

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Faëlis
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Faëlis » dim. 4 août 2019 21:49

Tina tenta de calmer un peu les esprits, mais la situation était un peu trop tendue. Kerenn le reconnut et lui lança un commentaire amusé, comme quoi il clignotait davantage la dernière fois qu'ils s'étaient vue. Incertain que cela soit un propos apaisant, l'elfe blanc répondit tout de même :

« Hé bien, il ne fait pas nuit, pas au sens propre, en tout cas. Mais je pourrais vous rassurer sur mon état plus tard... »

Le bellâtre, de son côté, se présenta sous le nom de Gaïus Shibata. Un prénom kendran, mais un nom... ynorien ? Il semblait effectivement posséder quelques caractéristiques de ces deux ethnies. À la beauté, il ajoutait donc la rareté. Intéressant. Il lui fit une révérence élégante, avant d'écouter l'autre larron, le mendiant à l'air repoussant. Celui-ci, à défaut d'être beau, sut se montrer utile en donnant une véritable, quoique troublante, information : Ils avaient été attirés ici par un certain Zarnam Maur'Till, encore que ce nom soit incertain au vu de son zézaiement.

L'elfe n'eut guère de temps avant d'avoir plus de réponses, voici qu'un homme, sans doute le fameux Zarnam, se présenta à eux. Il s'agissait d'un colosse musclé, presque entièrement nu, qui aurait pu être bel homme s'il n'émanait pas de lui une aura aussi sinistre que déplaisante, renforcée par un masque de cuir noir orné d'une corne. Il proclama alors qu'il souhaitait monter à Cromax ce qui arrivait à ceux qui trahissaient les Amants de la Rose Sombre. Quelle était donc cette affaire ? Le demi-dieu aurait trahi les siens ? Bon sang, il lui manquait trop d'informations ! De plus, sans attendre, l'homme dévoila une scène morbide : arrachant une teinture, il révéla la dénommée Pulinn, comme crucifiée sur un piédestal blanc, horriblement beau par rapport à son utilité. Une lame lui transperçait le ventre...

Avant qu'ils ne puisse réagir, une femme au masque noir se présenta à son tour, arracha la lame et égorgea la malheureuse victime ! Révolté, Faëlis mis la main à son arc, mais Cromax s'était déjà élancé... uniquement pour être arrêté par une force, probablement magique, lorsque la femme noire tendit une main vers lui.

Dans la foulée, les deux monstres se retirèrent, demandant à Kerenn de passer à l'action. Et celui-ci disparut dans les ombres... pour réapparaître derrière un garde et lui trancher la gorge. Mais par tous les dieux qu'est-ce que c'était que ce bazar ? Qui était dans le camp de qui ? Qui voulait quoi ? Bon sang, c'était plus simple à la cour royale, là où il connaissait un peu les gens et les enjeux !

Sans plus attendre, Faëlis encocha une flèche pour aligner l'un des gardes qui se dressaient entre lui et la femme martyrisée. Tout en se dirigeant vers eux pour ne pas perdre de temps, il lâcha un trait sur le plus proche, lui transperçant la gorge de sorte qu'il tomba raide mort. Sans plus attendre, l'elfe continuait à se diriger vers la blessée, prêt à tirer sur l'autre garde s'il s'interposait.

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » mer. 7 août 2019 00:44

Précédemment...

J’observe, alors que j’achève mon avertissement, Cromax répéter avec amertume le nom de Zarnam. Dans ce repaire de forban au doux minois, je ne m’étonne pas du ton acide du sindel : la trahison doit faire parti intégrante de la progression sociale ici... Cette pensée se voit confirmée quand Cromax se retourne suspicieusement vers le dénommé Faëlis, soupesant probablement la probabilité qu’il l’ait trahis.

Je raffermis ma prise sur mon arme. Une rixe interne dans ce nouveau groupe ne permettrait pas d’occuper les sicaires du temples ou ce Zarnam, ce qui serait dommageable à mes projets de retraite…

Avant même que je ne puisse réfléchir à quelque chose d’autre, le rideau de l’alcôve à mes côtés se soulève légèrement pour laisser entrer ce mirliflore de Zarnam. Qu’il m’ait aperçu ou non, il ne relève pas ma présence, toute son attention retenue par ses nouveaux invités, dont il salue le leader, plaisantant sur son impatience à le voir enfin arriver. Sous mon masque, je me mords la lèvre d’appréhension : son plan se déroule sans accrocs visible, et ça, ce n’est pas bon.

Je m’attends à voir ce m’as-tu-vu s’approcher de Cromax, savourant son arrivée dans son traquenard. Pourtant, il prend le chemin inverse, s’éloignant de ce dernier vers l’imposant rideau qui m’avait interpellé à mon entrée au temple. Obéissant à un ordre invisible, les sicaires pourpres s’éloignent prudemment du groupe du sindel, se stationnant à mi-distance pour barrer le passage à la pointe de leurs hallebardes. Tandis que j’observe leur petit manège, je réalise soudain que ces truands ont concentrés toute leur attention sur Cromax et sa clique ! Profitant de la situation, je glisse par petits pas discrets mais guère souples vers l’alcôve où se trouvait Zarnam. Peut-être puis-je y disparaître le temps que tout le monde s’entre-tue, et ensuite aller trouver la milice ? Sera-t-elle d’humeur à collaborer après avoir trouvé le corps de leur pair au sol ? Dans tous les cas, mieux vaut le cachot au fil de l’épée…

Je ne suis plus très loin de l’alcôve – et de kerenn, encore adossé au mur de l’autre côté – quand Zarnam parvient enfin au pied du rideau. Avec une réplique que l’on croirait sorti d’un théâtre, il annonce qu’il tenait à ce que Cromax – qu’il appelle « Gardien », mais gardien de quoi ? - voit de ces yeux ceux qui ont trahis la confiance des Amants de la Rose Sombre, nous appelant comme témoins de cette révélation. Malgré moi, je m’arrête, poussé par une curiosité quelque peu morbide à observer ce qui a justifié tout ce danger, toute cette mise en scène.

Le rideau tombe sous la prise puissante du géant musculeux… et mes yeux s’élargissent d’horreur alors que le terme « morbide » m’apparaît malheureusement fort adapté.

Il y a là une jeune femme, une elfe, d’une beauté raffinée et à la parure tous en voiles blancs. Des voiles blancs teintés de sang, alors qu’une lame lui transperce le ventre, la clouant à un piédestal comme on clouerait un papillon à son support. Cette tâche est parachevée par quelques pics de glaces lui transperçant les poignets au-dessus de sa tête. Et ce regard qu’elle a… Je connais ce regard. A Frêlème, on avait le même, quand Yuimen ne répondait pas à nos prières, que la terre restait aride et qu’avec elle, la certitude que certains de vos proches ne passeront pas l’hiver : un regard de lassitude, de défaite, de perdition.

Interdit devant ce spectacle horrifiant, j’entends à peine Zarnam saluer avec un étrange respect l’arrivée d’une dame toute vêtue de noire, émergeant de derrière le piédestal. Sans un mot, sans une hésitation, la nouvelle arrivante ôte la lame du corps de l’elfe sans grand effort.

Puis, elle égorge l’elfe d’un revers d’épée. Tout simplement. Avec un naturel, un détachement si inhumain, qu’il apporte la touche finale à ce tableau inspiré par Thimoros lui-même.

Cet égorgement, ce regard, ces blessures,… Tous se mélange, se fracasse sur ma psychée comme une déferlante de peur, d’incompréhension, de douleur partagée par empathie. D’une main fébrile, je retire mon masque juste à temps, alors que mes jambes cessent de me soutenir et que le reste de mon maigre repas se répand sur le sol du temple, dans un flot de bile et d’autres humeurs tout aussi âcres et déplaisantes.


(Qu’est-ce… Que-Quoi ?… Mais… Hein?)

Tout perds son sens, mon esprit s’affole, incapable de soutenir les poids conjugués de mes détresses passés et des horreurs présentes, et je mets du temps à rétablir le fil de mes pensées. Redressant faiblement la tête, j’entends le bruit de corps qui s’effondrent dans un râle. Kerenn n’est plus à mes côtés : il semble dans la mêlée, distribuant la mort avec rage…

Mon regard se retourne vers la jeune elfe. Elle pends mollement, suspendues aux pics de glaces comme à un hachoir à viande. Je … dois faire quelque chose.

Le rideau de l’alcôve ne résiste pas longtemps quand je le tire à moi : c’est un matériau fin et léger, créé pour l’apparat et non pour résister aux agressions. Ce tissu en main, j’avance fiévreusement, vers l’elfe, mon attention toute tournée vers mon nouvel objectif. C’est l’unique chose qui me permet pour tenir en respect l’horreur de cette situation, pour le moment. Personne ne m’arrête : je passe loin des forbans, et l’unique malandrin encore debout semble plus intéressé par la lame de kerenn que par moi… Du coin de l’œil, j’aperçois Cromax, genou à terre, se tenant la tempe, sans aucun doute accablé par le sort de la jeune elfe…

Claudiquant encore quelques mètres, j’arrive au niveau de l’elfe… De mes mains tremblantes, je déchire le rideau de l’alcôve, improvisant des compresses que j’appose sur le cou de la mourante. La couleur pourpre du tissu m’empêche de voir le sang si imprégner, mais je sens immédiatement le tissu devenir humide et chaud de sang… Je ressers plus fort mon garrot, singeant de mon mieux le soigneur du village pour ralentir la perte de sang.


« Ô mizéricordieux zeri ! Ne laizze pas mourir zette innozente ! Puiz-tu afoir pitié ! Ze t’implore !»

Je ne suis ni guérisseur, ni magicien. Face à l’impuissance, il ne reste que la foi...

La suite...
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"Un beau visage est un masque pour un cœur scélérat"

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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » sam. 10 août 2019 22:43

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Le manant masqué lança une mise en garde à tout le monde sur le fait que Zarnam les avait attirés dans un piège. Cela surprit le jeune bourgeois car si le tout sentait clairement mauvais cette déduction semblait venir de nulle part à moins que Kassar en savait plus qu'il en montrait. Le sindel chef de la bande des nouveaux venus répéta le nom du cornu d'une manière telle que l'on pouvait se douter qu'ils s'étaient déjà rencontrés et que visiblement, le dénommé Cromax ne l'appréciait pas beaucoup. Ce dernier se retourna un moment vers un de ses compagnons pour une raison connue de lui seul mais son regard revint très vite vers l'alcôve où le libertin devait rejoindre l'homme nu qui justement en sortit . Il prit la parole pour se réjouir de la venue de la connaissance de Kerenn et se dirigea contre toute attente vers le centre de l'allée, là où trônait la grande tenture qui cachait le fond du Temple.

(Va t-on découvrir ce qu'il se trame là derrière ?)

Tout était envisageable et Gaïus dût admettre que l'indigent devait sûrement avoir raison à propos du piège. Une horde de soldat se cachait peut-être ou une arme quelconque à moins que ce fût quelques terribles bêtes telles que le bâtiment se transformerait en une sanglante arène. Cette dernière option semblait relativement improbable et était plutôt dû à une imagination débordante qu'une véritable réflexion car les trois gardes restant se placèrent entre le groupe et le cornu, dos à la tenture afin de protéger l'humain à la pudeur inexistante.

(Cela en ferait probablement les premières victimes de tout ce qui pourrait se cacher là derrière.)

Le suspense fût de courte durée car Zarnam une fois arrivée près de l'énorme voile de tissu, se mit à déclarer d'une manière très théâtrale une sorte d'avertissement en parlant de traîtrise aux Amants de la Rose Sombre et en appelant Cromax gardien. Gardien de qui ou quoi le jeune mage n'en savait rien pas plus qu'il ne connaissait une quelconque organisation s'appelant les Amants de la Rose Sombre. Mais toutes ses interrogations furent balayées en un instant quand la tenture dévoila enfin ce qu'elle cachait.

« Par les déesses quelle horreur ! »

Le jeune précieux regretta finalement très amèrement ce qui obturait auparavant le sinistre spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Un piédestal formé par ce qui ressemblait à de la neige accueillait une elfe à la beauté irréelle. Jusque là rien d’anormale pour le lieu mais ce qui l'était plus c'était la façon dont elle était accrochée au support : des clous de glaces enfoncés dans ses poignets maintenaient ses bras au dessus de la tête tandis que son sang coulait le long de ses membres supérieurs, imbibant de tâches rouges ses vêtements légers et d'une pure blancheur. Son regard portant sur l'entrée du lieu était vide mais rappela quelques souvenirs de soirées plus plaisantes et insouciantes au riche fêtard. C'était un abominable crime d’abîmer une telle perfection de la nature et cela remplit Gaïus de colère et de ressentiment. Le traitement cruel ne s'arrêtait pas là car une épée l’empalait au niveau du ventre. Une voix sortit le riche bourgeois de la contemplation de ce spectacle digne de Thimoros.

(Tu mourras un jour sale type.)

Zarnam accueillit une femme masquée comme lui-même mais l'ornement prenait la forme d'un loup tout en étant beaucoup plus élaboré avec des touches d'or. La nouvelle venue se dirigea lentement vers l'elfe à l'agonie et sous les yeux ébahis du mage néophyte, retira la lame de là où elle se trouvait pour ensuite trancher la gorge de la victime qu'elle transperçait auparavant. S'en fût trop pour Cromax qui se rua vers les bourreaux de l'elfe blanche qu'il devait connaître et apprécier avant de s'arrêter net, probablement terrassé par une magie quelconque.

(Arrêter une charge pareille en levant juste le bras... Impressionnant.)

Kerenn se fit appeler par le cornu avant que ce dernier ne quitte la pièce par un escalier montant vers un quelconque étage avec sa compagne. Le sindel avait déjà dégainé ses armes et en un instant il disparu provoquant l'apparition d'un regard ébahit de la part du jeteur de sort novice avant de réapparaître devant le garde le plus proche dont il se débarrassa avec une facilité déconcertante et dans une débauche de violence qui vint se rajouter aux précédentes. Trois meurtres sanglants en moins d'une heure, se fût trop pour l'irrécupérable fêtard qui se mit à rendre ses pâtisseries ingurgitées peu de temps avant, rejoignant ainsi son infortuné compagnon masqué dans le groupe des gens normalement indisposés par la violence sanguinolente. Gaïus ne put voir ni le tir du troisième elfe ni Kassar aller chercher des morceaux de tissu car une fois remis de ses maux de ventre il se précipita vers l'entrée du temple en évitant autant que possible d'être remarqué.

(On est à Kendra Kâr ou Omyre ici ? S'en est trop je vais chercher du monde pour arrêter ce massacre.)

Le kendran ne connaissait personne dans cet endroit à par la victime elfique qui l'avait fait fondre plus d'une fois avec un de ses sourires énigmatiques et de plus il ne pouvait clairement pas se mettre la cité blanche à dos ce que les divers événements récents allaient sûrement provoquer. Si au moins il pouvait se dédouaner en allant prévenir la milice s'en était que mieux. Arrivé près de la porte principale il n'entendit aucun signe d'agitation à l'extérieure mais déblaya quand même tout ce qui gênait l’accès et commença à déverrouiller l'accès.

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Madoka
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Madoka » dim. 11 août 2019 00:30

Les gardes, toujours menaçants, ne baissent pas leurs armes mais restent immobiles lorsque les trois personnes en tenue civile engagent les salutations. Le géant gris taillé comme un champion d’arène connaît Cromax et Faëlis. Il s’adresse au premier comme à une vieille connaissance qu’on tacle d’ironie en toute occasion, mais ne manque pas de lui donner du messire Cromax ; il en va presque de même avec Faëlis qui partage avec lui quelques mots mystérieux. Leur court échange détonne avec le décor oppressant et l’ambiance obscurcie par les cadavres à nos pieds. Cromax, lui, reste silencieux et lorgne le géant sans se défaire de son humeur, jaugeant l’elfe avec suspicion. En ces heures troubles, je n’ai pas de peine à imaginer les pensées qui peuvent traverser son esprit de l’entendre lui dire qu’il l’attendait.
Ses salutations, cependant, aussi inopportunes soient-elles quand tant d’armes sont dressées, ont au moins pour effet de motiver les deux autres à sortir de leur mutisme. Celui dont je ne distinguais que les riches vêtements se présente comme un client régulier des lieux, un sourire de circonstances aux bords des lèvres et une attitude se voulant neutre, bien que peu maîtrisée comparée au faciès de roc du géant gris. Le troisième larron, toujours adossé au mur et caché derrière son masque blanc, réveille l’attention de Cromax … et pour cause, il révèle à tous en zézayant qu’un certain Zarnam Maur’till l’a attiré ici. Un nom qui trouve son écho entre les dents serrées de Cromax ; et la révélation d’un nouveau piège de la part de cet inconnu le rend plus soupçonneux encore. Il braque alors son regard noir vers l’Hinion tandis que je surveille le géant qui se targuait l'instant d'avant de l’attendre.

Aucun des deux n’a le temps de réagir cependant. Ni eux ni personne.
Une voix virile, grave et sinistre résonne depuis l’une des alcôves. Un homme en sort, immense lui aussi, la peau foncée et le corps sculpté par d’imposants muscles … et qui ne se gène pas pour le montrer, pour tout montrer. Même la pénombre qui règne ici ne suffit pas à douter de l’état de nudité du nouvel arrivant. Une seule question me passe par la tête : Pourquoi. Son seul habit est une sorte de casque en cuir lui cachant le haut du visage, orné d’une unique corne sur le front. Pourquoi ? Il est immense, bâti comme un lutteur, la voix et la contenance d’un homme qui impose son autorité aux autres, alors pourquoi nu comme un ver. Mon incompréhension dépasse le plaisir de l’observation grivoise de courbes à demi dévoilées. Et, très rapidement, ses mots effacent tout questionnement quant au but de sa nudité de mes pensées.

Effectivement cet homme attendait l’arrivée de Cromax et de son propre aveu, impatiemment. Il ne s’étonne même pas de le voir vivant, c’est dire toute la confiance placée dans les gardes du palais, et la pitié envers leur trépas. Ce disant, il tourne le dos au Sindel et s’éloigne vers le large rideau de soie rouge qui barre la pièce de part en part. Les trois gardes bougent aussitôt, reculant de plusieurs mètres de manière à avoir tout notre groupe en vue, ils resserrent leur poigne sur les hampes de leur hallebarde au moment où ; tel un baladin face à un auditoire sourd ; le nu annonce d’une voix forte et très appuyée pourquoi il l’avait tant attendu.

« Nous tenions à ce que tu constates de tes yeux ce qui arrive à ceux qui trahissent la confiance des Amants de la Rose Sombre, cher Gardien. Que les témoins prennent acte ! »

Je ne sais quoi penser, le bien fondé des accusations de traîtrise ne pèse lourd que dans la bouche des accusateurs ; mais un mot m’interpelle pourtant : Nous. S’il est celui qui contrôle les gardes armés de ces mystérieux Amants, il n’a pas fait grand cas de la mort de tous ceux présents au Palais ; mieux que cela, il s’en est servi comme appât pour le faire venir à lui.

Mais l’homme n’est pas là pour discuter. Aussitôt a-t-il prononcé le dernier mot, qu'il tire fortement sur la longue et large étoffe. Le sinistre spectacle dévoilé par sa lente retombée me laisse médusée d’horreur, le cœur au bord des lèvres lorsque je reconnais la femme gisant en face de moi, comme offerte en sacrifice à un dieu sadique.

((Pulinn !))


Elle est là, accrochée à une sorte de grand socle blanc comme fait de neige, les poignets percés par des pics de glace et le ventre transpercé par une lame. En cet instant, je maudis ma cape de me permettre de voir si distinctement son regard vide et la souffrance sur son visage. Combien ? Depuis combien de temps est-elle là, à lutter pour survivre.
Et tandis que la stupéfaction s’abat sur nous tous, une silhouette fine à la démarche féminine sort de derrière le piédestal, couverte par une longue cape noire et voilée d’un masque de forme animal. (( Nous …)) L’autre qui forme la première pièce de cet énigmatique nous. Elle s’approche sans un mot, sans brusquerie, sans un regard pour nous. Elle contourne le corps de Pulinn et, sans sommation, arrache l’épée du corps de l’elfe blanche et lui tranche la gorge.
Ils sont rares, ces moments où les actes prennent l’avant sur les palabres et les longues réflexions, et plus rares qu’on le pense les personnes capables de tuer sans sourciller, soumises ni au doute ni à la colère. Une sinistre et parfaire exécution sans artifice ou grandiloquence théâtrale qui, toutefois, semble réveiller presque tout le monde, Cromax le premier qui bondit tel un fauve enragé, et l’estomac d’une personne plus fragile qui se vide à grand bruit.


Mes yeux suivent le départ du Sindel et aussitôt, mes propres jambes me portent à sa suite en prévision des réactions des gardes. Nul besoin d’être dans sa tête pour comprendre vers qui se dirige sa haine et ses futurs coups. Comme au palais, je serais non loin …
Mais lorsque je le vois brusquement être stoppé en plein élan, comme s’il avait cogné un mur invisible, je freine mon élan et glisse vers lui à grand renfort de roulades et de genoux à terre peu maîtrisés. Je l’ai vu faire preuve d’une force phénoménale, renverser plusieurs gardes en lourde armure à la seule force de son bras, se transformer en dragon et cracher le feu … et quelque chose ici est capable de le mettre à mal.
Les choses vont mal pour nous, la situation nous échappe complètement. Cromax serre les dents et opine du chef à ma présence. Je cherche les blessures, une flèche, une épée, quelque chose mais rien, rien qu’un elfe au visage crispé par la douleur et les yeux remplis de haine qui toisent les assassins de Pulinn.
Et soudain, la voix de Zarnam et une nouvelle menace. Kerenn. Il le nomme mais je suis trop loin pour deviner qui il regarde, il le nomme et lance comme s’il s’agissait d’un jeu que c’est à lui de jouer.
Les gardes … il a déjà prouvé qu’ils n’étaient pour lui que des pions tout justes aptes à jouer les amorces. Le mendiant … celui qui vient de vomir ? Le géant gris … lui … Il disparaît tout à coup de mon champ de vision. Un frisson de dégoût et de crainte remonte le long de ma colonne. Je tends un bras devant Cromax par réflexe et lorsque la silhouette réapparaît brusquement devant nous, je retiens mon coup, juste à temps. La brute Sindel fauche littéralement l’un des gardes avant que celui-ci ne parvienne à réduire de moitié la distance qui le séparait de Cromax.
Je n’y comprends rien, ou du moins, je ne saisis pas la teneur de l’ordre de Zarnam mais une chose est sûre, le rempart qu’il forme avec son corps est lui, très éloquent. Kerenn, s’il s’agit bien de lui, fait face aux autres gardes tel un bouclier vivant.

((Et merde !))

Zarnam et la femme ont disparu derrière le piédestal. Je rengaine mon cimeterre et m’élance, comme Cromax avant moi. Je n’ai pas le temps d’expliquer mes intentions, pas le temps de geindre sur mon incapacité à aider Pulinn, pas le temps de regretter l’absence de potion puissante. Je m’élance à leur poursuite mais non sans réfléchir.
Je cours vite et dépasse Faëlis tandis qu’il abat un deuxième garde que j’enjambe aussitôt ; je parviens à passer sous la surveillance du troisième garde et cours plus vite encore en passant tout proche de Pulinn, priant pour que quelqu’un ici soit capable de faire l’impossible pour elle.

Dans ma poche de pantalon, j’attrape la bague torsadée en forme de petite araignée et la mets au doigt. Dès qu’elle entre en contact avec ma peau, je ressens un picotement de l’arrière du crâne à mes paupières. Ma vue se brouille légèrement avant de se focaliser sur le tissu noir qui disparaît à l’entrée d’une autre pièce au fond de la salle. Je suis encore loin, beaucoup trop loin. Je cours vite mais je mets quand même plusieurs secondes à parvenir jusqu’à la porte restée ouverte. Je passe la tête par l’entrebâillement de la porte. La pièce est circulaire et de grande taille. J’aperçois d’abord plusieurs meubles, un grand canapé de couleur rouge encadré de hautes petites tables rondes, des armoires et commodes, un grand lit à demi dissimulé par un voile blanc diaphane, ainsi qu’un escalier creusé dans le mur face à la porte. Le bruit que j’entends ne vient pourtant pas de là, ils ne sont pas dans les escaliers mais derrière la porte. Je l’ouvre en grand lorsque je comprends enfin qu’ils poussent une autre porte.
Et par porte, je me trompe lourdement. Un pan de mur pivote et est en train de se refermer sur eux lorsque je pénètre dans la pièce. Je m’élance à nouveau comme une furie, consciente de ne pouvoir empêcher la fermeture de cette entrée dissimulée mais, j’ai peut être le temps de m’approcher juste assez.
Je me jette sur les genoux et glisse sur le parquet lisse … quand soudain, ma vue se brouille complètement et je perds le contrôle de mon propre corps.

((J’te tiens pétasse !))

Je sens mon corps glisser encore quelques secondes et cogner contre le coffre adossé à un divan. Je l’ai … je les ai.
Ils marchent le long d’un couloir étroit, l’homme nu ouvre la voie et j’enrage intérieurement de ce que je vois. Les lâches sont en train de fuir. Deux chevaux sellés les attendent, gardés par un garde dans cette fichue livrée rouge. Quinze minutes … c’est le maximum que j'ai tenu à espionner par les yeux d'un autre, mais jamais je n’ai tenté de garder le contact avec quelqu’un allant si vite. Mentalement, je note les rues et les détours qu’ils font, espérant qu’ils ne s’enfuient pas directement hors de la ville. Seule dans cette pièce et aveugle à ce qui m’entoure, je peste et prie.
Tout était prévu … tellement bien prévu.



((hrp : Mado se sert de sa bague de lien. sa cible est la femme en noir))
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Tina
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Tina » dim. 11 août 2019 00:37

[Avant]
-12-

Malgré la tension au coeur des lieux, plusieurs voix se font entendre les unes après les autres. Certaines laissent entendre l'existence de liens avec des êtres présents dans la salle, d'autres offrent leur identité avec politesse et d'autres encore porteuses d'avertissements. Alors que Cromax laisse filer avec négativité ce qui ressemble à un nom, une voix supplémentaire s'ajoute à celles déjà entendues. Tina tourne son regard vers un arrivant massif, porteur d'un masque orné d'une corne sur son front. Et rien d'autre. La tulorienne cligne des yeux deux fois face à ce spectacle et lorgne sur les expressions des autres, curieuse de savoir si elle est la seule à trouver cela saugrenu et malvenu. Elle se pince délicatement le haut du nez et inspire lentement. Elle aimerait comprendre ce que l'homme a dans l'esprit pour se présenter ainsi à la vue de tous, mais ce qui lui permettrait de lire à peu près clairement ses intentions est justement ce qu'il garde à couvert.

Immodeste, l'être nu s'adresse familièrement au célèbre elfe aventurier avant de s'approcher d'une tenture. Grandiloquent, évoquant ce que la belle estime être un châtiment pour trahison des Amants de la Rose Sombre, quoi que cela soit, il tire sur le tissu. Les yeux vert d'eau suivent le mouvement, remontant sur ce que l'être vient de dévoiler. Une elfe blanche est suspendue par des pics trop clairs pour être du métal et trop résistants pour n'être que du verre, ses poignets perforés par la matière. Son ventre est aussi percé par une longue lame. Si elle vit encore, Tina n'est pas dupe. Le regard vide qu'elle offre atteste qu'elle ne se raccroche guère à l'espoir de s'en sortir. La tulorienne ignore qui est cette elfe d'une grande beauté, malgré le sang maculant les voiles lui servant de tenue, mais elle sait reconnaître un avertissement quand elle en voit un. Tulorim affiche de temps à autres pareilles mises en garde au sein de ruelles moins empruntées. Celle-ci ne la concerne pas, cependant.

Un nouvel acteur prend place sur scène, sous l'apparence d'une femme au visage aussi masqué par les traits d'un canidé noir. Avec une grâce qui n'est pas sans rappeler à la jeune femme le port des nobles dames, l'arrivante s'empare de la lame fichée dans le corps de l'elfe claire, l'ôte, et s'en sert pour égorger le trophée vivant. Si Tina note que Cromax est en proie à une colère immédiate, elle ne la partage pas. La jeune femme ne connaît pas cette personne, et si un élan de sympathie l'étreint comme à la mort du dénommé Onyx, elle préfère détourner son attention sur la meurtrière, décidée à mémoriser tout ce qu'elle peut à son propos. L'elfe aventurier se rue en avant mais est stoppé net quand la femme lève la main. Tina sent son regard se plisser. Pour retenir Cromax, elle doit disposer d'un don impressionnant.

Les événements s'enchainent rapidement. Le grand elfe gris disparait en un clin d’œil, ressurgissant pour prendre de sa lame la vie d'un garde. Une flèche tirée tout près finit sa course dans la gorge d'un second tandis que l'ynorienne se lance à la poursuite du dangereux binôme. L'homme au masque blanc se hâte auprès de la blessée, quant à celui au chapeau... Les beaux yeux de Tina parcourent les lieux, mais c'est le son du raclement du bois contre le sol qui la fait se tourner vers la porte. Le dénommé Gaïus vient de tirer le meuble puis le loquet lorsque la belle comprend son geste. Agissant ou plutôt réagissant à ce qu'il fait, la jeune femme se précipite dans sa direction. Elle se plaque sans ménagement contre la porte, refermant celle-ci à peine entrebâillée. Dans le même geste, emportée par son élan et décidant de l'utiliser à bon escient, la tulorienne le bouscule sans cérémonie. Elle y met tant de force que le jeune homme en choit au sol. Ses doigts agiles s'emparent du loquet, le remettant en place dans un claquement. La jolie brune se plaque alors dos au battant de bois, faisant barrage de son corps au cas où l'importun retenterait sa chance. Elle avise sa victime d'un regard doux mais autoritaire, reprenant un souffle qu'elle n'avait jusque-là pas conscience d'avoir retenu.

"Mauvaise idée, l'ami.", dit-elle en secouant sa jolie frimousse. "La situation est déjà complexe ici. Vous ne voudriez pas la faire empirer en impliquant un bon nombre de gens d'arme, n'est-ce pas ?"

Tina l'observe brièvement, notant son teint pâle et la sueur perlant sur sa peau. Elle plisse les yeux, ne sachant pas si l'homme face à elle comptait juste fuir le massacre ou aller chercher quelque autorité. La première possibilité ne la dérange guère, on survit comme on peut après tout, mais l'autre...

"Réfléchissez un instant, si c'est le cas.", reprend-elle avec patience, comme éduquant un bambin. "Si quelqu'un d'aussi réputé que Cromax éprouve de telles difficultés face à ces... Personnes... Croyez-vous que de simples miliciens ont la moindre chance d'en sortir indemnes ?", dit-elle avant de reporter brièvement son attention sur le trophée elfique ensanglanté.

Quelque chose lui dit qu'elle ne devrait pas s'impliquer davantage car cela ressemble beaucoup à des histoires de famille. Pourtant, Tina se sait endettée auprès de l'elfe aventurier pour l'avoir accueillie, hébergée et nourrie entre autres. Elle compte le rembourser en lui apportant un certain soutien, mais il est des querelles qui la dépassent en ces lieux. Elle compte lui accorder un peu de temps, mais elle doute pouvoir faire davantage.

"Restez caché quelque part.", ajoute la belle en avisant son infortunée victime, lui souriant avec compassion et indulgence. "Ou cherchez un autre passage plus discret. Quelque chose me dit... Que nous aurons de la visite suffisamment tôt."

Car entre le meurtre du garde à l'entrée du temple et leur arrivée des plus spectaculaire, nul doute que l'alerte a déjà été donnée.

[Suite]
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » lun. 12 août 2019 06:07

Secoué, retourné par cette puissance m’ayant mis à bas, j’ai du mal à retrouver contenance. Et autour, je perçois que ça s’active pourtant. Si je suis toujours genou en terre, je peux cependant voir ce qui se passe dans la salle principale du temple, octroyant à tous ceux m’entourant un regard circulaire. Ainsi, je vois Kerenn, sorti de je ne sais quelle ombre, se jeter sur un garde pour l’égorger atrocement. Mais quel jeu joue-t-il, enfin ? Après ces mots de Zarnam, est-il de leur côté, ou du mien ? Difficile à dire, pour l’instant, malgré son acte sanguin. Mais je n’ai guère le temps de m’y attarder qu’un second garde tombe bientôt, une flèche en travers de la gorge. À son origine, un elfe blanc qui ne paie pas de mine, mais qui vient d’assassiner d’un trait unique un Garde de la Rose. Lui, je sais qu’il me suivra dans cette histoire. Une quasi-certitude que son acte ne remet pas en doute. Deux formes se ruent quant à elles vers le fond du temple. La première n’est autre que Madoka, qui après s’être muettement enquise de mon état s’encourt à la poursuite des assassins de Pulinn, de ce traître de Zarnam et de cette mystérieuse femme voilée de noir. La seconde est le troisième garde, qui s’empresse de, si pas fuir le combat, poursuivre l’ynorienne pour l’arrêter dans son entreprise.

Petit à petit, mes sens me reviennent, ma capacité à me mouvoir comme bon me semble. Je me redresse, mains serrées sur mes armes, visage fermé, et constate une troisième forme s’approchant de Pulinn, non loin de Faëlis, pour lui appliquer un tissu sur la plaie de sa gorge afin d’enrayer un minimum l’hémorragie. L’elfe blanche semble inconsciente. Morte, peut-être déjà. En tout cas son regard est vide, ne répondant plus aux stimuli, tout comme le reste de son corps, baignant dans une flaque de son propre sang. Une touche immaculée dans une mare écarlate, aux portes de la mort.

Mais alors que je finis de me redresser, un bruit derrière moi attire mon attention : Tina vient de bousculer rudement le jeune noble qui tentait apparemment d’ouvrir la porte, l’ayant débarrassée des contreforts improvisés de Faëlis. La jolie tulorienne referme avec vigueur le loquet de l’entrée avant de sermonner celui qui allait être responsable d’une véritable catastrophe judiciaire, y compris pour lui. Et elle fait bien, car l’instant d’après, la porte se fait assaillir de l’extérieur par une nouvelle bourrade qui vient ébranler son bois avec fracas. Les gardes du Palais qui avaient commencé à nous poursuivre sans parvenir à nous rattraper n’auront guère mis de temps à intervenir, sans doute accompagnés désormais de miliciens patrouillant dans la zone. Je plisse les yeux, faisant un pas vers l’entrée. Nouvelle bourrade, nouveau chancellement de la porte sur ses gonds, qui ne tarderont plus à céder. Ils tentent de l’enfoncer. J’avance d’un pas rapide, désormais, regardant Tina avec empressement, alors que ma voix résonne dans le temple, à qui voudra bien l’entendre.

« Suivez ces assassins, retrouvez-les. Cachez-vous, quittez cette salle… Je m’occupe de ceux-là. »

Et je désigne de la pointe de ma lame la porte, qui subit un nouveau choc. Un des derniers avant qu’elle ne cède… Suivront-ils l’un de mes conseils ? Aideront-ils Pulinn ? Chercheront-ils à la venger ? Mon regard se pose sur l’homme d’armes mort devant la porte, son sang se mêlant à celui du garde que j’ai moi-même tué. Voilà une situation des plus inextricables. Je toise le jeune nobliau d’un air sévère, secouant la tête de gauche à droite. Et lui, que fera-t-il, lorsque la porte cèdera ? Fuira-t-il avant, tel que Tina lui suggérait, ou accueillera-t-il avec moi ceux qui le suspecteront autant que tous ceux qui resteront visibles à leur arrivée de meurtre sur citoyen kendran et officier gradé ?

Nouveau choc sur la porte… Il ne leur reste que quelques rares secondes pour prendre une décision, pour prendre une direction, pour réaliser une action.

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » mer. 14 août 2019 14:55

Cromax et moi ne sommes pas les seuls à réagir rapidement et, alors que je me place devant lui pour empêcher les deux gardes restants de l'atteindre après avoir proprement égorgé le troisième, un imperceptible frisson fait se dresser les courts cheveux de ma nuque. Ai-je commis une erreur mortelle en me positionnant ainsi, dos à l'Ynorienne qui se précipite aux côtés de mon compatriote agenouillé, lame au poing? Qu'elle me prenne pour un ennemi et ma route s'achèvera ici et maintenant; elle n'a qu'un geste à faire, un tout petit geste...

En parallèle, une flèche tirée par la loupiote attitrée d'Elysian fend les airs non loin de moi et abat un deuxième garde en se plantant dans sa gorge. Le mendiant se précipite quant à lui vers l'Elfe agonisante tandis que le nobliau rend son dernier repas en hoquetant. Le coup qui pourrait m'abattre ne vient pas, l'Ynorienne a visiblement compris que je n'étais pas un ennemi car elle contourne agilement le dernier garde et se rue à la suite de Zarnam et de la femme masquée, qui ont tous deux disparu derrière le piédestal de glace.

(Que fait-elle par les entrailles de Thimoros?! Elle est folle), juré-je intérieurement! Se lancer ainsi, seule, à la poursuite de cette inconnue masquée qui a été capable d'arrêter le puissant Cromax d'un seul geste, relève à mes yeux d'une témérité frôlant la totale inconscience; mais après tout, libre à elle d'aller crever si ça lui chante. Elle disparaît de ma vue alors que le gueux tente de juguler l'hémorragie de Pulinn en implorant je ne sais quels dieux. Une tentative qui me paraît bien vaine, mais au moins essaye-t-il de faire quelque chose d'intelligent contrairement à ce crétin de nobliau poudré qui s'est visiblement mis en tête d'ouvrir la porte du temple. Bordel, si la milice se pointe maintenant ça va être notre fête... je m'apprête à l'abattre d'un souffle de Thimoros lorsque j'avise la Tulorienne qui fonce vers lui et le bouscule rudement afin d'empêcher son geste stupide.

(Bordel, t'as vraiment une veine de cocu petit con...) grondé-je mentalement en retenant de justesse mon ténébreux sortilège... juste avant d'apercevoir le dernier garde qui se lance à la poursuite de l'Ynorienne. Je ne sais pas s'il veut tenter de l'arrêter ou s'il fuit, en réalité, mais je m'en fous : le souffle du dieu de l'ombre qui a bien failli terrasser le jeune pomponné s'abat sur lui, probablement pas assez puissant pour le tuer, mais bien suffisant pour le faire hurler de terreur et le jeter à terre. J'irais l'achever promptement si Cromax ne se relevait à cet instant, alors même qu'un violent choc venu de l'extérieur ébranle la porte du temple. Nous n'avons plus que quelques brefs instants avant que la piétaille Kendrane ne débarque, apparemment, mais je n'en perds pas mon calme pour autant et demande à Cromax en désignant Pulinn du menton:

"Cette Elfe... vous importe-t-elle vraiment?"

Le Sindel ne semble pas très bien savoir sur quel pied danser avec moi, à en juger par son regard méfiant, mais il me répond néanmoins d'un air sérieux:

"Plus qu'elle-même puisse s'en douter."

Je hausse un sourcil à cette réponse qui peut vouloir dire n'importe quoi et son contraire. S'il n'y avait qu'elle je ne ferais sans doute rien, mais j'ai vu la rage qui l'animait lorsqu'il a tenté de se précipiter vers ses assassins. Il n'aurait pas réagi ainsi si son sort l'indifférait, je suppose. Je pourrais me diriger vers elle pour tenter de la sauver, mais le temps nous est compté et mon esprit survolté vient de tisser un plan susceptible de nous sortir de cette situation foireuse. J'extrais vivement le don d'Aaria de ma poche et le lance à Kassar, qui est déjà auprès de Pulinn, en rugissant à son attention:

"Kazzar! Utilise le pouvoir de cet objet, vite! Il la ramènera à la vie!"

Saura-t-il l'employer? Je n'en ai pas la moindre idée, mais Faëlis approche lui aussi de l'Elfe mourante et lui sait ce qu'est l'artefact que je viens de lancer au mendiant; au pire il pourra l'activer si ce dernier ne sait comment faire. Pour ma part je ne perds pas un instant et fonce vers le gradé de la milice trucidé par les gardes du temple. Je soulève son corps d'une puissante traction et préviens mon compatriote qui est déjà en train de se diriger vers la porte malmenée en nous enjoignant de nous cacher ou de fuir pendant qu'il se charge des soldats qui tentent d'enfoncer l'huis :

"Cromax! Donnez-moi juste un peu de temps! Je peux prendre son apparence mais il faut que j'endosse son armure pour me faire passer pour lui!"

Espérant qu'il comprendra mon plan, je m'engouffre avec le cadavre dans la première alcôve venue dans le but de me débarrasser de mon équipement, de me métamorphoser et d'endosser celui du gradé. Mes gestes demeurent méthodiques, rapides et sûrs malgré l'urgence, mais cela suffira-t-il? Peut-être, si Cromax parvient à ralentir suffisamment les arrivants sans faire un carnage, auquel cas je serai peut-être en mesure de renvoyer les miliciens à la niche sans autre effusion de sang. Dans le cas contraire la suite des événements s'annonce festive, mais au moins les Kendrans ne verront-ils pas d'emblée le corps de l'officier et, dans tous les cas, j'aurai le temps de me transformer. Après tout, peu importe si je suis encore à moitié nu, nous sommes bien dans le temple des plaisirs, pas vrai?

(Mon p'tit Kerenn, t'as vraiment des idées à la con, des fois...), songé-je néanmoins avec un rictus de dérision, parfaitement conscient de la précarité de mon plan. Mais il n'est rien qui me fasse me sentir plus vivant que ces instants de tangence où tout peut basculer en une fraction de seconde. Je suis né pour ça, né pour défier la mort et le destin, leur cracher à la gueule s'il le faut, en bon fils de Raynna que je reste envers et contre tout.

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Faëlis
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Faëlis » jeu. 15 août 2019 13:36

Sans plus se soucier de ce qui se passait derrière lui, l'elfe se présenta devant Pulinn. Le mendiant était déjà sur elle, demandant de l'aide. Kerenn demanda rapidement à Cromax s'il tenait à la femme puis, avec la confirmation de celui-ci, jeta un objet que Faëlis reconnaissait bien. Le don de résurrection d'Elysian ! Dans le même temps, le demi-dieu décida de rester pour contenir les gardes tout en demandant de poursuivre retrouver les assassins. L'hinïon s'arrêta malgré tout brièvement pour lancer au mendiant qui avait réceptionné l'objet :

« Kassar, c'est ça ? Cet objet contient une vie, et une seule. Concentrez-vous pour la faire passer efficacement ! Vous pouvez y arriver ! Ça ira ? »

Malgré son air paniqué, le laid semblait confiant dans ses chances. Mais Aliéna le pressait déjà :

« On n'a pas le temps ! Allez ! »

Aussi, Faëlis s'élança en courant à la poursuite des assassins. Madoka avait déjà une longueur d'avance, et il n'était guère discret avec son armure métallique. Aliéna était plus rapide, et elle atteignit la première la porte qu'ils avaient franchie. Mais quand il la rejoignit, il arriva dans une salle luxueuse avec des escaliers montant dans la tour. Son regard fut aussitôt arrêté par Madoka, qui était étendue au milieu, inconsciente. Alors qu'Aliéna s'élançait dans l'escalier, grimpant les marches quatre à quatre, Faëlis s'agenouilla à côté de l'ynorienne pour l'inspecter. Elle n'avait pas l'air blessée, aussi, il se contenta de lui donner de petites tapes pour la réveiller. Ils n'avaient pas de temps à perdre !

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Madoka
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Madoka » ven. 16 août 2019 23:31

Ils filent à vive allure à travers une série de ruelles pavées et différents quartiers de la ville, ils bifurquent si souvent que je peine à suivre les directions. Ils ont évité le tumulte des abords du Palais et la grande rue. Ils ont ainsi pu traverser la moitié de la ville sans croiser le moindre gardes ou miliciens … tout était magnifiquement prévu.
Je reconnais plusieurs bâtiments et m’en sers comme repères, car la vitesse de leurs montures me donne le vertige, les murs, les pavés, les arbres, les passants paniqués, tout défile, apparaît et disparaît aussitôt au point que les images s’étendent et s’étirent.
Mais lorsqu’ils arrivent dans la grande rue et s’approchent des portes de la ville, je chasse toute crainte de me fourvoyer quant à leur parcours. Ils ont tout abandonné sur place pour fuir la ville, laissant derrière eux bien trop de cadavres et de drames pour que quiconque puisse les suivre. En tout cas, physiquement, car moi, je ne les lâcherai pas.

Un bruit, pourtant, me distrait et me préoccupe. Habituellement, mon ouïe était comme entourée par une masse d’eau mais, jusqu’à aujourd’hui, je prenais le soin de me mettre à l’abri. Je discerne des bruits de pas précipités et le cliquetis d’une armure de métal. Ma vision se brouille une seconde tandis que les chevaux ralentissent et que je distingue Zarnam en train de bouger pour me regarder, la regarder.
Il ouvre la bouche mais mon attention se disperse dans les brumes d’une panique aussi soudaine que primitive quand soudain, un choc me fait presque perde le contact. Je parviens à lire les mots sécurité et clan sur ses lèvres.

Emmurée dans mon propre corps, je ne peux réagir et c’est sans doute tant mieux, car entre la surprise, la panique et le profond soulagement de ne sentir qu’une main sur ma joue plutôt qu’une épée dans le dos, je me serais peut-être pissé dessus.
Je lutte pour rester concentrée sur ma vision et rejeter l’envie instinctive de couper le contact pour me protéger. Un mouvement de tête de la femme m’empêche de voir distinctement le visage de Zarnam qui continue de parler, et une nouvelle tape sur la joue manque de me faire rater définitivement la suite. Mais elle finit par regarder son interlocuteur bien en face. Leurs alliés sont dans le duché de Luminion, vers la forêt du nord. Elle acquiesce d’un mouvement sec de la tête et reprend les rênes en main afin de le suivre à nouveau, et ce sans un regard vers la ville. Ils repartent au grand galop et à nouveau le paysage défile étrangement autour de moi qui suis le mouvement sans en faire parti … du moins jusqu’à ce qu’une forte secousse ne me fasse perdre le contact.

((Fais chier !!! ))

Etre soudain en déséquilibre me fait tout lâcher instinctivement. La dernière fois, j’étais en train de glisser sur les ardoises d’un toit mais cette fois-ci … je me fais secouer par une grande perche blonde elfique.

Je sautille sur le coffre contre lequel j’étais affalée et lève un doigt sur mes lèvres. Se faisant et réalisant qui j’ai en face de moi, je me demande bêtement si les Hinions comprennent ce simple signe.
« Ssshhhhh. »

En quelques secondes, je déroule lentement les derniers instants vus à travers les yeux de la femme en noir et me repasse en boucle les mouvements des lèvres de Zarnam. De simples détails visuels qui s'estompent malheureusement très vite peuvent m'en dire beaucoup. ((La direction ? … forêt du nord. Le soleil ? les ombres ? … Ouest, ils étaient en train de partir vers le Nord Ouest))

« Ils sont déjà dehors. » Dis-je en me dirigeant vers le mur pour l’observer sous toutes les coutures, trouver un indice ou une idée pour ouvrir le pan de mur pivotant.

« Cromax … on a besoin de Cromax et … »

Lui devrait savoir de quoi Zarnam a parlé. Il est l’un des dirigeants, lui et … . Enfiévrée d’être parvenue à les suivre même hors des murs, j’en suis à chercher l’ouverture toute seule alors que la personne la mieux placée pour la trouver se trouve ici ; et que ma silencieuse prière pour sa survie ne date pas de longtemps.

« Pourquoi vous n’êtes pas avec Pulinn ? » demandé-je à Faëlis d’une voix sifflante et incertaine.

Modifié en dernier par Madoka le ven. 6 déc. 2019 22:23, modifié 1 fois.

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